Publié pour la première fois dans les magazines "A Witness and A Testimony", 1962-1964, Vol. 40-5 – 42-1
Chapitre 5 - Gédéon
Juges 6
Dans l'un de ses messages concis et lapidaires, parlant de leaders et de partisans, le Dr A.W. Tozer a dit :
"Lorsque notre Seigneur nous a appelés brebis, il nous a dit que nous devions être des suiveurs ; et lorsque Pierre a appelé certains bergers, il a indiqué qu'il devait y avoir parmi nous des chefs aussi bien que des suiveurs. La nature humaine étant ce qu'elle est, le besoin de leadership est impératif. Si cinq hommes sont jetés à la dérive dans un canot de sauvetage, l'un d'entre eux prend immédiatement le commandement. Aucun plébiscite n'est nécessaire. Quatre des hommes sauront par une sorte d'intuition qui est le chef, et sans aucune formalité il prendra cette place. Chaque catastrophe, chaque incendie, chaque inondation, élit ses propres dirigeants. Rétrospectivement, les plus faibles peuvent trouver des défauts ; mais ils étaient assez heureux pour le leadership quand la crise était allumée. Parmi les chrétiens aussi, il y a des leaders et des disciples. Les adeptes peuvent en vouloir au chef, mais ils ont néanmoins besoin de lui. Dans l'église, il doit y avoir des leaders, mais le leader doit aussi être un disciple. Paul nous a donné le modèle lorsqu'il a exhorté les Corinthiens : « Soyez mes disciples, comme moi aussi je suis de Christ » (1 Corinthiens 11:1).
Si donc le leadership est à la fois scripturaire et nécessaire, il est bon que nous apprenions à partir des Écritures ce qu'est réellement le leadership et ce qui le fait. Nous passons donc à un autre exemple précieux et instructif, et trouvons ici quelques caractéristiques et facteurs supplémentaires à ceux déjà notés. Gédéon a en effet des choses utiles et vitales à nous apprendre à cet égard.
Il n'est pas sans importance de noter que Gédéon n'avait aucune position officielle en Israël. Il est devenu leader parce qu'il avait l'esprit d'un leader. Plusieurs détails qui composaient cet esprit de leadership sont évidents. Notons-les :
(1) Un esprit de responsabilité
Gédéon était caractérisé par un esprit de responsabilité. Les temps étaient des temps d'étroitesse, de faiblesse et de pauvreté. L'ennemi privait le peuple de l'Éternel de son pain, de sa subsistance. L'ennemi était vigilant, et il était périlleux pour quiconque de contrer sa stratégie de famine, car la faiblesse était une grande alliée de son dessein de suppression. Le courage et la sagesse étaient nécessaires dans toute tentative de renverser le plan de l'ennemi. Toute cette histoire montre combien peu étaient vraiment prêts à en payer le prix. En d'autres termes, combien peu d'entre eux possédaient un sens adéquat des responsabilités. Parmi ces quelques-uns, Gédéon était le chef. Il avait le sens des responsabilités envers le peuple du Seigneur et ses grands besoins ; un sens de responsabilité pour l'honneur du Seigneur. Le sentiment de honte et de reproche, ce sentiment de jalousie et d'indignation, ce sentiment que les choses n'étaient pas comme elles devraient être, poussèrent Gédéon à l'action – une action dangereuse. Toute sa course vers la victoire fut inspirée par un esprit de responsabilité qui exigeait une action dangereuse.
La première phase était son action de battre le blé dans le pressoir pour le cacher aux Madianites. Ici, on faisait de l'exercice en secret pour répondre à un besoin vital. Le vrai chef n'est pas toujours celui qui s'affiche avec ostentation en public. Gédéon ne pensait pas au leadership. Son action dans les coulisses n'était pas une politique ou une diplomatie subtile et voilée par laquelle il contrôlerait et satisferait un désir de pouvoir tout aussi secret. Il s'agissait simplement d'un acte de sollicitude désintéressé, motivé par un objectif élevé et un cœur généreux. La question alimentaire est aiguë et les gens doivent juste être nourris, quoi qu'il en coûte pour soi. C'est là que commence le leadership, dans l'histoire cachée de l'intéressé. Il est à noter que l'œil du Seigneur était sur la vie secrète et l'exercice. « L'Éternel envoya un prophète aux enfants d'Israël » (Juges 6 : 8), mais « l'ange de l'Éternel » vint à Gédéon. (Était-ce l'une des nombreuses théophanies - apparitions de Dieu lui-même sous forme humaine - enregistrées dans les Écritures? Le verset 23 impliquerait cela.)
Le Seigneur savait où se trouvait Gédéon, ce qu'il faisait et pourquoi il le faisait. Le Seigneur savait que Gédéon discernait les œuvres de l'ennemi et faisait ce qu'il pouvait pour les contrer. Il ne pouvait pas faire grand-chose, et pratiquement rien en public – une situation très éprouvante ; mais il était fidèle dans ce qui était le moins.
Gédéon a passé la première phase du test de leadership sans ambition pour cela; le test de la fidélité, de la responsabilité et de l'altruisme en secret.
(2) L'épreuve de l'humilité
La deuxième caractéristique de grand compte avec Dieu est l'humilité. La responsabilité lui était imposée sans qu'il ait jamais manœuvré, manigancé, travaillé ou utilisé la moindre force pour l'obtenir. En effet, le dossier indiquerait que le leadership n'était pas souhaité par Gédéon.
Le Dr Tozer dit : "Je crois qu'il pourrait être accepté comme une règle empirique assez fiable que l'homme qui est ambitieux pour le leadership en soit disqualifié."
A l'étonnante déclaration et commandement de "l'Ange", Gédéon ne put que répondre : "... ma famille est la plus pauvre de Manassé, et je suis le plus petit de la maison de mon père". Son appréhension excusable est affichée dans sa demande de tests; facilement compréhensible en présence d'une responsabilité aussi immense. C'est tout le révélateur du peu de confiance que l'homme avait en lui-même. Il a réussi cette deuxième étape du test.
(3) Le test du port d'attache
Un autre test d'aptitude au leadership devait être passé avant que Gédéon ne puisse se lancer dans la tâche. C'était ce qu'on peut appeler le port d'attache. Les choses n'allaient pas bien à la maison. Il y avait là un compromis. Il y avait là un mélange. L'ennemi y avait pris pied. Au foyer, dans la famille, en arrière-plan il y avait ce qui l'aurait mis dans une fausse position et aurait complètement saboté sa campagne. Il ne pouvait pas gagner sur le terrain si l'ennemi tenait la forteresse derrière lui. En d'autres termes, il ne pourrait y avoir de vrai témoignage dans le monde et dans les cieux, si le témoignage était contredit dans la vie privée. Cependant, ceux qui pourraient en vouloir, se disputer (voir versets 31, 32) ou craindre à long terme, tous ceux qui le connaissaient le mieux devaient être contraints de dire que, ce qu'il était en public, il l'était chez lui et en privé. Combien plus pourrait être écrit là-dedans, mais, avec le Seigneur, et avec le problème ultime, ce facteur « de base » est vital.
(4) La suffisance du Seigneur
C'était en effet une manière éprouvante par laquelle le Seigneur conduisit Gédéon au leadership. L'homme connaissait bien son propre manque de qualification et de capacité. Comme David, il était le dernier dans la maison de son père et, sans aucun doute, méprisé par ses frères plus grands et - selon la norme mondiale - plus importants. Mais son cours sous la main du Seigneur était celui d'une réduction continue et progressive. L'élimination et le triage réduisaient ses ressources au minimum. Le Seigneur appliquait rigoureusement la précaution « de peur ». De peur que Gédéon ne ressente, de peur qu'Israël ne dise : Par ma propre puissance, par notre propre suffisance, nous avons triomphé.
Gédéon ne semble pas avoir été en désaccord ou avoir discuté avec le Seigneur. Les dirigeants du monde veulent beaucoup d'espace et beaucoup de moyens. Gédéon a convenu que Dieu suffisait. Il était d'accord avec la sagesse et le jugement de Dieu qu'une petite compagnie de valeur solide vaut mieux qu'une grande multitude de cœurs divisés.
Voilà donc les facteurs qui constituent une direction qui a le droit de dire : « Regarde-moi, et fais de même. Le leader doit être spirituellement tout ce qu'il veut que les autres soient. Il doit être spirituellement en avance sur ceux qu'il dirigera. Si nous considérions tout l'épisode, nous devrions mentionner un certain nombre d'autres choses, mais nous ne sommes concernés que par la question du leadership en ce qui concerne le chef, pas par sa stratégie, qui est très instructive dans le cas de Gédéon, pas par les incidents de l'assaut.
D'autres choses apparaîtront dans d'autres cas, mais ici, nous pouvons accorder une grande valeur à ces quatre caractéristiques mentionnées, car ce sont les choses auxquelles Dieu s'est engagé.
À suivre
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