Les dernières paroles de David par T. Austin-Sparks

Publié pour la première fois dans le magazine « A Witness and A Testimony », novembre-décembre 1949, vol. 27-6.

"Voici les dernières paroles de David. Parole de David, fils d’Isaï, Parole de l’homme haut placé, De l’oint du Dieu de Jacob, Du chantre agréable d’Israël. L’esprit de l’Eternel parle par moi, Et sa parole est sur ma langue. Le Dieu d’Israël a parlé, Le rocher d’Israël m’a dit : Celui qui règne parmi les hommes avec justice, Celui qui règne dans la crainte de Dieu, Est pareil à la lumière du matin, quand le soleil brille Et que la matinée est sans nuages ; Ses rayons après la pluie font sortir de terre la verdure. N’en est-il pas ainsi de ma maison devant Dieu, Puisqu’il a fait avec moi une alliance éternelle, En tous points bien réglée et offrant pleine sécurité ? Ne fera-t-il pas germer tout mon salut et tout ce qui est agréable ?" (2 Samuel 23:1-5).

« Mais l’Éternel dit à Samuel : Ne prends point garde à son apparence, ni à la hauteur de sa taille, car je l’ai rejeté. Car l’Éternel n’aperçoit pas ce que l’homme considère ; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur » (1 Samuel 16:7).

« Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à rougir » (2 Timothée 2:15).

Dans le fragment que nous avons lu du deuxième livre de Samuel – les dernières paroles de David – nous avons un indice ou une explication. Lorsque nous lisons l’histoire sans fard de la vie des grands serviteurs de Dieu dans la Bible, et que nous constatons combien d’entre eux ont échoué, comment ils se sont effondrés et se sont rendus coupables de choses qui sont à déplorer – dans le cas de David, par exemple – la question se pose : si Dieu connaissait tout le cours des événements, la fin dès le début, s’Il avait prévu ce qui arriverait, s’Il avait prévu le péché que David commettrait, pourquoi Dieu l’a-t-Il choisi ? Pourquoi lui a-t-on permis d’assumer une responsabilité aussi grande, où le nom et l’honneur de Dieu étaient en jeu ? Le Seigneur n’aurait-il pas dû choisir des gens qui ne feraient jamais ce genre de choses, ou bien protéger entièrement Ses intérêts contre les faiblesses de Ses serviteurs et les empêcher de commettre ces terribles erreurs ? Une telle question se pose souvent quand on voit tout ce que le Seigneur a fait de ces hommes, les grandes choses qu’Il a dites à leur sujet et les responsabilités qu’Il a laissées tomber entre leurs mains. Pourtant, rien n’est caché à propos de ces hommes. Tout est exposé au grand jour.

La confiance de David en un autre

Je pense que l’indice ou la réponse se trouve ici dans 2 Samuel 23. Elle ne se trouve pas seulement en surface. Il faut regarder à nouveau et trouver l’aide qui se trouve dans la chaîne marginale pour certaines des choses du texte ; et c’est à cela que cela revient : David a vu Quelqu’un, il a vu un Être glorieux. Vous verrez, en lisant avec l'aide de la marge, que David ne parle pas de lui-même quand il parle de Celui qui gouvernera dans la justice, Celui qui répond à cette belle description qu'il donne. Il dit : « Ma maison n'est pas ainsi ; cependant il a conclu avec moi une alliance éternelle, bien réglée en toutes choses et sûre. » Il a vu un autre, et c'est à propos de celui-ci que l'alliance a été conclue avec David. « J'élèverai ta postérité après toi, celle qui sortira de tes entrailles, et j'affermirai son royaume » (2 Samuel 7:12).

Cela a pour effet d'assurer à David que Dieu l'a choisi sur deux bases - ou sur une base à deux côtés. Quant à la première, son langage est en effet celui-ci : « Dieu s'est pourvu de la suppléance à tous mes défauts dans un Autre ; Il s'est pourvu de la couverture pour tous mes péchés dans un Autre ; Il met à mon compte défectueux toutes les perfections et les gloires de cet Autre ; Il a fait avec moi une alliance de sang concernant cet Autre. Ma maison n'est pas comme celle-là ; je suis un homme très imparfait ; mais Dieu a Celui qui Le satisfait en mon nom. » Il n'y a aucun doute que dans ses dernières paroles, David levait les yeux de son propre échec, de sa propre insuffisance, de sa propre faiblesse, oui, de ses propres péchés graves, et à la fin de sa vie il dit avec Job : « Je sais que mon Rédempteur est vivant » (Job 19:25). « Je vois Celui qui achèvera ma vie et « parachèvera ce qui me concerne » (Psaume 138:8), et qui réparera en mon nom là où j'ai failli. »

Une relation de cœur positive avec le Seigneur

Mais il y a un autre côté à cela, qui se trouve dans ces mots que nous lisons : « Le Seigneur regarde au cœur. » Il y a aussi un indice. Ces mots ne s’adressaient pas réellement à David, mais leur contexte nous permet de les considérer comme directement applicables à lui, et ils signifient que David n’adoptait pas simplement cette attitude : « Je suis un homme très imparfait et pécheur, mais le Seigneur connaît mon cœur, Il sait que je suis bien intentionné, Il sait que je n’ai jamais vraiment eu l’intention de faire le mal ; j’ai été surpris, j’ai fait une erreur, mais en réalité, je ne suis pas un homme mal intentionné au fond de mon cœur, je suis bien intentionné. » Non, ce n’était pas ça, et ce n’est pas ça avec Dieu. Ce n’est pas suffisant. Ce regard de Dieu sur le cœur n’est jamais négatif. Il y a beaucoup de gens qui adoptent cette position, pensant cacher beaucoup de choses. Mais ce n’était pas comme ça avec David. C'est une relation de cœur positive avec le Seigneur Lui-même de la part de David qui a fourni au Seigneur la base pour réparer tout ce qui était en Christ envers cet homme fautif.

Souci des intérêts du Seigneur

Vous pouvez le constater à plusieurs égards. Tout d'abord, notez que l'une des toutes premières choses qui a découlé de cette déclaration du Seigneur, ou qui l'a suivie, est l'incident avec Goliath. David est arrivé sur les lieux sans avoir été mandaté, sans avoir été saisi de cette question ; il est venu, semble-t-il, en toute décontraction, pour faire une course ; et pendant qu'il était là, il a vu ce géant sortir des rangs des Philistins, se vanter et défier Israël. En le voyant et en l'entendant, David eut le cœur en ébullition. Il ne s'agissait pas d'un jeune homme désireux de se battre, d'un présomptueux désireux de s'attaquer à quelque chose. Le langage qu'il tint ensuite en acceptant le défi était le suivant : « Tu as défié le Seigneur ; c'est contre le Seigneur et ses intérêts que tu te vantes ; c'est pourquoi je viens à toi au nom du Seigneur des armées, je défends les intérêts du Seigneur des armées, je prends en charge les intérêts du Seigneur. » C'était une jalousie positive pour Dieu qui était dans le cœur de David, qui le faisait bouillir quand il trouvait quelque chose qui tendait la main et posait la main sur ce qui était précieux pour le Seigneur. Le Seigneur connaissait ce cœur de David, il savait qu'il était jaloux de Ses intérêts. C'était positif ; et quand le Seigneur trouve un cœur comme celui-là, qui est intérieurement ému pour Sa gloire chaque fois qu'il voit Ses intérêts contestés, alors il peut y avoir des faiblesses dans la vie - des bévues, des erreurs, des tragédies - mais le Seigneur regarde ce cœur et dit : « Oui, mais ce cœur n'est pas passif, négatif, envers Moi ; ce cœur est vraiment positif envers Moi, fixé sur Mes intérêts, jaloux de Mon Nom et de Ma gloire ; et Je peux m'approcher de cela et réparer, compte tenu de ce que j'ai en Mon Fils, les défauts et les faiblesses. »

Cela, je pense, est très vrai en principe dans la Parole de Dieu. Nous ne pouvons pas ne pas voir dans l'apôtre Paul un autre cas comme celui-là. Il est tout à fait faux de penser que de tels hommes sont infaillibles. Paul a commis des erreurs, mais la grâce souveraine de Dieu se manifeste merveilleusement en eux. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un homme dont le cœur brûle pour les intérêts du Seigneur à tout prix. Lorsque le Seigneur reçoit ce genre de cœur, Il accepte les vases faibles et défectueux et pourvoit à leurs besoins en Jésus-Christ et en Ses perfections.

Un don développé pour la gloire de Dieu

Vous remarquerez une autre chose chez David qui est née de sa vie secrète : le développement de dons pour la gloire de Dieu. Remarquez ce petit fragment dans ses dernières paroles : « David... le doux psalmiste d'Israël. » Là-bas dans les champs, gardant les moutons de son père, caché de la vue du public, vivant sa vie secrète avec Dieu, il apprenait à jouer, développant un don musical pour le Seigneur ; et vous constaterez que cela lui fut très utile et servit plus tard. On a dit de lui qu'il était habile à jouer (1 Samuel 16:18). Il s'entraîna seul dans les champs à jouer, et cela se révéla comme une force puissante - parfois contre les mauvais esprits, mais surtout dans les psaumes. « Le doux psalmiste d'Israël. » Que devrions-nous faire si les psaumes étaient coupés de la Bible et nous étaient enlevés ? Comme les saints de tous les âges ont trouvé de l'aide dans ces psaumes que chantait David ! Il devint non seulement un grand musicien soliste, mais aussi un grand organisateur et chef de chœurs et de fanfares. C'est lui qui institua les vingt-quatre cours de chantres afin que tout au long de la journée de vingt-quatre heures, il n'y ait pas une heure sans louanges à Dieu.

Le cœur de David le conduisit à développer tous les dons qu'il avait ou pouvait avoir pour le Seigneur. Il n'y avait pas de mélange dans sa musique ; tout était pour le Seigneur. Oh, la variété des accents ! Vous trouvez tout ici dans ses psaumes, de la profondeur à la hauteur, mais vous ne trouvez rien de mal ; tout est pour le Seigneur. Cela en soi devrait être une parole pour nous. Le cœur sur lequel le Seigneur regarde, auquel Il peut apporter bien plus de ce qui vient de Son Fils, est le cœur qui est tellement tourné vers Lui que spontanément, sans avoir besoin d’être provoqué, poussé et persuadé, et là-bas seul dans le désert, sans aucune des incitations de la publicité ou de l’inspiration d’un public, il développera son don pour le Seigneur, de sorte que plus tard, au milieu du peuple du Seigneur, ce don éclatera dans toute sa splendeur. Une dévotion secrète au Seigneur trouve son expression dans cette ligne particulière. Avez-vous une ligne que vous pouvez développer pour le Seigneur ? Avez-vous un don qui peut venir sous la dévotion de votre cœur au Seigneur et être amené à Le servir ? Ou avez-vous beaucoup de terrain en friche, des possibilités latentes, que vous ne développez pas pour le Seigneur ? Regardez simplement autour de vous. « Le Seigneur regarde au cœur. »

Une passion pour la maison du Seigneur

Encore une fois, David avait un secret dans son cœur. Nous ne savons pas quand cette passion se manifesta, mais elle dura de toute évidence longtemps et fut une passion dominante et dévorante. Elle éclate de temps à autre dans sa phraséologie, comme tout ce qui est profondément ancré dans le cœur doit nécessairement le faire. C'est ce qui se produit toujours chez David. Qu'était-ce ? L'ambition qui absorbait tout, la vision, la passion, c'était la maison de l'Éternel. Un jour, il dit : «Je n'entrerai pas dans la tente de ma maison, je ne monterai pas sur ma couche ; je ne donnerai pas de sommeil à mes yeux, ni d'assoupissement à mes paupières, jusqu'à ce que j'aie trouvé un lieu pour l'Éternel, une tente pour le Puissant de Jacob » (Psaumes 132:3-5). Puis, lorsqu'il l'eut trouvée, qu'il en eut obtenu le modèle et qu'il eut préparé les matériaux pour sa construction, il divulgua quelque chose. Il dit : « Puisque j'ai un trésor en moi, composé d'or et d'argent, je le donne pour la maison de mon Dieu... » (1 Chroniques 29:3). Voyez sa passion magistrale pour la maison du Seigneur ! Le Seigneur a regardé dans ce cœur et a vu cela ; et quand Il trouve un cœur comme celui-là, Il a un terrain sur lequel Il peut travailler. Avez-vous conscience de vos défauts, de vos faiblesses, de vos échecs ? Ne vous découragez pas, n'abandonnez pas, ne pensez pas que vous n'êtes pas bon. Le Seigneur a une place pour vous si votre cœur est comme celui de David. Il y a toute la marge de manœuvre que le Seigneur Jésus doit mettre en face de vos faiblesses et de vos échecs.

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