dimanche 21 août 2016

(5) introduction pour Hébreux (suite) Ed Miller

.......La personne qui a écrit Hébreux est vraiment brillante. Le grec employé ici est un des meilleurs de tout le Nouveau Testament. Selon William Graham Scroggie, qui est un commentateur, il y a plus de 153 mots de vocabulaire que l'on trouve dans Hébreux et que l'on ne trouve pas ailleurs dans la Bible. Cet auteur ne manquait pas de vocabulaire. Il utilise 167 mots que l'apôtre Paul n'a utilisés dans aucune de ses 13 épîtres. Quel que soit l'auteur de l'épître aux Hébreux, il avait un incroyable vocabulaire et maîtrisait très bien cette langue. Alors, pourquoi faisait-il toutes ces répétitions? Pourquoi disait-il plusieurs fois la même chose? Ce n'est pas parce qu'Il manquait de mots. Celui qui a écrit ce livre avait un riche vocabulaire. Mais il faisait des répétitions pour bien souligner certaines choses. Nous trouvons cela de nombreuses fois.

   Par exemple nous trouvons souvent le mot meilleur. L'auteur au Hébreux aime le mot meilleur. Celui qui a écrit ce livre l'utilise davantage que tous les auteurs du Nouveau Testament ensemble. Il parle d'une meilleure chose, d'une meilleure espérance, d'une meilleure promesse, d'une meilleure alliance, d'un meilleur sacrifice, de meilleures possessions, d'une meilleure patrie. Il utilise toujours à nouveau le mot meilleur, meilleur, meilleur. Il l'utilise pas moins de 13 fois, 1 fois en moyenne par chapitre. De la même manière, il utilise plusieurs fois le mot parfait: 14 fois; le mot éternel:15 fois; le mot cieux:17 fois; le mot participant :9 fois. Il répète souvent les mêmes mots de façon délibérée, et chacun d'entre eux a pour objectif d'apporter de la stabilité dans notre vie. Laissez-moi illustrer cela par deux expressions. La première est l'expression « s'est assis. » Considérez les versets suivants:

• Verset 1:3: « Il est le reflet de sa gloire et l'empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s'est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts. »
• Verset 8:1: « Le point capital de tout ce qui vient d'être dit, c'est que nous avons un tel souverain sacrificateur, qui s'est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux. 
• Verset 10:12: « Après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, s'est assis pour toujours à la droite de Dieu. »
• Verset 12:2: « Ayant les regards fixés sur Jésus, l'auteur de la foi, et celui qui l'a porte à la perfection, qui, en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix, méprisé l'ignominie, et s'est assis à la droite du trône de Dieu. »

    Après seulement trois versets, dans ce merveilleux livre d'Hébreux, nous lisons « Il s'est assis. » Pourquoi est-il si important que Jésus s'est assis à la droite du trône de Dieu? On ne nous laisse pas le soin de deviner, ou d'imaginer la raison. L'auteur nous le dit. Il nous en donne la raison dans Hébreux 10:10-12: qui dit: « C'est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes. Et tandis que tout sacrificateur fait chaque jour le service et offre souvent les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais ôter les péchés, lui, après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, s'est assis pour toujours à la droite de Dieu. » L'auteur établit un contraste entre les prêtres de l'Ancien Testament et notre Christ, notre Grand Prêtre.

    Pourquoi le prêtre de l'Ancien Testament ne pouvait-il pas s'asseoir? La réponse c'est que son œuvre n'était jamais finie. Vous ne pouvez pas vous asseoir tant que le travail n'est pas fini. Le travail du prêtre de l'Ancien Testament n'était jamais fini. Il était donc toujours debout, toujours en train de travailler. Il était toujours occupé à servir. Il devait contrôler et tuer le bétail, offrir l'encens et préparer les pains de proposition. Des péchés frais demandaient du sang frais. Par conséquent, leur travail n'était jamais fini. Souvent lorsque je dis à mon épouse: « Lillian, fais doucement, prends le temps, ralenti, repose-toi. » Elle me répond: « Je ne le peux pas, j'ai trop de travail à faire. » On dit que le travail d'une femme n'est jamais terminé. Je ne sais pas si cela est vrai, mais je sais que le travail des prêtres de l'Ancien Testament n'était jamais terminé. Par conséquent ils ne pouvaient jamais s'asseoir. Jésus s'est assis. Pourquoi? Vous connaissez la réponse. C'est parce que Son œuvre était achevée. Son œuvre était terminée. Le livre d'Hébreux s'ouvre donc avec le ministère présent du Seigneur Jésus, basé sur Son œuvre achevée. Tout ce qui concerne Son ministère actuel est basé sur une œuvre qui est déjà terminée. Vous voyez, le livre qui va nous parler de Son ministère présent ne commence pas avec Jésus en train de s'affairer en tous sens dans le ciel. Non, Il est assis, Il s'est assis. C'est une œuvre achevée, elle est complète.......

...........Une autre expression très proche de cette notion « d'être assis », c'est « une seule fois » ou « une fois pour toutes. » Presque chaque fois, l'auteur souligne que Christ a fait les choses une fois pour toutes, par exemple:

• Verset 7:27: « Ceci, il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même. »
• Verset 9:12: « Il est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint. »
• Verset 9:26: « A la fin des siècles, Il a paru une seule fois pour abolir le péché par son sacrifice. »
• Verset 9:28: « Christ, qui s'est offert une seule fois pour porter les péchés de plusieurs. »
• Verset 10:10: « C'est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes. »

    Tout cela a été accompli une fois pour toutes ; c'est achevé; c'est à jamais terminé. Voilà le message du livre d'Hébreux.


(tiré de l’épître aux Hébreux de Ed Miller)

Copyright - Bible Study Ministries Inc. Distribution (libre) non commerciale possible à condition que cette mention apparaisse

vendredi 19 août 2016

(2) Comment est révélé Jésus dans Hébreux (étude sur Hébreux, introduction) Ed Miller

                     Pourquoi Dieu nous a-t-Il donné le livre d'Hébreux? Qu'y a-t-il de particulier au sujet de ce précieux livre? Quelle révélation particulière de notre Seigneur Jésus nous est donnée dans Hébreux qu'aucun autre livre ne nous donne de la même façon? Dans notre précédente leçon, j'ai essayé de répondre à deux questions pour introduire le livre. La première est, de quelle façon le Seigneur Jésus est-Il présenté dans le livre d'Hébreux? Comment est-Il révélé?

    Laissez-moi à nouveau lire les versets suivants:

• Verset 2:17: « En conséquence, il a dû être rendu semblable en toutes choses à ses frères, afin qu'il fût un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le service de Dieu, pour faire l'expiation des péchés du peuple. »
• Verset 3:1: « C'est pourquoi, frères saints, qui avez part à la vocation céleste, considérez l'apôtre et le souverain sacrificateur de la foi que nous professons. »
• Verset 4:14: « Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. »
• Verset 4:15: «Car nous n'avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. 
• Verset 5:6: « Comme il dit encore ailleurs: Tu es sacrificateur pour toujours, Selon l'ordre de Melchisédek. »
• Verset 6:20: « Là où Jésus est entré pour nous comme précurseur, ayant été fait souverain sacrificateur pour toujours, selon l'ordre de Melchisédek. »
• Verset 8:1: « Le point capital de tout ce qui vient d'être dit, c'est que nous avons un tel souverain sacrificateur, qui s'est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux. 
• Verset 9:11: « Mais Christ est venu comme souverain sacrificateur des biens à venir; il a traversé le tabernacle plus grand et plus parfait, qui n'est pas construit de main d'homme, c'est-à-dire, qui n'est pas de cette création. »

                    Ce ne sont que quelques exemples, mais je pense que vous avez remarqué que dans tous ces versets, Jésus est appelé un prête, un grand Prêtre ou un souverain Sacrificateur. Jésus est appelé prêtre ou sacrificateur 30 fois dans ce livre. Je vous rends attentifs à cela parce qu'il n'y a pas d'autres livres dans le Nouveau Testament qui appelle Jésus un prêtre. On ne trouve cela que dans Hébreux. C'est unique. Dans l'Ancien Testament il n'y a qu'un passage qui l'appelle Prêtre et c'est d'une façon prophétique. On le trouve dans Psaume 110:4. Autrement dit, Hébreux présente le ministère présent de notre Seigneur Jésus à la droite de Dieu. Aujourd'hui même, le Seigneur Jésus est très occupé par Son ministère à la droite de Dieu. Qu'est-Il en train de faire maintenant? C'est cela le message d'Hébreux. Nous savons ce qu'Il a fait lorsqu'Il est venu. Nous savons qu'Il a vécu une vie parfaite et qu'Il a pris nos péchés sur Lui, qu'Il est mort sur la croix, qu'Il a été enseveli et qu'Il est ressuscité. Nous savons ce qu'Il a fait.

                        Je pense que tous les chrétiens sont bien ancrés dans Son œuvre passée, dans ce qu'Il a fait, Son œuvre achevée. Mais ensuite vous pouvez demander aux mêmes chrétiens, mais qu'est-Il en train de faire maintenant, à la droite de Dieu? Est-Il juste assis là en train d'attendre que la trompette sonne pour annoncer Son retour? Que fait-Il? Quel est Son ministère? C'est de ces sujets que traite Hébreux. Voilà ce qu'est Hébreux, il nous parle du ministère présent de notre Seigneur dans les cieux et de quelle manière cela affecte notre vie. De même que Dieu nous a fondés dans Son œuvre achevée, l'objectif de Dieu est également de nous fonder dans Son œuvre inachevée. Il désire que nous sachions ce qu'Il est en train de faire maintenant. Il aimerait que nous Le connaissions en tant que prêtre. Si vous discutez avec les chrétiens ils vous diront: « Oui, je connais Jésus. Il est mon Sauveur. Il est mon Seigneur, Il est mon Sauveur et Seigneur. Oui, je connais Jésus, Il est mon ami. C'est mon avocat. » Mais vous rencontrerez rarement un chrétien qui vous dira: « Jésus est mon Grand Prêtre » et qui puisse vous expliquer ce que cela signifie. Voilà l'objectif d'Hébreux. C'est de vous emmener plus loin dans Son sacerdoce. 

(Tiré de l'introduction à l’Épître aux Hébreux de Ed Miller)

Copyright - Bible Study Ministries Inc. Distribution (libre) non commerciale possible à condition que cette mention apparaisse

 

mercredi 17 août 2016

(1) Nous l'avons ! Ed. Miller (étude sur Hébreux, introduction)

                    Regardez bien ce que dit Hébreux 8:1: « Le point capital de tout ce qui vient d'être dit, c'est que nous avons un tel souverain sacrificateur. » Nous l'avons, c'est cela le point principal. C'est cela la simplicité de toute la chose. Nous l'avons. Nous trouvons le mot « avoir » 47 fois dans les onze premiers chapitres. La clé pour entrer dans le ministère présent de Christ est l'appropriation, c'est la simplicité d'une foi d'enfant qui prend. Il est à vous. Vous l'avez. Prenez-Le. PRENEZ -LE par la foi. Ne rendez pas les choses trop compliquées. Cela ne l'est pas. Regardez à nouveau Hébreux 8:1-2: « Le point capital de tout ce qui vient d'être dit, c'est que nous avons un tel souverain sacrificateur, qui s'est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, comme ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme. » Je peux vous confesser que je ne recherche pas le Seigneur comme je devrais rechercher le Seigneur. Mais je L'ai, je L'ai. Il se peut que vous ne recherchiez pas le Seigneur comme vous le devriez mais vous L'avez. Je ne comprends pas le Seigneur, comme je devrais comprendre le Seigneur, mais je L'ai. Je n'obéis pas au Seigneur comme je devrais obéir au Seigneur mais je L'ai. Je ne fais pas confiance au Seigneur comme je devrais faire confiance au Seigneur mais je L'ai. Je n'honore pas le Seigneur comme je devrais honorer le Seigneur mais je L'ai. C'est cela le point principal, le point capital.

                   Je pense que si Dieu vient et dit que le point principal est celui-ci et que nous ratons le point principal alors qui doit être blâmé? Je suis tellement étonné lorsque je lis certains de mes commentaires sur le livre d'Hébreux, de voir combien ont manqué le point principal. Ce n'est pas comme s'il était caché, non. Parfois il vous faut courir après le point principal, car Il ne vous le dit pas mais dans Hébreux, Dieu ne veut pas que vous le manquiez. Il est à vous c'est cela le point principal. Laissez-moi illustrer cela avec un diamant. En faisant des recherches à ce sujet, j'ai été étonné de voir que les diamants peuvent avoir toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Le diamant le plus rare est le diamant rouge, on n'en recense qu'une dizaine sur la planète. Le carat vaut 1 million de dollars. Je ne connais rien au diamant, je ne sais pas comment on passe du carbone pour arriver au diamant ni comment il fait pour réfracter la lumière, non je ne connais rien au diamant. Mais si j'en avais un, peu importe, que j'y connaisse quelque chose ou pas, je serais riche si j'en avais un.

                     Je ne sais pas si vous avez aussi fait ce constat mais je remarque que souvent les chrétiens moins intelligents sont plus heureux que les chrétiens plus intelligents. Non, je ne plaisante pas, c'est vraiment ce que j'ai remarqué. C'est parce que certains chrétiens désirent tout comprendre, et pouvoir tout expliquer. Mais le point principal n'est pas que vous compreniez tout, le point principal est ce que vous avez et ce que j'ai. Il se peut que vous compreniez beaucoup plus de choses que moi, mais vous n'avez pas plus que moi. Et moi je n'ai pas davantage que ce que vous avez, car nous L'avons, Lui. Hébreux 8:1 dit: « Le point capital de tout ce qui vient d'être dit, c'est que nous avons un tel souverain sacrificateur. » Je confesse que je ne suis pas assez intelligent pour tout comprendre, mais Dieu m'a donné assez d'intelligence pour saisir le point principal, et tout spécialement lorsqu'Il dit, voici le point capital. Il me semble que nous devrions être vraiment insensés pour manquer le point principal. Jésus est mon Grand Prêtre, et je L'ai. Tout ce que je dois savoir au sujet de Son oeuvre achevée c'est qu'elle est terminée et que je suis assis avec Lui. Tout ce que je dois savoir au sujet de son œuvre présente est que je L'ai, et qu'Il est mon prêtre et le reste prendra sa bonne place.

(Tiré de l'introduction à l’Épître aux Hébreux de Ed Miller)

Copyright - Bible Study Ministries Inc. Distribution (libre) non commerciale possible à condition que cette mention apparaisse



lundi 15 août 2016

(22) LES SERMONS DE WESLEY LES SIGNES DISTINCTIFS D'UN MÉTHODISTE

Numérisation Yves PETRAKIAN Copie autorisée pour diffusion gratuite uniquement Obligation d'indiquer la source http://456-bible.123-bible.com 

Sermon 55 :           LES SIGNES DISTINCTIFS D'UN MÉTHODISTE

(Mai 1738)

I

                   Ce qui distingue un méthodiste, ce ne sont pas des opinions, quelles qu’elles soient. Qu’il adhère à telle ou telle façon de croire, qu’il s’approprie certains points de vue ou qu’il défende la doctrine de tel ou tel homme, n’a pas d’importance. C’est pourquoi celui qui penserait qu’un méthodiste est un homme qui se distingue des autres chrétiens par des doctrines spéciales, démontrerait sa complète ignorance de cette question et passerait entièrement à côté de la vérité. Il est vrai que nous croyons que toutes les Saintes Écritures (Ancien et Nouveau Testament) sont inspirées par Dieu, et en cela nous nous distinguons des Juifs, des Turcs et des athées. Nous croyons que la Parole écrite de Dieu est le principe directeur, unique et suffisant de la foi et de la vie chrétienne, et en cela nous nous différencions fondamentalement de l’église catholique romaine. Mais dans toutes les questions qui ne touchent pas aux racines du christianisme, nous nous en tenons à la règle : « Penser et laisser penser ». C’est pourquoi des opinions, qu’elles soient justes ou erronées, ne sont pas des signes distinctifs pour un méthodiste.

II

                    Ce qui distingue un méthodiste, ce n’est pas non plus l’utilisation de certaines paroles ou façons de parler. Nous ne nous cramponnons pas à des mots et ne considérons pas l’emploi d’expressions singulières et inhabituelles comme le signe d’un christianisme authentique. Au contraire, lorsque nous parlons de choses divines, nous préférons, tout comme dans les conversations habituelles, utiliser les mots les plus connus, les plus compréhensibles et les plus usuels pour exprimer nos pensées. C’est pourquoi nous ne nous écartons jamais avec intention, de la façon de parler générale et courante, sauf s’il s’agit d’exprimer des vérités bibliques par des mots bibliques, ce qui ne suscitera certainement pas la critique d’un chrétien. Nous n’avons pas non plus de prédilection à nous servir de certaines expressions bibliques particulières, à l’exception de celles que les écrivains inspirés, ont eux- mêmes utilisées le plus fréquemment. Chercher à distinguer un méthodiste par sa façon de s’exprimer ou par ses opinions sont par conséquent deux erreurs aussi injustifiées l’une que l’autre.

III

                    Nous ne souhaitons pas davantage nous distinguer d’autres personnes par des pratiques, des coutumes et des habitudes dont l’importance est négligeable. Notre façon d’être chrétien ne consiste ni dans la pratique de ce que Dieu ne nous a pas commandé, ni dans l’abstention de ce qu’il ne nous a pas interdit. Elle ne consiste pas en une quelconque particularité dans la manière de se vêtir, de se tenir ou de se couvrir la tête ; il ne s’agit pas non plus de s’abstenir du mariage ou d’aliments et de boissons. Ce sont de bonnes choses si on en use avec reconnaissance. C’est pourquoi aucune personne avisée ne cherchera les caractéristiques d’un méthodiste dans des pratiques et habitudes, d’ailleurs d’importance négligeable sur le plan moral, au sujet desquelles la Parole de Dieu n’a pas donné d’ordres explicites.

IV

                    Enfin le méthodiste ne veut pas se distinguer des autres par le fait qu’il accentue de façon exclusive l’un ou l’autre aspect du christianisme. Si quelqu’un objecte : « Toutefois le méthodiste fait telle chose parce qu’il proclame que nous sommes sauvés par la foi seule » , je réponds : Vous ne comprenez pas le sens des mots : par « être sauvé » , le méthodiste comprend lui, qu’il s’agit de la sainteté du cœur et de la vie. Et il affirme que cette sainteté- là naît uniquement de la foi authentique. Est- il possible que quelqu’un, quand bien même il ne serait chrétien que de nom, puisse nier cela ? S’agit- il là vraiment d’une acceptation unilatérale du christianisme ? « Abolissons- nous la loi par la foi ? Loin de là ! Nous accomplissons la loi ». Nous ne partageons pas le point de vue (qui est malheureusement celui de trop de personnes) selon lequel le christianisme se résume à : - ne pas causer de dommages - faire du bien - faire usage des moyens de grâce de Dieu. Non, tout cela n’est pas encore suffisant ; nous savons en effet, par expérience, qu’un homme peut pratiquer tout cela pendant des années et rester toujours aussi peu chrétien qu’avant. Bien moins encore suffit- il d’avoir l’une de ces pièces d’étoffe, ou même seulement un lambeau de l’une d’elles. Ce serait comme une femme qui s’imaginerait être vertueuse uniquement parce qu’elle n’est pas une prostituée, ou comme un homme qui s’estimerait honnête parce qu’il n’a commis ni brigandage, ni vol. Que le Dieu de mes pères me préserve d’un si misérable et maigre christianisme ! Si cela devait être le signe distinctif d’un méthodiste, je préférerais être un honnête Juif, Turc ou païen !

V

                      Soit, me dira-t-on, mais quel est alors le vrai signe distinctif ? Qui, selon vous, est un vrai méthodiste ? Je réponds : Un méthodiste est un homme « dans le cœur duquel est répandu l’amour de Dieu par l’action du Saint- Esprit, qui lui est donné » , un homme qui « aime le Seigneur, son Dieu, de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toutes ses forces ». Dieu est la joie de son cœur et le désir de son âme, qui s’écrie sans cesse : « Si.. ». , « Je suis en communion avec toi, Je n aspire à rien d’autre au ciel et sur la terre. Mon Dieu et mon tout ! En tout temps, tu es la consolation de mon cœur et tu es ma part ! »

VI

                    Un tel homme est toujours heureux dans la relation avec son Dieu par lequel lui est donnée « Une source d’eau vive qui jaillit jusque dans la vie éternelle » et qui inonde son âme de paix et de joie. Pour lui, l’ « amour total chasse la crainte » et il « se réjouit en toute circonstance dans le Seigneur » ; en « Dieu son Sauveur » et dans le Père, « par notre Seigneur Jésus- Christ grâce auquel il a obtenu la réconciliation, le salut par Son sang et le pardon des péchés ». Comment pourrait- il ne pas se réjouir, chaque fois qu’il se tourne vers le passé, vers la fosse cruelle hors de laquelle le Seigneur l’a tiré, et chaque fois qu’il se souvient que Dieu « enlève tous ses méfaits comme le soleil chasse un nuage et dissipe le brouillard » ? Il ne peut que se réjouir, chaque fois qu’il considère sa situation présente en pensant que c’est par grâce qu’il a été « rendu juste, et qu’il est en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ ». Car « tout homme qui croit, possède en lui ce témoignage » parce qu’il est, par la foi, un fils de Dieu. Et parce qu’il est enfant de Dieu, « Dieu a envoyé dans son cœur l’Esprit de Son fils, cet esprit qui crie : Abba, Père ». Et c’est « ce même Esprit qui témoigne à son esprit qu’il est enfant de Dieu ». De même, il se réjouit pour l’avenir, dans l’espérance et la « gloire qui doit être révélée dans sa vie ». Oui, sa joie est parfaite et du plus profond de lui- même retentit ce chant de louanges : « Loué soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus- Christ, qui nous a permis de renaître par sa grande compassion, afin d’acquérir une espérance vivante... un héritage impérissable, sans tâche ni flétrissure, et conservé dans les cieux ».

VII

                Et celui qui possède cette espérance est revêtu d’immortalité « reconnaissant en toutes choses » parce qu’il sait que ces choses, quelles qu’elles soient, sont « la volonté de Dieu en Jésus-Christ pour lui ». C’est pourquoi il accepte tout de ses mains avec joie et dit : « Bonne est la volonté du Seigneur ». Que le Seigneur donne ou qu’il reprenne, il dit dans les deux cas : « Que le nom du Seigneur soit loué ! » Il a « appris à être satisfait en toute circonstance ». Il sait être abaissé ou élevé. Il est capable de tout supporter en tout temps et en tout lieu, d’être rassasié ou affamé, de vivre dans l’abondance ou dans la pénurie. Dans les bons et dans les mauvais jours, qu’il soit en bonne santé ou malade, dans la vie comme dans la mort, il remercie du fond de son cœur celui qui atout ordonné pour son bien. Il le fait dans l’entière conviction que « tout don parfait vient d’En- Haut » , que seul le bien peut venir du « Père de la Lumière » entre les mains duquel il confie entièrement son corps et son âme, ces mains étant celles d’un Créateur fidèle. C’est pourquoi il « ne se fait de souci pour rien » , « s’étant déchargé de tous ses soucis sur le Père, qui prend soin de lui » ; il se confie aussi en Lui « en toutes choses » après avoir « fait connaître à Dieu ses demandes dans la prière et la supplication, avec action de grâces ».

VIII

                      Car, en effet, il « prie sans cesse ». Il a reçu la possibilité « de prier en tout temps, sans se lasser ».


                      Cela ne veut pas dire qu’il passe tout son temps dans une maison de prière, bien qu’il ne manque aucune occasion d’y être présent. Il n’est pas d’avantage agenouillé en permanence, bien qu’il fléchisse souvent les genoux et se prosterne même devant le Seigneur son Dieu. Il ne crie pas non plus sans arrêt vers Dieu à haute voix, et ne l’invoque pas toujours avec des mots, car souvent l’ « Esprit intercède pour lui avec des soupirs inexprimables ». Mais toujours, son cœur s’exprime ainsi : « O toi, reflet de la gloire éternelle, c’est toi que mon cœur réclame, même si aucun son ne franchit mes lèvres et c’est dans le silence que je te parle ». C’est là une vraie prière, même si elle se limite à quelques mots ! Cependant son cœur est toujours élevé vers Dieu, en tout temps et en tous lieux. Personne ni rien ne peut l’en empêcher ou le déranger, pendant qu’il prie ainsi. Qu’il soit dans la solitude ou en société, pendant ses loisirs ou au travail, son cœur est toujours près du Seigneur. Qu’il se couche ou qu’il se lève, il pense à Dieu, il marche devant Lui, sur tous ses chemins. C’est dans l’amour qu’il tourne avec constance son œil intérieur vers Lui et s’attache à celui qu’il ne voit pas, comme s’il le voyait.

IX

                    Pendant qu’il exprime son amour pour Dieu en priant sans... cesse, en étant toujours joyeux et reconnaissant en toute chose, le commandement suivant est aussi écrit dans son cœur : « Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère ». Selon ce commandement, il « aime son prochain comme soi- même » , il aime aussi chacun comme sa propre âme. Son cœur est rempli d’amour pour tous les hommes, pour chaque enfant « du Père des esprits de toute chair ».

                    Le fait de ne pas connaître personnellement quelqu’un, ne constitue pas un obstacle pour son amour. Il aime même celui dont il ne peut pas approuver la façon d’agir, et dont il sait que la haine répondra à sa bienveillance. Car il « aime ses ennemis » ; oui, il aime même les ennemis de Dieu, « les ingrats et les malveillants ». Même s’il n’était pas en mesure « de faire du bien à ceux qui le haïssent » , il n’arrête pas de prier pour eux, même lorsqu’ils persistent à fouler aux pieds son amour, à l’ « insulter et à le persécuter ».

X

                    Il peut persévérer dans la prière pour ceux qui s’acharnent contre lui, car il a « un cœur pur ».

                    L’amour de Dieu a purifié son cœur du désir de vengeance, de la jalousie, de la colère et de toute espèce de manque d’amour et d’agressivité maligne. Cet amour l’a libéré de la fierté vaniteuse et de l’orgueil spirituel dont le seul résultat est d’engendrer des conflits. Il s’est à présent revêtu « de compassion sincère, d’amabilité, d’humilité, de douceur, de patience » de sorte qu’il est capable de « supporter celui dont il sujet de se plaindre,. et de lui pardon comme Christ lui a pardonné ». En effet, pour autant que cela dépende de lui, toute occasion de conflit est ainsi supprimée jusqu’à sa racine, car personne ne peut lui ravir ce à quoi il aspire : « Son amour ne s’attache pas au monde ni à ses biens » , mais... il est mort « envers toutes ces passions du monde que sont les désirs du corps, les convoitises des yeux et la vanité ». Car la « joie de son cœur se trouve auprès du nom de Dieu et de la fidélité envers lui ».

XI

                    En accord avec cette « joie du cœur » sa seule raison de vivre est de ne pas agir selon sa propre volonté, mais selon la volonté de Celui qui l’a envoyé. Sa seule intention, en tous temps et en toutes choses c’est de ne pas vivre pour lui-même, mais pour celui que son âme aime. Il a un « œil clairvoyant » et c’est pourquoi « tout son corps est éclairé » ; car là où, avec amour l’œil de l’âme est dirigé sans cesse vers Dieu, « le corps ne connaîtra aucune parcelle d’obscurité ; mais sera entièrement éclairé, comme si la lueur d’un vif éclair l’illuminait ».

                    Toute la vie de l’âme est sainte devant le Seigneur. Il n’y a plus d’élans du cœur qui soient contraires à sa volonté. Chaque pensée qui naît, conduit vers Lui et obéit à la loi du Christ.

XII

                     On reconnaît l’arbre à ses fruits. Celui qui « aime Dieu, aime ses commandements » et non seulement quelques uns ou la plupart d’entre eux, mais tous, du moins important au plus noble. Il ne se contente pas de « respecter toute la loi et de pécher en transgressant l’un des commandements » , mais « il s’exerce afin d’avoir toujours une conscience intacte en toutes choses, envers Dieu et les hommes ». Il s’abstient de ce que Dieu a interdit, il fait ce que Dieu a ordonné, que ce soit une chose petite ou grande, difficile ou facile, agréable ou désagréable à la chair. Il « marche dans la voie des commandements de Dieu » depuis que Dieu a donné la liberté à son cœur. Il en fait un point d’honneur ! Le couronnement quotidien de sa joie est « de faire sur la terre la volonté de Dieu, comme elle est faite au ciel » , car il sait que le privilège suprême « des anges de Dieu, de ses héros puissants, c’est d’exécuter ses ordres pour que l’on écoute la voix de sa parole ».

XIII

                     Ainsi, il respecte tous les commandements de Dieu et cela de toutes ses forces. Son obéissance est en relation étroite avec son amour, qui est la source d’où elle a surgi. Et parce qu’il aime Dieu de tout son cœur, il le sert de toutes ses forces. Sans cesse « il offre son âme et son corps » en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, consacrant entièrement, et sans arrière- pensée, sa propre personne, tout ce qu’il possède et tout ce qu’il est, à l’honneur de Dieu. Tous les dons qu’il a reçus, la puissance et la capacité de son âme, chaque membre de son corps, il les utilise toujours selon la volonté de son Maître. Auparavant il les « mettait à la disposition du péché » et du diable, « comme des armes au service de l’injustice ; mais maintenant, « en tant que vivant, réveillé du milieu des morts » , il les met à la disposition de « Dieu, comme des armes au service de la justice ».


XIV

                       Par conséquent, tout ce qu’il fait contribue à la gloire de Dieu. Dans toutes ses différentes occupations il ne vise pas seulement ce but (ce qui est contenu dans l’expression « être clairvoyant » ), mais il l’atteint aussi en fait. Son travail et ses loisirs conduisent, tout comme ses prières, vers ce but unique et élevé. Qu’il soit chez lui ou en chemin, qu’il se couche ou qu’il se lève, il œuvre par tout ce qu’il dit ou fait pour l’accomplissement de cette tâche principale de sa vie ; qu’il s’habille ou qu’il travaille, qu’il mange, boive ou se repose après un travail harassant, tout n’a qu’un seul but : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il agrée ». La seule et inaliénable devise de sa vie s’énonce ainsi : « Tout ce que vous faites, en paroles ou en actions, faites- le au nom du Seigneur Jésus et remercie Dieu le Père, par Lui ».

XV

                    Il ne se laisse empêcher en aucune façon, par les habitudes du monde, de « marcher au combat qui nous est ordonné ». Il sait bien qu’un vice ne perd rien de son abjection du fait que sa pratique soit devenue courante et commune ; il ne perd pas de vue que « chacun devra rendre compte à Dieu de ses propres actes ». Par conséquent, il ne peut pas « suivre la foule sur le chemin du mal ».

                    Il ne peut pas « vivre tous les jours dans les plaisirs et le luxe » ou « se soucier tellement de son corps, qu’il devient esclave ses désirs » ; il ne peut « rassembler des trésors sur la terre » , pas plus que de mettre du feu dans sa poitrine. Sous aucun prétexte il ne peut « se parer d’or ou d’habits pré cieux » , ni approuver ceux qui s’adonnent, même très,... peu, a un vice, ou encore y participer. De même il lui est impossible de médire de son prochain ou de mentir devant Dieu et les hommes. Il ne peut pas tenir des propos sans amour au sujet de qui que ce soit, car l’amour est bien le gardien de sa bouche. Il ne peut pas prononcer de parole vaine, « aucun bavardage oiseux ne sort de sa bouche » et il faut comprendre par là tout ce qui n’est pas utile à l’amélioration ou à l’encouragement de celui qui écoute. Mais « ce qui est pur, aimable et réjouissant » , il le pense, le dit et le fait et il « honore l’enseignement de Dieu, de notre Seigneur, dans tous les domaines ».

XVI

                    Enfin, pour autant que l’occasion se présente, « il fait du bien à tous » , aux voisins comme aux étrangers, aux amis comme aux ennemis et cela de toutes les manières possibles. Cela n’est pas vrai seulement en ce qui concerne les corps, dans la mesure où il « nourrit les affamés, donne des « ... vêtements à ceux qui sont nus, visite les malades et les prisonniers » , mais il se donne encore bien plus de peine « dans la force que Dieu donne » pour faire du bien aux âmes, c’est- à- dire : pour réveiller celles qui dorment dans la mort spirituelle - pour amener ceux qui ont été réveillés vers le sang de la réconciliation afin que « rendus justes par la foi, ils trouvent la paix avec Dieu » et - pour encourager ceux qui ont trouvé la paix avec Dieu « à l’amour et aux bonnes œuvres ». Il est prêt à « s’offrir et à être offert » même à « servir de libation pour le sacrifice et pour le service de leur foi » afin « qu’ils accèdent tous à la plénitude en Christ ».

XVII

                    Ce sont là les principes et usages de notre communauté, les signes par lesquels on reconnaît un vrai méthodiste. C’est par eux seulement que ceux que l’on appelle ainsi, par dérision, souhaitent se distinguer d’autres personnes. Si quelqu’un disait maintenant : « Mais il ne s’agit là que des vérités fondamentales du christianisme ! » , il aurait raison. Je partage son point de vue. C’est la pure vérité. Je sais que ces vérités ne sont rien d’autre, et je souhaite de tout cœur que toi et quiconque vous sachiez combien nous et tous ceux qui partagent nos pensées, nous nous défendons et nous nous gardons pour ne pas être distingués par quoi que ce soit d’autre que les principes fondamentaux et généraux du christianisme, de ce christianisme simple et premier que j’enseigne, tout en rejetant et en ayant en horreur tous les autres signes distinctifs. Celui qui vit selon les critères que je viens d’évoquer (et cela, quelle que soit sa dénomination, car les noms ne changent pas la nature des choses), est un chrétien non seulement d’après le nom, mais dans le cœur et dans sa vie. Intérieurement et extérieurement il est en accord avec la volonté de Dieu, comme elle nous est révélée dans la Parole écrite. Il pense, parle et vit selon la méthode qui est définie dans la révélation de Jésus- Christ. Son âme est renouvelée selon l’ « image de Dieu, en vue d’une justice véritable et de la sainteté ». Et comme il a les mêmes pensées que celles qui étaient en Jésus- Christ, il marche comme Jésus- Christ avait marché.

XVIII

                    C’est par ces signes, par ces fruits d’une foi vivante, que nous cherchons à nous différencier du monde non croyant et de tous ceux dont la mentalité et la vie s’opposent à l’Évangile de Jésus-Christ. Mais en ce qui concerne les vrais chrétiens, quelle que soit leur dénomination, nous ne souhaitons être distingués ni d’eux, ni de tout homme qui recherche sincèrement ce qu’il sait ne... pas encore avoir saisi. Oui, il s’agit de respecter la parole : « Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui- là est mon frère, ma sœur et ma mère » et « Je vous exhorte, chers frères, par la miséricorde de Dieu : ne laissez croître entre vous aucune sorte de division ! » « Ton cœur est-il sincère envers moi, comme mon cœur l’est envers le tien ? » Je ne pose pas d’autre question. S’il en est ainsi, donne moi ta main ! Ne détruisons pas l’œuvre de Dieu à cause de nos seules opinions ou paroles. Aimes- tu Dieu et le sers- tu ? Voilà qui est suffisant, je te tends la main en signe d’union. « Si donc il y a parmi vous, quelque consolation en Christ, s’il y a quelque soulagement dans la charité, s’il y a quelqu’union d’esprit, s’il y a quelque compassion et quelque miséricorde » , combattons d’une seule âme, « pour la foi en l’Évangile ». Menons notre vie conformément à notre vocation qui nous appelle à « conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix, en toute humilité et douceur, avec patience, nous supportant les uns les autres avec charité ».

                    Souvenez-vous toujours qu’ « il y a un seul corps et un seul esprit, comme aussi nous avons été appelés à une seule espérance par notre vocation ; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui est au dessus de tous, et parmi tous et en tous ”.

John Wesley (Mai 1738)


jeudi 11 août 2016

(21) LES SERMONS DE WESLEY DE LA LIBRE GRÂCE

Numérisation Yves PETRAKIAN Copie autorisée pour diffusion gratuite uniquement Obligation d'indiquer la source http://456-bible.123-bible.com 

Sermon 54 :           DE LA LIBRE GRÂCE

Romains 8,32    (1739)

Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas toutes choses avec lui, par grâce ?  (Romains 8:32) 

                    Combien Dieu aime librement le monde ! Alors que nous étions encore des pécheurs, « Christ est mort pour des impies ». Alors que nous étions « morts par nos péché » , Dieu « n'a pas épargné son propre Fils, mais l'a livré pour nous tous ». Il nous « donne librement toutes choses » ! En vérité, LA LIBRE GRÂCE est tout en tous ! La grâce ou l'amour de Dieu, source de notre salut, est LIBRE EN TOUS et LIBRE POUR TOUS. LA GRÂCE, DON LIBRE DE DIEU Premièrement, elle est libre EN TOUS ceux à qui elle est donnée. Elle ne dépend pas de quelque pouvoir ou mérite inhérent à l'homme ; non, à aucun degré, grand ou petit. Elle ne dépend, en aucune manière, des bonnes œuvres ou de la justice du destinataire. Elle ne dépend pas de ses efforts. Elle ne dépend ni de son bon caractère, ni de ses bons désirs ou de ses bonnes intentions, car tout cela provient de la libre grâce de Dieu : comme un courant d'eau à partir de sa source ou comme des fruits par rapport aux racines de l'arbre qui les porte. Toutes ces bonnes dispositions sont, non pas la cause, mais les effets de la grâce. Dieu est l'auteur de tout bien qui se trouve en l'homme et que celui-ci peut accomplir. Ainsi la grâce est libre en tous ; elle ne dépend en aucune façon de quelque pouvoir ou de quelque mérite inhérent à l'homme, elle vient de Dieu seul, qui nous a donné son Fils et, avec lui, toutes choses librement. 

                   La grâce et le problème de la prédestination. Mais la grâce est-elle libre POUR TOUS aussi bien qu'EN TOUS ? A cela, certains ont répondu : « Non, elle n'est libre que pour ceux que Dieu a ordonnés à la vie, et ils ne constituent qu'un petit troupeau. La plus grande partie de l'humanité est destinée, par Dieu, à la mort, et la grâce n'est pas libre pour ceux qui la composent. Dieu les hait ; il a par conséquent décrété, dès avant leur naissance, qu'ils mourraient éternellement. Ce décret est absolu, parce que tel a été son bon plaisir, sa volonté souveraine. Il s'ensuit que ces personnes sont nées pour être détruites, corps et âme, en enfer. Elles grandissent sous l'irrévocable malédiction de Dieu, sans aucune possibilité de rédemption. La grâce que Dieu leur accorde sert, en effet, non pas à prévenir, mais uniquement à accroître leur condamnation ». Tel est le décret de la prédestination. 

                    Mais il me semble entendre quelqu'un répliquer : « Cela ne correspond pas à ma conception de la prédestination. Je ne crois qu'à l'élection de la grâce, à savoir qu'avant la fondation du monde, Dieu a élu un certain nombre d'hommes pour être justifiés, sanctifiés et glorifiés ; ceux-ci et personne d'autre seront sauvés. Dieu abandonne le reste des hommes à eux-mêmes. Ce reste suit les penchants de son propre cœur -continuellement mauvais- et n'arrête pas d'empirer ; il est en définitive justement condamné à la destruction éternelle ». Est-ce bien tout ce que vous mettez sous le terme de prédestination ? Réfléchissez bien, il y a peut-être encore autre chose. Ne croyez-vous pas que Dieu a destiné les non-élus à la condamnation ? Si oui, vous croyez au décret complet, à la prédestination telle qu'elle vient d'être décrite. Mais peut-être ne le pensez-vous pas. 

                    Croyez-vous alors que Dieu endurcisse le cœur de ceux qui périssent ? Croyez-vous qu'il a littéralement endurci le cœur de Pharaon et qu'il l'a élevé à son rang, ou même créé, dans le seul but de le condamner ? Si oui, alors vous croyez tout ce qui a été dit de la prédestination. Et il n'est pas nécessaire d'ajouter que Dieu renforce son décret, supposé immuable et inéluctable, en endurcissant les cœurs de ces « vases de colère » que son décret a voué auparavant à la destruction. La prédestination inconcevable sans la réprobation Mais vous ne croyez peut-être même pas cela et vous n'admettez pas qu'il y ait un décret de la réprobation. Vous ne pensez pas que Dieu a décrété la condamnation d'un homme en l'endurcissant et en le vouant irrésistiblement à une telle destinée. Vous vous contentez de dire : « Dieu a éternellement décrété que, tous les hommes étant morts par le péché, il ne dirait qu'à quelques ossements desséchés « vivez ! » et que, par conséquent, les uns seraient vivifiés et les autres resteraient en leur état, les uns glorifieraient Dieu par leur salut et les autres par leur destruction ».

                    N'est-ce pas ce que vous entendez par « l'élection de grâce » ? Si oui, laissez-moi vous poser quelques questions. Parmi ceux qui ne sont pas élus de cette manière, certains sont-ils néanmoins sauvés ? Ou bien cela a-t-il déjà été le cas depuis la fondation du monde ? Est-il possible qu'un homme soit sauvé sans être ainsi élu ? Si vous répondez « non » , vous en êtes au même point qu'auparavant, vous n'avez pas avancé d'un pas. Vous croyez toujours qu'en raison d'un décret immuable et inéluctable de Dieu, la plus grande partie de l'humanité demeure dans la mort sans aucune possibilité de rédemption ; seul, Dieu pourrait les sauver, mais il ne le veut pas. Vous croyez que Dieu a décrété de manière absolue qu'il ne les sauverait pas. Qu'est-ce que cela, sinon un décret de condamnation ? Dans les faits, ce n'est ni plus, ni moins cela. Car si vous êtes mort et totalement incapable de revenir à la vie par vous-même, et si Dieu a décrété de manière absolue de vivifier tout le monde sauf vous, il a donc décrété de manière absolue votre mort éternelle. Vous êtes absolument destiné à la damnation. 

                     Ainsi, tout en utilisant des termes plus doux que certaines personnes, vous exprimez exactement la même chose. Le décret divin d'élection de grâce, dont vous parlez, n'est rien d'autre que ce que certains appellent « le décret divin de la réprobation ». Utilisez le terme qui vous plaira -élection, prétérition, prédestination ou réprobation -, cela revient finalement au même. La signification de tous ces mots est clairement celle-ci : par la vertu d'un décret éternel, immuable, irrésistible de Dieu, une partie de l'humanité est infailliblement sauvée, et le reste infailliblement damné. Autrement dit, il est impossible que l'un des premiers soit damné ou que l'un des derniers soit sauvé. 

                     La grâce n'est plus exprimée dans la prédication S'il en est ainsi, toute prédication est vaine. Elle est sans utilité pour les élus, puisqu'ils seront infailliblement sauvés, avec ou sans elle. Par conséquent, le but de la prédication -sauver des âmes -ne leur sert de rien. Elle est également sans utilité pour ceux qui ne sont pas élus, puisqu'ils ne peuvent pas être sauvés ; avec ou sans elle, ils seront infailliblement damnés. Par conséquent, le but de la prédication ne leur sert de rien, non plus. Dans l'un et l'autre cas, notre prédication est vaine, comme l'est aussi votre écoute. Il y a là une preuve évidente que la doctrine de la prédestination n'est pas une doctrine de Dieu, puisqu'elle annule le commandement de Dieu, et que Dieu n'est pas divisé contre lui-même.

LA GRÂCE ET LA SAINTETÉ DE DIEU

                    La doctrine de la prédestination tend aussi à faire obstacle à la sainteté, qui est le but que visent toutes les ordonnances de Dieu. Je ne veux pas dire qu'aucun de ses partisans ne soit saint (car Dieu fait preuve d'une tendre compassion envers ceux qui sont inextricablement empêtrés dans toutes sortes d'erreurs), mais j'entends par là que la doctrine elle-même -à savoir que chaque homme est, de toute éternité, soit élu, soit non-élu, c'est-à-dire inévitablement sauvé ou inévitablement damné -a une tendance manifeste à s'opposer à la sainteté en général. Cette doctrine évacue, en effet, les principales motivations pour rechercher la sainteté -proposées si souvent dans les Écritures -, telles que l'espoir d'une récompense future et la crainte du châtiment, l'espoir d'aller au ciel et la crainte de l'enfer. Celui qui croit que son sort est déjà décidé -qu'il soit au nombre de ceux qui sont condamnés aux peines éternelles ou de ceux qui sont appelés à la vie éternelle -n'est pas motivé à combattre pour la vie ; il serait déraisonnable pour lui de le faire s'il pense qu'il est inéluctablement destiné à la vie ou à la mort.

                     Vous direz sans doute : « Mais il ne sait pas s'il est destiné à la vie ou à la mort ». Et alors ? Quelle importance cela a-t-il ? Si une personne malade sait qu'elle va, quoi qu'elle fasse, soit mourir, soit guérir, même si elle ignore laquelle de ces deux issues lui est réservée, elle renoncera à prendre des médicaments, car le faire serait déraisonnable. Elle pourra seulement dire (et j'ai déjà entendu des personnes atteintes dans leur santé physique, ou spirituellement, s'exprimer ainsi : « Si je suis destinée à vivre, je vivrai, sinon je mourrai ; je n'ai donc pas à m'en préoccuper ». C'est ainsi que cette doctrine donne tendance directe et générale à détourner les gens de la sainteté, et aussi à empêcher les hommes impies de la rechercher ou d'y atteindre.

                    La prédestination démobilise... Cette doctrine conduit aussi à détruire plusieurs aspects particuliers de la sainteté, tels que la douceur et l'amour -j'entends par là l'amour de nos ennemis- des méchants et des ingrats. Je ne veux pas dire qu'aucun de ses partisans n'a de la douceur et de l'amour (car la miséricorde de Dieu est aussi grande que sa puissance) ; mais cette doctrine tend naturellement à susciter, ou à accroître, l'aigreur et l'impatience du caractère, ce qui est tout à fait contraire à la bonté du Christ. Ces défauts sont spécialement visibles chez les partisans de cette doctrine quand on s'oppose à leurs principes. De plus, cette doctrine inspire naturellement du mépris ou de la froideur envers ceux que nous supposons être bannis par Dieu.... et n'encourage pas à aimer « Mais, direz-vous, je ne considère personne en particulier comme un réprouvé ». Vous voulez dire que vous ne le feriez pas si vous pouviez vous en empêcher ; mais vous ne pouvez pas vous empêcher parfois d'appliquer les principes généraux de votre doctrine à des individus en particulier, ou alors l'ennemi des âmes le fera pour vous. Vous savez bien qu'il l'a déjà fait souvent, mais vous avez rejeté cette pensée avec effroi. C'est vrai, vous avez fait aussi vite que possible ; mais cela n'a-t-il pas, en même temps, aigri et excité votre esprit ? Vous savez bien qu'alors ce n'était pas un esprit d'amour que vous manifestiez envers ce pauvre pécheur, que vous soupçonniez ou suspectiez d'être l'objet de la haine de Dieu.

LA PRÉDESTINATION DÉTRUIT LA PAIX

                    Cette doctrine contribue à détruire les consolations de la religion, le bonheur chrétien. Cela est évident pour tous ceux qui se croient réprouvés ou qui craignent simplement de l'être. Toutes les grandes et précieuses promesses sont perdues pour eux. Elles ne leur apportent aucune lueur de consolation, puisqu'ils ne sont pas les élus de Dieu ; elles ne les concernent donc pas le moins du monde. Ceci constitue un sérieux obstacle à leur découverte d'un peu de consolation ou de bonheur, même dans cette religion dont les chemins sont sensés être « des chemins agréables et des sentiers de paix ». L'assurance vient de l'Esprit Et vous qui vous croyez élus de Dieu, où est votre bonheur ? J'entends non une notion, une croyance spéculative ou une simple idée, mais le sentiment d'avoir Dieu présent dans votre cœur par le Saint-Esprit, l'Esprit de Dieu qui témoigne à votre esprit que vous êtes un enfant de Dieu. En d'autres termes, « la pleine assurance de la foi » est le véritable fondement de la joie chrétienne. Cela implique la pleine assurance que tous vos péchés passés sont pardonnés et que vous êtes maintenant un enfant de Dieu. 

                    Mais cela n'implique pas nécessairement la pleine assurance de notre persévérance future. Je ne dis pas qu'elle n'y est jamais jointe, mais cela n'est pas automatique. Bien des personnes ont une assurance présente, mais pas future. Il apparaît que la doctrine de la prédestination entrave le témoignage de l'Esprit. C'est le cas, non seulement pour ceux qui, se croyant réprouvés, repoussent ce témoignage, mais aussi pour ceux qui ont goûté au don parfait, l'ont ensuite perdu et sont retombés dans les doutes, la crainte et les ténèbres, des ténèbres horribles, quasiment palpables ! Je vous le demande, à vous les tenants de cette doctrine, dites-moi si, entre Dieu et votre propre cœur, vous n'êtes pas souvent assaillis par des doutes ou des craintes concernant votre élection ou votre persévérance ? Si vous me rétorquez : « Qui n'en a pas ? » , je répondrai que très peu de partisans de cette doctrine en ont, à la différence de beaucoup, de vraiment beaucoup de ceux qui n'y croient pas sur toute la surface de la terre. 

                    Beaucoup de ceux qui savent et ressentent qu'ils sont en Christ aujourd'hui et ne « se soucient pas du lendemain » , qui « se réfugient en lui » par la foi heure après heure, ou plutôt moment après moment, beaucoup de ceux-Ià jouissent du témoignage ininterrompu de l'Esprit, de la lumière permanente de sa face, depuis qu'ils ont cru pour la première fois -il y a de cela des mois ou des années jusqu'à ce jour. La foi ne s'enracine pas dans la connaissance de l'élection L'assurance de la foi de ces derniers exclut tout doute et toute crainte. Elle exclut toutes les sortes de doutes et de craintes concernant leur persévérance future, bien qu'il ne s 'agisse pas, à proprement parler, d'une assurance relative au futur, comme nous l'avons dit, mais seulement d'une assurance pour maintenant. Et cette assurance n'a pas besoin de se fonder sur une croyance spéculative, selon laquelle celui qui a été ordonné à la vie doit vivre, car elle se façonne d'heure en heure par la puissante main de Dieu, « par le Saint-Esprit qui leur est donné ». Par conséquent, la doctrine de la prédestination n'est pas de Dieu, car elle tend à entraver, voire à détruire, l'œuvre du Saint-Esprit, dont découlent les principales consolations de la religion, la joie chrétienne. Mais poursuivons : y a-t-il pensée plus inconfortable que de savoir que des milliers et des millions d'hommes ont été inéluctablement condamnés aux flammes éternelles, sans avoir commis aucune offense ou faute préalable ? Quelle pensée inconfortable pour ceux qui ont revêtu Christ et qui, ayant des entrailles de miséricorde, de bonté et de compassion, pourraient même « souhaiter être maudits à la place de leurs frères » !

LA PRÉDESTINATION DÉCOURAGE LES ŒUVRES

                    Cette détestable doctrine de la prédestination conduit à détruire notre zèle pour les bonnes œuvres.

                    Et ceci, premièrement, parce qu'elle aune tendance naturelle (selon ce que nous avons déjà fait remarquer) à détruire notre amour pour la plus grande partie de l'humanité, à savoir les méchants et les impies. Car tout ce qui réduit notre amour réduit aussi notre désir de leur faire du bien.

                    Deuxièmement, elle anéantit la plus forte raison qui soit d'accomplir des actes de charité, tels que nourrir les affamés, vêtir ceux qui sont nus..., à savoir l'espoir de sauver leur âme de la mort. Car à quoi sert-il de soulager les besoins temporels de ceux qui sont en train de tomber dans le feu éternel ? « Eh bien, courez, arrachez-Ies comme des tisons du feu ! » Mais vous supposez que c'est impossible. Vous dites qu'ils y ont été destinés de toute éternité, avant même d'avoir rien fait de bien ou de mal. Vous croyez que c'est la volonté de Dieu qu'ils meurent ; or « qui peut résister à sa volonté ? » Mais vous dites que vous ne savez pas s'ils sont élus ou pas. Et alors ? Si vous saviez qu'ils sont l'un ou l'autre -élus ou non-élus tout votre travail serait inutile et vain. Dans les deux cas, vos conseils, vos réprimandes ou vos exhortations seraient aussi inutiles que notre prédication. Tout cela sans aucune utilité pour les élus puisqu'ils sont infailliblement sauvés, et pour les non-élus puisqu'ils sont infailliblement damnés. Ainsi, si vous êtes conséquents avec vos principes, ne vous mettez pas en peine de leur salut. Ces principes tendent directement à détruire votre zèle pour les bonnes œuvres, pour toutes les bonnes œuvres, et particulièrement pour la plus grande de toutes : sauver les âmes de la mort.

LA PRÉDESTINATION EST CONTRE L'ENSEMBLE DE LA RÉVÉLATION

                   La doctrine de la prédestination ne tend pas seulement à détruire la sainteté et la joie chrétienne, ainsi que le désir d'accomplir des bonnes œuvres, elle pousse aussi, de façon directe et manifeste, à ruiner toute la révélation chrétienne. Le point que les plus avisés des incroyants modernes cherchent, avec le plus d'acharnement, à prouver est que la révélation chrétienne n'est pas nécessaire. Ils savent bien qu'une fois cela démontré, la conclusion évidente et indéniable sera : « Si elle n'est pas nécessaire, elle n'est pas vraie non plus ». Et vous, vous renoncez à ce point fondamental : le décret éternel et immuable de Dieu sous-entend, en effet, qu'une partie de l'humanité doit être sauvée, même sans l'existence de la révélation chrétienne, et que l'autre partie doit être condamnée en dépit de cette révélation ! Que pourrait désirer de plus un païen ? Vous lui fournissez tout ce qu'il demande. En rendant ainsi l’Évangile inutile pour toutes sortes de personnes, vous trahissez l'ensemble de la cause chrétienne. « Oh ! N'allez pas le dire à Gath et ne le publiez pas dans les places d'Askalon, de peur que les fils et les filles des Philistins ne s'en réjouissent et que les fils des incirconcis n'en triomphent ! »

                    Contradictions. Comme la doctrine de la prédestination tend directement et manifestement à ruiner toute la révélation chrétienne, elle aboutit à la faire se contredire elle-même. Elle est, en effet, basée sur une interprétation de certains textes (qu'il y en ait peu ou beaucoup, qu'importe !), qui contredit nettement tous les autres, et même tout le contenu et la portée des Écritures. En voici un exemple. Les tenants de cette doctrine interprètent le verset biblique « J'ai aimé Jacob et j'ai haï Ésaü » , comme impliquant que Dieu a littéralement haï Ésaü et tous les réprouvés de toute éternité. Est-il possible d'être plus nettement en contradiction avec, non seulement tout le contenu et la portée des Écritures, mais encore avec tous les textes particuliers qui déclarent expressément que « Dieu est amour » ? Autre exemple. Ils déduisent du texte « Je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde » (Romains 9 : 15) que Dieu n'est miséricordieux que pour quelques-uns seulement, les élus, et qu'il n'aura pitié que de ceux-ci, contrairement à ce qui est dit dans les Écritures, à savoir que « le Seigneur aime tous les hommes et sa miséricorde s'étend à toutes ses œuvres » (Psaume 145 : 9). Et encore, ils déduisent de textes tels que « cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » , que Dieu ne fait miséricorde qu'à ceux qu'il a en vue depuis l'éternité. Mais n'est-ce pas contester avec Dieu ? Ils contredisent tous les oracles de Dieu selon lesquels « Dieu ne fait point acception de personnes » (Actes 10 : 34), « il n'y a point d'acception de personnes devant lui » (Romains 2 : 2). Autre exemple. Ils déduisent du texte « quoique les enfants ne fussent pas encore nés et qu'ils n'eussent fait ni bien, ni mal — afin que le dessein d'élection subsistât, sans dépendre des œuvres, mais de celui qui appelle — il fut dit à Rebecca l'aîné sera assujetti au plus jeune » , que notre prédestination, ou notre élection, ne dépend en aucune manière de la prescience de Dieu. Or, toutes les Écritures contredisent nettement cette idée, particulièrement les passages suivants : « élus selon la prescience de Dieu » (1 Pierre : 2) et « ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés » (Romains 8 : 29). Et encore « Le même Seigneur est riche en miséricorde pour tous ceux qui l'invoquent » (Romains 10 : 12). Mais vous, vous dites : « Non, il ne l'est que pour ceux pour qui le Christ est mort. Et cela ne concerne pas tous les gens, mais seulement un petit nombre que Dieu a choisi dans le monde ; il n'est pas mort pour tous, mais seulement pour ceux qui ont été « élus en lui avant la fondation du monde » (Éphésiens 1 : 4). Tout le contenu du Nouveau Testament contredit également votre interprétation de ces passages, en particulier les textes suivants : « Ne détruis pas avec un aliment celui pour qui Christ est mort » (Romains 14 : 15), preuve évidente que le Christ n'est pas mort uniquement pour ceux qui sont sauvés, mais qu'il l'est aussi pour ceux qui périssent. Il est « le Sauveur du monde » (Jean 4 : 42), « l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1 : 29), « Il est la propitiation non seulement de nos péchés, mais aussi de ceux du monde entier » (1 Jean 2 : 2). Lui, le Dieu vivant « est le Sauveur de tous les hommes » (1 Timothée 4 : 10),

                    « Il s'est donné en rançon pour tous » (1 Timothée 2 : 6), « Il a goûté la mort pour chaque homme » (Hébreux 2 : 19). Pourquoi tous ne sont pas sauvés ? Si vous demandez « pourquoi tous les hommes ne sont-ils pas sauvés ? » , toute la Loi et le témoignage répondent ainsi. Premièrement, ce n'est ni à cause de quelque décret de Dieu, ni à cause du plaisir que lui causerait leur mort : « Je suis vivant, dit le Seigneur, je ne prends pas plaisir à la mort de celui qui meurt » (Ézéchiel  3 : 32) ; quelle que soit la cause de leur perdition, ce ne peut être la volonté de Dieu, car les oracles de Dieu sont véridiques lorsqu'ils affirment : « Il ne veut pas qu'aucun périsse, mais il veut que tous parviennent à la repentance » (2 Pierre 3 : 9), « Il désire que tous les hommes soient sauvés ». Deuxièmement, la Bible explique pourquoi tous les hommes ne sont pas sauvés. Le Seigneur dit expressément : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie » (Jean 5 : 40). « La puissance du Seigneur est là pour les guérir » , mais ils ne veulent pas être guéris. Ils ne sont pas sauvés, parce qu' ils ne veulent pas être sauvés. « Ils rejettent le dessein qui est un dessein miséricordieux de Dieu » , comme l'avaient déjà fait leurs pères au cou roide. Ils sont par conséquent sans excuses, car Dieu aimerait qu'ils soient sauvés, mais eux ils ne le veulent pas. C'est leur condamnation : « Combien de fois ai-je voulu vous rassembler et vous ne l'avez pas voulu ! » (Matthieu 23 : 37).

LA PRÉDESTINATION EST CONTRE L'HONNEUR DE DIEU

                   Mais cela n'est pas tout. Cette doctrine de la prédestination comporte tant de blasphèmes que je répugne à en parler... mais I'honneur de notre Dieu de grâce et la cause de sa vérité ne doivent pas souffrir de mon silence. Aussi, pour la cause de Dieu et avec le désir sincère de glorifier son grand Nom, je vais mentionner quelques-uns des blasphèmes horribles contenus dans cette horrible doctrine. Tout d'abord, je dois avertir chacun de ceux qui m'écoutent, et qui devront en répondre au dernier jour, de ne pas m'accuser de blasphèmes (comme certains l'ont fait) parce que je mentionne ceux des autres. Plus vous êtes affligés par ceux qui blasphèment ainsi, plus vous devez veiller à « affermir votre amour à leur égard ». Que le souhait de votre cœur et votre prière continuelle à Dieu soit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font ! » La sincérité divine est mise en question. Il faut, tout d'abord, noter que cette doctrine représente notre Seigneur béni, « Jésus-Christ le juste, le Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité » , comme un hypocrite, un trompeur qui abuse les gens, un homme dépourvu de toute sincérité, car il est indéniable qu'il s'exprime toujours comme s'il voulait que tous les hommes soient sauvés. Aussi dire qu'il ne le voulait pas équivaut-il à faire de lui un hypocrite et un dissimulateur. Il est indéniable que les gracieuses paroles qui sont sorties de sa bouche sont remplies d'invitations à tous les pécheurs. C'est pourquoi affirmer qu'il n'avait pas l'intention de sauver tous les pécheurs revient à donner de lui l'image de quelqu'un qui a grossièrement trompé les gens. Impossible de nier qu'il dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés ». Ainsi, vous qui croyez à la prédestination, vous dites que Jésus appelle ceux qui ne peuvent pas venir, ceux dont il sait qu'ils sont incapables de venir à lui, ceux qu'il peut mais ne veut pas faire venir à lui. Est-il possible de décrire un manque de sincérité plus grand que celui-là ? Vous représentez Jésus comme se moquant de ses créatures impuissantes en leur offrant ce qu'il n'a pas l'intention de leur donner. Vous le décrivez comme disant une chose et en pensant une autre, comme éprouvant un amour qu'il n'a pas. Vous faites de « celui dans la bouche duquel il n'y avait pas de fraude » un être plein de tromperies et dépourvu de toute sincérité, spécialement quand s'approchant de la ville, il pleura sur elle en disant : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants... et tu ne l'as pas voulu ». Mais si vous dites qu'ils voulaient, mais que lui ne voulait pas, vous représentez Jésus pleurant des larmes de crocodile sur la proie qu'il a lui-même vouée à la destruction ! Dieu serait injuste Un tel blasphème devrait alerter les chrétiens ! Mais il y a plus : la doctrine de la prédestination, en effet, traite le Père de la même façon que le Fils. Elle détruit d'un coup tous ses attributs. Elle renverse, à la fois, sa justice, sa miséricorde et sa vérité. Oui ! Elle représente le Dieu très saint comme étant pire que le diable, tout à la fois plus cruel et plus injuste. Plus faux, parce que le diable, menteur comme il est, n'a jamais dit qu'il voulait sauver tous les hommes. Plus injuste, parce que le diable ne peut pas, même s'il le voulait, être coupable d'une injustice aussi grande que celle qui est attribuée à Dieu : condamner des millions d'âmes au feu éternel préparé pour le diable et ses anges -pour avoir persévéré dans le péché, alors qu'elles ne pouvaient pas faire autrement sans la grâce que Dieu ne voulait pas leur accorder. Et plus cruel : tout esprit malheureux qui « cherche le repos et ne le trouve pas est, à cause de sa propre misère, incité à induire les autres en tentation. Dieu demeure dans un lieu élevé et saint ; aussi supposer que, de sa propre initiative, volontairement et par pur plaisir, Dieu, dans sa béatitude, voue ses créatures, avec ou sans leur consentement, à un malheur sans fin, revient-il à lui imputer une cruauté dont il serait impossible de taxer le grand ennemi de Dieu et des hommes. C'est faire le Dieu très haut (que celui qui a des oreilles entende !) plus cruel, plus faux et plus injuste que le diable ! Transformation de la nature divine Tel est le problème clairement contenu dans l'horrible décret de la prédestination ! Je n'en démordrai pas. Je suis prêt à en discuter avec quiconque défend cette doctrine. Vous faites Dieu pire que le diable : plus faux plus cruel, plus injuste. Et vous dites pouvoir prouver cela par les Écritures. Chiche ! Que pouvez-vous prouver par les Écritures ! Que Dieu est pire que le diable ? lmpossible ! Quoi que puissent prouver les Écritures, elles ne prouveront jamais cela ; une telle chose ne peut pas être scripturairement vraie. Si vous me demandez « Que faut-il alors comprendre ? » et que je réponde que je ne sais pas, vous n'êtes pas plus avancés. Il y a, en effet, beaucoup de passages bibliques dont ni vous, ni moi, ne comprendrons le véritable sens avant que la mort ne soit engloutie dans la victoire. Je pense qu'il est préférable de dire que ces passages n'ont pas de sens, plutôt que de leur donner celui que vous leur donnez. Ils ne peuvent pas vouloir dire, quel que soit leur sens, que le Dieu de vérité est un menteur. Quelle que soit leur signification, ils ne peuvent pas vouloir dire que le Juge de toute la terre est injuste. Aucun texte ne peut signifier que Dieu n'est pas amour, que sa miséricorde ne s'étend pas à toutes ses œuvres. En d'autres termes, aucun passage biblique, quoi qu'il puisse prouver, ne peut prouver la prédestination. Tel est le blasphème qui fait que, tout en aimant ses partisans, je hais la doctrine de la prédestination, selon laquelle — à supposer qu'on s'y arrête un instant — on pourrait dire à notre adversaire le diable : « Espèce de fou, pourquoi t'épuises-tu à rugir çà et là ? Ta quête des âmes est aussi inutile et vaine que notre prédication. Ne vois-tu pas que Dieu t'a pris le travail des mains et qu'il l'accomplit avec beaucoup plus d'efficacité ? Toi, avec toutes tes principautés et tes pouvoirs, tu ne peux pas nous empêcher de résister à tes assauts ; mais, lui, il peut irrésistiblement détruire à la fois le corps et l'âme en enfer ! Toi, tu ne peux que séduire, alors que, lui, par son décret immuable d'abandonner des milliers d'âmes à la mort, il les contraint à persévérer dans le péché jusqu'à leur saut final dans les flammes éternelles. Toi, tu tentes les gens ; lui, il nous contraint à la damnation, car nous ne pouvons pas résister à sa volonté. Fou que tu es, pourquoi continues-tu à chercher qui tu pourras dévorer ? Ne vois-tu pas que Dieu est le lion dévorant, le destructeur des âmes, le meurtrier des hommes ? » Moloch a seulement fait passer des enfants par le feu, et ce feu a été vite éteint ; une fois le corps corruptible consumé, c'est la fin du tourment. Mais Dieu, dit-on, par son décret éternel fixé avant qu'ils n'aient agi en bien ou en mal, fait passer les petits enfants ainsi que les parents par le feu de l'enfer, « le feu qui ne s'éteindra jamais » ; et le corps qui y est jeté incorruptible et immortel se consumera sans fin, parce que c'est le bon plaisir de Dieu, « la fumée s'élevait continuellement ». (...)

LE VRAI DÉCRET

                   Oui, il y a un décret depuis la fondation du monde. Quel est ce décret ? « Je mettrai devant les fils des hommes la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Et l'âme qui choisit la vie vivra, de même que celle qui choisit la mort mourra ». Ce décret, selon lequel « Dieu a prédestiné ceux qu'il a connus d'avance » , existe effectivement de toute éternité. Ce décret, selon lequel tous ceux qui acceptent que Christ les vivifie sont « élus selon la prescience de Dieu » , tient bon maintenant, comme la lune et les fidèles témoins dans le ciel. Et quand le ciel et la terre passeront, il ne passera pas, car il est aussi immuable et éternel que l'être de Dieu qui l'a donné. Ce décret contient le plus fort encouragement à abonder en bonnes œuvres et en tout ce qui est saint ; il est un torrent de joie et de félicité pour notre consolation sans fin. Il est digne de Dieu et s'accorde en tous points avec les perfections de sa nature. Il nous donne la vision la plus noble de sa justice, de sa miséricorde et de sa vérité. Il est en accord avec tout le contenu, et toutes les parties, de la révélation chrétienne. Moïse et tous les prophètes lui rendent témoignage, de même que notre Seigneur béni et tous les apôtres. Ainsi Moïse dit, au nom du Seigneur : « J'appelle en ce jour les cieux et la terre à déposer contre vous que j'ai placé devant vous la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction ; choisis par conséquent la vie, pour que toi et ta semence viviez ». Et (pour citer au moins un des prophètes) Ézéchiel dit : « L'âme qui pèche mourra : le fils ne portera pas éternellement l'iniquité du père. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui » (Ézéchiel 18 : 20). Et notre Seigneur béni dit. « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne et qu'il boive ! » (Jean 7 : 37). Et Paul, le grand apôtre, dit : « Dieu ordonne à tous les hommes en tous lieux de se repentir » (Actes 17 : 30) ; « tous les hommes en tous lieux » , cela signifie chaque homme à chaque endroit, sans exception de place ou de personne. Et saint Jacques dit : « Si quelqu'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous les hommes libéralement et sans reproches, et elle lui sera accordée » (Jacques 1 : 5). Et saint Pierre dit : « Le Seigneur ne veut pas qu'aucun périsse, mais que tous parviennent à la repentance » (2 Pierre 3 : 9). Et saint Jean dit : « Si un homme a péché, nous avons un avocat auprès du Père ; il est la propitiation de nos péchés, et non seulement des nôtres, mais de ceux du monde entier ». (1Jean 2 : 1-2).


CONCLUSION

                    Ecoutez, vous qui oubliez Dieu ! Vous ne pouvez pas lui faire porter la responsabilité de votre mort ! « Ai-je un quelconque plaisir à ce que le méchant meure ? » dit le Seigneur (Ezechiel 18 : 23 et suivants). Repentez-vous et détournez-vous de toutes vos transgressions ; ainsi l'iniquité ne sera pas votre ruine. Jetez loin de vous toutes vos transgressions, car pourquoi mourrais-tu, maison d'Israël ? Je ne prends pas plaisir à la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur. Convertissez-vous donc et vivez ! » « Je suis vivant ! dit le Seigneur Dieu, je ne prends pas plaisir à la mort du méchant. Revenez, revenez de vos mauvaises voies. Pourquoi devriez-vous mourir, maison d'Israël ? » (Ézéchiel 33 : 11).