lundi 15 août 2016

(22) LES SERMONS DE WESLEY LES SIGNES DISTINCTIFS D'UN MÉTHODISTE

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Sermon 55 :           LES SIGNES DISTINCTIFS D'UN MÉTHODISTE

(Mai 1738)

I

                   Ce qui distingue un méthodiste, ce ne sont pas des opinions, quelles qu’elles soient. Qu’il adhère à telle ou telle façon de croire, qu’il s’approprie certains points de vue ou qu’il défende la doctrine de tel ou tel homme, n’a pas d’importance. C’est pourquoi celui qui penserait qu’un méthodiste est un homme qui se distingue des autres chrétiens par des doctrines spéciales, démontrerait sa complète ignorance de cette question et passerait entièrement à côté de la vérité. Il est vrai que nous croyons que toutes les Saintes Écritures (Ancien et Nouveau Testament) sont inspirées par Dieu, et en cela nous nous distinguons des Juifs, des Turcs et des athées. Nous croyons que la Parole écrite de Dieu est le principe directeur, unique et suffisant de la foi et de la vie chrétienne, et en cela nous nous différencions fondamentalement de l’église catholique romaine. Mais dans toutes les questions qui ne touchent pas aux racines du christianisme, nous nous en tenons à la règle : « Penser et laisser penser ». C’est pourquoi des opinions, qu’elles soient justes ou erronées, ne sont pas des signes distinctifs pour un méthodiste.

II

                    Ce qui distingue un méthodiste, ce n’est pas non plus l’utilisation de certaines paroles ou façons de parler. Nous ne nous cramponnons pas à des mots et ne considérons pas l’emploi d’expressions singulières et inhabituelles comme le signe d’un christianisme authentique. Au contraire, lorsque nous parlons de choses divines, nous préférons, tout comme dans les conversations habituelles, utiliser les mots les plus connus, les plus compréhensibles et les plus usuels pour exprimer nos pensées. C’est pourquoi nous ne nous écartons jamais avec intention, de la façon de parler générale et courante, sauf s’il s’agit d’exprimer des vérités bibliques par des mots bibliques, ce qui ne suscitera certainement pas la critique d’un chrétien. Nous n’avons pas non plus de prédilection à nous servir de certaines expressions bibliques particulières, à l’exception de celles que les écrivains inspirés, ont eux- mêmes utilisées le plus fréquemment. Chercher à distinguer un méthodiste par sa façon de s’exprimer ou par ses opinions sont par conséquent deux erreurs aussi injustifiées l’une que l’autre.

III

                    Nous ne souhaitons pas davantage nous distinguer d’autres personnes par des pratiques, des coutumes et des habitudes dont l’importance est négligeable. Notre façon d’être chrétien ne consiste ni dans la pratique de ce que Dieu ne nous a pas commandé, ni dans l’abstention de ce qu’il ne nous a pas interdit. Elle ne consiste pas en une quelconque particularité dans la manière de se vêtir, de se tenir ou de se couvrir la tête ; il ne s’agit pas non plus de s’abstenir du mariage ou d’aliments et de boissons. Ce sont de bonnes choses si on en use avec reconnaissance. C’est pourquoi aucune personne avisée ne cherchera les caractéristiques d’un méthodiste dans des pratiques et habitudes, d’ailleurs d’importance négligeable sur le plan moral, au sujet desquelles la Parole de Dieu n’a pas donné d’ordres explicites.

IV

                    Enfin le méthodiste ne veut pas se distinguer des autres par le fait qu’il accentue de façon exclusive l’un ou l’autre aspect du christianisme. Si quelqu’un objecte : « Toutefois le méthodiste fait telle chose parce qu’il proclame que nous sommes sauvés par la foi seule » , je réponds : Vous ne comprenez pas le sens des mots : par « être sauvé » , le méthodiste comprend lui, qu’il s’agit de la sainteté du cœur et de la vie. Et il affirme que cette sainteté- là naît uniquement de la foi authentique. Est- il possible que quelqu’un, quand bien même il ne serait chrétien que de nom, puisse nier cela ? S’agit- il là vraiment d’une acceptation unilatérale du christianisme ? « Abolissons- nous la loi par la foi ? Loin de là ! Nous accomplissons la loi ». Nous ne partageons pas le point de vue (qui est malheureusement celui de trop de personnes) selon lequel le christianisme se résume à : - ne pas causer de dommages - faire du bien - faire usage des moyens de grâce de Dieu. Non, tout cela n’est pas encore suffisant ; nous savons en effet, par expérience, qu’un homme peut pratiquer tout cela pendant des années et rester toujours aussi peu chrétien qu’avant. Bien moins encore suffit- il d’avoir l’une de ces pièces d’étoffe, ou même seulement un lambeau de l’une d’elles. Ce serait comme une femme qui s’imaginerait être vertueuse uniquement parce qu’elle n’est pas une prostituée, ou comme un homme qui s’estimerait honnête parce qu’il n’a commis ni brigandage, ni vol. Que le Dieu de mes pères me préserve d’un si misérable et maigre christianisme ! Si cela devait être le signe distinctif d’un méthodiste, je préférerais être un honnête Juif, Turc ou païen !

V

                      Soit, me dira-t-on, mais quel est alors le vrai signe distinctif ? Qui, selon vous, est un vrai méthodiste ? Je réponds : Un méthodiste est un homme « dans le cœur duquel est répandu l’amour de Dieu par l’action du Saint- Esprit, qui lui est donné » , un homme qui « aime le Seigneur, son Dieu, de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toutes ses forces ». Dieu est la joie de son cœur et le désir de son âme, qui s’écrie sans cesse : « Si.. ». , « Je suis en communion avec toi, Je n aspire à rien d’autre au ciel et sur la terre. Mon Dieu et mon tout ! En tout temps, tu es la consolation de mon cœur et tu es ma part ! »

VI

                    Un tel homme est toujours heureux dans la relation avec son Dieu par lequel lui est donnée « Une source d’eau vive qui jaillit jusque dans la vie éternelle » et qui inonde son âme de paix et de joie. Pour lui, l’ « amour total chasse la crainte » et il « se réjouit en toute circonstance dans le Seigneur » ; en « Dieu son Sauveur » et dans le Père, « par notre Seigneur Jésus- Christ grâce auquel il a obtenu la réconciliation, le salut par Son sang et le pardon des péchés ». Comment pourrait- il ne pas se réjouir, chaque fois qu’il se tourne vers le passé, vers la fosse cruelle hors de laquelle le Seigneur l’a tiré, et chaque fois qu’il se souvient que Dieu « enlève tous ses méfaits comme le soleil chasse un nuage et dissipe le brouillard » ? Il ne peut que se réjouir, chaque fois qu’il considère sa situation présente en pensant que c’est par grâce qu’il a été « rendu juste, et qu’il est en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ ». Car « tout homme qui croit, possède en lui ce témoignage » parce qu’il est, par la foi, un fils de Dieu. Et parce qu’il est enfant de Dieu, « Dieu a envoyé dans son cœur l’Esprit de Son fils, cet esprit qui crie : Abba, Père ». Et c’est « ce même Esprit qui témoigne à son esprit qu’il est enfant de Dieu ». De même, il se réjouit pour l’avenir, dans l’espérance et la « gloire qui doit être révélée dans sa vie ». Oui, sa joie est parfaite et du plus profond de lui- même retentit ce chant de louanges : « Loué soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus- Christ, qui nous a permis de renaître par sa grande compassion, afin d’acquérir une espérance vivante... un héritage impérissable, sans tâche ni flétrissure, et conservé dans les cieux ».

VII

                Et celui qui possède cette espérance est revêtu d’immortalité « reconnaissant en toutes choses » parce qu’il sait que ces choses, quelles qu’elles soient, sont « la volonté de Dieu en Jésus-Christ pour lui ». C’est pourquoi il accepte tout de ses mains avec joie et dit : « Bonne est la volonté du Seigneur ». Que le Seigneur donne ou qu’il reprenne, il dit dans les deux cas : « Que le nom du Seigneur soit loué ! » Il a « appris à être satisfait en toute circonstance ». Il sait être abaissé ou élevé. Il est capable de tout supporter en tout temps et en tout lieu, d’être rassasié ou affamé, de vivre dans l’abondance ou dans la pénurie. Dans les bons et dans les mauvais jours, qu’il soit en bonne santé ou malade, dans la vie comme dans la mort, il remercie du fond de son cœur celui qui atout ordonné pour son bien. Il le fait dans l’entière conviction que « tout don parfait vient d’En- Haut » , que seul le bien peut venir du « Père de la Lumière » entre les mains duquel il confie entièrement son corps et son âme, ces mains étant celles d’un Créateur fidèle. C’est pourquoi il « ne se fait de souci pour rien » , « s’étant déchargé de tous ses soucis sur le Père, qui prend soin de lui » ; il se confie aussi en Lui « en toutes choses » après avoir « fait connaître à Dieu ses demandes dans la prière et la supplication, avec action de grâces ».

VIII

                      Car, en effet, il « prie sans cesse ». Il a reçu la possibilité « de prier en tout temps, sans se lasser ».


                      Cela ne veut pas dire qu’il passe tout son temps dans une maison de prière, bien qu’il ne manque aucune occasion d’y être présent. Il n’est pas d’avantage agenouillé en permanence, bien qu’il fléchisse souvent les genoux et se prosterne même devant le Seigneur son Dieu. Il ne crie pas non plus sans arrêt vers Dieu à haute voix, et ne l’invoque pas toujours avec des mots, car souvent l’ « Esprit intercède pour lui avec des soupirs inexprimables ». Mais toujours, son cœur s’exprime ainsi : « O toi, reflet de la gloire éternelle, c’est toi que mon cœur réclame, même si aucun son ne franchit mes lèvres et c’est dans le silence que je te parle ». C’est là une vraie prière, même si elle se limite à quelques mots ! Cependant son cœur est toujours élevé vers Dieu, en tout temps et en tous lieux. Personne ni rien ne peut l’en empêcher ou le déranger, pendant qu’il prie ainsi. Qu’il soit dans la solitude ou en société, pendant ses loisirs ou au travail, son cœur est toujours près du Seigneur. Qu’il se couche ou qu’il se lève, il pense à Dieu, il marche devant Lui, sur tous ses chemins. C’est dans l’amour qu’il tourne avec constance son œil intérieur vers Lui et s’attache à celui qu’il ne voit pas, comme s’il le voyait.

IX

                    Pendant qu’il exprime son amour pour Dieu en priant sans... cesse, en étant toujours joyeux et reconnaissant en toute chose, le commandement suivant est aussi écrit dans son cœur : « Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère ». Selon ce commandement, il « aime son prochain comme soi- même » , il aime aussi chacun comme sa propre âme. Son cœur est rempli d’amour pour tous les hommes, pour chaque enfant « du Père des esprits de toute chair ».

                    Le fait de ne pas connaître personnellement quelqu’un, ne constitue pas un obstacle pour son amour. Il aime même celui dont il ne peut pas approuver la façon d’agir, et dont il sait que la haine répondra à sa bienveillance. Car il « aime ses ennemis » ; oui, il aime même les ennemis de Dieu, « les ingrats et les malveillants ». Même s’il n’était pas en mesure « de faire du bien à ceux qui le haïssent » , il n’arrête pas de prier pour eux, même lorsqu’ils persistent à fouler aux pieds son amour, à l’ « insulter et à le persécuter ».

X

                    Il peut persévérer dans la prière pour ceux qui s’acharnent contre lui, car il a « un cœur pur ».

                    L’amour de Dieu a purifié son cœur du désir de vengeance, de la jalousie, de la colère et de toute espèce de manque d’amour et d’agressivité maligne. Cet amour l’a libéré de la fierté vaniteuse et de l’orgueil spirituel dont le seul résultat est d’engendrer des conflits. Il s’est à présent revêtu « de compassion sincère, d’amabilité, d’humilité, de douceur, de patience » de sorte qu’il est capable de « supporter celui dont il sujet de se plaindre,. et de lui pardon comme Christ lui a pardonné ». En effet, pour autant que cela dépende de lui, toute occasion de conflit est ainsi supprimée jusqu’à sa racine, car personne ne peut lui ravir ce à quoi il aspire : « Son amour ne s’attache pas au monde ni à ses biens » , mais... il est mort « envers toutes ces passions du monde que sont les désirs du corps, les convoitises des yeux et la vanité ». Car la « joie de son cœur se trouve auprès du nom de Dieu et de la fidélité envers lui ».

XI

                    En accord avec cette « joie du cœur » sa seule raison de vivre est de ne pas agir selon sa propre volonté, mais selon la volonté de Celui qui l’a envoyé. Sa seule intention, en tous temps et en toutes choses c’est de ne pas vivre pour lui-même, mais pour celui que son âme aime. Il a un « œil clairvoyant » et c’est pourquoi « tout son corps est éclairé » ; car là où, avec amour l’œil de l’âme est dirigé sans cesse vers Dieu, « le corps ne connaîtra aucune parcelle d’obscurité ; mais sera entièrement éclairé, comme si la lueur d’un vif éclair l’illuminait ».

                    Toute la vie de l’âme est sainte devant le Seigneur. Il n’y a plus d’élans du cœur qui soient contraires à sa volonté. Chaque pensée qui naît, conduit vers Lui et obéit à la loi du Christ.

XII

                     On reconnaît l’arbre à ses fruits. Celui qui « aime Dieu, aime ses commandements » et non seulement quelques uns ou la plupart d’entre eux, mais tous, du moins important au plus noble. Il ne se contente pas de « respecter toute la loi et de pécher en transgressant l’un des commandements » , mais « il s’exerce afin d’avoir toujours une conscience intacte en toutes choses, envers Dieu et les hommes ». Il s’abstient de ce que Dieu a interdit, il fait ce que Dieu a ordonné, que ce soit une chose petite ou grande, difficile ou facile, agréable ou désagréable à la chair. Il « marche dans la voie des commandements de Dieu » depuis que Dieu a donné la liberté à son cœur. Il en fait un point d’honneur ! Le couronnement quotidien de sa joie est « de faire sur la terre la volonté de Dieu, comme elle est faite au ciel » , car il sait que le privilège suprême « des anges de Dieu, de ses héros puissants, c’est d’exécuter ses ordres pour que l’on écoute la voix de sa parole ».

XIII

                     Ainsi, il respecte tous les commandements de Dieu et cela de toutes ses forces. Son obéissance est en relation étroite avec son amour, qui est la source d’où elle a surgi. Et parce qu’il aime Dieu de tout son cœur, il le sert de toutes ses forces. Sans cesse « il offre son âme et son corps » en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, consacrant entièrement, et sans arrière- pensée, sa propre personne, tout ce qu’il possède et tout ce qu’il est, à l’honneur de Dieu. Tous les dons qu’il a reçus, la puissance et la capacité de son âme, chaque membre de son corps, il les utilise toujours selon la volonté de son Maître. Auparavant il les « mettait à la disposition du péché » et du diable, « comme des armes au service de l’injustice ; mais maintenant, « en tant que vivant, réveillé du milieu des morts » , il les met à la disposition de « Dieu, comme des armes au service de la justice ».


XIV

                       Par conséquent, tout ce qu’il fait contribue à la gloire de Dieu. Dans toutes ses différentes occupations il ne vise pas seulement ce but (ce qui est contenu dans l’expression « être clairvoyant » ), mais il l’atteint aussi en fait. Son travail et ses loisirs conduisent, tout comme ses prières, vers ce but unique et élevé. Qu’il soit chez lui ou en chemin, qu’il se couche ou qu’il se lève, il œuvre par tout ce qu’il dit ou fait pour l’accomplissement de cette tâche principale de sa vie ; qu’il s’habille ou qu’il travaille, qu’il mange, boive ou se repose après un travail harassant, tout n’a qu’un seul but : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il agrée ». La seule et inaliénable devise de sa vie s’énonce ainsi : « Tout ce que vous faites, en paroles ou en actions, faites- le au nom du Seigneur Jésus et remercie Dieu le Père, par Lui ».

XV

                    Il ne se laisse empêcher en aucune façon, par les habitudes du monde, de « marcher au combat qui nous est ordonné ». Il sait bien qu’un vice ne perd rien de son abjection du fait que sa pratique soit devenue courante et commune ; il ne perd pas de vue que « chacun devra rendre compte à Dieu de ses propres actes ». Par conséquent, il ne peut pas « suivre la foule sur le chemin du mal ».

                    Il ne peut pas « vivre tous les jours dans les plaisirs et le luxe » ou « se soucier tellement de son corps, qu’il devient esclave ses désirs » ; il ne peut « rassembler des trésors sur la terre » , pas plus que de mettre du feu dans sa poitrine. Sous aucun prétexte il ne peut « se parer d’or ou d’habits pré cieux » , ni approuver ceux qui s’adonnent, même très,... peu, a un vice, ou encore y participer. De même il lui est impossible de médire de son prochain ou de mentir devant Dieu et les hommes. Il ne peut pas tenir des propos sans amour au sujet de qui que ce soit, car l’amour est bien le gardien de sa bouche. Il ne peut pas prononcer de parole vaine, « aucun bavardage oiseux ne sort de sa bouche » et il faut comprendre par là tout ce qui n’est pas utile à l’amélioration ou à l’encouragement de celui qui écoute. Mais « ce qui est pur, aimable et réjouissant » , il le pense, le dit et le fait et il « honore l’enseignement de Dieu, de notre Seigneur, dans tous les domaines ».

XVI

                    Enfin, pour autant que l’occasion se présente, « il fait du bien à tous » , aux voisins comme aux étrangers, aux amis comme aux ennemis et cela de toutes les manières possibles. Cela n’est pas vrai seulement en ce qui concerne les corps, dans la mesure où il « nourrit les affamés, donne des « ... vêtements à ceux qui sont nus, visite les malades et les prisonniers » , mais il se donne encore bien plus de peine « dans la force que Dieu donne » pour faire du bien aux âmes, c’est- à- dire : pour réveiller celles qui dorment dans la mort spirituelle - pour amener ceux qui ont été réveillés vers le sang de la réconciliation afin que « rendus justes par la foi, ils trouvent la paix avec Dieu » et - pour encourager ceux qui ont trouvé la paix avec Dieu « à l’amour et aux bonnes œuvres ». Il est prêt à « s’offrir et à être offert » même à « servir de libation pour le sacrifice et pour le service de leur foi » afin « qu’ils accèdent tous à la plénitude en Christ ».

XVII

                    Ce sont là les principes et usages de notre communauté, les signes par lesquels on reconnaît un vrai méthodiste. C’est par eux seulement que ceux que l’on appelle ainsi, par dérision, souhaitent se distinguer d’autres personnes. Si quelqu’un disait maintenant : « Mais il ne s’agit là que des vérités fondamentales du christianisme ! » , il aurait raison. Je partage son point de vue. C’est la pure vérité. Je sais que ces vérités ne sont rien d’autre, et je souhaite de tout cœur que toi et quiconque vous sachiez combien nous et tous ceux qui partagent nos pensées, nous nous défendons et nous nous gardons pour ne pas être distingués par quoi que ce soit d’autre que les principes fondamentaux et généraux du christianisme, de ce christianisme simple et premier que j’enseigne, tout en rejetant et en ayant en horreur tous les autres signes distinctifs. Celui qui vit selon les critères que je viens d’évoquer (et cela, quelle que soit sa dénomination, car les noms ne changent pas la nature des choses), est un chrétien non seulement d’après le nom, mais dans le cœur et dans sa vie. Intérieurement et extérieurement il est en accord avec la volonté de Dieu, comme elle nous est révélée dans la Parole écrite. Il pense, parle et vit selon la méthode qui est définie dans la révélation de Jésus- Christ. Son âme est renouvelée selon l’ « image de Dieu, en vue d’une justice véritable et de la sainteté ». Et comme il a les mêmes pensées que celles qui étaient en Jésus- Christ, il marche comme Jésus- Christ avait marché.

XVIII

                    C’est par ces signes, par ces fruits d’une foi vivante, que nous cherchons à nous différencier du monde non croyant et de tous ceux dont la mentalité et la vie s’opposent à l’Évangile de Jésus-Christ. Mais en ce qui concerne les vrais chrétiens, quelle que soit leur dénomination, nous ne souhaitons être distingués ni d’eux, ni de tout homme qui recherche sincèrement ce qu’il sait ne... pas encore avoir saisi. Oui, il s’agit de respecter la parole : « Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui- là est mon frère, ma sœur et ma mère » et « Je vous exhorte, chers frères, par la miséricorde de Dieu : ne laissez croître entre vous aucune sorte de division ! » « Ton cœur est-il sincère envers moi, comme mon cœur l’est envers le tien ? » Je ne pose pas d’autre question. S’il en est ainsi, donne moi ta main ! Ne détruisons pas l’œuvre de Dieu à cause de nos seules opinions ou paroles. Aimes- tu Dieu et le sers- tu ? Voilà qui est suffisant, je te tends la main en signe d’union. « Si donc il y a parmi vous, quelque consolation en Christ, s’il y a quelque soulagement dans la charité, s’il y a quelqu’union d’esprit, s’il y a quelque compassion et quelque miséricorde » , combattons d’une seule âme, « pour la foi en l’Évangile ». Menons notre vie conformément à notre vocation qui nous appelle à « conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix, en toute humilité et douceur, avec patience, nous supportant les uns les autres avec charité ».

                    Souvenez-vous toujours qu’ « il y a un seul corps et un seul esprit, comme aussi nous avons été appelés à une seule espérance par notre vocation ; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui est au dessus de tous, et parmi tous et en tous ”.

John Wesley (Mai 1738)


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