vendredi 6 avril 2018

(8) COMME CHRIST Andrew Murray Dans le sacrifice de lui-même.

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG 
Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source :  
http://yves.petrakian.free.fr/456-bible/livres1.htm
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(8)  Dans le sacrifice de lui-même.

« Marchez dans la charité de même que Christ qui nous a aimés et qui s'est offert lui-même à Dieu pour nous comme une oblation et une victime d'agréable odeur. » Éphésiens 5 : 2.

« Nous avons connu ce que c'est que la charité en ce que Jésus-Christ a mis sa vie pour nous ; nous devons donc aussi mettre notre vie pour nos frères. » 1 Jean 3 : 16.

                   Quel rapport y a-t-il entre le sacrifice de soi et le renoncement à soi? Le premier est la source du second. Le renoncement témoigne d'un sacrifice antérieur; il le confirme, il en prépare le renouvellement. C'est ce que nous montre la vie de notre Seigneur Jésus. Son incarnation fut le sacrifice de soi-même, sa vie de renoncement en fut la conséquence, et par là il fut amené au grand sacrifice de sa mort sur la croix. Il en est de même du chrétien. Sa conversion est en quelque mesure le sacrifice de soi-même, quoique bien imparfait, vu son ignorance et sa faiblesse. De ce premier acte naît pour lui l'obligation du renoncement quotidien.
 
                   Ses efforts à le réaliser lui prouvent sa faiblesse, et l'amènent à un nouveau sacrifice plus complet dans lequel seulement il trouve la force de pratiquer le renoncement habituel. L'esprit de sacrifice est l'essence même de l'amour. L'amour trouve son bonheur à s'oublier pour autrui, à tout sacrifier pour autrui, à s'identifier avec ceux qu'il aime et à partager avec eux toutes ses joies.
     
                    Qui sait si au nombre des mystères que nous révélera l'éternité, nous ne verrons pas que le péché fut permis sur la terre, parce que sans cela l'amour de Dieu n'aurait pas eu lieu de se manifester si pleinement? Le suprême degré de l'amour de Dieu se révèle dans le sacrifice de Christ, et la plus grande gloire du chrétien est de suivre jusque-là son Dieu. Sans un entier sacrifice de soi-même, impossible d'accomplir « le nouveau commandement », celui de l'amour. (Jean 13 : 34). Sans un entier sacrifice de soi-même, impossible d'aimer comme Jésus a aimé. « Soyez les imitateurs de Dieu », dit l'apôtre, et « marchez dans la charité, de même que Christ qui nous a aimés et qui s'est offert lui-même à Dieu pour nous comme une oblation et une victime d'agréable odeur ». Que tout dans votre vie se fasse, d'après l'exemple de Christ, avec amour. C'est cet amour qui a rendu son sacrifice agréable à Dieu, et puisque cet amour s'est manifesté par le sacrifice de lui-même, que votre amour aussi soit conforme au sien par le sacrifice répété de vous-même pour le bien des autres; c'est là ce qui le rendra agréable à Dieu. « Nous devons mettre notre vie pour nos frères ».
     
                    C'est jusque dans les menus détails de notre intérieur, jusque dans nos rapports entre mari et femme, entre maître et serviteur, que le sacrifice de Christ doit être la règle de notre conduite de chaque jour. « De même vous, maris, aimez vos femmes comme Christ aussi a aimé l’Église et s'est livré lui-même pour elle ». (Éphésiens 5 : 25).
     
                   Remarquez surtout ces mots : «Christ s'est offert lui-même à Dieu pour nous comme une oblation». Nous voyons là que son sacrifice a deux faces, l'une pour Dieu, l'autre pour l'homme. C'est pour nous, mais c'est à Dieu qu'il s'est offert en sacrifice. Dans le sacrifice de nous-mêmes ces deux faces doivent toujours se retrouver aussi, quoique tantôt l'une, tantôt l'autre soit plus en évidence.
     
                    Ce n'est qu'après nous être offerts en sacrifice à Dieu que nous pouvons aussi renoncer entièrement à nous-mêmes. Le Saint-Esprit révèle alors au croyant les droits que Dieu a sur lui. Il nous enseigne que nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes, mais que nous sommes à Dieu.
     
                   Alors seulement, nous apprenons à quel degré nous sommes sa propriété absolue, achetés et payés à prix de sang, à quel degré il nous a aimés de son amour infini, et quel bonheur il y a à se donner, à s'abandonner à lui. Voilà ce qui amène le croyant à s'offrir aussi en sacrifice fait par le feu ». (Lévitique 1:9). Il se place sur l'autel de consécration et trouve sa plus grande joie à être « une oblation d'agréable odeur » à son Dieu, à être consacré à Dieu et accepté de Dieu. Son plus vif désir est alors de savoir comment Dieu l'appelle à lui prouver, par sa vie de chaque jour, la réalité de cet entier sacrifice de lui-même.
     
                    Dieu lui montre l'exemple de Christ. Il était « d'agréable odeur » à Dieu quand il s'est offert en sacrifice pour nous. A tout chrétien qui se consacre entièrement au service de Dieu, Dieu réserve le même honneur qu'il a conféré à son Fils, il se sert de lui comme d'un moyen de bénédiction pour les autres. C'est pour cela que Jean dit : « Celui qui n'aime point son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? » (1 Jean 4 : 20). Le sacrifice de vous-même par lequel vous vous êtes consacré au service de Dieu, vous oblige à servir aussi vos semblables ; le même acte qui vous donne entièrement à Dieu, vous donne entièrement à eux.
     
                    C'est donc précisément cette entière consécration à Dieu qui rend capable de se sacrifier pour les autres et qui en fait même une joie. C'est quand ma foi s'est appropriée cette promesse : « En tant que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, vous me les avez faites », que je puis concilier ces deux faces du sacrifice : sacrifice à Dieu et sacrifice pour les hommes.

                     Alors mes rapports avec mes semblables, au lieu d'être, comme on s'en plaint souvent, un obstacle à ma communion non interrompue avec Dieu, deviennent l'occasion même de m'offrir incessamment à lui. Quel appel ! « Marcher dans la charité de même que Christ nous a aimés, et s'est offert lui-même à Dieu pour nous, comme une oblation et une victime d'agréable odeur ». Ce n'est qu'ainsi que l’Église peut remplir son mandat, et prouver au monde qu'elle a été mise à part pour continuer  l’œuvre de Christ, son œuvre de sacrifice et d'amour, pour « achever de souffrir le reste des afflictions de Christ ». (Colossiens 1 : 24)

                    Mais Dieu attend-il réellement de nous que nous renoncions si complètement à nous-mêmes pour les autres? N'est-ce pas trop demander? Peut-on se sacrifier si entièrement? Chrétien! Dieu l'attend de vous. Il ne faut pas moins pour devenir conforme à l'image de son Fils, ce à quoi il vous a destiné dès l'éternité. C'est là la voie qu'a suivie Jésus pour entrer dans la gloire et la félicité, et le disciple ne peut en suivre d'autre pour entrer dans la joie de son Seigneur. C'est bien réellement à devenir comme Jésus dans son amour et son abnégation que nous sommes appelés : « Marchez dans la charité de même que Christ qui nous a aimés ».
 
                    Il est essentiel pour le croyant de reconnaître cette vérité, car l'état de faiblesse de l’Église vient en grande partie de ce que les serviteurs de Dieu la comprennent généralement si peu.
     
                    En ceci l’Église a besoin d'une nouvelle réformation. Lors de la grande réformation, il y a trois siècles, la puissance de la mort et de la justice de Christ pour effacer les péchés fut remise en lumière pour la joie et la consolation des âmes angoissées ; mais il nous faut à présent une seconde réformation pour déployer le drapeau de Christ comme exemple et règle à suivre, pour rétablir cette vérité trop oubliée : la puissance de la résurrection de Christ nous rend participants de la vie de notre Seigneur, nous rend ainsi conformes à lui. Les chrétiens ne doivent pas s'en tenir à croire à leur union avec Christ seulement pour leur salut et leur réconciliation, mais ils doivent croire à leur union parfaite avec Christ, leur Tête, leur Modèle et leur Vie. Ils doivent réellement représenter Christ sur la terre et faire voir autour d'eux par la vie des membres ce qu'a été la vie de la Tête, quand Jésus était dans la chair. Demandons au Seigneur que partout les enfants de Dieu apprennent à voir ce que réclame d'eux leur sainte vocation.
 
                    Et vous tous qui déjà désirez réaliser ces choses, ne craignez pas de vous donner à Dieu, par un sacrifice semblable à celui de Christ. A votre conversion, vous vous êtes déjà donnés à Dieu et dès lors vous vous êtes plus d'une fois donnés et consacrés de nouveau à lui, mais l'expérience vous a montré tout ce qui vous manque encore. Peut-être n'avez-vous jamais compris à quel degré votre sacrifice devait et pouvait être entier et complet. Eh bien, venez et voyez en Christ votre Modèle, voyez dans son sacrifice sur la croix ce que votre Père attend de vous. Voyez en Christ qui est votre Tête et votre Vie, ce qu'il veut faire de vous. Croyez en lui. Croyez que ce qu'il a accompli sur la terre par sa vie et par sa mort comme votre Modèle, il veut à présent l'accomplir en vous aussi du haut du ciel. Offrez-vous au Père en Christ, voulant être aussi entièrement, aussi complètement que lui une oblation d'agréable odeur. Comptez sur Christ pour le réaliser en vous, et pour vous maintenir dans cette voie. Que vos rapports avec Dieu soient clairs et précis; soyez-lui, comme Christ, entièrement consacrés. Alors il ne vous sera plus impossible de « marcher dans la charité de même que Christ qui nous a aimés ». Alors tous vos rapports avec vos frères et avec le monde vous seront l'occasion de prouver à Dieu que vous vous êtes bien complètement donnés à lui en oblation d'agréable odeur.

                    Ô mon Dieu! Qui suis-je que tu m'aies choisi, moi, pour me rendre conforme à l'image de ton Fils dans son amour et son sacrifice ! Il nous a révélé sa perfection et sa gloire divines en n'aimant point sa propre vie, mais en se donnant pour nous en sa mort, et c'est par là que je puis lui ressembler. En marchant dans la charité, je puis montrer que moi aussi, je me suis donné tout entier à Dieu.
     
                    Ô mon Père ! ce que tu demandes de moi, je le veux aussi. Avec solennité je te confirme ma consécration, non pas en me confiant en ma propre force, mais avec foi en la force de Celui qui s'est donné pour moi. C'est parce que Christ, mon Modèle, est aussi ma vie, que j'ose te dire : Mon Père, en Christ, comme Christ, je m'offre à toi en sacrifice.
 
                    Ô mon Père! Enseigne-moi comment tu veux que je manifeste ton amour au monde. Tu veux le faire en me remplissant de ton amour. Mon Père, fais-moi « marcher dans la charité de même que Christ qui nous a aimés ». Que ton Saint-Esprit me vivifie chaque jour et me rende capable d'aimer en toutes circonstances chacun de ceux que je rencontrerai, capable d'aimer d'un amour qui ne vient pas de moi, mais de toi. Amen.

à suivre.......

mercredi 4 avril 2018

(7) COMME CHRIST Andrew Murray Dans son abnégation.

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG 
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 (7) Dans son abnégation.

« Nous devons donc, nous qui sommes plus forts, supporter les infirmités des faibles, et non pas chercher notre propre satisfaction. Que chacun de nous donc ait de la condescendance pour son prochain, et cela pour le bien et pour l'édification ; car aussi Christ n'a point cherché sa propre satisfaction ; mais selon qu'il est écrit : Les outrages de ceux qui t'ont outragé sont tombés sur moi. C'est pourquoi recevez-vous les uns les autres avec bonté, comme Christ nous a reçus pour la gloire de Dieu. » Romains 15 : 1-3, 7.

« Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce a soi-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. » Mathieu 16 : 24.

                    Christ lui-même n'a pas « cherché sa propre satisfaction ». Il a supporté avec patience les reproches par lesquels les hommes ont déshonoré Dieu; il l'a fait afin de sauver les hommes et de glorifier Dieu. C'est là ce qui nous donne la clef de sa vie, soit à l'égard de Dieu, soit à l'égard de l'homme. C'est là aussi ce qui doit être notre règle de conduite. «Nous qui sommes plus forts, nous ne devons pas chercher notre propre satisfaction ».

                    Renoncer à soi-même est tout le contraire de chercher sa propre satisfaction. Quand Pierre renia Christ, il dit : « Je ne connais point cet homme-là », je n'ai rien à faire avec lui, ni avec ce qui le concerne; je ne veux pas qu'on me croie son ami. Le vrai chrétien renie de même son vieil homme : Je ne connais pas ce vieil homme; je ne veux rien avoir de commun avec lui, ni avec ce qui le concerne. Et s'il encourt quelque blâme, s'il est en butte à quelque offense, à quelque procédé pénible à son ancienne nature, il se borne à dire : Faites ce que vous voudrez du vieil Adam ; je n'en ai nul souci. Par la croix de Christ, je suis crucifié au monde, à la chair, à moi-même, et je suis étranger à ce qui touche le vieil homme. Je ne suis pas son ami. Je désavoue toute réclamation, toute exigence de sa part, je ne le connais pas.

                  Le chrétien qui n'en est encore qu'à se savoir sauvé de la condamnation et de la malédiction, ne peut pas comprendre ceci, il lui semble impossible de « renoncer à soi-même », et bien qu'il essaye parfois de le faire, sa vie consiste en majeure partie à chercher « sa propre satisfaction ». Mais le chrétien qui voit en Christ son modèle ne peut plus s'en tenir là. Il a renoncé à lui-même pour chercher dans la croix de Christ une parfaite intimité avec le Seigneur. Le Saint-Esprit lui a appris à dire : « J'ai été crucifié avec Christ », et par là je suis mort au péché et à moi-même. Etroitement uni à Christ, il voit son vieil homme crucifié comme un malfaiteur condamné, et il a honte de l'avouer pour son ami. Il est déterminé à ne plus chercher la satisfaction de son ancienne nature, mais à la renier, et il a reçu la force de le faire. Depuis que le Christ crucifié est sa vie, renoncer à lui-même est devenu la règle de sa vie.
     
                    Ce renoncement s'étend à tout. Il en était ainsi du Seigneur Jésus, et il en est de même de chacun de ceux qui veulent réellement le suivre. Ce renoncement comprend non seulement le péché et toute contravention à la loi de Dieu, mais il va plus loin encore, il s'étend jusqu'aux choses qui sont en apparence licites ou indifférentes. Pour celui qui a renoncé à lui-même, la volonté et la gloire de Dieu, ainsi que le salut des âmes, l'emportent toujours sur tout plaisir, sur tout intérêt personnel.

                    Pour pouvoir user de « condescendance pour le prochain », il faut commencer par user de renoncement à soi-même. Le jeûne de celui qui a dit : « L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu », et qui ne voulut pas manger avant que le Père lui envoyât la nourriture, et que l'ouvrage du Père fût achevé, offre au croyant un bel exemple de tempérance dans le manger et le boire. La pauvreté de celui qui n'avait pas un lieu où reposer sa tête, lui apprend à user de la possession et de la jouissance des choses terrestres comme ne possédant pas ; et par la passion de celui qui a porté tous nos péchés en son corps sur le bois, il apprend à supporter patiemment toute souffrance. Son corps, comme temple du Saint-Esprit, est prêt à « porter partout la mort du Seigneur Jésus ». (2 Corinthiens 4 : 10). Avec Paul « il traite durement son corps et le tient assujetti ». (1 Corinthiens 9 : 27). Il met un frein à ses désirs, et selon l'exemple de renoncement donné par Jésus, « il ne cherche pas sa propre satisfaction ».
     
                    Le renoncement est la sauvegarde aussi de l'intelligence et de l'esprit. Le croyant soumet aux enseignements de la parole de Dieu et de l'Esprit de Dieu sa propre sagesse, son propre jugement et toutes ses pensées. Vis-à-vis de l'homme, il se montre prêt à renoncer à ses propres vues pour écouter et s'instruire avec douceur et humilité, et même quand il sait avoir raison, c'est avec douceur encore, avec humilité qu'il émet son opinion, cherchant à découvrir et à reconnaître ce qu'il y a de bon chez les autres.

                    Le renoncement a en outre une grande influence sur le cœur. C'est sous son contrôle que doivent se placer les affections, les désirs et la volonté aussi, cette puissance souveraine de l'âme. Chez le disciple de Christ, la propre satisfaction ne doit pas tenir plus de place qu'elle n'en tenait dans la vie de Christ. Le renoncement est la règle de sa vie.
     
                  Ce renoncement n'est pas difficile au croyant réellement donné à Christ. Pour celui qui, d'un cœur partagé, veut se contraindre à une vie de renoncement, oui, c'est difficile, mais non pas pour celui qui s'est donné sans réserve et qui a saisi de tout son cœur que la croix détruit la domination du péché et du moi. Les bénédictions qu'il recueille de son renoncement lui sont une ample compensation du sacrifice plus apparent que réel auquel il s'est soumis. A peine ose-t-il parler encore de renoncement, tant il trouve de bonheur à être rendu conforme à l'image de Jésus.
     
                    Aux yeux de Dieu, le renoncement ne tire pas sa valeur, ainsi qu'on se le figure parfois, du degré de peine qu'il cause. Non, car la peine qu'on en éprouve vient en grande partie d'un reste de répugnance à renoncer à soi-même. Sa plus grande valeur aux yeux de Dieu vient au contraire d'un acquiescement facile et même joyeux qui ne regarde pas comme un sacrifice ce qui est fait pour Jésus, et qui s'étonne plutôt d'entendre les autres le qualifier de renoncement. Ili fut un temps où les hommes croyaient devoir fuir au désert et se retirer dans des couvents pour renoncer à eux-mêmes. Le Seigneur Jésus nous a montré que c'est dans nos rapports ordinaires avec les hommes que doit s'exercer le renoncement. Aussi Paul dit ici que « nous devons ne pas chercher notre propre satisfaction, et cela pour le bien et l'édification de notre prochain, car Christ n'a pas cherché sa propre satisfaction. C'est pourquoi recevez-vous les uns les autres avec bonté comme Christ nous a reçus ». 

                    Le renoncement de notre Seigneur : voilà, ni plus ni moins, l'exemple à suivre. Ce qu'il fut, nous devons l'être. Ce qu'il fit, nous devons le faire. Quelle vie glorieuse sera celle de l'Eglise de Christ quand cette règle-là prévaudra : chacun ne vivant plus que pour rendre les autres heureux ; chacun renonçant à lui-même, ne se cherchant plus lui-même, estimant les autres meilleurs que lui-même! Alors plus de susceptibilité prompte à s'offenser, plus d'amour-propre blessé au moindre manque d'égards. Comme disciple de Christ, chacun cherchera à supporter les faibles et à avoir de la condescendance pour son prochain.

                     « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive ». Cette parole de Jésus non seulement nous appelle à renoncer à nous-mêmes, mais nous indique en outre le moyen de le pouvoir. Celui qui ne se borne pas à vouloir atteindre le ciel par Christ, mais qui veut aussi marcher sur ses traces pour lui plaire, le suivra.

                    Dans ce cœur là Jésus prend aussitôt la place qu'occupait le moi. Jésus seul devient alors le centre et le but de sa vie. La reddition sans réserve de celui qui suit Jésus est couronnée de l'insigne bénédiction de voir Christ devenir lui-même sa vie par son Esprit. L'esprit de Christ, son esprit de renoncement et d'amour lui est envoyé, et c'est alors avec joie qu'il renonce à lui-même, puisqu'il trouve là un moyen d'intime communion avec Dieu.
     
                     Le renoncement n'est plus alors une œuvre qu'il accomplit dans le but d'atteindre à la perfection par lui-même ; il n'est plus seulement une victoire négative sur lui-même, un moyen de tenir en respect son moi. Depuis qu'il a formellement rompu avec le moi, Christ a pris en lui la place du moi, et l'amour de Christ, sa douceur et sa bonté se répandent de lui sur les autres. Nul commandement alors ne lui paraît plus béni, plus naturel que celui-ci : « Nous devons ne pas chercher notre propre satisfaction, car aussi Christ n'a pas cherché sa propre satisfaction... Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même et qu'il me suive ».
     
                      Bien-aimé Sauveur, je te remercie de ce nouvel appel à te suivre et à ne pas chercher ma propre satisfaction, puisque toi-même tu ne l'as pas cherchée. Je te remercie de ce qu'à présent, je n'ai plus peur comme naguère, d'entendre ce que tu me dis là. Tes commandements ne me sont plus pénibles. Ton joug est aisé, et ton fardeau léger. Ce que je vois de ta vie terrestre et de l'exemple qu'elle me donne à suivre, m'est un gage certain de ce que je recevrai en moi de ta vie actuelle et céleste. C'est là ce que je n'avais pas encore compris. Longtemps après avoir reconnu en toi mon Sauveur, je n'osais pas admettre la pensée de renoncer à moi-même. Mais pour celui qui a appris ce que c'est que de se charger de sa croix, d'être crucifié avec toi et de laisser son vieil homme cloué sur la croix, il n'est plus si terrible de renoncer à soi-même. Depuis que j'ai compris que tu es toi-même ma vie, depuis que je sais que tu te charges entièrement de la vie qu'on te confie entièrement, « produisant en nous le vouloir et le faire », je ne crains plus que tu me laisses manquer de l'amour et de la sagesse nécessaires pour pouvoir suivre joyeusement tes traces dans la voie du renoncement.
     
                    Seigneur, tes disciples sont indignes d'une telle grâce, mais puisque tu as bien voulu nous l'accorder, tout notre bonheur sera de ne plus chercher notre propre satisfaction, mais d'avoir chacun, de la condescendance pour son prochain, comme tu nous en as donné l'exemple. Veuille ton Saint-Esprit le réaliser avec puissance en nous! Amen.

à suivre......

lundi 2 avril 2018

(6) COMME CHRIST Andrew Murray Crucifié avec lui.

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG 
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 6 crucifié avec Lui

« Je suis crucifié avec Christ, et je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi. Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ par laquelle le monde est crucifié à mon égard, et moi je suis crucifié au monde. » Galates 2 : 20 ; 6 : 14.

                       Se charger de la croix. Voilà le mot de ralliement donné par Christ à ses disciples. Dans trois occasions différentes, ces paroles sont répétées : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive ». (Mathieu 10 : 38 et 16 : 24 ; Luc 14 : 27).
     
                    Pendant que le Seigneur était encore sur le chemin de la croix, cette expression « se charger de sa croix » était la plus propre à bien rendre la conformité avec Christ à laquelle est appelé son disciple. Mais à présent que Christ a été crucifié, le Saint-Esprit emploie d'autres termes pour nous parler avec plus de force de notre entière conformité avec Christ ([1]). Il nous dit que le croyant est crucifié avec Christ. La croix est le signe distinctif du chrétien, aussi bien que de Christ. Le Christ crucifié et le chrétien crucifié s'appartiennent mutuellement. Le principal trait de ressemblance avec Christ consiste à être crucifié avec lui. Aussi quiconque veut lui ressembler doit avant tout chercher à comprendre le mystère de cette union avec Christ sur la croix. Au premier moment, ce mot « crucifié avec Christ » effraye le chrétien qui cherche à ressembler à Jésus. Il recule à la pensée de la croix, à la pensée des souffrances et de la mort .qui s'y rattachent, mais à mesure que sa vie spirituelle s'éclaire, cette parole fait toujours plus son espérance et sa joie, et il se glorifie de la croix, parce qu'elle le fait participer à la mort et à la victoire qui ont déjà été accomplies et qui l'affranchissent de la domination de la chair et du monde. Pour comprendre ces choses, il faut étudier avec soin ce que nous en dit l’Écriture. « Je suis crucifié avec Christ », dit Paul « et je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi ». Par la foi en Christ nous sommes amenés à participer à la vie de Christ, et cette vie-là a passé par la mort de la croix. Elle possède la puissance divine que lui a acquise la mort de la croix. Quand donc je reçois en moi la vie de Christ, je reçois par là-même toute la puissance qui résulte de sa mort sur la croix, puissance qui agit constamment en moi. J'ai été crucifié avec Christ, et pourtant je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ en moi ; ma vie est celle de Christ crucifié, celle qu'il a obtenue par la croix. Le fait d'avoir été crucifié est au nombre des choses passées et accomplies. « Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui ». (Rom. 6:6). « Ceux qui sont à Christ ont crucifié la chair ». (Galates 5 : 34). « Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est crucifié à mon égard et moi au monde ». (Galates 6 : 14). Tous ces textes parlent de quelque chose qui a été fait en Christ, et dont je suis participant par la foi.

                    Il est très important de comprendre cette vérité et de la proclamer hautement. J'ai été crucifié avec Christ. J'ai crucifié ma chair. J'apprends ainsi à quel point je participe à l’œuvre accomplie par Christ, car si je suis crucifié et mort avec lui, j'ai part aussi à sa vie et à sa victoire. J'apprends ainsi à laisser mortifier mon vieil homme par la vertu de cette croix.

                    Il me reste encore beaucoup à faire, mais non à me crucifier, puisque j'ai déjà été crucifié, « Mon vieil homme, dit l’Écriture, a été crucifié ». (Rom. 6 : 6). Je n'ai donc plus qu'à le tenir pour crucifié, et le traiter comme tel sans lui permettre de descendre de la croix. Il faut que je maintienne ma position de crucifié, que « ma chair » reste sur la croix. Pour réaliser la force de ce que nous disons là, il y a encore une importante distinction à faire : le vieil Adam en moi a bien été crucifié, mais il n'est pas encore mort. Quand je me suis donné à mon Sauveur crucifié, péché, chair et tout, il m'a reçu tout entier. Tout mon être avec sa vieille nature fut alors réuni à lui sur la croix, mais là se fit une séparation. Par ma réunion à Christ j'ai été libéré de la vie de la chair, je suis mort avec lui et l'essence intime de mon être a reçu une vie nouvelle : Christ vit en moi; mais la chair que j'habite encore, ce vieil homme crucifié avec lui, bien que condamné à mort, n'est pas encore mort. Et maintenant, par mon union avec Christ et par sa force en moi, je dois avoir l’œil à ce que ma vieille nature reste clouée à la croix jusqu'au moment où elle sera entièrement détruite. Tous ses instincts, tous ses désirs crient ensemble : Descends de la croix. « Sauve-toi toi-même et nous aussi ! » (Luc 23 : 89). Mais mon devoir, à moi, est de me glorifier en la croix, de maintenir de tout mon cœur la prééminence de la croix, d'apposer mon sceau à la sentence prononcée contre la chair, de tenir le péché pour crucifié, et ainsi de ne lui permettre aucune domination. C'est là ce qu'entend l’Écriture quand elle dit : « Si par l'Esprit vous mortifiez les œuvres du corps, vous vivrez ». (Romains 8 : 18). «Faites donc mourir ce qui compose en vous l'homme terrestre ». (Col. 8:5). Par là je reconnais que « le bien n'habite point en moi, dans ma chair » (Romains 7 : 18), par là je reconnais que Christ, le Crucifié, est mon Seigneur; je me souviens que j'ai été crucifié, que je suis mort en lui, et que ma chair a été à jamais livrée à la mort de la croix. C'est ainsi que je vis comme Christ, crucifié avec lui.
     
                    Pour se rendre pleinement compte du sens et de la portée de cette participation à la croix de notre Seigneur, voici ce que doivent bien saisir ceux qui veulent suivre Christ : qu'ils sachent, avant tout, que par la foi, ils sont unis au Christ crucifié. C'est à leur conversion qu'a commencé cette union, mais alors ils ne l'ont pas bien comprise ; et combien de chrétiens restent toute leur vie dans l'ignorance à cet égard, faute de développement spirituel. Mon frère, demandez que le Saint-Esprit vous révèle votre union avec le Crucifié et vous éclaire sur le sens de ces mots : « J'ai été crucifié avec Christ ». « Je me glorifie en la croix de Christ par laquelle le monde est crucifié à mon égard et moi au monde ». Saisissez-vous de ces paroles de l’Écriture, cherchant par la prière et la méditation à vous les approprier entièrement. D'un cœur avide de recevoir, demandez que le Saint-Esprit les fasse vivre en vous. A la lumière de Dieu, comprenez ce que vous êtes bien réellement : « crucifié avec Christ ».

                    Quand vous serez au clair sur ce premier point, vous recevrez par là-même la grâce et la force de vivre comme quelqu'un qui a été crucifié et en qui Christ vit. Vous pourrez alors, tenir la chair et le monde pour cloués à la croix, et les traiter comme tels. Votre vieille nature cherche sans cesse à vous faire croire que c'est trop prétendre d'exiger de vous que vous viviez toujours de cette vie de crucifié, mais vous le pouvez par votre union avec Christ. C'est en lui et en sa croix que saint Paul peut dire : « J'ai été crucifié au monde ». En Jésus cette crucifixion est un fait accompli; en Jésus vous avez passé par la mort, en lui vous avez été rendu vivant. Christ vit en vous. Que cette participation à la croix de Christ s'implante toujours mieux en vous, car elle vous fera participer toujours mieux à sa vie et à son amour. Être crucifié avec Christ, c'est être affranchi de la domination du péché, c'est être racheté et vainqueur. Souvenez-vous que le Saint-Esprit est spécialement chargé de glorifier Christ en vous, de vous révéler et de vous approprier tout ce qu'il y a en Christ pour vous. Ne vous contentez pas, comme tant d'autres, de ne voir dans la croix que l'expiation.
     
                    La gloire de la croix est non seulement d'avoir été pour Jésus l'entrée dans la vie du ciel, mais d'être continuellement pour nous le moyen de vaincre le péché et d'entretenir en nous la vie divine. Apprenez de votre Sauveur à saisir tout ce que la croix vous donne là. La foi en la puissance victorieuse de la croix fera mourir de jour en jour « les désirs de la chair » ; elle vous fera trouver votre bonheur, dans la mort continuelle du moi, car vous regarderez la croix, non plus comme si vous étiez encore sur le chemin qui mène à la crucifixion, avec la perspective d'une mort douloureuse, mais comme ayant déjà subi la mort de la croix en Christ et comme vivant en Christ. La croix vous sera ainsi le moyen béni par lequel « le corps du péché est détruit » (Romains 6 :6), le drapeau sous lequel il faut s'enrôler pour obtenir pleine victoire sur le péché et sur le monde.
     
                   Enfin, souvenez-vous de ce qui est ici l'essentiel. Souvenez-vous que c'est Jésus lui-même, votre Sauveur, qui vous rendra capable d'être semblable à lui en toutes choses. Sa douce communion, son tendre amour, sa divine puissance font de la participation à sa croix et de la vie de crucifixion une vie de joyeuse résurrection, de bénédiction et de victoire sur le péché. En lui vous pouvez chanter cet hymne de victoire : « Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est crucifié à mon égard, et moi je suis crucifié au monde !»

                    Ô mon Sauveur, je te demande humblement de me révéler la gloire que recèle pour moi ta croix lorsque je m'y place avec toi. La croix, c'était là ma place, lieu de mort et de malédiction ; et toi, tu t'es fait homme comme nous, et tu as été crucifié avec nous. A présent la croix est la place dont tu fais un lieu de bénédiction et de vie; et tu m'appelles à devenir comme toi, crucifié avec toi, pour que je sache par ma propre expérience que la croix m'a entièrement affranchi du péché. Seigneur, fais-moi connaître toute la puissance de la croix. Depuis longtemps je connais sa vertu efficace pour racheter de la malédiction. Mais qu'il y a longtemps aussi que, racheté, je lutte en vain contre le péché, pour obéir au Père comme toi tu lui as obéi. Il m'était impossible de me soustraire à la domination du péché. A présent je vois que nul ne le peut, à moins de s'abandonner à la direction du Saint-Esprit en la communion de ta croix. Alors tu fais voir à ton disciple que la croix a mis fin à la domination du péché et l'en a affranchi. Alors toi, le Crucifié, tu viens vivre en lui, lui communiquer ton esprit de volontaire sacrifice, expulser et vaincre le péché.

                   Ô mon Dieu ! Fais-moi mieux comprendre ces choses. C'est avec la confiance que tu le feras, que je puis dire : «J'ai été crucifié avec Christ ». Toi, qui m'as aimé jusqu'à mourir pour moi, ce n'est pas ta croix, c'est toi-même, toi, le Crucifié, que je cherche et en qui j'espère. Prends-moi, garde-moi, enseigne-moi d'instant en instant que tout ce qui compose mon vieil homme, mon moi terrestre, est condamné, mérite la croix et a été crucifié ; enseigne-moi d'instant en instant qu'en toi j'ai tout ce qui m'est nécessaire pour vivre d'une vie sainte et bénie. Amen. On perd de vue le véritable sens de ce commandement, quand on ne voit là que les croix ou épreuves de la vie. La croix signifie la mort. Se charger de sa croix c'est mourir, et c'est surtout dans la prospérité qu'on en a besoin. Se charger de la croix et suivre Christ, c'est vivre chaque jour en abandonnant à la mort toute volonté et toute vie propres.


  (1)  Aujourd'hui il est encore assez de personnes qui soupirent après la gloire du royaume de Jésus-Christ; mais il en est bien peu qui désirent porter sa croix. Jésus trouve beaucoup de gens qui aiment ses joies, mais peu qui veulent ses afflictions. Que de compagnons pour l'abondance de sa table, mais que de déserteurs dans les temps d'abstinence ! Chacun veut se réjouir avec lui, personne ou très peu veulent souffrir quelque chose avec lui, ou pour l'amour de lui. Il s'en trouve assez avec Jésus-Christ lorsqu'il rompt le pain, mais peu lorsqu'il s'agit de boire la coupe de sa passion...
    Cette parole semble bien rude à beaucoup de gens et choque leurs oreilles : renoncez à vous-mêmes, chargez votre croix et suivez Jésus (Mathieu 16 : 24) ; mais en voici une autre beaucoup plus terrible : Allez, maudits, au feu éternel (Mathieu 25 : 41). Ceux qui aiment maintenant entendre parler de la croix, et qui l'embrassent de tout leur cœur, ne craindront point alors de s'entendre condamner au feu éternel. Lorsque le Seigneur viendra juger les hommes, la croix sera le signe auguste qui les discernera. Alors ceux qui se seront soumis à elle, qui se seront conformés pendant leur vie au Dieu crucifié, s'approcheront avec une grande confiance de ce souverain Juge du monde.
    Pourquoi donc crains-tu de porter ta croix, vu que c'est par elle qu'on va au royaume céleste? Le salut est dans la croix; la vie est dans la croix; on ne peut se défendre contre les ennemis que par la croix. Dieu joint à la croix et à la souffrance ses divines douceurs, la force de l'âme et la joie de l'esprit. L'abrégé de toutes les vertus et la perfection de la sainteté se trouvent dans la croix et dans les afflictions. Hors de cette croix il n'y a ni salut ni espérance de vie éternelle. Prends donc ta croix et suis Jésus et tu parviendras à la vie éternelle.
    Si tu portes la croix de bon cœur elle te portera aussi et te portera au port désiré, lorsque le terme de tes souffrances sera venu, quoi qu'il ne doive pas venir pendant que nous vivons sur cette terre. Mais si tu la portes malgré toi, tu la rends plus pesante et plus insupportable et toutefois il faudra que tu la portes. Si tu rejettes une croix, tu en trouveras infailliblement une autre, peut-être plus pesante que la première. Crois-tu donc pouvoir éviter ce que nul homme n'a pu éviter? Qui d'entre les saints a été sans croix et sans adversité dans ce monde? Notre Seigneur Jésus-Christ même n'a pas été une heure sans elles pendant qu'il a vécu sur la terre. Comment donc cherches-tu une autre voie que cette voie royale, cette voie de la croix?
    Plus la chair est abattue par l'affliction, plus l'esprit est fortifié par une grâce ultérieure qui l'affermit... Il ne faut pas attribuer ces effets à la vertu de l'homme; ce n'est que la grâce de Jésus- Christ qui peut et qui fait tout cela dans la faiblesse de la nature; c'est elle qui fait qu'on embrasse avec ardeur la croix et qu'on l'aime. Si tu ne jettes les yeux que sur toi, tu te verras dans l'impuissance à rien faire de tout cela, mais si tu t'appuies sur le Seigneur, il t'enverra du ciel une force si puissante qu'elle assujettira à l'esprit le monde et la chair... Consacre-toi donc comme un bon et fidèle serviteur à porter courageusement la croix de ton maître qui a bien voulu être crucifié pour l'amour de toi...
    Tiens pour certain que tu dois mener une vie mourante, et que plus on meurt à soi, plus on vit à Dieu. S'il y avait eu quelque chose de meilleur et de plus utile pour le salut des hommes que la souffrance, sans doute Jésus l'aurait enseigné par ses paroles et par son exemple. Cependant il se borne à exhorter hautement ses disciples et tous ceux qui veulent le suivre, à porter la croix.

Thomas à Kempis : Imitation de Jésus-Christ II, 12.

 à suivre........

samedi 31 mars 2018

(5) COMME CHRIST Andrew Murray cinquième jour En souffrant injustement.

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG 
Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source :  
http://yves.petrakian.free.fr/456-bible/livres1.htm
 Disponible gratuitement au format Bible Online sur http://123-bible.com

5  En souffrant injustement.

« Car cela est agréable à Dieu, lorsque quelqu'un, par un motif de conscience, endure de mauvais traitements en souffrant injustement. Autrement quelle gloire serait-ce pour vous, si, étant battus pour avoir mal fait, vous l'enduriez? Mais si, en faisant bien, vous êtes maltraités, et que vous le souffriez patiemment, c'est à cela que Dieu prend plaisir. » 1 Pierre 2 : 19, 20.

                    C'est à propos de choses tout ordinaires que Pierre prononce ces paroles importantes, nous présentant Christ comme notre Garant et notre Modèle. Il écrit à des serviteurs qui dans ce temps-là étaient pour la plupart des esclaves. Il les exhorte à être « soumis à leurs maîtres avec toute sorte de crainte, non seulement à ceux qui sont bons et équitables, mais aussi à ceux qui sont fâcheux, car, dit-il, si quelqu'un fait mal et en est puni, quelle gloire lui serait-ce de le supporter patiemment? » Non, mais si quelqu'un fait bien, et en souffre et le supporte patiemment, voilà ce qui est agréable à Dieu. Supporter ainsi l'injustice, c'est faire comme Christ. En portant nos péchés à notre place, Christ a souffert injustement ; d'après son exemple, nous devons être prêts aussi à souffrir injustement.

                   Il n'est guère de chose qui nous soit plus dure et plus difficile à supporter que de souffrir injustement de la part de nos semblables. Il y a là non seulement préjudice et douleur, mais encore un sentiment d'humiliation et d'injustice qui réveille la conscience de nos droits. Dans ce qui nous arrive par l'entremise des hommes, il n'est pas toujours facile de discerner la volonté de Dieu et de nous dire aussitôt qu'il permet cette épreuve pour voir si nous avons réellement pris Christ pour notre modèle. Étudions ce modèle ; il nous apprendra ce qui lui donnait la force de supporter patiemment l'injustice.
     
                    Christ voyait dans la souffrance la volonté de Dieu. Il avait trouvé dans l’Écriture que le serviteur de Dieu doit souffrir. Cette pensée lui était devenue familière, en sorte qu'à l'arrivée de la souffrance, il n'en fut pas surpris. Il l'attendait, il savait qu'elle devait contribuer à sa perfection. Il n'eut donc pas l'idée de chercher comment il pourrait s'en délivrer mais plutôt comment il pourrait glorifier Dieu par là-même. Ceci le rendit capable de supporter tranquillement la plus grande injustice. Il voyait là la main de Dieu.

                    Chrétien! Auriez-vous la force de souffrir injustement dans le même esprit que Christ? Accoutumez-vous à reconnaître la main de Dieu dans tout ce qui vous arrive. Ce que Jésus vous enseigne là est plus important que vous ne le pensez. Qu'il s'agisse de quelque injustice dans des choses graves, ou de quelque petite offense du courant de chaque jour, avant d'arrêter votre pensée sur la personne qui en est l'occasion, recueillez-vous et rappelez-vous ceci: Dieu permet cette épreuve sur ma route pour voir si je le glorifierai par là. Cette épreuve, grande ou petite, me vient de Dieu, elle est sa volonté à mon égard. Avant tout puissé-je y voir la volonté de Dieu et m'y soumettre. Alors, dans la tranquillité d'âme que donne ce regard en haut, je recevrai aussi la sagesse nécessaire pour me conduire en cette circonstance. Quand on regarde, non plus à l'homme, mais à Dieu, souffrir injustement n'est pas si difficile qu'il semble d'abord.
     
                    Christ aussi croyait que Dieu prendrait soin de ses droits et de son honneur. Nous avons en nous un sentiment inné de justice qui vient de Dieu; mais l'homme qui vit encore selon le monde visible veut avoir son honneur vengé dès ici-bas, tandis que celui qui vit déjà dans le monde éternel et « comme voyant celui qui est invisible » (Hébreux 11 : 27), se contente de laisser à Dieu le soin de venger son honneur et ses droits ; il les sait en sûreté dans la main de Dieu. Ainsi faisait notre Seigneur Jésus. Pierre nous dit « qu'il s'en remettait à celui qui juge justement » (1 Pierre 2 : 23). C'était une chose entendue entre le Père et le Fils que le Fils n'avait pas à prendre soin de son honneur à lui, mais seulement de celui du Père, et que le Père pourvoirait à la gloire du Fils. Qu'en ceci le chrétien suive l'exemple de Christ et il en retirera beaucoup de paix et de repos d'esprit.
     
                    Placez sous la garde de Dieu vos droits et votre honneur ; recevez chaque offense avec la ferme confiance que Dieu veille sur vous et prend soin de vous, « vous en remettant à celui qui juge justement ».

                   En outre, Christ croyait à la puissance de l'amour qui sait souffrir. Nous reconnaissons tous qu'il n'est pas de plus grande puissance que celle de l'amour. C'est par là que Christ a vaincu l'inimitié du monde. Toute autre victoire n'obtient qu'une soumission forcée, l'amour seul opère la véritable victoire qui change l'ennemi en ami. Nous admettons tous cette vérité en théorie, mais nous reculons devant l'application, tandis que Christ l'a mise en pratique. Lui aussi a voulu se venger, mais il l'a fait avec amour, amenant à ses pieds ses ennemis devenus ses amis. Il a cru que, par le silence, la soumission, la souffrance et le support des offenses, il gagnerait sa cause, parce que c'est ainsi que l'amour obtient la victoire.

                    Et voilà ce qu'il veut aussi de nous. Notre nature pécheresse aime mieux compter sur sa propre force et son droit que sur le pouvoir divin de l'amour, mais celui qui veut ressembler à Christ doit le suivre là aussi et surmonter le mal par le bien. Plus il sera traité injustement par un autre, plus il se sentira appelé à l’aimer. Et même, s'il faut pour la sécurité publique que la justice punisse l'offenseur, il prendra garde à ce qu'il ne s'y mêle de sa part aucun ressentiment personnel, mais en tout ce qui le concerne il pardonnera, il aimera.
     
                  Ah! que tout serait différent dans le monde chrétien et dans nos Églises, si l'exemple de Christ était suivi ! Que tout serait différent si chacun de ceux qui « reçoivent des outragea n'en rendaient point », si chacun de ceux qui sont «maltraités ne faisaient point de menaces, mais s'en remettaient à celui qui juge justement ». Frères chrétiens, voilà littéralement ce que le Père demande de nous.
     
                    Lisons et relisons les paroles de Pierre jusqu'à ce que notre âme soit pénétrée de cette pensée : «Si en faisant bien vous êtes maltraités et que vous le souffriez patiemment, c'est à cela que Dieu prend plaisir ».
     
                    Dans la vie chrétienne, comme on la comprend ordinairement, où chacun cherche à remplir par ses propres efforts sa vocation de racheté, il est impossible de parvenir à une semblable conformité à l'image du Seigneur ; mais dans la vie de celui qui renonce à soi-même pour s'abandonner au Seigneur, qui remet tout entre ses mains avec la confiance qu'il fera tout, renaît l'espérance de pouvoir ressembler à Christ en ceci aussi. Pour lui le commandement de souffrir comme Christ se lie étroitement à ces mots : « Christ a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu'étant morts au péché, nous vivions à la justice ». (1 Pierre 2 : 24).
     
                    Frère chrétien, ne voudrais-tu pas ressembler à Jésus et faire, en supportant les offenses, ce que lui-même eût fait à ta place? N'est-elle pas belle la perspective d'être en toutes choses, même en ceci, conforme à Jésus? Avec tes propres forces, c'est impossible, mais avec sa force à lui, c'est possible. Abandonne-toi donc à lui jour après jour pour qu'il opère en toi tout ce qu'il veut que tu sois. Crois qu'il vit dans les cieux pour être la vie et la force de chacun de ceux qui cherchent à marcher sur ses traces. Renonce à toi-même pour devenir un avec le Christ crucifié, si tu veux savoir ce que c'est d'être mort au péché et de vivre à la justice. Alors tu éprouveras avec joie quelle puissance résulte de la mort de Jésus, non seulement pour effacer le péché, mais encore pour en briser les liens; alors tu participeras aussi à sa vie de résurrection qui te fera « vivre à la justice », et tu trouveras tout autant de bonheur à suivre les traces du Sauveur dans la souffrance que tu en as trouvé à te confier pleinement et uniquement en sa passion pour ton expiation et ta rédemption. Alors Christ te sera aussi précieux comme Modèle qu'il te l'a été comme Garant. C'est parce qu'il a pris sur lui ton châtiment en souffrant pour toi, que tu souffriras, toi aussi, volontiers pour lui. Souffrir injustement deviendra ainsi pour toi une participation honorable à ses souffrances, le sceau de la conformité à sa sainte ressemblance, le fruit béni de la véritable vie de foi.
     
                          Ô Seigneur, mon Dieu, je viens d'entendre ce que dit ta Parole : « Lorsque quelqu'un, par un motif de conscience, endure de mauvais traitements en souffrant injustement, cela est agréable à Dieu ». Voilà donc, Seigneur, le sacrifice qui t’est agréable, l’œuvre que ta grâce seule peut faire en nous. 

                      C'est là le fruit des souffrances de ton Fils bien-aimé, le fruit de l'exemple qu'il a laissé et de la force qu'il donne parce qu'il a détruit la domination du péché.

                   Ô mon Père, enseigne-moi, enseigne à tous tes enfants, à rechercher une entière conformité avec ton Fils dans ce trait de son image. Seigneur, je veux une fois pour toutes te confier la garde de mes droits et de mon honneur, et ne plus m'en charger moi-même. Tu sauras parfaitement en prendre soin. Et quant à moi, que ma seule préoccupation soit désormais l'honneur et les droits de mon Dieu.

                   Je te demande surtout de me remplir de foi en la puissance victorieuse de l'amour qui sait souffrir. Fais-moi saisir pleinement que l'Agneau de Dieu qui a souffert pour nous, nous enseigne par là-même que la patience, le silence et le support ont plus de prix aux yeux de Dieu et plus d'influence sur les hommes que la force et le droit. O mon Père, je dois marcher et je voudrais marcher sur les traces de Jésus, mon Sauveur. Que ton Saint-Esprit, que ta lumière, ton amour et ta présence me guident et me fortifient. Amen.


    Ne cesseras-tu pas de te plaindre en considérant mes souffrances et celles de mes saints?... Ne dis jamais : Il m'est impossible de souffrir cela d'un tel homme. S'il m'avait attaqué d'une autre manière, je l'aurais enduré, mais de m'avoir fait ce tort, c'est ce que je ne puis supporter. Voyez quel dommage il m'a fait, quelle injure, quel déshonneur ! Il me noircit en m'imputant des choses dont je n'ai jamais eu la moindre pensée. Encore pourrais-je bien souffrir de quelque autre certaines choses que l'on peut raisonnablement souffrir.

    Ces pensées, mon fils, sont insensées : elles, marquent qu'on ne regarde que l'offense et la personne qui l'a commise, et que l'on ne considère pas en quoi consiste la vraie patience, ni qui doit la couronner. Ce n'est pas la posséder que de prétendre ne souffrir qu'autant qu'on veut, et de qui l'on veut. Un homme vraiment patient ne jette point les yeux sur celui qui le fait souffrir ; il ne regarde point si c'est un supérieur, ou un égal, ou un inférieur; si c'est un homme qui soit en réputation de probité et de sainteté, ou un infâme et un méchant. Mais toutes les fois qu'il lui arrive quoi que ce soit de fâcheux, il le reçoit également de toutes les créatures, comme si ce fût Dieu lui-même qui le lui présentât de sa main paternelle, et il croit y trouver un grand avantage, puisqu'on ne saurait souffrir la moindre chose du monde pour l'amour de Dieu, que Dieu n'en tienne compte.

    Seigneur, mon Dieu! Toutes ces choses paraissent impossibles à la faiblesse de ma nature ; fais, s'il te plaît, que ta grâce me les rende possibles. Que ta grâce me dispose tellement à souffrir injustement que ce soit là l'objet de mes vœux et de ma joie, convaincu qu'il m'est très salutaire de souffrir pour l'amour de toi et de ta divine bonté.

Thomas à Kempis : Imitation de Jésus-Christ III, 19.


à suivre.......

mercredi 28 mars 2018

(4) COMME CHRIST Andrew Murray quatrième jour Notre Tête.

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG 
Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source :  
http://yves.petrakian.free.fr/456-bible/livres1.htm
 Disponible gratuitement au format Bible Online sur http://123-bible.com

 « C'est aussi à quoi vous êtes appelés, puisque Christ lui-même a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces... lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu'étant morts au péché, nous vivions à la justice. » 1 Pierre 2 : 21, 24.

                       Être appelé à suivre l'exemple de Christ et à marcher sur ses traces ! C'est si grand, c'est si élevé, qu'il y a là toute raison de s'étonner et de s'écrier : Comment attendre d'hommes pécheurs qu'ils marchent comme le Fils de Dieu? Aussi la plupart s'écrient que c'est impossible, que c'est là un idéal admirable, mais hors d'atteinte
   
                  L’Écriture parle autrement. Elle nous montre l'admirable union qui nous relie à Christ et qui nous remplit de sa vie divine avec toute sa puissance d'action. Elle nous montre que par là même il est tout naturel d'attendre de nous que nous vivions comme Christ. Pour suivre l'exemple de Christ il faut donc avant tout réaliser l'union de Christ avec ses disciples.
    
                  Et quelle est cette union? Dans notre texte, Pierre nous présente Christ comme notre Garant, notre Modèle et notre Tête.
     
                   Christ est notre Garant. Christ a souffert pour nous, lorsqu'il « a porté nos péchés en son corps sur le bois ». Comme notre Garant, il a souffert et il est mort à notre place. En portant nos péchés, il nous a affranchis de la malédiction et de la domination du péché. Comme notre Garant, il a fait ce que nous ne pouvions pas faire, ce qu'à présent nous n'avons pas besoin de faire.
     
                  Christ est aussi notre Modèle. Dans un sens son œuvre est unique sans doute, et pourtant nous avons à le suivre dans cette œuvre même, nous devons faire ce qu'il a fait, vivre et souffrir comme lui. Christ nous a laissé un exemple afin que nous suivions ses traces. Ses souffrances comme mon Garant m'appellent à des souffrances semblables, puisqu'il est aussi mon Modèle. Mais ceci est-il équitable? Lorsque Jésus a souffert comme Garant du pécheur, il avait en lui la puissance de sa nature divine, et comment peut-il attendre de moi, dans la faiblesse de la chair, que je souffre comme lui? N'y a-t-il pas un abîme béant entre ces deux choses que Pierre réunit si étroitement : la souffrance comme Garant et la souffrance comme Modèle? Non, l’œuvre de Christ présente une troisième face qui jette un pont sur l'abîme, et qui nous rend possible de prendre le Garant pour notre Modèle, de vivre, de souffrir et de mourir comme lui.
     
                    Christ est aussi notre Tête. Voilà ce qui relie le Garant au Modèle: Christ est le second Adam. Comme croyant, je suis spirituellement un avec lui, membre du corps dont il est la tête. (Éphésiens 1 : 23). Par cette unité en lui, il vit en moi et me fait avoir part à la vertu de son œuvre accomplie, à la vertu de ses souffrances, de sa mort et de sa résurrection. C'est sur cette base-là qu'il nous est dit dans Romains 6, et ailleurs, que le chrétien est réellement mort au péché et vivant à Dieu. La vie même dont Christ vit, cette vie qui a passé par la mort et par la puissance de cette mort, devient la vie du croyant, et par ce fait il est mort et ressuscité avec Christ. C'est la même pensée qu'exprime Pierre, quand il dit : « qui a porté nos péchés en son corps sur le bois ». Il l'a fait, non seulement afin que nous soyons pardonnés par sa mort, mais afin « qu'étant morts au péché, nous vivions à la justice ». Comme nous avons part à la mort spirituelle du premier Adam, étant réellement morts à Dieu en lui, nous avons de même part au second' Adam, étant réellement morts au péché en lui, et ayant repris vie en lui pour être à Dieu. Christ n'est pas seulement le Garant qui a vécu et qui est mort pour nous, il n'est pas seulement le Modèle qui nous a montré comment nous devons vivre et mourir, il est encore notre Tête. En lui, nous sommes un; en sa mort, nous sommes morts, et sa vie est à présent nôtre vie. Voilà ce qui nous donne la force de marcher d'après le Modèle dans tout ce qu'a fait le Garant. Christ comme notre Tête est le lien qui rend inséparables la foi au Garant et la conformité au Modèle.
     
                    Ces trois choses n'en font qu'une. Ces trois vérités ne peuvent se séparer l'une de l'autre. Et pourtant on les sépare trop souvent.

                    - Quelques-uns veulent suivre l'exemple de Christ sans foi en son expiation. Ils cherchent en eux-mêmes la force de vivre comme lui, et leurs efforts ne peuvent être que vains.

                    - D'autres saisissent bien l’œuvre du Garant, mais ils négligent le Modèle. Ils croient à la rédemption par le sang versé sur la croix, mais ils négligent de suivre les traces de celui qui a souffert la croix. La foi à l'expiation est bien la base de l'édifice, mais ce n'est pas tout. Leur christianisme est défectueux aussi, il manque de lumière sur la sanctification, parce qu'ils ne comprennent pas que la foi à l'expiation impose l'obligation de suivre l'exemple de Christ.

                     - D'autres croyants ont bien saisi ces deux vérités : Christ leur Garant, et Christ leur modèle ; et pourtant il leur manque encore quelque chose. Ils sentent bien le besoin de suivre Christ comme leur Modèle dans ce qu'il a fait comme leur Garant, mais ils manquent de force pour le faire. Ils ne comprennent pas comment on peut arriver à suivre cet exemple. Ce qu'il leur faut, c'est une vue claire de ce que l’Écriture nous dit de Christ comme notre Tête.
    
                    C'est parce que le Garant n'est pas séparé de moi, mais que je suis en lui, et qu'il est en moi, que je puis devenir comme lui. Sa vie même devient ma vie. Lui-même vient habiter en moi qu'il a racheté par son sang. Suivre ses traces est mon devoir, parce que cela m'est possible par l'union qui existe entre la Tête et les membres. Ce n'est que lorsque ceci sera bien compris, que l'exemple de Christ sera suivi, et qu'il aura la place qu'il doit avoir dans la vie chrétienne. Si Jésus lui-même veut, en me communiquant sa vie, agir en moi et rendre ainsi ma vie conforme à la sienne, mon devoir en devient simple et d'un accomplissement assuré. Je n'ai plus qu'à regarder à l'exemple donné par Jésus pour savoir ce que j'ai à faire, puis à demeurer en lui, et ouvrir mon cœur à l'action bénie de sa vie en moi. Aussi certainement qu'il a vaincu le péché et la condamnation pour moi, il vaincra de même la domination du péché en moi. Ce qu'il a commencé pour moi par sa mort, il le perfectionnera par sa vie en moi. C'est donc parce que mon Garant est aussi ma Tête, que l'exemple qu'il me donne comme mon Modèle doit être et sera la règle de ma vie.
     
                    On cite souvent cette parole de saint Augustin : « Seigneur donne-moi ce que tu commandes, et commande alors ce que tu voudras ». Ce qu'il a dit trouve ici sa confirmation : Si le Seigneur, qui vit en moi, me donne ce qu'il demande de moi, il ne me demandera jamais rien de trop élevé pour moi. J'ai le courage alors de considérer son saint exemple en long et en large et de le recevoir comme la règle à suivre. Ce n'est plus seulement le commandement qui me dit ce que je dois être, c'est aussi la promesse de ce que je serai. Rien n'affaiblit plus la force de l'exemple de Christ que la pensée de ne pas pouvoir marcher comme lui. N'accueillez jamais cette pensée-là. C'est déjà sur cette terre que doit commencer la parfaite ressemblance avec Christ que nous obtiendrons plus tard au ciel. Dès ici-bas elle peut s'accentuer chaque jour et devenir plus visible à mesure que la vie suit son cours. Comme Christ, votre Tête, a accompli une fois pour toutes l’œuvre de votre salut, il accomplira peu à peu en vous avec sa même puissance cette œuvre de renouvellement à son image.  
     
                    Que ceci nous rende la croix doublement précieuse ! Jésus, notre Tête, a souffert comme notre Garant, afin de pouvoir, par son union avec nous, porter nos péchés à notre place. Jésus, notre Tête, a souffert comme notre Modèle, afin de pouvoir nous guider dans la voie, qui par notre union avec lui, nous conduit à la victoire et à la gloire. Le Christ qui a souffert est donc à la fois notre Tête, notre Garant et notre Modèle.
     
                    Il en résulte que c'est précisément la voie de souffrance où Jésus a opéré notre union avec lui, qui nous conduit à la victoire et à la gloire. Le Christ qui a souffert est donc à la fois notre Tête, notre Garant et notre Modèle.
    
                   Il en résulte que c'est précisément dans la voie de souffrance où Jésus a opéré notre expiation et notre rédemption, que nous devons suivre ses traces, et que nous ne réaliserons ce qu'est pour nous cette rédemption qu'à proportion de la part personnelle que nous prendrons à cette souffrance. « Christ a souffert pour nous, nous laissant un exemple ». Veuille le Saint-Esprit nous révéler ce que signifie cette parole.
     
                   Ô mon Sauveur ! Comment te rendre grâce de l’œuvre que tu as accomplie comme mon Garant? Te mettant à ma place comme un coupable, tu as porté mes péchés en ton corps sur le bois, sur cette croix que j'avais méritée. Toi, tu l'as subie, tu t'es fait semblable à moi, afin que la croix fut pour moi bénédiction et vie.
     
                    Et à présent tu m'appelles à être crucifié, afin d'être fait semblable à toi, et de trouver en toi la force de souffrir et de ne plus pécher. Toi, ma Tête, tu as été mon Garant, tu as souffert et tu es mort avec moi. Toi, ma Tête, tu es mon Modèle, afin que je puisse souffrir et mourir avec toi.
     
                  Ô mon Sauveur! Je reconnais que j'ai trop peu compris ces choses. Ton œuvre comme Garant tenait plus de place à mes yeux que ton œuvre comme Modèle. J'étais heureux de savoir que tu avais souffert la croix pour moi, mais je ne pensais guère que je dusse, moi aussi, souffrir la croix comme toi et avec toi. J'attachais plus d'importance à l'expiation de la croix qu'à ma participation à la croix, plus d'importance à me savoir racheté qu'à être personnellement uni à toi
    
                  Pardonne-le-moi, Seigneur ! et apprends-moi à trouver ma joie dans mon union avec toi, ma Tête, tout autant que dans ma confiance en toi comme Garant et comme Modèle. Et quand je me demande comment je puis suivre l'exemple que tu m'as donné, puisse ma foi devenir plus ferme et plus joyeuse à la pensée que si Jésus est mon modèle, c'est parce qu'il est aussi ma vie. Puisque je suis un avec lui, je dois et je puis être comme lui. Accorde-le-moi, Seigneur, dans ton amour! Amen.


    Thomas à Kempis a dit : « Tous les hommes désirent être à Christ et faire partie de son peuple, mais peu d'entre eux veulent réellement mener la vie du Christ! » Plusieurs se figurent que, pour imiter Jésus-Christ, il faut un certain degré d'avancement, auquel un petit nombre seulement peut atteindre. Ils pensent que, pour être un vrai chrétien, il suffit de confesser sa faiblesse et ses péchés et de rester attaché à la Bible et aux sacrements, sans viser à aucune réelle conformité à la vie de Christ. Ils taxent même d'orgueil et de fanatisme quiconque ose soutenir qu'une vie conforme à celle de Christ est la conséquence indispensable de tout vrai christianisme. Et pourtant notre Seigneur dit à tous sans exception : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n'est pas digne de moi » (Mathieu 10 : 38). Jésus parle ici de ce qu'il y avait de plus pénible dans sa vie, de sa croix, qui résume tout le reste. C'est à toute l’Église, et non à quelques-uns seulement, que Pierre adresse ces mots : « Christ nous a laissé un exemple, afin que nous suivions ses traces ». (1 Pierre 2 : 21). La négligence à l'égard de ces commandements irréfutables est un mauvais symptôme de notre christianisme moderne.

à suivre........