dimanche 8 juillet 2012

L’œuvre de Dieu dans les derniers jours par T. Austin-Sparks

Publication : BibleBooks.fr 

Chapitre 1 - CONDITIONS AU COURS DES DERNIERS JOURS

 Lecture: Luc 2:25-38; 1 cor 10:11; Hébreux 8:13, 9:26.

    Dans les derniers jours, Dieu agit de manière particulière. Dans cette période les choses deviennent très étranges et très difficiles; tout semble perturbé par des bouleversements, d'intenses pressions et des conflits. Les grandes forces antagonistes de cet univers agissent terriblement et énergiquement contre tout ce qui procède de Dieu et contre ceux qui Lui appartiennent, de sorte que nous avons souvent le sentiment d’être parvenus à la fin, et qu’il devient impossible de continuer ainsi.
    Intérieurement nous pensons que la voie devient excessivement étroite et nous laissons place à la frustration, et extérieurement que tout est sérieusement remis en cause quant au futur. Le véritable peuple de Dieu se demande parfois s'il doit renoncer et tout abandonner. Cela s'insinue en nous de manière différente, mais l’objectif est toujours de paralyser et de mettre hors-jeu tout ce qui est de Dieu et de l’arrêter complètement. Ces choses nous permettent de considérer que nous sommes actuellement dans les derniers jours et que, dans cette période, l’œuvre de Dieu prend une forme particulière avec un caractère bien spécifique. Il est très important et nécessaire que le peuple de Dieu sache dans quel temps il se trouve et, dans cette période, qu’il perçoive les caractéristiques de ce que Dieu voudrait accomplir.
    Nous sommes confrontés à une situation très sérieuse et très solennelle qui ne doit pas se limiter à faire l’objet d’une simple méditation durant le temps de cette conférence. Cela pourrait être crucial et concerner d’une manière bien particulière un moment de l'histoire de ce monde, et de l’œuvre de Dieu dans ce monde ; ce qui revêt une grande importance et qui pourrait bien ne pas se répéter !
    Cet aspect des derniers jours et de l’œuvre de Dieu durant cette période est en relation avec ces deux personnages que nous trouvons tout au début du Nouveau Testament : Siméon et Anne. Sans aucun doute ils sont d’abord tous deux une figure des derniers jours par leur âge avancé, mais aussi par rapport à la fin d'une dispensation. Ils représentent également le service de Dieu dans cette période. Siméon s’est exprimé par ces paroles en parlant de lui-même :

" Maintenant laisse aller ton serviteur (l'esclave), Seigneur, selon ta parole, dans la paix."

    ‘’Ton serviteur." Anne se tenait dans le temple dans le jeûne et les supplications jour et nuit, sans le quitter. Une prophétesse occupée de cette manière dans la maison de Dieu représente, sans aucun doute, l'image du service.

 LA PLÉNITUDE DE L’AGE AVANCE PRODUIT LA FRAÎCHEUR DE LA NOUVELLE VIE

    En premier lieu, examinons le facteur de l'âge. Permettez-moi de vous dire tout d’abord, bien que je fasse allusion à un âge avancé, que mon message est principalement destiné aux jeunes ! Si cela pouvait paraître moins agréable à d'autres, laissez-moi vous dire que l'âge n'est pas du tout une question d’années. Vous pouvez être jeune et avancé spirituellement et vous pouvez être avancé en âge et être en retard spirituellement ! C'est une question essentiellement spirituelle. Cet aspect de l'âge, représenté par Siméon et Anne, correspond a cette expression que nous trouvons en Hébreux 8 : 13 : « En disant: une alliance nouvelle, il a déclaré la première ancienne; or, ce qui est ancien, ce qui a vieilli, est près de disparaître.» et encore, dans le passage de 1 cor 10 : 11 « Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles.. » Cela nous paraît bien loin, n’est-ce pas?
    Considérons maintenant le tableau qui nous est présenté. Nous voyons un homme âgé avec un bébé dans les bras, représentant à la fois, une fin et un commencement. Un commencement contenu dans toute la plénitude représentée par ce qui est âgé. Toutefois, ce qui est âgé cède la place à ce qui est nouveau et le contient tout à la fois. Nous pouvons percevoir ainsi la pensée divine, l’aspect spirituel que nous présente ce fait : un homme âgé avec un bébé dans ses bras - nous voyons en cela la pensée de Dieu : c’est un principe Divin.
    L'âge n'est pas facteur de réduction, de limitation, de déclin, de dépréciation. Ce n'est pas la pensée de Dieu au sujet du « vieil âge. » Il y a un passage dans Esaïe qui dit, " l'enfant qui mourra à cent ans… " (Esaïe 65:20). Il y aura un état, une condition, un royaume dans lequel un enfant mourra à cent ans. Cela signifie qu'il y a ici un principe, un domaine dans lequel le présent de l'enfant se trouve contenu dans l’âge du vieillard portant le bébé dans ses bras. À cent ans, l'enfant sera toujours un enfant. La pensée divine au sujet du vieil âge est plutôt celle de la plénitude. Plénitude par l'enrichissement de ce qui a déjà été et qui doit être encore. De ce qui est sur le point d'arriver, pour donner un héritage. Non pour passer au-delà et tout emmener avec lui pour que cela soit une fin, mais pour avoir quelque chose de très plein et riche pour être continué et exprimé en nouveauté, en fraîcheur, en jeunesse.  Toutes les valeurs d'une longue histoire transposées de manière nouvelle. C'est ce qui est ici. Les exemples de la petite enfance que nous donne la Bible sont en relation avec l’âge avancé.
    Ce principe spirituel est clair par rapport à Abraham et Isaac! Quand Abraham était vieux, Isaac naquit. Cela signifie que quand il y a une grande accumulation d’histoire et de connaissance spirituelle, Dieu la reproduira, il lui donnera forme encore et toujours. " en Isaac tu auras une descendance" (Genèse 21:12). Ou aussi avec Jacob et Benjamin qui fût l'enfant de sa vieillesse, Benjamin représentant ce qui est spirituel. De même nous avons le cas d'Eli, qui était très vieux, et de l'enfant Samuel. C'est non seulement une belle image, mais c’est très significatif, cet enfant côte à côte avec Eli. Dieu entreprenait là une œuvre nouvelle en présence de quelque chose qui était appelée à passer, exprimant toutes les valeurs spirituelles pour les transmettre et mettre en évidence toute leur signification.
    Siméon et Anne étaient âgés, nous pouvons conclure qu'Anne avait 106 ans (?) à ce moment-là, et tous deux étaient là avec un bébé. Ce n'est pas une fin pour Dieu, mais représente quelque chose de beaucoup plus grand.

TOUTES LES ANCIENNES VALEURS SPIRITUELLES SONT MAINTENANT RÉCAPITULÉES EN CHRIST

    Siméon et Anne représentent la plénitude par l'aboutissement. C’était la réalisation d'une phase, le rassemblement de toutes les valeurs spirituelles passées, symbolisées par ces deux croyants, dans un ordre spirituel complètement nouveau, l'ordre de Christ.
    Siméon parle clairement de cette transition mentionnée dans le premier chapitre de la lettre aux Hébreux: " Dieu, ayant dans les temps anciens parlé aux pères par les prophètes à la fin des jours nous a parlé dans son fils." C'est une transition du relatif et du partiel vers l'absolu et la finalité. C'est cette transition qui est ici représentée. Porter le Bébé, le Christ dans ses bras, c’était en figure la convergence de tout ce qui avaient été de Dieu dans le passé, récapitulé en Christ qui le contient en lui-même et le transcende.
    Voyons Siméon comme figurant le passé. Quelque chose se produisait avec l'arrivée de ce bébé, l'entrée de Christ. C'est significatif que l’évangile de Matthieu, qui n’est pas dans l'ordre chronologique, soit placé comme le premier livre du Nouveau Testament. Dans cet évangile, à plusieurs reprises Matthieu emploie cette expression, " afin que les écritures soient accomplies, " ou " selon ce qui avait été annoncé par les prophètes." C’est caractéristique de l’évangile de Matthieu. Il se tourne vers le passé considérant dans l’Ecriture ce qui regardait Christ dans leur accomplissement, leur réalisation, leur finalité et leur transcendance. Tous les espoirs, toutes les espérances, toutes les promesses et toutes les prédictions, ont été recueillies dans les bras de Siméon le jour où il a tenu ce Bébé. L'espoir d'Israël était dans ses mains. Quel espoir tant attendu! Malgré tous leurs échecs quand le désespoir sombre et ténébreux a semblé parfois s'être installé en eux et qu’ils ont pleuré pour dire que Dieu s’était caché loin d’eux, ils ont nourri un espoir. Malgré leur faillite et leurs souffrances ils ont gardé espoir que quelque chose devait arriver. Malgré tous les jugements qui se sont exercés sur eux du ciel à cause de leurs péchés, ils se sont toujours accrochés aux promesses et ont cru qu'un jour ils verraient le salut du Seigneur. Tout cela était dans les bras de Siméon! Tout ce passé est ici présent dans ses bras. Ce tout petit répondait à l'espérance d'Israël!
    Cette attente et cette espérance ont eu leur apogée dans ces deux croyants qui, parmi d'autres, attendaient la consolation d'Israël, la rédemption de Jérusalem. C'étaient des jours sans perspective, qui semblaient désespérés! Mais il y avait ceux qui espéraient toujours, qui s'attachaient à croire. Et en ces jours-là Siméon a tenu dans ses bras l'accomplissement de l'espérance et des promesses en portant la pleine incarnation de la pensée de Dieu. Siméon a tenu tout cela dans ses bras, et par ses paroles, son attitude et son esprit vous pouvez le voir projeter cela dans le futur, le portant en avant : cet enfant est là pour que le futur soit affecté par lui. C'était un moment extraordinaire.

TOUS LES TYPES ET SYSTÈMES SONT TRANSCENDÉS PAR CHRIST DANS SA PERSONNE

    Mais notons qu’il portait aussi en germe la dépouille de tous les systèmes terrestres. Tout ce qui était contenu en Christ a été accompli à ce moment là. Quel moment c'était! Ce qui était contenu dans les types et les figures, les symboles et les prophéties et tout le système judaïque, ce cadre tout entier a été brisé et dépouillé à partir de ce jour. Désormais la manifestation de tout ce qui était inhérent et intrinsèque dans le passé était dans les mains de Siméon, transmis pour le futur. C'était une crise, un tournant dans la dispensation. Cela transcendait tout ce qui était simplement un système terrestre par rapport à Christ. C'est la marque des derniers jours et ce n'est pas une petite chose.
    Christ lui-même émerge du cadre des choses, de tout l'échafaudage des âges passés, de tout ce cadre figuratif, typologique et symbolique, et il dépasse toutes ces choses dans sa propre personne. Il y a une différence entre Lui-même et toutes Ses choses. Jusqu'à cette époque, le peuple de Dieu avait été occupé avec les choses qui concernaient Christ : maintenant il devait être occupé avec Christ lui-même. C'était un moment extraordinaire et c'est ce qui aura lieu à la fin des temps. Les derniers temps sont la transition pour passer de ce qui touche Christ à Christ Lui-même, la transition du cadre à l'essentiel et à la qualité intrinsèque, la transition de toutes les œuvres et les choses liées à Christ vers ce qui est de Lui personnellement.
    Tout le reste doit être ôté, et nous sommes dans ces jours où cela a sérieusement commencé. L'issue va être (est-ce que je peux le dire de cette façon?) : avons-nous réellement dans nos mains Christ lui-même, où sommes nous occupés avec les choses qui le concernent. Sommes-nous occupés de Christ ?
    Ce travail de transition est en cours, car c’est un mouvement de la fin. Je le vois ici clairement, par la préfiguration de la prophétie de cet autre dernier jour que nous avons dans
le livre de l’Apocalypse, quand le fils mâle est présenté, et que les choses finales sont en vue. À une telle heure, tout sera éprouvé et combattu par les forces qui seront sorties de l'enfer. Cela a commencé avec l’introduction de ce premier fils mâle, le Seigneur Jésus, et depuis lors les terribles forces Sataniques sont libérées dans cette dispensation. Hérode l’a initié, et prenant son épée, il fut l'auteur d'un terrible massacre, dans le but de Le faire mourir et à partir de ce temps-là, l'enfer s’est manifesté (et a continué à se manifester) non pas contre un système mais contre une Personne vivante. Nous voyons que quand le fils mâle est introduit d'énormes réactions se manifestent immédiatement.
    Dans apocalypse 12, vous voyez un ensemble corporatif appelé le fils mâle. (il est corporatif parce qu’il est écrit " et ils l'ont vaincu à cause du sang de l'agneau.") C'est la contrepartie corporative de l'individu, du personnel. Quand cette expression corporative du fils mâle est présentée dans le livre de l’apocalypse, qu’avons-nous ? une violente libération des forces du mal pour la destruction de tout ce qui parle de Christ.

L’ŒUVRE DE DIEU A LA FIN DES TEMPS EST ESSENTIELLEMENT SPIRITUELLE

     Maintenant qu’elle est l’œuvre de Dieu à la fin des temps ? Au point où nous sommes parvenus, nous pouvons examiner une ou deux choses. L’œuvre particulière de Dieu dans ces derniers jours est de commencer par la constitution d'une nouvelle dispensation exclusivement spirituelle, un nouvel âge essentiellement et complètement spirituel. Dans Hébreux 12 : 27 nous avons ces mots: « Une fois encore, indique le changement des choses ébranlées, comme étant faites pour un temps, afin que les choses inébranlables subsistent »
    Ce mot « changement (1] » signifie vraiment le transfert ou la transposition vers une base différente. Le fait que cela soit dit à la fin de la lettre aux Hébreux est significatif, parce que cette lettre est pleine de ce système terrestre, du judaïsme avec toutes ses formes, son rituel, ses artifices et sa spécificité. Tout ce qui est terrestre, même par rapport à Dieu, va être enlevé, et tout va être transféré vers une autre base - une base spirituelle et céleste.  
    C'est le caractère de ce qui a lieu sur la terre à la fin des temps. Le terrestre va maintenant être forcé de céder la place au Céleste, le temporel au spirituel, ce qui est extérieur à ce qui est intérieur.
    On pourra distinguer ce qui pourra être transféré, parce qu’il y a beaucoup de choses qui ne seront pas transférées. « la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu » (1 Corinthiens 15:50). Cela signifie et implique qu'il y a tout un ordre de la création qui ne va pas constituer cet ordre éternel ; il doit être changé. Tout va être transféré vers une autre base, et cet aspect des choses s’intensifie à la fin des temps. Voyez-vous déjà cela?
    Laissez-moi le dire plus simplement. Que veut voir Dieu, malgré l’état actuel des choses, c’est que ce qui est temporel soit ôté et que ce qui est seulement spirituel demeure. Un processus doit donc s’intensifier pour mettre en évidence le spirituel. N'en sommes-nous pas là ? Je ne sais pas qu'elle est votre expérience, mais considérant les uns et les autres ici ou là je trouve que c’est le cas. Nous n'avons jamais vu un tel conflit, une telle pression et des difficultés spirituelles comme nous avons maintenant ; les choses semblent s’amplifier démesurément.
    Est-ce que ceci ne peut pas en être l'explication? Le Seigneur semble se préoccuper de mettre en évidence les valeurs spirituelles, pour faire des hommes et des femmes spirituels, et si je ne suis pas dans l’erreur (je ne réclame aucun don de prophétie, dans le sens de prévision), nous allons voir, et voyons déjà, que bon nombre de choses externes, sur lesquelles les chrétiens avaient compté comme si ces choses constituaient leur vie chrétienne sont enlevées.
    Nous devons revenir à une question qui se pose à nous : Après tout, qu’ai-je acquis du Seigneur Lui-même? Ce n’est pas, ce que je peux faire, ou bien de savoir où je peux aller? Mais plutôt : qu’est-ce que j'ai obtenu de Lui? Je crois que c’est une question très appropriée qui concerne bien des régions du monde en ce moment, et cela ira en augmentant de plus en plus pour que tout ce qui est extérieur soit réduit à l’extrémité. Maintenant nous sommes à l’heure du test : Qu’est ce que j’ai dans mes mains?

L’ŒUVRE DE DIEU A LA FIN DES TEMPS INCLUT TOUTES LES ANCIENNES VALEURS

    Oui, il s’agit de la constitution d'une dispensation nouvelle et spirituelle. Mais j'ai également employé le mot inclus : c’est-à-dire, l'héritage de toutes les valeurs que Dieu a données.
    Remarquez bien que c’est une dispensation de principes. L'histoire spirituelle se dirige de nouveau vers le dernier stade de la plénitude. Peut-être ne saisissez-vous pas ce que je veux dire par cela. S’il doit y avoir un déclin, que ce soit dans notre propre vie spirituelle ou dans la vie de l'église, tôt ou tard il faut que nous soyons obligatoirement ramenés de nouveau là où nous avons laissé la pleine mesure de Dieu. Ne pouvons-nous pas voir cela se produire?
    Nous le voyons de diverses manières aujourd'hui. Considérez l’aspect de la littérature. Il y a une demande croissante pour des œuvres anciennes. Les éditeurs font face à une grande demande pour les choses anciennes et cela répond au marché actuel. Les étagères sont encore trop souvent pleines de la substance chrétienne bon marché et superficielle avec des reliures voyantes. Mais les gens se rendent compte que cela ne peut pas satisfaire leur besoin, et la demande pour quelque chose de plus profond se fait entendre. On désire certains livres que les anciennes générations ont eus.
    Cela se produit déjà. L'histoire tourne sur elle-même. Il y a eu un déclin, une perte, de la superficialité, de la frivolité, du bon marché, dans le christianisme, et l'église périt sans la nourriture solide. On peut déjà entendre : « nous voulons de nouveau ce qui était avant ». Cela se produit de plusieurs manières. C'est une dispensation de principes. Si Dieu a vraiment donné quelque chose, cela ne sera jamais perdu.
    Le temps le revendiquera. Tôt ou tard nous devrons revenir à cela. Nous serons ramenés en arrière vers ce que Dieu nous a donné. C'est là que le nouveau prend de ce qui est ancien.
    Les jours sont tristes et superficiels, on ne peut pas se contenter de l’apparence des choses, nous ne pouvons pas nous passer de l'expérience. Si les jeunes pensent qu’ils peuvent considérer avec légèreté ceux qui sont passés par le feu et qui ont des cheveux blanchis au service de Dieu, en cherchant à connaître le Seigneur, et qu’ils peuvent les mettre de côté comme des choses sans valeur, l'avenir pour eux sera triste et désolé. Dieu les ramènera en arrière vers ce qui était avant. Ne croyons pas que les anciens serviteurs de Dieu sont de vieux numéros.
    Siméon n'était pas vieillot quand il a porté toute la plénitude, la richesse du passé dans ses mains. Il assurait la transition vers le nouveau, par ce Bébé, qu’il a pris dans ses bras et qui a déclaré : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir ».( Mathieu 5:17). Il y a toujours, tôt ou tard, des réactions à l’égard de ce qui est bon marché superficiel, avec le sentiment de ne pas pouvoir continuer sans quelque chose de plus plein.
    L’enfance dans les bras de ce qui est ancien ! Oui, et l’enfant dépend de ces bras. Je ne pense pas aller trop loin en disant que quand l’enfant Christ était dans ces bras, cela signifiait aussi que pour l'accomplissement de Sa vie et du ministère, Christ était aussi dépendant du passé et de tout ce Dieu avait fait auparavant. La Bible était alors l’Ancien Testament et Il a dit :
« l’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».
   Il parlait de l’Ancien Testament. Vous voyez de quelle manière l’Ancien Testament est employé dans le nouveau. Une des plus riches études et des plus profitables consiste à remarquer là ou l’Ancien Testament se trouve dans le Nouveau et pourquoi on le trouve là, et l'utilisation qui en est faite. Oui, c'est très précieux de voir que ce qui est nouveau dépend de ce qui s’est fait avant.

LA VALEUR QUI SE TROUVE DANS CHAQUE ŒUVRE DE DIEU

     Pour conclure rappelons ceci : nous devons vivre et travailler avec un regard sur la valeur de nos vies, parvenues à leur terme. Remercions Dieu qu’il puisse en être ainsi. La vie serait une énigme et serait intolérable si tout ce que nous avons appris par la souffrance et par la discipline partait avec nous sans que rien de plus ne subsiste. Non, il n’en est pas ainsi. Il y a de la valeur après, et nous devrions vivre et travailler avec un regard sur l’héritage que nous devons transmettre au-delà de notre propre temps. Selon le principe que Dieu transmet tout ce qu'il a fait lui-même et qu’Il a donné dans le passé. Il transpose dans Sa nouvelle dispensation ce qu'il fait en vous et en moi maintenant. Cette nouvelle dispensation sera constituée sur la base de ce qu'il fait dans Ses saints maintenant. C'est un principe du Nouveau Testament. Ce qu'il fait dans l'église maintenant doit être le meilleur pour les âges à venir. Ce qu'il fait en nous, ce n'est pas présomptueux de le dire, va être la vie même de certains au-delà de notre temps. Ainsi nous ne devrions pas penser à cette vie comme à quelque chose que nous devons traverser, qui doit être vécue pour nous-mêmes, mais qui représente quelque chose en soi. C’est quelque chose qui sera encore incorporé pour la gloire de Dieu dans ce qui doit être – ce qui procède de Dieu ne peut jamais mourir, mais sera conservé pour toujours par Lui, et sera utile. Je me demande si c'est une pensée nouvelle pour vous? Ce que le Seigneur fait en vous par l'accroissement de la mesure de Christ va être utile longtemps après que vous soyez partis. C'est un principe, une loi : ce qui vient de Dieu existe pour toujours et sera utile.
    Nous laisserons cela pour l'instant et demandons au Seigneur qu’Il agisse en nous pour que la valeur fondamentale de la connaissance de Sa Personne pour les temps à venir se forme dans cette transition dans laquelle nous sommes maintenant entrés.
  
Chapitre 2 -  L’IMPORTANCE DE LA VISION
 Lecture: Luc 2:25-38.

    Nous notions dans notre précédente méditation que Siméon incarnait tout ce qui se référait à un temps de la fin, et que dans ces derniers jours tout un ensemble de choses se manifeste.
    D'une part, il y a une impression de désintégration de ce qui a été, et d'autre part le pressentiment de quelque chose en suspens, d'une nouvelle situation et d'un nouvel ensemble de choses qui apparaissent. Nous pouvons nous demander ce qui restera de ce que voyons aujourd’hui? Car un grand dépouillement a lieu, une grande séparation du spirituel et du temporel, même dans le domaine des "choses de Dieu". Pour en revenir à la figure de Siméon, prenant dans ses bras l'enfant Jésus, qu’avons-nous vraiment reçu du Seigneur dans nos bras, au cours de cette période de transition? Combien de tout ce qui est associé au Seigneur se trouve inclus dans cet ordre et ce système purement terrestre, transitoire et temporel?
    Ce sont des questions très importantes, et elles se posent forcément dans une période où les choses sont sur le point de changer. Une grande pression s'exerce et des conflits très graves se font jour. C’est comme si quelque chose était sur le point d'être introduit obligeant l'ennemi a une plus grande résistance. La vie spirituelle est sous la contrainte et l’épreuve, et il est beaucoup plus facile de renoncer ou bien d’offrir une moindre résistance. Ce sont des choses qui appartiennent aux temps de la fin, et nous notions sans aucun doute que nous sommes bien dans une telle période aujourd'hui.
    C'est la signification de cette heure même. Les choses vont changer radicalement, un ordre va passer et un autre va paraître. Mais aujourd'hui au cours de cette épreuve de dépouillement, il devrait y avoir comme ce fut vrai pour Siméon, la disparition de tout ce qui n'était pas spirituel de la dispensation passée et cette incorporation des valeurs spirituelles, des principes et des valeurs intrinsèques de ce qui vient. C'est très brièvement ce qui nous a principalement occupés dans notre précédente méditation.

 SIMEON A EU LA VISION

    Maintenant nous allons considérer un facteur dominant qui caractérise Siméon en tant que représentation de ce temps de la fin, de cette période de transition. Ce facteur dominant, qui est également une nécessité pour nous, est contenu dans un mot « vision ». Malgré leur grand âge, Siméon et Anne ont eu la vision ; ce qui signifie que bien que parvenus à la fin de leur existence ici-bas, ils ont expérimenté un nouveau commencement dans leurs mains, quelque chose qui n’avait jamais été avant cela. Cette question de la vision est primordiale car comme nous allons le voir plus en détail, ces deux personnes typifient le principe du service de Dieu dans un temps critique pour satisfaire ses intérêts. S'il n'y a pas de vision, le service aura seulement un caractère passager et très limité dans sa valeur. Ce sera quelque chose qui sera fait pour lui-même et en grande partie comme une fin en soi, sans répondre à un besoin.
    Le service doit avoir une bien plus grande importance que de faire simplement quelque chose pendant un temps, sans perspective au-delà de l'occupation immédiate. Cela signifiera la limitation et la pauvreté dans le service. La vision conduit toujours au-delà du présent, et rajoute quelque chose, de sorte que ce qui est fait contient plus de valeur que ce qui est simplement accompli dans le temps présent.

 L'EFFET de la VISION

1. LA VIE : La vision a vraiment été la chose essentielle pour Siméon. Elle a eu en lui de multiples effets. Voici un vieil homme qui, d'après la loi naturelle est parvenu à la fin de sa vie. Les gens auraient pu dire à son sujet : « nous ne sommes pas étonnés d'apprendre que le vieux Siméon soit parti », mais la vision l'a maintenu vivant. Il ne pouvait pas mourir, parce qu'il a eu une vision donnée par Dieu. Le Saint-Esprit lui avait dit qu'il ne mourrait pas avant qu'il ait vu le Christ du Seigneur. « Mes yeux ONT VU! ». Voici un homme qui voit dans son vieil âge ; et il y a une puissance dans cette vision qui le projette en avant, et repousse la mort, faisant d’elle un domestique plutôt qu'un seigneur. Il peut dire à la mort : tu dois attendre mon heure, le temps du Seigneur. La vision l'a maintenu vivant, et a transcendé le cours ordinaire des choses, faisant de lui le maître et lui donnant de l'ascendant.
    Tout ce qui aurait pu signifier quelque chose, par rapport à sa vie normale, et au nombre de ses jours sur la terre, doit être transposé dans le domaine spirituel. S’il est encore physiquement bien, il y a une signification à cela. Si Dieu lui a donné une vision et l’a associé à sa réalisation, ce vase, cet homme ou cette femme, sont immortels jusqu'à ce que l’œuvre soit accomplie. Nous pouvons dire avec le Psalmiste : « je ne mourrai pas, mais je vivrai » (Psaume 118:17). Mais vous devez être possédés par la vision de l'intention de Dieu de telle manière que votre vie soit liée à elle. La vision a gardé Siméon vivant. Il y a des effets vivifiants dans une véritable vision.

2. UN LIEN AVEC LE DESSEIN DE DIEU : Il y a bien plus que ce que j'ai dit et que vous avez peut-être saisi, car la vision est un lien avec le dessein et l’intention du Seigneur ; elle émancipe considérablement. C'est une chose que de continuer quotidiennement, de semaine en semaine et d'année en année. Nous allons à la réunion aujourd'hui et à la conférence le week-end prochain, cela se répète et c’est ainsi que la routine de l'activité et du service chrétien peuvent constituer quelque chose. Mais c'est tellement différent d’être saisis par la poigne d'une puissante vision dominante et corporative, de sorte que l'atmosphère même semble proclamer que là se trouve quelque chose de plus que la simple routine.
    Il y a quelque chose de grand, quelque chose d’une grande portée lorsque vous y êtes introduits par l'Esprit-Saint. Vous y entrez, de même que Siméon, par l'Esprit. Vous voyez que vous n’avez pas simplement adhéré à quelque chose, comme si vous étiez dans un attelage qui va de l’avant sans véritable direction, tantôt à droite tantôt à gauche, mais que vous êtes dans un mouvement, comme les roues de la vision d’Ézéchiel, pleines de vie, allant résolument en avant : quelle grande vision que celle de Celui qui est sur le trône! Il y a une grande différence. Vous pouvez remarquer dans vos propres esprits, la différence entre ces choses, d'une part ce qui se perpétue simplement, avançant peut-être par son propre élan, ses directives, ou par d'autres intérêts, quelque chose qui est en fait une fin en soi.  
    D’ailleurs, il importe peu que vous y soyez ou pas ! Mais d'autre part il y a ce qui est tellement différent et qui se trouve en droite ligne avec le grand dessein de Dieu, dans la puissance de l'Esprit-Saint, démontrant quel grand Dieu préside actuellement à l'accomplissement de ces choses. La vision a lié Siméon de manière vivante au dessein de Dieu. Il y avait l’ancienne dispensation et Dieu avait placé en elle un capital spirituel, mais surtout la nouvelle dispensation était là, présentée par la venue de Christ. Siméon était comme un lien très vivant entre ces deux dispensations. Nous parvenons à une période où de grands changements vont avoir lieu dans le système de la chrétienté. Le spirituel seul comptera et il sera important que Dieu ait un peuple qui soit un lien en relation avec Sa parfaite intention.
    Il a toujours réclamé cela. Nous pourrions de nouveau retourner à la Bible et remarquer les périodes de transition, voir les liens que Dieu à suscité entre deux périodes, pour établir un pont de l’une à l'autre. De même nous avons quelque bonne raison de croire qu'un changement est imminent. Il ne sera plus possible de continuer comme avant et d'organiser les choses selon de vieilles méthodes. Le peuple de Dieu sera forcé, par les événements que connaîtra le monde, à marcher sur des bases spirituelles pour que son souci soit uniquement le Seigneur Lui-même. Si nous avons quelque raison de penser que cela a débuté, alors quelque chose qui dépend de Dieu devra se manifester, un ministère qui soit un lien avec son plein dessein, qui le lie de manière vitale à Lui dans ses plus grandes intentions, qui introduise une plus grande mesure de la plénitude du Seigneur. Siméon a fait cela, et il est ainsi devenu en lui-même le signe d'un mouvement dispensationnel, d'un lien vivant avec la pleine intention de Dieu.

3. UNE MARCHE AVEC DIEU : Un autre effet que la vision a eu sur Siméon, c’est qu'il a continué à marcher avec Dieu, cela lui a donné l'incitation spirituelle qui a fait de lui un homme spirituel. Je suis sûr que vous conviendrez que nous avons besoin de beaucoup de stimulations spirituelles. C'est une question qui est toujours très présente. Pourquoi tout ce qui arrive? Quelle en est la signification? Y a-t-il quelque de bon dans tout cela ? Nous pouvons très souvent perdre courage ! N’êtes-vous pas tentés de perdre courage dans l’œuvre de Dieu en considérant l'état spirituel des choses?
    Si vous n’avez pas la vision de ce que Dieu veut, votre cœur peut sombrer en voyant comment les choses se dégradent. C'est en vérité une bien faible vision spirituelle que nous avons si nous pouvons nous satisfaire des choses telles qu'elles se passent de nos jours. Il est vrai, qu’en présence de cet état pitoyable, des résistances, de la dureté, des nombreuses difficultés et des problèmes qui surviennent dans le peuple de Dieu, nous avons besoin d'incitation.
    Cela démontre tout simplement que nous avons besoin de vision. « Quand il n'y a pas de révélation, le peuple est sans frein » (ou : périt, est nu, est exposé) (Proverbes 29:18). Sans vision « il se disloque », il n’y a aucun doute à ce sujet. Mais, voyez-vous, Siméon a eu la vision, et en ces jours où les choses étaient décevantes et insatisfaisantes, quand ce qui était vraiment du Seigneur semblait en effet insignifiant, ce jour-là, par la vision Siméon est devenu un homme éveillé, stimulé. Il a continué à marcher avec Dieu. Nous avons aussi besoin de quelque chose pour continuer à marcher avec Dieu.
    Il est si facile de se laisser aller à la dérive et si difficile de maintenir la vie de prière dans sa force ! Vous devez combattre pour votre vie de prière car vous la perdrez si vous ne le faites pas. Il en est ainsi pour tout ce qu'implique cette marche avec Dieu. Tout est opposé à cette vision : les oppositions, la pression, le sentiment d’être sec. À moins d’avoir la vision nous ne marcherons pas avec Dieu. Marcher avec Dieu pour Ses propres intérêts, dans un amour pur pour Lui, suppose le niveau le plus élevé que nous puissions viser ; nous avons certainement besoin de quelque chose qui favorise l'amour et qui le maintienne.
    Un homme m’a dit un jour : « C'est le ministère qui me maintient en tant que chrétien ». C'est terrible mais ce qu'il a voulu dire c’est qu’il avait besoin d’incitation, de quelque chose qui le lie au Seigneur. C'est aussi dans ce sens que je le dis. Siméon a eu par la vision, cette perception que le Seigneur s'était proposé quelque chose de grand et qu'il s’était Lui-même lié à lui. Il a vécu près du Seigneur et a trouvé la force pour marcher fidèlement avec son Dieu. Cela a fait de lui un homme spirituel. Il « est venu par l'Esprit dans le temple »; il marchait évidemment et vivait dans l’esprit et par l'esprit, et cela décrit un homme spirituel. Combien la vision est importante !

4. UNE PUISSANTE VIE DE PRIÈRE : La vision a fait de Siméon un homme de prière. Elle a fait d’Anne une femme de prière qui a persévéré dans le jeûne et les supplications jour et nuit. C'est la vision qui l'a accompli. Pour maintenir notre vie de prière nous devons être motivé, autrement elle deviendra mécanique, quelque chose que nous exécutons, quelque chose qui est un engagement, quelque chose que nous avons peur de ne pas faire. La prière est seulement maintenue dans sa puissance par la vision.

5. RESPONSABILITÉ : Simon est devenu un homme responsable en raison de la vision. Combien il est nécessaire pour chaque enfant du Seigneur d’être un élément responsable ! Nous parlons « des fils conducteurs », au milieu de tout ce qui est ténébreux, terne, lourd et étouffant, de tout ce qui pourrait nous faire tourner en rond sur nous-mêmes avec nos questions. Nous devons être des facteurs qui comptent dans l’œuvre de Dieu, et qui sont produits seulement par la vision. Qu’est ce qui nous rendra positifs dans notre manière d’agir et qui dégagera de l'influence? Et c’est ce que nous avons besoin d’être. Qu’est ce qui nous préservera des égarements et des pièges? Qui nous incitera à choisir le meilleur et ne pas nous satisfaire du bon? Qui nous délivrera de toutes sortes de choses? Rien d’autre que la vision. La possession de la vraie vision nous préservera. Si vous avez la vision de Dieu, vous serez pleins de vie, vous ne serez jamais conceptuels.
    C’est ce que Paul nous montre, car il a toujours été un homme vigoureux, un homme responsable. Paul était un homme de destin ; et rappelez vous que Paul se place toujours au même niveau que tous les saints et jamais comme étant au-dessus d'eux de quelque manière que ce soit. Il parle toujours de « nous, nous, nous » ce qui signifie lui et les autres croyants. Il a eu la vision qui a fait de lui un homme responsable capable de dire : « je n’ai pas été désobéissant à la vision céleste » (Actes 26:19).

 BESOIN D’AGIR PAR RAPPORT A LA VISION

    Vous ne contestez pas forcement ce qui vient d’être dit et vous pouvez être pleinement d’accord, mais cependant ne pas avoir la vision et penser : de quoi s’agit-il en réalité? Nous devons aller vers le Seigneur pour lui demander de nous introduire dans Sa vision et de mettre Sa vision en nous ; sinon nous serons comme des vagabonds et des parasites qui tirent leur subsistance de la vie des autres, et ne contribuent à rien.
    Nous devons vraiment voir cela de manière pratique avec le Seigneur. Personne ne peut vous donner la vision sauf le Seigneur. Mais voir le but éternel de Dieu en Jésus-Christ, et pouvoir dire avec Siméon :  « mes yeux ont vu » donne un sens divin à notre vie. C'était pour cela que l'apôtre priait pour les autres, afin « que les yeux de leur cœur soient illuminés ».  
    C’est quelque chose qui nous conduit à agir, qui n'est pas uniquement personnel mais corporatif. Cela concerne le service de Dieu dans un temps critique de l'histoire de ce monde et du peuple de Dieu, avec de graves conséquences dans le mouvement de notre dispensation. Actuellement, soyez attentifs, beaucoup d’enfants de Dieu et de serviteurs de Dieu se demandent où ils en sont ! Devront-ils abandonner leurs champs de mission, et tout leur travail sera perdu, et dire : « que signifie tout cela pour moi? Que me réserve l'avenir? Où en sommes-nous ? ».
    Cependant la question n’est pas là. J'ai seulement essayé d’exprimer ce qui est sur mon cœur. Le christianisme organisé va rapidement connaître un grand bouleversement, et, malgré les circonstances qui l’éprouveront sa raison d’être sera de se maintenir pour Dieu.  
    Que Dieu nous fasse comprendre la situation comme Il le fit pour Daniel et ses amis en qui résidait l'Esprit de sagesse. Ils ont su discerner la merveilleuse signification des circonstances qu’ils traversaient et interpréter les événements en prenant une position hors de leur condition en se projetant dans les âges à venir.
    Comprenez ce que je veux dire, une oeuvre décisive doit s’accomplir. Nous devons à la fois posséder cette vision céleste concernant le dessein de Dieu et nous trouver sous son contrôle. Nous devons percevoir la nature et la signification de ce qui se produit, le cours des choses et des conséquences qui en découlent, et coopérer avec Dieu dans Ses mouvements célestes étant rendus capables de le servir dès maintenant. Si cela peut vous paraître abstrait et lointain, laissez-moi vous dire ceci: c'est une question essentiellement liée à la mesure vivante et proportionnée de Christ en nous.
    Revenons à Siméon et à Anne. Tous les témoins ont probablement constaté que selon la coutume c’était un petit bébé qui était apporté au temple, car des milliers de bébés avaient été ainsi présentés dans ce lieu au cours des siècles. Mais tous deux ont perçu au travers de cet enfant de grandes perspectives à venir : « Salut que tu as préparé devant tous les peuples, Lumière pour éclairer les nations, Et gloire d'Israël, ton peuple ». (Luc 2 : 32 et 33). 
    Considérez tout ce qui est récapitulé dans cet enfant, mais vous ne pourrez le voir que par révélation. En dehors de l’enseignement que vous apporte l’Esprit vous ne pouvez pas discerner ce que signifie Christ.
    Vous pouvez croire à des vérités et les exprimer, mais Dieu les a-t-Il révélées à votre cœur  ? Le moment viendra où ce qui sera éprouvé c'est ce que vous aurez réellement reçu dans vos mains, non pas la doctrine, ni l’enseignement, ni la lecture de la bible ! Pendant des siècles, les hommes sont venus au temple avec leurs mains chargées de toutes sortes d’offrandes car on ne leur permettait pas d’y entrer avec les mains vides. Mais ont-ils saisi la vraie signification de ce qui était dans leurs mains? Peu importe la nature de leur l'offrande, agneau ou chèvre, était ce pour eux simplement une chose parmi tant d’autres? Est-ce que cela représentait pour eux le Commencement et la Finalité? Ont-ils perçu cela? Nous savons maintenant que c’était là le symbole de quelque chose de beaucoup plus grand, nous l’avons vu par l’enseignement. Nous avons assisté à des réunions sur le tabernacle, ses offrandes et ses sacrifices. Nous connaissons tous techniquement ces sujets, mais qu’avons-nous vraiment saisi de tout cela?
    Que se passera-t-il quand la grande secousse viendra et quand nous ne pourrons plus avoir de réunions ou de communion avec les croyants, et peut-être supporter ce que beaucoup supportent dans bien d'autres contrées aujourd'hui? Qu'avons-nous reçu dans nos mains? Qu'est-ce qui nous a été révélé par le Saint Esprit? Ce n'est pas simplement une question liée au fait que nous avons été enseignés dans les réunions et les conférences, mais surtout de ce qui a été vraiment révélé de Christ en nous, de telle sorte que nous pouvons dire : « mes yeux ont vu ».
    Personne ne peut m’ôter ce que j'ai vu; rien ne peut détruire cela; ce que j’ai vu fait partie de mon être. C'est l’aspect crucial en cette période. Nous devons pouvoir identifier le sens des choses, et pouvoir agir avec Dieu. Il a été dit de Siméon « que l'Esprit Saint était sur lui », Pour nous qui vivons dans la dispensation du Saint-Esprit, l'Esprit est en nous; non pas simplement en nous visitant ou en venant sur nous, mais demeurant en nous.
    Parce que Siméon et Anne étaient dans l'Esprit, ils ont saisi la grande signification de ce moment-là. Quand l'enfant Jésus a été apporté, quelque chose s'est produit signifiant pour eux : « C'est bien cela! ». C'est ce ministère qui s’exerce en vous-même par l’œuvre de l'Esprit-Saint, vous permettant de dire : « C'est cela, c’est bien cela! » Cela devient quelque chose d’extraordinairement vrai, vivant et important. C'est cela!
    Pouvoir interpréter par l'Esprit la pensée de Dieu constitue le ministère. Siméon et Anne sont la démonstration de l'incorporation du principe du service, mais nous devrions aussi voir que le service pour Dieu signifie premièrement la vision.
    Si cela touche vraiment vos cœurs et si vous êtes capables, dans une certaine mesure, de percevoir que c'est sûrement la direction des choses dans lesquelles Dieu veut vous conduire, je vous demande d’aller sincèrement vers le Seigneur dans la prière pour recevoir Sa vision.
    Demandez qu'elle soit en vous, de sorte que vous puissiez Le servir alors que tout s'effondre. Même si nous ne sommes pas encore dans l'urgence d'un changement de dispensation, la situation aujourd'hui exige sûrement tout ce que je vous ai exposé. Sachons que « la nuit vient, où personne ne peut travailler » (jean 9 :4). Que le seigneur nous trouve comme des enfants du jour et non de la nuit.

Chapitre 3 - LA NATURE DU SERVICE ET LES CARACTÉRISTIQUES DU SERVITEUR

 Lecture: Luc 2:25-35  « La fin de toutes choses est proche » (1 Pierre 4:7).

    Je pense qu’il est inutile de souligner le fait que non seulement en raison du temps qui passe, mais également au travers des évidences de la situation mondiale, l’accomplissement des paroles de la lettre de Pierre est beaucoup plus proche que lorsqu’elles ont été écrites. Il suffit seulement de considérer certains événements mondiaux qui pourraient se développer et conduire rapidement à la fin de toutes choses. En un mot, il n'y a aucun doute que « la fin de toutes choses est proche» et qu’un changement de dispensation est proche. La grande transition de cette dispensation vers la prochaine s'approche rapidement. Si c'est la réalité et si cela nous touche, nous devrions nous reporter à la parole de Dieu pour voir ce que le Seigneur fera à cette heure; nous y avons des informations très précises quant à la nature des choses et sur ce que Dieu mettra en oeuvre dans ces derniers jours.
    Voyons quelques caractéristiques spirituelles qui concernent cette heure, figurées par Siméon et Anne et quelques autres qui se trouvaient à Jérusalem.
    Nous examinerons maintenant la question qui concerne le service représenté par Siméon : Siméon et le service de Dieu à la fin des temps. Nous considérerons le service et le serviteur, dans cet ordre parce que le service à accomplir explique les agissements de Dieu envers le serviteur. Vous ne saurez jamais pourquoi le Seigneur agit envers vous de certaines manières à moins de savoir ce qu'il veut faire avec vous; pour exprimer cela d’une autre manière, nous dirons que les agissements du Seigneur avec nous sont prophétiques par rapport à ce qu'il va faire par nous et à travers nous.

LE SERVICE : APPORTER CHRIST DANS SA PLÉNITUDE

    C’est ce que signifie Siméon. Le service décrit l'homme, parce que, comme nous l’avons vu jusqu'à présent, le service à accomplir par Siméon était d’introduire Christ dans Sa plénitude. Jusqu'à ce temps-là Christ se manifestait de manière fragmentaire, séquentielle, de diverses façons, un peu ici et un peu là. C’était un développement progressif et symbolique de ce qu’était Christ. Mais désormais cette période de signes et de symboles arrivait à son terme laissant place à la pleine manifestation de Christ, du Seigneur Lui-même.   
    Siméon s’est trouvé étroitement impliqué pour introduire la présentation future du Christ et la personnification de la plénitude de Dieu. C'était le principe même de son service, ce à quoi Dieu l'avait destiné et pour lequel Il l'avait maintenu vivant. La nature de ce service à accomplir consiste à introduire essentiellement Christ, non pas symboliquement ou partiellement mais essentiellement et pleinement et la marche du serviteur ne sera pas ordinaire et facile à vivre.
    L'histoire ne sera pas simple. Elle semblera très complexe, insolite et stressante. Tout ce qui existe s’efforcera d’exclure l'instrument de sa vocation.
  
LE SERVITEUR

(a) PRÉPARÉ PAR LA PRESSION : Il vous suffit de lire l'histoire profane qui se situe entre les deux testaments de votre Bible pour savoir à quel bas niveau les choses étaient parvenues quand le Seigneur Jésus est venu. Beaucoup de personnes se trouvaient à cette époque dans un système religieux, mais la condition spirituelle dans sa réelle valeur était très faible et l'état des choses était déplorable. Siméon qui a vécu de longues années dans cette situation aurait bien pu perdu courage. Il y avait beaucoup de choses qui auraient vraiment pu l'arrêter. Vous connaissez les conditions politiques de cette époque, qui ont introduit une situation presque impossible pour empêcher l'accomplissement d’un glorieux témoignage.
    L'ennemi occupait le pays et le peuple de Dieu était dans un état de faiblesse bien plus grave que nous ne pouvons imaginer. Cet homme dont la vie spirituelle était confrontée à beaucoup d’épreuves et de difficultés, qui subissait de fortes pressions, aurait pu conclure qu’il n’était pas facile pour lui de vivre ces choses pour demeurer fidèle. Quels étranges agissements doit subir un vase pour parvenir à la plénitude! Vous pourriez penser qu’étant choisi pour cette intention, votre histoire vous permettra d’atteindre la plénitude sans la moindre difficulté ! Ce serait merveilleux et formidable.
    Mais c’est justement le contraire qui se produit. Ce vase, choisi et réservé par Dieu pour manifester une plus grande plénitude de Christ sera particulièrement assailli et troublé par toutes sortes de choses extraordinaires, son parcours sera compliqué, et il lui sera facile de renoncer en disant : « La situation est désespérée! ». Les voies du service en relation avec la plénitude de Christ sont des voies de grandes difficultés, de perplexité et d’angoisse, de pressions de stress, de complications, et souvent d’apparentes impossibilités.

(b) ÉPROUVÉ PAR LE TRAVAIL INTÉRIEUR DE DIEU : Siméon était la voix et l'acteur personnel d’un ministère corporatif de la fin des temps. Anne qui est la contrepartie de Siméon : « parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem ». Il y avait évidemment un groupe de ces croyants à Jérusalem. Il était sans aucun doute, comparativement petit, mais il était présent. Il y avait là une assemblée, priant, attendant la plénitude du Seigneur, et Siméon était la voix et l'expression de ce vase corporatif.
    Je dis cela, parce que nous ne voulons pas trop penser aux individus dans cette question et considérer que nous ne sommes que des Siméon individuels. Le Seigneur lève un témoignage corporatif pour représenter et apporter sa plus grande plénitude, et ce qui est vrai de l'individu est vrai de la compagnie. Elle passe par des voies étranges et d’épreuves particulières, de perplexité, d'adversité, de contraintes et bien souvent sa position semble impossible.
    Pensez à la position de Siméon. Durant de longues années, il s'était maintenu, priant, attendant, soupirant après la venue du Christ de Dieu. Le Seigneur lui avait parlé et lui avait dit qu'il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. N’ignorez pas qu’en étant l’objet de certaines pressions, vous serez tentés de remettre en question même ce que le Seigneur vous a dit. Il n'aurait pas été difficile pour Siméon, devenu un vieil homme, de dire: « Je me demande si je ne me suis pas trompé. Est-ce que je me suis fait des illusions?
    Rien ne semble se produire, je ne vois aucune évolution, je vieillis de plus en plus et les promesses même de Dieu ne s’accomplissent pas ; ce que Dieu a dit ne semble pas se réaliser ». Sous la pression, vous pourrez ressentir cela et penser ainsi. Nul doute que Siméon a souffert les mêmes assauts sur son esprit que d’autres enfants de Dieu, en rapport avec quelque chose de précieux montré par le Seigneur.
   C’est comme faisant partie d'un vase, et non pas comme étant personnellement d’une grande importance que nous pouvons partager l'histoire étrange de ce vase et de la pression particulière qui s’exerça sur lui, parce qu'il fut choisi par Dieu pour apporter une plus grande plénitude de Son Fils dans un temps où le besoin spirituel était très grand et très intense.
    Dans les jours de Siméon, les voies de Dieu étaient des voies cachées. Il n'y avait aucun signe particulier, rien qui laissait entrevoir qu'une oeuvre puissante de Dieu allait s’accomplir. C'est la chose la plus éprouvante : pouvoir vivre au travers de cela et vivre au-dessus de cela alors qu’il semble que Dieu ne fait rien au sujet de la chose que vous aviez espérée et dont vous avez parlé. Tous les signes sont cachés, les voies de Dieu sont au-delà de notre discernement.
    C'est une chose très éprouvante, mais c'est par de telles épreuves que le Seigneur prépare son vase pour ce service particulier.

(c) ÉPURÉ POUR ÊTRE EFFICACE : C'était une très petite compagnie, et cela s’est confirmé à plusieurs reprises dans la Parole de Dieu. Aux heures critiques et pendant les périodes de transition, il y a une caractéristique dont nous devons tenir compte. Dans une période marquant la fin des temps, ce qui représente le vase manifestant la plénitude sera un très petit vase. Cela peut être une grande chose, mais ce qui va vraiment servir à la pleine finalité de Dieu sera réduit par l'affinage. Ce fut le cas pour les trente-deux mille hommes de Gédéon, qui ont été réduits à trois cents dans ce but. A la fin ce n'était pas une grande compagnie, une grande foule, ni un mouvement de masse. Il en sera ainsi et il en est toujours ainsi aux derniers temps. Ce qui correspond à la pleine intention de Dieu sera une chose relativement petite et épurée. Le Seigneur travaille pour qu'il en soit ainsi.

(d) L'ESCLAVE DU MAÎTRE : Siméon par rapport à ce service, parle de lui même en tant que serviteur du Seigneur et emploie deux mots : « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller en paix, selon ta parole ». Comme nous avons dit plus tôt, le mot employé est souvent cité par l'apôtre Paul à son sujet : « Paul, l’esclave de Jésus Christ ». Simon s’est considéré comme l'esclave du Seigneur. Quand il dit : « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur » il n'employa pas le mot habituellement utilisé pour le Seigneur, mais le mot, « despote ». Vous voyez quelle conception il a de lui-même en tant que serviteur, et de celle du Seigneur, dans Sa position d’autorité sur lui.
  Nous pensons tellement souvent au Seigneur comme Celui dans lequel nous nous réjouissons ; nous aimons l'appeler Seigneur, mais nous ne pensons pas souvent à lui dans le sens de despote. Ce mot a pour nous un aspect peu agréable. Le Seigneur, le Despote!  
    Ce que j'essaye de préciser c’est que, dans l'utilisation de ce langage, Siméon se considère l’esclave du Seigneur sous Sa maîtrise absolue. Le Seigneur était son maître, son despote. Il était un homme subjugué, maîtrisé, soumis. Dans ce service manifestant la plénitude de Christ, le serviteur doit être sur cette base, un esclave, dans la complète soumission au Seigneur.
    Derrière ce terme, le mot Grec signifie que l'esclave dont on a hérité ou qui a été acheté est alors marqué ; il ne peut reprendre sa liberté à moins d’être affranchi ou acheté pour sortir de son état par une autorité supérieure. Il n'a aucun droit.
    Siméon dit : « maintenant Seigneur, laisse moi aller en tant qu'esclave marqué par Toi ; affranchis-moi et donne-moi mon droit de cité céleste ».
    Quelle belle conception du serviteur du Seigneur! Il ne peut en être autrement pour servir le Seigneur en plénitude ; c’est à cela que nous devons parvenir.

(e) UNE RÉPONSE TOTALE DU CŒUR POUR SAISIR LA PENSÉE DIVINE : Il y avait deux facteurs imbriqués dans le cas de Siméon. Il y avait la force souveraine de Dieu qui le saisissait, et il y avait la réponse du cœur de Siméon à cette emprise. Ces deux choses fonctionnaient ensemble. Dieu avait agi souverainement pour le saisir, et Siméon, de son côté, avait pleinement répondu de tout son cœur. Cela a également fonctionné dans l'autre sens. Puisque le cœur de Siméon était appuyé sur le Seigneur, le Seigneur a étendu son emprise sur lui. Nous avons là une grande vérité biblique car dans l’arrière-plan de notre histoire et de notre expérience spirituelle se trouve l'élection, ne se rapportant pas au salut mais au service.
    Dieu regarde pour voir l'attitude de nos cœurs avant d’introduire l'élection. Le fait demeure que le Seigneur attend quelque chose de notre part, ne serait ce qu’une attitude montrant que nous voulons vraiment agir avec Lui, avant qu'il ne puisse mettre clairement en évidence ce qu'il a prévu et s’est proposé de faire. Quand nos cœurs sont comme Siméon, complètement et entièrement abandonnés au Seigneur de sorte qu'il puisse appeler le Seigneur son Despote et lui-même l'esclave du Seigneur, nous découvrons que le Seigneur nous a déjà vus depuis longtemps, et c’est alors que ses intentions à notre égard sont mises en évidence.
    Considérez l'interaction de ces deux choses : la souveraineté de Dieu et l'abandon de nos cœurs. Ce sont comme deux cercles tournant sans cesse au-dedans et sur eux-mêmes. Rappelez-vous cela, parce que ce sont des choses très importantes.

(f) CHRIST SEUL EST SERVI : Maintenant la vie peut seulement être définie et revêtir sa pleine signification quand elle est vraiment maîtrisée par un Maître. L'explication des séparations, du manque de cohésion et de conviction communes est bien souvent le fait que nous n'avons pas un Maître ! Ou bien nous essayons d'être nos propres maîtres, ou nous permettons d'être maîtrisés par toutes sortes d'intérêts et de considérations, et dans ce cas nous sommes des jouets entre les mains de forces qui travaillent pour détruire nos vies.  
    Notre grand besoin est d'avoir un Maître, un Despote, et d’être dans la totale soumission à son égard ; Paul, l'homme qui a vécu cela l’a décrit ainsi : « moi aussi j'ai été saisi par Jésus-
Christ » (Philippiens 3:12). C'était la conception de Paul de sa conversion. À partir de ce jour, le Seigneur a mis sa main sur lui et lui a dit : « maintenant, Paul, je t’ai saisi ; que veux-tu faire désormais? » puis, vint sa réponse sincère qui ne fût jamais démentie : « Que veux tu que je fasse, Seigneur ?» Actes 22.10.
    Dès ce moment Paul s'est appelé l'esclave de Jésus-Christ. Il voulait être dans la soumission au Christ et que Christ soit absolument Seigneur. S'il n'en est pas ainsi, notre vie sera une confusion, une guerre civile à l'intérieur de nous-mêmes. À moins qu'il y ait un Maître absolu, la vie sera un échec; nous aurons manqué la chose pour laquelle Dieu nous a créés.
    Prenons l’exemple de Paul. Sa propre vie était vide de sens, comme celle de beaucoup d'autres personnes alors qu'il était en rébellion contre le Seigneur, et qu'il « regimbait contre l'aiguillon. » C’est devenu parfaitement quand le Seigneur en a eu la maîtrise. Lorsqu’il y avait un manque de soumission complète au Seigneur, Satan était la force agissante derrière Paul. Il pensait qu'il était son propre maître, mais il était conduit ; il était sans force face à cette puissance mauvaise. La puissance du mal s’attachait de plus en plus à lui et le conduisait dans le désespoir, impliquant un grand prix à payer pour lui-même et bien des douleurs pour beaucoup d'autres. Ah, combien cette expression que Paul s’attribue plus tard à lui-même « l'esclave de Jésus-Christ » est pleine de sens. Toutes ces forces farouches et trépidantes de sa propre nature, que nous connaissons nous-mêmes très bien, ces forces qui s’élèvent violemment contre le Seigneur et contre tout ce qui est du Seigneur, toute cette révolte des forces mauvaises ont été soumises à Jésus-Christ, il pouvait alors s’appeler son esclave.

(g) AUCUNE SATISFACTION NE PEUT REMPLACER LA PLEINE INTENTION DIVINE :
Revenons à Siméon. Des érudits disent qu’il était le fils d’Hillel, le grand docteur juif fondateur d’une école d'interprétation de la loi. Il a été également reconnu comme le père du grand Gamaliel, aux pieds duquel Paul a été élevé. Si ces faits sont vrais, il devait posséder un grand héritage. Mais quand la main du Seigneur s’est posée sur Siméon cela a signifié que ni ses savantes origines, ni son héritage culturel, ni son milieu, n’ont répondu à l’attente de ce qui était au plus profond de lui même. C'est ce qui était encore sans réponse, qu’il a saisi.
    Dans une certaine mesure nous trouvons cela en nous-mêmes, peut être que beaucoup de choses dans la vie et dans ce monde nous intéressent occupant beaucoup de notre temps et de notre attention sans répondre au besoin qui se trouve en nous-mêmes. Nous pouvons avoir du succès, dans la mesure où nous pouvons l’obtenir, mais ce sera toujours une déception : il y aura comme quelque chose d’inachevé en nous. C'est la main de Dieu qui nous saisit, de sorte que rien ne remplira ce vide, quelque chose nous manquera, il y aura toujours une question sans réponse, un sentiment intérieur d’une position sans rapport avec un domaine beaucoup plus élevé.
    C'est la marque que Dieu a un dessein plus grand pour nos vies, parce qu’il ne nous permettra jamais d’être satisfaits par quoi que ce soit en dehors du but pour lequel il nous a réclamés. Nous pouvons penser que nous avons maintenant obtenu notre part, mais si elle s’avère inférieure à la pensée de Dieu nous pouvons toujours explorer et exploiter notre champ, nous découvrirons que nous n'avons pas trouvé la réponse à notre existence, au sens de notre destinée, du but divin, qui seul comble le vide et répond à l’insatisfaction.
    Il en fut ainsi avec Siméon, tout n'était pas encore réellement en vue, mais le jour où cela s'est manifesté, tout ce monde dans  lequel il se trouvait est devenu sans  valeur. Il pût  dire : "Maintenant je l'ai saisi, maintenant je suis arrivé! ". Le jour où il a tenu l'enfant Jésus dans ses bras, il a su qu'il avait sa réponse.
    Avez-vous eu une expérience semblable? Savez-vous ce que cela signifie? Vous attendez, espérez, priez, et alors le Seigneur vous met en contact avec ce qui procède de Lui, et vous dites : « C’est ce besoin que j'avais senti, c’est bien cela ». C'est la manière dont le Seigneur agit avec ses serviteurs, ou avec un instrument, qu’il soit individuel ou corporatif, choisi pour quelque chose de plus que l'ordinaire, appelé pour ce qui est entier au lieu du partiel.
    Répondons à cette question du besoin du Seigneur pour être un vase qui apporte une mesure plus grande de la plénitude de Christ, et considérons par quelle étrange histoire spirituelle ce vase passera. Car les agissements peu ordinaires de Dieu, et l'intérêt peu commun des puissances du mal se concentreront pour mettre ce vase hors d'action, pour empêcher l’accomplissement de ce dessein. Cela est bien représenté au travers de cet homme !
    Alors que nous approchons du temps de la fin, je sens en ce moment, que le Seigneur veut nous dire quelque chose à propos de son souci pour obtenir un vase qui le servira de manière plus pleine concernant Son Christ, et répondre aux besoins spirituels qui se manifesteront. Car nous ne pouvons pas compter sur notre propre expérience, notre propre conduite, dans cette confrontation de forces peu communes et des terribles agissements de l'ennemi.
    Combien il est nécessaire qu'il y ait plus qu'un abandon ordinaire au Seigneur pour qu’Il soit véritablement Maître, et que nous soyons tout à fait assujettis à lui. Faisons de cela une question bien définie dans la prière. Si nous pouvons quelque peu discerner ces signes, dans le monde aussi bien que dans notre propre expérience spirituelle, sachons qu'ils sont d’une grande signification pour la prochaine étape, et donnons au Seigneur la possibilité de trouver en nous un vase complètement placé sous sa maîtrise.

 Chapitre 4 - UN MINISTÈRE QUI EXPRIME CHRIST 

« Son père et sa mère étaient dans l'admiration des choses qu'on disait de lui. Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère: Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement
de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l'âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées ». Luc 2 ; 33-35.
  
CE QUE CHRIST SIGNIFIE DOIT ÊTRE FORME EN NOUS

     Dans le passage cité ci-dessus nous est présenté quelque chose de la signification de Christ, quelque chose de ce qui est impliqué quand Christ vient dans nos vies, avec pour perspective le ministère. C'est ce que nous trouvons dans la vision et le ministère de Siméon. Tôt ou tard, pour ceux qui « sont appelés selon son dessein » la signification de Christ se formera en eux d'une manière puissante et beaucoup plus pleine. Il se peut que nous ayons reçu une connaissance profonde et incontestable lors de notre conversion ; mais quoi qu’il en soit nous sommes en général, nés de nouveau d'une manière simple et facile.   
    Le temps viendra ou, par des crises successives et des bouleversements profonds dans nos vies, nous parviendrons au fait que notre union avec Christ constitue quelque chose d’infiniment plus grand que ce que nous avions imaginé. Il est vrai que le salut est gratuit et nous est accordé par grâce, mais il n'est ni au rabais ni superficiel. Si nous le considérons ainsi nous pouvons le déprécier, le considérer comme étant peu de chose, ou nous trouver parmi ceux qui le négligent. Les conseils éternels de Dieu, englobant tous les âges et les dispensations ont pour objectif d’obtenir un peuple racheté ; ils sont tellement riches en signification et vastes dans leur portée, qu’un important travail d’approfondissement doit être réalisé pour nous y conformer.
    Nous devons saisir la signification de notre communion, avec le Fils de Dieu, en relation avec ce vaste et important dessein. Il y a trois aspects de «la communion à ses souffrances »      
    Le premier correspond à coopérer avec lui dans son oeuvre pour délivrer les âmes d'un ennemi jaloux et hostile. Le second, c’est la discipline et la purification qui contribuent à nous faire ressembler à Christ. Le troisième aspect c'est l’accroissement de la capacité, et du développement de nos facultés spirituelles pour nous permettre de saisir et de comprendre la grandeur des choses divines, en particulier la connaissance de Christ et ce qu'elle implique. Tout cela génère en effet de la souffrance. Nous ne pouvons pas accéder à cette connaissance par une simple information cela doit être constitué en nous. Ni l'enseignement, ni le nombre de réunions ne nous apporteront cette connaissance. 
    L'enseignement accumulé de longue date ne devient vivant que lorsque nous passons par l’expérience dévastatrice de la souffrance et de l’épreuve. Notre monde semblera entièrement se détruire et s’écrouler alors qu’un autre bien plus essentiel pour la survie se formera en nous. Ceux qui connaissent Christ plus pleinement sont ceux qui l'ont découvert dans une profonde agonie et dans la perplexité spirituelle. Christ est la porte qui nous introduit dans l’immense royaume de la connaissance divine dans lequel il n'y a rien de fortuit ou d'approximatif. Tout notre être est impliqué dans cette nouvelle voie et si nous devons vraiment manifester une mesure spirituelle pour les autres nous dirons : « une épée te transpercera l'âme, ».
    John Bunyan, dans son grand rêve allégorique : Le Voyage du Pèlerin, a cherché à personnifier les caractéristiques des penchants humains, et les a représentés grandeur nature. Quand nous les voyons défiler devant nous, nous sourions, puis nous avons honte, et déçus nous comprenons que c’est nous que Bunyan a dépeint !
    Un des personnages, dans lesquels Bunyan a concentré son génie, évoque le sarcasme et l'ironie, c’est M. Intérêt-Personnel. Il nous dit que ses ancêtres ont donné leur nom à la ville de Beau-Discours, que son arrière grand-grand-père était un passeur, qui en ramant regardait une rive tandis qu’il se dirigeait vers l’autre. Mme Dissimulation, son épouse qui était de famille honorable avait deux principes religieux rigoureusement respectés, et inculqués à leur famille.
    Ces principes religieux établis étaient (1) de ne jamais aller contre vent et marée, et (2) d’être d’accord avec la Religion quand elle ne dérange pas trop et que le peuple l'applaudit.  
    Bunyan indique que c’est une tendance notoire dans la nature humaine que de feindre, de simuler, de regarder d’un côté et d’aller en réalité de l'autre. Cela ayant pour but de faire croire, de choisir la ligne de moindre résistance et de marcher de la manière la plus populaire tout en s’éclipsant quand les choses sont difficiles. Nous n'avons aucun mépris pour M. Intérêt-Personnel, mais ces choses peuvent être dangereuses pour nous. Ce sera désastreux à moins que le Seigneur ne nous traite rigoureusement, car cela est incompatible avec Christ et le dessein éternel de Dieu centré en Lui.
    Voyons encore les paroles de Luc et ce que cela implique quand Christ est formé en nous.
Tout d'abord, Siméon dit que cet enfant, Christ, va déterminer le destin : «…à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël ».

CHRIST DÉTERMINE LA DESTINÉE

     Il y a différentes traductions de ces mots. Premièrement, cela peut signifier que certains tomberont, pour ne jamais se relever, car ils entrent en conflit avec le Seigneur Jésus. Ils trébucheront sur une pierre qui les fera tomber. Il est dit dans l’Écriture en Esaïe 8 :14 qu'il serait « une pierre d'achoppement ». Beaucoup heurteront leur pied contre elle et tomberont la tête la première. Combien cela est vrai et s'est réalisé ! Nous entrons en conflit avec le Seigneur Jésus, en n'étant pas disposés à accepter l'offense de la Croix, à endurer l'affliction avec le peuple de Dieu mais plutôt à apprécier les plaisirs du péché pendant un temps. En n'étant pas disposés à prendre la Croix et à le suivre, beaucoup sont tombés la tête la première, leur destin a été déterminé par leur contact avec le Seigneur Jésus. Il en est toujours ainsi. De ce point de vue, il est établi pour la chute de beaucoup. Il est là pour mettre en évidence si nous voulons vraiment travailler avec Dieu ou pas; beaucoup venant à lui découvrent que Christ et son chemin sont un scandale et se sont détournés pour aller ailleurs, Dieu seul sait où : « Pour la chute… de plusieurs ».
    L'autre aspect concerne :« … le relèvement de plusieurs ». Quelle glorieuse histoire est liée à cela! Beaucoup sont venus à lui, sensibles à cet aspect coûteux, reconnaissant qu'ils seront appelés à l’expérimenter s’ils veulent marcher avec Lui. Mais néanmoins, ils l'ont choisi; et quelle élévation cela a signifié pour eux! Oui « Du fumier il relève l'indigent » (1 Samuel : 2:8).
    Vous et moi savons un peu ce que cela signifie d’avoir été relevés par notre union avec le Seigneur Jésus. Mais combien de choses sont encore à venir, parce qu’Il nous dit dans Sa Parole : « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône » Apocalypse : 3 ; 21. Quelle élévation! Les hommes qui ont été élevés par le Seigneur Jésus pourraient nous raconter leur longue et merveilleuse histoire. Quant à la position de notre destinée : certains tomberont et d’autres seront élevés.   
    Leur attitude envers Christ déterminera à jamais ce qui sera. Ces mots peuvent également signifier que beaucoup tomberont et se relèveront également, à cet égard ils sont une armée nombreuse. Je vois Pierre dans cette compagnie. Ah, ce Pierre plein d'assurance, se vantant : « Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas » (Mat 26 :35). Il était un homme élevé, mais sur une fausse position et lorsqu’il a vraiment été au contact du Christ crucifié, il est tombé, mais, par la grâce de Dieu, il put se relever de nouveau. Christ l'a fait tomber et l'a relevé.
     Voyez le grand Saul de Tarse monté sur son cheval à Damas; quel grand cheval c'était ! Ah, combien le jeune Saul de Tarse était auto-suffisant et plein d'assurance ! Il est tombé de ce grand cheval dans la poussière aux pieds de Jésus de Nazareth ; c’était la chose la plus humiliante et qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Jésus de Nazareth, ce faux prophète, cet imposteur, ce blasphémateur de Dieu qui a été cloué sur une croix, portant sur lui ce que la loi déclare être la marque de la malédiction de Dieu ! Pensez à cet homme humilié, aux pieds de Jésus de Nazareth et disant : « Que veux-tu que je fasse Seigneur? ». N’est-il pas tombé ?
    Oui, mais n'a-t-il pas été relevé ? « cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs ». Il en sera toujours ainsi, d’une manière ou d’une autre. Nous tomberons devant Jésus-Christ, ou, selon notre attitude et la réponse que nous Lui donnerons, nous serons relevés. Il l’a déterminé selon que nous refusons ou acceptons, que nous obéissons ou que nous désobéissons. Descendons, de notre propre force naturelle, dans le brisement, l’humiliation et la honte, à Ses pieds, confessant le Seigneur. Une main nous prendra et nous élèvera vers de merveilleux sommets de grâce.

CHRIST EST UN SIGNE DE CONTESTATION

 (a) LE DÉFI DE SA PRÉSENCE : Siméon dit alors : « et à devenir un signe qui provoquera la contradiction ». Qu'est-ce que cela veut dire? Cela signifie qu'il est implicitement une provocation par sa propre nature. Le signe atteste le lien visible d’une réalité spirituelle. Il fait état de quelque chose, et l'effet de cette implication provoque. Si vous commencez à voir ce que Jésus implique, cela introduira une certaine réaction ; si vous n'êtes pas disposés à l'accepter vous serez fortement provoqués. Vous ne resterez pas neutre, vous commencerez à combattre. Saul de Tarse en était là. Plus qu’aucun autre il combattait le Seigneur, regimbant contre l'aiguillon. C'était la profonde signification de tout cela. Il a été contredit par ce que Jésus signifiait, par la signification de Christ lui-même.
    Dans la personne de Christ se trouve un genre d'homme différent, non pas un simple homme terrestre, mais un homme merveilleux. Voici un homme incarnant dans sa propre personne un saint, la norme divine, la mesure céleste, et les hommes sont estimés et pesés par cette norme céleste lorsqu’ils sont en présence du Seigneur Jésus : non seulement par ce qu'Il dit, et les jugements qu'Il énonce verbalement, mais par sa présence. Ils découvrent une norme qui met en évidence leur petite dimension, leur insuffisance, et leur différence. 
    Vous n’ignorez pas que cela est vrai. Nous avons souvent dit ce qui se produit lorsqu’un un véritable enfant de Dieu, habité par l'Esprit de Jésus-Christ, entre dans un milieu d’affaires pour travailler ou dans une maison peu honorable. Bien souvent, sans qu’il dise qu’il est chrétien, une contrainte se manifeste, et les gens commencent à faire des remarques désobligeantes. Provoqué par la présence de Christ dans le croyant, quelque chose dans l'atmosphère a été perturbé. Sans être maladroit ou incompétent, (quelques personnes le sont naturellement, et provoquent cela par leur maladresse) quelque chose est provoqué par un véritable enfant de Dieu, même s’il est humble et affectueux. Il devient une personne marquée et différente dont la différence embarrasse les autres. Les gens commencent à se sentir mal à l’aise. Si cela est vrai d'un simple enfant de Dieu, combien plus cela a été vrai du Fils de Dieu Lui-même. Sa présence était la mesure et le standard du ciel. Les hommes ne pouvaient pas parvenir à cette mesure, et ils se sont tous sentis décalés et embarrassés en sa présence. Il était un signe. Sa présence même avait une signification, qui parlait contre eux : il a provoqué.
    C'est une grande chose d’être bien en présence de Jésus-Christ, de savoir que la grâce de Dieu rend possible de s'asseoir avec Celui qui est saint, juste et parfait. Mais il nous découvre et souvent c'est ce qui se produit. Nous sommes provoqués, renversés, gênés, sans savoir pourquoi ; nous devrions nous rendre compte que l'Esprit de Jésus-Christ est à l’œuvre en nous parce que nous ne sommes pas en harmonie avec notre Seigneur. Dans ce cas, nous devons adopter une de ces deux attitudes : marcher droit, ou aller de pire en pire et devenir de plus en plus amers, même envers le Seigneur. Il est un signe qui provoque.

(b) LE DÉFI DE SA MANIÈRE DE VIVRE : Sa vie et son attitude ont constitué la base de la provocation. Vous voyez bien qu’Il ne s’est pas conformé à leur système terrestre, même à leur système religieux. Il ne s'est pas plié à la règle commune pour faire les choses usuelles. Il appartenait à un système céleste. Les principes spirituels et célestes étaient tout pour lui et non pas les rites extérieurs et le formalisme ; il n'agissait pas de manière extérieure et conventionnelle. Il se tenait sur la base des principes intérieurs ; et ce que signifiait son comportement a provoqué ceux qui étaient attachés à la forme plutôt qu’à l'Esprit, au cadre plutôt qu’au cœur. Ces personnes offraient le service des lèvres : Dieu cherchait le service du cœur. La présence du Seigneur Jésus désavouait ce formalisme, ces coutumes et ces traditions. Il apportait la norme céleste, les lois célestes, le système céleste, et ce n'est pas une voie facile pour nous à moins d’être du côté du ciel.
    Suivez cela et vous remarquerez des signes d’opposition. Ils ne pouvaient pas l'obliger à se conformer aux choses usuelles, parce qu'Il ne faisait pas corps avec leur hypocrisie, leur formalisme, avec leur condition spirituelle défaillante qui les conduisait vers des rituels extérieurs ; Il n'était pas impliqué dans cela, donc il était une provocation, et il en est toujours ainsi. Il mettra en évidence, si nous sommes régis davantage par la règle commune plutôt que par le principe céleste, si les intérêts temporels nous importent plus que les considérations éternelles.
    Il introduisait toujours cela dans le monde, et de ce fait ils ne pouvaient pas être pour lui et pour sa manière d'agir. Nous avons souvent cité ce passage quand il a dit à ses frères, après avoir été sollicité par eux pour aller à la fête : « Montez, vous, à cette fête ; pour moi, je n'y monte point, parce que mon temps n'est pas encore accompli. Après leur avoir dit cela, il resta en Galilée. Lorsque ses frères furent montés à la fête, il y monta aussi lui-même, non publiquement, mais comme en secret ». (Jean 7:8-10).
    Cela nous paraît difficile, n'est-ce pas? C'est comme s'il y avait une certaine duplicité. Mais qu'est-ce que cela signifie? C'était la fête des tabernacles qui avait lieu, commémorant l'émancipation de l’Égypte et l'entrée dans le royaume de Dieu, la délivrance de ce monde mauvais, et l'entrée dans le royaume du Fils de Son amour. Christ personnifiait ce royaume Lui-même et non les célébrations terrestres des fêtes historiques. Il est le royaume de Dieu ce n’est donc pas une question liée à la célébration occasionnelle, d'une manière extérieure comme c'était le cas. La célébration était vide de sens et ne correspondait pas à la réalité. 
     Que dire de leur délivrance de ce monde mauvais ! Pourquoi étaient-ils impliqués avec le prince de ce monde comme la plupart des autres peuples ! Les considérations du monde les gouvernaient entièrement, et le Seigneur Jésus leur disait en effet : « Je n'ai publiquement rien à faire avec cela. Je représente la véritable essence de ce merveilleux royaume, et la séparation absolue de ce monde ». Ainsi il ne voulait pas que l'on puisse penser qu'il était impliqué dans ce système, mais qu’Il était séparé de lui.
    S'il y est monté « non pas publiquement mais en secret » c'était parce qu'il voulait retirer des personnes de cette fausse représentation des choses célestes et les attirer à lui : l'incarnation de la pensée céleste de Dieu, concernant la fête des tabernacles.
    J'ai cité cela à titre d'illustration pour essayer d'expliquer ce qui est dit. Il était une provocation parce que, dans son comportement personnel il a signifié quelque chose d'autre, un ordre céleste. Il en est toujours ainsi. Là où les enfants de Dieu deviennent véritablement des personnes célestes et spirituelles, émancipées au milieu du système religieux établi, et vivant par des principes célestes : Quelle provocation ils suscitent, quels propos hostiles !
    Vous ne pouvez pas être un véritable enfant de Dieu sans que l'on parle contre vous. Vous ne pouvez pas être un enfant de Dieu vivant sur une base céleste sans échapper aux paroles antagonistes. Vous signifiez quelque chose, et ce monde est contre ce que vous représentez. Nous verrons cela avec le prochain point en relation avec Siméon.

(c) LE DÉFI DE SA CROIX : La signification de Sa mort et de Sa résurrection étaient des signes de l'antagonisme. Oui, sa croix fut en effet un signe qui suscita des propos hostiles. Il en a toujours été ainsi et n'est-ce pas vrai aussi aujourd'hui? Lorsque la véritable signification est proclamée, combien cette Croix est détestée! Elle est acceptée pour des actes héroïques et les hommes voudront la croix sur cette base. Mais apportez la véritable signification de la Croix de Christ, ce qu'elle est pour Dieu et non pour l'homme et tous ses héros, et vous lancerez un défi. Sa dernière expression se trouve dans ce cri poussé non par un homme, bon ou mauvais, mais par Jésus Lui-même : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?"  (Marc 15 : 34).
    Il portait notre malédiction et c'est une offense. Dites cela à n'importe quelle personne qui a un certain sentiment de sa propre importance et de sa dignité et elle en sera très offensée. Nous ne pouvons pas accepter la Croix du Seigneur Jésus à moins de réaliser combien nous sommes sans valeur, alors seulement la Croix deviendra notre gloire ; nous nous placerons du côté de Dieu et dirons : « Tu as raison Seigneur, de dire non à ce que je suis ». 
    En êtes-vous arrivés à ce stade et êtes-vous parvenus à ce constat ? Vous ne verrez ce que Dieu veut que lorsque vous reconnaissiez que vous n'avez aucune réclamation à présenter à Dieu, aucune prétention ni droit devant lui, et quand vous réaliserez votre indignité et votre totale incapacité de paraître en Sa présence. Vous êtes en accord avec la Croix et avec le ciel quand vous parvenez à cela. Pierre, Jean et tous les autres ont tous dû y parvenir.
    Quand nous y parvenons nous sommes très près du grand dessein de Dieu en relation avec la résurrection. La résurrection proclame qu'un autre homme accède au ciel. La porte est grande ouverte à cet autre homme qui a placé le premier homme, celui de la terre, dans le jugement et la mort en le laissant là. Le ciel est désormais ouvert à ce nouvel homme, cet homme qui a été relevé, car : « si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection » (Romains 6:5). 
    C'est le grand Oui de Dieu au Christ élevé, et nous qui avons été unis à lui nous héritons de ce Oui ; la porte du ciel nous est ouverte. La Croix est une offense pour la chair suffisante et auto-suffisante dans ce monde. Le Christ crucifié est un défi : « nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs » (1 cor 1:23-24).

LE FRUIT DE LA COMMUNION A SES SOUFFRANCES

     Et Siméon dit à Marie Sa mère : « et à toi-même une épée te transpercera l'âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées ». Luc 2 ; 33-35. La signification de Christ est aussi : « une épée te transpercera l'âme ». L'épée n’est pas une petite chose. Le mot employé pour la décrire est identique à celui employé par les traducteurs de l’ancien testament en Grec, c’est le même mot qui a été employé pour l'épée de Goliath. Ici le mot Grec signifie un grand sabre Thrace, une chose redoutable. Une grande épée te percera ton âme, parlant naturellement de sa douleur, de son angoisse, quand elle verrait cet enfant, alors parvenu à l’age adulte, exposé sur la Croix. Simon dit aussi : « afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées ». Cela montre que ce n’est vraiment que par la communion aux souffrances de Christ que nos cœurs sont dévoilés. C’est quand nous sommes introduits dans la communion de Ses souffrances et que nous souffrons avec lui que les pensées de beaucoup de cœurs apparaissant sous forme de sympathie ou d'antipathie. Quelques-uns, quand ils voient le peuple du Seigneur souffrir pour ses intérêts, manifestent de l'amertume, du ressentiment, et sont contre le Seigneur parce qu'ils ne comprennent pas.
    Ah, combien de fois des parents se rebellent et ont du ressentiment quand un jeune homme ou une femme, dans la pleine consécration au Seigneur Jésus, accepte la communion de ses souffrances et livre sa vie en sacrifice. Une vie pour laquelle les intérêts éternels et célestes sont prioritaires par rapport aux biens et aux privilèges terrestres, car les oeuvres du Seigneur sont très coûteuses comparées aux choses de ce monde. Parfois les amis se détournent d’eux et les prennent pour des fous et tout ce qui s’ensuit ! Les cœurs des autres commencent à être dévoilés à cause de leur communion aux souffrances du Seigneur. Les pensées du cœur sont mises à nu et exposées en plein jour. Il est nécessaire que cela se produise. Vous constaterez souvent que tout cela provoque tôt ou tard une crise dans les cœurs. Ah, quelle histoire est liée à cela?
    Combien de fois un homme qui a été appelé, en raison de sa dévotion au Seigneur, a souffert terriblement entre les mains de sa propre famille étant persécuté et condamné à l'ignominie. Cela peut durer longtemps, augmentant en intensité, mais il est resté fidèle, sans perdre du terrain, continuant avec le Seigneur tranquillement, humblement, doucement, affectueusement, ne montrant aucun ressentiment ; pendant ce temps les cœurs ont été dévoilés et Dieu s’en est servi pour briser ces vies, et pour les conduire à Lui. C'est seulement un aspect de cette question : les pensées de beaucoup de cœurs sont dévoilées par la communion de ses souffrances.
    Grâce à Dieu, ce dévoilement est utilisé également d'une autre manière. Beaucoup de cœurs dévoilent qu'ils ont de l'amour pour le Seigneur quand ses enfants passent par de mauvaises périodes dans leur communion avec Lui. Mais ce principe fonctionne de quelque manière que ce soit. Si, comme Marie, nous sommes introduits dans ce travail, cela produira un effet important sur les autres. Il est un fait, c’est toujours par la communion de Ses souffrances que d'autres cœurs ont été touchés. Si le Seigneur vous conduit d’une manière intense à souffrir avec Lui-même, en partageant quelque chose à propos du coût du royaume à venir, c'est un témoignage qui touche les cœurs ; même si nous prêchons et que rien ne se produit !
    Quand quelque chose nous arrive, quand nous entrons dans ces profondeurs, quelque chose commence à se produire chez les autres.
    Ainsi, quand nous souffrons avec le Seigneur, en le servant, nous réalisons que le Saint-Esprit agit dans d’autres vies et nous introduit dans la souffrance pour parvenir à ce but même. Les cœurs sont dévoilés. Le codeur « mondain » sera dévoilé par la Croix du Seigneur Jésus.
    Paul a dit : « loin de moi la pensée de me glorifier d'autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde! » (Gal 6 :14). La Croix découvre combien nos cœurs sont encore remplis de ce monde et les met en évidence. Par « mondain », nous voulons naturellement parler des normes de ce monde, de sa manière de faire, de ses opinions et ainsi de suite.
    La Croix découvre ce qui est dans nos cœurs et à quel point nous sommes égoïstes quant à nous-mêmes. Vous ne pouvez pas connaître la Croix et demeurer égoïstes. La Croix mettra en évidence l'égoïsme et exigera que soit mis de côté tout ce qui est individuel. L'intérêt personnel, l’estime de soi, l’apitoiement et chaque aspect de l’ego seront mis en évidence par la Croix !
    C'est cela le ministère particulier de la fin des jours, il en est ainsi dans cette période de transition. Nous avons vu que Siméon représentait un reste fidèle à la vision céleste dans une période où ce qui était de Dieu était devenu terrestre et en grande partie traditionnel et formel. Il a concentré en lui-même tous les aspects des révélations partielles et successives de Dieu, il a incarné la pensée de la maturité spirituelle, et en même temps, ce qui était ancien laissait la place à quelque chose de nouveau. Par-dessus tout il a été le lien pour la nouvelle et pleine manifestation de Dieu alors qu'il tenait dans ses bras le Christ encore enfant. Ainsi il a montré par ses paroles, de manière prophétique, les immenses perspectives liées à Christ, le sens et la valeur du ministère « de la plénitude de Christ ».  
    Contemplons cette « bienheureuse espérance » (Tite 2 :13) et tout en la contemplant, demandons que le Seigneur nous montre ce qu'Il voudrait obtenir par ce ministère dans cette phase transitoire qui prendra fin lors de Son apparition.

[1] Μεταθεσιν (en Grec) metathesis, peut être traduit par : transfert, translation. Removing
(en Anglais).
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Publication : BibleBooks.fr


dimanche 1 juillet 2012

LA VIE DE RESURRECTION Par Jessie Penn-Lewis


TABLE DES MATIÈRES :
                                

                                 INTRODUCTION : La mort au péché.
                                 Chapitre I : Le parfait développement de la vie de résurrection.
                                 Chapitre II : De la continuité de la croix dans la vie du racheté.
                                 Chapitre III : Le sacrifice : "Il ne peut se sauver lui-même".  
                                 Chapitre IV : Fils de la croix.
                                 Chapitre V : Le cœur brisé de Jésus au Calvaire.
                                 Chapitre VI : L’unité que Christ a achetée de sa vie.

PRÉFACE

   C’est en novembre 1904 que se répandit la nouvelle d’un réveil au Pays de Galles, où Dieu agissait avec puissance dans les cœurs. A ce moment, j’étais dans le sud du pays, où je rencontrai en octobre un pasteur gallois, qui me dit ce dont il avait été le témoin à New-Quai (Cardiganshire). Je rédigeai alors un article que j’envoyai au journal "Life of Faith", article intitulé : "Un nuage grand comme la main". L’article parut le 9 septembre. Le 30, j’en envoyai un autre intitulé : "Le réveil au Pays de Galles". Par la suite, je rédigeai chaque semaine pour ce journal des nouvelles du réveil. Celles-ci éveillèrent un profond intérêt dans le monde entier ; ce dont les lettres reçues font foi. Des demandes nombreuses, pressantes, me parvenaient, demandant que je publie un recueil de ces articles.
    C’est pourquoi je publie une première série, sous le titre : "The Climax of the Risen Life", (Le point culminant de la vie de résurrection). Je ne crois pas utile de donner ici l’historique du réveil et des événements qui le signalèrent. Aujourd’hui, on trouve ces détails en d’autres publications. Mais vers la fin du réveil, Dieu donna des messages directs aux âmes réveillées, messages pour la croissance du Corps de Christ. Ce sont ces messages donnés par l’Esprit de Dieu pendant ces trois années, lesquels messages répondaient au besoin de l’Église, que je publie en ce recueil. Ils sont toujours nécessaires aux vainqueurs, à ceux qui vont de l’avant avec Dieu.
Leicester, mars 1909.  Jessie PENN-LEWIS.

INTRODUCTION

La mort au péché.

    Il est important de bien comprendre le degré de l’expérience chrétienne dont il est question dans ce livre. Car la vérité hors de la place qui lui convient peut être nuisible. Le titre du livre : "Le point culminant de la vie de résurrection", dit suffisamment d’ailleurs son contenu. C’est-à-dire que la conformité avec Christ en sa mort, est le degré ultime qui permet d’avoir part à la vie du Ressuscité.
    Effectivement, porter toujours en son corps la mort de Jésus, est un autre aspect de la Croix. Ce n’est plus celui que donne le sixième chapitre de l’épître aux Romains : Mourir au péché, parce qu’on a fait sienne la mort de Jésus, le Substitut pour le péché. Cela doit avoir été fait de façon définitive, décisive. Il faut se considérer comme mort, pas comme mourant, et compter sur l’Esprit de Dieu pour qu’Il rende inébranlable, active, cette décision. Ferme sur cette base de mort avec Christ, le croyant découvre alors que la domination du péché est brisée. Vivant pour Dieu, en Christ Jésus, il est une nouvelle création (1 Corinthiens 5 : 17). Uni au Seigneur, il est avec lui un même esprit. Sa vie est cachée avec Christ en Dieu.
    Bien fondé sur la base de la mort au péché, comme sur un roc (Romains 6 : 6-11), le croyant dont la vie est cachée avec Christ en Dieu entre dans la communion de ses souffrances. Rendu conforme au Seigneur en Sa mort, il participe à la vie de résurrection. La Vie du Ressuscité se manifeste en lui, et par lui, atteint les autres.
"La mort agit en nous, et la vie en vous", dit l’Apôtre (2 Corinthiens 4 : 12).
Il est essentiel que le croyant discerne ces divers aspects de la Croix :
  1. Mourir au péché, avec Jésus qui meurt pour le péché.
  2. Être rendu conforme à Jésus en Sa mort.
  3. Devenir participant de Sa Vie de résurrection.
    S’imaginer qu’on peut être rendu conforme au Seigneur en Sa mort, sans être vainqueur du péché, ne peut conduire à la victoire. D’autre part, si le racheté connaît la joie de l’affranchissement du péché, et qu’il y demeure, sans discerner qu’il doit maintenant être rendu conforme au Seigneur en Sa mort, il risque de s’endurcir, spirituellement parlant, et de ne jamais avoir cet esprit brisé, ce cœur contrit, qui sont d’un grand prix devant Dieu. De plus, c’est la conformité à Jésus dans Sa mort qui donne accès à Sa vie de résurrection, et conduit à un service pour Dieu qui Lui est agréable.
    Il est non moins important de comprendre que cette mort au péché (Romains 6), cette conformité au Seigneur en Sa mort (Philippiens 3 : 10), ne doivent pas être quelque chose de spasmodique, mais de vécu continuellement. "Reconnaissez-vous comme morts au péché", dit l’Apôtre. Cela seul permet à l’Esprit de Dieu de révéler au racheté toujours plus clairement ce qu’est en réalité le péché, au regard de Dieu. Sans cela, le péché essayera de reconquérir celui qui s’est affranchi de sa domination en l’enlaçant en des formes subtiles du mal, que généralement on ne nomme pas péché.
    Ces divers degrés de croissance spirituelle atteints, la vie de Jésus peut couler à flots dans le corps mortel du racheté.
    Nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l’amour de Jésus, AFIN QUE LA VIE DE JÉSUS SOIT MANIFESTÉE DANS NOTRE CHAIR MORTELLE. Les deux vont ensemble.
La vie de Jésus en nous, pour un monde qui meurt.
    Puissent les lecteurs dire Amen ! aux messages publiés en ce petit livre, et suivre fidèlement l’Agneau du Calvaire, sur le chemin où Il les a précédés.

CHAPITRE PREMIER

Le parfait développement de la vie de résurrection.

    "Je désire ardemment connaître Christ et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, et même mourir comme il est mort" (Philippiens 3 : 10, traduction Weymouth). Ainsi s’exprime l’apôtre. Le but qu’il se propose, qu’il veut atteindre, c’est d’être conforme à Jésus en Sa mort. Et Charles Fox, un apôtre du 19e siècle, a écrit : "Lorsque nous sommes affranchis, c’est-à-dire libérés du joug du péché, c’est pour nous donner à Christ et nous placer sous son joug à Lui".
    C’est pour n’avoir pas compris dans l’expérience ce que dit l’apôtre dans ce passage de l’épître aux Philippiens, que des Chrétiens lui ont donné une importance hors de proportion. Or, dans Sa sagesse, Dieu a donné la Croix de Christ comme pivot, ou vérité centrale, pour maintenir les divers aspects de la Vérité dans l’équilibre, chacune avec sa va1eur propre. C’est là ce que souligna Fox lorsqu’il écrivit : "La Croix du Calvaire est le sommet des Saintes Écritures. Là convergent toutes vérités ; de là procèdent toute 1umière, et toute vie de puissance pour l’Église universelle". C’est pourquoi il est aisé de comprendre que la pensée humaine ne peut saisir immédiatement tous les aspects du Calvaire dans leur profondeur infinie, et toute la signification de la Croix. Avons-nous, par la grâce de Dieu et avec le secours du Saint-Esprit, assimilé ce que nous croyions être toute la vérité, que d’autres horizons se découvrent à nos yeux. Nous ne sommes que sur les rives d’un océan : celui des richesses insondables de Dieu. C’est pourquoi, en relation avec ce message de la Croix, l’apôtre écrit : "Dieu a déclaré : Je montrerai (j’exposerai) le néant de la sagesse des sages ; et je réduirai à rien l’intelligence des intelligents" (Traduction Weymouth, 1 Corinthiens 1 : 27. 28). Et nous pouvons certes confesser que l’intelligence est insuffisante pour saisir le message du Calvaire (1 Corinthiens 1 : 18 ; 2 : 4), où se trouvent les profondeurs de la sagesse de Dieu, et que l’Esprit divin seul peut révéler.
    Ce message est plein de paradoxes ; nous les comprenons progressivement, en avançant dans la vie chrétienne. Il a son côté objectif : l’œuvre accomplie par le Christ en Sa mort sur la croix ; œuvre complète, parfaite, en faveur de tous ceux qui croient ; et son côté subjectif ou expérimental, pour celui qui le vit. En parlant de la Croix, il est donc nécessaire de stipuler si nous nous plaçons au point de vue objectif ou subjectif, pour ne pas être incompris.
    Il faut que le Saint-Esprit Lui-même inspire ce message sacré : celui d’un Dieu qui s’est fait Homme. Car la Croix n’est pas un thème favori des sages de ce monde, ni même dans l’Église chrétienne. Les seuls mots de la Croix et du Sang semblent être des pierres d’achoppement pour l’intellectuel et le sage selon le monde, comme aux jours de l’apôtre Paul. Le Saint-Esprit veille aussi sur la réception et l’assimilation de ce message parmi les croyants. Il faut bien qu’il en soit ainsi pour que se réalise le désir de Christ, concernant Son Église. Puisque toutes les radiations de vie et de puissance pour l’Église viennent de la Croix du Calvaire, il est facile de comprendre la nécessité d’une connaissance croissante du Sacrifice du Seigneur, avec le secours du Saint-Esprit.
    Du côté objectif, nous voyons d’abord, en Jésus crucifié, celui qui meurt à notre place pour le péché. Et tous ceux qui sont nés de Dieu, qui ont accepté Christ comme Sauveur, peuvent dire le changement qui s’est opéré en leurs vies depuis leur conversion. C’est là le côté expérimental, subjectif, du Calvaire. Puis, vient la révélation que moi, pécheur, j’ai été cloué avec mon Sauveur sur le bois de la Croix.

CHAPITRE II

De la continuité de la croix dans la vie du racheté.

"Portant toujours en ce corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. Ainsi, la mort agit en nous, et la vie agit en vous" (2 Corinthiens 4 : 10-12).
    En l’année 1897, à la Convention de Keswick, ce fut le professeur Mouls, par la suite promu évêque, qui prononça le discours d’ouverture, sur le texte que nous venons de citer : "Portant toujours en ce corps la mort de Jésus". Il fit remarquer que le mot de l’original n’était pas : "mort", mais "mourant". Porter en son corps l’agonie de la mort du Seigneur Jésus, c’est consentir, avec le secours de la grâce de Dieu, à un crucifiement qui glorifie le Seigneur devant les Siens. La même semaine, M. Hopkins parla sur le même sujet, et fit remarquer qu’il ne pouvait y avoir de vie victorieuse pour le Chrétien, aussi longtemps que la vieille nature n’était pas morte. Et que, d’autre part, c’était uniquement par la puissance de la mort de Christ que nous pouvions en finir avec elle.
    "Que porte Jésus en son corps sur la croix ? Vos péchés ? Oui, et vous-même..." C’est là que fut faite la grande transaction, là que le pardon fut acquis, là que fut acquise la délivrance, par la mort de notre vieille nature.
    "Nous sommes un, avec le Christ en croix", dit M. Fox. Sa croix est aussi la nôtre ; Sa mort est aussi la nôtre. Ces dernières années, des milliers d’enfants de Dieu l’ont compris ; et ils ont accepté subjectivement tout ce que cela impliquait dans leurs vies :
  1. Mort au péché.
  2. Séparation d’avec la vieille nature, la vie charnelle, psychique.
  3. Complète séparation d’avec le monde, pour ne plus appartenir qu’au Rédempteur, celui qui nous a rachetés.
  4. Victoire sur Satan. Celui-ci a été vaincu au Calvaire, à l’heure même où Jésus, exposé à l’ignominie, mourait sur le bois infâme de la Croix.
    D’avoir compris cela, sous l’action du Saint-Esprit, et de l’avoir vécu, les membres vivants du Corps de Christ sont allés de l’avant, et toute l’Église en a été vivifiée. "Béni soit Dieu qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ..., afin que les dominations et les autorités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui, par l’Église, la sagesse infiniment variée de Dieu, selon le dessein éternel qu’il a mis à exécution par Jésus-Christ notre Seigneur" (Ephésiens 1 : 3 ; 2 : 7 ; 3 : 10-12).
    Ces membres du Corps de Christ ont-ils atteint le but ? Pas encore. A son point ultime, la vie de résurrection ramène à la croix. "Afin que je le connaisse, Lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, partageant la ressemblance à sa mort" (Version Conybeare). Et dans la seconde épître aux Corinthiens l’apôtre écrit : "Je porte toujours en mon corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus puisse aussi être manifestée en moi. Car, au milieu de la vie, je suis quotidiennement livré à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie de Jésus, par laquelle la mort fut vaincue, manifeste sa puissance" (2 Corinthiens 4 : 10-11).
    Que signifient ces paroles ? Pourquoi est-il nécessaire de porter toujours en son corps la mort de Jésus ?
    Parce que le corps est exposé aux attaques du monde, de la chair et du diable, bien qu’en esprit, le racheté soit déjà dans les lieux célestes, uni au Seigneur ressuscité, et partageant Son trône. Par cette mort quotidienne, le croyant est de plus en plus rendu conforme à la mort de son Sauveur, tandis que la vie spirituelle en lui, la vie selon l’Esprit, se fortifie de plus en plus.
    Prenons garde de maintenir un juste équilibre entre l’une et l’autre vérités pour ne pas tomber dans l’erreur.
    "Notre plus grande victoire, c’est de mourir avec Christ, en Sa mort. Car c’est la condition même de la manifestation de la Vie divine en nous, écrit M. Hopkins. Notre affaire, c’est de descendre dans la mort de Christ. Son affaire à Lui, c’est de vivre Sa Vie en nous".
    Et pour qu’il y ait une continuelle manifestation de la vie de Jésus en son racheté, il faut aussi que la mort agisse constamment en lui.
    Des Chrétiens sont convaincus que nous devons toujours rester cachés en Christ en Sa mort. Cependant, NOUS SOMMES APPELÉS A MARCHER EN NOUVEAUTÉ DE VIE. L’un et l’autre sont vrais. Il n’est pas facile de faire comprendre aux jeunes ce double aspect de la Croix. Les uns ont plus de réceptivité de compréhension que d’autres. Le Saint-Esprit emploie diverses images pour révéler les profondeurs de la Croix. Ainsi nous lisons au livre de l’Exode que Yaweh dit à Moïse : "Je te mettrai dans l’anfractuosité du rocher, quand ma gloire passera devant toi" (Exode 32 : 22-23. Et nous chantons le cantique : "Roc séculaire, frappé pour moi, je me cache en Toi". Figure de langage, qui dit la nécessité de maintenir une attitude de mort. Et Jésus illustre souvent par Ses paroles la nécessité d’être "planté en sa mort". "Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie" (Jean 3 : 14-15). Élevé sur la croix, Il a porté nos péchés en Son corps sur le bois. C’est en Lui, en Sa mort, que nous avons la vie. Dans la mesure que nous descendons en Sa mort, notre esprit s’élève jusqu’au dedans du Voile, où nous sommes cachés avec Christ en Dieu. "Car vous êtes morts, dit l’apôtre, et votre vie est cachée avec Christ".
    Nous pouvons aussi illustrer le double aspect de mort et de vie en Jésus par le gland et le chêne (ou tout autre semence à vrai dire), comme le fit Andrew Murray : "Le gland se dissocie, étend ses racines dans le sol, tandis que le germe le traverse, gagne la lumière, s’étend, et s’élève vers le ciel. Le sol, c’est la mort apparente de la semence". "Si le grain de blé ne meurt, il demeure seul, dit Jésus ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit". Ainsi le racheté dont la foi est profondément plantée en la mort de. Christ, s’élève en nouveauté de vie, en résurrection de vie, en ascension de vie, derrière le voile.
    Mais si les racines sont faibles, insuffisamment développées, si l’accent est mis sur la vie, plutôt que sur la mort en Christ, cette vie reste frêle et se trouve exposée à toutes les ruses de l’Ennemi dans le domaine spirituel.
    La vie tout extérieure, tout en hauteur, sans racines suffisantes, peut être comparée à celle d’un jeune chêne presque sans racines, à cause d’un sol défavorable, et qui pousse en abondance des branches et des feuilles. Cet arbre est condamné, du fait de ce déséquilibre. La première tempête le déracinera.
    Le langage humain est bien pauvre pour expliquer les réalités divines. Heureusement qu’il y a derrière nos limites l’action vigilante et puissante du Saint-Esprit, qui révèle la Vérité aux âmes qui en ont soif.
    "Maintenir l’attitude de mort libère la puissance de vie", dit encore M. Fox. "La mort agit en moi, et la vie en vous", dit l’apôtre (2 Corinthiens 4 : 2). La mort à l’œuvre ? La mort agissante ? Oui, il en est bien ainsi ; car il s’agit ici de la mort de Jésus. Ce ne fut pas une mort ordinaire. Elle est active ; par elle nous avons la délivrance ; elle opère la séparation d’avec le péché ; elle fait mourir l’activité chamelle, et nous rend conformes au Seigneur en Sa mort.
    La vie qui jaillit de l’union au Christ en Sa mort développe magnifiquement le croyant, son individualité. En un certain sens, celui-ci se réalise davantage lui-même, plus qu’il ne l’avait jamais fait jusque-là. Car la vie nouvelle ne détruit pas la personnalité ; elle la développe au maximum, à la louange de Christ, qui communique Sa vie.
    Une libération de la vie de puissance, c’est bien là ce dont l’Église a besoin. La mort en Christ, avec Christ, libère la vie. Mais cette vie, point culminant de la vie de résurrection, ramène à la Croix. L’action de celle-ci est constamment nécessaire pour séparer du péché : "Le sang de Jésus-Christ purifie de tout péché".
"Lorsque nous parlons du sang de Christ, a écrit un Chrétien, nous entendons par-là :
  1. La vie qu’Il a répandue en sacrifice, donc Sa mort.
  2. Sa mort pour la séparation d’avec la vie psychique héritée du premier Adam : "Si quelqu’un veut venir après moi, dit Jésus, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive" (Luc 9 : 23-24).
  3. Sa mort, pour que la foi puisse se fortifier, s’étendre, s’enraciner toujours plus profondément.
  4. Sa mort, pour une vie spirituelle plus riche, plus puissante en Dieu, laquelle se donne en faveur d’un monde qui meurt".
    Si tous les membres du Corps de Christ voulaient, unis au Chef, vivre d’une vie crucifiée (conformité à Sa mort), ils y trouveraient cette plénitude glorieuse, ces fleuves d’eau vive dont le monde a tant besoin. Cachés en la mort de Jésus, ils trouveraient aussi un refuge assuré contre tous les pièges et toutes les activités du diable. A la Croix, il est vaincu.
    Et comment tout cela peut-il se faire ? Par la puissance du Saint-Esprit, lequel conduit à la Croix ; et celle-ci au Saint-Esprit. Car l’onction ne peut être faite que sur le sang ; elle ne peut être faite sur la chair de l’homme, sur la vieille nature.
    Il y aurait encore beaucoup à dire sur les résultats pratiques, les fruits d’une vie crucifiée ; sur le fait de marcher comme Jésus dans une vie de service, avec humilité, en faveur de tous. Que tous ceux qui ont une certaine maturité spirituelle chérissent ces pensées ! Et si, de quelque manière, ils pensent autrement : "Dieu les leur révè1era aussi. Seulement, au point où nous sommes parvenus, marchons d’un même pas" (Philippiens 3 : 15-16.)
    Allons plus loin : la mort de Jésus doit agir continuellement en nos vies, pour que nous soyons constamment délivrés de la vieille nature, soumise au péché et sous la domination de Satan. Vous n’avez pas à lutter, à combattre la vieille nature. Vous n’avez pas à essayer de l’apprivoiser, ou de la conquérir, ou de l’ignorer. Mais vous pouvez réclamer la délivrance que le Rédempteur a acquise pour vous par Sa mort, ET PAR VOTRE IDENTIFICATION A CETTE MORT.
    Alors les fleuves d’eau vive jaillissent spontanément. "La vie de Jésus est manifestée en notre chair mortelle".
    Le Saint-Esprit enseigne de façon merveilleuse les richesses, les profondeurs de cette vie vécue avec Christ en Sa mort, avec le Christ mourant pour nous. Je citerai l’exemple de Jacob Boehme qui écrivait, en 1622, les lignes suivantes :
    "Je n’ai jamais désiré connaître quoi que ce soit du divin mystère ; encore moins découvrir le chemin pour y arriver. Telle est la condition des pauvres laïques, en leur simplicité, J’ai seulement recherché le cœur de Jésus, pour pouvoir me réfugier en Lui, et échapper aux violents assauts du diable. J’ai aussi ardemment supplié le Seigneur pour qu’Il daigne m’accorder Son Saint-Esprit et Sa grâce, qu’il Lui plaise de me bénir et de me conduire en Lui. Et je me suis entièrement donné à Lui, bien résolu à ne plus vivre selon ma volonté, mais selon Sa volonté à Lui. Qu’Il daigne me conduire et me diriger, jusqu’à la fin, afin que je sois Son enfant dans le Christ Jésus.
    "De moi-même, je ne puis rien faire devant Toi. Je m’enfonce, je disparais entièrement dans Tes blessures et dans Ta mort. Je n’ai de refuge qu’en Tes saintes blessures et dans Ta mort, où je descends. Fais de moi ce que Tu voudras, ensevelis-moi en Ta mort. Que soient brisés Tes jugements sur moi dans le sang de Ton Amour. Je descends en Toi totalement. Même si corps et âme devaient périr en cet instant, je ne Te laisserais pas aller. Bien que mon cœur dise non, cependant les désirs de mon âme tiennent fermement Ta vérité, et ni la mort ni le diable ne m’arracheront aux blessures de mon Sauveur. A la fin, tu seras vaincu, toi, le Malin, tu lâcheras ta proie, car je la noierai dans l’amour de Jésus, et demeures-y si tu le peux.
    "Je te supplie, ô Christ ! Toi, patient Agneau de Dieu, donne-moi toute patience en ce chemin de la Croix, et que j’en sorte en Ta victoire, comme l’un de Tes patients agneaux. Que je vive avec Toi, en Toi". Paroles pleines de beauté et de vie divines !
    Au livre des Actes des Apôtres, nous avons la vie de l’apôtre Paul, telle qu’elle apparaît aux yeux des autres. Dans 1es épîtres, nous découvrons ce que fut sa vie intérieure, intime.
    Appelé sur le chemin de Damas, converti, Paul est baptisé du Saint-Esprit (Actes 9 : 17). Peu après, il est envoyé en Arabie où il demeure trois ans. Là, enseigné par Jésus Lui-même, il comprend la profonde signification de la Croix ; et, par la suite, c’est la prédication de la Croix qui caractérise son ministère. A quoi Dieu répond en agissant avec puissance et en donnant des fruits abondants à Son serviteur. Mais quelle est l’expérience de l’Apôtre lui-même ? "La faiblesse, la crainte, un grand tremblement", écrit-il aux Corinthiens. Il fut enlevé jusqu’au troisième ciel, où il entendit des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à un homme d’exprimer. Cependant, loin de s’enorgueillir, il écrit : " Je me glorifie plutôt de mes faiblesses, POUR QUE LA PUISSANCE DE CHRIST REPOSE SUR MOI". "Ma puissance s’accomplit dans la faib1esse, lui dit le Seigneur (2 Corinthiens 12 : 10). Pour l’apôtre, de l’angoisse, des pleurs, à cause des chutes de ceux qui, convertis, retombent dans le péché ; pour lui, la vie est une succession d’épreuves.
    Écoutons-le, défendant son ministère devant les Corinthiens, à cause des faux apôtres qui se sont introduits dans l’Église de Corinthe : "Sont-ils ministres de Christ ? Je le suis plus encore. Par les travaux, par les coups, par les emprisonnements, souvent en danger de mort ; cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups moins un ; trois fois j’ai été battu de verges, une fois j’ai été lapidé, trois fois j’ai fait naufrage ; j’ai passé un jour et une nuit dans l’abîme, fréquemment en voyage, j’ai été en péril sur les fleuves ; en péril de la part des brigands, de la part de ceux de ma nation, de la part des païens ; en péril dans les villes, dans les déserts, sur la mer, parmi les faux frères. J’ai été dans le travail et dans la peine, exposé à de nombreuses veilles, à la faim, à la soif, à des jeûnes multipliés, au froid, à la nudité. Et, sans parler d’autres choses, je suis assiégé chaque jour par les soucis que me donnent toutes les Églises. Qui est faible, que je ne sois faible ? Qui vient à tomber, que je ne brûle !" (2 Corinthiens 11 : 23-31).
    Pour les autres : vie, bénédiction, puissance. Pour lui : faiblesse, souffrance, patience, endurance, douceur, fruits véritables de l’Esprit. Ainsi la Croix conduit au Saint-Esprit, lequel ramène à la Croix (Andrew Murray).
    Pour terminer cette étude, je communiquerai encore quelques extraits d’une lettre que je reçois, laquelle donne aussi quelque lumière sur ce sujet :
    "Il y a deux ans, j’ai eu comme une nouvelle vision du Calvaire et de l’œuvre qu’y accomplit le Seigneur, ce qui fut suivi d’un baptême du Saint-Esprit. Je fus alors remplie d’un ardent amour pour les âmes. J’appartenais déjà au Seigneur depuis longtemps, et Il avait permis que je lui gagne quelques âmes. Mais, dès l’instant que je décidai de ne plus connaître que Jésus, et Jésus crucifié, j’eus à combattre les puissances invisibles des ténèbres. Combat terrible, au-delà de ce que je croyais possible. Incompréhension, faux témoignage, jugement, envie, combats, et tout cela venant de Chrétiens au service de Dieu ! Ce que j’ai dû supporter m’aurait rendu folle, si je n’avais pas appris le secret, et si je n’avais pu me réfugier en mon Sauveur. Autrefois, je recourais constamment au docteur, réclamant quelque tonique pour le système nerveux. Il secouait la tête, et me disait : "Vous êtes usée. Ce qu’il vous faut, c’est du repos, du changement, etc…" L’hiver dont je vous parle, je n’ai pas eu besoin de tonique, malgré tous les assauts de l’ennemi, et toute la souffrance endurée. Le repos était en mon esprit, la paix en mon âme : une paix profonde... De sorte que j’étais capable de penser aux autres, et de m’occuper de leurs besoins comme jamais encore je n’avais pu le faire jusque-là. J’ai appris à dire avec l’apôtre : "Je me plais dans les outrages, les calamités, les persécutions, les détresses pour Christ" (2 Corinthiens 12 : 10). C’est une grâce que de pouvoir souffrir et d’être bon, de servir et de ne rien attendre en retour. Seulement cela : Que le Seigneur soit glorifié. A Lui toute la louange !"
    Ces lignes donnent l’ordre de la croissance spirituelle : délivrance de la vieille nature par une révélation de la Croix ; baptême du Saint-Esprit et passion pour les âmes ; enfin le processus de mort : s’unir toujours plus profondément par la foi au Seigneur crucifié, afin de pouvoir manifester dans la vie quotidienne l’esprit de sacrifice de l’Agneau immolé.

CHAPITRE III

Le sacrifice : "Il ne peut se sauver lui-même".

   "Il a sauvé les autres, II ne peut se sauver lui-même" (Mathieu. 27 : 42). Ainsi se moquaient ceux qui passaient devant le Crucifié. A leur insu, leurs moqueries contenaient ce que fut le mot d’ordre de la vie et de la mort du Fils de Dieu ; ce qui fut au cœur même de l’œuvre de Dieu en faveur du monde. "Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique".
    Pour sauver les autres, le Père donne son Fils. Pour sauver les autres, le Fils ne peut Se sauver Lui-même. "Il doit livrer son âme à la mort pour se voir une postérité, et partager le butin avec les puissants" (Esaïe 53).
    Pour sauver les autres, le Saint-Esprit ne peut éviter l’agonie, une agonie comme ceI1e de Jésus en Gethsémané. Lorsqu’Il pénètre dans les cœurs des hommes plongés dans le péché, souvent rebelles et désobéissants, Il intercède en leur faveur ; Il plaide pour eux par des soupirs inexprimables (Romains 8 : 26-27). "N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu", dit l’apôtre (Eph. 4 : 30). Le même mot est employé pour les souffrances du Seigneur en Gethsémané : "Mon âme est triste jusqu’à la mort", dit-Il.
    "Il a sauvé les autres, Il ne peut se sauver lui-même !" Ces mots disent, en somme, ce que fut le chemin parcouru ici-bas par le Fils de Dieu, pour manifester aux hommes perdus l’image du Père céleste. Le Fils, reflet de la gloire de Dieu, et l’empreinte de Sa Personne (Hébreux 1 : 3) révèle le Père. "C’est en ceci que l’amour du Père a été manifesté envers nous, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui" (1 Jean 4 : 9). Bref, sauver les autres en refusant de se sauver soi-même, c’est ressembler à Dieu.
    Jésus aurait pu sauver Sa vie. Il en avait la puissance. Mais Il refusa de l’employer pour Lui-même. Pour sauver les autres, oui ! Sauver quand cela ne coûte rien, chacun peut le faire ; même de pauvres créatures pécheresses. Mais "les sauver au prix de sa propre vie, à la place de soi-même, ah ! cela est divin. Jésus ne pouvait Se sauver, parce qu’Il n’est pas dans la nature divine de sauver Sa vie, en laissant les autres se perdre.
    II ne peut pas ! Paroles magnifiques, prononcées par des moqueurs, par des pécheurs qui crucifient leur Sauveur. Ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils disent : Déjà, lors de la tentation au désert, Jésus révéla cette loi qui domina Sa vie. Plus tard, Il nourrira les foules. Mais là, tenté par le diable, ayant faim, Il refusa d’employer Son pouvoir pour Se nourrir Lui-même. Il puise dans la puissance divine pour bénir les autres, pour les nourrir, les guérir, les sauver. Pour Lui, rien ! Pour S’éviter la torture de la faim, pour arrêter les paroles de mépris ou empêcher les coups qui Le frappent, Jésus refusa de recourir à la puissance divine. Tel doit être l’enfant de Dieu pour être transformé en l’image du Fils et manifester Son caractère divin, ainsi que le Fils Lui-même révéla le Père céleste. "Il a sauvé les autres, Il ne peut Se sauver Lui-même". Cette loi a dominé la vie de Jésus. Elle doit être aussi la loi des disciples, de tous ceux qui veulent suivre l’Agneau, où qu’Il aille.
    Donner votre vie pour ceux qui vous rejettent, ceux qui vous jugent mal, quand vous pourriez vous en dispenser, voilà le Calvaire. Avoir le pouvoir de sauver votre vie, et ne pas user de ce pouvoir, parce que d’autres seraient perdus ; voilà le Calvaire. S’employer à délivrer les âmes du pouvoir de Satan, et être comme à la merci apparente de l’adversaire, à l’heure de la puissance des ténèbres ; c’est bien là 1e Calvaire.
    Enfant de Dieu, tu as peut-être été employé à délivrer les autres. Et maintenant, tu t’étonnes de ne pas être délivré toi-même des combats au dehors et des craintes au dedans qui assiègent ta vie. D’autres viennent à toi pour être secourus, délivrés, et tu leur donnes ce dont tu as le plus grand besoin toi-même. Tu réclames la victoire pour ceux qui sont dans ]’affliction, et, semble-t-il, tu en as besoin bien plus que ceux qui viennent à toi pour être secourus. Il en fut ainsi au Calvaire. Que de victimes du diable furent délivrées par le Seigneur ! Il commandait aux démons et aux esprits mauvais, qui Lui obéissaient. Au Calvaire, aux prises avec le diable et toute la puissance des ténèbres, Il reste dans l’impuissance ; victime expiatoire en faveur de l’humanité. Tel est le Calvaire.
    Vie, puissance, bénédictions, délivrance pour les autres. Rien pour soi-même, que de rester dans la Volonté de Dieu, et d’accepter de Sa Main, ce qu’Il permet pour Son enfant.
    Telles sont les marques de la plus haute manifestation de la vie de l’Agneau ; marques que nous voyons en ces héros de la Foi du chapitre onzième de l’épître aux Hébreux. Et dans cette liste de héros, ,il y a des femmes qui, "livrées au supplice, n’acceptèrent point de délivrance, pour obtenir une meilleure résurrection" (verset 35). Souffrir et mourir plutôt que d’échapper au supplice. C’est bien là l’esprit du crucifiement.
    C’est ici, semble-t-il, le chemin ouvert devant ceux qui, aujourd’hui, entendent l’appel de Dieu en Jésus-Christ, devant ceux qui veulent avoir part à l’esprit de 1 "Agneau.
    Un autre chemin s’ouvre devant le racheté : Se sauver soi-même. Se détourner de tout ce que suivre l’Agneau implique de renoncement à soi-même, et de sacrifice en faveur des autres. C’est alors perdre la récompense, le partage du trône et de la gloire de l’Agneau. Car il est écrit : "Si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui". (2 Timothée 2 : 12). Lire aussi Romains 8 : 17.
    Les souffrances du Christ furent volontaires. Il dit : "Personne ne m’ôte la vie ; je 1a donne de moi-même" (Jean 10 :17-18). Plusieurs de ceux qui ont choisi d’être rendu conformes à leur Sauveur en la mort, conformes à leur Sauveur mourant, et de suivre 1"Agneau où qu’Il aille, pourraient échapper au chemin de la Croix où ils se trouvent engagés. Ils pourraient accepter la délivrance, et se sauver eux-mêmes, en perdant la meilleure résurrection.
    Toutes les voix de la terre, celles des amis, celles du monde leur crient : "Sauve-toi toi-même, et nous avec toi", comme l’un des brigands le dit au Seigneur sur la croix. Mais l’Esprit de Christ qui les anime, les conduit sur le chemin où l’Agneau a marché. Comme Lui, ils ne peuvent se sauver eux-mêmes. S’évader, ce serait quitter le chemin de la ressemblance à Celui qui, dans Son agonie, entendait les moqueurs crier : "Il a sauvé les autres, et Il ne peut se sauver Lui-même".

CHAPITRE IV

Fils de la Croix.

   Au commencement du psaume 84, nous lisons ces indications : "Au chef des chantres, sur la guitthith. Un psaume des fils de Koré". Dans un sermon du Pasteur C.-H. Pridgeon de Pittsburgh (U. S. A.), sur le sixième verset de ce psaume, nous trouvons des explications suggestives sur le titre de ce morceau. "Sur la guitthith" signifie : "concernant le pressoir". Ce qui fait supposer que le psaume était chanté au moment de la vendange. Quant au mot Koré (un psaume des fils de Koré), il serait l’équivalent de notre mot Calvaire. Les fils de Koré peuvent donc être considérés, spirituellement parlant, comme fils de la Croix, et le psaume peut s’appliquer à ceux qui sont au pressoir dans la vallée de Baca.
    Seuls, les fils de la Croix peuvent chanter lorsqu’ils passent par le pressoir, car ils connaissent les voies de Dieu. Ils savent que la vie jaillit de la mort, qu’une joie céleste succède à la souffrance, et que le néant reçoit la plénitude de Dieu. Aussi ne voient-ils pas les choses comme leur entourage les voit. Ils ne s’arrêtent pas à considérer le pressoir et la croix, dans leurs afflictions ; ils ne pensent pas à ce qu’ils perdent (en apparence) pour la cause de Christ. Mais ils voient les choses depuis les tabernacles de l’Éternel des armées ; depuis le sanctuaire de Dieu. Et ils peuvent chanter au pressoir quand, sous l’action divine, le vin, ici image de vie, jaillit d’eux-mêmes en bénédiction pour les autres. I1s peuvent chanter, sachant que celui qui, seul, foula pour eux au pressoir, est satisfait.
    Psaume de la vallée de Baca ! Psaume du pressoir pour les fils de Koré. Quel est donc le thème du cantique chanté par les fils de Koré ? Le voici :
    "Que tes tabernacles sont aimables, Éternel des armées. Mon âme soupire et languit après les parvis de l’Éternel !"
    Pour l’enfant de Dieu, au pressoir de l’affliction, les choses de la terre s’estompent, s’éloignent ; le ciel se rapproche, s’ouvre. Dieu devient tout en tout. Alors, les fils de la Croix chantent la joie de ceux qui placent en Dieu leur appui ! Ils ne comptent ni sur les circonstances, ni sur les secours humains, ni sur aucun soutien terrestre. Une traduction littérale donne ceci : "Heureux l’homme dont la puissance (puissance d’endurance) est en toi". Et Jacques écrit : "Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment. Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda (Jacques 5 : 10-11). Oui ! Heureux celui qui endure 1’épreuve jusqu’au bout ; jusqu’à l’instant de la délivrance, où il reçoit au double ce que Dieu avait jugé nécessaire de reprendre. Le double pour lui, mais aussi le double en bénédictions pour les autres.
    Les fils de la Croix chantent, parce que, au pressoir, leur cœur est devenu comme de la cire. "Mon cœur est comme de la cire ; il se fond dans mes entrailles" prophétise David sur le Seigneur mourant sur la Croix (Psaume 22 : 15). Par là, ils s’identifient davantage au Seigneur en Sa mort. Les barrières, les limitations de tout genre ont été renversées, les cœurs fermés sont devenus des chemins vers Sion, où d’autres peuvent passer, ceux qui cherchent Dieu. Leurs cœurs se sont élargis pour les autres, pour leurs afflictions, leurs épreuves. Ils ressentent la douleur d’un monde qui meurt. "Quiconque voit son frère dans le besoin, et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? (1 Jean 3 : 17). Oh ! Ces cœurs enclos de hautes murailles que personne ne peut franchir. Il est bon qu’ils passent au pressoir, de sorte que maintenant l’amour de Dieu peut s’épancher librement par eux, en faveur d’un monde qui a besoin de sympathie plus que de prédication, d’amour plus que de préceptes et d’ordonnances,
    Les fils de la Croix chantent parce que, dans la vallée de Baca, ils sont devenus eux-mêmes un lieu de sources, des fleuves d’eau vive en faveur des autres, ce qu’ils désiraient ardemment depuis longtemps (Jean 7 : 3). Le secret leur en fut révélé par la bonté de Dieu. Tous les hommes semblaient fouler aux pieds les grappes au pressoir ; et voici qu’une source d’amour divin, pur comme du cristal, a jailli dans leurs cœurs, pour ceux qui foulent les grappes. Alors, les fils de Koré ont connu qu’ils étaient en un lieu de sources : le cœur même de Dieu, révélé en Christ sur la Croix.
    Dès lors, ils connaissent la joie, la joie de l’Agneau ; lequel allant à Jérusalem pour y être crucifié, dit aux disciples : "Je vous donne ma joie". Cette joie du pressoir, cette joie à la vue du Calvaire, ne peuvent être connues que par ceux qui demeurent dans le cœur de Dieu, et qui voient les choses sous l’angle où Dieu les voit.
    Ils vont de force en force, parce que leur vie est en Dieu. "Avec Christ en Dieu", lisons-nous dans le Nouveau Testament. Ce sont des vainqueurs, désormais au-dessus de tout, parce qu’ils ont tout perdu pour Dieu. Toujours plus détachés des biens d’ici-bas, ils règnent déjà au ciel avec Jésus.
    Cette conformité au Seigneur, à l’Agneau de Dieu, est le fruit de la plénitude du Saint-Esprit ; bien plutôt que les signes et les miracles qui frappent les yeux. "Vous recevrez une puissance, et vous serez mes témoins, mes martyrs" (Actes 1 : 8). Telle est la promesse du Seigneur ressuscité à Ses disciples. De même que par l’Esprit éternel Il s’offrit à Dieu, de même, pour Le suivre sur le chemin du sacrifice, pour être rendus conformes à Son image (celle de l’Agneau), les disciples ont besoin du Saint-Esprit, la puissance promise.
    Deux sphères de service s’ouvrent devant ceux qui connaissent la plénitude du Saint-Esprit : celui des œuvres puissantes ; ou bien celui de n’être qu’un instrument, un canal, par quoi passe : la vie de Dieu pour vivifier les âmes. La première peut être comparée à l’activité du Seigneur, après Son baptême au Jourdain ; la seconde à l’action de Christ donnant sa vie en Golgotha.
    Il est de la plus haute importance que nous sachions collaborer avec l’Esprit de Dieu, dans l’état de croissance spirituelle atteint. On peut retourner en arrière, en cherchant à faire une expérience qu’on s’imagine très avancée, au lieu de suivre le chemin qu’indique l’apôtre : "La mort agit en nous, et la vie en vous. Nous sommes constamment livrés à la mort à cause de Jésus" (2 Corinthiens 4 : 11-13.) Le but que Dieu poursuit, ce n’est pas tellement de faire du racheté un puissant instrument ; Il veut que Christ soit formé en lui. Cela se fait au pressoir, et dans la communion aux souffrances du Seigneur. "Il fut crucifié dans la faiblesse". Au Calvaire, point de prodiges, point de miracles pour frapper d’étonnement la multitude. Mais dans Sa faiblesse, dans Son silence, par Ses souffrances et Sa vie donnée, Il fit infiniment plus pour le monde, que lorsqu’Il guérissait les malades et chassait les démons en Galilée. Que Dieu daigne révéler à ceux qui veulent aller de l’avant ce caractère du Seigneur, doux et humble de cœur ; de l’Agneau qui, par Sa mort a vaincu la puissance des ténèbres. Ce ne sont point des visions du Calvaire, ni une expérience mystique des souffrances de la Croix qui peuvent communiquer l’Esprit de l’Agneau. Mais bien plutôt l’obéissance journalière à ce que Dieu demande, dans les tout petits détails de la vie de chaque jour. C’est de ne point répondre quand on est accusé faussement ; de ne point essayer de se justifier ; c’est de rester caché en Christ, de garder le silence sur le chemin du sacrifice, chemin qu’ignore le monde. C’est de faire le bien, et d’en souffrir, comme si l’on était un malfaiteur méritant la condamnation... (Matthieu 5 : 1 l-12).

CHAPITRE V

Le cœur brisé de Jésus au Calvaire.

    "Mon cœur est comme de la cire, il se fond dans mes entrailles". Tel est le langage de Jésus-Christ sur la Croix ; selon que prophétise David, en ce psaume vingt-deuxième ; psaume nommé par l’Archevêque Alexander : le psaume des sanglots. Car, dit-il, dans la première partie du texte hébreu, pas une seule phrase n’est complète. Cela fait penser aux soupirs, aux paroles entrecoupées, inachevées, d’un mourant.
    Dans le chemin de l’âme amenée à la conformité avec son Sauveur, en sa mort, il vient un moment où elle comprend ce que signifie la communion avec ce cœur brisé qui fond comme la cire, sous l’attouchement de Dieu. Alors, elle acquiert cette tendresse, cette douceur, cette compassion qui caractérisent ceux qui vivent en Jésus.
    "Revêtez-vous comme des élus de Dieu, saints et bien aimés, d’entrailles de miséricorde", écrit l’apôtre aux Colossiens. Dans toutes ses lettres, dans sa vie, il fait preuve de compassion, de miséricorde, pour ceux qu’il a amenés à Christ, lesquels restent cependant souvent si enfants, si charnels. "Moi je suis de Paul ! Et moi d’Apollos ! Et moi de Céphas ! Et moi de Christ !" disent les Corinthiens. Et l’apôtre proteste : Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous ? (1Corinthiens 1 : 12-13). Cependant Il ne se sépare pas de ces bébés, spirituellement parlant." Auriez-vous dix mille maîtres en Christ, vous n’avez pas plusieurs pères, puisque c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l’Évangile" (1 Corinthiens. 4 : 15). Pourquoi ces divisions ? Pourquoi s’enfler d’orgueil ? L’apôtre met en garde les nouveaux convertis contre ce danger ; puis il trace comme un parallèle entre eux et leur père spirituel. Les Corinthiens, eux, se croient sages en Christ, ils règnent déjà. Paul et ApoIIos sont fous, par amour pour Christ. Les Corinthiens sont forts ; mais ceux que Dieu a choisis pour annoncer l’Évangile et qui ont à supporter de grandes souffrances, sont faibles. Les Corinthiens sont honorés ; mais les apôtres sont méprisés.
    Quelle distance entre ces bébés qui se croient forts, et l’apôtre Paul ! Comme dans l’Église de Corinthe, autrefois, on trouve encore aujourd’hui bien des maîtres. Mais les pères, ceux qui acceptent de souffrir, de porter les bébés en Christ dans leur cœur, jusqu’à ce que leur croissance spirituelle soit accomplie, ceux-là sont peu nombreux.
    Un cœur de père plein de compassion, de tendre pitié, d’ardent désir pour la croissance et la vie d’autres âmes, cela ne peut être que le fruit de la Vie divine dans le racheté. Cette Vie-là rend capable de souffrir, d’endurer l’incompréhension et le mépris, par amour pour Jésus. Quelques Chrétiens s’imaginent que la communion aux souffrances du Christ, en sa mort, endurcit nécessairement le cœur, et rend moins vulnérable aux émotions. D’autres s’élèvent contre cette conception. Ils ne croient pas possible d’éliminer l’émotion des expériences spirituelles. La vie même du Seigneur Jésus, et les lettres de l’apôtre Paul, nous montrent ce que sont vraiment les résultats de la vie crucifiée.
    Il est certain que la communion avec Christ en Sa mort délivre d’une émotivité exagérée, d’une sensibilité maladive, laquelle peut être une manifestation de la vieille nature. Ainsi libérée, l’âme devient toujours plus sensible, réceptive, pour tout ce qui concerne Christ et le prochain. Il est nécessaire que toute émotion superficielle disparaisse pour que la Vie divine puisse atteindre les profondeurs de l’être, pour que celui-ci soit accessible, réceptif. Ensuite, rempli de la Vie d’En-Haut, il peut la répandre en faveur des autres.
    "Revêtez-vous d’entrailles de miséricorde", dit l’apôtre aux Colossiens (3 : 2). Expression bien suggestive qui évoque la profondeur, la réalité, la puissance du sacrifice ; ce qui ne peut résulter d’émotions de surface, ces émotions facilement ressenties en certaines réunions où l’orateur les éveille, sciemment ou non. D’autre part, de nombreux maîtres peuvent enseigner, communiquer la lumière et la connaissance, sans avoir ces entrailles de miséricorde, sans ce cœur rempli de compassion que recommande l’apôtre. Bref, c’est le cœur qui est nécessaire, c’est la capacité de sentir et de se sacrifier pour les autres qu’il faut. Et c’est le manque de cœur, le manque d’amour qui rend froide et indigeste la Vérité, lorsqu’elle est rejetée.
    "Mes entrailles ! mes entrailles !" s’écrie le prophète Jérémie. "Je souffre au dedans de mon cœur, le cœur me bat. Je ne puis me taire" (4 : 19). C’est à cause d’Israël que le prophète est envahi par la douleur. Et c’est à cause de cette capacité de souffrance pour son peuple qu’on a comparé Jérémie à Celui qui vint ici-bas, comme l’Homme de Douleur, brisé par la souffrance.
Son immense compassion pour l’humanité amène Dieu à envoyer ici-bas son Fils unique : "Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël de ce qu’il a visité et racheté son peuple... GRÂCE AUX ENTRAILLES DE LA MISÉRICORDE DE NOTRE DIEU, en vertu de laquelle le Soleil levant nous a visités d’en haut" (Cantique de Zacharie, Luc 1 : 68-80.) Écrivant à Philémon, l’apôtre dit au sujet d’Onésime : "Je te le renvoie, lui, mes propres entrailles (c’est-à-dire un autre moi-même)". D’autres traductions rendent ainsi cette expression : "lui, mon propre cœur" (Philémon 1 : 12). Lire aussi Ephésiens. 4 : 32 ; Philippiens. 2 : 1,2.
   Tous ces passages montrent que Dieu peut communiquer a Ses rachetés ces entrailles de miséricorde, ce cœur compatissant, qui L’amenèrent Lui-même à envoyer Son Fils ici-bas. Compassion qui conduisit le Fils unique à mourir sur la Croix pour les pécheurs.
    "Soyez compatissants, vous pardonnant... comme Dieu vous a pardonné", dit l’apôtre Paul. Celui qui a senti son cœur s’émouvoir, se fondre sous les effets de la compassion divine, celui qui en a éprouvé la douceur et la joie, peut aisément aimer, pardonner à celui qui a tort, avant même que celui-ci ait manifesté aucune tristesse, aucun repentir de la faute commise. Et, d’avoir fait ces expériences rend capable d’annoncer le pardon de Dieu aux âmes qui se repentent. Un cœur compatissant, des entrailles de miséricorde se réjouissent de la joie des autres.
Et quelles paroles exquises, quel tact dans l’expression ils savent trouver pour plaider en faveur des coupables. Lisez la lettre de Paul à Philémon : "Je te prie pour mon enfant, que j’ai engendré étant dans les chaînes, Onésime..." (10-12). Avec quelle tendresse l’apôtre parle de cet esclave fugitif phrygien ! II l’a amené à Christ, il a prié pour lui jusqu’à ce que Christ fût formé en lui. Aussi maintenant, Onésime est pour lui un fils.
    Dans les diverses Églises qu’il a fondées au sein du paganisme, pour ceux qu’il a amenés à Christ, même en prison, nous voyons de quelle patience, de quelle compassion, de quelle tendresse l’apôtre est animé. Il a vraiment pour eux des entrailles de miséricorde. "Ce ne sont pas vos biens que je cherche, c’est vous-mêmes", écrit-il aux Corinthiens. "Pour moi, je dépenserai très volontiers, et je me dépenserai moi-même pour vos âmes, dussé-je, en vous aimant davantage, être moins aimé de vous..." (2 Corinthiens 2 : 14-15). "Maintenant nous vivons, puisque vous demeurez fermes dans le Seigneur". Une autre traduction dit : "La vie est vraiment pour nous la vie, puisque vous demeurez fermes dans le Seigneur" (1 Thessaloniciens 3 : 8). L’apôtre pense sans cesse à tous ceux qu’il a amenés à Christ. Il prie sans cesse pour eux, comme un père pour ses enfants.
    Dix mille maîtres ! Oui. Mais les pères ne sont pas nombreux. Ils sont peu nombreux ceux qui consentent à la souffrance pour les autres, à porter dans leur cœur le fardeau de leurs besoins, à éprouver de l’angoisse pour leurs âmes, à verser des larmes.
    Dirons-nous que le langage de l’apôtre était exagéré ? Certes non ! Car dans la communion avec Dieu et avec son Fils Jésus-Christ, il a entendu le grand soupir de la Création ; en son cœur, il a ressenti l’immense douleur, l’angoisse des âmes sans Dieu dans le monde, sans Sauveur. Pour elles, son cœur est rempli de compassion, de tendresse. Pouvons-nous, comme l’apôtre, avoir un cœur rempli de compassion active, effective ? Assurément. "Revêtez-vous, dit-il, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience" (Colossiens 3 : 1-2). Il vient de les exhorter à se dépouiller du vieil homme et de ses œuvres, et à revêtir l’homme nouveau, qui se renouvelle dans la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé (versets 10-11). Ah ! Voilà le secret : le vieil homme a été crucifié ! La Croix du Calvaire est l’endroit de la bénédiction. Là tombent toute étroitesse, toutes ces barrières dressées par ce qui est terrestre. Là est dépouillée cette vie égoïste qui cherche la satisfaction du moi, qui ramène tout à soi. Ensuite, l’homme nouveau (ou la nouvelle nature) est revêtu, qui se renouvelle selon l’image de Celui qui l’a créé. Là, plus de distinctions terrestres, plus de divisions, de séparations, Christ est tout en tous. C’est seulement dans le Christ Jésus que nous pouvons recevoir ces entrailles de miséricorde, entrer dans la communion de Ses souffrances, et connaître cette ferveur d’amour, cette tendresse, qui sont d’essence divine.
   Il est question du renouvellement du nouvel homme. Un processus de croissance suit effectivement le dépouillement de la vieille nature. Toute colère, toute animosité, toute malice, toute moquerie, toute parole déshonnête doivent être rejetées. Et, dans ce renouvellement progressif de l’homme nouveau, l’heure sonne de la communion aux souffrances de Christ pour le salut des perdus. Alors l’être intérieur tout entier, animé des compassions de Dieu, sera peut-être amené à plaider pour une nation comme Jérémie ; ou bien à travailler à la formation de Christ dans les âmes comme l’apôtre Paul ; ou encore à manifester l’amour de Dieu envers les autres ; à être bon, compatissant, à pardonner comme Dieu nous a pardonnés en Christ (Ephésiens 4 : 32). Il ne pourra pas fermer ses entrailles au frère dans le besoin (1 Jean 3 : 17) ; il ne pourra pas non plus négliger de prier pour les autres avec la tendresse de Jésus-Christ (Philippiens 1 : 8). Enfin, il est prêt à donner sa vie aux frères, à exercer la miséricorde envers tous ; bien qu’aimant davantage, il soit moins aimé.
    Comment cela se peut-il faire ? Par la foi. "Celui qui croit en moi, dit Jésus..." II y a là une foi qui unit celui qui croit à son Sauveur. C’est plus qu’un acquiescement mental, plus que le fait de croire à une autre personne. "Quand j’aurai été élevé de la terre, dit Jésus, j’attirerai tous les hommes à moi" (Jean 12 : 32-33).
    Ainsi le Seigneur sur la croix attire le racheté qui croit en Lui ; et le sauvé est uni au Sauveur, en sa mort. Il est planté avec Lui en Sa mort (Romains 5 : 5), ou bien encore greffé en Lui au Calvaire, afin d’être fait participant de Sa Vie. Une seule vie désormais pour la greffe et la plante où elle a été insérée. La greffe est solidement maintenue par des liens. Ici, les liens de la foi et du don total de soi-même.
DÉPOUILLÉ ! REVÊTU ! UNI AU CHRIST, EN SA MORT ! DÉSORMAIS UNE MÊME PLANTE AVEC LUI ! FAIT PARTICIPANT DE SA VIE, LA VIE DIVINE ! Telles sont les étapes par lesquelles le Saint-Esprit conduit le racheté. Dès lors, des fleuves d’eau vive coulent de celui-ci ; en réalité de Jésus. Car le racheté est une même plante avec son Sauveur, CELUI QUI EST LA VIE.
    Uni au cœur brisé du Sauveur en faveur d’un monde perdu, le racheté est constamment livré à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie de Jésus puisse être manifestée dans sa chair mortelle. "La mort agit en nous, mais la vie en vous", dit l’apôtre. La vie du Christ en abondance, en faveur des autres.
    "C’est du cœur que procèdent les sources de la vie", écrit Salomon. Et ceci est magnifiquement illustré par l’Amour dont nous sommes aimés, et comme enveloppés. "Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils Unique, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle" (Jean 3 : 16).
    Et le Fils a tellement aimé le monde qu’Il a donné Sa vie pour le racheter ; perdu, Il le ramène à Dieu. "Personne ne m’ôte la vie, dit-Il, je la donne de moi-même". "Il partagera le butin avec les puissants, parce qu’il s’est livré lui-même à la mort, qu’il a porté les péchés de beaucoup d’hommes, et qu’il a intercédé pour les coupables" (Esaïe 53 : 12).
Tous ceux qui sont unis à Lui, Jésus les fait passer de la puissance des ténèbres à la lumière. Mais c’est de Son cœur brisé que procèdent les sources de la Vie ; de Sa Vie pour un monde qui meurt. Sa Vie qu’Il manifeste maintenant par ceux qui sont plantés avec Lui en Sa croix ; une même plante avec Lui.

CHAPITRE VI

L’unité que Christ a achetée de Sa Vie.

    Nous avons, dans l’épître aux Ephésiens, un nouvel aspect du sacrifice de Jésus. "Son dessein fut d’unir en Lui les deux fractions de l’humanité, pour former un homme nouveau, en faisant la paix ; et, en réconciliant Juifs et Gentils en un seul corps pour Dieu, par le moyen de Sa Croix. Par là, Il détruisit leur mutuelle inimitié". (Ephésiens 2 : 16, Traduction Weymouth). Autre traduction : "Afin de créer, avec les deux, un seul homme nouveau, en établissant la paix ; et de les réconcilier l’un et l’autre en un seul corps avec Dieu par la croix, en détruisant par elle l’inimitié" (Version Segond).
C’est la croix qui est à la base de cette unité entre les croyants : l’homme et l’homme ; l’homme et Dieu. C’est de la Croix que jaillit toute lumière et toute vie pour l’Église et pour le monde. Mais arrêtons-nous quelque temps sur le dessein d’union de Jésus en donnant Sa vie au Calvaire. Laissant la gloire du ciel, Il descendit ici-bas, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même la mort de la Croix.
    Par là Il détruisit toute inimitié entre les croyants, et même entre tous les hommes. Et cela est vrai pour tous les siècles, si seulement les enfants de Dieu acceptent le message de la Croix pour leur propre délivrance.
    Au moment où l’apôtre écrivait ce message, l’humanité était divisée en deux parties : les Juifs et les païens ; les circoncis et les incirconcis. Les circoncis portaient en leur corps la marque qui les séparait des autres hommes pour Dieu. A eux appartenaient l’Alliance, les promesses, et les autres privilèges d’Israël. Les incirconcis, les Gentils, c’était le reste du monde ; tout ce qui ne faisait pas partie du peuple élu. Mais les uns et les autres descendaient du premier homme, Adam ; les uns et les autres, également tombés, avaient besoin d’un Sauveur qui les délivre du péché.
   La différence entre eux était surtout extérieure. La circoncision est faite par la main des hommes. Le mur de séparation n’était pas d’ordre spirituel ; la loi des préceptes et des ordonnances non plus.
Le Fils de Dieu vint pour unir les uns et les autres, et créer en Lui un homme nouveau. La séparation entre Juifs et Gentils était d’ordre surtout religieux. Il y avait pour le Juif une question de conscience et d’obéissance aux commandements de Dieu. Chez le Gentil il y avait ignorance, ou manque de sympathie, pour ce que le Juif considérait comme essentiel. En apparence, l’union entre les uns et les autres était impossible. Et cependant, le dessein de Christ, c’est de les réunir ; et la Croix est tout à la fois l’endroit et le moyen de cette union.
    Là, une nouvelle race fut créée, dont le Chef est le second Adam, le Fils de Dieu, l’Homme-Dieu. Cette nouvelle création est à Son image ; elle est celle des fils de Dieu dans le Christ Jésus. Sur la Croix, en la Personne du Rédempteur, Juifs et Gentils doivent être crucifiés et mourir. "Si quelqu’un est EN CHRIST, il est une nouvelle création". "Et c’est en Lui que Juifs et Gentils ont accès auprès du Père, par un même Esprit" (Ephésiens 2 : 18, Weymouth).
    Ce message est-il aussi pour les Chrétiens de ce XXIe siècle ? Certainement oui ! Il proclame que LA CROIX EST LE TERRAIN DE L’UNITÉ et son moyen. Quiconque est crucifié avec Christ, planté avec Lui en Sa mort, est une nouvelle création. Unis au Seigneur ressuscité, les Chrétiens sont aussi unis les uns aux autres, en nouveauté de vie.
Jésus a détruit par Sa mort l’inimitié qui existe entre Juifs et Gentils. Pouvons-nous dire qu’Il a aussi détruit celle qui existe entre Chrétiens et Chrétiens, lesquels, dans leur vie religieuse, marchent selon la chair ?
    La vieille création doit mourir, pour faire place à la nouvelle, selon l’image de Celui qui l’a créée. "En Lui, il n’y a plus ni Grec ni Juif, ni circoncis, ni incirconcis, ni barbare, ni Scythe, ni esclave, ni libre, mais Christ est tout en tous" (Colossiens 3 : 10-11). "Baptisés en Christ, il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car tous, vous êtes UN en Christ Jésus" (Galates 3 : 27-28).
    Devant ces déclarations, nous comprenons que la Croix soit une pierre d’achoppement ; et que son message soit comparé à une épée ou à un couteau qui taille profondément dans l’orgueil de la vieille création (la vieille nature). Le remède que Dieu donne pour les divisions, la désunion, n’est pas un remède superficiel. L’idéal moderne d’union de la chrétienté ne le satisfait pas ; car l’union y manque totalement. Par la Croix, il détruit l’inimitié entre Chrétiens, qui considèrent en étrangers d’autres Chrétiens, lesquels n’emploient pas leur schibboleth.
Accepter cette vérité qu’il serait malaisé de rejeter, et la vivre, sont deux choses. Cependant, nous sommes exhortés à ne pas être seulement des auditeurs oublieux de la Parole, mais d’obéir selon la lumière communiquée. Autrement, nous méritons les reproches du Seigneur aux Pharisiens : ils disent, et ne font pas. Toutefois, lorsque nous voulons obéir implicitement à la lumière reçue et vivre selon les principes de la Croix, nous découvrons qu’elle est un scandale.
    L’obéissance possible est uniquement EN CHRIST JÉSUS. Nous avons été baptisés en Sa mort (Romains 6 : 3). "Nous avons revêtu Christ". En Lui, il ne peut y avoir ni distinctions, ni divisions, ni préventions, ni préférences. Avec quelle force l’apôtre parle aux Chrétiens de son temps. La Croix, leur dit-il, les sépare du monde, de ses façons de faire, de ses ambitions, de ses plans. Par la Croix, ils ont échappé aux rudiments du monde concernant la manière d’adorer Dieu : aux règles, aux injonctions, aux doctrines humaines (Colossiens 2 : 20-23). Par la Croix, ils ne sont plus ni Juif ni Gentil, en guerre l’un avec l’autre, concernant les ordonnances religieuses. Dans la mesure où nous sommes plantés avec Christ en Sa mort, nous réalisons la puissance de la Croix pour nous affranchir de toutes ces choses.
    Quelle est la portée de ce message pour nous, dans nos conditions actuelles ? Cet aspect de la Croix du Calvaire a une importance infinie pour le Chef ressuscité. L’Esprit éternel est à l’œuvre dans les membres du Corps désirant ardemment amener chacun d’eux à la place qu’il doit occuper. Chacun, étant parfaitement uni à la Tête et aux membres du Corps, peut croître normalement. "C’est de Christ, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné, et formant un solide assemblage, tire son accroissement, et s’édifie lui-même dans la charité" (Ephésiens 4 : 16).
    Si chacun cède à la puissance de la Croix pour détruire toute inimitié : opposition de la vieille création qui se manifeste par des préventions, des préférences, de l’orgueil, de l’obstination, de l’étroitesse, toutes ces causes de division et de désunion disparaissent insensiblement entre les membres vivants du Corps de Christ.
    Mais que penser des positions prises par de véritables enfants de Dieu, positions qui séparent, qui empêchent toute union, et qui sont à vues humaines sans réconciliation possible ? Comment ces brèches ouvertes dans le Corps de Christ peuvent-elles être fermées ? Spirituellement parlant, Ephésiens chapitre deux donne la réponse. Oui, elles peuvent l’être, elles doivent l’être à la Croix, place de l’Unité. "Et comment les fermer ?" demande-t-on. Le fait d’accepter le message de la Croix implique la réception de l’Esprit de l’Agneau et sa manifestation en faveur des autres. A ceci, quelques Chrétiens répondent : "Encore faut-il que les autres aient aussi l’Esprit de Jésus, qui détruit l’inimitié. Pour fermer les brèches dont il est ici question, il faut être deux, il faut travailler des deux côtés de la barrière pour qu’elle soit abattue, et la brèche réparée".
    Que dit la Bible ? Les exemples, les faits, les enseignements qu’elle renferme, révèlent l’Esprit de Jésus à ceux qui, vraiment, veulent être rendu conformes à Lui en Sa mort. La vie de Jésus mourant révèle ce que doit être la nôtre.
    En résumé, l’esprit qui conduit à répandre sa vie pour les autres, à être en bénédiction à ceux qui refusent d’être réconciliés, à prier pour ceux qui vous font du mal, à bénir ceux qui vous maudissent, à faire du bien à ceux qui vous haïssent, à aimer ses ennemis sans jamais désespérer d’aucun d’eux, bref, l’esprit qui conduit à agir pour les autres COMME CHRIST A AGI POUR NOUS, QUAND CLOUE AU BOIS D’INFAMIE, IL FUT COMME UN AGNEAU AU MILIEU D’UNE BANDE DE LOUPS, tel est l’Esprit de la Croix, l’Esprit de l’Agneau, celui qui doit animer les rachetés.
    C’est d’ailleurs l’enseignement central du Sermon sur la Montagne qui donne les lois du Royaume pour ceux qui, en Jésus, sont déjà dans le Royaume. "Conduisez-vous de telle manière que le monde voie que vous êtes enfants de votre Père qui est dans les cieux". "Il fait luire son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes". Nous sommes aussi invités à manifester l’esprit de l’Agneau envers tous : les bons et les méchants. Dieu a aimé le monde qui s’était révolté contre Lui, en choisissant d’obéir à Satan plutôt qu’à son Créateur. Dieu a donné ce qu’Il avait de meilleur, Son Fils unique, pour sauver ce qu’il y avait de pire. Unis au Seigneur ressuscité, nous devons aimer. Nous n’avons pas à ignorer ou à fuir ceux qui nous haïssent et nous persécutent, mais nous devons les aimer. Que l’inimitié subsiste chez des enfants de Dieu, c’est possible, mais qu’il n’y ait pas d’inimitié mutuelle. Si d’autres vous traitent en ennemis, laissez triompher en vous l’Esprit de la Croix. Gardez le silence, attendant que Dieu Lui-même agisse.
Quelqu’un a écrit : "Il m’est arrivé de fuir une situation intenable. Dieu m’a montré que je devais retourner d’où je venais. Mais à ce jour, ceux que j’avais fuis n’ont pas changé. L’inimitié est toujours la même, et je n’ai rien pu arranger..."
    Cependant, la Croix demeure le terrain et le moyen pour détruire l’inimitié. Il faut aimer quand même ceux qui refusent d’être réconciliés. Une vie patiente, fidèle, silencieuse, vécue quotidiennement pour eux, amassera des charbons de feu sur leurs têtes (Romains 12 : 20). Tôt ou tard, les charbons (les remords) feront l’œuvre nécessaire, et la brèche sera réparée.
    Ainsi, nous le constatons à nouveau, il faut que l’œuvre accomplie par le Seigneur au Calvaire soit comme reproduite constamment dans nos vies. Que ce ne soit pas seulement un consentement, une acceptation d’être rendu conforme à Christ, en Sa mort, mais un humble acquiescement à la Providence de Dieu qui, dans Sa sagesse, permet les jugements défavorables, les incompréhensions, même la méchanceté et la persécution, pour que nous puissions manifester que nous avons vraiment l’esprit de la Croix. Comment pourrions-nous manifester l’Esprit de l’Agneau, si nous n’étions pas placés dans des milieux difficiles, si nos circonstances n’étaient pas impossibles, humainement parlantes ?
--Le dessein divin c’est d’unir.
--Celui du diable, c’est de diviser.
--La Croix est la place de l’union, et de l’Unité.
    Cette union de ceux qui vivent séparés a coûté la vie du Fils de Dieu. Sachons entrer dans le but qu’Il poursuit et vivre pour cette unité qu’Il a si chèrement achetée. Plantés en Lui, vivant de Lui, que Sa prière devienne aussi la nôtre, jusqu’à ce que, dans notre union avec Lui, toute inimitié disparaisse par la puissance de Sa mort ; parce que nous aimons l’Église comme Il l’a aimée, et que nous sommes prêts à achever en notre vie les souffrances de Christ pour Son Corps, l’Église.
Ainsi, selon notre mesure, nous réparerons les brèches, et nous préparerons les chemins, selon la volonté de Celui qui est venu pour supprimer toute inimitié, et abattre le mur de séparation. Alors, le cœur de Jésus sera satisfait.

Jessie Penn-Lewis