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Yves PETRAKIAN
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(tiré
du livre LES SERMONS DE WESLEY -1- )
Malachie
3,7 (1746)
«
Vous vous êtes écartés de mes ordonnances, et vous ne les avez
point observées». (Malachie 3 : 7)
I
Y
a-t-il encore des ordonnances, y en a-t-il depuis que « la vie et
l'immortalité ont été mises en évidence
par l’Évangile (2 Timothée 1 : 10) ? » Y a-t-il, sous
la dispensation chrétienne, des moyens qui aient été
ordonnés, institués par Dieu, pour être le véhicule ordinaire de
ses grâces ? Seul un païen déclaré eût pu faire une
pareille question dans l'Eglise apostolique, puisque tous les
chrétiens s'y accordaient à croire que Jésus-Christ avait
établi certains moyens extérieurs en vue de transmettre sa
grâce à l'âme humaine. A cet égard, leur pratique constante
suffit pour mettre la chose hors de doute ; car si, d'un côté,
« tous ceux qui croyaient étaient ensemble dans un même lieu, et
avaient toutes choses communes (Actes 2 : 44) », de l'autre et
non moins constamment, « ils persévéraient dans la doctrine
des apôtres, dans la communion, dans la fraction du pain et dans les
prières (Actes 2 : 44) ».
Mais,
avec le temps, « l'amour de plusieurs s'étant refroidi (1 Timothée
1 : 5) », il y en eut qui commencèrent à prendre les
moyens pour le but et à faire consister la religion plutôt
dans l'accomplissement de ces oeuvres extérieures que dans le
renouvellement de l'âme à l'image de Dieu. Ils oubliaient que
« le but, du commandement (quel qu'il soit), c'est l'amour qui
procède d'un coeur pur... et d'une foi sincère (Matthieu 24 :
12) ; » c'est que nous aimions l’Éternel notre Dieu de
tout notre coeur et notre prochain comme nous-mêmes; c'est que
nous soyons purifiés de l'orgueil, de la colère, de la
convoitise par une foi que Dieu lui-même produit en nous. D'autres
paraissent avoir cru que ces moyens extérieurs, tout en ne
constituant pas l'essence de la religion, contenaient
pourtant quelque chose qui était agréable à Dieu, quelque
chose qui devait leur faire trouver grâce devant lui, lors même
que leur conduite fût défectueuse à l'endroit des « choses les
plus importantes de la loi, la justice, la miséricorde
(Matthieu 23 : 23) » et l'amour de Dieu.
Il
est bien évident que dans le cas de ceux qui en abusèrent ainsi,
ces moyens n'atteignirent pas le but pour lequel ils
avaient été institués ; il arriva même que ce qui eût dû leur
faire du bien, fut pour ces hommes une occasion de chute. Loin
qu'ils y trouvassent une bénédiction, ils ne firent qu'attirer
par là une malédiction sur leur tête ; au lieu d'en devenir plus
célestes par le coeur et par la vie, ils se trouvèrent être
deux fois plus dignes de l'enfer qu'auparavant. Et alors
d'autres individus, voyant à n'en pas douter que l'emploi de
ces moyens ne procurait pas la grâce de Dieu à ces enfants du
diable, se hâtèrent de tirer de ce fait particulier une conclusion
générale, celle que ce n'étaient point là des moyens
assurés de recevoir les grâces divines.
Le
nombre de ceux qui faisaient cet abus des ordonnances du Seigneur fut
pourtant bien plus considérable que celui des individus
qui les négligeaient, jusqu'au jour où parurent certains
hommes d'une haute intelligence, parfois d'un très grand
savoir, et aussi, semblait-il, possédant l'amour et connaissant
par expérience la vraie religion, la religion du coeur. Quelques-uns
de ces hommes furent des flambeaux allumés et brillants, des
personnages célèbres dans leur temps et qui méritaient bien
l'estime de l'Église chrétienne ; car ils s'étaient mis à la
brèche pour résister au débordement de l'impiété.
On
doit supposer que tout ce que se proposaient ces saints hommes, ces
hommes vénérables, c'était, du moins à l'origine, de
prouver que la religion extérieure n'a aucune valeur sans la
religion du coeur ; de rappeler que « Dieu est esprit et qu'il
faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité
(Jean 4 : 24) ; » que, conséquemment, le culte extérieur est du
travail en pure perte, aussi longtemps que le coeur n'est pas
consacré à Dieu ; que les ordonnances visibles du Seigneur
sont utiles et même très utiles, lorsqu'elles contribuent aux
progrès de la sainteté intime ; mais que si elles n'y
contribuent pas, elles sont inutiles et vaines, elles sont plus
légères que le néant ; que même, si ces choses sont mises en
quelque sorte à la place de cette sainteté du coeur, elles
sont absolument abominables devant Dieu.
Il
ne faut pas s'étonner de ce que, parmi ces hommes, il s'en soit
trouvé qui, étant profondément convaincus qu'on avait,
de cette façon, profané horriblement les ordonnances de Dieu, que
l'Église entière était infectée de ce mal, et que cela avait
à peu près banni du monde toute vraie religion, parlèrent,
dans leur zèle ardent pour la gloire de Dieu et en vue de retirer
les âmes d'une illusion aussi fatale, parlèrent, dis-je, comme
si la religion extérieure n'était absolument rien, n'avait aucune
place dans la religion chrétienne. Nous ne devons pas être surpris
de ce qu'ils n'ont pas toujours exprimé leurs opinions avec
assez de modération, à tel point que des auditeurs
sans discernement ont pu croire qu'ils rejetaient tous les
moyens extérieurs comme tout à fait inutiles, comme n'ayant
pas été choisis par Dieu pour être le véhicule ordinaire de sa
grâce à l'égard de nos âmes.
Il
n'est point impossible que quelques-uns de ces saints hommes aient
fini par croire cela eux-mêmes, surtout ceux qui, par
une dispensation de la Providence et non point
volontairement, étaient séparés de toutes ces ordonnances du
culte, errant peut-être çà et là sans domicile certain, se
cachant dans les grottes et les antres de la terre. Ces personnes, se
sentant visitées par la grâce divine malgré l'absence de tous
moyens extérieurs, ont dû supposer que cette grâce
serait également accordée à ceux qui, de propos délibéré,
renonceraient à l'emploi de ces moyens.
On
découvre, d'ailleurs, en consultant, les faits, combien facilement
ces idées gagnent les esprits et s'y insinuent ; c'est
surtout le cas de ceux qui ont été sérieusement réveillés du
sommeil de la mort et qui commencent à sentir que le fardeau de
leurs péchés est trop lourd pour eux. Ces personnes-là sont.
généralement mécontentes de leur état ; elles s'efforcent par
divers moyens d'en sortir, et elles sont toutes disposées à se
jeter sur la première nouveauté qui se présentera et leur
promettra le soulagement et le bonheur. Elles ont sans doute
essayé de tous les moyens extérieurs, sans y trouver aucun
soulagement ; peut-être, au contraire, y ont-elles rencontré un
accroissement de leurs remords et de leurs craintes, de leur
chagrin et de leur condamnation. Il ne sera donc pas difficile
de les convaincre qu'il vaut mieux qu'elles cessent d'employer ces
moyens. Elles sont déjà lasses de lutter sans résultat
apparent, d'endurer la fournaise : aussi accueillent-elles avec
plaisir l'occasion de mettre de côté des devoirs qui n'ont
aucun attrait pour leur âme, de se retirer d'un combat qui est
pénible et de retomber dans l'inaction et l'insouciance.
II
Je me propose, dans ce discours, d'examiner d'une façon générale s'il y a des moyens de grâce. Par moyens de grâce j'entends des signes, des paroles, ou des actes que Dieu a institués et établis expressément en vue d'en faire le canal par lequel il communiquerait habituellement aux hommes sa grâce qui prévient, qui justifie, qui sanctifie.
Si
j'emploie l'expression moyens de grâce, c'est que Je n'en connais
pas de meilleure ; c'est parce que, depuis des siècles ;
elle a cours dans l'Eglise chrétienne, et en particulier dans
notre communion, qui nous recommande de bénir Dieu « pour les
moyens de grâce et pour l'espérance de la gloire », et nous
enseigne qu'un sacrement est « le signe extérieur d'une grâce
intérieure, et un moyen de recevoir cette grâce ».
Les
principaux de ces moyens sont la prière, soit en secret soit « dans
la grande assemblée (Psaume 11 : 10) » , l'étude de la
parole de Dieu (comprenant la lecture et la méditation de cette
parole, ainsi que l'assiduité aux prédications), et enfin la
participation à la sainte Cène, où l'on mange le pain et boit
le vin en mémoire de Jésus. Tels sont les moyens de grâce que nous
considérons comme des ordonnances du Seigneur, et comme étant
le véhicule ordinaire de sa grâce aux âmes.
Mais
nous admettons parfaitement que ces moyens n'ont de valeur qu'autant
qu'ils conduisent au véritable but de la religion ; que,
conséquemment, si on les détourne de ce but, ils sont moins
que rien ; que, s'ils ne tendent pas d'une manière effective à
produire la connaissance de Dieu et l'amour pour Dieu, ces
moyens ne sauraient lui plaire et deviennent plutôt une abomination
devant lui, « une puanteur à ses narines (Amos 4 : 10) », de
elle sorte qu'il est « las de les souffrir (Esaïe 1 : 14) ».
Et
surtout si on emploie ces moyens comme une sorte d'équivalent de la
religion, dont ils devaient être les auxiliaires, rien
ne pourrait exprimer tout ce qu'il y a de folie et de crime à
tourner ainsi contre Dieu les armes de Dieu lui-même, à
exclure de l'âme la vie religieuse en se servant précisément
des moyens destinés à l'y introduire.
Nous
devons aussi admettre que tous les moyens extérieurs, quels qu'ils
soient, s'ils ne sont accompagnés par l'Esprit de Dieu
ne peuvent être de la moindre utilité, ne peuvent produire
en aucune mesure la connaissance et l'amour de Dieu. Il est
incontestable que c'est de Dieu que vient tout notre secours
ici-bas. C'est lui seul qui, par sa puissance infinie, produit en
nous ce qui lui est agréable ; aussi toutes ces choses
extérieures sont de « faibles et misérables rudiments (Galates 4 :
9) » à moins qu'il n'opère en eux et par eux. Si donc
quelqu'un se persuade qu'un moyen quelconque possède par
lui-même quelque vertu, il se trompe gravement, « ne comprenant pas
les Écritures, ni la puissance de Dieu ». (Matthieu 22 :
29). Nous savons, en effet, qu'il ne saurait, y avoir aucune
vertu propre et particulière dans les paroles prononcées en
priant, dans la lettre de la Bible qu'on lit ou qu'on entend
lire, dans le pain et le vin qu'on reçoit à la sainte Cène ; c'est
Dieu seul qui est l'auteur de tout don parfait, la source de
toute grâce ; toute vertu efficace vient de lui et, par le canal
de l'un ou l'autre de ces moyens, peut transmettre à notre âme
telle ou telle bénédiction de Dieu. Nous savons aussi que Dieu
pourrait nous conférer directement ces mêmes bénédictions s'il
n'existait aucun moyen visible. Et, dans un certain sens, nous
pourrions dire que pour Dieu il n'y a pas de moyens, attendu
que, pour accomplir ce qu'il veut, il peut s'en servir ou bien s'en
passer.
Il
faut encore admettre que l'emploi de tous les moyens du monde ne
saurait expier un seul péché ; que c'est uniquement par
le sang de Jésus-Christ que le pécheur peut trouver grâce devant
Dieu ; car il n'y a point d'autre propitiation pour nos péchés,
point d'autre source ouverte pour le péché et pour la
souillure (Zacharie 13 : 1) ». Tous ceux qui croient en Jésus sont
profondément convaincus qu'il n'y a de mérites qu'en lui,
qu'il n'y en a point dans leurs oeuvres à eux, ni dans les prières
qu'ils prononcent, ni dans la Bible qu'ils lisent ou qu'ils
entendent expliquer, ni dans le pain qu'ils rompent et la coupe
dont ils boivent. Quand donc certaines personnes ont dit : «
Jésus-Christ est le seul moyen de grâce », si elles ont voulu
dire qu'il est par ses mérites l'unique auteur de la grâce, il n'y
a rien là qui puisse être contesté par ceux qui connaissent
cette grâce du Seigneur.
Nous
devons également reconnaître, bien que le fait soit lamentable,
qu'un trop grand nombre de ceux qui portent le nom de
chrétiens, font des moyens de grâce un usage si abusif qu'il tend à
la perdition de leur âme. Cela est, vrai, incontestablement, de
tous ceux qui se contentent d'avoir la forme de la piété sans
en posséder la force. Peut-être se croient-ils déjà chrétiens, à
cause de ceci ou de cela qu'ils pratiquent ; mais Jésus-Christ
n'a jamais été manifesté à leur coeur, et l'amour de Dieu
n'y a jamais été répandu. Peut-être aussi s'imaginent-ils que,
s'ils ne sont pas encore chrétiens, ils ne peuvent manquer de
le devenir en faisant usage de ces moyens ; ils vivent, sans s'en
rendre bien compte peut-être, dans cette illusion que les
moyens renferment une sorte de vertu qui, tôt ou tard, mais on
ne sait quand, aura pour effet de les rendre saints. Ou bien encore
ils se persuadent qu'une sorte de mérite accompagne l'emploi de
ces moyens de grâce, et que ce mérite déterminera Dieu à
leur accorder la sainteté, ou bien à les recevoir sans cela.
Combien
peu ces hommes ont compris le principe fondamental de tout l'édifice
du christianisme : « Vous êtes sauvés par grâce
(Ephésiens 2 : 8) ; » c'est-à-dire : Vous êtes sauvés de vos
péchés, de la condamnation et de la domination du péché,
vous retrouvez la faveur et l'image de Dieu, non par vos oeuvres
ou par vos mérites, mais par la pure grâce, la pure miséricorde de
Dieu et à cause des mérites de son Fils bien-aimé ; vous êtes
sauvés, conséquemment, non point par quelque puissance, quelque
sagesse ou quelque force qui réside en vous, mais uniquement par la
grâce et la puissance du Saint-Esprit qui opère tout en tous.
Mais
reste à résoudre la question principale, que quelqu'un qui sent
qu'il ne jouit pas de ce salut pourrait formuler ainsi :
« Nous savons que ce salut est le don de Dieu et son oeuvre ; mais
comment l'obtenir ? » Si vous répondez : « Crois, et tu seras
sauvé » ; on vous répliquera : « C'est bien, mais comment
ferai-je pour croire ? » Vous dites alors : « Cherchez le Seigneur
». Mais on réplique : « Sans doute ; mais de quelle façon
faut-il le chercher ? Est-ce par les moyens de grâce ou sans eux
? Cette grâce de Dieu qui apporte le salut, dois-je l'attendre dans
la pratique de ces moyens, ou bien en les mettant de côté ?
Il
n'est pas permis de supposer que la parole de Dieu nous laisse dans
l'obscurité sur un point aussi important. On ne peut pas
croire que le Fils de Dieu, qui est descendu du ciel par amour pour
nous, pour nous sauver, ne nous ait pas fourni lui-même la
solution d'une question qui intéresse si directement notre
salut.
Et
de fait il a décidé la question et nous a montré le chemin que
nous devons suivre. Il n'y a qu'à consulter les oracles
divins, à examiner ce qui y est écrit ; aucun doute ne nous
restera, à la condition que nous nous soumettions tout
simplement aux décisions de la Bible.
III
Pour se conformer aux décisions de la parole du Seigneur, tous ceux qui aspirent à posséder la grâce de Dieu doivent la chercher et l'attendre en employant les moyens qu'il a lui-même institués, et non en les négligeant volontairement.
Premièrement,
tous ceux qui désirent recevoir la grâce divine doivent l'attendre
dans la voie de la prière. Notre Seigneur l'a déclaré
lui-même expressément. Dans son Discours sur la Montagne,
après avoir expliqué d'une manière générale en quoi
consiste la religion et en avoir décrit les principales branches,
il ajoute :
« Demandez, et on vous donnera ; cherchez, et, vous trouverez ; heurtez, et on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; et qui cherche, trouve ; et l'on ouvre à celui qui heurte (Matthieu 7 : 7,8) ».
Dans ces paroles nous sommes très clairement invités à demander pour recevoir, à demander comme moyen de recevoir ; à chercher, afin de trouver la garce de Dieu, cette perle de grand prix ; à heurter enfin, c'est-à-dire à continuer de demander et de chercher, si nous désirons entrer dans le royaume des cieux.
Pour
ne laisser subsister aucune incertitude à cet égard, notre Sauveur
développe sa pensée d'une façon plus détaillée. Il
en appelle au coeur de tout homme : « Et quel est l'homme d'entre
vous qui donne une pierre à son fils, s'il lui demande du pain
? Et s'il lui demande du poisson, lui donnera-t-il un serpent ?
Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner à vos enfants de
bonnes choses, combien plus votre Père qui est dans les cieux
(le Père des anges et des hommes, le Père des esprits de
toute chair), en donnera-t-il de bonnes à ceux qui les lui
demandent (Matthieu 7 : 9-11) ? ». Ou, comme il dit dans une
autre circonstance, résumant tous les biens dans un seul : «
Combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à
ceux qui le lui demandent (Luc 11 : 13) ? » Il convient de
faire observer ici ce fait que ceux que Jésus engageait à demander,
n'avaient pas encore reçu le Saint-Esprit ; mais qu'il les
exhorte à employer ce moyen de la prière et leur promet qu'il
sera efficace, qu'en demandant ils recevront le Saint-Esprit, de la
part de celui dont ta bonté est par-dessus toutes ses oeuvres.
L'absolue
nécessité qui existe pour nous d'employer ce moyen pour recevoir
les dons de Dieu, quels qu'ils soient, ressort encore
mieux du passage biblique qui précède celui que nous venons de
citer.
Jésus
venait d'enseigner à ses disciples comment il faut prier. « Puis il
leur dit : Si quelqu'un de vous avait un ami, qui vint le
trouver à minuit, et qui lui dit : Mon ami, prête-moi trois
pains... ; et que cet homme, qui est dans sa maison, lui
répondit : Ne m'importune pas... ; je ne saurais me lever pour
t'en donner ; je vous dis que, quand même il ne se lèverait pas
pour lui en donner, parce qu'il est son ami, il se lèverait à
cause de son importunité, et lui en donnerait autant qu'il en
aurait besoin. Et moi, je vous dis : Demandez, et on vous
donnera (Luc 9 : 5-9) ». Comment notre bon Sauveur eût-il pu
nous révéler que l'emploi de ce moyen, la requête poussée jusqu'à
l'importunité, nous ferait recevoir de Dieu des dons que nous
ne recevrions pas sans cela, mieux qu'en introduisant ces
paroles : « Quand même il ne se lèverait pas pour lui en donner,
parce qu'il est son ami, il se lèverait à cause de son
importunité, et lui en donnerait autant qu'il en aurait besoin ? »
«
Jésus leur dit aussi cette parabole, pour montrer qu'il faut
toujours prier, et ne se relâcher point », et que, par ce
moyen, ils obtiendraient du Seigneur tout ce qu'ils demanderaient en
priant :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait point Dieu, et qui n'avait aucun égard pour
personne.
Il y avait aussi dans cette ville-là une veuve qui venait souvent à
lui, et qui lui disait : Fais-moi justice de ma partie
adverse. Pendant longtemps il n'en voulut rien faire. Cependant il
dit enfin en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu, et
que je n'aie aucun égard pour aucun homme ; néanmoins, parce
que cette veuve m'importune, je lui ferai Justice, afin qu'elle ne
vienne pas toujours me rompre la tête (Luc 18 : 1-5) ».
Notre Seigneur fait l'application de cette parabole quand il dit : « Ecoutez ce que dit ce juge injuste », c'est-à-dire : Puisqu'elle persiste à demander, puisqu'elle ne se laisse pas rebuter par des refus, eh bien ! Je la vengerai. « Et Dieu ne vengera-t-il point ses élus, qui crient à lui Jour et nuit... ? Je vous dis qu'il les vengera bientôt (Luc 18 : 6-8) », s'ils prient toujours et ne se relâchent point.
En
même temps qu'une recommandation expresse et explicite d'attendre
les grâces de Dieu dans l'attitude de la prière, nous
trouvons une promesse positive d'être exaucés si nous employons
ce moyen, dans ces paroles bien connues de Jésus : « Mais toi,
quand tu pries, entre dans ton cabinet, et ayant fermé la
porte, prie ton Père qui est dans ce lieu secret ; et ton Père qui
te voit dans le secret te le rendra publiquement (Matthieu 6 :
6) ».
Aucun
précepte ne saurait être plus clair, à moins que ce ne soit celui
que le Seigneur nous a donné par son apôtre au sujet de
la prière sous toutes ses formes, soit en public, soit en
particulier, et au sujet de la bénédiction qui y est attachée
: « Si quelqu'un de vous manque de sagesse, qu'il demande à
Dieu, qui donne à tous libéralement, sans rien reprocher, et elle
lui sera donnée (Jacques 1 : 5) ». Mais il faut demander. «
Vous n'avez pas (ce que vous désirez), parce que vous ne
demandez pas (Jacques 4 : 2) ».
Peut-être
dira-t-on : « Mais ces conseils ne s'adressent qu'à des croyants,
et non à ceux qui n'ont pas encore reçu le pardon du
Seigneur ; car l'apôtre ajoute « Mais qu'il demande avec foi », ou
bien « qu'il ne s'attende pas à recevoir aucune chose du
Seigneur (Jacques 1 : 6,7) ». Je réponds que l'apôtre lui-même,
comme s'il eût prévu cette objection, a déterminé dans la fin du
verset le sens qu'a ici le mot foi : « Qu'il demande avec foi,
sans hésiter (Jacques 1 : 6) », sans douter, sans douter que
Dieu entend sa prière et accomplira le désir de son coeur.
Il
y aurait absurdité grossière et presque blasphématoire à
attribuer ici au mot foi toute la signification
que l’Évangile y a attachée. Ce serait supposer, en
effet, que le Saint-Esprit recommande à un homme qui sait qu'il
n'a pas cette foi (ici désignée sous le nom de sagesse), de
la demander à Dieu, en lui promettant qu'elle « lui sera
donnée », mais en ajoutant aussitôt qu'elle ne lui sera
accordée que s'il la possède avant de la demander. Une pareille
supposition ne nous révolte-t-elle pas ? Ce passage, tout comme ceux
précédemment cités, nous enseigne donc que tous ceux qui
désirent obtenir la grâce divine doivent la chercher par la voie de
la prière.
En
second lieu, il faut que ceux qui veulent recevoir les bienfaits du
Seigneur les cherchent, en sondant les Écritures.
Le
précepte de Jésus, quant à l'emploi de ce moyen, est tout aussi
clair, tout aussi positif qu'il l'égard de la prière. «
Sondez les Écritures », dit-il aux Juifs incrédules ;
car « ce sont elles qui rendent témoignage de moi ! (Jean 5 :
39) » Et c'était précisément pour qu'ils crussent en lui qu'il
les engageait à sonder les Écritures.
L'objection
que ce n'est point là une recommandation, mais seulement la
constatation du fait qu'ils sondaient les Écritures,
cette objection est de toute fausseté. J'invite ceux qui la font ; à
nous indiquer comment une recommandation eût pu être énoncée
plus clairement que par ces mots. Impossible de renfermer en
moins de mots un précepte absolu.
La
bénédiction attachée par Dieu à l'emploi de ce moyen, est
indiquée dans ce qui est raconté des Béréens qui,
après avoir entendu saint Paul, « examinaient tous les jours
les Écritures, pour savoir si ce qu'on leur disait y était
conforme. Plusieurs donc d'entre eux crurent (Actes 17 : 11,12) ; »
ils trouvèrent la grâce de Dieu en employant un moyen qu'il a
prescrit.
Il
est probable que, chez quelques-uns de ceux qui « reçurent la
parole avec beaucoup de promptitude » , la foi vint de
l'ouïe (Romains 10 : 17) », comme a dit saint Paul, et fut
seulement confirmée par la lecture des Écritures. Nous
avons d'ailleurs indiqué plus haut que sonder les Écritures c'est,
pour nous, entendre la prédication de l’Évangile, lire la
Bible et la méditer.
C'est
là un des moyens dont Dieu se sert pour nous donner la vraie
sagesse, mais aussi pour l'affermir et l'augmenter en
nous ; tel est l'enseignement que nous tirons de ces paroles de saint
Paul à Timothée : « Tu as dès ton enfance la connaissance
des saintes lettres qui peuvent, t'instruire pour le salut (te
rendre sage à salut), par la foi qui est en Jésus-Christ (2
Timothée 3 : 15) ». Celte même vérité, savoir que l'étude
de sa parole est le grand moyen institué par Dieu pour communiquer
ses grâces diverses aux hommes, nous est révélée de la façon
la plus complète qu'on puisse imaginer dans les versets qui
suivent celui-là : « Toute l'Ecriture est divinement inspirée » ;
conséquemment toute l'Ecriture est infailliblement vraie ; «
et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger,
pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit
accompli, et parfaitement propre pour toute bonne ouvre (2
Timothée 3 : 16,17) ».
Il
est bon d'observer que ces paroles s'appliquent premièrement, et
spécialement aux Écritures que Timothée
connaissait depuis son enfance, c'est-à-dire à l'Ancien Testament,
le Nouveau n'étant point encore écrit. Saint Paul qui n'était
« en rien inférieur aux plus excellents apôtres (2 Corinthiens 11
: 5) », et conséquemment, je suppose, inférieur à aucun
homme qui soit sur la serre ; était donc bien éloigné de
faire peu de cas de l'Ancien Testament. Faites attention à ceci, de
peur qu'un jour « vous ne soyez étonnés et pâlissiez
d'effroi (Actes 8 : 41) : vous qui tenez si peu de compte d'une
moitié des oracles divins, et précisément de cette moitié au
sujet de laquelle le Saint-Esprit a déclaré qu'elle est «
utile (le Seigneur l'ayant donnée spécialement dans ce but) pour
enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans
la justice, afin que l'homme de bien soit accompli et
parfaitement propre pour toute bonne oeuvre ! » ,
Les
saintes Écritures ne sont pas utiles seulement à «
l'homme de Dieu », , à ceux qui marchent à la clarté
de la face du Seigneur, mais aussi à ceux qui sont dans les ténèbres
et, qui cherchent celui qui est encore pour eux un Dieu inconnu.
C'est ce qu'affirme saint Pierre :
«
Nous avons aussi la parole des prophètes qui est très ferme (qui a
été confirmée par nous qui avons vu la majesté de
Jésus-Christ de nos propres yeux et qui avons entendu la voix qui
venait du milieu de la gloire magnifique), à laquelle (parole
des prophètes : c'est le nom que l'apôtre donne aux
saintes Écritures) vous faites bien de vous attacher, et qui
était comme une lampe qui éclairait dans un lieu obscur,
jusqu'à ce que le jour commençât à luire, et que l'étoile du
matin se levât dans vos cœurs »
Que
tous ceux qui désirent que ce jour commence à luire dans leur
coeur, l'attendent en sondant les Écritures.
En
troisième lieu, pour obtenir une mesure plus abondante de la grâce
divine, il est bon d'être très assidu à la table du
Seigneur. Jésus lui-même nous en a fait cette recommandation.
«
La nuit où il fut livré, il prit du pain, et, ayant rendu
grâces, il le rompit et dit : Prenez, mangez ; ceci est mon corps
(le symbole sacré de mon corps) ;... faites ceci en mémoire de moi.
De même aussi... il prit la coupe et dit : Cette coupe est la
nouvelle alliance en mon sang (le signe sacré de cette alliance)
; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en
boirez. Car toutes les fois que vous mangerez de ce pain et que
vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du
Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne (1Corinthiens 11 : 23-26) ; »
En
faisant cela, vous déclarez ouvertement ce fait par ces signes
visibles, devant Dieu, devant, les anges, devant les hommes ; vous
manifestez solennellement le souvenir de sa mort, jusqu'à ce
qu'il vienne sur les nuées du ciel.
Mais
« que chacun s'éprouve soi-même », s'examine pour voir s'il
comprend la nature et le but de cette institution divine,
et, si réellement il désire être rendu conforme à Jésus-Christ
dans sa mort ; et qu'alors, sans hésiter, « il mange de ce
pain et boive de cette coupe (1 Corinthiens 11 : 28).
Ici,
l'apôtre répète de la façon la plus directe les recommandations
faites précédemment par Jésus : « Qu'il mange,...
qu'il boive » , et ces expressions qui (en grec) sont à
l'impératif, ne caractérisent pas une simple permission
accordée, mais un commandement clair et positif, un commandement
qui s'adresse à tous ceux qui sont déjà pleins de paix et de
joie en croyant, ou qui peuvent dire en toute sincérité : «
Le souvenir de nos péchés nous remplit de douleur, et le fardeau
nous en est insupportable (Confession des péchés, dans le
service de communion de la liturgie de l'Eglise anglicane) ».
Le
fait que la sainte Cène est. aussi un des moyens ordinaires établis
par Dieu pour nous communiquer sa grâce, résulte de ces
paroles de saint Paul dans le chapitre précédent : « La coupe de
bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas la communion (la
participation) au sang de Christ ?
Le
pain que nous rompons n'est-il pas la communion au corps de Christ
(1Corinthiens 10 : 16) ? » Manger de ce pain, boire de
cette coupe, n'est-ce pas un moyen extérieur, visible, dont Dieu se
sert pour communiquer à nos âmes ces grâces spirituelles,
cette justice, cette paix, cette joie par le Saint-Esprit, qui nous
ont été acquises par le corps de Christ rompu pour nous, par le
sang de Christ versé pour nous ? Que tous ceux donc qui
soupirent après la grâce divine mangent de ce pain et boivent de
cette coupe.
IV
Mais,
bien que le Seigneur ait indiqué si exactement le chemin par lequel
il veut qu'on le recherche, les hommes, toujours sages à
leurs propres yeux, ont à plusieurs reprises dirigé contre ces
moyens de grâce une foule d'objections. Il peut être à propos
d'en examiner quelques-unes, non pas qu'elles aient grand poids
par elles-mêmes ; mais parce qu'on s'en est servi, notamment dans
ces derniers temps, pour détourner les faibles du bon chemin,
et même pour troubler et bouleverser ceux qui « couraient bien
» avant que Satan leur fût ainsi apparu « déguisé en ange de
lumière (2 Corinthiens 11 : 14)».
Voici
la principale de ces objections : « On ne peut pas employer ces
moyens sans y mettre sa confiance ». Où cela est-il
écrit dans la Bible ? Je vous le demande, et je vous invite à me
prouver votre assertion par des textes de l'Ecriture sainte ;
sans quoi je ne puis l'admettre, n'étant pas convaincu que vous
êtes plus sage que Dieu !
Si
tel était le cas, Jésus-Christ ne l'aurait pas ignoré. Et, le
sachant, il nous aurait avertis ; il y a bien longtemps
qu'il nous l'aurait révélé. Puisqu'il ne l'a pas fait, puisqu'il
n'y a pas un mot de cela dans les révélations faites par
Jésus, je tiens vos assertions pour aussi fausses que ses
révélations sont divines.
— «
Eh bien, interrompez un peu l'usage de ces moyens, afin de vous
assurer si, oui ou non, vous mettez votre confiance en
eux ». Vous voulez donc que je désobéisse à Dieu pour savoir si
je mets de la confiance dans mon obéissance envers lui ? Vous
avez le courage de me donner un pareil conseil ? Vous voulez de
propos délibéré m'enseigner à « faire du mal pour qu'il en
arrive du bien (Romains 3 : 8) ? » Oh ! craignez d'encourir la
sentence prononcée contre ceux qui enseignent de pareilles choses
; car « leur condamnation est Juste (Romains 3 : 8) ».
— «
Mais si cela vous trouble d'y renoncer, c'est qu'évidemment vous y
avez mis votre confiance ». Point du tout. Si, en
désobéissant volontairement à Dieu, je me sens troublé ; c'est
qu'évidemment son Esprit conteste avec moi ; si le péché
commis volontairement ne me troublait pas, cela serait la preuve
que je suis « livré à un esprit dépravé (Romains 1 : 28) ».
Mais
qu'entendez-vous par y mettre sa confiance ? Voulez-vous dire qu'on
compte y trouver la bénédiction de Dieu ; que je crois
pouvoir obtenir, en les cherchant de cette façon, des grâces que je
n'obtiendrais pas différemment ? C'est bien là ce que je crois. Et,
avec l'aide du Seigneur, je compte bien le croire jusqu'à la
fin de mes,jours. Par la grâce de Dieu, je veux mettre
cette confiance-là en ces moyens de grâce jusqu'au jour de ma
mort, c'est-à-dire que je continuerai à croire que Dieu est
fidèle pour accomplir tout ce qu'il a promis. Et puisqu'il a promis
de me bénir de cette façon, j'ai la confiance que ce sera
selon sa parole.
Mais
voici une seconde objection : « C'est là chercher le salut par les
oeuvres ». Comprenez-vous le sens de cette expression
que vous employez ? Qu'est-ce que le salut par les oeuvres ? Dans les
écrits de saint Paul, cette expression signifie chercher à se
sauver par la pratique des oeuvres cérémonielles de la loi
mosaïque ; elle signifie, aussi croire qu'on sera sauvé à cause de
ses oeuvres personnelles et, par les mérites de sa justice
propre. Mais comment l'un ou l'autre de ces sentiments se
trouve-t-il nécessairement chez moi parce que je cherche le Seigneur
de la façon qu'il a prescrite, parce que je compte le
rencontrer dans le chemin qu'il m'a tracé, et où il a promis que
je le trouverais ?
Sans
doute je compte sur l'accomplissement de sa parole ; je compte qu'il
viendra à ma rencontre dans cette voie et qu'il m'y
bénira. Mais ce n'est point à cause d’œuvres que
j'aurai pu faire ou pour l'amour de ma justice, qu'il le
fera ; ce sera uniquement à cause des mérites, des souffrances,
de l'amour de son Fils en qui il a mis toute son affection.
Une
troisième objection que l'on a soulevée avec beaucoup de fracas,
est celle-ci : « Jésus-Christ est le seul moyen de
grâce ». A cela je réponds que parler ainsi c'est jouer sur les
mots et rien de plus. Dès qu'on veut préciser l'objection,
elle s'évanouit. Quand nous disons que la prière est un moyen
de grâce, nous voulons dire qu'elle est comme un canal par lequel la
bénédiction divine nous arrive. Mais quand vous dites que
Jésus-Christ est le seul moyen de grâce, vous entendez par là
que c'est lui seul qui nous l'a acquise, lui seul qui en a été
le pris ; vous voulez dire que « nul ne va au Père que par lui
(Jean 14 : 6) ». Mais qui est-ce qui le nie ? Vous êtes donc tout à
fait en dehors de la question.
-
« Mais la Bible ne nous recommande-t-elle pas d'attendre le salut ?
David ne disait-il pas : « Quoi qu'il en soit ; mon âme
se repose sur Dieu ; ma délivrance vient de lui (Psaume 62 : 1) ».
Esaïe n'enseigne-t-il pas également la même chose lorsqu'il
dit : «Éternel, nous t'avons attendu ? (Esaïe 26 : 8) » Tout
cela est incontestable. Puisque le salut est un don de Dieu,
évidemment il faut l'attendre de lui ; mais comment l'attendre
? S'il a prescrit lui-même un sentier, croyez-vous pouvoir
en trouver un meilleur ? Or, nous avons déjà montré qu'il a
prescrit un sentier, et ce qu'est ce sentier.
Le
même prophète que vous venez de citer va éclaircir tous nos
doutes, car il s'exprime ainsi : « Éternel, nous
t'avons attendu dans le sentier de tes jugements » (Esaïe 36 : 8)
ou ordonnances. C'est de la même manière que David
l'attendait, comme l'attestent ses propres paroles : « J'ai
attendu ton salut, ô Éternel, et j'ai gardé ta
loi (Cette citation n'a pu être retrouvée – Note du trad.)
».
« Éternel,
enseigne-moi la voie de tes statuts, et je la garderai Jusqu'à la
fin (Psaume 119 : 33) ».
— «
Très bien, disent quelques-uns ; mais Dieu a institué un autre
moyen : « Arrêtez-vous, et voyez la délivrance
de l’Éternel ! (Exode 14 : 13)
Examinons
les passages auxquels vous faites allusion. Voici le premier, avec ce
qui s'y rattache : « Et comme Pharaon était déjà
près, les enfants d'Israël levèrent leurs yeux... et ils eurent
une fort grande peur... Et ils dirent à Moïse : Est-ce qu'il
n'y avait point de sépulcres en Égypte, que tu nous aies
emmenés pour mourir au désert ?... Et Moïse dit au peuple : Ne
craignez point ; arrêtez-vous, et voyez la délivrance de
l'Éternel,... Or, l'Éternel avait dit à Moïse : Parle aux enfants
d'Israël, et dis-leur qu'ils marchent. Et toi, élève ta verge
et étends ta main sur la mer et la fends ; et que les enfants
d'Israël entrent au milieu de la mer à sec (Exode 14 : 10-16) »
Telle
fut la délivrance de l'Éternel ; et ils s'arrêtèrent pour la
voir, mais après avoir marché en avant de toute leur
force !
Voici
maintenant l'autre passage où se trouve cette expression : « On
vint faire ce rapport à Josaphat, et on lui dit : Il est
venu contre toi une grande multitude - de gens de delà la mer...
Alors Josaphat craignit, et se disposa à rechercher l'Éternel,
et il publia un jeûne par tout Juda. Ainsi Juda fut assemblé
pour demander du secours à l'Éternel ; et même on vint de toutes
les villes de Juda pour invoquer l’Éternel. Et Josaphat
tint debout dans l'assemblée de Juda et de Jérusalem, dans la
maison de l'Éternel... Alors l'Esprit de l’Éternel fut
sur Jahaziel.... et il dit : Ne craignez point, et ne soyez
point effrayés à cause de cette grande multitude... Descendez
demain vers eux...
Ce
ne sera point à vous de combattre dans cette bataille ;
présentez-vous et tenez-vous debout, et voyez la
délivrance que l'Éternel va vous donner... Puis ils se levèrent de
grand matin et sortirent...
Et
à l'heure où ils commencèrent le chant du triomphe et la louange,
l'Éternel mit, des embuscades contre les Hammonites, les
Moabites et ceux du mont de Séhir... et ils aidèrent l'un l'autre à
se détruire (2 Chroniques 20 : 2-23) ».
Telle
fut la délivrance que Dieu fit voir aux enfants de Juda. Mais en
quoi cela prouve-t-il que, pour obtenir les grâces du
Seigneur, nous ne devions pas faire usage des moyens qu'il a
institués ?
Je
ne relèverai plus qu'une seule autre objection qui, à vrai dire,
est tout à fait déplacée, mais que je ne puis passer
sous silence, attendu qu'on l'a souvent répétée.
— «
Saint Paul ne dit-il pas : « Si vous êtes morts avec Christ,...
pourquoi vous charge-t-on de ces préceptes (Colossiens 2
: 20 - Dans la version anglaise, il y a : ces ordonnances.) ?» Le
chrétien, étant mort avec Christ, n'a pas besoin de recourir à
des préceptes ou ordonnances ».
Vous
dites donc : « Puisque je suis chrétien, je ne suis pas assujetti
aux ordonnances de Christ ! » Mais rien qu'à énoncer
une pensée aussi absurde, on doit voir qu'il ne peut, pas s'agir ici
des ordonnances de Jésus-Christ, mais des ordonnances du
judaïsme avec lesquelles un chrétien n'a rien à faire.
C'est
ce que montrent aussi les paroles qui suivent ce texte : « Ne mange
point de ceci, n'en goûte point, n'y touche pas
(Colossiens 2 : 21) ; » cela se rapporte évidemment à des
préceptes de l'antique loi des Juifs.
Cette
objection est donc la plus faible de toutes. Et, malgré tout, celte
importante vérité demeure inébranlable, savoir que
tous ceux qui veulent obtenir les grâces du Seigneur doivent les
chercher par l'emploi des moyens qu'il a institués.
V
Mais,
ce principe une fois admis que tous ceux qui veulent obtenir les
grâces du Seigneur doivent les chercher par l'emploi des
moyens qu'il a institués, il reste encore à examiner comment on
doit se servir de ces moyens, dans quel ordre et de quelle façon
ou il faut en user.
Quant
au premier point, il faut remarquer que Dieu lui-même semble suivre
un certain ordre dans l'emploi des moyens dont il se sert
pour amener un pécheur au salut. Ce malheureux, ignorant et insensé,
marchait, à l'aventure, n'ayant point Dieu dans ses pensées ; mais
Dieu est venu le surprendre, en le réveillant peut-être par
quelque prédication ou par un entretien, peut-être par quelque
événement, solennel, ou bien encore par l'action directe de son
Esprit qui convainc, et, sans employer aucun moyen extérieur.
Alors ce pauvre pécheur éprouve le désir de fuir la colère
à venir, et il se rend tout, exprès là où il pourra
apprendre le moyen d'y échapper. S'il rencontre un prédicateur
qui parle à son coeur, il est saisi et se met à sonder
les Écritures « pour voir s'il en est ainsi », Et
plus il entend de prédications, plus il lit la Bible, et plus aussi
il est convaincu, plus il médite le jour et la nuit. Il peut
encore arriver qu'il trouve un livre qui lui explique et lui
confirme ce qu'il a entendu, ce qu'il a lu dans la parole de
Dieu.
A
l'aide de ces divers moyens, les flèches de la conviction
s'enfoncent toujours plus avant dans son âme. Bientôt il commence à
parler de ces choses de Dieu qui remplissent continuellement son
esprit ; bientôt il commence à parler à Dieu lui-même, à le
prier ; et pourtant la honte et la crainte l'accablent tellement
qu'il sait à peine quoi dire. Mais, qu'il sache quoi dire ou
non, il ne peut plus s'empêcher de prier ; s'il ne peut faire
mieux, ce sera « par des soupirs qui ne se peuvent exprimer
(Romains 8 : 26) ». Il se demande si «celui qui est haut et
élevé, qui habite dans l'éternité (Esaïe 57 : 15) » fera
attention à un pécheur tel que lui ; et alors il se sent
attiré à prier avec ceux qui connaissent le Seigneur, avec les
fidèles dans la grande assemblée. Mais, une fois là, il
remarque que les autres s'approchent de la table du Seigneur, Il
se rappelle que Jésus a dit : « Faites ceci (1Corinthiens
11 : 24) » « Mais, se dit-il, je ne le fais pas. C'est que je suis
un trop grand pêcheur ; je ne suis pas en état de communier ;
je n'en suis pas digne ». Ces scrupules l'arrêtent quelque
temps ; mais il finit par les surmonter. Et c'est ainsi qu'il
persévère à suivre la voie du Seigneur : il écoute la
prédication, il lit, il médite, il prie, il participe à la sainte
Cène, jusqu'à ce qu'enfin le Seigneur, se servant du moyen
qu'il jugera à propos, vienne dire à son âme : « Ta foi
t'a sauvée ; va-t'en en paix (Luc 7 : 50) ! »
En
constatant cette méthode suivie par Dieu, nous pourrons déterminer
quels sont les moyens à recommander dans divers cas. Si
quelque moyen est de nature à agir efficacement sur un
pécheur ignorant et indifférent, ce sera sans doute la
prédication ou des entretiens. Et c'est là ce que nous lui
recommanderions, si toutefois il pense jamais à son salut. Dans le
cas d'une personne qui commence à sentir le fardeau de ses
péchés, la prédication et la lecture de la parole de Dieu, et même
d'autres livres sérieux, peuvent servir à produire des convictions
plus profondes. On pourra aussi lui conseiller de méditer ce
qu'elle lit, afin que cela agisse pleinement sur son coeur. Elle
fera également bien d'en parler à coeur ouvert, surtout à
ceux qui marchent dans le même chemin. Et quand le trouble et
le chagrin s'emparent de cet homme, ne convient-il pas alors de
l'exhorter à répandre son âme en la présence de Dieu, « à
prier toujours et à ne point se relâcher (Luc 18 : 1) ? »
S'il
sent que ses prières sont insuffisantes, ne vous ferez-vous pas
ouvriers avec Dieu pour l'engager à monter à la maison du
Seigneur et à prier avec ceux qui craignent l’Éternel ? Et
lorsqu'il fera cela, les paroles de son Sauveur près de
s'immoler lui reviendront à la mémoire ; et ce sera pour nous
un signe évident que nous devons saisir ce moment pour seconder
les efforts du Saint-Esprit. C'est ainsi que, pas à pas, nous
pourrons conduire cette âme dans l'usage des moyens institués par
Dieu, suivant en cela non pas notre volonté propre, mais les
indications de la Providence et de l'Esprit qui marchent devant
nous et nous frayent, la voie.
Néanmoins,
la Bible d'un côté ne prescrit rien d'absolu quant à la méthode à
suivre dans ces cas-là, et de l'autre côté ni la
Providence ni le Saint-Esprit, n'en suivent aucune exclusivement :
les moyens par lesquels Dieu attire les hommes et leur fait
trouver ses bénédictions, sont modifiés de mille manières,
par toutes sortes de combinaisons et de transpositions. La sagesse
consiste à suivre toujours les indications de la Providence et
de l'Esprit de Dieu ; à nous laisser guider (surtout quant aux
moyens de grâce qui nous sont personnellement nécessaires), soit
par les circonstances providentielles qui nous fournissent
l'occasion d'employer tantôt l'un, tantôt l'autre de ces
moyens, soit encore par notre propre expérience, ce qui est
bien la méthode dont l'Esprit de Dieu, agissant librement, se
sert le plus souvent pour opérer dans nos cœurs. Quoi qu'il en
soit, il y a une règle générale et qui convient parfaitement
à tous ceux qui soupirent après le salut de Dieu.
La voici : toutes les
fois que l'occasion s'en présente, usez de tous les moyens de grâce
que Dieu a institués ; car qui sait par le moyen duquel Dieu
viendra au devant de vous dans sa grâce salutaire ?
Quant
à la manière d'en user, d'où dépend en réalité l'efficacité du
moyen pour transmettre à celui qui s'en sert les
bénédictions du Seigneur, voici ce qu'il faut observer. D'abord,
toujours se rappeler, toujours bien sentir que Dieu est
par-dessus tous les moyens. Craignez donc de borner le
Tout- Puissant. Il lait ce qu'il veut et quand il lui plaît. Il
peut communiquer sa grâce soit par le canal de quelqu'un des
moyens qu'il a institués, soit en dehors de tous ces moyens.
Peut-être agira-t-il de cette dernière façon ! « Qui est-ce
qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son
conseiller (Romains 11 : 34) ?
Attendez
sa venue de moment en moment. Ce pourra être au moment où vous
vaquez à ses ordonnances, ou bien avant, ou bien après ; ou
même quand vous êtes empêché de le faire; il n'y a point
d'empêchement pour lui : il est toujours prêt, toujours capable de
sauver, toujours disposé à sauver ! « C'est l'Éternel :
qu'il fasse ce qui lui semblera bon (1 Samuel 3 : 18) ! »
En
second lieu, avant d'employer un moyen de grâce quelconque, cherchez
à vous pénétrer de cette conviction qu'il ne possède
par lui-même aucune vertu. Par lui-même c'est une chose sans
valeur, sans vie, sans efficacité ; en dehors de l'action de
Dieu, c'est comme une feuille morte, comme une ombre. Dites-vous
encore ceci « Il n'y a pour moi aucun mérite à en faire usage ; il
n'y a rien là qui puisse en soi plaire à Dieu, rien qui puisse
me procurer une de ses faveurs, pas même une goutte d'eau pour
me rafraîchir la langue ! Mais je fais cela, parce que Dieu me
l'ordonne ; c'est parce qu'il m'invite à l'attendre ainsi que
j'attends de cette façon sa miséricorde gratuite d'où découle
mon salut !
Mettez-vous
bien ceci dans l'esprit que le simple accomplissement d'une
oeuvre (opta operatum) ne sert
de rien, qu'il n'y a de puissance pour sauver que dans l'Esprit de
Dieu ; qu'il n'y a de mérites que dans le sang de Jésus-Christ
; que, conséquemment, même les choses que Dieu a instituées
ne peuvent procurer des grâces à l'âme si l'on ne se confie
en Dieu et en Dieu seul. D'un autre côté, celui qui se confie
véritablement en lui ne saurait être privé de la grâce divine,
fût-il privé de tous les moyens extérieurs, fût-il
emprisonné dans les entrailles de la terre !
En
troisième lieu, tout en usant de tous les moyens de grâce, n'y
cherchez que Dieu seul. Dans toutes ces choses
extérieures que vous emploierez, regardez uniquement à la puissance
de son Esprit, aux mérites de son Fils. Ne vous laissez pas
absorber par l'acte lui-même ; sinon, tout votre travail est
peine perdue. Il n'y a que Dieu qui puisse rassasier votre âme.
Cherchez donc à le voir en tout, au travers de tout et
par-dessus tout.
Souvenez-vous
aussi qu'il ne faut employer les moyens que comme des moyens, et
comme instigués en vue, non de leur valeur intrinsèque,
mais du renouvellement de votre âme dans la justice et dans une
sainteté véritable. S'ils y aident, tout va bien ; sinon, cela
n'est qu'ordures et crasse sans valeur.
Enfin,
lorsque vous avez fait usage de quelque moyen de grâce, ayez soin de
ne pas vous en croire meilleur, de ne pas vous en
féliciter, comme si vous aviez fait quelque chose de bien grand.
Ce serait empoisonner tout ce que vous auriez fait. Dites-vous
plutôt : « A quoi me servirait tout cela, si Dieu en était
absent ? Ne serait-ce pas comme un nouveau péché ? Seigneur,
sauve-moi, ou je péris ! Ne m'impute point ce péché-là ! »
Mais si Dieu était là, si son amour remplissait votre coeur, alors
vous avez en quelque sorte oublié l'acte extérieur que vous
accomplissiez. Vous voyez et savez et sentez que Dieu est pour
vous tout en tout. Abaissez-vous, humiliez-vous devant
lui,-donnez-lui toute gloire. «Qu'en toutes choses Dieu soif
glorifié par Jésus-Christ ! (1Pierre 4 : 11 » Que tout ce qui est
en vous s'écrie : « Je chanterai à jamais les bontés
de l’Éternel ; je proclamerai de ma bouche
ta fidélité, d'âge en âge (Psaume 89 : 1) ! »