mardi 24 mars 2015

(8) SERMONS CHOISIS ( Spurgeon Charles)

APPEL AUX INCONVERTIS

       Tous ceux qui s'attachent aux oeuvres de la loi sont sous la malédiction ; car il est écrit : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire (Gal 3:10).
      Mon cher auditeur, es-tu converti ou ne l'es-tu pas ? De ta réponse à cette question dépend la manière dont je m'adresserai à toi en ce jour. Veuille, je t'en supplie, au nom de ton âme, oublier pour quelques instants que tu te trouves dans un lieu de culte, écoutant un ministre de l'Évangile: qui prêche à un nombreux auditoire. Essaie de te figurer que tu es assis dans ta maison, dans ton cabinet, et que je suis debout à ton côté, ta main dans ma main, m'entretenant seul à seul avec toi ; - car c'est ainsi que je désire parler en ce moment à chacun de ceux qui m'écoutent. Je te réitère donc, mon cher auditeur, la question souverainement importante et solennelle que je t'ai déjà posée, et je te conjure d'y répondre comme en présence de Dieu. Es-tu en Christ ou hors de Christ ? As-tu cherché un refuge auprès de Celui qui est l'unique espoir des pécheurs ? ou bien es-tu encore étranger à la république d'Israël, éloigné de Dieu, et en dehors des promesses de son saint Évangile ? Voyons, mon frère, pas d'hésitations, pas de faux fuyants; sois de bonne foi, et que ta conscience réponde OUI ou NON à ma demande. Car, de deux choses l'une : ou tu es sous le poids de la colère de Dieu, ou tu es délivré de cette colère. Il n'y a point d'autre alternative. Oui, tu es dans cet instant même héritier de la malédiction divine, ou héritier du royaume de la grâce : lequel de ces deux états est le tien ? C'est à toi à prononcer. Et qu'il n'y ait point de « si » et de « peut-être » dans ta réponse ; mais qu'elle soit nette, loyale, catégorique. Que si tu étais encore dans le vague à cet égard, je t'en supplie, ne donne point de repos à ton âme jusqu'à ce que ce vague soit dissipé. 
       Surtout, ne te hâte pas d'interpréter le doute à ton profit ; considère-le bien plutôt comme une forte présomption contre toi. Il est plus probable, crois-le, que la vérité se trouve du mauvais côté que du bon. Maintenant donc, ô mon frère, place ton âme dans la balance ; et si un plateau ne pèse pas évidemment plus que l'autre, mais que tous deux se maintiennent à peu prés en équilibre, de telle sorte que tu sois obligé de dire : « Je ne sais lequel l'emporte... » souviens-toi que mieux vaut résoudre de suite la question en mal (quelque terrible que soit cette extrémité), que de la résoudre en bien, au risque de te séduire toi-même et de continuer à vivre dans une présomptueuse sécurité, jusqu'à ce que tu reconnaisses enfin ta fatale illusion dans l'abîme de l'enfer. Peux-tu donc, une main posée sur la Parole de Dieu et l'autre sur ton propre coeur, lever en cet instant ton regard vers le ciel et dire clans une humble assurance : « Je sais une chose, c'est que j'étais aveugle et que maintenant je vois ; je sais que je suis passé de la mort à la vie ; je suis le premier des pécheurs, mais Jésus est mort pour moi ; et à moins que je ne m'abuse de la manière la plus terrible, je suis dès à présent un racheté de Christ, un monument de la grâce de Dieu ? » Peux-tu, te dis-je, en toute bonne conscience, me faire cette réponse ? S'il en est ainsi, ô mon frère, paix te soit en notre Seigneur ! Que la bénédiction du Très-Haut repose sur ton âme ! Ne crains point ; les paroles que nous allons méditer n'ont plus de foudres pour toi. Lis plutôt le verset 13 du chapitre auquel j'ai emprunté mon texte, et tu y trouveras la confirmation glorieuse de tes espérances : Christ a été fait malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois. Si donc il est vrai que tu sois un enfant de Dieu, converti et régénéré, je le répète, tu n'as rien à craindre, car Christ a été maudit à ta place.
        Mais j'ai la solennelle conviction que la grande majorité de cette assemblée ne pourrait me faire une semblable réponse ; et toi en particulier, mon cher auditeur - (car je veux continuer à m'adresser personnellement à toi), - tu n'oserais, n'est-il pas vrai ? tenir ce langage, car tu es étranger à l'alliance de grâce. Tu n'oserais mentir à Dieu et à ta conscience, c'est pourquoi tu dis avec une franchise qui t'honore : « Je sais que je n'ai jamais été régénéré ; je suis aujourd'hui ce que j'ai été de tout temps. » C'est donc avec toi que j'ai affaire, ô homme ! et je t'adjure, par Celui qui doit juger lés vivants et les morts, par Celui devant lequel toi et moi devrons bientôt comparaître, je t'adjure d'écouter avec attention ce que j'ai à te dire de la part du Seigneur, te souvenant que cet appel est peut-être le dernier qu'il te sera donné d'entendre ! Et je t'adjure aussi, ô mon "âme, de parler avec fidélité à ces hommes mortels qui t'entourent, de peur qu'au dernier jour le sang de leurs âmes ne soit trouvé dans les pans de ta robe, et que toi-même tu ne sais réprouvée!... O Seigneur, rends-nous tous sérieux et recueillis, et veuille nous donner, en ce moment, des oreilles qui entendent, une mémoire qui retienne, et une conscience qui soit touchée par ton Esprit, pour l'amour de Jésus !
      Nous diviserons ce discours en trois parties en premier lieu, NOUS JUGERONS L'ACCUSÉ ; en deuxième lieu, NOUS PRONONCERONS SA SENTENCE ; et enfin, s'il se reconnaît coupable et qu'il se repente (mais seulement à ces conditions), Nous LUI ANNONCERONS LA DÉLIVRANCE.

I
         Et d'abord, procédons AU JUGEMENT DE L'ACCUSÉ. Mon texte est ainsi conçu : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses, qui sont écrites au livre de la loi pour les faire. Homme inconverti, je te le demande, es-tu coupable ou non coupable ? As-tu persévéré dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi ? En vérité, il me semble presque: impossible que tu oses soutenir ton innocence ; mais je veux supposer pour un moment que tu aies le triste courage de le faire ; je veux supposer que tu dises hardiment : « Oui, j'ai persévéré dans tous les commandements de la loi. » - C'est ce que nous allons examiner, mon cher auditeur ; et avant tout, permets-moi de te demander si tu connais cette loi que tu prétends avoir accomplie ? Je vais t'en donner un simple aperçu, un aperçu que j'appellerai extérieur, mais souviens-toi qu'elle possède un sens intérieur et spirituel infiniment plus étendu que son, sens littéral. Ecoute donc le premier commandement de la loi :
         TU N'AURAS POINT D'AUTRE DIEU DEVANT MA FACE. Quoi ! N'as-tu jamais rien aimé plus que ton Créateur ? Lui as-tu toujours donné la première place dans tes affections, ? Ne t'es-tu pas fait un Dieu, ou de ton ventre, ou de ton commerce, ou de ta famille, ou de ta propre personne ? Oh ! sûrement tu n'oserais nier que ce premier commandement ne te condamne !
          Et le second, l'as-tu mieux observé ?  TU NE TE FERAS POINT D'IMAGE TAILLÉE, NI AUCUNE RESSEMBLANCE DES CHOSES QUI SONT LA-HAUT DANS LES CIEUX, OU ICI-BAS SUR LA TERRE, NI DANS LES EAUX PLUS BASSES QUE LA TERRE.
         Quoi ! n'as-tu jamais courbé le front devant la créature ? N'as-tu jamais élevé quelque objet terrestre à la place de Dieu ? Pour ma part, je le reconnais à ma honte, j'ai eu bien des idoles dans ma vie ; et si ta conscience parle avec sincérité, je suis assuré qu'elle te dira, à toi aussi : « O homme ! tu as, été un adorateur de Mammon, un adorateur de tes sens ; tu t'es prosterné devant ton argent et ton or ; tu t'es incliné douant les honneurs et les dignités ; tu t'es fait un Dieu de ton intempérance, un Dieu de tes convoitises, un Dieu de ton impureté, un Dieu de tes plaisirs !
          Et le troisième commandement, TU NE PRENDRAS POINT LE NOM DE L'ÉTERNEL TON DIEU EN VAIN Oserais-tu soutenir que tu ne l'as point violé ? Si tu n'as jamais proféré de jurements grossiers, de paroles blasphématoires, n'as-tu pas du moins employé irrévérencieusement le nom de Dieu dans tes conversations ordinaires ? Dis : as-tu toujours sanctifié ce nom, trois fois saint ? Ne l'as-tu jamais prononcé sans nécessité ? N'as-tu jamais lu le Livre de Dieu avec distraction et légèreté ? N'as-tu jamais écouté la prédication de l’Évangile sans recueillement et sans respect ? Oh ! sûrement, ici encore, tu ne peux que t'avouer coupable.
     Et quant au quatrième commandement qui se rapporte à l'observation du sabbat, SOUVIENS-TOI DU JOUR DU REPOS POUR LE SANCTIFIER  Est-il personne d'assez effronté pour dire qu'il ne l'a pas transgressé? O homme, mets donc ta main sur ta bouche, et reconnais que ces quatre commandements suffiraient à eux seuls pour te convaincre de péché et pour attirer sur toi la juste colère de Dieu !
         Mais continuons notre examen. HONORE TON PÈRE ET TA MÈRE. Quoi ! prétends-tu ne pas être coupable sur ce point ? N'as-tu jamais désobéi dans ta jeunesse ? N'as-tu jamais regimbé contre l'amour de ta mère, ni méprisé l'autorité de ton père: ? Feuillette les pages de ton passé : vois si dans ton enfance, ou même dans ton âge mûr, tu as toujours parlé à tes parents comme tu aurais dû le faire ; vois si tu les as toujours traités avec l'honneur auquel ils ont droit et que Dieu t'a commandé de leur rendre.
          TU NE TUERAS POINT. Il est possible, mon cher auditeur, que tu n'aies point violé la lettre de ce commandement, il est possible que tu n'aies point ôté la vie à un de tes semblables ; mais ne t'es-tu jamais laissé dominer par la colère ? Or, la Parole de Dieu déclare expressément que celui qui se met en colère contre son frère est un meurtrier (1Jea 3:15). Juge, après cela, si tu es coupable, oui ou non.
      TU NE COMMETTRAS POINT ADULTÈRE. Peut-être as-tu commis des choses abominables, et t'es-tu plongé, aujourd'hui même, dans les plus honteuses voluptés ; mais en admettant que tu aies toujours vécu dans une chasteté parfaite, peux- tu dire, ô mon frère, que tu n'aies rien à te reprocher par rapport à ce commandement, lorsque tu te places en présence de ces solennelles paroles du Maître : Quiconque regarde une femme pour la convoiter, il a déjà commis adultère avec elle dans son coeur (Mat 5:28) ? Aucune pensée lascive n'a-t-elle traversé ton esprit ? Aucun désir impur n'a-t-il souillé ton imagination ?... Oh ! sûrement, sûrement, si ton front n'est pas d'airain, si ta conscience n'est pas entièrement cautérisée, ta réponse à ces questions ne saurait être douteuse!
           TU NE DÉROBERAS POINT. N'as-tu jamais dérobé ? Peut-être, ce matin même, as-tu commis un vol, et te trouves-tu ici, au milieu de la foule, chargé encore du produit de ton larcin ; mais quand même tu serais d'une probité exemplaire, cependant, n'y a-t-il pas eu certains moments dans ta vie, où tu as éprouvé un secret désir de faire tort à ton prochain ? Je vais plus loin : n'as-tu jamais commis dans l'ombre et le silence quelques-unes de ces fraudes qui, pour ne pas tomber sous le coup de la loi de ton pays; n'en sont pas moins autant d'infractions manifestes à la sainte loi de Dieu ?
      Et qui de nous aurait l'audace d'affirmer qu'il a parfaitement obéi au neuvième commandement ? TU NE DIRAS POINT DE FAUX TÉMOIGNAGES CONTRE TON PROCHAIN
     Ne nous sommes-nous jamais fait l'écho de la calomnie ? n'avons-nous pas souvent dénaturé les intentions de nos semblables, ou mal interprété leurs desseins ?
        Et le dernier commandement, TU NE CONVOITERAS POINT Où est-il l'homme qui ne l'ait foulé aux pieds ? Combien de fois n'avons-nous pas souhaité plus que Dieu ne nous avait donné? Combien de fois nos cœurs charnels n'ont-ils pas soupiré après des biens que le Seigneur dans sa sagesse avait jugé bon de nous refuser ? Ah ! mes amis, soutenir notre innocence en face de la loi de Dieu, ne serait-ce pas, je vous le demande, faire acte de véritable folle ? et ne semble-t-il pas que la simple, lecture de ce loi sainte devrait suffire (moyennant la bénédiction de l'Esprit) pour nous arracher ce d'humiliation et de pénitence : « Nous sommes coupables, Seigneur, nous sommes coupable en tous points ? »
      Mais j'entends quelqu'un me dire. : « Non, ne veux pas me reconnaître coupable. Assurément, je ne prétends pas avoir persévéré da toutes les choses qui sont écrites au livre de loi, mais du moins, j'ai fait ce que j'ai pu. C'est faux, ô homme ! Ou tu te fais illusion, tu mens à la face de Dieu ! Non, tu n'as pas fais tout ton possible pour persévérer dans le bien. Dans mille circonstances de ta vie, tu aurais agir mieux que tu n'as agi. Quoi ! ce jeune homme oserait-il affirmer qu'il fait son possible pour plaire à Dieu, quand je le vois s'asseoir banc des moqueurs, et insulter son Créateur jusque dans son sanctuaire ? Quoi ! tous, tant que nous sommes ici, n'aurions-nous pu, si nous l'avions voulu, résister à telle tentation, éviter telle, chute dont le souvenir nous condamne ? Si nous n'étions pas libres d'échapper au mal, sans doute nous serions excusables de tomber ; mais lequel de nous n'est pas forcé de reconnaître qu'il y a eu, dans sa vie des moments solennels, où, appelé à choisir entre le bien et le mal, il a résolument choisi le mal et tourné le dos au bien, marchant ainsi, - le sachant et le voulant, - dans le chemin qui conduit à l'enfer ?
         « Ah ! s'écrie une autre personne, il est vrai que j'ai enfreint la loi de Dieu ; mais, en définitive, je vaux bien ceux qui m'entourent ; je ne suis pas plus mauvais que bien d'autres.» - Pauvre argument que celui-là, mon cher auditeur, ou plutôt argument qui, par le fait; n'en est pas un. Tu n'es pas, je veux le croire, plus mauvais que le reste des hommes ; mais, je, te prie, en quoi cela t'avance-t-il ? Sera-ce une chose moins terrible d'être damné en compagnie que d'être damné seul ? Lorsque, au dernier jour, Dieu dira aux méchants : Allez, vous, maudits, au feu éternel ! crois-tu que cette effroyable sentence te semble plus douce, parce qu'elle s'adressera à des milliers de créatures aussi bien qu'à toi ? Si le Seigneur précipitait une nation entière en enfer, chaque individu sentirait aussi vivement le poids de ce châtiment que s'il était seul à le porter. Dieu n'est pas comme les juges de la terre : si les tribunaux étaient encombrés d'accusés, peut-être seraient-ils tentés de passer légèrement sur plus d'une procédure ; mais le Très-Haut n'agira point ainsi. Infini dans toutes ses facultés, le grand nombre de criminels ne sera point un obstacle pour lui. Il se montrera aussi juste, aussi inflexible à ton égard que. s'il n'existait d'autre pécheur que toi. D'ailleurs, qu'as-tu à faire, je te prie, avec les péchés d'autrui ? Tu n'en es pas responsable, car chacun portera son propre fardeau. Dieu te jugera selon tes oeuvres non selon celles des autres. Les manquements de la femme de mauvaise vie peuvent être plus grossiers que les tiens, mais il ne te sera pas demandé compte de ses iniquités. Le crime du meurtrier peut l'emporter de beaucoup aux yeux du moi sur tes propres transgressions, mais tu ne sera pas condamné pour le meurtrier. Mets-toi bien dans l'esprit, ô homme ! que la religion est une affaire toute entre Dieu et toi ; c'est pourquoi, t'en conjure, regarde à ton propre coeur et non à celui de ton prochain.
         Mais j'entends un autre de mes auditeur s'exprimer ainsi : « Quant à moi, je me suis souvent efforcé de garder les commandements Dieu, et à certaines époques de ma vie, je crois y être parvenu : cela ne suffit-il point pour me mettre à l'abri de la malédiction ? » Pour répondre, mon frère, permets- moi de. te relire la sentence contenue dans mon texte : « Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire. » Ah ! ne te persuade point que Seigneur confonde jamais les couleurs fiévreuses d'une irrésolution maladive avec la santé l'obéissance. Ce n'est point une observation passagère et intermittente de ses commandements qu'il acceptera au jour du jugement ; non, il faut persévérer à faire sa volonté. Si donc, dès ma plus tendre enfance, jusqu'à l'heure où mes cheveux blancs descendent au sépulcre, ma vie n'est point un accomplissement incessant de la loi de Dieu, je serai condamné ! Si dès l'instant où mon intelligence m'éclairant de ses premiers rayons, je deviens un être responsable, jusqu'au jour où, comme un épi mûr, je suis recueilli dans les greniers éternels, je n'observe point dans leur entier toutes les ordonnances de mon Maître, le salut par les oeuvres est impossible pour moi, et, sur ce terrain, je serai infailliblement perdu ! N'espère donc pas, ô homme ! qu'une obéissance vacillante et sans suite sauvera ton Âme. Tu n'as point persévéré dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi : par conséquent tu es condamné.
        « Mais, objecte. un autre, s'il y a plusieurs points de la loi que j'ai transgressés, je n'en suis pas moins très vertueux. » Je te l'accorde, mon frère. Je veux supposer qu'en effet tu as été à bien des égards un modèle de vertu ; je veux supposer que tu es pur de bien des vices. Mais relis mon texte (et souviens-toi que ce n'est pas ma parole mais celle de Dieu que tu vas lire) : « Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi. » Il n'est pas dit, remarque-le, dans certaines choses, mais dans toutes les choses.
          Or, je te le demande, as-tu pratiqué toutes les vertus ? as-tu évité tous les vices ? Tu dis peut-être pour ta défense : « Je ne suis point un intempérant. » Soit ; mais tu n'en seras pas moins damné si tu as été un fornicateur. - « Je n'ai jamais commis d'impureté », t'écries-tu. Soit encore: mais si tu as profané le sabbat, tu as encouru la malédiction. - Me réponds-tu qu'à cet égard tu es également sans reproche ? Je réplique que si tu as pris le nom de Dieu en vain, cette seule transgression suffit pour te condamner. Sur un point ou sur un autre, la loi de Dieu t'atteindra indubitablement. Mais il y a plus : non seulement j'affirme (et ta conscience l'affirme aussi, j'en suis certain) que tu n'as point persévéré dans toutes tes choses qui sont écrites au livre de la loi, mais encore je soutiens que tu n'as pas persévéré à garder dans son entier un seul des commandements de Dieu. Le commandement est d'une grande étendue, a dit le Psalmiste (Ps 109:96), et pas un homme sur la terre n'est parvenu à en sonder les profondeurs. Ce n'est point seulement l'acte extérieur qui nous rend passibles des peines éternelles : la pensée, l'imagination, la conception du péché suffit pour perdre l'âme. - Et souvenez-vous, mes chers amis, que cette doctrine, qui peut, j'en conviens, vous sembler dure, n'est pas de moi : elle est de Dieu. N'eussiez-vous jamais transgressé de fait la loi divine, cependant si votre coeur a conçu de mauvaises pensées ou nourri de mauvais désirs, vous avez mérité l'enfer. Eussiez-vous vécu depuis votre naissance jusqu'à cette heure dans une cellule inaccessible, loin de tout être humain, et que par conséquent il vous eût été physiquement impossible de commettre, soit un acte impur, soit un meurtre, soit une injustice, les imaginations de votre coeur dépravé suffiraient à elles seules pour vous bannir à tout jamais de la présence de Dieu. Non ! il n'est pas une âme dans cette grande assemblée qui puisse espérer d'échapper à la condamnation de la loi ! Tous depuis le premier jusqu'au dernier, nous devons courber notre front devant Dieu, en nous écriant d'une même voix : « Nous sommes coupables, Seigneur, nous sommes coupables !... » Lorsque je te contemple, ô loi ! ma chair frémit, mon esprit est éperdu ! Lorsque j'entends gronder ton tonnerre, mon coeur se fond comme de la cire au dedans de moi ! Comment pourrai-je soutenir ta présence ? Comment pourrais-je désarmer ta justice ? Sûrement, si, au dernier jour, je dois comparaître à ta barre, je ne saurais me soustraire à la condamnation, car ma conscience elle-même sera mon accusateur !
             Mais je crois superflu d'insister davantage sur ce point. 0 toi qui es hors de Christ et sans Dieu dans le monde, n'es-tu pas convaincu que tu es sous le coup de la colère divine? Arrière de nous, folles illusions ! tombez, masques menteurs ! Jetons au vent nos vaines excuses ; et reconnaissons qu'à moins que nous ne soyons couverts du sang et de la justice, de Christ, la malédiction contenue dans mon texte ferme à chacun de nous individuellement la porte des cieux et ne nous laisse rien à attendre que les flammes de la perdition.


II 
         L'accusé est donc jugé et reconnu coupable maintenant SA SENTENCE DOIT ÊTRE PRONONCÉE. En général, les ministres de Dieu aiment peu cette tâche. Pour ma part, je l'avoue, je préférerais prêcher vingt sermons sur l'amour de Christ qu'un seul comme celui-ci. Au reste, il est rare que je choisisse des sujets de ce genre, vu qu'il ne me parait pas nécessaire de les traiter souvent ; néanmoins, si je ne les traitais jamais, si je laissais toujours les menaces divines reléguées à l'arrière-plan, je sens que mon Maître ne pourrait bénir la prédication de son Evangile ; car il veut que la loi et la grâce soient annoncées tour à tour dans une certaine mesure; et que chacune conserve la place qui lui est propre. Ecoutez-moi donc, mes frères, tandis que, la douleur dans l'âme, je prononcerai la sentence portée contre tous ceux d'entre vous qui n'appartiennent pas à Christ. - Pécheur inconverti ! tu es maudit ! maudit en cet instant même ! Tu es maudit, - non par quelque soi-disant magicien dont le prétendu sortilège ne peut effrayer que les ignorants, - non par quelque monarque terrestre qui pourrait tout au plus faire périr ton corps et ravager tes biens, - mais maudit par ton Créateur ! maudit par le Monarque des cieux! MAUDIT !... Oh! quel mot que celui-là! Quelle chose affreuse qu'une malédiction, de quelque part qu'elle vienne ! Et la malédiction d'un père, qu'elle doit être affreuse entre toutes ! On a vu des parents qui, réduits au désespoir par la conduite d'un fils rebelle et dénaturé, ont levé leurs mains vers le ciel, en prononçant sur ce fils la plus terrible, la plus accablante des malédictions. A Dieu ne plaise que j'approuve cet acte ! je reconnais au contraire qu'il est aussi téméraire qu'insensé ; mais, quelque blâme qu'on puisse infliger à l'acte en lui-même, il n'en reste pas moins vrai que la malédiction d'un père imprime sur celui qui l'a méritée une honteuse; une ineffaçable flétrissure. Oh ! j'ai peine à me représenter ce que mon âme éprouverait si j'avais été maudit par celui qui m'engendra ! Sûrement, mon ciel serait voilé de ténèbres ; le soleil ne brillerait plus sur ma vie. Mais être maudit de Dieu !... Oh ! pécheurs, les paroles me manquent pour vous dire ce qu'est cette malédiction !...
        Mais je vous entends me: répondre : « S'il est vrai que nous ayons encouru la malédiction divine, du moins nous n'en sentirons pas les effets pendant notre vie ; c'est une affaire qui regarde un avenir encore bien éloigné ; aussi ne nous inquiète-t-elle que peu. » Tu te trompes, ô âme, tu te trompes ! Dès à présent la colère de Dieu demeure sur toi. Tu ne connais pas encore, il est vrai, la plénitude de la malédiction, mais tu n'en es pas moins maudite à cette heure même. Tu n'es pas encore en enfer ; le Seigneur ne t'a pas définitivement fermé les entrailles de ses compassions et rejetée pour toujours ; mais tu n'en es pas moins sous le coup de la loi. Ouvre le livre du Deutéronome ; lis les menaces adressées au pécheur, et vois si la malédiction de Dieu n'est pas représentée comme une chose immédiate, actuelle, présente (Deut 28:15-16). Tu seras maudit dans la ville, est-il écrit, - c'est-à-dire dans le lieu de ton habitation, de ton travail, de tes affaires ; tu seras maudit dans les champs, - c'est-à-dire dans ces lieux mêmes, où tu vas chercher le délassement, le repos et le plaisir ; ta corbeille sera maudite et ta maie ; le fruit de ton corps sera maudit et le fruit de ta terre ; la portée de tes vaches et les brebis de ton troupeau ; maudit seras-tu à ton entrée et maudit à ta sortie ! Il est des hommes sur lesquels la malédiction divine semble s'appesantir d'une manière visible. Tout ce qu'ils font est maudit. S'ils acquièrent des richesses, la malédiction s'attache à ces richesses ; s'ils bâtissent des maisons, la malédiction s'attache à ces maisons. Voyez l'avare : il est maudit dans ses trésors; car son âme est tellement rongée par la cupidité et la convoitise; qu'il ne peut jouir de ses trésors mêmes. Voyez l'intempérant : sa corbeille et sa maie sont maudites à la lettre, puisque son palais, blasé par les boissons enivrantes, ne peut plus jouir d'aucun aliment. Il est aussi maudit à son entrée et à sa sortie, car dès qu'il passe le seuil de sa propre maison, ses enfants courent se cacher, tellement est grande la frayeur qu'il leur inspire. Et il sera maudit un jour dans le fruit de son corps, car quand ses fils avanceront en âge, ils suivront vraisemblablement l'exemple de leur père ; ils se livreront aux mêmes excès que lui ; ils jureront comme il jure ; ils s'aviliront comme il s'est avili. Aujourd'hui le malheureux cherche peut-être à se persuader qu'il peut sans grand inconvénient s'enivrer et blasphémer tant que bon lui semble ; mais quelle douleur aiguë traversera sa conscience (si toutefois il lui reste encore une conscience...) lorsqu'il verra ses fils marcher sur ses honteuses traces ! - Oui, je le répète, la malédiction olivine accompagne d'une manière visible certains vices ; mais quoiqu'elle ne soit pas toujours également apparente, elle n'en pèse pas moins en réalité sur toute transgression de la loi. Toi donc, pécheur, qui vis sans Dieu, sans Christ, étranger à la grâce de Jésus, tu es maudit, sache-le, - maudit quand tu t'assieds, maudit quand tu te lèves ! Maudit est le lit où tu couches ; maudit, le pain que tu manges ; maudit, l'air que tu respires ! Tout est maudit pour toi. Quoi que tu fasses et où que tu ailles, tu es un être maudit !..... O effrayante pensée ! En ce moment même, je n'en puis douter, j'ai devant moi un grand nombre de créatures immortelles qui sont maudites de Dieu ! Hélas ! pourquoi faut il qu'un homme parle ainsi à ses frères ? Mais quelque pénible que soit ce devoir, comme ministre de Christ, je suis tenu de le remplir, sans quoi je serais infidèle envers vos âmes qui périssent. Ah ! plaise à Dieu qu'il y ait dans cette assemblée quelque pauvre âme qui, saisie d'effroi, s'écrie : « Il est donc vrai ? je suis maudite ! maudite de Dieu et de ses saints anges ; maudite sur la terre et dans le ciel ; maudite ! maudite ! toujours maudite ! » Oh ! je suis convaincu que si nous voulions prendre au sérieux ce seul mot : MAUDIT, il n'en faudrait pas davantage pour donner le coup de mort à notre indifférence et à notre torpeur spirituelles !
       Mais j'ai plus que cela à te dire, mon cher auditeur. Si tu es impénitent et incrédule, je dois t'avertir que la malédiction qui t'enveloppe actuellement n'est rien comparée à celle qui fondra sur toi ci- après. Tu le sais, dans quelques courtes années il nous faudra mourir. Oui, jeune homme, bientôt toi et moi nous vieillirons ; ou peut-être, bien avant d'avoir atteint la vieillesse, nous étendrons- nous sur notre couche pour ne plus nous relever. Nous nous réveillerons de notre dernier assoupissement, et nous entendrons murmurer autour de nous que notre dernière heure va sonner. L'homme de l'art consultera une dernière fois notre pouls, puis il dira à notre famille éplorée qu'il n'y a plus d'espoir ! Et nous serons là couchés, immobiles et sans force. Et rien ne viendra rompre le lugubre silence de la chambre mortuaire, si ce n'est le bruit monotone de la pendule ou les sanglots de notre femme et de nos enfants. Et il nous faudra mourir !... Oh ! qu'elle sera solennelle cette heure où nous serons aux prises avec le grand ennemi du genre humain : la mort ! 
           Déjà le râle déchire notre poitrine ; c'est à peine si nous pouvons articuler une parole ; nos yeux se vitrent ; la mort a posé son doigt glacé sur ces flambeaux de notre corps et les a éteints pour jamais ; nos mains refusent de se soulever, - nous sommes au bord du sépulcre ! Moment décisif, moment solennel entre tous les moments de la vie, que celui où l'âme entrevoit sa destinée, où, comme à travers les fentes de sa prison d'argile, elle découvre le monde à venir ! Oh ! quelle langue humaine pourrait exprimer ce qui se passera dans le coeur de l'inconverti lorsqu'il se verra en face du tribunal de Dieu, qu'il entendra les foudres de la colère éternelle gronder à ses oreilles et qu'il sentira qu'entre l'enfer et lui il n'y a plus que l'intervalle d'un moment ! Qui pourrait décrire la terreur inexprimable dont seront saisis les pécheurs lorsqu'ils se trouveront en présence de réalités à l'existence desquelles ils n'avaient point voulu croire ?... Ah ! moqueurs qui m'écoutez ! vous pouvez rire tout à votre aise aujourd'hui des choses de Dieu. Vous pouvez, en sortant de cette enceinte, plaisanter sur ce que vous venez d'entendre, tourner en ridicule le prédicateur et vous égayer à ses dépens. Mais attendez que vous soyez couchés sur votre lit de mort, et vous ne rirez plus, je vous le garantis ! Maintenant que le rideau est baissé, que l'avenir est cadré à vos regards, il vous est facile de vous moquer de cet avenir ; mais lorsque le Seigneur lèvera le rideau et que les horizons éternels se dérouleront devant vos yeux, vous n'aurez plus le courage de rire. 
           Le roi Achab, assis sur son trône, entouré de courtisans, rit du prophète Michée ; mais je ne sache pas qu'Achab rit encore de Michée, quand une flèche ennemie, pénétrant par une jointure de sa cuirasse, l'eût blessé mortellement (1Ro 22). Les contemporains de Noé riaient, eux aussi, du vénérable vieillard qui leur annonçait que l'Éternel allait détruire le monde par un déluge : ils l'appelaient, sans nul doute, un rêveur, un visionnaire, un insensé. Mais que devinrent vos dédains et vos sarcasmes, ô sceptiques, lorsque Dieu fit descendre du ciel de formidables cataractes, que les fontaines du grand abîme furent ouvertes, et que l'univers fut entièrement submergé ? Alors vous reconnûtes, mais trop tard, que Noé avait dit vrai. Et vous de même, pécheurs qui vous trouvez dans cet auditoire, lorsque vous serez sur le point d'être lancés dans l'éternité, je ne pense pas que vous riiez encore de moi et de la parole que je vous annonce. Vous direz bien plutôt en vous-mêmes : « Je me souviens qu'à telle époque, j'entrai un jour par curiosité dans tel lieu de culte ; j'y entendis un homme qui parlait d'une manière fort solennelle; sur le moment je ne le goûtai guère ; toutefois je ne pouvais me défendre de la pensée qu'il disait vrai et :qu'il me voulait du bien. Oh ! que n'ai-je écouté ses appels ! que n'ai-je profité de ses avis ! que ne donnerais-je pas pour l'entendre de nouveau ! » 
         - Il y a peu de temps qu'un cas tout semblable est parvenu à ma connaissance. Un homme qui maintes fois m'avait couvert de railleries et d'injures, étant allé un dimanche en partie de plaisir ne revint chez lui que pour mourir. Le lundi matin, sentant sa fin approcher, que pensez-vous qu'il fit ? Il envoya quérir en toute hâte le serviteur de Dieu qui vous parle en ce moment, celui-là même qu'il avait tant de fois insulté ! Il voulait qu'il lui indiquât le chemin du ciel, qu'il vînt lui parler du Sauveur. Je m'y rendis avec empressement et avec joie ; mais hélas ! qu'elle est triste la tâche de parler à un. profanateur du sabbat, à un contempteur de l'Évangile, à un homme qui a passé sa vie au service de Satan et qui touche à son heure dernière ! Et en effet, le malheureux mourut bientôt. Il mourut sans Bible dans sa maison, sans prière pour recommander son âme à Dieu, si ce n'est celle que je prononçai au chevet de son lit... Oh ! mes chers amis, croyez-le : c'est une chose terrible que de mourir sans Sauveur ! Souvent, après avoir assisté aux derniers moments de quelque pauvre pécheur, touchant le salut duquel je n'avais que peu d'espoir, je suis revenu chez moi l'âme brisée, le coeur navré, pensant en moi-même : « Mon Dieu ! que ne puis-je prêcher les insondables richesses de Christ, à chaque heure, à chaque instant du jour, afin que les âmes puissent regarder à lui avant qu'il soit trop tard ! » Puis, j'ai pensé au peu de zèle, au peu d'amour, au peu de ferveur avec lequel j'ai tant de fois annoncé les compassions de mon Maître, et j'ai pleuré, - oui, j'ai pleuré amèrement, en sentant que je né presse pas les âmes comme je devrais le faire, c'est-à-dire avec instances et avec larmes, de fuir la colère à venir ?
          LA COLÈRE A VENIR ! LA COLÈRE A VENIR ! oh ! mes chers auditeurs, mettez-vous bien dans l'esprit, je vous en conjure, que ce n'est point là un vain mot. Les choses dont je vous parle ne sont ni des rêves, ni des mensonges, ni des chimères, ni des fables semblables à celles des vieilles. Ce sont des vérités, et vous les connaîtrez bientôt, chacun pour son propre compte. Oui, pécheur, toi qui. n'as point persévéré dans toutes les choses lui sont écrites au livre de la loi, et qui n'as point cherché un refuge auprès de Christ, le jour approche où les choses invisibles deviendront pour toi de redoutables de vivantes réalités. Et alors oh ! alors, que feras-tu ? Après la mort suit le jugement.

Un jour Jésus, du trône de sa gloire,
Viendra juger les vivants et les morts.

       Essaie de te représenter ce grand et illustre jour du Seigneur. L'horloge du temps a sonné sa dernière heure. Les âmes des réprouvés vont entendre leur arrêt définitif. Ton corps, ô pécheur, s'élance hors du sépulcre ; tu ouvres ton linceul et tu regardes..... Mais quel est ce bruit terrible, ce bruit formidable qui ébranle les colonnes de la terre et qui fait chanceler le ciel même ? C'est la trompette de l'archange, la trompette de l'archange qui retentit jusqu'aux extrémités du globe, appelant tous les hommes en jugement ! Tu écoutes et tu frémis. Soudain une voix se fait entendre, voix qui est saluée par les uns avec des cris de désespoir, par les autres avec des chants d'allégresse. « Voici, il vient il vient - il vient - et tout oeil le verra ! » Et le trône, blanc comme l'albâtre, apparaît sur une nuée du ciel ; et sur ce trône est assis quelqu'un environné de majesté. C'est lui ! C'est l'Homme qui mourut au Calvaire ! Je vois ses mains percées, - mais quel changement dans son apparence ! Plus de couronne d'épines, plus de sceptre dérisoire. Autrefois, il comparut à la barre de Pilate ; maintenant le monde entier comparaît à la sienne. Mais écoutons ! la trompette retentit de nouveau; le Juge ouvre le livre ; tout est silence dans le ciel ! tout est silence sur la tertre. « Rassemblez mes élus des quatre vents, mes rachetés des extrémités du monde.» Aussi les anges obéissent. Comme un éclair, leurs ailes fendent la foule. Ici, sont les justes, réunis à droite de leur Maître ; et toi, pécheur, tu es laissé à la gauche, - tu es laissé pour soutenir les ardeurs dévorantes de la colère éternel Les harpes célestes font entendre de douces mélodies mais elles ne sont point douces pour toi. Les anges répètent en chœur . « Venez, vous, bénis du Père., possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde », mais cette ineffable salutation ne te concerne point. Et maintenant, sur la face du Seigneur s'amassent des nuages de courroux ; la foudre, est sur son front ; des éclairs jaillissent de ses yeux. Il te regarde, toi, qui l'as méprisé ; toi, qui t'es joué de sa grâce, qui t'es ri de sa miséricorde, qui as profané le jour de son repos, qui t'es moqué de sa croix, qui n'as pas voulu qu'il régnât sur ton âme ! Il te regarde, - et d'une voix plus éclatante que dix mille tonnerres, il s'écrie : « Retirez-vous de moi, maudits ! » Et puis..... Mais non !..... Je ne veux pas te suivre plus loin ! Je ne veux parler ni du ver qui ne meurt point, ni du feu qui ne s'éteint point ; je ne veux décrire ni les souffrances du corps, ni les tortures de l'âme. Qu'il me suffise de vous dire, pécheurs inconvertis, que l'enfer est terrible, que le sort des réprouvés est effroyable..... Oh ! fuyez donc, fuyez la colère à venir ! Et fuyez-la sans délai; fuyez- la dès aujourd'hui, des peur qu'étant surpris par la mort, vous ne vous trouviez transportés tout d'un coup au milieu des horreurs indicibles de la perdition éternelle ! Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire.

III
      Mais, Dieu soit béni, nous avons maintenant une tâche plus douce à remplir. Nous venons, au nom de notre Maître, ANNONCER LA DÉLIVRANCE à tout pécheur qui se repent.
        « Prédicateur de l’Évangile, tu nous as tous condamnés », me dites-vous. Cela est vrai, mes chers auditeurs ; toutefois, ce n'est point moi, c'est Dieu qui condamne. Je puis le dire à la face du ciel : je vous aime tous, individuellement, comme un frère aime ses frères. Si je vous parle avec sévérité, c'est uniquement pour votre bien. Mon cœur, mon âme tout entière sont émus de compassion envers vous, et dans mes paroles les plus dures en apparence, il y a en réalité plus d'amour que dans les discours mielleux et agréables de ceux qui vous disent Paix, paix ! quand il n'y a point de paix. Oh ! ne croyez pas que je prenne plaisir à prêcher comme je l'ai fait aujourd'hui. Non, Dieu m'en est témoin ! je préfère mille fois vous entretenir de Jésus, de sa douce et glorieuse personne, de sa grâce et de sa justice parfaite ; aussi, ai-je à coeur, avant de terminer, de vous faire entendre des paroles de paix. - Approche donc, mon frère ; donne-moi ta main et écoute le message de grâce que je t'apporte. Te sens-tu coupable, condamné, maudit ? Dis-tu en cet instant même : « 0 Dieu ! je reconnais que tu serais juste si tu faisais tomber sur moi tout le poids de ta malédiction ? » Comprends-tu que bien loin de pouvoir jamais être sauvé à cause de tes bonnes oeuvres, tu es entièrement perdu à cause de tes péchés ? Et as-tu une haine profonde pour le mal ? Te repens-tu sincèrement ? S'il en est ainsi, chère âme, laisse-moi te dire où tu trouveras la délivrance.
        Hommes frères ! sachez tous ceci. Jésus-Christ, de la postérité de David, a été crucifié, il est mort et a été enseveli. Maintenant, il est ressuscité, il s'est assis à la droite de Dieu et il intercède même pour nous. Il est venu dans le monde pour sauver les pécheurs par sa mort. Voyant que les pauvres enfants d'Adam étaient assujettis à la malédiction, il s'est chargé lui-même de cette malédiction et les en a ainsi délivrés. Si donc Dieu a maudit Christ à la place de tel ou tel homme, il est impossible qu'il maudisse cet homme de nouveau. - « Mais Christ a-t-il été maudit pour moi? » me demande quelqu'un. A cela je réponds : Dieu le Saint-Esprit t'a-t-il fait voir ton péché ? t'en a-t-il fait sentir toute l'amertume ? t'a-t-il appris à pousser ce cri d'humiliation : O Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur ? Si, en sincérité de cœur, tu peux répondre affirmativement à ces questions, aie bon courage, mon bien-aimé ; Christ a été maudit à ta place ; et si Christ a été maudit à ta place, tu n'es plus sujet à la malédiction. - « Mais je voudrais en être certain, insistes-tu peut-être ; je voudrais ne pas pouvoir douter que Jésus a réellement été fait malédiction pour moi. » Et pourquoi en douterais-tu, mon frère ? Ne vois-tu pas Jésus expirant sur la croix ? Ne vois-tu pas ses mains et ses pieds ensanglantés? Regarde à lui, pauvre pécheur. Ne regarde plus à toi-même ni à tes iniquités ; regarde à lui et sois sauvé. Tout ce qu'il demande de toi, c'est que tu regardes à lui, et pour cela même il te prêtera son secours. Viens à lui, confie-toi en lui, crois en lui. Oh! je t'en supplie, accepte avec simplicité et avec foi cette déclaration de l'Écriture : C'est une chose certaine et digne d'être reçue avec une entière confiance, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs.
         « Quoi? objecte encore quelqu'un, dois-je donc croire que Jésus est mort pour moi, simplement parce que je me sens pécheur ? » - Justement, mon frère. - « Mais pourtant il me semble que si je possédais quelques justices, si je pouvais faire de belles prières ou accomplir de bonnes oeuvres, je serais plus en droit de conclure que Christ est mort pour moi. » Tu t'abuses, mon frère, tu t'abuses ; la foi que tu aurais alors ne serait plus de la foi ; ce serait de la justice propre et rien de plus. Une âme croit en Jésus, lorsque le péché lui apparaissant dans toute sa noirceur, elle se jette simplement dans ses bras, et s'en remet à lui pour la purifier de toutes ses souillures. Va donc, pauvre pécheur, tel que tu es, avec ton indignité et ta misère ; prends en main les promesses de Dieu, et, en rentrant chez toi, cherche la solitude de ta chambre. Là, agenouillé près de ton lit, répands ton âme devant Dieu. Dis-lui à ce Dieu qui est riche en compassion et abondant en miséricorde : « O Seigneur ! je le sens, tout ce que je viens d'entendre est vrai. Oui, je suis maudit, et maudit justement ! Je suis un pécheur qui ne mérite que la condamnation éternelle. Et tu le sais, ô Seigneur, ces aveux ont maintenant dans ma bouche un tout autre sens qu'autrefois. En reconnaissant que je suis pécheur, je veux dire que je suis un véritable pécheur. Je veux dire que si tu me condamnais j'aurais la bouche fermée ; que si tu me chassais pour toujours de ta présence, je n'aurais que ce qui m'est dû. O mon Dieu ! ton support à mon égard m'étonne et me confond. Comment as-tu pu souffrir qu'un être aussi vil que moi souillât si longtemps la terre ? Seigneur, j'ai méconnu ta grâce et dédaigné ton Évangile. J'ai méprisé les instructions de ma mère et mis en oubli les prières de mon père. Seigneur, j'ai vécu loin de toi, j'ai violé tes sabbats, j'ai profané ton saint nom. J'ai fait tout ce qui est mal, tout ce qui est désagréable à tes yeux ; et si tu me précipitais en enfer, je serais réduit au silence. Oui, mon Dieu, je suis un pécheur: un pécheur perdu sans ressource, à moins que tu ne me sauves, un pécheur sans aucun espoir de salut, à moins que tu ne me délivres ! Mais, grâces t'en soient rendues, ô Seigneur, tu sais que je suis aussi un pécheur repentant, troublé dans sa conscience, affligé à cause de ses transgressions. Et voici, je viens te rappeler ce soir que tu as dit dans ta Parole : Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi ; et ailleurs : C'est une chose a certaine et digne d'être reçue avec une entière confiance, que Jésus- Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs. Seigneur, je viens à toi ! Seigneur, je suis un pécheur ! Jésus est donc venu pour me sauver; Seigneur, je crois ! je me confie en mon Sauveur à la vie et à la mort ! je n'ai d'espérance qu'en lui et je hais jusqu'à la pensée que j'ai pu chercher le salut ailleurs que dans sa grâce. Sauve moi donc, Seigneur; et quoique je sache bien que par ma conduite future je ne saurais jamais parvenir à effacer un seul de mes péchés passés, je veux néanmoins te supplier, ô mon Dieu, de me donner un coeur nouveau et un esprit droit, afin que désormais et à toujours, je puisse courir dans la voie de tes commandements ; car je n'ai point de plus grand désir que d'être saint comme tu es saint, et de marcher devant toi comme ton enfant. Tu le sais, ô Seigneur, pour être aimé de toi, je renoncerais volontiers à tout ce que je possède, et j'ose espérer que tu m'aimes, car mon coeur commence à sentir les étreintes de ton amour. Je suis coupable : mais jamais je n'aurais connu ma culpabilité, si tu ne m'avais toi-même appris à la connaître. Je suis vil, mais jamais je n'aurais su que j'étais vil, si tu ne me l'avais révélé. Oh ! sûrement, mon Dieu, tu ne me détruiras point, après avoir ainsi commencé en moi ta bonne oeuvre.

Devant toi, je rougis et demeure confus !
Mais, Seigneur, ta bonté relève ma misère ;
N'as-tu pas mis, entre elle et ta colère,
L'amour, la croix et le sang de Jésus ?

      Oui, prie ainsi, mon bien-aimé ; ou, si tu ne peux pas prier aussi longuement, dis ces simples mots du fond du coeur : « Seigneur Jésus, je ne suis rien ! Sois toi-même mon tout!»


      Oh ! Dieu veuille qu'il y ait dans cette assemblée quelques âmes qui, en cet instant même, fassent monter ce cri vers son trône ! Et s'il en est ainsi, tressaillez d'allégresse, ô cieux ! chantez, ô séraphins ! réjouissez-vous, ô rachetés ! car c'est ici l'oeuvre de l’Éternel ; que toute gloire soit rendue à son nom !


Numérisation Yves PETRAKIAN
Copie autorisée pour diffusion gratuite uniquement
Obligation d'indiquer la source http://456-bible.123-bible.com


dimanche 22 mars 2015

(7) SERMONS CHOISIS Charles Spurgeon

LA RESPONSABILITÉ DE L'HOMME

Si je n'étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n'auraient point de péché ; mais, maintenant, ils n'ont point d'excuse de leur péché (Jean 15:22).

        Le péché par excellence de la nation juive, celui qui mit le comble à la mesure de ses iniquités, ce fut, sans contredit, la réjection de Jésus-Christ comme Messie. La venue du Sauveur avait été clairement annoncée par les prophètes aussi les vrais Israélites qui attendaient l'accomplissement des oracles divins, comme Siméon et Anne la prophétesse, n'eurent pas plus tôt contemplé le petit enfant Jésus, qu'ils reconnurent en lui la consolation d'Israël et se réjouirent d'avoir vu le salut de Dieu.
        Mais parce que Jésus-Christ ne répondit point à l'attente de la génération perverse à laquelle il fut envoyé, parce qu'il ne vint point environné de pompe et revêtu de magnificence, parce qu'il ne fut entouré ni du prestige d'un prince ni des honneurs d'un roi de la terre, les Juifs refusèrent de le recevoir. Il monta comme un rejeton devant lui, et comme une racine qui sort d'une terre sèche ; il fut méprisé et on n'en fit aucun cas (Esaïe 53:2,3).
     Mais là ne s'arrêta point le péché des Juifs. Non contents de nier le caractère messianique de Jésus, ils lui vouèrent une haine implacable ; altérés de son sang, ils le pourchassèrent pendant toute sa vie ; et leur malice diabolique ne fut pleinement assouvie que lorsque, assis au pied de la croix, ils purent suivre du regard, avec une joie féroce, les dernières convulsions et la lente agonie de leur Messie crucifié. Et bien qu'au-dessus de la croix on lût ces mots remarquables : « Jésus de Nazareth, le Roi des Juifs », ils ne voulurent jamais reconnaître comme leur roi le Fils éternel de Dieu ; c'est pourquoi aussi ils le crucifièrent, car s'ils l'eussent connu, dit saint Paul, ils n'auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire (1Co 2:8).
      Peut-être vais-je vous surprendre, mes chers auditeurs, en vous disant que le péché des Juifs est journellement répété par les Gentils. Ce que les premiers ont fait une fois, un très grand nombre des seconds le font chaque jour. N'y a-t-il pas, en effet, dans le monde ; n'y a-t-il pas, même parmi ceux qui écoutent en cet instant ma voix, une foule d'âmes immortelles qui oublient, qui méconnaissent le Messie ?
       Peut-être ne prenez-vous pas la peine de le rejeter ouvertement ; puisque vous vivez dans ce que l'on appelle un pays chrétien, vous croiriez-vous déshonorer en blasphémant son nom. Peut-être même êtes-vous attachés à la saine doctrine, et admettez-vous que Jésus est à la fois Fils de Dieu et fils de Marie ; mais c'est là tout. Vous ne tenez aucun compte de ses droits ; vous lui refusez l'honneur qui lui est dû ; vous semblez le juger indigne de votre confiance. Il n'est point votre Rédempteur ; vous ne soupirez point après son second avènement, et vous n'espérez point être sauvés par son sang.
        Bien plus, comme les Juifs, vous êtes les meurtriers de Christ ; car ne savez-vous pas qu'en tant que vous méprisez son Evangile, vous crucifiez de nouveau le Fils de Dieu et le livrez à l'ignominie ? Oui, chaque fois que vous entendez la prédication de la Parole et que vous la laissez écouler ; chaque fois que votre conscience est atteinte et que vous étouffez sa voix ; chaque fois que vous tremblez à l'ouïe des menaces de Dieu, mais que vous vous empressez de dire avec Félix : Va-t-en pour cette fois ; et quand j'en aurai le loisir, je te rappellerai ; - chaque fois, dis-je, que vous agissez ainsi, souvenez-vous, ô pécheurs, que vous prenez en quelque sorte le marteau et le clou pour déchirer de nouveau la main meurtrie de mon Sauveur et que vous rouvrez ses plaies sanglantes !
      Ou bien encore, chaque fois que vous outragez Christ dans la personne d'un de ses membres ; chaque fois que vous insultez ses ministres ; que vous entravez l'oeuvre de ses serviteurs ; que vous faites tort à l’Évangile par votre mauvais exemple, ou que, par vos railleries, vous détournez une âme de la recherche de la vérité ; - chaque fois, dis-je, que vous commettez de telles choses, vous trempez, autant qu'il dépend de vous, dans cette grande iniquité, dans ce forfait sans égal qui a attiré sur Israël la malédiction divine, et en punition duquel il a été condamné, lui, le peuple élu, à errer sur la surface de la terre, jusqu'au jour de la glorieuse réapparition du Messie : de ce Messie qui a paru une première fois pour souffrir, mais qui reviendra pour régner ; de ce Prince de gloire que dans ce moment même Juifs et Gentils attendent avec une égale anxiété, et qu'Israël doit reconnaître enfin comme son Roi.
         Je me propose aujourd'hui, mes chers auditeurs, d'établir un parallèle entre vous et la nation juive ; ou plutôt, je voudrais, avec l'aide de Dieu, vous faire sentir, en appliquant mon texte à vos consciences, que si vous rejetez Christ, vous commettez le même péché et vous encourez la même malédiction que le peuple déicide (?). Si je n'étais pas venu et que je ne lui eusse pas parlé, dit Jésus- Christ, ils n'auraient point de péché ; mais maintenant, ils n'ont point d'excuse de leur péché.
       Et d'abord nous observerons que CHRIST VIENT A VOUS ET VOUS PARLE, tout aussi réellement qu'aux anciens Juifs PAR L'ORGANE DE SES MINISTRES. Nous établirons, en second lieu, que LA RÉJECTION DU MESSAGE DE CHRIST AGGRAVE LA CULPABILITÉ DE L'HOMME, et ensuite que LA PRÉDICATION DE L’EVANGILE LAISSE ABSOLUMENT SANS EXCUSE. Enfin, nous avertirons brièvement, mais solennellement, tous ceux qui méprisent le Sauveur, DE LA CONDAMNATION EFFROYABLE QUI LES ATTEND.


I 
       CHRIST VIENT A VOUS ET PARLE A VOS CONSCIENCES PAR L'ORGANE DE SES MINISTRES : tel est, ai-je dit, le premier point sur lequel je désire appeler votre attention.
    Lorsque, dans le désert, le peuple d'Israël méprisa Moïse et murmura contre lui, le serviteur de Dieu répondit avec douceur : Vos murmures ne sont pas contre nous, mais ils sont contre l’Éternel (Exode 16:8). Ce langage, mes frères, tout véritable ministre de Christ est en droit de le tenir. Oui, nous appuyant sur l'Ecriture, nous pouvons dire en toute vérité : « Qui nous rejette, ne nous rejette pas nous mêmes, mais il rejette Celui qui nous a envoyés ; et qui méprise notre parole, méprise non point, la parole d'un homme, mais celle du Dieu tout-puissant. » Sans doute le ministre de l’Évangile n'est qu'un homme, qu'un homme faible et pécheur ; il n'est investi d'aucun pouvoir sacerdotal ; mais Dieu l'a choisi et l'a revêtu des dons du Saint-Esprit, afin qu'il annonce le salut à ses frères ; et lorsqu'il prêche la vérité avec la vertu qui lui vient d'en haut, le Seigneur ne dédaigne pas de l'appeler son ambassadeur ; il le place comme une sentinelle, sur les murs de Sion ; il lui donne charge d'âmes, et il déclare que celui-là se rend coupable de rébellion contre le Très-Haut qui foule aux pieds le fidèle message de son fidèle serviteur.
        Si je parle de mon propre chef, peu importe assurément que je sois écouté ou non ; mais si je parle en ma qualité d'ambassadeur de Christ, prenez garde de ne pas mépriser ma voix. Si je viens à vous avec les raisonnements de la sagesse humaine, libre à chacun d'accepter ou de rejeter mes enseignements ; mais si par la puissance de l'Esprit, je vous annonce la Parole qui est descendue du ciel, vous suppliant instamment de la recevoir, souvenez-vous que si vous la rejetez, c'est aux risques et périls de vos âmes, car, encore une fois, ce n'est pas nous qui parlons, mais c'est l'Esprit de l'Eternel notre Dieu qui parle par nous.
         Oh ! qu'il est sacré, qu'il est solennel le ministère évangélique, considéré ce point de vue ! Fils des hommes, mettez-vous bien dans l'esprit que nous ne sommes autre chose que l'écho de la voix de Dieu. Tout ministre de l'Evangile qui a véritablement reçu vocation d'en haut ne fait que transmettre à ses frères le message qu'il a reçu de son Maître ; et n'a garde de rien changer à ce message, car il a constamment sous les yeux cette grave exhortation de l'Apôtre : Prends garde à toi et à l'instruction ; persévère dans ces choses car en faisant cela, tu te sauveras toi-même et ceux qui t'écoutent (1Ti 4:16), tandis que derrière lui une voix menaçante murmure à son oreille : Si tu n'avertis pas le méchant, il mourra dans son iniquité, mais je redemanderai son sang de ta main (Ez 33:8) ! Oh ! que ne puis-je, en ce moment, tracer devant vous en caractères de feu, ce cri d'un ancien prophète : Terre, terre, terre écoute la parole de l’Éternel ! car en vérité je vous le dis, aussi longtemps que nous annonçons l’Évangile, pur de tout alliage, c'est comme si Dieu vous exhortait par notre ministère, et la Parole que nous prêchons; a autant de droits votre respect, que si l’Éternel lui-même vous parlait du sommet de Sinaï, au lieu de vous parler par l'humble intermédiaire de ses indignes serviteurs.
      Et maintenant recueillons-nous devant cette sérieuse vérité, et que chacun de nous se pose cette question : « N'ai-je pas offensé Dieu de la manière la plus criante en négligeant les moyens de grâce qu'il a mis à ma portée ? » J'en appelle à votre conscience : que de fois ne vous êtes-vous pas tenus éloignés de la maison de Dieu, quand Dieu lui-même y faisait entendre sa voix ! Qu'eussiez-vous pensé, je vous le demande, des enfants d'Israël, si, méprisant la convocation de Jéhovah, ils eussent erré dans le désert le jour du sabbat, au lieu d'aller au pied de la sainte montagne écouter les ordres de l’Éternel ! Et pourtant c'est là ce que vous avez fait. Vous avez recherché vos aises et vos plaisirs, et négligé la maison de prières ; vous avez écouté le chant de sirène de la tentation, et fermé l'oreille à la voix du Très-Haut ; vous avez erré dans les sentiers tortueux du monde, au lieu de vous rendre à l'invitation de l'Éternel votre Dieu qui vous appelait dans son sanctuaire. Et alors même que vous y êtes venus, que de fois y avez-vous apporté un œil distrait, une oreille inattentive ! Vous avez entendu comme si vous n'entendiez point. L'oreille de votre corps a bien saisi quelques sons ; mais l'homme intérieur qui est en vous, a été sourd.
         Semblables à l'aspic qui bouche son oreille et qui n'écoute point la voix du charmeur le plus expert en charmes (Ps 58:5,6), vous n'avez tenu compte ni nos prières ni de nos menaces. Bien plus : l'Esprit de Dieu, j'ose l'affirmer, a parlé une fois ou l'autre à vos consciences. N'est-il pas vrai qu'il y a eu un jour au moins dans votre vie où, assis peut-être à cette même place sur ce même banc, vous tremblâtes en écoutant l'Évangile ? Vos genoux s'entre-choquaient vous étiez éperdus, et tandis qu'un puissant Boanerges tonnait contre le pécheur, lui criant de la part du Maître : Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu, - considère tes voies, mets ordre à ta maison, car tu t'en vas mourir, - il vous semblait entendre la voix, non d'un homme, mais d'un ange. Et pourtant (ô inconcevable folie !) à peine eûtes-vous franchi seuil de la maison de Dieu, que déjà vous aviez tout oublié. Vous avez éteint l'Esprit, et contrit l'Esprit de grâce ; vous avez imposé silence aux murmures de votre conscience ; vous avez étouffé dès le berceau ces prières naissantes qui commençaient à se former dans vos coeurs, et noyé impitoyablement dans les distractions du monde ces jeunes et saintes aspirations qui venaient d'éclore dans vos âmes.
       Vous avez repoussé loin de vous tout ce qui est bon, tout ce qui est sacré. Vous êtes retournés à vos mauvaises voies; vous avez de nouveau erré sur les montagnes du péché et dans les vallées die l'iniquité. Et en agissant ainsi, savez-vous ce que vous avez fait ? VOUS AVEZ MÉPRISÉ DIEU !..... Mépriser Dieu ! Oh ! si le Saint-Esprit daignait faire sentir à chacun de vous tout ce qu'il y a de terrible dans ces deux mots, du sein de cette grande assemblée s'élèverait en ce moment une voix de deuil et de lamentation, et ce lieu de culte serait changé en un lieu de pleurs et de grands gémissements !
      Oh ! mes frères, - avoir méprisé Dieu, - foulé aux pieds le Fils de l'homme, - traité légèrement sa croix, - rejeté les tendres invitations de son amour et les avertissements de sa grâce : quelle énormité ! quel crime !... Avez-vous jamais réfléchi sérieusement à ces choses ? Vous avez cru peut- être qu'en rejetant la prédication de l'Evangile vous ne méprisiez qu'un homme : pensez désormais, je vous en conjure, que c'est Christ que vous méprisez. Car Christ vous a parlé ; il vous a parlé, j'ose le dire, par la bouche même de son faible serviteur qui est maintenant devant vous. Ah ! oui, Dieu m'est témoin que souvent Christ à pleuré avec ces yeux et parlé avec ces lèvres !
       Dieu m'est témoin que je n'ai recherché qu'une seule chose parmi vous : le salut de vos âmes. Tantôt, par des paroles rudes et sévères, j'ai voulu vous contraindre à chercher un refuge au pied de la croix ; tantôt, par des accents émouvants et tendres, j'ai essayé de vous gagner à mon Rédempteur. Etait-ce moi qui vous parlais alors ? Non ! C'était Jésus qui vous parlait par moi. C'était lui qui vous criait : « Regardez à moi, vous tous les bouts de la terre, et soyez sauvés. » C'était lui qui vous disait : « Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai ! C'était lui qui vous avertissait que vous péririez si vous négligiez un si grand salut.
        Si donc vous avez ouï ces appels, et que vous les ayez oubliés si vous avez reçu ces invitations, et que vous les ayez refusées, souvenez-vous que vous avez méprisé, non pas nous, mais notre Maître ; malheur à vous, oui, vous dis-je, malheur à vous à moins que vous ne vous repentiez, car c'est une chose terrible que de mépriser la voix d celui qui nous parle des cieux (Heb 12:25) !

II
     Mais passons au second point de notre sujet qui est celui-ci : LA RÉJECTION DE L'EVANGILE AGGRAVE LA CULPABILITÉ DE L'HOMME.
      Et d'abord, un mot d'explication est nécessaire, sans quoi ma pensée pourrait être mal comprise.
      Il est des personnes qui, étant allées dans la maison de Dieu, ont été tellement saisies par le sentiment de leurs péchés, qu'elles n'osent y retourner ; et Satan a même fini par leur persuader qu'il est de leur devoir de fuir toute occasion d'entendre l'Evangile, « car, leur dit-il, plus vous l'entendrez, plus sévère sera votre condamnation ». C'est une erreur, mes amis. Non, vous ne risquez pas d'aggraver votre condamnation par le fait seul que vous allez dans la maison de Dieu; vous l'aggraveriez bien plutôt en n'y allant pas, car en vous tenant éloignés, vous rejetez deux fois le Seigneur : vous le rejetez matériellement aussi bien que spirituellement.
     Non seulement, comme le paralytique qui était couché auprès du réservoir de Béthesda, vous n'entrez point dans les eaux de la grâce, mais encore vous ne voulez point, comme lui, vous tenir auprès du réservoir ; en d'autres termes, vous refusez de vous placer sous l'influence de la Parole de Dieu ; c'est pourquoi, vous amassez sur votre tête une double mesure de responsabilité. Je le répète : la simple audition de l'Evangile n'aggrave pas le péché de l'homme ; ce qui l'aggrave, c'est la réjection consciente et volontaire de cet Évangile.
      Ainsi, tout homme qui, après avoir écouté la bonne nouvelle du salut, s'en va pour rire et se moquer de ce qu'il vient d'entendre, oui bien qui, après avoir reçu de sérieuses impressions, permet aux inquiétudes et aux plaisirs de lia vie d'étouffer la bonne semence dans son coeur, un tel homme accroît sa culpabilité de la manière la plus effrayante.
        Mais comment le fait-il ? De deux manières. D'abord, il se rend coupable d'un nouveau péché, d'un péché qu'il n'avait jamais, commis auparavant. Qu'on m'amène un Hottentot, un habitant de Kamschatka, un sauvage enfant des désert auquel n'est jamais parvenu l’Évangile de Jésus Il se peut que cet homme ait commis tous les forfaits qui figurent dans le catalogue du crime ; toutefois je connais un péché dont il est innocent: il n'a jamais rejeté la Parole de Christ puisqu'il n'a jamais eu l'occasion de la connaître. Mais quant à vous, mes amis, qui êtes placés sous l'influence directe de l'Evangile, vous avez par cela même une nouvelle occasion d'offenser Dieu, et chaque fois que vous avez repoussé ses appels, sachez-le bien, vous avez ajouté un péché de plus à la liste déjà si longue de vos transgressions.
        - Je le sais, de telle paroles sonnent mal aux oreilles de bien des gens. Souvent, j'ai été repris par certains hommes qui se sont détournés de la vérité, parce que j'enseigne que la simple réjection de Christ constitue un péché. Mais que m'importent les attaques des ennemis de l’Évangile ? Que m'importent leurs injures ? J'ai pour moi la Parole de Dieu, et cela me suffit. Oui, la responsabilité de l'homme est clairement enseignée dans la Bible, et je ne pense pas qu'un ministre de Christ puisse être net du sang des âmes confiées à ses soins, s'il ne rend de fréquents et solennels témoignages à cette vérité capitale.
        Quand l'Esprit de vérité sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement : de péché, parce qu'ils n'ont pas cru en moi. -Or, voici la cause de la condamnation ; c'est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. - Celui qui ne croit point est déjà condamné, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. - Si je n'eusse pas fait parmi eux les œuvres qu'aucun autre n'a faites, ils n'auraient point de péché ; mais maintenant, ils les ont vues, et ils ont haï et moi et mon Père. - Malheur à toi, Chorazin ! malheur à toi, Bethsaïda ! Car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient repenties en prenant le sac et la cendre ; c'est pourquoi Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement au jour du jugement que vous.
-Il nous faut faire une plus grande attention aux choses que nous avons entendues, de peur que nous les laissions écouler ; car si la parole qui a été annoncée par les anges a eu son effet, et si toute transgression et toute désobéissance a reçu une juste punition, comment échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut ?
         - Si quelqu'un avait violé la loi de Moïse, il mourait sans miséricorde sur le témoignage de deux ou de trois personnes ; combien plus grand croyez-vous que doive être le supplice dont sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, et tenu pour une chose profane le sang de l'alliance, par lequel il avait été sanctifié, et qui aura outragé l'Esprit de la grâce ? (1) Jean 16:8, 9 Jean 3:19,18. Jean 15:24 Luc 10:13,14 Heb 2:1,3 Heb 10:28, 29.
- Vous le voyez, mes frères, je cite textuellement l'Ecriture ; or, si ces divers passages ne signifient point que la réjection de Christ est un péché, et le péché qui, par-dessus tous les autres, rend l'âme humaine passible de la perdition éternelle ; si, dis-je, ils n'ont point ce sens, j'affirme qu'ils n'en ont absolument aucun, mais qu'ils sont des lettres mortes dans la Parole de Dieu. Assurément l'adultère, le meurtre, le larcin, le mensonge, tous ces péchés sont mortels et damnables ; néanmoins, la repentance peut les effacer tous par les mérites du sang de Jésus. Mais une âme qui rejette Christ est perdue sans espoir. Le meurtrier, le voyeur, l'intempérant peuvent entrer dans le royaume des cieux, si, haïssant sincèrement leurs iniquités, ils saisissent la croix de Christ; mais tout homme qui ferme son coeur au Seigneur Jésus, qu'il soit un grand pécheur ou un homme vertueux selon le monde; sera perdu sans ressource.
        Et considérez, je vous prie, mes chers auditeurs, combien est odieux le péché que vous commettez, en repoussant Christ. On peut dire avec vérité qu'il contient dans ses entrailles tous les autres péchés. Et d'abord, j'y vois le meurtre car si un criminel sur l'échafaud refuse, la grâce qui lui est offerte, ne devient-il pas son propre meurtrier ? J'y vois l'orgueil : car si vous vous détournez du Sauveur, c'est votre coeur orgueilleux qui en est cause. J'y vois la rébellion : car vous faites la guerre à Dieu en méprisant son Fils. J'y vois le crime de haute trahison : car vous vous insurgez contre votre Souverain légitime, vous prenez les armes contre Celui qui a été sacré Roi de toute la terre.
        Oh ! je vous en supplie, réfléchissez à votre, conduite. Quoi ! le Seigneur Jésus est descendu du ciel ; il a été cloué sur un bois infâme ; là, il est mort au milieu d'indicibles angoisses, et du haut de cette croix maudite, il abaisse sur vous un regard d'amour, en vous disant : « Venez à moi vous tous qui êtes travaillés et chargés ! » Et vous osez de mépriser encore, ! et vous refusez d'écouter ses appels ! et vous passez à côté de lui avec indifférence !... Ah ! n'infligez-vous pas ainsi à mon Sauveur la plus cruelle des blessures ? et ne faites-vous pas preuve de l'ingratitude la plus insigne, la plus révoltante, la plus diabolique en vous détournant de Celui qui a donné sa vie pour vous?.....
        Oh ! si vous vouliez être sage ! si vous vouliez comprendre ceci ! si vous considériez votre dernière fin.
         Mais il y a plus. En rejetant Christ, non seulement vous ajoutez un nouveau péché à tous ceux que vous avez déjà commis, mais encore vous rendez ceux-ci beaucoup plus graves. Il ne peut pas faire le mal à aussi bon marché qu'un autre, l'homme qui a été placé sous l'influence de l’Évangile. Lorsque des personnes sans lumière et sans intelligence spirituelle offensent Dieu, leur conscience, ne les reprend pas toujours ; aussi leur culpabilité n'est-elle pas aussi grande que celle de l'âme qui pèche étant éclairée.
As-tu volé avant d'entendre la Parole de Dieu ? tu as mal fait ; mais vole après avoir entendu cette Parole, et tu seras dix fois plus coupable. As-tu menti avant de connaître l’Évangile ? tout menteur aura sa part dans l'étang de feu ; mais continue à mentir après l'avoir connu, et il semble en vérité que pour toi la fournaise de la géhenne doive être chauffée sept fois autant que de coutume. Celui! qui pèche étant dans l'ignorance est à quelque degré excusable ; mais relui qui pèche contre la lumière et la connaissance, pèche dans les circonstances les plus aggravantes.
          Rejetez Christ, et, du même coup, vous noircissez tous vos autres péchés. Le mépris de Christ est comme la lime à l'aide de laquelle pécheur révolté aiguise la hache, le couteau, l'épée dont il se sert pour combattre le Très-Haut. Mieux vous connaissez Christ, plus votre culpabilité grandit et augmente si vous le rejetez.
          Telle est, mes frères, la vérité de Dieu. Vérité solennelle, vérité saisissante, et que les ministres de l’Évangile ne devraient jamais annoncer sans être émus jusqu'au fond de l'âme. Oh ! qu'il est sérieux surtout d'avoir un tel message à vous faire entendre, à vous, mes chers auditeurs, qui de tous les hommes vivant sous le soleil, êtes peut-être ceux auxquels les paroles de mon texte s'appliquent avec le plus de force ! Oui, vous dis-je, s'il est des âmes dans le monde auxquelles il sera beaucoup redemandé, ce sont les vôtres.
Sans doute, vous n'êtes pas les seuls qui jouissiez de grands privilèges , vous n'êtes pas les seuls qui ayez entendu prêcher l’Évangile avec pureté et avec force ; mais, j'en atteste le Dieu vivant, ce Dieu qui au dernier jour jugera entre vous et moi, il n'est personne sur la terre qui ait plus reçu que vous.
            De toutes les puissances de mon être, je me suis efforcé d'être fidèle envers vos âmes. Jamais je n'ai cherché, en employant des mots sonores ou un langage technique, à rehausser ma propre sagesse. Je vous ai parlé clairement, nettement, familièrement ; et si parfois, il est échappé de mes lèvres un mot qui ne fût pas à la portée de tous, c'est à mon insu ou par mégarde. Je vous ai annoncé l'Évangile dans toute sa simplicité. Jamais, je puis le dire, je ne vous ai parlé avec froideur. Comme les anciens prophètes, chaque fois que j'ai monté les degrés de la chaire, j'aurais pu m'écrier : La charge de l'Éternel, la charge de l'Éternel est sur moi ! car mon coeur était gros de parler, mon âme bouillonnait au-dedans de moi, et alors même que j'ai prêché avec faiblesse, si mes paroles étaient rudes et mal choisies, du moins puis-je me rendre le témoignage qu'elle partaient de l'abondance de mon cœur. J'ai répandu devant vous mon âme tout entière. J'ai essayé de tous les moyens pour vous rendre attentifs aux choses de Dieu ; et si en bouleversant le ciel et la terre, j'avais cru trouver un mot qui pût vous gagner à mon Sauveur, Dieu sait que j'aurais tenté de le faire. Je vous ai annoncé tout le conseil de mon Maître ; je vous ai repris sans ménagements ; je n'ai point fait usage de mots couverts. J'ai déclaré à ce siècle ses forfaits, et à chacun de vous ses iniquités.
         Je n'ai eu garde de mitiger la Bible pour plaire au goûts charnels des hommes, Quand Dieu a dit : Damner, j'ai dit : Damner ; je n'ai point remplacé ce mot qui froisse les oreilles délicates de notre génération, par celui plus doux de condamner. J'ai appelé les choses par leur vrai nom ; je n'ai ni voilé ni déguisé la vérité, mai à toute conscience humaine, je me suis efforcé, comme en présence de Dieu, d'exposer le salut avec hardiesse, avec puissance, avec ferveur et avec zèle. Je n'ai eu honte, ni d'élever bien haut les glorieuses doctrines de la grâce (quoique en cela faisant je me sois attiré les injures des ennemis de la croix), ni de prêcher comme aujourd'hui la solennelle responsabilité de d'homme (quoiqu'une autre caste de gens m'ait mis à l'index pour cette raison). Et Dieu sait, mes chers auditeurs, que si je parle de cette manière, ce n'est point pour me glorifier ; c'est uniquement afin de vous faire rentrer en vous-mêmes, et afin de vous prouver que vous êtes les plus coupables des hommes si vous rejetez l’Évangile. Car, encore une fois, cet Evangile, vous le connaissez ; il vous est annoncé en cet instant même ; si donc vous persistez à mépriser Christ, souvenez-vous que vous amassez sur vos têtes une mesure toujours plus grande de la colère de Dieu.

III
Et maintenant développons notre troisième proposition.
       LA PRÉDICATION DE L'EVANGILE DE CHRIST, avons-nous dit, ENLÈVE TOUTE EXCUSE A CEUX QUI L'ONT ENTENDU ET REJETÉ. Hélas, combien toute excuse est vaine devant l’œil de Celui qui sonde toutes, choses !
         Dans le grand jour de la tempête de la colère de Dieu, malheur à l'âme qui n'aura pour se mettre à couvert que le chétif abri d'une excuse ! Néanmoins, je le reconnais, une excuse vaut mieux que rien. Et de même qu'un homme qui n'aurait ni asile ni refuge s'estimerait bien heureux; par la pluie et le froid, de pouvoir du moins s'envelopper dans un manteau, de même toute conscience qui se sent coupable est bien aise, à défaut de mieux de rassembler autour d'elle quelques misérable lambeaux d'excuses. Mais maintenant, dit Jésus Christ, - maintenant que je suis venu à vous et que je vous ai parlé, - maintenant vous n'avez plus d'excuse de vos péchés.
        Voyageur égaré, tu devras affronter la tempête sans le vêtement qui te protégeait. Ame coupable, tu devras paraître devant ton Juge sans le plus léger voile pour atténuer tes iniquités : dépouillée; découverte, démasquée, tu es laissée absolument sans excuse.
Pour mieux vous faire saisir cette importante vérité, je vais passer en revue quelques-unes des excuses derrière lesquelles d'homme se plaît à se retrancher, et nous verrons ce qu'elle deviennent en présence de la fidèle prédication de l’Évangile.
      Et d'abord, l'excuse qui se retrouve le plus souvent dans la bouche du pécheur, est celle-ci « Quand j'ai commis telle ou telle iniquité, j'ignorais que je faisais mal. » Il est possible que le païen ait quelque droit d'alléguer cette excuse, mais quant à vous, mes amis, je soutiens que vous n'en avez aucun. Par sa loi sainte, Dieu vous a fait solennellement connaître ce qui est anal. Vous savez les dix commandements ; vous avez lu aussi le commentaire qu'en a fait notre Maître ; vous n'ignorez pas qu'il a étendu et spiritualisé la loi morale, et qu'il nous a appris, par exemple, que le septième commandement : Tu ne commettras point adultère, défend non seulement tout acte impur, mais toute pensée ou tout regard de convoitise.
         Si le farouche Indien commet un meurtre, il est, jusqu'à un certain point, excusable. Je ne doute pas que sa conscience ne lui crie qu'il fait mal de répandre le sang de son frère, mais ses livres sacrés lui enseignent qu'il fait bien ; c'est pourquoi il a une ombre d'excuse. De même. lorsque le mahométan se livre sans contrainte à la volupté, je ne doute pas qu'une voix intérieure ne le condamne ; toutefois, puisque son Coran légitime l'impureté, on peut admettre en sa faveur quelques circonstances atténuantes. Mais vous qui faites profession de croire à la Bible, vous qui la possédez dans vos maisons et qui n'avez qu'à sortir dans vos rues pour entendre annoncer l’Évangile, quelle excuse semblable, je vous le demande, pourriez-vous faire valoir ? Ne péchez-vous pas avec la loi divine affichée, en quelque sorte, sur la muraille devant vos yeux ? Ne violez-vous pas volontairement les ordres bien connus de Celui qui a parlé des cieux et qui vous a parlé directement à vous-mêmes ?
       « Mais, dira un autre, lorsque j'ai péché je ne savais pas à quel sévère châtiment je m'exposais. » Vous ne le saviez pas, mon cher auditeur ! Et à qui la faute, je vous prie ? L’Évangile ne vous a-t-il pas averti ? Jésus-Christ ne vous a-t-il pas dit et redit que ceux qui ne veulent pas le recevoir seront jetés dans les ténèbres de dehors, dans le lieu des pleurs et de grincements de dents ? Ne vous a-t-il pas déclaré expressément que les méchants s'en iront aux peines éternelles, et les justes à la vie éternelle ? Ne vous a-t-il point parlé lui-même et du ver qui ne meurt point et du feu qui ne s'éteint point ? Et vos pasteurs (si du moins ils sont fidèles), ne vous ont-ils pas fait entendre à leur tour ces redoutables vérités ?
Ah c'est en vain que vous essaieriez de le nier vous avez péché, sachant très bien que vous perdiez votre âme. Vous avez bu la coupe empoisonnée, sachant très bien que la mort éternelle était au fond ; vous l'avez vidée jusqu'à la lie, sachant très bien que dans chaque goutte de cette coupe brûlait déjà le feu de l'enfer ! Vous avez détruit votre âme les yeux ouverts. Comme un boeuf qui s'en va à la boucherie, et comme un fou qui s'en va aux ceps pour être châtié (Pro 7:22) ; vous avez marché tout droit à votre ruine ; comme l'agneau qui lèche le couteau de l'égorgeur, vous avez caressé les instruments de votre perte ; et vous avez fait tout cela, je le répète, sciemment, volontairement, avec une pleine connaissance de cause : c'est pourquoi vous êtes sans excuse.
         « Il est vrai que je connais la loi de Dieu, dira-t-on encore ; il est vrai aussi qu'en faisant le mal je savais à quoi je m'exposais ; mais j'ignore ce que je dois faire pour être sauvé. »
         Y a-t-il ici quelqu'un qui ait l'audace de présenter une telle excuse ? En vérité, il faudrait qu'il eût un front d'airain ! Depuis dix, vingt, trente, quarante ou cinquante années, la plupart d'entre vous entendent la prédication de l’Évangile. Ces mots : « Crois et vis ! crois et vis ! » retentissent chaque jour à vos oreilles. Comment donc oseriez-vous dire : « Nous ne connaissons point le chemin du salut ? » Dès l'âge le plus tendre vous avez été placés sous l'influence de la vérité. Le doux nom de Jésus est un des premiers mots que votre langue enfantine ait appris à bégayer. Vous avez sucé pour ainsi dire le lait du saint Évangile avec le lait de votre mère. Et pourtant, malgré tous ces privilèges, malgré toutes ces faveurs, vous n'avez jamais cherché Christ.
      Oh ! prenez garde, je vous en conjure. « Connaissance est puissance », dit un proverbe humain, et, appliqué aux chose de la terre, cela peut être vrai ; mais pour ce qui est des choses de Dieu, connaissant est malheur, MALHEUR, MALHEUR, à moins que la foi ne vienne s'y joindre. Oui, vous dis-je malheur à l'homme qui connaît le bien et qui ne le fait pas, car la colère de Dieu tombera de tout son poids sur son âme !
Mais il me semble entendre une autre excuse « Je conviens, dit un de mes auditeurs, que l’Évangile m'a été annoncé ; mais ce qui m'a empêché de le prendre au sérieux, c'est que je n'ai jamais vu personne le mettre en pratique.
        Je conviens, à mon tour, que dans la bouche de quelques-uns cette excuse peut avoir une certaine valeur ; mais pour le plus grand nombre j'affirme qu'elle est fausse et sans fondement Ah ! homme du monde, tu prends plaisir à critiquer les misères des chrétiens. Tu dis : « Ils sont en contradiction avec leurs principes ; leur vie n'est pas telle qu'elle devait être » ; - et en ceci, hélas ! tu ne dis que trop vrai...
       Cependant, interrogé ton passé, cherche dans tes souvenirs et dis-moi si tu n'as jamais connu un seul chrétien dont tu aies été forcé d'admirer le caractère. C'était peut-être ta mère, la mère qui te donna le jour. Ah ! n'est-il pas vrai, qu'il y a toujours eu dans la douce figure, dans la sainte vie de celle qui t'enfanta, un problème que tu n'as jamais pu résoudre, un écueil devant lequel ton incrédulité a été contrainte à s'arrêter ? Peut-être, plus d'une fois dans ta vie, as-tu été sur le point de rejeter entièrement l'Evangile ; mais dans ces moments de tentation, l'image vénérée de ta mère s'est dressée devant toi, et tu as été vaincu ! Ne te rappelles-tu pas en remontant jusqu'à l'aube de tes souvenirs, ne te rappelles-tu pas que souvent en ouvrant tes yeux au matin, tu rencontrais le regard humide de ta mère attaché sur toi avec amour, et tu l'entendais murmurer tout bas : « Dieu te bénisse, mon enfant ! Puisses-tu vivre pour aimer ton Sauveur. » Ton père te reprenait souvent ; elle, presque jamais ; mais par des paroles pleines de tendresse, elle cherchait à toucher ton coeur.
          Souviens-toi de la petite chambre haute où elle se retirait avec toi, et entourant ton cou de ses bras, te consacrait à Dieu et priait le Seigneur Jésus de te sauver dès les jours de ta jeunesse. Souviens-toi de la lettre qu'elle glissa dans ta main, de la Bible dans laquelle elle écrivit ton nom, lorsque tu t'éloignas du toit paternel. Souviens-toi surtout de son affliction , lorsqu'elle apprit que tu commençais à te plonger dans les plaisirs du monde, et du douloureux regard qu'elle attacha sur toi la dernière fois que tu la quittas. « Mon fils », te dit-elle en étreignant ta main, « si tu marches dans les voies de l'iniquité, tu feras descendre mes cheveux blancs avec douleur au sépulcre. » Elle mourut sans que tu la revisses, mais sur son lit de mort elle pensa à toi, et au moment d'expirer, elle murmurait encore : « Oh ! si seulement je savais que mon fils se convertit à Dieu, je m'en irais parfaitement heureuse !.... »
          Eh bien, jeune homme ne sais-tu pas que ta mère, du moins, n'était pas une hypocrite ? Peux-tu douter que sa piété ne fût une chose réelle ? Tu pouvais, il est vrai, te moquer de ton pasteur, tu pouvais dire qu'il faisait son métier ; mais de ta mère, tu ne pouvais te moquer : elle était chrétienne, et ton esprit sceptique lui-même était forcé de l'avouer. Que de fois ne supporta-t-elle pas ton humeur irascible et ne répondit-elle que par la douceur à tes paroles brusques ! car c'était une créature angélique que ta mère ; elle semblait en vérité trop pure pour ce monde ; et quoi que tu puisses avoir oublié, sûrement tu te souviens de cela, jeune homme !
               Or, je te le demande, un exemple ne t'enlève-t-il pas toute excuse de ton péché ? Jésus-Christ t'a parlé par la vie de mère ; tu as eu sous les yeux une preuve vivante de la réalité du christianisme. Si donc après cela tu persistes à le rejeter, quelle ne sera pas rigueur de ta condamnation !
            Mais ici je prévois une objection. Plusieurs de ceux qui m'écoutent me répondront qu'ils n'ont pas eu une telle mère. « Notre première école, me diront-ils, a été la rue ; le premier exemple dont nous nous souvenions, celui d'un père blasphémateur. » Cela peut être, mes amis; mais souvenez-vous, je vous prie, qu'il est un exemple parfait, un exemple accompli, savoir, Christ ; et que ce modèle, si vous ne l'avez pas contemplé de vos yeux, vous avez pu le voir dans sa Parole. Oui, Jésus-Christ, l'Homme de Nazareth, a été un homme parfait ; il n'a point commis de péché, et dans sa bouche il ne s'est trouvé aucune fraude (1Pi 2:22).
         Si donc l'excellence chrétienne ne vous a jamais été démontrée par la vie des disciples, elle l'a été du moins par la vie du Maître ; par conséquent, en avançant cette excuse, vous avancez un mensonge ; car l'exemple de Christ, les oeuvres de Christ, aussi bien que les paroles de Christ, vous laissent sans excuse de votre péché.
           Enfin, quelques-uns de vous me diront peut-être : « Nous avons certainement entendu bien des appels, mais ces appels n'ont jamais trouvé le chemin de notre conscience ; nous avons souvent écouté les ministres de l’Évangile, mais ils n'ont jamais fait d'impression sur nous. » Ah ! mes amis, ou je me trompe singulièrement, ou il en est bien peu parmi vous qui puissent avec vérité tenir ce langage. Jeune homme et jeune fille ! je me lèverai en témoignage contre vous au jour du jugement, car je sais que vos consciences ont été atteintes.
          N'ai-je pas vu, il n'y a qu'un instant, des larmes silencieuses, les larmes, je l'espère, de la repentance, s'échapper de vos yeux ?
         Et quant à vous, vieillards, qui aujourd'hui êtes si difficiles à émouvoir, vous n'avez pas toujours été ainsi. Il fut un temps où votre âme était capable de recevoir des impressions. Oh ! souvenez-vous, vieillards, que les péchés de votre jeunesse consumeront vos os, si vous vous êtes obstinés à rejeter l'Evangile. Maintenant je le sais, votre vieux coeur est comme blasé ; mais vous n'en êtes que plus inexcusables, car il était sensible autrefois........... et même à présent, n'est-il pas vrai, pauvres vieillards, qu'il n'est pas complètement endurci ?
- Non, j'en suis convaincu, pas une des âmes qui m'écoutent ne peut dire qu'elle n'a jamais été émue par la prédication de l'Evangile. Dans ce moment même, j'ose affirmer que plusieurs d'entre vous soupirent après la solitude de leur chambre, car ils sont si troublés par le sentiment de leurs péchés, qu'ils brûlent de pouvoir, en toute liberté, répandre leurs coeurs devant Dieu. Mais, hélas ! que dureront ces émotions, ce repentir, ces larmes ?.....
        On faisait remarquer un jour à un prédicateur éminent quel étonnant spectacle présentait un auditoire tout en larmes. « Je connais une chose bien autrement étonnante, répondit celui-ci ; c'est la facilité avec laquelle les gens oublient ce qui les a fait pleurer, dès qu'ils ont franchi le seuil du temple. » Est-ce là ce que vous allez faire, mes amis ? Je ne sais ! Quoi qu'il en soit, souvenez-vous que l'Esprit de Dieu a contesté avec vos âmes. Souvenez-vous qu'aujourd'hui encore le Seigneur a comme placé une barrière sur vos pas ; il a creusé un fossé au travers de votre chemin ; il a élevé un signal d'alarme devant vos yeux et vous a crié : « Fils des hommes, prenez garde, prenez garde, prenez garde vous vous précipitez tête baissée dans les voies de la perdition ! » Et il m'a envoyé, moi son serviteur, pour vous avertir de votre danger. Et c'est en son nom que je vous dis à tous : « Arrêtez, arrêtez, arrêtez ! Ainsi a dit l'Eternel : Considérez vos voies ; retournez, retournez, convertissez-vous ; et pourquoi mourriez vous, ô maison d'Israël ? »
        Mais si vous repoussez ce nouvel appel de mon Maître, que vous dirai-je, ô pécheurs?... Qu'il en soit comme vous le voulez! Si vous étouffez volontairement ces étincelles de la grâce divine, si vous éteignez ces premières lueurs de l'Esprit saint, si vous êtes résolus à vous perdre pour l'éternité, qu'il en soit comme vous le voulez ! Seulement rappelez-vous que je suis net du sang de vous tous. C'est à vous-mêmes que vos âmes seront redemandées ; c'est vous seuls qui serez responsables devant Dieu de votre rébellion et de votre incrédulité.

IV
          Il ne me reste plus que quelques paroles à ajouter, mais ces paroles sont terribles au plus haut point ; car je dois, au nom de mon Maître, prononcer UN VERDICT DE CONDAMNATION. Je dois déclarer solennellement que le sort le plus effroyable attend tous ceux qui vivent et qui meurent en rejetant Christ. Oui, une complète, une irrémédiable destruction les enveloppera infailliblement. S'il y a des degrés dans les peines éternelles, sans contredit, le plus haut degré sera réservé à toute âme qui n'aura pas voulu profiter des invitations de Christ.
       N'avez-vous pas, mes frères, remarqué ce passage de l'Evangile, où il est dit que le serviteur infidèle, celui qui a passé son temps à battre ses compagnons de service, à manger, à boire et à s'enivrer aura sa portion..... (avec qui, pensez-vous ?) - avec les incrédules ! Comme si l'enfer était tout particulièrement l'héritage des incrédules ! Comme si l'abîme avait été creusé, non pas tant pour le fornicateur, pour le blasphémateur, pour l'intempérant, que pour celui qui méprise Christ! C'est qu'en effet, la réjection de Christ constitue le péché essentiel, le vice primordial. Lorsque les pécheurs comparaîtront en jugement, leurs autres iniquités les suivront, mais celle-là les précèdera.
      - Mes frères, transportez-vous par la pensée à cet instant suprême, à ce jour du jugement qui approche. Il n'y a plus de temps ; le son de la dernière, trompette a retenti dans J'espace. Nous sommes tous rassemblés, les vivants et les morts. Une foule consternée et anxieuse se presse dans les rues. Plus d'affaires de bourse maintenant, plus d'opérations commerciales ; le marchand abandonne sa boutique, le prince son palais. Chacun est dans l'attente chacun sent que le grand jour de l'échéance est enfin tenu, et qu'il va falloir régler ses comptes pour l'éternité. Un silence solennel règne de toutes parts. Pas un son, pas une voix ne se fait entendre. Toute langue est muette, tout coeur est défaillant..... Soudain, une grande nuée blanche descend majestueusement du ciel. Sur cette nuée est assis quelqu'un semblable au Fils de l'homme. Tout oeil le voit, - et alors, oh ! alors, de la terre qui tressaille jusqu'en ses fondements, s'élève une immense, une formidable clameur. « C'est lui ! c'est lui ! » répètent toutes les bouches. Mais à ce cri unanime succède bientôt un double choeur ; choeur des rachetés qui chantent avec ravissement : « Alléluia, alléluia, alléluia ! Gloire à toi, ô Fils de Dieu ! et choeur de ceux qui ont méprisé Jésus, dont les sanglots et les lamentations retentissent dans les airs en notes sourdes et lugubres.
        Ecoutez ! Que disent les malheureux ? Il me semble distinguer leurs paroles, à mesure qu'el-les tombent de leurs bouches, gravés et lentes comme les tintements d'un glas funèbre. Rochers, tombez sur nous, disent-ils ; montagnes, cachez-nous de devant la face de Celui qu est assis sur le trône !... »
       Mon auditeur inconverti, seras-tu de ceux qui pousseront ce cri de désespoir ? Question saisissante et sérieuse entre toutes ! Je suppose, pour un moment, que tu aies quitté la vie dans ton impénitence, et que, par conséquent, tu sois au nombre des, infortunés qui salueront la venue du Seigneur par des pleurs et des grincements de dents. Oh! quelle ne sera pas alors ta terreur, ton visage livide, tes genoux tremblants ne seront rien, comparés à l'effroi sans pareil qui remplira ton coeur, quand tu seras ivre, mais non pas de vin, quand tu chancelleras dans l'étourdissement de la peur, quand tu t'abattras dans la poussière pour cacher ton épouvante.
        Car le Juge est là, - il approche, - il avance - et maintenant l'heure du grand triage a sonné. « Rassemblez mon peuple des quatre vents des cieux, mes élus en qui mon âme prend plaisir », dit le Seigneur. Aussitôt cet ordre est exécuté. Puis on entend ces mots : « Ramasse l'ivraie, et la liez en faisceaux pour être brûlée. » Et on te ramasse, ô pécheur, et tu es lié dans le faisceau, et il ne reste plus qu'à te livrer au feu. Mais où est l'étincelle qui doit allume le bûcher ? L'ivraie doit être brûlée, mais d'où viendra la flamme qui l'embrasera ? La flamme ? elle jaillit de la bouche même du souverain Juge, et des mots tels que ceux-ci la composent: Retirez-vous de moi, maudits, et allez au feu éternel, préparé au diable et à ses anges (Mat 25) !
        Hésites-tu, ô pécheur ? « Allez l » répète ton Juge. - Implores-tu sa bénédiction ? « Tu es maudit ! » - Veux-tu fuir ? « Le feu éternel est devant toi ! » - Demandes-tu grâce: « Le temps de grâce est passé, répond Christ. Parce que j'ai crié et que vous avez refusé d'ouïr ; parce que j'ai étendu ma main, et qu'il n'y a eu personne qui y prît garde; aussi je me rirai de votre calamité, je me moquerai quand votre effroi surviendra (Pro 1:24,26) ! Allez, vous dis-je, au feu qui ne s'éteint point ! » - Et tu y vas l..... Et quelles sont les pensées qui assiègent ton cœur? « Oh ! plût à Dieu que je ne fusse jamais né ! t'écries-tu avec désespoir; plût à Dieu, que l'Evangile ne m'eût jamais été annoncé, car je n'aurais pas commis le crime de le rejeter ! »
         Ah ! c'est alors, pécheur, que tu sentiras au fond de ta conscience la morsure du vers qui ne meurt point. « Je connaissais le bien, diras-tu, mais j'ai fait le mal. J'ai semé le vent, il est juste que je moissonne la tempête. Dieu a mis des entraves sur ma route, mais j'ai passé outre ; il m'a appelé, mais j'ai fermé mon oreille ; il m'a supplié, mais j'ai repoussé ses avances miséricordieuses. Oh ! pensée de toutes les pensées la plus poignante et la plus amère ! j'ai été le meurtrier de mon âme! Je suis perdu, perdu, perdu ! et perdu par ma propre faute ! J'ai repoussé l'Evangile de Christ. je suis l'artisan de mon éternelle ruine !
En sera-t-il ainsi de toi, mon cher auditeur, en sera-t-il ainsi de toi ? A Dieu ne plaise ! Oh ! puisse le Saint-Esprit t'attirer irrésistiblement vers Jésus, car tu es trop vil pour céder, je le sais, à moins qu'une force divine ne t'y contraigne.
        Toutefois, j'espère pour toi, mon frère. N'entends-je pas ta voix murmurer en cet instant même : Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? Je vais te le dire, pauvre âme : crois au Seigneur Jésus- Christ et tu seras sauvé. Il n'y a pas d'autre moyen de salut que la foi en Christ. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé ; mais celui qui ne croira point sera condamné, tel est l'enseignement de l'Ecriture.
          Oh ! pécheurs, regardez donc à Jésus ! voyez Il est là suspendu à la croix, il souffre et il meurt pour vous..... Regardez à lui et vous vivrez.

Nul ne peut rendre Dieu propice
Que Jésus-Christ le Rédempteur ;
Son sang offert en sacrifice,
Voilà la rançon du pécheur

       Fussiez-vous même les plus vils, les plus souillés, les plus dégradés des hommes, venez, venez à Christ. Fussiez-vous l'écume, le rebut, les balayures de la société, Jésus vous invite à venir à lui. Il n'est pas jusqu'aux âmes dont Satan ne veut plus, que mon Sauveur ne soit prêt à recevoir. Oh ! venez donc à lui, qui que vous soyez, tels que vous êtes, et vous obtiendrez miséricorde! Mais si vous endurcissez vos coeurs, tremblez ! oui, je vous le dis, tremblez !

Car Dieu, de sa gloire jaloux,
Dira, dans son juste courroux :
" J'ai cette parole jurée,
Que jamais ce peuple endurci,
Puisqu'il me résistait ainsi,


Dans mon repos n'aurait entrée ! (Ps 95)