APPEL AUX INCONVERTIS
Tous ceux qui s'attachent aux oeuvres de la loi sont sous la malédiction ; car il est écrit : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire (Gal 3:10).
Mon cher auditeur, es-tu converti ou ne l'es-tu pas ? De ta réponse à cette question dépend la manière dont je m'adresserai à toi en ce jour. Veuille, je t'en supplie, au nom de ton âme, oublier pour quelques instants que tu te trouves dans un lieu de culte, écoutant un ministre de l'Évangile: qui prêche à un nombreux auditoire. Essaie de te figurer que tu es assis dans ta maison, dans ton cabinet, et que je suis debout à ton côté, ta main dans ma main, m'entretenant seul à seul avec toi ; - car c'est ainsi que je désire parler en ce moment à chacun de ceux qui m'écoutent. Je te réitère donc, mon cher auditeur, la question souverainement importante et solennelle que je t'ai déjà posée, et je te conjure d'y répondre comme en présence de Dieu. Es-tu en Christ ou hors de Christ ? As-tu cherché un refuge auprès de Celui qui est l'unique espoir des pécheurs ? ou bien es-tu encore étranger à la république d'Israël, éloigné de Dieu, et en dehors des promesses de son saint Évangile ? Voyons, mon frère, pas d'hésitations, pas de faux fuyants; sois de bonne foi, et que ta conscience réponde OUI ou NON à ma demande. Car, de deux choses l'une : ou tu es sous le poids de la colère de Dieu, ou tu es délivré de cette colère. Il n'y a point d'autre alternative. Oui, tu es dans cet instant même héritier de la malédiction divine, ou héritier du royaume de la grâce : lequel de ces deux états est le tien ? C'est à toi à prononcer. Et qu'il n'y ait point de « si » et de « peut-être » dans ta réponse ; mais qu'elle soit nette, loyale, catégorique. Que si tu étais encore dans le vague à cet égard, je t'en supplie, ne donne point de repos à ton âme jusqu'à ce que ce vague soit dissipé.
Surtout, ne te hâte pas d'interpréter le doute à ton profit ; considère-le bien plutôt comme une forte présomption contre toi. Il est plus probable, crois-le, que la vérité se trouve du mauvais côté que du bon. Maintenant donc, ô mon frère, place ton âme dans la balance ; et si un plateau ne pèse pas évidemment plus que l'autre, mais que tous deux se maintiennent à peu prés en équilibre, de telle sorte que tu sois obligé de dire : « Je ne sais lequel l'emporte... » souviens-toi que mieux vaut résoudre de suite la question en mal (quelque terrible que soit cette extrémité), que de la résoudre en bien, au risque de te séduire toi-même et de continuer à vivre dans une présomptueuse sécurité, jusqu'à ce que tu reconnaisses enfin ta fatale illusion dans l'abîme de l'enfer. Peux-tu donc, une main posée sur la Parole de Dieu et l'autre sur ton propre coeur, lever en cet instant ton regard vers le ciel et dire clans une humble assurance : « Je sais une chose, c'est que j'étais aveugle et que maintenant je vois ; je sais que je suis passé de la mort à la vie ; je suis le premier des pécheurs, mais Jésus est mort pour moi ; et à moins que je ne m'abuse de la manière la plus terrible, je suis dès à présent un racheté de Christ, un monument de la grâce de Dieu ? » Peux-tu, te dis-je, en toute bonne conscience, me faire cette réponse ? S'il en est ainsi, ô mon frère, paix te soit en notre Seigneur ! Que la bénédiction du Très-Haut repose sur ton âme ! Ne crains point ; les paroles que nous allons méditer n'ont plus de foudres pour toi. Lis plutôt le verset 13 du chapitre auquel j'ai emprunté mon texte, et tu y trouveras la confirmation glorieuse de tes espérances : Christ a été fait malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois. Si donc il est vrai que tu sois un enfant de Dieu, converti et régénéré, je le répète, tu n'as rien à craindre, car Christ a été maudit à ta place.
Mais j'ai la solennelle conviction que la grande majorité de cette assemblée ne pourrait me faire une semblable réponse ; et toi en particulier, mon cher auditeur - (car je veux continuer à m'adresser personnellement à toi), - tu n'oserais, n'est-il pas vrai ? tenir ce langage, car tu es étranger à l'alliance de grâce. Tu n'oserais mentir à Dieu et à ta conscience, c'est pourquoi tu dis avec une franchise qui t'honore : « Je sais que je n'ai jamais été régénéré ; je suis aujourd'hui ce que j'ai été de tout temps. » C'est donc avec toi que j'ai affaire, ô homme ! et je t'adjure, par Celui qui doit juger lés vivants et les morts, par Celui devant lequel toi et moi devrons bientôt comparaître, je t'adjure d'écouter avec attention ce que j'ai à te dire de la part du Seigneur, te souvenant que cet appel est peut-être le dernier qu'il te sera donné d'entendre ! Et je t'adjure aussi, ô mon "âme, de parler avec fidélité à ces hommes mortels qui t'entourent, de peur qu'au dernier jour le sang de leurs âmes ne soit trouvé dans les pans de ta robe, et que toi-même tu ne sais réprouvée!... O Seigneur, rends-nous tous sérieux et recueillis, et veuille nous donner, en ce moment, des oreilles qui entendent, une mémoire qui retienne, et une conscience qui soit touchée par ton Esprit, pour l'amour de Jésus !
Nous diviserons ce discours en trois parties en premier lieu, NOUS JUGERONS L'ACCUSÉ ; en deuxième lieu, NOUS PRONONCERONS SA SENTENCE ; et enfin, s'il se reconnaît coupable et qu'il se repente (mais seulement à ces conditions), Nous LUI ANNONCERONS LA DÉLIVRANCE.
I
Et d'abord, procédons AU JUGEMENT DE L'ACCUSÉ. Mon texte est ainsi conçu : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses, qui sont écrites au livre de la loi pour les faire. Homme inconverti, je te le demande, es-tu coupable ou non coupable ? As-tu persévéré dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi ? En vérité, il me semble presque: impossible que tu oses soutenir ton innocence ; mais je veux supposer pour un moment que tu aies le triste courage de le faire ; je veux supposer que tu dises hardiment : « Oui, j'ai persévéré dans tous les commandements de la loi. » - C'est ce que nous allons examiner, mon cher auditeur ; et avant tout, permets-moi de te demander si tu connais cette loi que tu prétends avoir accomplie ? Je vais t'en donner un simple aperçu, un aperçu que j'appellerai extérieur, mais souviens-toi qu'elle possède un sens intérieur et spirituel infiniment plus étendu que son, sens littéral. Ecoute donc le premier commandement de la loi :
TU N'AURAS POINT D'AUTRE DIEU DEVANT MA FACE. Quoi ! N'as-tu jamais rien aimé plus que ton Créateur ? Lui as-tu toujours donné la première place dans tes affections, ? Ne t'es-tu pas fait un Dieu, ou de ton ventre, ou de ton commerce, ou de ta famille, ou de ta propre personne ? Oh ! sûrement tu n'oserais nier que ce premier commandement ne te condamne !
Et le second, l'as-tu mieux observé ? TU NE TE FERAS POINT D'IMAGE TAILLÉE, NI AUCUNE RESSEMBLANCE DES CHOSES QUI SONT LA-HAUT DANS LES CIEUX, OU ICI-BAS SUR LA TERRE, NI DANS LES EAUX PLUS BASSES QUE LA TERRE.
Quoi ! n'as-tu jamais courbé le front devant la créature ? N'as-tu jamais élevé quelque objet terrestre à la place de Dieu ? Pour ma part, je le reconnais à ma honte, j'ai eu bien des idoles dans ma vie ; et si ta conscience parle avec sincérité, je suis assuré qu'elle te dira, à toi aussi : « O homme ! tu as, été un adorateur de Mammon, un adorateur de tes sens ; tu t'es prosterné devant ton argent et ton or ; tu t'es incliné douant les honneurs et les dignités ; tu t'es fait un Dieu de ton intempérance, un Dieu de tes convoitises, un Dieu de ton impureté, un Dieu de tes plaisirs !
Et le troisième commandement, TU NE PRENDRAS POINT LE NOM DE L'ÉTERNEL TON DIEU EN VAIN Oserais-tu soutenir que tu ne l'as point violé ? Si tu n'as jamais proféré de jurements grossiers, de paroles blasphématoires, n'as-tu pas du moins employé irrévérencieusement le nom de Dieu dans tes conversations ordinaires ? Dis : as-tu toujours sanctifié ce nom, trois fois saint ? Ne l'as-tu jamais prononcé sans nécessité ? N'as-tu jamais lu le Livre de Dieu avec distraction et légèreté ? N'as-tu jamais écouté la prédication de l’Évangile sans recueillement et sans respect ? Oh ! sûrement, ici encore, tu ne peux que t'avouer coupable.
Et quant au quatrième commandement qui se rapporte à l'observation du sabbat, SOUVIENS-TOI DU JOUR DU REPOS POUR LE SANCTIFIER Est-il personne d'assez effronté pour dire qu'il ne l'a pas transgressé? O homme, mets donc ta main sur ta bouche, et reconnais que ces quatre commandements suffiraient à eux seuls pour te convaincre de péché et pour attirer sur toi la juste colère de Dieu !
Mais continuons notre examen. HONORE TON PÈRE ET TA MÈRE. Quoi ! prétends-tu ne pas être coupable sur ce point ? N'as-tu jamais désobéi dans ta jeunesse ? N'as-tu jamais regimbé contre l'amour de ta mère, ni méprisé l'autorité de ton père: ? Feuillette les pages de ton passé : vois si dans ton enfance, ou même dans ton âge mûr, tu as toujours parlé à tes parents comme tu aurais dû le faire ; vois si tu les as toujours traités avec l'honneur auquel ils ont droit et que Dieu t'a commandé de leur rendre.
TU NE TUERAS POINT. Il est possible, mon cher auditeur, que tu n'aies point violé la lettre de ce commandement, il est possible que tu n'aies point ôté la vie à un de tes semblables ; mais ne t'es-tu jamais laissé dominer par la colère ? Or, la Parole de Dieu déclare expressément que celui qui se met en colère contre son frère est un meurtrier (1Jea 3:15). Juge, après cela, si tu es coupable, oui ou non.
TU NE COMMETTRAS POINT ADULTÈRE. Peut-être as-tu commis des choses abominables, et t'es-tu plongé, aujourd'hui même, dans les plus honteuses voluptés ; mais en admettant que tu aies toujours vécu dans une chasteté parfaite, peux- tu dire, ô mon frère, que tu n'aies rien à te reprocher par rapport à ce commandement, lorsque tu te places en présence de ces solennelles paroles du Maître : Quiconque regarde une femme pour la convoiter, il a déjà commis adultère avec elle dans son coeur (Mat 5:28) ? Aucune pensée lascive n'a-t-elle traversé ton esprit ? Aucun désir impur n'a-t-il souillé ton imagination ?... Oh ! sûrement, sûrement, si ton front n'est pas d'airain, si ta conscience n'est pas entièrement cautérisée, ta réponse à ces questions ne saurait être douteuse!
TU NE DÉROBERAS POINT. N'as-tu jamais dérobé ? Peut-être, ce matin même, as-tu commis un vol, et te trouves-tu ici, au milieu de la foule, chargé encore du produit de ton larcin ; mais quand même tu serais d'une probité exemplaire, cependant, n'y a-t-il pas eu certains moments dans ta vie, où tu as éprouvé un secret désir de faire tort à ton prochain ? Je vais plus loin : n'as-tu jamais commis dans l'ombre et le silence quelques-unes de ces fraudes qui, pour ne pas tomber sous le coup de la loi de ton pays; n'en sont pas moins autant d'infractions manifestes à la sainte loi de Dieu ?
Et qui de nous aurait l'audace d'affirmer qu'il a parfaitement obéi au neuvième commandement ? TU NE DIRAS POINT DE FAUX TÉMOIGNAGES CONTRE TON PROCHAIN
Ne nous sommes-nous jamais fait l'écho de la calomnie ? n'avons-nous pas souvent dénaturé les intentions de nos semblables, ou mal interprété leurs desseins ?
Et le dernier commandement, TU NE CONVOITERAS POINT Où est-il l'homme qui ne l'ait foulé aux pieds ? Combien de fois n'avons-nous pas souhaité plus que Dieu ne nous avait donné? Combien de fois nos cœurs charnels n'ont-ils pas soupiré après des biens que le Seigneur dans sa sagesse avait jugé bon de nous refuser ? Ah ! mes amis, soutenir notre innocence en face de la loi de Dieu, ne serait-ce pas, je vous le demande, faire acte de véritable folle ? et ne semble-t-il pas que la simple, lecture de ce loi sainte devrait suffire (moyennant la bénédiction de l'Esprit) pour nous arracher ce d'humiliation et de pénitence : « Nous sommes coupables, Seigneur, nous sommes coupable en tous points ? »
Mais j'entends quelqu'un me dire. : « Non, ne veux pas me reconnaître coupable. Assurément, je ne prétends pas avoir persévéré da toutes les choses qui sont écrites au livre de loi, mais du moins, j'ai fait ce que j'ai pu. C'est faux, ô homme ! Ou tu te fais illusion, tu mens à la face de Dieu ! Non, tu n'as pas fais tout ton possible pour persévérer dans le bien. Dans mille circonstances de ta vie, tu aurais agir mieux que tu n'as agi. Quoi ! ce jeune homme oserait-il affirmer qu'il fait son possible pour plaire à Dieu, quand je le vois s'asseoir banc des moqueurs, et insulter son Créateur jusque dans son sanctuaire ? Quoi ! tous, tant que nous sommes ici, n'aurions-nous pu, si nous l'avions voulu, résister à telle tentation, éviter telle, chute dont le souvenir nous condamne ? Si nous n'étions pas libres d'échapper au mal, sans doute nous serions excusables de tomber ; mais lequel de nous n'est pas forcé de reconnaître qu'il y a eu, dans sa vie des moments solennels, où, appelé à choisir entre le bien et le mal, il a résolument choisi le mal et tourné le dos au bien, marchant ainsi, - le sachant et le voulant, - dans le chemin qui conduit à l'enfer ?
« Ah ! s'écrie une autre personne, il est vrai que j'ai enfreint la loi de Dieu ; mais, en définitive, je vaux bien ceux qui m'entourent ; je ne suis pas plus mauvais que bien d'autres.» - Pauvre argument que celui-là, mon cher auditeur, ou plutôt argument qui, par le fait; n'en est pas un. Tu n'es pas, je veux le croire, plus mauvais que le reste des hommes ; mais, je, te prie, en quoi cela t'avance-t-il ? Sera-ce une chose moins terrible d'être damné en compagnie que d'être damné seul ? Lorsque, au dernier jour, Dieu dira aux méchants : Allez, vous, maudits, au feu éternel ! crois-tu que cette effroyable sentence te semble plus douce, parce qu'elle s'adressera à des milliers de créatures aussi bien qu'à toi ? Si le Seigneur précipitait une nation entière en enfer, chaque individu sentirait aussi vivement le poids de ce châtiment que s'il était seul à le porter. Dieu n'est pas comme les juges de la terre : si les tribunaux étaient encombrés d'accusés, peut-être seraient-ils tentés de passer légèrement sur plus d'une procédure ; mais le Très-Haut n'agira point ainsi. Infini dans toutes ses facultés, le grand nombre de criminels ne sera point un obstacle pour lui. Il se montrera aussi juste, aussi inflexible à ton égard que. s'il n'existait d'autre pécheur que toi. D'ailleurs, qu'as-tu à faire, je te prie, avec les péchés d'autrui ? Tu n'en es pas responsable, car chacun portera son propre fardeau. Dieu te jugera selon tes oeuvres non selon celles des autres. Les manquements de la femme de mauvaise vie peuvent être plus grossiers que les tiens, mais il ne te sera pas demandé compte de ses iniquités. Le crime du meurtrier peut l'emporter de beaucoup aux yeux du moi sur tes propres transgressions, mais tu ne sera pas condamné pour le meurtrier. Mets-toi bien dans l'esprit, ô homme ! que la religion est une affaire toute entre Dieu et toi ; c'est pourquoi, t'en conjure, regarde à ton propre coeur et non à celui de ton prochain.
Mais j'entends un autre de mes auditeur s'exprimer ainsi : « Quant à moi, je me suis souvent efforcé de garder les commandements Dieu, et à certaines époques de ma vie, je crois y être parvenu : cela ne suffit-il point pour me mettre à l'abri de la malédiction ? » Pour répondre, mon frère, permets- moi de. te relire la sentence contenue dans mon texte : « Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire. » Ah ! ne te persuade point que Seigneur confonde jamais les couleurs fiévreuses d'une irrésolution maladive avec la santé l'obéissance. Ce n'est point une observation passagère et intermittente de ses commandements qu'il acceptera au jour du jugement ; non, il faut persévérer à faire sa volonté. Si donc, dès ma plus tendre enfance, jusqu'à l'heure où mes cheveux blancs descendent au sépulcre, ma vie n'est point un accomplissement incessant de la loi de Dieu, je serai condamné ! Si dès l'instant où mon intelligence m'éclairant de ses premiers rayons, je deviens un être responsable, jusqu'au jour où, comme un épi mûr, je suis recueilli dans les greniers éternels, je n'observe point dans leur entier toutes les ordonnances de mon Maître, le salut par les oeuvres est impossible pour moi, et, sur ce terrain, je serai infailliblement perdu ! N'espère donc pas, ô homme ! qu'une obéissance vacillante et sans suite sauvera ton Âme. Tu n'as point persévéré dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi : par conséquent tu es condamné.
« Mais, objecte. un autre, s'il y a plusieurs points de la loi que j'ai transgressés, je n'en suis pas moins très vertueux. » Je te l'accorde, mon frère. Je veux supposer qu'en effet tu as été à bien des égards un modèle de vertu ; je veux supposer que tu es pur de bien des vices. Mais relis mon texte (et souviens-toi que ce n'est pas ma parole mais celle de Dieu que tu vas lire) : « Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi. » Il n'est pas dit, remarque-le, dans certaines choses, mais dans toutes les choses.
Or, je te le demande, as-tu pratiqué toutes les vertus ? as-tu évité tous les vices ? Tu dis peut-être pour ta défense : « Je ne suis point un intempérant. » Soit ; mais tu n'en seras pas moins damné si tu as été un fornicateur. - « Je n'ai jamais commis d'impureté », t'écries-tu. Soit encore: mais si tu as profané le sabbat, tu as encouru la malédiction. - Me réponds-tu qu'à cet égard tu es également sans reproche ? Je réplique que si tu as pris le nom de Dieu en vain, cette seule transgression suffit pour te condamner. Sur un point ou sur un autre, la loi de Dieu t'atteindra indubitablement. Mais il y a plus : non seulement j'affirme (et ta conscience l'affirme aussi, j'en suis certain) que tu n'as point persévéré dans toutes tes choses qui sont écrites au livre de la loi, mais encore je soutiens que tu n'as pas persévéré à garder dans son entier un seul des commandements de Dieu. Le commandement est d'une grande étendue, a dit le Psalmiste (Ps 109:96), et pas un homme sur la terre n'est parvenu à en sonder les profondeurs. Ce n'est point seulement l'acte extérieur qui nous rend passibles des peines éternelles : la pensée, l'imagination, la conception du péché suffit pour perdre l'âme. - Et souvenez-vous, mes chers amis, que cette doctrine, qui peut, j'en conviens, vous sembler dure, n'est pas de moi : elle est de Dieu. N'eussiez-vous jamais transgressé de fait la loi divine, cependant si votre coeur a conçu de mauvaises pensées ou nourri de mauvais désirs, vous avez mérité l'enfer. Eussiez-vous vécu depuis votre naissance jusqu'à cette heure dans une cellule inaccessible, loin de tout être humain, et que par conséquent il vous eût été physiquement impossible de commettre, soit un acte impur, soit un meurtre, soit une injustice, les imaginations de votre coeur dépravé suffiraient à elles seules pour vous bannir à tout jamais de la présence de Dieu. Non ! il n'est pas une âme dans cette grande assemblée qui puisse espérer d'échapper à la condamnation de la loi ! Tous depuis le premier jusqu'au dernier, nous devons courber notre front devant Dieu, en nous écriant d'une même voix : « Nous sommes coupables, Seigneur, nous sommes coupables !... » Lorsque je te contemple, ô loi ! ma chair frémit, mon esprit est éperdu ! Lorsque j'entends gronder ton tonnerre, mon coeur se fond comme de la cire au dedans de moi ! Comment pourrai-je soutenir ta présence ? Comment pourrais-je désarmer ta justice ? Sûrement, si, au dernier jour, je dois comparaître à ta barre, je ne saurais me soustraire à la condamnation, car ma conscience elle-même sera mon accusateur !
Mais je crois superflu d'insister davantage sur ce point. 0 toi qui es hors de Christ et sans Dieu dans le monde, n'es-tu pas convaincu que tu es sous le coup de la colère divine? Arrière de nous, folles illusions ! tombez, masques menteurs ! Jetons au vent nos vaines excuses ; et reconnaissons qu'à moins que nous ne soyons couverts du sang et de la justice, de Christ, la malédiction contenue dans mon texte ferme à chacun de nous individuellement la porte des cieux et ne nous laisse rien à attendre que les flammes de la perdition.
II
L'accusé est donc jugé et reconnu coupable maintenant SA SENTENCE DOIT ÊTRE PRONONCÉE. En général, les ministres de Dieu aiment peu cette tâche. Pour ma part, je l'avoue, je préférerais prêcher vingt sermons sur l'amour de Christ qu'un seul comme celui-ci. Au reste, il est rare que je choisisse des sujets de ce genre, vu qu'il ne me parait pas nécessaire de les traiter souvent ; néanmoins, si je ne les traitais jamais, si je laissais toujours les menaces divines reléguées à l'arrière-plan, je sens que mon Maître ne pourrait bénir la prédication de son Evangile ; car il veut que la loi et la grâce soient annoncées tour à tour dans une certaine mesure; et que chacune conserve la place qui lui est propre. Ecoutez-moi donc, mes frères, tandis que, la douleur dans l'âme, je prononcerai la sentence portée contre tous ceux d'entre vous qui n'appartiennent pas à Christ. - Pécheur inconverti ! tu es maudit ! maudit en cet instant même ! Tu es maudit, - non par quelque soi-disant magicien dont le prétendu sortilège ne peut effrayer que les ignorants, - non par quelque monarque terrestre qui pourrait tout au plus faire périr ton corps et ravager tes biens, - mais maudit par ton Créateur ! maudit par le Monarque des cieux! MAUDIT !... Oh! quel mot que celui-là! Quelle chose affreuse qu'une malédiction, de quelque part qu'elle vienne ! Et la malédiction d'un père, qu'elle doit être affreuse entre toutes ! On a vu des parents qui, réduits au désespoir par la conduite d'un fils rebelle et dénaturé, ont levé leurs mains vers le ciel, en prononçant sur ce fils la plus terrible, la plus accablante des malédictions. A Dieu ne plaise que j'approuve cet acte ! je reconnais au contraire qu'il est aussi téméraire qu'insensé ; mais, quelque blâme qu'on puisse infliger à l'acte en lui-même, il n'en reste pas moins vrai que la malédiction d'un père imprime sur celui qui l'a méritée une honteuse; une ineffaçable flétrissure. Oh ! j'ai peine à me représenter ce que mon âme éprouverait si j'avais été maudit par celui qui m'engendra ! Sûrement, mon ciel serait voilé de ténèbres ; le soleil ne brillerait plus sur ma vie. Mais être maudit de Dieu !... Oh ! pécheurs, les paroles me manquent pour vous dire ce qu'est cette malédiction !...
Mais je vous entends me: répondre : « S'il est vrai que nous ayons encouru la malédiction divine, du moins nous n'en sentirons pas les effets pendant notre vie ; c'est une affaire qui regarde un avenir encore bien éloigné ; aussi ne nous inquiète-t-elle que peu. » Tu te trompes, ô âme, tu te trompes ! Dès à présent la colère de Dieu demeure sur toi. Tu ne connais pas encore, il est vrai, la plénitude de la malédiction, mais tu n'en es pas moins maudite à cette heure même. Tu n'es pas encore en enfer ; le Seigneur ne t'a pas définitivement fermé les entrailles de ses compassions et rejetée pour toujours ; mais tu n'en es pas moins sous le coup de la loi. Ouvre le livre du Deutéronome ; lis les menaces adressées au pécheur, et vois si la malédiction de Dieu n'est pas représentée comme une chose immédiate, actuelle, présente (Deut 28:15-16). Tu seras maudit dans la ville, est-il écrit, - c'est-à-dire dans le lieu de ton habitation, de ton travail, de tes affaires ; tu seras maudit dans les champs, - c'est-à-dire dans ces lieux mêmes, où tu vas chercher le délassement, le repos et le plaisir ; ta corbeille sera maudite et ta maie ; le fruit de ton corps sera maudit et le fruit de ta terre ; la portée de tes vaches et les brebis de ton troupeau ; maudit seras-tu à ton entrée et maudit à ta sortie ! Il est des hommes sur lesquels la malédiction divine semble s'appesantir d'une manière visible. Tout ce qu'ils font est maudit. S'ils acquièrent des richesses, la malédiction s'attache à ces richesses ; s'ils bâtissent des maisons, la malédiction s'attache à ces maisons. Voyez l'avare : il est maudit dans ses trésors; car son âme est tellement rongée par la cupidité et la convoitise; qu'il ne peut jouir de ses trésors mêmes. Voyez l'intempérant : sa corbeille et sa maie sont maudites à la lettre, puisque son palais, blasé par les boissons enivrantes, ne peut plus jouir d'aucun aliment. Il est aussi maudit à son entrée et à sa sortie, car dès qu'il passe le seuil de sa propre maison, ses enfants courent se cacher, tellement est grande la frayeur qu'il leur inspire. Et il sera maudit un jour dans le fruit de son corps, car quand ses fils avanceront en âge, ils suivront vraisemblablement l'exemple de leur père ; ils se livreront aux mêmes excès que lui ; ils jureront comme il jure ; ils s'aviliront comme il s'est avili. Aujourd'hui le malheureux cherche peut-être à se persuader qu'il peut sans grand inconvénient s'enivrer et blasphémer tant que bon lui semble ; mais quelle douleur aiguë traversera sa conscience (si toutefois il lui reste encore une conscience...) lorsqu'il verra ses fils marcher sur ses honteuses traces ! - Oui, je le répète, la malédiction olivine accompagne d'une manière visible certains vices ; mais quoiqu'elle ne soit pas toujours également apparente, elle n'en pèse pas moins en réalité sur toute transgression de la loi. Toi donc, pécheur, qui vis sans Dieu, sans Christ, étranger à la grâce de Jésus, tu es maudit, sache-le, - maudit quand tu t'assieds, maudit quand tu te lèves ! Maudit est le lit où tu couches ; maudit, le pain que tu manges ; maudit, l'air que tu respires ! Tout est maudit pour toi. Quoi que tu fasses et où que tu ailles, tu es un être maudit !..... O effrayante pensée ! En ce moment même, je n'en puis douter, j'ai devant moi un grand nombre de créatures immortelles qui sont maudites de Dieu ! Hélas ! pourquoi faut il qu'un homme parle ainsi à ses frères ? Mais quelque pénible que soit ce devoir, comme ministre de Christ, je suis tenu de le remplir, sans quoi je serais infidèle envers vos âmes qui périssent. Ah ! plaise à Dieu qu'il y ait dans cette assemblée quelque pauvre âme qui, saisie d'effroi, s'écrie : « Il est donc vrai ? je suis maudite ! maudite de Dieu et de ses saints anges ; maudite sur la terre et dans le ciel ; maudite ! maudite ! toujours maudite ! » Oh ! je suis convaincu que si nous voulions prendre au sérieux ce seul mot : MAUDIT, il n'en faudrait pas davantage pour donner le coup de mort à notre indifférence et à notre torpeur spirituelles !
Mais j'ai plus que cela à te dire, mon cher auditeur. Si tu es impénitent et incrédule, je dois t'avertir que la malédiction qui t'enveloppe actuellement n'est rien comparée à celle qui fondra sur toi ci- après. Tu le sais, dans quelques courtes années il nous faudra mourir. Oui, jeune homme, bientôt toi et moi nous vieillirons ; ou peut-être, bien avant d'avoir atteint la vieillesse, nous étendrons- nous sur notre couche pour ne plus nous relever. Nous nous réveillerons de notre dernier assoupissement, et nous entendrons murmurer autour de nous que notre dernière heure va sonner. L'homme de l'art consultera une dernière fois notre pouls, puis il dira à notre famille éplorée qu'il n'y a plus d'espoir ! Et nous serons là couchés, immobiles et sans force. Et rien ne viendra rompre le lugubre silence de la chambre mortuaire, si ce n'est le bruit monotone de la pendule ou les sanglots de notre femme et de nos enfants. Et il nous faudra mourir !... Oh ! qu'elle sera solennelle cette heure où nous serons aux prises avec le grand ennemi du genre humain : la mort !
Déjà le râle déchire notre poitrine ; c'est à peine si nous pouvons articuler une parole ; nos yeux se vitrent ; la mort a posé son doigt glacé sur ces flambeaux de notre corps et les a éteints pour jamais ; nos mains refusent de se soulever, - nous sommes au bord du sépulcre ! Moment décisif, moment solennel entre tous les moments de la vie, que celui où l'âme entrevoit sa destinée, où, comme à travers les fentes de sa prison d'argile, elle découvre le monde à venir ! Oh ! quelle langue humaine pourrait exprimer ce qui se passera dans le coeur de l'inconverti lorsqu'il se verra en face du tribunal de Dieu, qu'il entendra les foudres de la colère éternelle gronder à ses oreilles et qu'il sentira qu'entre l'enfer et lui il n'y a plus que l'intervalle d'un moment ! Qui pourrait décrire la terreur inexprimable dont seront saisis les pécheurs lorsqu'ils se trouveront en présence de réalités à l'existence desquelles ils n'avaient point voulu croire ?... Ah ! moqueurs qui m'écoutez ! vous pouvez rire tout à votre aise aujourd'hui des choses de Dieu. Vous pouvez, en sortant de cette enceinte, plaisanter sur ce que vous venez d'entendre, tourner en ridicule le prédicateur et vous égayer à ses dépens. Mais attendez que vous soyez couchés sur votre lit de mort, et vous ne rirez plus, je vous le garantis ! Maintenant que le rideau est baissé, que l'avenir est cadré à vos regards, il vous est facile de vous moquer de cet avenir ; mais lorsque le Seigneur lèvera le rideau et que les horizons éternels se dérouleront devant vos yeux, vous n'aurez plus le courage de rire.
Le roi Achab, assis sur son trône, entouré de courtisans, rit du prophète Michée ; mais je ne sache pas qu'Achab rit encore de Michée, quand une flèche ennemie, pénétrant par une jointure de sa cuirasse, l'eût blessé mortellement (1Ro 22). Les contemporains de Noé riaient, eux aussi, du vénérable vieillard qui leur annonçait que l'Éternel allait détruire le monde par un déluge : ils l'appelaient, sans nul doute, un rêveur, un visionnaire, un insensé. Mais que devinrent vos dédains et vos sarcasmes, ô sceptiques, lorsque Dieu fit descendre du ciel de formidables cataractes, que les fontaines du grand abîme furent ouvertes, et que l'univers fut entièrement submergé ? Alors vous reconnûtes, mais trop tard, que Noé avait dit vrai. Et vous de même, pécheurs qui vous trouvez dans cet auditoire, lorsque vous serez sur le point d'être lancés dans l'éternité, je ne pense pas que vous riiez encore de moi et de la parole que je vous annonce. Vous direz bien plutôt en vous-mêmes : « Je me souviens qu'à telle époque, j'entrai un jour par curiosité dans tel lieu de culte ; j'y entendis un homme qui parlait d'une manière fort solennelle; sur le moment je ne le goûtai guère ; toutefois je ne pouvais me défendre de la pensée qu'il disait vrai et :qu'il me voulait du bien. Oh ! que n'ai-je écouté ses appels ! que n'ai-je profité de ses avis ! que ne donnerais-je pas pour l'entendre de nouveau ! »
- Il y a peu de temps qu'un cas tout semblable est parvenu à ma connaissance. Un homme qui maintes fois m'avait couvert de railleries et d'injures, étant allé un dimanche en partie de plaisir ne revint chez lui que pour mourir. Le lundi matin, sentant sa fin approcher, que pensez-vous qu'il fit ? Il envoya quérir en toute hâte le serviteur de Dieu qui vous parle en ce moment, celui-là même qu'il avait tant de fois insulté ! Il voulait qu'il lui indiquât le chemin du ciel, qu'il vînt lui parler du Sauveur. Je m'y rendis avec empressement et avec joie ; mais hélas ! qu'elle est triste la tâche de parler à un. profanateur du sabbat, à un contempteur de l'Évangile, à un homme qui a passé sa vie au service de Satan et qui touche à son heure dernière ! Et en effet, le malheureux mourut bientôt. Il mourut sans Bible dans sa maison, sans prière pour recommander son âme à Dieu, si ce n'est celle que je prononçai au chevet de son lit... Oh ! mes chers amis, croyez-le : c'est une chose terrible que de mourir sans Sauveur ! Souvent, après avoir assisté aux derniers moments de quelque pauvre pécheur, touchant le salut duquel je n'avais que peu d'espoir, je suis revenu chez moi l'âme brisée, le coeur navré, pensant en moi-même : « Mon Dieu ! que ne puis-je prêcher les insondables richesses de Christ, à chaque heure, à chaque instant du jour, afin que les âmes puissent regarder à lui avant qu'il soit trop tard ! » Puis, j'ai pensé au peu de zèle, au peu d'amour, au peu de ferveur avec lequel j'ai tant de fois annoncé les compassions de mon Maître, et j'ai pleuré, - oui, j'ai pleuré amèrement, en sentant que je né presse pas les âmes comme je devrais le faire, c'est-à-dire avec instances et avec larmes, de fuir la colère à venir ?
Déjà le râle déchire notre poitrine ; c'est à peine si nous pouvons articuler une parole ; nos yeux se vitrent ; la mort a posé son doigt glacé sur ces flambeaux de notre corps et les a éteints pour jamais ; nos mains refusent de se soulever, - nous sommes au bord du sépulcre ! Moment décisif, moment solennel entre tous les moments de la vie, que celui où l'âme entrevoit sa destinée, où, comme à travers les fentes de sa prison d'argile, elle découvre le monde à venir ! Oh ! quelle langue humaine pourrait exprimer ce qui se passera dans le coeur de l'inconverti lorsqu'il se verra en face du tribunal de Dieu, qu'il entendra les foudres de la colère éternelle gronder à ses oreilles et qu'il sentira qu'entre l'enfer et lui il n'y a plus que l'intervalle d'un moment ! Qui pourrait décrire la terreur inexprimable dont seront saisis les pécheurs lorsqu'ils se trouveront en présence de réalités à l'existence desquelles ils n'avaient point voulu croire ?... Ah ! moqueurs qui m'écoutez ! vous pouvez rire tout à votre aise aujourd'hui des choses de Dieu. Vous pouvez, en sortant de cette enceinte, plaisanter sur ce que vous venez d'entendre, tourner en ridicule le prédicateur et vous égayer à ses dépens. Mais attendez que vous soyez couchés sur votre lit de mort, et vous ne rirez plus, je vous le garantis ! Maintenant que le rideau est baissé, que l'avenir est cadré à vos regards, il vous est facile de vous moquer de cet avenir ; mais lorsque le Seigneur lèvera le rideau et que les horizons éternels se dérouleront devant vos yeux, vous n'aurez plus le courage de rire.
Le roi Achab, assis sur son trône, entouré de courtisans, rit du prophète Michée ; mais je ne sache pas qu'Achab rit encore de Michée, quand une flèche ennemie, pénétrant par une jointure de sa cuirasse, l'eût blessé mortellement (1Ro 22). Les contemporains de Noé riaient, eux aussi, du vénérable vieillard qui leur annonçait que l'Éternel allait détruire le monde par un déluge : ils l'appelaient, sans nul doute, un rêveur, un visionnaire, un insensé. Mais que devinrent vos dédains et vos sarcasmes, ô sceptiques, lorsque Dieu fit descendre du ciel de formidables cataractes, que les fontaines du grand abîme furent ouvertes, et que l'univers fut entièrement submergé ? Alors vous reconnûtes, mais trop tard, que Noé avait dit vrai. Et vous de même, pécheurs qui vous trouvez dans cet auditoire, lorsque vous serez sur le point d'être lancés dans l'éternité, je ne pense pas que vous riiez encore de moi et de la parole que je vous annonce. Vous direz bien plutôt en vous-mêmes : « Je me souviens qu'à telle époque, j'entrai un jour par curiosité dans tel lieu de culte ; j'y entendis un homme qui parlait d'une manière fort solennelle; sur le moment je ne le goûtai guère ; toutefois je ne pouvais me défendre de la pensée qu'il disait vrai et :qu'il me voulait du bien. Oh ! que n'ai-je écouté ses appels ! que n'ai-je profité de ses avis ! que ne donnerais-je pas pour l'entendre de nouveau ! »
- Il y a peu de temps qu'un cas tout semblable est parvenu à ma connaissance. Un homme qui maintes fois m'avait couvert de railleries et d'injures, étant allé un dimanche en partie de plaisir ne revint chez lui que pour mourir. Le lundi matin, sentant sa fin approcher, que pensez-vous qu'il fit ? Il envoya quérir en toute hâte le serviteur de Dieu qui vous parle en ce moment, celui-là même qu'il avait tant de fois insulté ! Il voulait qu'il lui indiquât le chemin du ciel, qu'il vînt lui parler du Sauveur. Je m'y rendis avec empressement et avec joie ; mais hélas ! qu'elle est triste la tâche de parler à un. profanateur du sabbat, à un contempteur de l'Évangile, à un homme qui a passé sa vie au service de Satan et qui touche à son heure dernière ! Et en effet, le malheureux mourut bientôt. Il mourut sans Bible dans sa maison, sans prière pour recommander son âme à Dieu, si ce n'est celle que je prononçai au chevet de son lit... Oh ! mes chers amis, croyez-le : c'est une chose terrible que de mourir sans Sauveur ! Souvent, après avoir assisté aux derniers moments de quelque pauvre pécheur, touchant le salut duquel je n'avais que peu d'espoir, je suis revenu chez moi l'âme brisée, le coeur navré, pensant en moi-même : « Mon Dieu ! que ne puis-je prêcher les insondables richesses de Christ, à chaque heure, à chaque instant du jour, afin que les âmes puissent regarder à lui avant qu'il soit trop tard ! » Puis, j'ai pensé au peu de zèle, au peu d'amour, au peu de ferveur avec lequel j'ai tant de fois annoncé les compassions de mon Maître, et j'ai pleuré, - oui, j'ai pleuré amèrement, en sentant que je né presse pas les âmes comme je devrais le faire, c'est-à-dire avec instances et avec larmes, de fuir la colère à venir ?
LA COLÈRE A VENIR ! LA COLÈRE A VENIR ! oh ! mes chers auditeurs, mettez-vous bien dans l'esprit, je vous en conjure, que ce n'est point là un vain mot. Les choses dont je vous parle ne sont ni des rêves, ni des mensonges, ni des chimères, ni des fables semblables à celles des vieilles. Ce sont des vérités, et vous les connaîtrez bientôt, chacun pour son propre compte. Oui, pécheur, toi qui. n'as point persévéré dans toutes les choses lui sont écrites au livre de la loi, et qui n'as point cherché un refuge auprès de Christ, le jour approche où les choses invisibles deviendront pour toi de redoutables de vivantes réalités. Et alors oh ! alors, que feras-tu ? Après la mort suit le jugement.
Un jour Jésus, du trône de sa gloire,
Viendra juger les vivants et les morts.
III
Mais, Dieu soit béni, nous avons maintenant une tâche plus douce à remplir. Nous venons, au nom de notre Maître, ANNONCER LA DÉLIVRANCE à tout pécheur qui se repent.
« Prédicateur de l’Évangile, tu nous as tous condamnés », me dites-vous. Cela est vrai, mes chers auditeurs ; toutefois, ce n'est point moi, c'est Dieu qui condamne. Je puis le dire à la face du ciel : je vous aime tous, individuellement, comme un frère aime ses frères. Si je vous parle avec sévérité, c'est uniquement pour votre bien. Mon cœur, mon âme tout entière sont émus de compassion envers vous, et dans mes paroles les plus dures en apparence, il y a en réalité plus d'amour que dans les discours mielleux et agréables de ceux qui vous disent Paix, paix ! quand il n'y a point de paix. Oh ! ne croyez pas que je prenne plaisir à prêcher comme je l'ai fait aujourd'hui. Non, Dieu m'en est témoin ! je préfère mille fois vous entretenir de Jésus, de sa douce et glorieuse personne, de sa grâce et de sa justice parfaite ; aussi, ai-je à coeur, avant de terminer, de vous faire entendre des paroles de paix. - Approche donc, mon frère ; donne-moi ta main et écoute le message de grâce que je t'apporte. Te sens-tu coupable, condamné, maudit ? Dis-tu en cet instant même : « 0 Dieu ! je reconnais que tu serais juste si tu faisais tomber sur moi tout le poids de ta malédiction ? » Comprends-tu que bien loin de pouvoir jamais être sauvé à cause de tes bonnes oeuvres, tu es entièrement perdu à cause de tes péchés ? Et as-tu une haine profonde pour le mal ? Te repens-tu sincèrement ? S'il en est ainsi, chère âme, laisse-moi te dire où tu trouveras la délivrance.
Hommes frères ! sachez tous ceci. Jésus-Christ, de la postérité de David, a été crucifié, il est mort et a été enseveli. Maintenant, il est ressuscité, il s'est assis à la droite de Dieu et il intercède même pour nous. Il est venu dans le monde pour sauver les pécheurs par sa mort. Voyant que les pauvres enfants d'Adam étaient assujettis à la malédiction, il s'est chargé lui-même de cette malédiction et les en a ainsi délivrés. Si donc Dieu a maudit Christ à la place de tel ou tel homme, il est impossible qu'il maudisse cet homme de nouveau. - « Mais Christ a-t-il été maudit pour moi? » me demande quelqu'un. A cela je réponds : Dieu le Saint-Esprit t'a-t-il fait voir ton péché ? t'en a-t-il fait sentir toute l'amertume ? t'a-t-il appris à pousser ce cri d'humiliation : O Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur ? Si, en sincérité de cœur, tu peux répondre affirmativement à ces questions, aie bon courage, mon bien-aimé ; Christ a été maudit à ta place ; et si Christ a été maudit à ta place, tu n'es plus sujet à la malédiction. - « Mais je voudrais en être certain, insistes-tu peut-être ; je voudrais ne pas pouvoir douter que Jésus a réellement été fait malédiction pour moi. » Et pourquoi en douterais-tu, mon frère ? Ne vois-tu pas Jésus expirant sur la croix ? Ne vois-tu pas ses mains et ses pieds ensanglantés? Regarde à lui, pauvre pécheur. Ne regarde plus à toi-même ni à tes iniquités ; regarde à lui et sois sauvé. Tout ce qu'il demande de toi, c'est que tu regardes à lui, et pour cela même il te prêtera son secours. Viens à lui, confie-toi en lui, crois en lui. Oh! je t'en supplie, accepte avec simplicité et avec foi cette déclaration de l'Écriture : C'est une chose certaine et digne d'être reçue avec une entière confiance, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs.
« Quoi? objecte encore quelqu'un, dois-je donc croire que Jésus est mort pour moi, simplement parce que je me sens pécheur ? » - Justement, mon frère. - « Mais pourtant il me semble que si je possédais quelques justices, si je pouvais faire de belles prières ou accomplir de bonnes oeuvres, je serais plus en droit de conclure que Christ est mort pour moi. » Tu t'abuses, mon frère, tu t'abuses ; la foi que tu aurais alors ne serait plus de la foi ; ce serait de la justice propre et rien de plus. Une âme croit en Jésus, lorsque le péché lui apparaissant dans toute sa noirceur, elle se jette simplement dans ses bras, et s'en remet à lui pour la purifier de toutes ses souillures. Va donc, pauvre pécheur, tel que tu es, avec ton indignité et ta misère ; prends en main les promesses de Dieu, et, en rentrant chez toi, cherche la solitude de ta chambre. Là, agenouillé près de ton lit, répands ton âme devant Dieu. Dis-lui à ce Dieu qui est riche en compassion et abondant en miséricorde : « O Seigneur ! je le sens, tout ce que je viens d'entendre est vrai. Oui, je suis maudit, et maudit justement ! Je suis un pécheur qui ne mérite que la condamnation éternelle. Et tu le sais, ô Seigneur, ces aveux ont maintenant dans ma bouche un tout autre sens qu'autrefois. En reconnaissant que je suis pécheur, je veux dire que je suis un véritable pécheur. Je veux dire que si tu me condamnais j'aurais la bouche fermée ; que si tu me chassais pour toujours de ta présence, je n'aurais que ce qui m'est dû. O mon Dieu ! ton support à mon égard m'étonne et me confond. Comment as-tu pu souffrir qu'un être aussi vil que moi souillât si longtemps la terre ? Seigneur, j'ai méconnu ta grâce et dédaigné ton Évangile. J'ai méprisé les instructions de ma mère et mis en oubli les prières de mon père. Seigneur, j'ai vécu loin de toi, j'ai violé tes sabbats, j'ai profané ton saint nom. J'ai fait tout ce qui est mal, tout ce qui est désagréable à tes yeux ; et si tu me précipitais en enfer, je serais réduit au silence. Oui, mon Dieu, je suis un pécheur: un pécheur perdu sans ressource, à moins que tu ne me sauves, un pécheur sans aucun espoir de salut, à moins que tu ne me délivres ! Mais, grâces t'en soient rendues, ô Seigneur, tu sais que je suis aussi un pécheur repentant, troublé dans sa conscience, affligé à cause de ses transgressions. Et voici, je viens te rappeler ce soir que tu as dit dans ta Parole : Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi ; et ailleurs : C'est une chose a certaine et digne d'être reçue avec une entière confiance, que Jésus- Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs. Seigneur, je viens à toi ! Seigneur, je suis un pécheur ! Jésus est donc venu pour me sauver; Seigneur, je crois ! je me confie en mon Sauveur à la vie et à la mort ! je n'ai d'espérance qu'en lui et je hais jusqu'à la pensée que j'ai pu chercher le salut ailleurs que dans sa grâce. Sauve moi donc, Seigneur; et quoique je sache bien que par ma conduite future je ne saurais jamais parvenir à effacer un seul de mes péchés passés, je veux néanmoins te supplier, ô mon Dieu, de me donner un coeur nouveau et un esprit droit, afin que désormais et à toujours, je puisse courir dans la voie de tes commandements ; car je n'ai point de plus grand désir que d'être saint comme tu es saint, et de marcher devant toi comme ton enfant. Tu le sais, ô Seigneur, pour être aimé de toi, je renoncerais volontiers à tout ce que je possède, et j'ose espérer que tu m'aimes, car mon coeur commence à sentir les étreintes de ton amour. Je suis coupable : mais jamais je n'aurais connu ma culpabilité, si tu ne m'avais toi-même appris à la connaître. Je suis vil, mais jamais je n'aurais su que j'étais vil, si tu ne me l'avais révélé. Oh ! sûrement, mon Dieu, tu ne me détruiras point, après avoir ainsi commencé en moi ta bonne oeuvre.
Devant toi, je rougis et demeure confus !
Mais, Seigneur, ta bonté relève ma misère ;
N'as-tu pas mis, entre elle et ta colère,
L'amour, la croix et le sang de Jésus ?
Oui, prie ainsi, mon bien-aimé ; ou, si tu ne peux pas prier aussi longuement, dis ces simples mots du fond du coeur : « Seigneur Jésus, je ne suis rien ! Sois toi-même mon tout!»
Oh ! Dieu veuille qu'il y ait dans cette assemblée quelques âmes qui, en cet instant même, fassent monter ce cri vers son trône ! Et s'il en est ainsi, tressaillez d'allégresse, ô cieux ! chantez, ô séraphins ! réjouissez-vous, ô rachetés ! car c'est ici l'oeuvre de l’Éternel ; que toute gloire soit rendue à son nom !
Numérisation Yves PETRAKIAN
Copie autorisée pour diffusion gratuite uniquement
Obligation d'indiquer la source http://456-bible.123-bible.com
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