mardi 22 octobre 2013

(2) VERS LA SAINTETÉ (S. L. Brengle)

                                               
Fichier informatique Numérisation et OCR M-C P. Adapté pour 456-Bible.com Yves PETRAKIAN Mars 2007 – France
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deuxième partie


·       16. Ne laissez pas échapper la vérité

·       17. Vous avez perdu la bénédiction d'un cœur pur. Que faire?

·        18. Ceux qui gagnent les âmes par leurs prières

·        19. Témoins modernes de la puissance de la  résurrection
·        20. Le radicalisme de la sainteté
·        21. Paix parfaite
·        22. Quelques-unes de mes expériences dans l'enseignement de la sainteté.
·        23. Encore une occasion pour vous!
·        24. Oiseaux de proie
·        25. Une paix constante
·        26. Sanctification et consécration
·        27. Des cris de joie
·        28. Quelques-unes des paroles que Dieu m'a adressées
·        Note d'édition

CHAPITRE 16  Ne laissez pas échapper la vérité

 C'est pourquoi nous devons d'autant plus nous attacher aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne soyons emportés loin d'elles.    (Hébreux 2:1)

La vérité qui sauve les âmes ne se trouve pas aussi aisément que les galets qu'on ramasse sur la plage; c'est avec peine, comme l'or et l'argent qu'on découvre après avoir sondé et creusé le sol. Salomon dit:

 Si tu appelles la sagesse,
 Et si tu élèves ta voix vers l'intelligence, Si tu la cherches comme l'argent,
 Si tu la poursuis comme un trésor,
 Alors tu comprendras la crainte de l’Éternel,
 Et tu trouveras la connaissance de Dieu. (Proverbes 2:3-5)

  L'homme qui parvient à la connaissance de la vérité devra faire usage de toute son intelligence, prier beaucoup, s'examiner sérieusement et renoncer à lui-même. Il devra écouter avec soin la voix de Dieu dans son âme; veiller, de peur de tomber dans le péché et la négligence, enfin, méditer jour et nuit la vérité de Dieu.
 Obtenir le salut n'est pas aussi facile que d'aller à une partie de plaisir. Ceux qui possèdent la vérité au point d'en être de vivantes incarnations, ne sont pas arrivés à ce résultat sans efforts. Ils ont creusé pour trouver la vérité; ils l'ont aimée; ils ont soupiré après elle plus qu'après la nourriture journalière; ils ont tout sacrifié pour elle. S'ils sont tombés, ils se sont relevés; vaincus, ils ne se sont point abandonnés au découragement, mais au contraire, ont renouvelé leurs efforts avec plus de soin, de vigilance et d'ardeur. Ils ont considéré leur vie comme peu de chose, pourvu qu'ils parvinssent à la vérité. Ils ont regardé comme de la boue les biens du monde -richesses, aises, renommée, jouissances, plaisirs- dans leur poursuite de cette vérité qui sauve l'âme, comble le cœur, donne un sens à la vie, introduit en la présence de Dieu, apporte joie ineffable et paix parfaite. Et lorsqu'elle apparut à leurs yeux plus désirable que tous les trésors, ils l'ont trouvée. Mais, il faut aussi de la vigilance pour la conserver. Les richesses ont des ailes; elles s'envolent, si elles ne sont pas bien gardées. De même pour la vérité; elle s'échappera si l'on n'y prend garde. Elle peut s'acquérir, mais elle ne se vend pas (Proverbes 23: 23). Elle se perd peu à peu comme l'eau qui s'écoule par une fissure, non pas tout à coup, mais par degrés insensibles.
 Voyez cet homme qui, autrefois, aimait ses ennemis et priait pour eux. Peu à peu, il en vint à négliger cette vérité: que nous devons aimer nos ennemis. Aussi, graduellement, l'amertume et l'aigreur remplacèrent l'amour et la prière.
 Cet autre donnait sans compter son argent pour les pauvres et pour la diffusion de l’Évangile. Il ne s'effrayait point d'avoir à s'en remettre à Dieu pour tous ses besoins. Il était si rempli de la vérité que toute crainte était bannie, certain que, s'il cherchait premièrement le royaume de Dieu et Sa justice, toutes choses lui seraient données par-dessus (Mat. 6:33). II ne craignait point que Dieu l'oubliât, l'abandonnât et laissât sa postérité mendiant son pain (Psaume 37:25). II servait Dieu joyeusement et de tout son cœur, satisfait d'une croûte de pain, heureux et insouciant comme le passereau qui cache la tête sous son aile, et s'endort sans se préoccuper d'où lui viendra la nourriture, parce qu'il s'attend au grand Dieu qui ouvre Sa main et rassasie à souhait tout ce qui vit, donnant à chacun la nourriture en Son temps (Psaume 145:15-16). Mais peu à peu, Satan lui fit entendre la nécessité de la prudence; par degrés, il perdit de vue la paternelle fidélité de Dieu, et Sa sollicitude pour Ses créatures. Aujourd'hui, c'est un homme cupide, rapace, soucieux du lendemain, en tout point différent de son Seigneur bon et généreux.
 Voici un autre homme: autrefois il priait sans cesse; il aimait prier et la prière était devenue la respiration même de son âme. Mais peu à peu, il perdit de vue cette vérité: qu'il faut toujours prier et ne point se relâcher. Aujourd'hui la prière n'est plus pour lui qu'une forme froide et sans vie.
 Cet autre encore suivait d'abord assidûment les réunions. Mais il commença à perdre de vue que nous ne devons point abandonner nos assemblées, comme c'est la coutume de quelques-uns (Hébreux 10:25); maintenant, il préfère aux réunions religieuses le théâtre et les promenades dans les rues et les jardins publics.
 Celui-ci ne laissait échapper aucune occasion de rendre témoignage. Chaque fois qu'il rencontrait un camarade dans la rue, il éprouvait le besoin de lui parler de la grâce du Seigneur. Mais peu à peu, il se laissa aller aux propos insensés et aux plaisanteries, choses qui sont contraires à la bienséance (Ephésiens 5:4) et finalement oublia ces paroles solennelles de Jésus: "Au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu'ils auront proférée" (Mathieu. 12: 36). Il ne se souvint pas que la Bible dit: "La mort et la vie sont au pouvoir de la langue" (Proverbes 18:21) et que notre parole doit toujours être accompagnée de grâce et assaisonnée de sel (Colossiens 4:6). Aussi, aujourd'hui, peut-il parler avec facilité de tout, sauf de religion personnelle et de sainteté. Son témoignage d'autrefois, profond et enflammé, qui remuait les cœurs, résonnait comme un avertissement terrible à l'oreille des pécheurs insouciants, encourageait les cœurs timides et abattus, qui apportait le courage et la force aux soldats comme aux saints, a été remplacé par quelques phrases toutes faites, sans résonance dans son propre cœur, et sans effet sur l'auditoire. Elles restent stériles comme des coquilles brisées dans un nid d'oiseau.
 Voyez cette chrétienne: elle croyait de tout son cœur que les femmes faisant profession de piété devaient être "vêtues d'une manière décente, avec pudeur et modestie, ne se parant ni de tresses, ni d'or, ni de perles, ni d'habits somptueux," mais "de bonnes œuvres" (1 Timothée 2:9-10). Peu à peu, cependant, elle perdit de vue cette vérité -prêta l'oreille aux flatteuses suggestions du tentateur, et tomba aussi sûrement qu'Eve, lorsqu'elle écouta le serpent et mangea du fruit défendu. Maintenant, au lieu de vêtements modestes, elle porte bijoux, fourrures, habits somptueux; mais elle a perdu la parure incorruptible d'un esprit doux et paisible qui est d'un grand prix devant Dieu (1 Pierre 3:4).
Que doivent faire ceux qui ont perdu cette grâce?
 Se rappeler d'où ils sont tombés, se repentir et pratiquer leurs premières œuvres! (Apocalypse 2:5). Qu'ils creusent pour trouver la vérité, comme le mineur doit creuser la terre pour trouver l'or! Qu'ils la cherchent comme on cherche un trésor caché! Ils la découvriront à nouveau. Dieu est le rémunérateur de ceux qui Le cherchent (Héb. 11:6).
 Ce sera peut- être un travail pénible, aussi pénible que l'extraction de l'or; une oeuvre lente, comme la poursuite d'un trésor caché; mais c'est une oeuvre sûre. "Cherchez et vous trouverez" (Matthieu 7:7). C'est, de plus, une oeuvre nécessaire: la destinée éternelle de votre âme en dépend.
 Par contre, que devront faire ceux qui possèdent la vérité pour ne point la laisser échapper?
  1 ° Prendre garde à la parole de David: "Observez et prenez à cœur tous les commandements de l’Éternel" (1 Chroniques 28:8).
  2° Faire ce que Dieu commandait à Josué: "Que ce livre de la loi ne s'éloigne point de ta bouche; médite- le jour et nuit, pour agir fidèlement selon tout ce qui y est écrit" Josué 1:8).

 Un jeune rabbin exprimait à son vieil oncle le désir d'étudier la philosophie grecque. En réponse le vieux rabbin lui cita ce texte: "Que ce livre de la loi ne s'éloigne point de ta bouche; médite-le jour et nuit, pour agir fidèlement selon tout ce qui y est écrit"; puis il ajouta: "Trouve, si tu le peux, une heure qui n'appartienne ni au jour ni à la nuit et consacre-la à l'étude des philosophes grecs".
L'homme béni de l’Éternel dont parle David est non seulement un homme
 Qui ne marche pas selon le conseil des méchants,
 Qui ne s'arrête pas sur la voie des pécheurs,
 Et qui ne s'assied pas en compagnie des moqueurs; (Psaume 1:1)
Mais remarquez-le, c'est un homme
 Qui trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel,
 Et qui la médite jour et nuit!    (Psaume 1:2)
 Si vous voulez retenir fermement la vérité, et ne pas la laisser échapper, vous devez lire, relire et relire encore votre Bible. Vous devez constamment remettre en votre esprit ces vérités, comme l'étudiant laborieux se rafraîchit constamment la mémoire en revoyant ses livres de classe, comme l'homme de loi qui veut réussir, étudie constamment des ouvrages de droit, ou le docteur ceux de médecine.
 John Wesley après avoir lu, relu et relu encore la Bible toute sa vie, disait de lui-même dans sa vieillesse: Sum homo unius libri  (je suis l'homme d'un seul livre). La vérité s'échappera sûrement, si vous n'entretenez pas votre esprit par une lecture et une méditation constantes de la Bible.
 La Bible est un livre de recettes divines pour rendre les hommes saints; vous devez suivre strictement ses instructions, si vous voulez devenir saint et semblable au Christ.
 La Bible est le guide de Dieu pour montrer aux hommes le chemin du Ciel. Accordez donc une scrupuleuse attention à ses directions et suivez-les, si vous voulez y arriver.
 La Bible est le divin livre de médecine qui indique les moyens de guérir les maladies de l'âme. Vous devez considérer avec soin son diagnostic et ses méthodes de guérison, si vous voulez la santé de votre âme.
 Jésus dit: "L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Mat. 4:4) et ailleurs: "Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie" (Jean. 6:63).
  3° "N'éteignez pas l'Esprit" (1 Thessaloniciens 5:19). Jésus appelle le Saint-Esprit "l'Esprit de vérité" Jn. 16:13). Si donc vous ne voulez pas laisser échapper la vérité, recevez en vos cœurs l'Esprit de vérité et priez-Le de demeurer en vous. Chérissez-le dans votre âme; trouvez en Lui vos délices; vivez en Lui. Livrez-vous à Lui; confiez-vous en Lui; demeurez en communion avec Lui; considérez-Le comme votre Ami, votre Guide, votre Maître, votre Consolateur. Ne Le regardez pas comme certains élèves considèrent leur maître, c'est-à-dire comme un ennemi dont il faut se défier, qui n'attend que l'occasion de punir, de gronder et de blâmer. Le Saint-Esprit pourra vous blâmer si c'est nécessaire, mais cette nécessité Le contriste; Son bonheur est de consoler et de réjouir les enfants de Dieu. Il est amour! Que Son saint nom soit béni! "N'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption" (Ephésiens  4:30).


CHAPITRE 17  Vous avez perdu la bénédiction d'un coeur pur. Que faire?

 Revenez, enfants rebelles, dit l’Éternel; car je suis votre maître;
 Reconnais seulement ton iniquité, Reconnais que tu as été infidèle à l’Éternel, ton Dieu . . . et que tu n'as pas écouté ma voix.. .
 Reviens, infidèle Israël! dit l’éternel. Je ne jetterai pas sur vous un regard sévère; Car je suis miséricordieux, dit l’Éternel. Je ne garde pas ma colère à toujours.  (Jérémie 3:14,13,12)

 La difficulté qu'éprouve le rétrograde à revenir à l’Éternel, provient de lui-même et non de Dieu. Il est difficile de se confier en celui qu'on a lésé; la difficulté s'accroît lorsqu'il s'agit d'un ami tendre et affectueux.
 Voyez les frères de Joseph: ils lui avaient fait un tort grave en le vendant comme esclave. Aussi, en apprenant qu'il est vivant et qu'il les tient en son pouvoir, sont-ils remplis de crainte. Mais il les assure de sa bienveillance et finit par gagner leur confiance par sa bonté. Cette confiance, parfaite en apparence, dura jusqu'à la mort de Jacob, mais alors leurs craintes se ranimèrent: "Quand les frères de Joseph virent que leur père était mort, ils dirent: Si Joseph nous prenait en haine et nous rendait tout le mal que nous lui avons fait! Et ils firent dire à Joseph: Ton père a donné cet ordre avant de mourir: Vous parlerez ainsi à Joseph: Oh! Pardonne le crime de tes frères et leur péché, car ils t'ont fait du mal! Pardonne maintenant le péché des serviteurs du Dieu de ton père! Joseph pleura en entendant ces paroles. . . Joseph leur dit: Soyez sans crainte; car suis-je à la place de Dieu? . . . Je vous entretiendrai, vous et vos enfants. Et il les consola en parlant à leur cœur" (Genèse 50:15-21).
 Cher camarade rétrograde, reconnais ta difficulté dans cette simple histoire. Par ton péché, tu as offensé tout sentiment personnel de la justice, il te semble presque impossible de te confier en Jésus, ce Frère que tu as si profondément affligé; et cependant, Son tendre cœur se brise en voyant ta méfiance. "Et Joseph pleura et leur parla." A moins d'avoir commis le péché pour lequel il n'est pas de rémission -et tu ne l'as pas commis, s'il te reste le moindre désir de revenir au Seigneur -que ton premier pas soit de renouveler ta consécration à Dieu en confessant tes péchés; le second, et à vrai dire le seul, sera de t'écrier avec Job: "Voici, qu'il me tue, j'espérerai en lui" (Job 13: 15, Darby). Tiens ferme cette espérance jusqu'à ce que tu aies reçu à nouveau le témoignage de ton acceptation.
 Beaucoup de gens arrivés à ce point, s'étonnent de ne plus retrouver les émotions et la joie éprouvées au début de leur vie avec Dieu, et pour cette raison, ils se refusent à croire. Vous vous rappellerez qu'après leur entrée dans la terre de Canaan, les enfants d'Israël furent plusieurs fois emmenés en captivité. Pourtant, Dieu n'entrouvrit plus jamais pour eux les eaux du Jourdain, et ne les fit plus jamais entrer dans la Terre Promise de la même manière que la première fois. Le Seigneur dit: "Je ferai marcher les aveugles sur un chemin qu'ils ne connaissent pas, Je les conduirai par des sentiers qu'ils ignorent" (Esaïe 42:16). Sachez-Ie bien. Si vous recherchez les émotions d'autrefois, si vous insistez sur la nécessité de parcourir les chemins connus, vous refusez d'avouer que vous êtes aveugles, en d'autres termes, vous entendez marcher par la vue et non par la foi. Vous devez vous abandonner entièrement au Saint-Esprit et Il vous conduira certainement dans la Terre promise. Cherchez seulement à être en règle avec Dieu. Quoi qu'Il vous ordonne de faire, faites-le.  Confiez-vous en Lui, aimez-Le et Il viendra Lui-même à vous, car Jésus est devenu pour nous sanctification (1 Corinthiens  1 :30). Ce n'est pas une bénédiction qu'il vous faut; il vous faut Celui qui bénit et que vous avez éloigné par votre incrédulité.
 Un homme sanctifié depuis peu, disait à la Faculté de théologie de Boston: "Mes frères, j'ai étudié ici la théologie pendant trois ans, mais maintenant, j'ai Theos (Dieu) en moi". Que Dieu vous suffise, de quelque manière qu'Il se présente, que ce soit comme le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, ou comme un humble et simple charpentier! Qu'Il vous suffise et Il se révélera toujours plus pleinement à votre foi!
 Ne vous laissez point effrayer par les lions; ils sont enchaînés. Prenez la ferme résolution de ne pas vous préoccuper de l'avenir; mais reposez-vous sur Lui en toute confiance pour le moment présent: "Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même" (Matthieu 6:34).
 Satan s'efforcera de vous faire douter de la possibilité de résister, surtout si vous avez perdu votre première joie par la désobéissance; il ne manquera pas de vous le jeter à la face. Mais rappelez-vous que le Seigneur a dit: "Ma grâce suffit" (2 Corinthiens 12:9). Ne vous inquiétez donc pas du lendemain.
 Un cher camarade disait dans sa prière: "Mon Père, Tu sais l'angoisse intolérable que j'ai ressentie en regardant l'avenir, me demandant si je pourrais accomplir telle chose, à tel moment et dans tel lieu." On ne peut nier qu'il souffrait. L'unique et simple remède à sa souffrance consistait à ne pas regarder l'avenir, mais à prendre "le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin" (Ephésiens 6:16). Il souffrait de ces traits enflammés. Mais soyez assurés d'une chose: ce n'est pas Jésus qui vous torture par la pensée de l'avenir; au contraire, Il vous a ordonné de ne pas vous inquiéter du lendemain. "Résistez au diable, et il fuira loin de vous" (Jacques 4:7). Mais, quand le moment d'obéir est venu, il faut être fidèle, même au prix de la vie.
"Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie" (Apocalypse 2:10). "Ils n'ont pas aimé leur vie jusqu'à craindre la mort" (Apocalypse 12:11).
 Une femme qui avait perdu momentanément contact avec Jésus disait: "J'étais revenue à Jésus et je me confiais en Lui depuis quelque temps sans rien éprouver. Un jour une jeune fille étant venue chez moi, j'eus le sentiment que je devais lui parler de son âme. Cela me sembla très difficile, mais je dis au Seigneur que je serais fidèle; je parlai à la jeune personne, ses yeux se remplirent de larmes et mon cœur de joie. Celui qui bénit s'était approché de nous, et maintenant elle se confie humblement en Jésus." Donnez-vous de nouveau à Dieu dans une offrande et une consécration totales.
 Une chrétienne, rétrograde depuis dix ans, mais revenue à Dieu et remplie du Saint-Esprit, disait un jour: "Placez votre tout sur l'autel, ne le reprenez pas et le feu de l’Éternel viendra sûrement consumer le sacrifice."
 Faites-le, faites-le! Le Seigneur viendra sûrement si vous savez attendre, et vous pouvez attendre, en sentant que votre éternité en dépend.

C'est pourquoi, dit l’Éternel:
"Revenez à moi de tout votre cœur,
Avec des jeûnes, avec des pleurs et des lamentations!
Déchirez vos cœurs et non vos vêtements,
Et revenez à l’Éternel, votre Dieu;
Car il est compatissant et miséricordieux,
Lent à la colère et riche en bonté,
Et il se repent des maux qu'il envoie. (Joël 2:12-13)


CHAPITRE 18  Ceux qui gagnent les âmes par leurs prières

 La prière fervente du juste a une grande efficace. (Jacques 5:16)

 Tous les grands gagneurs d'âmes ont été des hommes de prière, et tout grand réveil a été précédé d'un travail persévérant, accompli à genoux, dans le silence du cabinet. Avant d'entreprendre Son ministère, durant lequel de grandes multitudes le suivaient, Jésus passa quarante jours et quarante nuits dans le jeûne et la prière (Matthieu 4:1-11).
 Paul priait sans cesse, faisant jour et nuit monter vers Dieu ses supplications et ses intercessions (Actes 16:25; Philippiens 1:3-11; Colossiens 1:3,9-11).
 Le baptême du Saint-Esprit accordé le jour de la Pentecôte et les trois mille conversions opérées en ce jour, survinrent après dix jours de prières, de louanges, d'examen de soi -même et de la Bible. Les apôtres continuèrent à prier; de telle sorte qu'un autre jour, cinq mille personnes se convertirent et qu’une  grande foule de sacrificateurs obéissaient à la foi" (Actes 2:4-6; 4:4; 6:4-7).
 Luther avait l'habitude de prier trois heures chaque jour; il brisa les liens qui retenaient captives les nations.
 John Knox passait des nuits entières en prière, criant à Dieu: "Donnez-moi l’Écosse ou je meure" et Dieu lui donna l’Écosse.
 Baxter priait avec tant de ferveur que son haleine humecta les murs de son cabinet d'études. Il fit passer sur tout le pays comme un déluge de salut.
 Dans son journal qui, en intérêt, ne le cède guère qu'aux Actes des Apôtres, John Wesley nous parle à maintes reprises des nuits de prières dans lesquelles Dieu s'approchait et répandait sur l'assemblée une bénédiction presque tangible; c'est ainsi que lui et ses aides obtinrent le pouvoir de sauver l'Angleterre du paganisme et de susciter dans le monde entier un réveil de religion pure et agressive.
 David Brainerd, couché sur le sol glacé, enveloppé dans une peau d'ours et crachant le sang criait à Dieu de sauver les Indiens. Dieu l'entendit, convertit et sanctifia, par vingtaines et centaines, ces pauvres hommes ignorants, païens, querelleurs et buveurs.
 A la veille de prononcer le sermon d'où jaillit le réveil qui bouleversa la Nouvelle-Angleterre, Jonathan Edwards passa toute la nuit en prière avec quelques amis.
 En Écosse, un jeune homme du nom de Livingstone devait prêcher un jour, devant une grande assemblée. Ayant le sentiment de son impuissance et de son absolue faiblesse, il passa la nuit en prière; et le lendemain il fit entendre une prédication par laquelle cinq cents personnes furent converties. Gloire à Dieu! 0 Seigneur, suscite parmi nous des hommes de prière!
 Finney priait jusqu'à ce que des communautés entières fussent sous l'action du Saint-Esprit; les hommes ne pouvaient pas résister à cette puissante influence. Excédé de fatigue à la suite de tant de travaux, il se laissa persuader par des amis d'aller prendre un peu de repos sur les bords de la Méditerranée. Mais le salut des âmes lui tenait trop à coeur pour qu'il pût rester inactif. A son retour, l'évangélisation de monde devint son unique préoccupation; son âme était dans l'angoisse au point qu'il priait des journées entières, jusqu'à ce qu'un soir, il reçut enfin l'assurance que Dieu accomplirait cette oeuvre. En arrivant à New York, il fit entendre ses Discours Sur les Réveils qui, publiés en Amérique et ailleurs, amenèrent des réveils à travers le monde entier. Ses œuvres, tombées entre les mains de Mme. Booth exercèrent sur elle une immense influence. L'Armée du Salut est certainement, dans une grande mesure, la réponse de Dieu aux prières intenses de Cet homme (Finney) intercédant auprès de Dieu jusqu'à l'agonie, luttant avec Lui jusqu'à l'exaucement.
 Un jeune évangéliste américain, arraché au catholicisme, provoque, partout où il porte ses pas, une" trombe de réveil", qui bouleverse les lieux où il passe et amène des centaines de Conversions. Je me demandais quel pouvait bien être le secret de son pouvoir. Je l'appris d'une dame chez laquelle ce jeune homme logeait. "Il prie, me dit-elle, sans interruption; on ne l'arrache qu'avec peine pour ses repas à sa puissante lutte avec Dieu".
 Avant de me joindre à l'Armée, je conversais un jour avec le Dr Cullis de Boston, cet homme à la foi si simple et si prodigieuse. Il me montra quelques photographies, parmi lesquelles celle de Bramwell Booth.
 "Voilà, dit le docteur, l'homme qui dirige les plus puissantes réunions de sanctification dans toute l'Angleterre". Il me parla alors des fameuses réunions de White Chapel. En me rendant en Angleterre, je résolus, s'il était possible, d'en découvrir le secret. "Au début, me dit un officier, M. Bramwell dirigeait des réunions de jeunes gens au Quartier Général et demandait à tous Ceux qui étaient sauvés de passer chaque jour cinq minutes, seuls avec Dieu, partout où ils le pourraient, afin de prier pour ces réunions du vendredi. L'un d'eux aujourd'hui lieutenant -colonel- alors employé dans un grand magasin, devait se réfugier dans une caisse d'emballage, afin de s'isoler et de pouvoir prier cinq minutes seul"
Dieu n'a pas changé; Il est prêt à répondre au désir de ceux qui prient.
 Un officier bien connu avait l'habitude de passer en prières la nuit du samedi; et tout le monde sait quel merveilleux gagneur d'âmes il était. Ses réunions produisaient de puissants bouleversements spirituels.
 Quant à moi, j'aimerais mille fois mieux être à sa place avec un tel pouvoir sur Dieu et sur les hommes, que d'être un chef d’État.
 Finney parle d'une Église, témoin d'un réveil constant durant treize ans. Le réveil cessa subitement, et chacun en demandait la raison avec inquiétude. Un jour, dans une réunion, un homme se leva en larmes. Il raconta que, pendant treize ans, il avait prié chaque samedi jusqu'après minuit, pour que Dieu se glorifiât et sauvât des âmes; mais deux semaines auparavant, il avait cessé de prier en vue de ce but et le réveil s'était arrêté. Si Dieu répond aux prières d'une telle manière, quelle redoutable responsabilité nous avons à cet égard!
 Oh! Puissions-nous avoir un soldat saint dans chacun des Postes de l'Armée, ou un membre fidèle dans chaque Église, qui voulût passer la moitié de la nuit du samedi en prière l Voici du travail pour les Officiers condamnés au repos et pour tous ceux qui ne peuvent se joindre à l’œuvre de l'Armée en raison de difficultés insurmontables. Ils peuvent agir en restant à genoux! Que personne n'imagine que ce soit là une oeuvre facile; elle devient parfois une douloureuse agonie, mais une agonie qui, plus tard, se transforme en joie dans l'union et la communion avec Jésus. Rappelons nous comment Jésus priait!

 Dernièrement, un capitaine qui prie une heure ou deux chaque matin, une demi-heure avant sa réunion du soir, et qui a amené au salut un grand nombre d'âmes, se lamentait auprès de moi d'avoir souvent à se faire violence pour prier en secret. En ceci, il est tenté et éprouvé comme ses frères; il en est de même pour tous les hommes de prières. Le pasteur Bramwell Booth, qui voyait des centaines de personnes se convertir et chercher la sanctification lorsqu'il prêchait, priait six heures par jour, mais avouait qu'il ne commençait jamais à prier qu'à contre- cœur. Il devait, lui aussi, se faire violence. Au début, sa prière semblait aride; mais il persévérait dans la foi, les lieux s'ouvraient, et il luttait avec Dieu jusqu'à ce qu'il eût remporté la victoire. Quand ensuite il prêchait, les nuages éclataient et une pluie de bénédictions descendait sur l'assemblée.
 Quelqu'un demandait un jour pourquoi M. Bramwell pouvait toujours dire des choses nouvelles et si riches d'inspiration pour ses auditeurs. "Il habite si près du Trône, que Dieu lui révèle Ses secrets et qu'il nous les répète ensuite", lui répondit-on.
 Le pasteur John Smith dont la vie, à ce que me dit un jour le Général Fondateur, avait été pour lui une merveilleuse inspiration, passait également un temps considérable en prière. Il trouvait toujours difficile de commencer; puis il entrait dans une telle communion avec Dieu qu'il lui était dur de (arrêter. Où qu'il allât, un puissant réveil survenait.

 Ce peu d'empressement pour la prière secrète peut provenir de plusieurs causes:
  I° Des mauvais esprits. Il doit peu importer au diable de voir la majorité des gens tièdes ou froids à genoux en public, car il sait que, pour la plupart, c'est une simple affaire de convention; mais il ne peut supporter de voir un homme à genoux dans le secret de son cabinet, car il n'ignore pas que, si cet homme persévère dans la foi, il amènera le Seigneur et le ciel tout entier à s'occuper des intérêts qu'il présente. Aussi les démons s'acharnent-ils contre lui.
  2° D'une certaine paresse du corps et de l'esprit, causée par la maladie, la perte du sommeil ou le sommeil trop prolongé, ou encore par une nourriture trop abondante qui fatigue les organes digestifs, alourdit le sang et engourdit les facultés de l'âme les plus nobles et les plus élevées.
  3° Du manque d'empressement à obéir quand l'Esprit nous incite à la prière secrète. Si, à ce moment précis où Il nous parle, nous hésitons et continuons notre lecture ou notre conversation, l'esprit de prière s'éteindra.
 Nous devrions considérer avec joie la pensée d'être seuls avec Jésus dans une prière et une communion intimes, de la même manière que des fiancés anticipant le plaisir et la joie qu'ils auront dans la société l'un de l'autre.
 Nous devrions répondre à l'instant même, quand l'appel intérieur nous invite à la prière, "Résistez au diable, et il fuira loin de vous" (Jacques 4:7). "Je traite durement mon corps -dit Paul- et je le tiens assujetti, de peur d'être moi même rejeté, après avoir prêché aux autres" (1 Corinthiens 9:27).
 Jésus dit: "qu'il faut toujours prier et ne point se relâcher" (Luc 18:1) et Paul dit: "Priez sans cesse" (1 Thessaloniciens 5:17).
 Un homme de prière, intrépide et plein de foi, aura parfois la victoire sur toute une ville, sur toute une nation. Ce fut le cas d’Élie au Mont Carmel; de Moïse, pour Israël qui s'était détourné de Dieu; de Daniel à Babylone. Si un certain nombre de personnes peuvent arriver à prier ainsi, la victoire sera éclatante. Que, surtout, nul ne s'imagine, d'un cœur mauvais et incrédule, que Dieu hésite et soit peu disposé à répondre à la prière. Il est plus disposé à répondre à ceux dont le cœur est droit devant Lui, que ne le sont les parents à donner du pain à leurs enfants. Lorsque Abraham pria pour Sodome, Dieu répondit jusqu'à ce qu'Abraham eût cessé de demander (Genèse 18:22-23). Le prophète Elisée s'irrita contre le roi qui ne frappa que trois fois, quand il eût du frapper cinq ou six fois (2 Romains 13:18-19). Dieu ne s'irritera t-Il pas de même contre nous, lorsque nous Lui présentons, bien timidement, d'insignifiantes requêtes?
 Allons donc hardiment au trône de la grâce et demandons beaucoup, afin que notre joie soit parfaite! (Hébreux. 4:16).


CHAPITRE 19  Témoins modernes de la puissance de la résurrection

 Il y a plusieurs années, je priai avec une jeune femme qui désirait être sanctifiée. Je lui demandai si elle était disposée à renoncer à tout pour Jésus. Elle répondit affirmativement. Résolu à la soumettre à une rude épreuve, je lui demandai encore si elle consentirait à partir pour l'Afrique comme missionnaire. Elle répondit: "Oui". Nous nous mîmes alors à genoux et, pendant la prière, elle éclata en pleurs en s'écriant: "0 Jésus!"
 Elle n'avait jamais vu Jésus. Elle n'avait jamais entendu Sa voix et, jusqu'à cette heure-là, concevait la révélation du Sauveur à l'âme autant qu'un aveugle-né peut se représenter un arc-en-ciel.  Maintenant elle Le connaissait! Lui dire que Jésus venait de se révéler à son âme, était aussi peu nécessaire que d'allumer une chandelle pour voir le lever du soleil. Le soleil apporte sa propre lumière; il en est de même de Jésus.
 Elle Le connut, l'aima et se réjouit en Lui" d'une joie ineffable et glorieuse" (1 Pierre 1:8), et dès cette heure Lui rendit témoignage. Elle Le suivit en Afrique même, pour Lui gagner les païens, jusqu'au jour où Il lui dit: "Cela suffit, monte plus haut, entre dans la joie de ton Seigneur" -et elle monta au ciel pour contempler Sa gloire, non plus à travers un voile, mais dans toute Sa splendeur.
 Cette jeune femme fut un témoin de Jésus, attestant qu'Il n'est pas mort, mais vivant, un témoin de Sa résurrection!
 De pareils témoins sont nécessaires en tout temps, aujourd'hui comme aux jours des apôtres. Le cœur de l'homme est aussi mauvais, son orgueil aussi opiniâtre, son égoïsme aussi universel, et son incrédulité aussi obstinée qu'à n'importe quelle autre époque de l'histoire du monde; il faut un témoignage toujours aussi puissant pour soumettre les cœurs et faire naître en eux une foi vivante.
 Deux sortes de témoignages sont aussi nécessaires l'un que l'autre pour faire accepter à l'homme la vérité et le salut: le témoignage de l'histoire et celui d'hommes qui nous entourent et qui disent ce dont ils sont certains.
 Dans la Bible et dans les écrits des premiers chrétiens, nous avons le témoignage historique du plan de Dieu envers les hommes et de Ses relations avec eux; de la vie, de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus et de la venue du Saint-Esprit. Mais ces récits, à eux seuls, ne suffisent pas à détruire l'incrédulité de l'homme, à l'amener à une humble et joyeuse soumission à Dieu et à une foi enfantine en Son précieux amour. Ils peuvent produire une foi historique, c'est-à-dire amener à croire ce qu'ils disent de Dieu, de l'homme, du péché, de la vie, de la mort et du jugement, du ciel et de l'enfer, comme nous croyons ce que l'histoire nous raconte au sujet de César, de Napoléon ou de Washington. Cette foi peut amener les hommes à être religieux, à bâtir des temples, à renoncer à eux-mêmes, à organiser différentes formes de culte, à abandonner les grossiers péchés extérieurs, et à mener une vie honorable et morale tout en les laissant morts à Dieu; elle ne les amène pas à cette union vivante avec le Seigneur Jésus qui détruit le péché intérieur et extérieur, enlève la crainte de la mort et remplit l'âme de la joyeuse espérance de l'immortalité.
 La foi qui sauve est celle qui fait entrer la vie et la puissance de Dieu dans l'âme -la foi qui rend l'orgueilleux humble, le caractère emporté patient, l'avare libéral et généreux, le voluptueux pur et chaste, l'être querelleur doux et calme, le menteur véridique, le voleur honnête, l'insensé grave et réfléchi; la foi qui purifie le cœur, qui dirige sans cesse les regards vers le Seigneur, et remplit l'âme d'un amour humble, saint et patient pour Dieu et les hommes.
 Pour faire naître cette foi, il ne faut pas seulement la Bible avec ses témoignages historiques, il faut aussi le témoignage vivant de celui qui a "goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir" (Hébreux 6:5); qui sait que Jésus n'est pas mort, mais vivant; qui peut témoigner de la résurrection parce qu'il connaît le Seigneur ressuscité qui s'est appelé Lui-même "la Résurrection et la Vie" (Jean.11:25).
 Je me rappelle une jeune fille de Boston dont le témoignage calme et sérieux attirait à nos réunions des foules de gens désireux de l'entendre. Un jour que nous étions ensemble dans la rue, elle me dit: "Hier, pendant que je me préparais dans ma chambre pour aller à la réunion, Jésus s'approcha de moi; je Le sentis tout près et reconnus Sa présence".
 Je répliquai: "Nous pouvons avoir le sentiment de Sa présence plus que de celle de tout autre ami terrestre". Alors, à ma grande surprise et à ma profonde joie, elle me répondit: "Oui, car Il est dans nos cœurs".
 Paul devait être un de ces témoins-là pour conduire les Gentils au salut. Il n'avait pas assisté à la résurrection, au sens littéral du mot, il n'avait pas vu Jésus en personne, mais, au sens élevé et spirituel, le Fils de Dieu s'était révélé en lui (GaIates 1:16), et son témoignage fut aussi puissant pour convaincre les hommes de la vérité et détruire leur incrédulité que celui de Pierre ou de Jean!
 Ce pouvoir de servir de témoins n'est pas limité aux apôtres qui ont vécu auprès de Jésus, ni à Paul, choisi spécialement pour prêcher aux Gentils. Il est l'héritage de tous les croyants. Plusieurs années après la Pentecôte, Paul écrivait aux Corinthiens: "Ne reconnaissez-vous pas que Jésus Christ est en vous? À moins peut-être que vous ne soyez réprouvés" (2 Corinthiens 13:5). Et, en s'adressant aux Colossiens, au sujet du mystère de l’Évangile, il dit: "C'est Christ en vous, l'espérance de la gloire" (Colossiens 1: 27). En effet, c'est là le but élevé pour lequel Jésus promit d'envoyer le Saint Esprit, quand Il dit: "Quand le consolateur sera venu. . . il ne parlera pas de lui-même. . . il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi et vous l'annoncera" (Jean. 16:1314).

 Telle est l’œuvre par excellence du Consolateur: révéler Jésus à la conscience spirituelle de chaque croyant individuellement, et ainsi purifier son cœur, détruire en lui toute disposition mauvaise et y implanter les dispositions et le caractère même de Jésus.
 En effet, seul un baptême du Saint-Esprit, révélant la pensée et le cœur de Jésus, pouvait transformer en témoins véritables ces hommes qui avaient vécu avec Lui pendant trois années, et constaté par eux-mêmes Sa mort et Sa résurrection.
 Il ne les envoya d'ailleurs pas immédiatement dans le monde pour proclamer ce fait à tous les hommes. Il demeura encore quelques jours avec eux, les enseignant, et au moment de monter au Ciel, au lieu de leur dire: Vous avez été avec Moi pendant trois ans, vous connaissez Ma vie et avez entendu Mes enseignements, vous avez été témoins de Ma mort et de Ma résurrection,-allez maintenant dans le monde et proclamez partout ces choses, nous lisons: "Il leur recommanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous ai annoncé, leur dit-il; car Jean a baptisé d'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit. . . Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins" (Actes 1: 4, 5, 8).
 Ils avaient vécu trois ans avec Lui, mais sans Le comprendre. Il leur avait été révélé corporellement. Maintenant, Il allait leur être révélé par l'Esprit. En cette heure-là, ils reconnurent Sa divinité; ils comprirent Son caractère, Sa mission, Sa sainteté, Son amour éternel et Sa puissance de salut; il n'en eût pas été ainsi lors même qu'Il eût vécu en chair avec eux durant l'éternité. C'est ce qui fit dire à Jésus peu avant Sa mort: "Il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous" Jn. 16:7). Sans le Consolateur, ils n'auraient su de Jésus que ce qu'ils avaient appris par Sa vie terrestre.
 De quelle tendresse Jésus les aimait et comme Il désirait se faire connaître pleinement à eux! Aujourd'hui encore, Il a cette même ambition.
 Or, c'est cette connaissance de Jésus que les pécheurs exigent des chrétiens avant de croire.
 Or, s'il est vrai que l'enfant de Dieu peut connaître Jésus-Christ, que le Saint-Esprit l'instruit à cet égard, que Jésus Lui-même désire ardemment se révéler à lui, et que les pécheurs exigent que les croyants aient une telle connaissance avant qu'eux-mêmes puissent croire, chaque disciple de Jésus ne devrait-il pas Le chercher de tout son cœur, jusqu'à ce qu'il soit rempli de cette connaissance et de cette puissance nécessaires au témoignage? Du reste, cette connaissance devrait être recherchée, non seulement pour le bien du prochain, mais pour la consolation personnelle et la sécurité qu'elle donne au croyant lui-même, puisqu'elle est salut et vie éternelle. Jésus a dit: "La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ Jean. 17:3).
 On peut savoir bien des choses au sujet du Seigneur, s'exprimer éloquemment sur Sa personne et Son oeuvre, et n'avoir cependant aucun lien personnel avec Lui. Un homme du peuple peut avoir appris beaucoup sur son souverain. Il peut croire à sa justice, se confier en sa clémence, sans l'avoir jamais vu; mais les membres de la famille royale seuls le connaissent réellement. La révélation totale du Seigneur Jésus est plus que la conversion; c'est le côté positif de l'expérience que nous appelons cœur pur ou sainteté.
 Désirez-vous Le connaître de cette manière? Si oui, vous y parviendrez.
 Tout d'abord, ayez la certitude du pardon de vos péchés. Si vous avez fait tort à quelqu'un, réparez ce tort dans la mesure du possible. Zachée dit à Jésus: ". . . je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j'ai fait tort de quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple" (Luc. 19:8). Jésus lui accorda le salut à l'instant. Soumettez-vous à Dieu, confessez vos péchés, confiez-vous en Jésus, et tous vos péchés vous seront pardonnés, aussi sûrement que vous vivez; car Dieu a dit:"J'efface tes transgressions comme un nuage" (Esaïe 44:22) et "Je ne me souviendrai plus de tes péchés" (Esaïe 43:25).
 En second lieu, après avoir obtenu le pardon de vos péchés, venez à Lui avec votre volonté, votre affection, votre "moi", demandez-Lui de vous purifier de toute mauvaise pensée, de tout désir égoïste, de tout doute secret. Priez- Le de venir habiter dans votre cœur et de vous maintenir dans la pureté, afin de vous employer à Sa gloire. Cessez ensuite de lutter; marchez dans la lumière qu'Il vous accorde, et attendez avec foi et patience l'exaucement de votre prière. Vous serez bientôt "remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu" (Ephésiens 3 :19). Parvenus à ce point, défendez-vous contre l'impatience; ne cédez ni aux craintes, ni aux doutes secrets, mais retenez fermement la profession de votre espérance car, suivant l'épître aux Hébreux: "Vous avez besoin de persévérance, afin qu'après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. Encore un peu, un peu de temps; celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas" (Hébreux 10:36-37). Dieu viendra à vous. Il le veut! Et quand Il sera venu, Il satisfera les aspirations les plus élevées de votre cœur.


CHAPITRE 20  Le radicalisme de la  sainteté

Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous?
A moins peut-être que vous ne soyez réprouvés.
(2 Corinthiens 13:5)

Christ en vous, l'espérance de la gloire. (Colossiens 1 :27)

 Ne croyez pas que vous puissiez rendre la sainteté populaire parmi les hommes. Cela est impossible. Il n'y a pas de sainteté réelle à moins que Christ ne soit en vous. Or, jamais Il n'obtiendra la faveur de ce monde. Pour les pécheurs et les esprits charnels, Jésus-Christ a toujours été et sera:
Comme un rejeton qui sort d'une terre desséchée . . . Méprisé et abandonné des hommes. (Esaïe 53: 2-3)

 "Christ en vous" est "le même hier, aujourd'hui, et éternellement" (Hébreux 13:8)-haï, insulté, persécuté, crucifié.
  "Christ en vous" n'est pas venu" apporter la paix sur la terre, mais l'épée"; Il est "venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison" (Mathieu. 10:35-36).
 "Christ en vous" n'éteindra pas le lumignon fumant, Il ne brisera pas le roseau froissé (Matthieu 12:20), mais Il prononcera, bien qu'avec larmes, les plus terribles malédictions contre le formalisme hypocrite et le croyant tiède qui, par leur compromis avec le monde, se font ennemis de Dieu. "Adultères que vous êtes -"Ne savez-vous pas que l'amour du monde est inimitié contre Dieu? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu"(Jacques 4:4). "Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui" (1 Jean. 2:15).
 Dans la demeure du pauvre, dans les repaires des êtres les plus abjects, "Christ en vous" ira chercher et sauver ceux qui sont perdus; Il leur dira avec douceur et tendresse: "Venez à moi, et je vous donnerai du repos"; mais au sein des splendeurs de l'église et de la cathédrale, où la pompe et l'orgueil, la conformité au monde se moquent de Dieu, Il s'écriera avec larmes et indignation: "Les publicains et les prostituées vous devanceront dans le Royaume de Dieu" (Matthieu 21:31).
 "Christ en vous" n'est pas l'aristocrate vêtu pompeusement de pourpre et de fin lin, d'or et de perles, c'est l'humble charpentier, aux mains calleuses, disant la vérité, serviteur des serviteurs, cherchant les places les plus humbles dans les synagogues et dans les festins, condescendant à laver les pieds de Ses apôtres, "qui ne se tourne pas vers les hautains" (Psaume 40:5) et n'a pas "sur la langue des paroles flatteuses" (Psaume 5:10).
 Les paroles de l’Éternel sont des paroles pures.
 Un argent éprouvé sur terre au creuset,
 Et sept fois épuré.  (Psaume 12:7)

 "La parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants pénétrante jusqu'à partager âme et esprit" (Hébreux 4:12). Cherchez à reconnaître et à suivre les traces du véritable Jésus, l'humble et saint paysan de Galilée; car en vérité beaucoup de faux christs, aussi bien que de faux prophètes, se sont répandus dans le monde (Matthieu 24:24; 1Jean. 4:1).
Ce sont des rêveurs, des christs poétiques. A chacun d'eux l'on peut appliquer les paroles du psalmiste:

Sa bouche est plus douce que la crème,
Mais la guerre est dans son cœur;
Ses paroles sont plus onctueuses que l'huile,
Mais ce sont des épées nues.
(Psaume 55:22-23)

 Ce sont des christs à la mode du jour, "aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force [c'est-à-dire la sainteté du cœur] . . . Il en est parmi eux qui s'introduisent dans les maisons, et qui captivent des femmes d'un esprit faible et borné, chargées de péchés, agitées par des passions de toute espèce, apprenant toujours et ne pouvant jamais arriver à la connaissance de la vérité" (2 Timothée 3: 4-7).
 Il y a des christs mercantiles qui font de la maison de Dieu une caverne de voleurs (Mathieu. 21: 13). Il y a des christs distributeurs de nourriture, qui cherchent à captiver les hommes en rassasiant l'estomac plutôt que le cœur et l'esprit (Rom. 16:18). Il y a des christs philosophes et savants, qui feront de vous une "proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ" (Colossiens 2:8).
 Il y a des christs réformateurs politiques, oubliant les affaires de leur Père dans un effort absorbant pour élire ou être élus, afin de prendre place parmi les dirigeants de ce monde; traversant la moitié d'un continent pour aller discourir sur des questions de tempérance ou sur les droits de la femme, tandis qu'auprès d'eux des centaines de milliers de pécheurs prennent le chemin de l'enfer; des christs s'efforçant vainement de détruire les fruits aux branches au lieu de mettre hardiment la cognée à la racine de l'arbre mauvais (Matthieu 3: 10).
 Un jour, la foule voulait faire Christ roi; Il s'y refusa, ne voulant régner que sur les cœurs. Elle voulut, une autre fois, L'établir comme juge. Il s'y refusa encore, s'étant dépouillé Lui-même (Philippiens 2:7), tandis qu'Il aurait pu, en descendant du Ciel, s'arrêter au trône de la Rome impériale, ou se choisir un rang élevé parmi les classes supérieures de la société. Il quitta le sein de Son Père pour prendre la place la plus humble de la terre, se faisant le serviteur de tous, afin de nous élever jusqu'à Son Père, et de nous rendre participants de la nature divine et de Sa sainteté (Hébreux 12:10; 2 Pierre 1:4).
 "Christ en vous" va rejoindre les hommes pour les tirer de leur déchéance. S'Il se fût arrêté au trône, Il n'eût pu atteindre les pauvres pécheurs de Galilée, tandis qu'en descendant jusqu'à eux, Il ébranla le trône. Sans être populaire, "Christ en vous" s'abaisse, ne recherchant pas la gloire qui vient des hommes, mais celle qui vient de Dieu seul Jean. 5:44; 12:42-43).
 Un jeune homme riche vint un jour à Jésus et Lui demanda: "Bon Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle?" (Luc 18:18). Le jeune homme sans doute raisonnait ainsi en lui-même: "Le Maître est pauvre et je suis riche. Il m'accueillera avec plaisir, car je puis Lui apporter le prestige de ma position financière. Il est sans influence dans le pays, j'appartiens à la classe de ceux qui gouvernent et je puis Lui offrir la puissance politique. Le Maître est en quelque sorte au ban de la société par Son association avec de pauvres pécheurs ignorants; moi, jeune chef fortuné, je puis Lui donner l'influence sociale."
 Mais le Maître frappa au cœur même de cette sagesse mondaine et cette suffisance, en répondant au jeune homme riche: "Vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres. . . Puis, viens et suis mois" (Marc 10:21). Autrement dit: Viens, tu ne peux Me servir que dans la pauvreté, les reproches, l'humilité et l'obscurité sociale, car Mon royaume n'est pas de ce monde (Jean 18:36); et les armes de cette guerre ne sont point charnelles, mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser les forteresses (2 Corinthiens 10:4). Renonce à toi-même, car si tu n'a pas Mon esprit, tu n'es point à Moi (Romains 8:9), et Mon esprit est un esprit de renoncement. Il faut donc renoncer à ta riche demeure de Jérusalem pour Me suivre, en te souvenant que le Fils de l'homme n'a pas un lieu pour reposer Sa tête (Matthieu 8:20). Tu ne seras guère plus considéré qu'un vulgaire vagabond. Tu devras sacrifier tes aises, abandonner tes richesses, car Dieu n'a-t-il pas choisi les pauvres aux yeux du monde, pour qu'ils soient riches en la foi et héritiers du royaume? (Jacques 2:5). Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu (Matthieu 19:24). Souviens-toi qu'en faisant cela, tu perdras ta réputation. Les banquiers et les gens du monde diront que tu as perdu le sens, et tes anciens amis ne te salueront plus. Mon cœur va vers toi; oui, Je t'aime (Marc. 10:21); Je te dis franchement que tu ne peux être Mon disciple, si tu ne te charges pas de ta  croix pour Me suivre. Celui qui vient à Moi et qui ne hait- ('C'est-à-dire qui n'aime pas Jésus par-dessus tout.) - pas père, mère, femme, enfants, frères et sœurs et même sa propre vie ne peut être Mon disciple (Luc. 14:26). Mais si tu fais tout cela, tu auras "un trésor dans le Ciel".
 Ne comprenez-vous pas qu'il est impossible de rendre populaire un Évangile aussi radical? Cet esprit et l'esprit du monde sont aussi opposés l'un à l'autre que deux locomotives s'avançant sur la même voie, l'une contre l'autre, à cent kilomètres à l'heure. Le feu et l'eau ne s'associeront pas plus difficilement que "Christ en vous" et l'esprit du monde.
 Ne perdez donc pas votre temps à chercher une sainteté qui puisse s'adapter au monde. Soyez saint parce que Dieu est saint. Cherchez à Lui plaire sans vous préoccuper de l'approbation ou de la désapprobation des hommes. Alors, ceux qui sont disposés à accepter le salut, ver ont bientôt "Christ en vous" et s'écrieront avec Esaie: "Malheur à moi! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures. . . et mes yeux ont vu le Roi, l'Eternel des Armées" (Esaïe 6:5). Tombant à Ses pieds, ils diront avec le lépreux: "Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur" (Matthieu 8:2-3). Et Jésus ayant compassion d'eux dira à chacun d'eux: "Je le veux, sois pur" (Matthieu 8:3).


CHAPITRE 21  Paix parfaite

A celui dont le cœur est ferme
Tu assures la paix, une paix parfaite, Parce qu'il se confie en toi.
(Esaie 26:3, Synodale)

 Quelle merveilleuse promesse! Chacun de nous devrait viser à en faire l'expérience. Le moyen est simple, du reste; il consiste à s'appuyer constamment sur le Seigneur. Cependant, malgré sa simplicité, il faut avouer que, pour la plupart des hommes, ce moyen n'est point facile. Ils préfèreraient s'occuper d'affaires, de plaisirs, des nouvelles du jour, de politique, d'éducation, de musique, et même de l’œuvre du Seigneur, plu tôt que de s'occuper du Seigneur Lui-même.
 Évidemment, les affaires et autres préoccupations doivent sans conteste occuper une partie de nos pensées, ainsi que l’œuvre du Seigneur, si nous L'aimons, Lui et les âmes pour lesquelles Il a donné Sa vie; mais, de même que la jeune fiancée vit en pensée avec celui qu'elle aime, au milieu de son travail et de ses plaisirs, de même que la jeune femme entourée de préoccupations nouvelles, reste néanmoins en communion d'âme avec son mari, bien qu'il puisse être éloigné d'elle, de même aussi devrions-nous toujours être en pensée et en communion avec Jésus, dans une confiance absolue en Sa sagesse, en Son amour et en Sa force; alors nous serons gardés dans une paix parfaite.
 Songez-y! Tous les trésors de la sagesse et de la science sont cachés en Lui (Colossiens 2:3) et, malgré notre ignorance et notre folie, nous pouvons devenir "parfaits" en Lui (Colossiens 4:12). Nous ne comprenons peut-être pas, mais Il comprend; nous ne savons pas, mais Il sait; nous pouvons être perplexes, mais Il ne l'est pas. Nous devrions donc nous confier en Lui, si nous sommes à Lui, et demeurer dans une paix parfaite.
 Bien des fois, ne sachant plus que faire, j'ai été consolé par la pensée que Jésus distinguait la fin dès le commencement et faisait concourir toutes choses à mon bien, parce que je L'aimais et me confiais en Lui. Jésus, Lui, ne se trouve jamais à bout de ressources, et quand nous sommes le plus troublés et confondus par le fait de notre folie et de notre vue bornée, Jésus, dans la plénitude de Son amour et l'infini de Sa sagesse et de Sa puissance, nous accorde les désirs de nos cœurs, pourvu que ce soit de saints désirs, car, n'est-il pas écrit: "Il accomplit les désirs de ceux qui le craignent"? (Psaume 145:19).
 Jésus, non seulement est plein d'amour et de sagesse, mais Il nous déclare qu'ayant reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre (Mat. 28:18), Il ne sera jamais empêché, faute de puissance, d’accomplir  Ses desseins d'amour à l'égard des siens. Il peut incliner les cœurs des rois à faire Sa volonté, et Son fidèle amour agira, pourvu que nous ayons confiance en Lui. Rien de plus surprenant pour les enfants de Dieu confiants en Lui et attentifs à Ses voies, que de constater les délivrances admirables et inopinées qu'Il leur accorde et les instruments qu'Il emploie dans l'exécution de Sa volonté.
 Nous désirons ardemment voir la gloire de Dieu et la prospérité de Sion. Nous intercédons et prions. Nous ne savons de quelle manière l'exaucement se produira ; mais croyons néanmoins et nous nous attendons à Dieu. Alors en  réponse a nos prières et à notre foi persévérante, Il agira parfois de la manière la plus étonnante et par les moyens les plus inattendus. C'est ainsi qu'au  milieu de tous les ennuis et des vexations de notre vie journalière, si nous avons la foi, et si nous continuons à nous réjouir en dépit des tracas, nous verrons que Dieu travaille pur nous; n'a t –il pas dit qu'Il est notre secours dans la détresse? (Ps 46:2), et Il l'est pour tous ceux qui espèrent en Lui. Il y a peu de temps le Seigneur m'a fait passer par une série de courtes épreuves, du caractère le plus pénible et de nature à me causer beaucoup d'ennuis. Or tandis que je me confiais en Lui par la prière, il me fit comprendre que si ma confiance en Lui s'accroissait en raison de mes difficultés, je continuerai à me réjouir et comme Samson sortant le miel de la carcasse du lion qu'il avait tué (juges 14:5-9), je retirerais des bénédictions de mes épreuves. Ce qui ne manqua pas d'arriver. Béni soit Son saint nom !
 J'appris à me réjouir et les difficultés s'évanouirent l'une après l'autre, ne laissant subsister que la bénédiction du Seigneur et la douceur de Sa présence. Dès lors mon cœur fut gardé dans une paix parfaite.
 Dieu ne permet Il pas tout cela pour bannir l'orgueil de nos cœurs, pour nous humilier et nous faire comprendre que notre manière d'être envers Lui importe davantage que notre service ? Ne le permet il pas pour nous enseigner à marcher par la foi et non par la vue et pour nous encourager  à nous confier en Lui et à demeurer en paix ?
 Il doit se garder de confondre "paix parfaite" avec "parfaite indifférence", l'homme à la foi sincère mais timide, ou l'homme qui s'agite et fait beaucoup de bruit, comme si, sans lui , la terre s'arrêterait de tourner ou courait à sa ruine.
 L'indifférence est fille de la paresse, mais la paix procède d'une foi ferme et sans cesse agissante. La foi est, entre les mains des hommes, l'instrument le plus noble et le plus puissant, puisque, par elle ils "vainquirent des royaumes, exercèrent la justice, obtinrent des promesses, fermèrent la gueule des lions, éteignirent la puissance du feu, échappèrent au tranchant de l'épée, guérirent de leurs maladies, furent vaillants à la guerre, mirent en fuite des armées étrangères… recouvrèrent leurs morts par la résurrection" (Héb, Il:3335).
 Pour exercer cette foi puissante qui assure une paix parfaite, nous devons recevoir le Saint-Esprit dans nos cœurs, et Le reconnaître, non comme une influence ou un attribut de Dieu, mais comme Dieu Lui-même, Il est une Personne, Il nous fera connaître Jésus, comprendre Son esprit et Sa volonté, et nous donnera le sentiment de Sa présence constante par la foi en Lui. Jésus se tient toujours à nos côtés, et si nous soupirons après Lui, Il nous aidera toujours à fixer notre esprit sur Lui,
 Il faudra cependant, de notre part, un certain effort; car le monde, les affaires, la faiblesse de la chair, les infirmités de notre esprit, l'insouciant exemple de ceux qui nous entourent, et le diable avec toutes ses ruses, cherchent à détourner nos pensées du Seigneur et à nous Le faire oublier, de sorte que, même par un effort prolongé à l'heure de la prière, nous avons de la peine à trouver réellement Dieu.
Cultivons donc l'habitude de la communion avec Jésus. Si nos pensées se sont éloignées de Lui, ramenons-les à Lui, mais tranquillement, patiemment. En effet, l'impatience même envers nous-mêmes, est dangereuse, parce qu'elle trouble notre paix intérieure, fait taire la voix de l'Esprit et empêche la grâce de Dieu de maîtriser et de soumettre nos cœurs,
 Mais si, dans la douceur et l'humilité de cœur nous permettons au Saint-Esprit d'habiter en nous et si nous obéissons à Sa voix, Il gardera nos cœurs dans une sainte sérénité, au milieu de tous nos soucis, de nos faiblesses et de nos inquiétudes.
 "Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ" (Phil. 4:6-7).



CHAPITRE 22 Quelques-unes de mes expériences Dans l'enseignement de la sainteté

 Je reçus un jour d'un des jeunes officiers les plus dévoués que je connaisse, une lettre dans laquelle il disait: "j aime de plus en plus la sainteté, mais je me décourage à ce sujet. Il me semble que je ne pourrai jamais l'enseigner à d'autres, car je mets le but ou trop haut ou trop bas". Je comprends parfaitement ce qu'il éprouve. Quelques mois après avoir reçu la bénédiction de la sanctification, je me sentis très malheureux à cause de mon incapacité d'amener d'autres personnes à cet état. Je savais, sans l'ombre d'un doute, que mon cœur était pur, et cependant je ne parvenais pas à enseigner le moyen d'arriver à ce résultat.
 Un matin, je rencontrai un ami chrétien qui avait amené à la sanctification beaucoup d'âmes, et je lui fis part de mes perplexités. "Comment, lui dis-je, dois-je donc enseigner la sanctification pour que mes auditeurs parviennent à l'obtenir?" Il me répondit: "Chargez votre arme, puis tirez. Chargez, puis tirez."
 Ce fut un trait de lumière. Je compris que pour moi, il s'agissait de prier, d'étudier ma Bible, de m'entretenir avec ceux qui avaient reçu cette grâce, jusqu'à ce que je fusse "chargé" si abondamment que mon cœur débordât, pour ainsi dire. Dieu Lui-même ferait ensuite pénétrer la vérité dans les cœurs et les sanctifierait.
 Cette rencontre eut lieu un samedi. Le lendemain, je parus devant mon auditoire, revêtu de vérité, et soutenu par l'amour et la foi. Je parlai sans détours et aussi vigoureusement que je le pus, et voici, vingt personnes vinrent s'agenouiller au banc des pénitents pour demander la grâce de la sainteté.  Je n'avais jamais rien vu de semblable jusqu'alors, mais depuis, cette expérience s'est répétée souvent.
 Depuis ce moment-là, j'ai fait consciencieusement la part qui m'incombait, me confiant en Dieu pour qu'Il accomplît la sienne et partout où je suis allé, des résultats ont couronné mes efforts. Mais partout aussi, Satan m'a fortement tenté, particulièrement quand les foules endurcissaient leurs cœurs, ne voulant ni croire, ni obéir. Je me disais alors: "Le mal vient de ma manière de prêcher la vérité". Tantôt le diable me suggérait que j'allais trop loin et risquais de mettre mes auditeurs en fuite; tantôt que je n'allais pas droit au but, et que je les empêchais ainsi de parvenir à la sainteté. J'ai parfois beaucoup souffert, mais dans ma détresse, je me suis toujours adressé au Seigneur, Lui disant qu'Il connaissait mon sincère désir d'annoncer la vérité pour amener mes auditeurs à L'aimer et à Lui faire pleinement confiance.
 Le Seigneur me consola en me montrant que le diable me tentait pour m'empêcher de prêcher la sainteté! Parfois, certaines personnes qui se donnaient pour pieuses, tout en ayant, comme les décrit Paul, "l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force" (2 Timothée 3:5), sont venues me trouver pour me dire que je faisais plus de mal que de bien. Aussi, ai-je suivi le commandement: "Éloigne-toi de ces hommes-là", n'osant pas plus prêter l'oreille à leurs insinuations qu'à celles du diable. Ainsi qu'on m'approuve ou qu'on me blâme, j'ai tenu bon, et l’Éternel ne m'a jamais abandonné. Il m'a soutenu, m'a donné la victoire, de sorte que j'ai toujours vu des âmes s'ouvrir à la lumière qui leur révélait la liberté et l'amour parfait. Satan a cherché de plusieurs manières à me détourner de la prédication de la sainteté, sachant bien que s'il y parvenait, Il m'aurait bientôt entraîné au péché, consommant ainsi ma ruine. Mais très tôt, le Seigneur m'avait saisi d'une frayeur salutaire, en attirant mon attention sur Jérémie 1:6-8 et 17. Le dernier verset me fit, en particulier, comprendre que je devais dire exactement ce que voulait le Seigneur. De même, certains passages du livre d'Ezéchiel (2:4-8 et 3:8-11) m'impressionnèrent fortement. Le Seigneur m'ordonnait de prêcher Sa vérité telle qu'Il me la communiquait, qu'on m'écoutât ou non. Dans l'épître aux Ephésiens (4:15), Il m'indiqua comment je devais prêcher "dans la charité".
Je compris alors qu'il me fallait annoncer la vérité sans détour, mais il importait aussi que j'eusse toujours le coeur rempli d'amour pour ceux auxquels je m'adressais.
 Je constatai dans la deuxième épître aux Corinthiens (12:14-15) l'amour intense de Paul. "Ce ne sont pas vos biens que je cherche," disait-il, "c'est vous-mêmes. . . Pour moi, je dépenserai très volontiers et je me dépenserai moi-même pour vos âmes, dussé-je en vous aimant davantage, être moins aimé de vous". Puis, dans les Actes (20:20 et 27): "Vous savez que je n'ai rien caché de ce qui vous était utile . . . car je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher". Ainsi, je compris qu'il était pis encore de se dérober à l'enseignement de la sainteté (indispensable au salut éternel) que de refuser le pain à des enfants affamés, pis encore de laisser périr les âmes que les corps. Je priai donc pour recevoir l'amour des âmes et la force de prêcher toute la vérité, dût  -on me haïr -Dieu soit béni! Il a exaucé ma prière.
 Il y a trois points sur lesquels le Seigneur m'a montré que je devais insister continuellement.
 -Premièrement: l'homme ne peut pas plus se sanctifier lui-même qu'un Éthiopien ne peut changer sa peau ou un léopard ses taches (Jérémie 13 :23). La purification du cœur ne s'obtiendra pas par les œuvres ou le travail en vue du salut du monde, ni par le renoncement ou l'abnégation. Les racines du mal -orgueil, vanité, colère, impatience, luxure, haine, envie, intempérance, égoïsme- la honte et la peur de la croix ne disparaîtront pas pour autant, cédant la place à l'amour, la paix, la patience, la douceur, la bonté et la fidélité, la bénignité et la tempérance (Galates 5:22).
 Après avoir vainement essayé de purifier les mobiles secrets de leur cœur, des millions d'hommes peuvent affirmer qu'on n'y parvient pas par les œuvres, de peur que l'homme ne se glorifie (Ephésiens 2:9).
 -Deuxièmement: celui qui recherche la sanctification ne doit jamais perdre de vue que cette bénédiction s'obtient uniquement par la foi. Une pauvre femme demandait pour son enfant malade quelques grappes de raisin du jardin du roi. Elle offrit de l'argent au jardinier, mais il ne voulut point lui en vendre. Elle revint et rencontra la fille du roi, lui offrant également de l'argent. "Mon père est roi, répond celle-ci; il ne vend pas son raisin", puis elle conduisit au roi la pauvre femme qui raconta son histoire et obtint tout le raisin qu'elle désirait.
 Dieu, notre Père céleste, est le Roi des rois. Il ne vend ni Sa sainteté ni les grâces de Son Esprit, mais Il les donne à tous ceux qui les demandent avec la foi simple d'un enfant." En vérité, Il le fait: "Demandez et l'on vous donnerez" (Mat. 7:7). "Où donc est le sujet de se glorifier? Il est exclu. Par quelle loi? Par la loi des œuvres? Non, mais par la loi de la foi. . .
 Anéantissons-nous donc la loi par la foi? Loin de là. Au contraire, nous confirmons la loi" (Romains 3:27 -31) C'est par la foi que la loi de Dieu est inscrite dans nos cœurs, de sorte qu'en lisant ce commandement: "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur" (Matthieu 22:37), nous trouvons en nous une loi d'amour parce que nous avons en nous une loi qui correspond à ce commandement. L'apôtre dit: "C'est en croyant de cœur qu'on parvient a la justice (Romains 10:10). Cette déclaration se vérifie par l'expérience, car partout la vraie foi fait du voluptueux un homme chaste, rend humble l'orgueilleux, et généreux l'avare; l'homme coléreux devient doux, le menteur véridique; la haine se transforme en amour, le désespoir en joie. La foi garde l'âme dans une sérénité et une paix constantes.
 -Troisièmement: j'insiste sur cette vérité, que ce don doit être reçu maintenant par la foi. Celui qui l'attend de ses œuvres, trouvera toujours autre chose à faire avant de le demander; ainsi il n'arrivera jamais au point où il pourra dire: "J'ai maintenant reçu cette bénédiction". Au contraire, l'âme humble, qui l'attend par la foi, comprend que c'est un don; et persuadée que Dieu consent à la lui accorder maintenant, elle croit et la reçoit immédiatement.
 En pressant ainsi les gens à demander" immédiatement" cette bénédiction, j'ai eu l'occasion d'en voir l'exaucement, tandis que je parlais encore. Certaines personnes qui, plus d'une fois étaient allées au banc des pénitents sans résultat, luttant et priant pour l'obtenir, la reçurent en prêtant simplement l'oreille à "la parole de la foi que nous prêchons" (Romains 10:8).
Mon âme, bénis l’Éternel!
Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom! (Psaume 103 :1)


CHAPITRE 23  Encore une occasion pour vous!

   Ceux qui étaient là, s'étant approchés, dirent à Pierre: Certainement, tu es aussi de ces gens-là . . . Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer: Je ne connais pas cet homme. (Matthieu 26:73-74)

   Jésus dit à Simon Pierre: Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ne m'aiment ceux-ci? Il lui répondit: Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit: Pais mes agneaux. Il lui dit une seconde fois: Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu? Pierre lui répondit: Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis. Il lui dit pour la troisième fois . . . m'aimes-tu? Et il lui répondit: Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis. (Jean 21:15-17)

 Pierre avait fait devant ses compagnons le serment de mourir avec Jésus plutôt que de Le renier. Quelques heures plus tard, au moment de tenir sa promesse, il faiblit, oublia son vœu et perdit cette occasion unique de prouver son amour pour son Sauveur.
 Lorsque le coq chanta, et que Jésus, se retournant, l'eut regardé, Pierre se rappela son infidélité à sa promesse et, étant sorti, pleura amèrement. La douleur d'avoir ainsi traité le Seigneur, s'ajoutant sans aucun doute à son cuisant regret, fut certainement la cause de ses larmes amères. Son amour dût lui suggérer de lourds reproches, sa conscience l'aiguillonner et le diable le railler! Je ne m'étonnerais pas qu'il ait été tenté de perdre tout espoir et de s'écrier: "C'est en vain que je m'efforcerai de devenir meilleur, j'ai misérablement échoué et j'y renonce". Jour et nuit, seul et en compagnie, le diable doit lui avoir rappelé son échec, pour lui persuader qu'il était inutile d'essayer à nouveau. Et Pierre aura soupiré en lui-même, pensant qu'il donnerait le monde entier pour avoir une fois encore cette occasion. Trop tard, elle était à jamais perdue!
 Cependant, Pierre aimait Jésus, et le Maître lui permit de manifester à nouveau son amour. La scène n'avait rien de comparable à la grandiose, dramatique occasion de mourir avec son Maître, celle, toute simple, presque banale, qui s'offrit au disciple. Mais le monde et la cause du Christ en bénéficièrent peut-être plus largement. Dans la contrée qu'avait habitée Jésus, il existait sans doute nombre d'âmes à la foi faible et vacillante. Elles avaient besoin d'être fidèlement nourries de toutes les vérités concernant le Seigneur et de celles qu'Il avait directement enseignées. Aussi Jésus appela-t-Il Pierre à Lui pour lui adresser à trois reprises cette pressante question: "M'aimes-tu ?" Comme elle dut rappeler douloureusement à l'esprit de Pierre son triple reniement de Jésus! En réponse à l'affirmation de Pierre, Jésus, par trois fois, lui commanda de paître Ses agneaux et Ses brebis, lui annonçant aussi qu'il mourrait sur une croix- comme il serait mort probablement s'il n'avait pas renié son Seigneur.
 Aujourd'hui encore, parmi les disciples de Jésus il se trouve, je le crains, beaucoup d'imitateurs de Pierre. Beaucoup dans nos rangs, après avoir promis de suivre Jésus et de faire ce que Son esprit dicterait à leur conscience, après avoir affirmé qu'ils mourraient pour Lui, ont oublié leurs vœux à l'heure critique de l'épreuve, renié Jésus par leurs paroles ou leur conduite, Le laissant de nouveau seul sur le chemin du Calvaire.
 Je me souviens d'une expérience analogue que je fis, il y a bien des années, avant mon entrée dans l'Armée, bien que déjà sanctifié. Je ne péchais pas en commettant des actes répréhensibles, mais plutôt en omettant d'accomplir ce que le Seigneur me demandait. Il s'agissait d'une chose sortant de l'ordinaire, mais non extravagante. La certitude que je devais agir me saisit subitement; il me sembla que le Ciel entier s'abaisserait vers moi pour me bénir si j'obéissais et que l'enfer s'entr'ouvrirait pour m'engloutir si je m'y refusais. Sans répondre négativement, il me sembla simplement que la chose ne m'était pas possible et je ne le fis pas. Mais quelle humiliation ensuite! Que de larmes amères j'ai versées, implorant le pardon de Dieu et L'assurant que je serais vrai! Dieu m'avait présenté, je le comprenais bien, une occasion que j'avais laissé échapper et qui ne reviendrait pas. Jamais, me sembla-t-il alors, je ne serai cet homme, puissant par la foi et l'obéissance, que j'aurais pu devenir en me montrant fidèle. Je promis à Dieu d'obéir, ce que je fis, et plusieurs fois, mais nulle bénédiction n'en découla pour moi. Satan triompha, me raillant et m'accusant par ma conscience au point que la vie me devint un fardeau intolérable; j'eus enfin l'impression que j'avais contristé le Saint-Esprit pour toujours, qu'Il m'avait quitté et que j'étais perdu. Je rejetai loin de moi le bouclier de la foi, perdant confiance en l'amour de Jésus, et, pendant vingt-huit jours, je connus, à ce qu'il me sembla, les tourments de l'enfer. Je priais toujours, mais comme sous un ciel d'airain. Je lisais ma Bible, mais les promesses fuyaient loin de moi, tandis que les commandements et les menaces s'abattaient sur ma conscience troublée comme des flammes de feu et des épées à deux tranchants. La nuit, je soupirais après le jour, et le jour, je désirais la nuit.
 Je fréquentais des réunions, mais sans en tirer la moindre bénédiction. La malédiction de Dieu semblait m'accompagner, et pourtant, à travers tout cela, je sentais que Dieu était amour.
 Comme la femme de Job. Satan m'incita à pécher, à maudire Dieu et à mourir. Mais la miséricorde et la grâce me gardèrent et me donnèrent la force de dire au diable: "Non, je ne pécherai pas! Et, si je dois aller en enfer, ce sera en aimant Jésus, en essayant de Lui gagner des âmes. Dans l'enfer même je déclarerai que le sang de Jésus purifie de tout péché". Je me croyais condamné. Les déclarations de l'épître aux Hébreux (chapitres 6 et 10) semblaient s'appliquer à mon cas et je disais: "Je suis perdu à jamais". Mais l'amour de Dieu. . .
  est un amour sublime;
  Il est plus haut que la plus haute cime
  Et que l'azur insondable des cieux.

 Au bout de vingt-huit jours, Il me retira de la fosse de destruction, du fond de la boue, par ces paroles: "Tiens pour certain que les pensées qui font naître l'inquiétude procèdent non de Dieu, Prince de paix, mais du diable, de l'amour-propre ou de la bonne opinion que nous avons de nous-mêmes."
 Ce fut un trait de lumière. Oui, Dieu est le Prince de la Paix. Les projets qu'Il a formés sur nous sont" des projets de paix et non de malheur" (Jérémie 29:11). Puisque je n'ai ni amour-propre, ni suffisance, et n'aspire qu'à être délivré de moi-même, c'est donc le diable qui me trompe. Instantanément il me sembla que les liens dont il m'enlaçait se dénouaient et qu'il s'enfuyait, me laissant en liberté.
 Le samedi et le dimanche suivants, je vis environ cinquante personnes venir au banc des pénitents pour chercher le salut et la sainteté; dès lors, le Seigneur m'accorda partout de Lui attirer des âmes. Comme à Pierre, Il m'adressa ces paroles: "M'aimes-tu?" Le cœur purifié, libéré, je répondis: "Oui, Seigneur, Tu sais toutes choses, Tu sais que je r aime", Il m'ordonna alors tendrement de paître Ses agneaux et Ses brebis, c'est-à-dire de vivre à fond l’Évangile et de l'annoncer dans toute sa plénitude, de telle sorte que le peuple de Dieu, recevant inspiration et réconfort, reste persévérant dans la foi, l'amour et le service.
 Il m'avait donné une nouvelle occasion. Il y en a de même une pour quiconque l'a renié dans le passé.
 Il ne faut pas chercher à faire quelque action d'éclat, mais paître les agneaux et les brebis du Seigneur; prier et travailler pour le salut de tous les hommes. Étudier la Bible, s'entretenir beaucoup et souvent avec Dieu, et Lui demander Son inspiration, chaque fois qu'il faudra parler, afin qu'il en résulte une bénédiction: pour encourager un frère abattu, fortifier un faible, instruire un ignorant, consoler un affligé, avertir l'égaré, éclairer celui qui est dans les ténèbres et réprimander le pécheur._
 Remarquez que Pierre fut appelé à paître non seulement les agneaux mais les brebis. Nous devons chercher à amener les pécheurs au salut et, après qu'ils ont passé par la nouvelle naissance, les nourrir,-nourrir les jeunes convertis des promesses et des instructions de la Parole de Dieu propres à les conduire à une entière sanctification. Nous devons leur montrer que telle est la volonté de Dieu à leur égard.
 Jésus ne leur a-t-Il pas frayé "une libre entrée dans le sanctuaire"? (Hébreux 10:19). Nous devons les avertir de ne point retourner en Égypte, de ne point redouter les géants de la Terre Promise et de se garder de toute alliance impure avec les Ammonites au désert. Ils doivent s'éloigner des pécheurs, s'en séparer pour devenir saints. C est là leur grand et glorieux privilège, leur devoir solennel, puisqu'ils ont été rachetés non par des choses périssables, telles que l'argent et l'or, mais par le précieux sang du Christ (1 Pierre 1:18-19). Ils ne doivent pas se laisser abattre par les châtiments du Seigneur, ni se lasser de faire le bien. Ils doivent veiller et prier, rendre grâces, être toujours joyeux. Ce n'est pas après maints efforts qu'ils obtiendront la bénédiction d'un cœur pur, et seulement à l'heure de la mort, mais sur-le-champ, par la simple foi en Jésus.
 Nous devons nourrir les brebis déjà sanctifiées de l'aliment fortifiant de l’Évangile. Nourrissez un homme robuste de pain et de thé seulement et il sera bientôt inapte à tout travail. Mais donnez-lui du bon pain bis, du beurre, du lait, des fruits et des légumes et, plus il travaillera, plus il sera fort et robuste. De même pour les chrétiens. Présentez-leur de vieux sermons rassis, qui n'éveillent plus aucun écho même dans votre propre cœur, et vous les affamez. Mais nourrissez-les des choses profondes de la Parole de Dieu qui révèlent Son amour éternel, Sa fidélité, Sa puissance de salut, Ses soins tendres et attentifs, l'éclat de Sa sainteté, l'impartialité de Sa justice, Son horreur du péché, Sa piété pour le pécheur, Sa compassion pour les faibles et les égarés, Ses jugements éternels sur les impénitents et les impies, Sa gloire et Sa bénédiction éternelles réservées aux justes, ils deviendront si forts qu'un seul en poursuivra mille et que deux en mettront dix mille en fuite (Deutéronome 32:30).
 Apprenez à connaître Jésus et vous serez à même de nourrir Ses agneaux et Ses brebis. Vous les nourrirez en Le leur révélant, tel que, par le Saint esprit, le Père Le révèle dans la Bible.
 Vivez avec Lui. Entretenez-vous avec Lui. Sondez les Écritures à genoux; demandez au Seigneur d'ouvrir votre entendement, comme Il ouvrit celui des disciples sur le chemin d'Emmaüs, vous enseignant ce que l’Écriture dit de Lui, et vous aurez une nouvelle occasion, que les anges eux-mêmes pourraient vous envier, de prouver votre amour pour Lui et d'être en bénédiction à vos semblables.


CHAPITRE 24  Oiseaux de proie

 Satan s'oppose à l'entière sanctification des croyants par tous les moyens: ruse, force, arguments subtils. Mais l'âme résolue, déterminée à être toute au Seigneur, remportera la victoire sur un ennemi déjà vaincu dont toute la puissance réside dans le mensonge. Le moyen le plus sûr de triompher, c'est de la vouloir, de croire fermement, et de demeurer en Dieu en dépit de toutes les sollicitations au doute.
 La Genèse contient, au quinzième chapitre, un récit très suggestif pour tous ceux qui cherchent le plein salut.
 Voulant offrir un sacrifice à l’Éternel, Abraham prépara son offrande, disposa les animaux sur l'autel et attendit le signe par lequel Dieu signifierait Son acceptation. Mais les oiseaux de proie s'abattirent sur les cadavres et Abraham dut les chasser. Or, sur le soir, le feu de Dieu descendit et consuma la sacrifice.
 Ainsi, celui qui veut être entièrement sanctifié doit s'offrir lui-même, sans réserve, à Dieu, contractant avec Lui "une alliance éternelle qui ne sera jamais oubliée" (Jérémie 50:5), par un abandon réel et non imaginaire de son être tout entier (projets, espoirs, ambitions, biens, soucis, fardeaux, joies, tristesses, ressources spirituelles et physiques, temps, réputation, amis). Ainsi donné à Dieu pour être quelque chose ou n'être rien pour partir ou rester selon les directives de Jésus, il doit, comme Abraham, attendre patiemment, dans la foi, que son offrande soit acceptée.
 . L’Éternel disait au prophète Habakuk:

 Si elle [la prophétie] tarde, attends-la,
 Car elle s'accomplira certainement. . .
 Mais le juste vivra par sa foi.    (Habakuk 2:3-4)

 Or, durant cette période d'attente, qu'elle soit longue ou courte, le diable enverra sûrement des oiseaux de proie pour arracher l'offrande.
 Il vous dira:
 "Tu devrais te sentir tout différent maintenant que tu t'es donné entièrement à Dieu"
 -Souvenez-vous alors que c'est l'oiseau de proie du diable et chassez-le. Tout sentiment provient toujours de quelque cause. Pour éprouver un sentiment d'amour, je dois penser à un être aimé, mais à l'instant où je détourne ma pensée de l'objet de mon affection, pour examiner l'état de mes sentiments, ceux-ci diminuent d'intensité.
 Regardez à Jésus sans vous arrêter à vos émotions; elles sont involontaires et se plieront bientôt aux décisions de votre foi et de votre volonté.
 "Mais, objectera peut-être quelqu'un, votre consécration n'est pas complète; passez encore une fois par le même chemin, afin d'en être plus sûr."
 Encore un oiseau de proie, chassez-le.
 A ce point-là, Satan peut se faire pieux à l'excès, il sait fort bien que, si vous tourmentez indéfiniment votre âme à cause de la consécration, vous perdez de vue la promesse divine et n'arriverez pas à croire. Or, sans la certitude que votre offrande est acceptée maintenant, tout le reste est inutile.
 "Mais, dira un autre, vous n'éprouvez pas la joie, les profondes et puissantes émotions que connaissent d'autres enfants de Dieu."
 Encore un oiseau de proie, chassez-le.
 Une femme me disait dernièrement:
 -J'ai renoncé à tout, sans trouver le bonheur que j'attendais.
 -Ah! Ma sœur, lui dis-je, la promesse n'est pas pour ceux qui cherchent le bonheur, mais pour "ceux qui ont faim et soif de la justice" (Matthieu 5:6), ceux-là "seront rassasiés". Cherchez la justice, non le bonheur.
 Elle le fit et peu après fut satisfaite, car avec la justice vint la plénitude de la joie. "Mais la foi, objectera-t-on encore, est une chose si incompréhensible, vous ne pouvez la pratiquer; demandez à Dieu de vous aider dans votre incrédulité. Encore l'oiseau de proie du diable, éloignez-le.
 La foi est presque trop simple pour être définie. C est la confiance en la parole de Jésus, la simple assurance qu'Il a l'intention d'accomplir Ses promesses à la lettre et que ces promesses sont pour vous. Prenez garde de vous laisser détourner de la simplicité qui est en Jésus-Christ (2 Corinthiens 11:3).
 Je vous le dis, mon cher camarade, tout ce qui s'oppose à la foi en le promesse de Dieu relative au plein salut, est un des oiseaux de proie du diable. Il faut le chasser résolument si vous voulez être pleinement sauvé.
 Cessez de discuter avec le diable. "Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu" (2 Corinthiens 10:5). Plaidez, mais avec Dieu. "Venez et plaidons! dit l’Éternel (Esaïe  1:18).
 Au cours d'une nuit de prières, un homme s'agenouilla avec beaucoup d'autres à l'autel de la consécration pour demander un cœur pur. On lui dit de se donner entièrement à Dieu et de croire. Finalement il se mit à prier et dit: "Je me  donne à Dieu. Désormais je vais vivre et travailler pour Lui de tout mon pouvoir, attendant qu'Il m'accorde la plénitude de Sa bénédiction, quand Il le jugera bon. Il a promis de me la donner et Il le fera, n'est-ce pas?
 -Oui, mon frère, ce qu'Il a promis, Il l'accomplira sûrement, répliquai-je. -Oui, oui, Il l'a promis, dit cet homme. A ce moment un rayon de lumière pénétra dans son âme et il ajouta: "Le Seigneur soit loué! Gloire à Dieu!" Il plaida avec le Seigneur et s'emparant de Sa promesse, fut exaucé. Ce même soir, d'autres discutèrent avec le diable, se laissèrent guider par leurs propres sentiments, et ne trouvèrent pas la sanctification.
 Mais après l'acte de foi, Dieu attend la confession de foi. Les hommes qui ont du caractère, de la force et de l'influence sont ceux qui affirment sans peur leurs convictions.
 Un homme qui a des convictions arrêtées ne craint ni de les annoncer au monde ni de les défendre. Il en est ainsi en matière de politique, d'affaires, de réformes morales, comme en matière de foi. Une loi universelle appuie cette déclaration: "C'est en confessant de la bouche qu'on parvient au salut" (Romains 10:10). Si vous marchez dans la sanctification, vous devez l'affirmer à la première occasion, l'affirmer en présence des démons, de vos semblables et des anges du ciel. Vous devez vous présenter au monde comme un homme qui croit à la pureté du cœur, et proclamer:"Sainteté à l’Éternel !" Ainsi, vous brûlerez vos vaisseaux. Tant qu'ils ne sont pas détruits, vous n'êtes pas en sûreté.
 Une dame me disait dernièrement: "J'ai toujours hésité à dire: Le Seigneur m'a pleinement sanctifiée, mais il y a peu de temps que j'ai compris pourquoi. Je voulais laisser un pont derrière moi, de manière à pouvoir battre en retraire sans danger. Si je me dis sanctifiée, je suis obligée de veiller sur moi-même afin de ne m'exposer à aucun blâme; tandis qu'en ne le disant pas, je puis me permettre des choses contestables, avec l'excuse facile que je ne prétends pas être parfaite."
 Oui, voilà le secret. Prenez garde, cher lecteur; sinon vous allez vous trouver dans un dangereux équilibre; voilà qui fait le jeu du diable. "Celui qui n'est pas avec moi est contre moi" (Matthieu 12:30). Passez du côté du Seigneur par une profession de foi bien définie. Le diable vous dira : "Tu ferais mieux de ne pas toucher à ce sujet tant que tu n\es pas sûr de toi. Prends garde de faire plus de mal que de bien."
 Chassez promptement cet oiseau de proie, sinon tout ce que vous avez fait jusqu'à aujourd'hui sera inutile. Cet oiseau-là a dévoré des milliers d'offrandes présentées avec une sincérité égale à la vôtre.  Ce n'est pas vous qui pouvez "garder la bénédiction", mais c'est à vous d'affirmer hardiment votre foi en  Celui qui accorde la grâce et Il vous gardera.
 Hier encore, un ami chrétien me disait: "Quand je recherchai la bénédiction de la sanctification, je me donnai définitivement et pleinement à Dieu, en Lui disant que je me confiais en Lui, mais je me sentais aussi sec qu'un arbre mort. Peu après, un ami me demanda si j'étais sanctifié et, avant même d'examiner mes sentiments, je répondis affirmativement: à l'instant Dieu me bénit, me remplit de la plénitude de Son Esprit et depuis Il n'a cessé de me garder."
Confessant sa foi, Il fut agréable à Dieu.
 -Mais vous devez être honnête et ne pas prétendre posséder plus que vous n'avez reçu, dira Satan.
 Encore un oiseau de proie!
 Vous devez affirmer que Dieu ne peut manquer à Sa promesse; or, Il a promis que "tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous le verrez s'accomplir" (Marc 11:24).  Tenez Dieu pour fidèle.
 Une dame de ma connaissance, membre de l'Armée du Salut, se livra à Dieu sans réserve, mais n'éprouvant aucun changement, elle hésitait à dire que Dieu l'avait pleinement sanctifiée.
 "Alors, disait-elle, je me mis à raisonner ainsi: Je sais que je me suis donnée entièrement à Dieu. Je suis disposée à être n'importe quoi, à faire n'importe quoi, et à souffrir n'importe quoi pour Jésus; à abandonner pour Sa cause et par amour pour Lui plaisirs, honneurs, même mes plans et mes espoirs les plus chers. Malgré cela, je ne sens pas que Dieu me sanctifie. Pourtant, Il a promis de le faire, à la seule condition que je me donne à Lui et croie à Sa Parole. Sachant que je me suis donnée à Lui, je dois croire en Ses promesses ou Le déclarer menteur. Je veux donc croire qu'Il me sanctifie maintenant. Mais, ajoutait-elle, je n'en avais aucune preuve. Quelques jours plus tard, comptant toujours sur Dieu, je me rendis à une réunion de sanctification; là, tandis qu'un grand nombre de personnes rendaient témoignage, je pris la résolution de me lever et de dire aussi que Dieu m'avait sanctifiée. Je le fis et tandis que je parlais, le Seigneur vint me donner l'assurance que cette oeuvre était accomplie. Je sais maintenant que je suis sanctifiée."Le rayonnement de son visage le disait assez.

 Cher lecteur:

 "Résistez au diable et il fuira loin de vous" (Jacques 4:7).

  Donnez-vous entièrement à Dieu, confiez-vous en Lui et confessez votre foi.

  "Et soudain entrera dans son temple le Seigneur qui vous cherchez; et le messager de l'alliance que vous désirez, voici, il vient, dit l'Eternel des armées" (Malachie 3: 1).


CHAPITRE 25  Une paix constante

 En marchant devant Lui dans la sainteté et dans la justice, tous les jours de votre vie (Luc 1:75)

 Le pasteur Jean de la Fléchère *('Connu aussi sous le nom de John Fletcher) que Wesley considérait comme l'homme le plus saint qui eût vécu depuis les jours de l'apôtre Jean, perdit cinq fois la bénédiction avant d'obtenir définitivement la grâce de la sainteté. Wesley lui-même, déclarait que, d'après ses observations, beaucoup de chrétiens perdaient plusieurs fois cette bénédiction avant d'apprendre le secret de la garder. Si donc, parmi les lecteurs de cet ouvrage, il en est qui font la même constatation, et sont en butte aux assauts de l'ennemi des âmes, si Satan cherche à les persuader qu'ils n'arriveront jamais ni à posséder la sainteté, ni à la garder, laissez-moi les supplier d'essayer encore et toujours.
 Vous prouvez votre intention et votre réel désir d'être saints, non pas en rendant les armes après une défaite, mais en vous relevant de chutes nombreuses et en reprenant la lutte avec une foi et une consécration nouvelles. Voilà la manière de remporter le prix et de le garder jusqu'au bout.
N'est-il pas écrit: "Cherchez et vous trouverez"? (Matthieu 7:7).
 -Mais combien de temps devrai-je chercher avant de l'obtenir?
 -Jusqu'à ce que vous ayez trouvé.
 -Mais si c'est pour le perdre ensuite?
 -Cherchez de nouveau jusqu'à ce que vous le trouviez. Dieu vous étonnera un jour en vous donnant un si puissant baptême de Son Esprit que toutes vos obscurités, vos doutes et vos incertitudes s'évanouiront pour toujours; désormais vous ne retomberez plus; le sourire de Dieu ne se retirera plus de vous et votre soleil ne se couchera jamais.
 0 frère découragé, sœur abattue, laissez-moi vous presser de regarder à Jésus, de vous confier en Lui, de continuer à chercher, vous souvenant que les retards du Seigneur ne sont point des refus.
 Jésus est le Josué qui vous introduira dans la Terre Promise, et pourra terrasser tous vos ennemis devant vous. Ceux qui se découragent au milieu de la défaite, ont encore beaucoup à apprendre, tant sur la dureté et la perfidie de leur propre cœur, que sur la patience, la longanimité et la puissance de Dieu. Ce n'est pas Sa volonté que quiconque l'ayant reçue en arrive à perdre la bénédiction; il est possible de la garder à jamais.
 Mais comment?
 Un de mes anciens condisciples de la Faculté de théologie se rendait un jour à son champ de travail après avoir terminé ses études. Je l'accompagnai à la gare pour lui serrer la main et lui dire peut-être un dernier adieu. Il me regarda et me dit:
 "Sam, donne-moi un texte qui devienne la devise de ma vie.
  " J'élevai aussitôt mon cœur vers Dieu pour qu'il m'éclairât. Or, si vous voulez garder la bénédiction, une des choses que vous devez faire constamment, c'est d'élever votre cœur vers Dieu et d'espérer en Lui pour avoir la lumière, non seulement dans les moments critiques et le grands événements de la vie, mais dans les petits détails, même les plus insignifiants en apparence. Vous en acquerrez l'habitude par la pratique, et cela deviendra pour vous aussi naturel que de respirer, aussi important pour votre vie spirituelle que la respiration pour votre vie physique. Restez étroitement en contact avec Dieu si vous voulez garder Sa bénédiction. Ce matin-là, mon âme était si unie à Dieu, qu'à l'instant, les onze premiers versets de la deuxième épître de Pierre me vinrent à la pensée, non seulement comme une devise à donner à mon ami, mais comme une règle tracée à tous par le Saint-Esprit. En la suivant, non seulement nous pourrons garder la bénédiction et être préservés de chute, mais aussi porter des fruits dans la connaissance de Dieu, et obtenir libre accès dans le Royaume de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
 Prenez-en note, vous tous qui désirez conserver la bénédiction de la sainteté. Remarquez le verset 4, par lequel l'apôtre déclare que, pour devenir" participants de la nature divine", il faut fuir "la corruption qui existe dans le monde par la convoitise". Voici donc ce qu'est la sainteté: "fuir la corruption" de notre propre cœur et recevoir en échange la nature divine. L'apôtre insiste et recommande aux saints de s'y appliquer résolument. Un homme paresseux, endormi, ne peut conserver la bénédiction, ni même la recevoir, puisqu'il faut, pour la découvrir, la chercher avec zèle, comme un trésor enfoui, et la retenir ensuite avec un soin jaloux. Quelques-uns objecteront: "Une fois sauvé, on l'est pour toujours", mais Dieu ne dit rien de pareil. Il nous engage à veiller, à être sobres, car nous sommes sur le terrain de l'ennemi et' ce monde n'est pas ami de la grâce. Si vous aviez pour cinq cent mille francs de diamants dans un pays de brigands, vous veilleriez attentivement sur votre trésor. Or, vous êtes en pays ennemi, vous possédez un cœur pur et "Les arrhes de l'Esprit" (2 Corinthiens 1 :22) qui sont votre passeport pour le Ciel, votre gage de vie éternelle: veillez donc pour le garder en sûreté.
 L'apôtre dit: "Joignez à votre foi la vertu" (2 Pierre 1:5). Vous avez dû croire" aux plus grandes et aux plus précieuses promesses" (v. 4) pour obtenir cette bénédiction, mais vous aurez encore autre chose à ajouter à votre foi pour la conserver. Le mot "vertu" vient d'un vieux mot latin qui signifie courage, et c'est probablement ce qu'il signifie dans ce cas. Il vous faut du courage pour conserver cette bénédiction.
 Le diable rôdera autour  de vous comme un lion rugissant; le monde vous tiendra rigueur, vous rejettera, vous mettra à mort peut-être. Vos amis vous prendront en pitié ou vous maudiront, vous prédiront toutes sortes de calamités et parfois votre propre chair se révoltera. Alors vous aurez besoin de courage. On prétendait autrefois que je perdais la raison, et cela semblait presque vrai, si intense était mon désir de connaître tout la volonté de Dieu à mon égard. On me disait que je tomberais dans le fanatisme, que je finirais mes jours dans un asile, que je ruinerais ma santé et resterais toute ma vie un invalide, inutile tourment à moi-même et fardeau pour mes amis. L'évêque lui-même, dont l'ouvrage sur la sainteté avait bouleversé mon âme jusqu'en ses profondeurs, insista pour que je parle très peu de cette bénédiction après l'avoir reçue, puisqu'un tel enseignement devenait une cause de division et de trouble.- J'appris, plus tard, qu'il avait lui-même perdu la grâce de la sanctification. -Le diable me présenta, jour et nuit, mille tentations spirituelles auxquelles je n'avais point songé. A la fin, il excita contre moi un mauvais sujet qui me fit presque sauter la cervelle, si bien que, pendant des mois, je demeurai dans un tel état de prostration physique que la pensée d'une simple carte postale à écrire m'épouvantait et m'enlevait le repos de la nuit. Je m'aperçus alors qu'il fallait du courage pour conserver cette "perle de grand prix" (Mat. 13:46); mais, alléluia! "Le lion de la tribu de Juda" (Ap. 5:5), mon Seigneur et Sauveur, est aussi plein de hardiesse et de force que d'amour et de compassion. Dans le Livre qu'Il nous a laissé pour notre édification et notre instruction, Il dit: "Fortifie-toi et prends courage" (Josué 1:6). Il le déclare ail1eurs d'une manière plus énergique encore par ces mots: "Ne t'ai -je pas donné cet ordre: Fortifie-toi et prends courage" (Josué 1 :9). C est donc un ordre positif auquel nous sommes tenus d'obéir. Souvent Il le répète et dit soixante-douze fois: "Ne crains point", ajoutant pour nous montrer que nous n'avons rien à craindre: "car je suis avec toi". Gloire à Dieu! S'Il est avec moi, pourquoi craindrais-je? Et pourquoi craindrais-tu, toi aussi, mon camarade?
Quand mon fils était enfant, il avait grand peur des chiens; la crainte semblait innée chez lui; mais, quand il me tenait la main, il aurait passé crânement à côté du plus gros chien du pays. Dieu a dit:

Ne crains rien, car je suis avec toi.
Ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu;
Je te fortifie, je viens à ton secours,
Je te soutiens de ma droite triomphante. . . Je suis l’Éternel, ton Dieu,
Qui fortifie ta droite,
Qui te dis: Ne crains rien,
Je viens à ton secours.
(Esaïe 41:10-13)

 Celui qui est mort pour nous, Jésus, affirme: "Tout pouvoir m'a été donné dans le Ciel et sur la terre. . . Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde" (Mat. 28:18-20). Pourquoi craindre encore?
 Le diable s'y entend pour tromper et ruiner les âmes, mais rappelez-vous que Jésus est "l'ancien des jours" (Dan. 7:13). D'éternité en éternité, Il est Dieu. Il a mis Sa grande sagesse, Son pourvoir éternel à la disposition de notre foi pour notre salut, et certainement ceci doit nous remplir de courage. Êtes-vous abattus et effrayés? Redressez-vous et dites hardiment avec le roi David qui, plus qu'aucun de nous, avait des raisons de s'inquiéter et de s'effrayer:

 Dieu est pour nous un refuge et un appui,
 Un secours qui ne manque jamais dans la détresse; C'est pourquoi nous sommes sans crainte
 Quand la terre est bouleversée,
 Et que les montagnes chancellent au cœur des mers.                (Psaume 46:2-3)

 Une des expériences de David m'a été d'un grand secours. Il eut un jour à fuir loin de Saül qui le poursuivait pour lui ôter la vie. Il se retira au pays des Philistins, où il demeura dans un village que le roi lui donna. Puis les Philistins prirent les armes contre Saül, et David se joignit à eux. Mais les Philistins le renvoyèrent, craignant que dans la mêlée il ne se tournât contre eux. Lorsque David et ses hommes arrivèrent chez eux, ils découvrirent que des ennemis avaient détruit et brûlé leur ville, emporté tous leur biens, ainsi que leurs femmes et leurs enfants. Fous de douleur, ces hommes parlèrent de lapider David. Il y avait certes de quoi s'effrayer, mais la Bible dit: "David reprit courage en s'appuyant sur l’Éternel, son Dieu". Lisez vous-mêmes ce récit, et voyez de quelle manière Dieu l'aida à rentrer en possession de tout ce qu'il avait perdu  (1 Samuel 30).
 Pour moi, je suis résolu à rester plein de courage. Dieu m'a délivré de mes propres frayeurs et de celles de mes amis. Il a mis en déroute mes ennemis. Il s'est montré plus fort que mes adversaires, et Il m'a mis à même, par Sa puissance, Sa bonté et Son amour infinis, de marcher devant Lui dans la sainteté depuis plus de quarante ans.



CHAPITRE 26 Sanctification et Consécration

 La femme d'un sénateur suivait régulièrement une série de réunions de sanctification et semblait y prendre un grand intérêt. Un jour, elle vint à moi et me dit:
 -Monsieur Brengle, si vous disiez" consécration" au lieu de "sanctification", nous serions tous d'accord.
 -Mais je ne veux pas dire" consécration", ma sœur, je veux dire "sanctification". Il y a entre ces deux mots la même différence qu'entre la terre et le ciel, entre l’œuvre de l'homme et celle de Dieu, répondis-je.
 Mon interlocutrice commettait une erreur très répandue. Elle prétendait soustraire à la religion son élément surnaturel, et se fier simplement à ses œuvres.
C'est tout à fait à la mode maintenant d'être "consacré" et de parler beaucoup de "consécration". Des dames charmantes, vêtues de soie, couvertes de bijoux, de plumes et de fleurs, des messieurs à la mise élégante, aux mains soignées, parlent de "consécration au Seigneur" avec une doucereuse componction.
 Je ne voudrais point les décourager; il faut cependant que j'élève la voix pour affirmer que la consécration, telle que ces gens la comprennent, est simplement l’œuvre de l'homme et ne suffit pas pour assurer le salut de l'âme.
 Elie fit ses préparatifs sur le Mont Carmel, tua un taureau, le plaça sur l'autel et versa de l'eau sur le tout. C'était une consécration.
 Mais les prêtres de Baal en avaient fait autant, à l'exception de l'eau versée. Ils avaient préparé leur autel, tué un taureau et passé la journée dans les dévotions les plus ardentes; à vues humaines, leur zèle surpassait même celui d'Elie.
 Qu'avait donc fait Elie de plus qu'eux?
 Rien, si ce n'est de verser quelques cruches d'eau sur son sacrifice, acte de foi des plus hardis. Néanmoins, s'il en était resté là, le monde n'eût jamais entendu parler de lui; mais il avait la certitude que Dieu se manifesterait. Il attendit et pria: les nuages s'ouvrirent et le feu de Dieu tomba, consumant l'holocauste, le bois, les pierres et la terre et absorbant l'eau qui était dans le fossé. Voilà la sanctification!
 De froides pierres, de l'eau et un taureau mort, y avait-il là de quoi glorifier Dieu et convertir une nation apostate? Cependant, quand tout fut enflammé par le feu du ciel, le peuple tomba la face contre terre en s'écriant; "C'est l'Eternel qui est Dieu! C'est l'Eternel qui est Dieu!" (1 Rois 18 :39).
 Que sont les plus grand dons, l'éloquence et une soi disant consécration pour sauver le monde et glorifier Dieu? "Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien" (1 Corinthiens 13:3).
 C'est Dieu en l'homme qui rend celui-ci capable de Le glorifier et de travailler avec Lui au salut du monde. Il faut à Dieu des hommes sanctifiés. Ils doivent, bien entendu, se consacrer eux-mêmes à Dieu en vue de la sanctification. Leur part, c'est de Lui livrer sans aucune réserve, leur être tout entier: mémoire, pensée, volonté, langue, pieds, mains, réputation auprès des pécheurs et auprès des croyants -doutes et craintes, antipathies et sympathies -et jusqu'à leur tendance à récriminer, à se plaindre ou à murmurer quand Dieu éprouve leur consécration.
 Ces conditions une fois réalisées, ils devront attendre la manifestation divine, tout comme Elie qui, son offrande déposée sur l'autel, se tint à l'écart pour laisser Dieu agir. Ils crieront à Lui avec une foi humble bien que hardie et persévérante, jusqu'à ce qu'Il accorde le baptême de Saint-Esprit et de feu. Il  l'a promis, ne le fera-t-Il pas? Mais que Ses enfants sachent Lui faire confiance, prier, persévérer dans la foi, et demeurer dans l'attente si la bénédiction tarde. Un soldat, sortant d'une de nos réunions, rentra chez lui et tomba à genoux, disant: "Éternel, je ne me relèverai point que Tu ne m'aies baptisé du Saint-Esprit". Cet homme résolu, pour qui Dieu comptait plus que tout, reçut sur-le-champ le baptême du Saint-Esprit.
 Un capitaine et un lieutenant de ma connaissance trouvant que la "vision tardait" l'attendirent et consacrèrent, durant trois semaines, tout leur temps disponible à supplier Dieu de les remplir de Son Esprit. Ils ne se découragèrent point, mais s'attendirent désespérément à Dieu, décidés à ne pas Le laisser aller qu'ils n'eussent obtenu le désir de leurs cœurs. Quelque temps après, je revis le lieutenant et fut confondu des merveilles de la grâce de Dieu en lui. L'esprit des prophètes était descendu sur lui.
 "La foi peut librement mettre à sac le ciel tout entier", dit un de mes amis.  
 Oh! Qu'il est bon d'espérer ainsi en Dieu! Il est plus aisé de se plonger follement dans telle ou telle entreprise, de consumer ses forces et sa vie dans un travail sans joie et relativement vain, que de s'attendre à Dieu, dans une foi patiente et ferme, jusqu'à ce qu'Il accorde la toute puissance du Saint-Esprit. Elle se traduira par une endurance, une sagesse et une puissance surnaturelles, vous permettant de faire en un jour ce qui, sans elle, serait irréalisable en mille ans, et détruisant en même temps tout orgueil afin que vous rendiez toute gloire au Seigneur.
 Espérer en Dieu, c'est nous dépouiller en vue de la plénitude à recevoir. Rares sont ceux qui savent ainsi attendre jusqu'à dépouillement total; rare aussi, par conséquent, ceux qui sont remplis de Dieu. Peu, en effet, savent endurer les humiliations, l'attente, les incertitudes, les railleries de Satan qui leur demande: "Où est ton Dieu?" Celui qui espère en Dieu, de cette manière, s'expose aux sollicitations du doute, aux insinuations de l'incrédulité. C est d'ailleurs pourquoi il y a si peu de chrétiens qui sont parvenus à l'état d'hommes faits en Christ, et constituent des colonnes dans le temple de Dieu.
 Jésus ordonna à Ses disciples de demeurer à Jérusalem jusqu'à ce qu'ils fussent revêtus de la puissance d'En Haut (Luc 24:49). Cet ordre dut paraître pénible à l'apôtre Pierre, si impulsif et si prompt; il attendit pourtant avec ses frères et tous crièrent à Dieu, s'examinant eux-mêmes, ne redoutant plus les chefs irrités qui avaient fait mourir leur Seigneur, oubliant leurs craintes, leurs jalousies, leurs ambitions égoïstes et leurs puérils différends, jusqu'à ce que, dépouillés de tout amour-propre, de toute propre justice et de toute confiance en eux-mêmes, ils ne soient plus qu'un cœur et qu'une âme, consumés d'une soif dévorante de Dieu. Soudain, Il descendit sur eux. Avec puissance, avec le feu, Il vint Lui-même les purifier, les nettoyer et les sanctifier entièrement, pour habiter dans leurs cœurs, les rendre vaillants en présence de leurs ennemis, humbles dans le succès, patients dans les conflits et les persécutions, fermes et inébranlables en dépit des menaces, des coups, de la prison, joyeux dans la solitude, malgré les calomnies, sans peur et triomphants en face de la mort. Dieu leur donna la sagesse pour gagner des âmes et les remplit de l'esprit de leur Maître, si bien que- pauvres et humbles comme ils l'étaient, ils bouleversèrent le monde et ne s'en attribuèrent aucune gloire.
 Ainsi, la sanctification consiste non seulement à donner, mais encore à recevoir. Nous sommes par conséquent aussi bien soumis à l'obligation solennelle de recevoir le Saint-Esprit et d'en être remplis, que de nous donner à Dieu. Mais si nous n'en sommes pas remplis dès le début, gardons nous de penser qu'Il n'est pas pour nous. N'allons surtout pas nous croiser les bras, et, sous prétexte d'humilité et d'incrédulité, cesser de supplier Dieu. Crions d'autant plus fort, au contraire, sondons d'autant mieux les Écritures pour trouver lumière et vérité. Examinons-nous et humilions- nous. Prenons le parti de Dieu contre l'incrédulité, contre le diable et contre notre propre cœur; ne nous relâchons point, que nous n'ayons obtenu par violence le royaume des Cieux (Matthieu 11:12), et entendu Sa parole: "Ta foi est grande, qu'il te soit fait comme tu veux" (Matthieu  15:28).
 Dieu aime à être contraint, Il désire être contraint, Il veut l'être par la prière persévérante et la foi de Ses enfants. Comme le prophète s'indigna contre le roi qui lança trois flèches au lieu de six ou même davantage, le Seigneur doit souvent être affligé, désappointé et irrité contre nous,-parce que nous limitons trop nos demandes, parce que nous nous laissons trop souvent détourner de Lui sans recevoir la bénédiction que nous prétendons désirer, et parce que nous nous contentons de si peu, quand c'est le Consolateur Lui-même qu'il nous faut.
 La Cananéenne qui vint à Jésus pour Le prier de délivrer sa fille du démon, nous est offert en exemple et ferait rougir la plupart des chrétiens, par la hardiesse et la persistance de sa foi. Elle ne voulut pas s'éloigner sans la bénédiction qu'elle était venue chercher. Jésus d'abord ne lui répondit pas un mot. Il le fait encore aujourd'hui fréquemment à notre égard. Nous prions et ne recevons pas de réponses; Dieu reste silencieux. Puis Il la repoussa en alléguant qu'Il n'était point venu pour ceux de sa race, mais pour les brebis perdues de la maison d'Israël. C'eût été assez de ces paroles pour faire de la plupart de ceux qui vivent au vingtième siècle de sceptiques blasphémateurs. Chez cette femme, la foi désespérée devint sublime. Pourtant Jésus semblait ajouter l'insulte à l'injure:
 "Il n'est pas bien, dit-il, de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens". La foi eut alors la victoire et contraignit le Christ par sa réponse: "Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres." Cette femme était prête à prendre la place du chien et à en recevoir la portion. Jésus saisi d'étonnement devant sa foi, lui répondit: "Femme, ta foi est grande, qu'il te soit fait comme tu veux" (voyez Matthieu 15:21-28). Jésus avait, dès le commencement, l'intention de la bénir si elle persévérait, et c'est ainsi qu'Il vous bénira, vous aussi.
 Or, il existe deux classes de gens qui font profession de se consacrer à Dieu; mais en y regardant de près, on constate qu'ils se sont consacrés à un travail spécial plutôt qu'à Dieu Lui-même. Ils occupent la place d'économes dans la maison de Dieu, plutôt que celle d'épouse de Son Fils. Gens d'ordinaire très occupés, ils ont peu d'inclination pour une communion réelle avec Jésus. On pourrait les appeler des chercheurs de plaisir. Le bonheur manifeste des chrétiens sanctifiés provient, leur semble-t-il, du fait que ceux-ci ont beaucoup agi et donné. Aussi se mettent-ils à les imiter, à agir et à donner, sans se douter du trésor infini qu'ont reçu ceux qui sont ainsi sanctifiés.
 Le secret de celui qui a dit: ". . . Dieu, ma joie et mon allégresse" (Psaume 43:4) et "l’Éternel est mon partage. . ." (Ps. 16:5), leur reste caché; ainsi ne trouvent-ils jamais Dieu. Ils cherchent le bonheur, mais non la sainteté. Ils veulent à peine admettre leur besoin de sainteté, déclarant qu'ils ont toujours fait le bien. Or, ceux-là seuls trouvent Dieu gui recherchent la sainteté, reconnaissant la profonde dépravation et les besoins de leur cœur: "Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés" (Matthieu 5:6). Les gens de cette catégorie sont d'ordinaire de bons vivants, mangeant avec appétit, très sociables, toujours vêtus à la dernière mode,-des épicuriens religieux.
La seconde classe comprend ceux qu’on peut, à juste titre, dénommer amateurs de souffrances. Ils cherchent toujours à faire quelque chose de difficile, et croient qu'il est bon d'être perpétuellement à la torture. Semblables aux prêtres de Baal, ils s'infligent des blessures, non pas, il est vrai, à leur corps, mais à leur âme et à leur esprit; ils donnent leurs biens pour nourrir les pauvres, leurs corps pour être brûlé, et cependant cela ne leur sert de rien (1 Corinthiens 13:3). Leur service ressemble à un esclavage. Ce n'est pas la joie qu'ils recherchent, mais la souffrance. Ils jugent de leur état devant Dieu, non après la joie produite en eux par la présence du Consolateur, qui rend le joug aisé et le fardeau léger, mais selon la souffrance qu'ils sont prêts à endurer ou qu'ils ont déjà endurée. Ils ne se sentent pas heureux et doutent de leur salut s'ils n'accomplissent pas quelque sacrifice qui produise un tourment intérieur. Ils sont morts de mille morts -et ne sont pas cependant morts à eux-mêmes. Leur religion ne consiste point en justice, en paix et joie par le Saint-Esprit (Rom. 14:17), mais plutôt en efforts de volonté et en actes de souffrance.
 Ces chrétiens-là ne font pas en réalité de plus grands sacrifices que ceux qui sont sanctifiés; seulement, ils en parlent davantage. N'étant pas morts spirituellement, ils souffrent d'avoir à se soumettre à Dieu, et l'obéissance leur pèse. Leurs épreuves ne surpassent pas non plus celles des chrétiens sanctifiés; mais elles sont d'une nature différente et procèdent d'une autre source. Ils éprouvent de la tristesse en raison des sacrifices qu'ils ont à faire. L'homme sanctifié les considère comme une joie pour l'amour de Jésus, tout en souffrant, lui aussi, car les tristesses et les malheurs de ce monde pèsent sur son cœur et, sans les consolations et le secours de son Sauveur, son cœur se briserait parfois.
 Les chrétiens de cette seconde catégorie sont bons et font le bien. Mais ce qui leur manque, c'est la foi qui sanctifie (Actes 26:18, version Darby), cette foi qui, par l'opération du Saint-Esprit, les fera mourir à eux-mêmes, s'évader définitivement de leur misérable condition, et recevoir joie et paix dans leur cœur lassé. Ainsi pourront-ils, en nouveauté de vie, étancher à jamais leur soif en s'abreuvant aux sources d'eau vive, et consentir avec allégresse à tous les sacrifices pour l'amour de Jésus.
 C'est donc la sanctification qui nous est nécessaire, que Dieu veut nous accorder, et vers laquelle le Saint-Esprit nous presse. C'est une sorte de foi enfantine, qui reçoit tout ce que Dieu veut donner, un amour parfait gui joyeusement rend à Dieu tout ce qu'il a reçu de Lui;-qui préserve l'âme, d'une part de la paresse et de la langueur de l’Église de Laodicée, et de l'autre, du froid esclavage pharisaïque -une foi qui donne paix intérieure et vie spirituelle joyeuse et abondante. L'âme qui possède cette foi est toujours vigilante; elle ne se laisse ni enorgueillir par le succès, ni abattre par les déceptions; elle cesse de se mesurer ou de se comparer aux autres; elle regarde à Jésus, et espère en Lui pour qu'Il réalise pleinement, en temps voulu, toutes les grandes et précieuses promesses de Son amour.


CHAPITRE 27  Des cris de joie!

 La louange et les cris d'allégresse sont une source de force et de victoire dont le secret échappe totalement aux gens sages et avisés.
 Le diable enveloppe souvent les âmes d'un voile que rien d'autre ne saurait ôter. Il est des âmes honnêtes qui pourraient avancer sur le chemin de la foi avec une liberté parfaite et constante, si elles voulaient seulement regarder le diable en face et s'écrier: "Gloire à Dieu!" au lieu de mener deuil tous les jours de leur vie. Ce voile s'étend parfois sur des auditoires tout entiers. Les regards sont indifférents, insouciants, inquiets, On ne lit dans les yeux ni attention, ni désir. Un calme oppressant, une sérénité de mort plane sur toute l'assemblée. Mais qu'un homme baptisé de l'Esprit, avec un "poids de gloire" dans son âme, vienne et bénisse le Seigneur, et le voile se déchire. Chacun se réveille, se ressaisit, se rappelle où il est, et commence à s'attendre à quelque chose.
 Les cris d'allégresse et la louange sont au salut ce que la flamme est au feu. Le feu peut produire une grande chaleur et avoir une réelle utilité sans dégager de flamme; mais, que celle-ci surgisse, il devient irrésistible et balaye tout devant lui. De même, certaines personnes peuvent être excellentes et posséder le salut; néanmoins, c'est seulement lorsqu'elles seront remplies du Saint-Esprit, qu'on les verra louer le Dieu de gloire, à toute heure, en public comme en privé, et que leur salut deviendra irrésistiblement contagieux.
 Certes, il y a des chrétiens dont les manifestations bruyantes produisent le même effet qu'une charrette vide cahotant sur des pavés disjoints ou des cartouches tirées à blanc. Leur religion n'est que vains bruits. D'autres, par contre, soupirent après la plénitude de la connaissance de Dieu, Le cherchent dans le secret de leur cœur. Ils désirent ardemment voir Son royaume s'établir avec puissance, plaident avec Lui au nom de Ses promesses. Ils sondent Sa Parole, la méditent jour et nuit jusqu'à ce que la pensée même de Dieu, les grandes vérités spirituelles, les pénètrent, et que leur foi devienne absolue. Le Saint-Esprit descend alors sur eux comme un poids de gloire qui les pousse à la louange, et cette louange porte ses fruits. Parfois, leur cris de joie résonnent comme le crépitement d'une fusillade et tous leurs coups portent.
 Un des mes vieux amis de Vermont (État du nord-est des États-Unis d'Amérique) me disait, un jour, que, lorsqu'il entre dans un magasin ou une station de chemin de fer, il trouve quelquefois ces lieux remplis de démons et l'atmosphère étouffante jusqu'à ce qu'il ait fait entendre une exclamation de louange. Alors les démons s'enfuient, l'atmosphère est purifiée, la place est à lui, il est maître de la situation, et peut dire et faire ce qu'il juge à propos. La fille aînée (Catherine Booth- Clibborn, surnommée la maréchale. Elle a dirigé l 'oeuvre en France, à ses débuts) du Fondateur écrivait: "Rien ne remplit d'effroi l'enfer comme une foi agissante, hardie et triomphante." Rien ne peut résister à un homme qui a dans l'âme un vrai chant de louanges. La terre et l'enfer fuient devant lui: le Ciel entier accourt pour l'aider à gagner ses batailles.
 Au moment où les armées de Josué poussèrent de grands cris, les murailles de Jéricho s'écroulèrent (Jos. 6:20) quand les hommes de Josaphat commencèrent "les chants et les louanges, l'Eternel plaça une embuscade contre les fils d'Ammon et de Moab, et ceux de la montagne de Séir . .Et ils furent battus" (2 Chroniques 20:22).
Quand Paul et Silas, meurtris, le dos sanglant, priaient et chantaient les louanges de Dieu dans le cachot de l'horrible prison romaine, le Seigneur envoya un tremblement de terre qui ébranla les fondements mêmes de la prison, fit tomber les liens des prisonniers, et convertit le geôlier et toute sa famille (Ac. 16:2334). Il n'est pas de difficulté qui ne s'évanouisse devant l'homme qui prie et loue son Dieu.
 Quand Billy Bray avait besoin de pain, il priait et poussait des cris de joie pour faire comprendre au diable qu'il n'attendait rien de lui, mais qu'il avait en son Père céleste, une parfaite confiance. Quand le Dr Cullis, de Boston, se trouvait sans un sou en caisse, avec de lourdes obligations en perspective, quand il ne savait comment se procurer la nourriture pour son sanatorium, il allait dans son cabinet, lisait la Bible, priait, puis se mettait à arpenter sa chambre, louant Dieu, Lui répétant qu'il voulait croire en Lui, et l'argent affluait de tous les coins du monde. La victoire ne peut bouder un homme qui, ayant ainsi répandu son cœur devant Dieu, ose se confier en Lui et exprimer sa foi par la louange.
 Le cri d'allégresse est le point culminant et l'expression la plus élevée de la foi. Quand un pécheur s'approche de Dieu, avec une vraie repentance et un entier abandon, quand il s'en remet complètement à la miséricorde de Dieu, regardant à Jésus seul pour son salut, et saisit par la foi, pleinement et sans crainte, la bénédiction de la justification, la première expression de cette foi sera la confiance et la louange. Sans doute, il en est beaucoup, parmi ceux qui proclament leur justification, qui ne louent jamais Dieu, mais, ou bien ils se trompent, ou leur foi est faible et mêlée de doute et de crainte. Si elle était parfaite, la louange jaillirait spontanément de leur cœur.
 De même pour l'homme justifié qui a compris la sainteté divine, l'immense étendue de Ses commandements,et le droit absolu de Dieu sur chacune des facultés de son être. Il a constaté ce qui subsiste en lui d'égoïsme et d'attachement à la terre. Il a essuyé maints échecs dans sa recherche de la pureté, soutenu bien des conflits avec sa conscience, et connu bien des hésitations dans sa foi. Alors, il vient à Dieu pour être sanctifié par le précieux sang du Christ, le baptême du Saint-Esprit et de feu. Aussi, l'expression finale de la foi qui saisit résolument et pleinement la bénédiction, sera, non la supplication, mais la louange et la joie.
 Le même fait se produit quand cet homme, sauvé et sanctifié, voyant les souffrances d'un monde perdu, sentant la passion sainte de Jésus s'allumer en lui, s'avance pour combattre "contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes" (Eph. 6: 12), afin de sauver les esclaves du péché et de l'enfer. Après avoir demandé avec larmes au Seigneur une effusion de Son Esprit, après avoir enseigné et prêché aux hommes, les exhortant à se donner entièrement à Dieu, après beaucoup de jeûnes, d'épreuves et de conflits dans lesquels sa foi et sa patience envers d'autres hommes sont devenues parfaites, auront saisi la victoire, sa prière sera transformée en louange, ses pleurs en cris d'allégresse et une apparente défaite deviendra un triomphe définitif.
 Où il y a victoire, il y a chant d'allégresse. Là où il n'y a pas de chant, la foi et la patience sont dans une période de déclin ou engagées dans un combat dont l'issue est incertaine.

La foi fait tomber sous nos yeux Les plus fortes murailles;
La foi nous rend victorieux Et, gagne les batailles
La foi nous ouvre les trésors
De la toute-puissance;
Les plus faibles deviennent forts
Sous sa sainte influence.

 Du reste, ce qui est vrai dans l'expérience individuelle, s'applique à l’Église dans son triomphe définitif; car, après de longues périodes de détresse, de conflit, de fidèle attente et de terribles épreuves, après les intercessions continuelles de Jésus et les soupirs inexprimables de l'Esprit dans le cœur des croyants, l’Église arrivera enfin à une foi et une patience parfaites, dans l'unité de l'amour, suivant la prière de Jésus dans le dix-septième chapitre de l'évangile de Jean; alors, "le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d'un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel" (1 Thessaloniciens 4:16), et la défaite apparente se changera en une victoire éternelle.

 Mais que personne ne se hâte de conclure qu'il faut louer Dieu uniquement sous l'inspiration d'un sentiment de triomphe spirituel. Paul dit: "Nous ne savons pas ce qu'il nous convient de demander dans nos prières. Mais l'Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables" (Rom. 8:26). Cependant, si un homme refuse de prier tant qu'il n'a pas ressenti cette intercession du Saint-Esprit, dont Jean de la Fléchère dit qu'elle est" comme un Dieu luttant avec un Dieu", il ne priera pas du tout. Nous devons ranimer en nous le don de la prière. Nous devons nous y exercer jusqu'à ce que notre âme soit en agonie, alors nous nous rendrons compte de la force remarquable du Saint-Esprit intercédant en nous.

 N'oublions pas que "les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes" (1 Corinthiens 14:32). Il nous faut de même ranimer et développer le don de la louange.
Nous devons y appliquer toute notre volonté. Quand Habakuk, le prophète, eut tout perdu, et qu'il se vit environné de la plus extrême désolation, il s'écria:

Toutefois, je veux me réjouir en ['Éternel,
Je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut. (Habakuk 3:18)

 Nous sommes ouvriers avec Dieu, et si nous avons la volonté de Le louer, Il veillera à ce que nous en ayons des sujets. Nous avons souvent entendu parler de Daniel qui priait trois fois par jour, mais nous oublions de remarquer qu'il rendait grâce en même temps (Dan. 6:10), ce qui est une manière de louange. David dit:"Sept fois le jour, je te célèbre" (Psaume 119:164). A maintes et maintes reprises, il nous est ordonné de louer Dieu, de Le célébrer à haute voix et de nous réjouir en Lui. Si donc, par crainte ou par honte, l'homme s'y refuse, qu'il ne s'étonne point d'être sans joie et de ne point remporter de victoire décisive.
 Mais, pour louer Dieu, Il faut que l'homme se retire seul avec Lui dans le secret de son cœur. Les cris d'allégresse sont-ils autre chose qu'une manifestation de la joie qu'il éprouve à trouver Dieu en lui? C'est pourquoi je dis" seul avec Dieu", en ajoutant "dans son propre cœur", puisque c'est là qu'il se rencontrera en tête-à-tête avec Lui. Alors il louera Dieu pour Ses œuvres merveilleuses, il Le louera parce qu'Il est digne de louanges, il Le louera, qu'il s'y sente porté ou non, il Le louera dans l'obscurité comme dans la lumière, il Le louera dans les moments de rude combat comme dans les jours de victoire. Il éclatera en chants d'allégresse, et nul ne pourra lui ravir sa joie, car l’Éternel fera boire à la source du bonheur, et Il sera Lui-même sa joie suprême.
 Bien des personnes assaillies par une violente tentation, ou environnées de ténèbres, ont répandu leur âme dans le prière, pour retomber ensuite dans le désespoir. Or, si elles avaient osé, au nom du Seigneur, terminer leur prière par des chants d'allégresse, avec actions de grâce, l'enfer aurait été rempli de confusion, et leur victoire aurait mis toutes les harpes célestes en mouvement et fait tressaillir les anges de joie. Mainte réunion de prière n'a échoué que pour cette raison. On chantait des cantiques, on rendait témoignage, on lisait et expliquait la Bible, on faisait entendre aux pécheurs des paroles d'avertissement, on faisait monter des prières à Dieu, mais personne n'en arrivait au point où l'on pouvait et voulait louer Dieu pour la victoire; et ainsi la bataille était perdue faute de chants d'allégresse.
 Dès que nous sommes nés de Dieu et tout au long de notre pèlerinage terrestre, (jusqu'à l'heure où nos yeux s'ouvriront à la vision céleste, où, glorifiés à jamais, nous verrons Jésus tel qu'Il est), nous avons non seulement le droit, mais le devoir de nous réjouir. C'est notre plus beau privilège et notre devoir le plus solennel. En le négligeant, nous remplissons les anges de confusion et les démons, dans leur abîme sans fond, d'une joie hideuse et infernale. Louons Dieu, puisque c'est à peu près la seule chose commencée ici-bas que nous continuerons aux cieux. Là-haut, les pleurs, les jeûnes, la prière, le renoncement, l'acceptation des épreuves et la lutte avec l'enfer cesseront, mais la louange à l’Éternel et les alléluias à "celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père" (Apocalypse 1 :5-6), résonneront dans le Ciel durant l'éternité! Que l’Éternel et l'Agneau soient bénis dès maintenant et à jamais!

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CHAPITRE 28  Quelques-unes des paroles Que Dieu m'a adressées

Nous avons vu que Dieu a parlé à des hommes et qu'ils sont demeurés vivants  (Deutéronome 5: 24)

 Dieu n'a pas cessé Ses communications aux hommes une fois le canon de l'Ecriture terminé. Bien que la manière dont Dieu se révèle aujourd'hui puisse avoir quelque peu changé, la révélation n'en reste pas moins un fait joyeusement attesté par toute âme née de l'Esprit. Tous ceux qui, déplorant leur péché, soupirent après la délivrance, tous ceux qui ont faim et soif de justice, découvriront bientôt, comme le firent les Israélites, que "Dieu parle à l'homme".
 C'est par des paroles de l'Ecriture que le Seigneur m'a parlé le plus souvent et le plus puissamment. Quelques-unes se présentent à ma vue intérieure et spirituelle comme de merveilleux sommets se détachant sur une vaste plaine. L'Esprit qui dicta aux saints hommes de jadis les paroles de la Bible, m'a rendu capable de les comprendre en me faisant marcher dans les voies qu'ils ont suivies. Il m'a si bien révélé les" choses du Christ" que mon esprit ressent à leur égard autant de satisfaction et de certitude qu'une démonstration mathématique en procurerait à mon intelligence.
 Les premières paroles qui vinrent à moi avec cette force divine irrésistible me furent adressées alors que je cherchais la bénédiction d'un coeur pur. Bien que j'eusse faim et soif de cette bénédiction, une indifférence totale -une sorte de torpeur spirituelle, m'envahissait parfois et menaçait, comme les vaches maigres de Pharaon, d'engloutir toutes mes saintes aspirations. Je me trouvais dans une grande détresse et ne savais que faire. Cesser de chercher, c'était, je le savais, courir à ma ruine éternelle; mais persévérer dans mon effort semblait hors de question, tant mes désirs et mes sentiments étaient pour ainsi dire paralysés.
 Sur ces entrefaites, je lus, un jour, le verset suivant: Il n'y a personne qui invoque ton nom,
 Qui se réveille pour s'attacher à toi (Esaïe 64:6)

 Dieu s'adressait à moi aussi directement qu'à Moïse, du milieu du buisson ardent, ou qu'aux enfants d'Israël du haut de la montagne fumante. C'était pour moi une expérience absolument nouvelle. Cette parole venait comme un reproche à mon incrédulité et à ma coupable indifférence. Cependant, elle me rendit l'espoir et je me dis:
 "Par la grâce de Dieu, même si nulle autre personne ne le faisait, je me réveillerai pour Le chercher, quelque sentiment que je puisse éprouver."
Vingt ans se sont écoulés depuis, mais, dès ce moment, sans m'arrêter à mes sentiments, j'ai cherché l'Eternel. Je n'ai pas attendu d'être réveillé en mon âme, mais quand cela a été nécessaire, j'ai jeûné, prié en vue de ce but. J'ai souvent répété avec le Psalmiste: "Rends-moi la vie selon ta parole", qu'un renouveau immédiat survienne ou non; je me suis attaché à Lui, je L'ai cherché et,-que Son nom soit béni !-je L'ai trouvé. "Cherchez et vous trouverez".
 Ainsi, avant de trouver Dieu dans la plénitude de Son amour et de Sa faveur, il y a des obstacles à écarter, des entraves et "le péché que nous enveloppe si facilement" (Hébreux 12:1) à rejeter, le "moi" à vaincre dans la forteresse de ses ambitions et de ses espérances.
 Le jeune homme d'aujourd'hui est ambitieux. Il veut devenir ministre s'il suit la carrière politique; millionnaire ou milliardaire s'il est dans les affaires; évêque ou dignitaire s'il entre dans l'Eglise.
 La passion dominante de mon âme, celle qui, pendant des années me préoccupa davantage que la recherche de la sainteté ou du Ciel, c'était l'ambition de faire quelque chose, d'être quelqu'un, de gagner l'estime et l'approbation des hommes cultivés et réfléchis. C'est pourquoi, de même qu'en déboîtant la hanche de Jacob, l'ange le rendit infirme pour jamais, de même le Seigneur, pour me sanctifier pleinement et amener "toute pensée captive à l'obéissance de Christ" (2 Corinthiens 10:5), m'a frappé et humilié dans ce penchant, le plus fort de ma nature.
 Pendant plusieurs années, j'ai su, avant que Dieu me l'eût accordée, que la bénédiction de la sainteté était possible. Je priais, mais d'une manière inégale; j'avais faim et soif, mais sans bien me rendre compte de quoi. La sainteté en elle-même me semblait désirable, mais je comprenais en même temps qu'elle m'apporterait la croix et un conflit inévitable avec mes semblables, chrétiens, pécheurs, sages ou ignorants. Je sentais d'instinct qu'elle m'obligerait à renoncer, tout comme Jésus et Paul, à la bonne opinion des hommes, et je faisais grand cas de l'estime ou de l'approbation de certains. Pourtant, telle est la perfidie du coeur non sanctifié, que je ne voulais pas m'avouer à moi-même la raison de mes hésitations. Je reconnais maintenant que cette répugnance à prendre la croix fut, pendant des années, l'obstacle à vaincre pour aller vers Celui qui attendait de me sanctifier. Enfin, j'entendis un évangéliste distingué, et un gagneur d'âmes, prêcher un sermon sur le baptême du Saint-Esprit; je me dis alors: "C'est ce qu'il me faut et c'est ce qui me manque! Je dois l'obtenir." Je me mis donc à chercher et à prier dans ce but avec la secrète pensée que je deviendrais ainsi un puissant gagneur d'âmes réputé. Je recherchai ardemment la sainteté; mais Dieu dans Sa miséricorde se voila à moi, éveillant ainsi dans mon coeur la seule crainte de l’Éternel et augmentant, en même temps ma faim spirituelle. Je priai, pleurai, suppliai le Seigneur de me baptiser de l'Esprit et m'étonnai qu'il ne le fît  pas, jusqu'au jour où je lus ces paroles de saint Paul: "Que nulle chair ne se glorifie devant Dieu!" (1 Corinthiens 1:29).
 Je compris alors que l'ennemi du Seigneur dans mon coeur c'était le "moi". Je vis que l'idole de mon âme, c'était ce désir passionné, consumant, de gloire, non plus caché et nourri dans les replis du coeur, mais découvert devant le Seigneur comme Agag devant Samuel. Alors ces paroles: "Que nulle chair ne se glorifie devant Dieu" devinrent pour moi l’Épée de l'Esprit qui me transperça de part en part. Elles me montrèrent que je ne pourrais jamais être saint, ni recevoir le baptême de l'Esprit, si je chérissais en secret le désir d'obtenir des honneurs humains, au lieu de rechercher "l'honneur qui vient de Dieu seul". Cette parole agit avec puissance, et dès lors, j'ai cessé de rechercher la gloire de ce monde. Mais plus encore, cette tendance que je portais en moi devait m'être à nouveau révélée pour disparaître définitivement, afin que j'en vienne à désirer de perdre le peu de gloire que je possédais déjà, ou croyais posséder, et à accepter de passer pour" insensé" par amour pour Christ.
 L'inclination dominante de la nature charnelle la pousse à chercher sa propre satisfaction; si elle peut l'obtenir d'une manière légitime, tout est bien, sinon, elle veut l'obtenir d'une manière illégitime; or, tout moyen est illégitime qui le serait aux yeux de Jésus. Le chrétien qui n'est pas entièrement sanctifié ne fait pas de propos délibéré ce qu'il juge mauvais, il y est plutôt incité par son coeur pervers. Que survienne la défaite-ce qui, grâce à Dieu, n'arrive pas toujours -et il se rend haïssable à lui-même. C est d'ailleurs, semble-t-il, le seul moyen par lequel Dieu puisse le convaincre de sa dépravation et de la nécessité d'un coeur pur.
 Or, deux fois, je fus ainsi tenté: une fois de tromper à un examen, une autre fois de me servir du plan d'un sermon d'un autre prédicateur. Je me repentis amèrement de la première de ces chutes; quant à la seconde, je confesse qu'elle ne me paraissait pas si grave, puisque tout en conservant le plan du sermon, je l'avais traité à ma manière, et surtout parce qu'il était probablement meilleur que tous ceux que je pourrais préparer. Il était de Finney, et si je m'étais servi de ce plan dans un bon esprit, je crois que je n'aurais pas eu le moindre reproche à m'adresser. Mais la parole de Dieu qui "juge les sentiments et les pensées du coeur" (Hébreux 4:12), révéla à mon âme étonnée et humiliée, non seulement la portée et le caractère de cet acte, mais aussi les mobiles qui m'avaient poussé. Le Seigneur me frappa et m'humilia par cet avertissement: "Si quelqu'un parle, que ce soit comme annonçant les oracles de Dieu; si quelqu'un remplit un ministère, qu'il le remplisse selon la force que Dieu communique" (1 Pierre 4:11).
 En lisant ces lignes, je me sentis aussi vil et coupable que si j'avais volé une grosse somme d'argent. Je commençai alors à comprendre le vrai caractère et la vraie mission du prédicateur et du prophète: c'est-à-dire qu'il est l'envoyé de Dieu et doit, s'il veut Lui plaire, chercher la gloire que Lui seul donne, s'attendre à Dieu dans la prière et sonder Sa Parole jusqu'à ce qu'il reçoive d'En Haut un message direct. Alors seulement il peut parler selon "les oracles de Dieu" et remplir son ministère" selon la force que Dieu communique". Je n'en conclus point qu'il faille mépriser la science humaine, ou ceux qui enseignent en ce monde, quand Dieu est en eux. Mais je compris la valeur sublime et la nécessité absolue de l'inspiration directe, pour tous ceux qui veulent amener des âmes à la justice, et leur indiquer le chemin du Ciel. Je vis que l'homme ne doit pas rester assis indéfiniment aux pieds d'instructeurs humains, se pencher sur des commentaires, étudier les sermons des grands prédicateurs pour chatouiller ensuite agréablement l'oreille des auditeurs par de beaux discours, mériter des applaudissements passagers par des sermons polis et travaillés. Dieu appelle l'homme, au contraire' à annoncer la Parole, à s'asseoir aux pieds de Jésus, pour apprendre de Lui, à prier à genoux dans le secret, à étudier l'Ecriture à la lumière directe du Saint-Esprit; à considérer la sainteté de Dieu et la justice de Ses jugements jusqu'à ce qu'il reçoive le pouvoir de réveiller les consciences endormies, suscitant le remords dans les cœurs endurcis et leur inspirant ce cri: "Que ferons-nous?" Je compris qu'il fallait se pénétrer de l'infinie compassion de Dieu, de Son amour manifesté en Christ, l'Agneau immolé, qui nous a rachetés "pour Dieu par son sang" (Apocalypse 5:9), et qui ôte du coeur le péché dont il détruit les racines aussi bien que le tronc et les branches.
 Pour arriver à cette expérience, il faut se repentir et s'abandonner sans réserve à Dieu, dans la foi et dans la confiance. Ayant obtenu la plénitude de cette grâce, nous pourrons consoler ceux qui pleurent, libérer les captifs du péché, proclamer l'année favorable du Seigneur (Esaïe 61:1-2).
 Cette constatation m'humilia profondément, et je me demandai quelle était la voie à suivre. A la fin, il m'apparut que, tout comme j'avais confessé la faute commise à mon examen, je devais aussi confesser mon plagiat. Ma conscience en fut bouleversée et ébranlée. Je connus des heures d'agonie indescriptible, restant aux prises avec ce problème trois semaines durant. Je discutai en moi-même, plaidant auprès de Dieu afin qu'Il m'indiquât Sa volonté, promettant de la faire, pour retirer ensuite ma promesse. Enfin je m'en ouvris à un ami intime. Il m'assura que mes scrupules ne venaient pas de Dieu, qu'il allait ce soir même prêcher un sermon de réveil en se servant des matériaux recueillis dans celui d'un autre prédicateur. J'enviai sa liberté d'esprit, mais sans en être le moins du monde soulagé. Je ne pouvais m'enfuir loin de mon péché. Comme pour David, il était constamment devant moi.
 Un matin, dans cet état d'esprit, je pris un petit traité d'expériences religieuses, lorsqu'en l'ouvrant, le premier sujet sur lequel s'arrêta mon regard fut celui-ci: Confession. J'étais acculé. Avais-je besoin d'une autre lumière? Je désirai la mort et à ce moment mon coeur se brisa. "Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c'est un esprit brisé" (Psaume 51:19), et du plus profond de mon coeur brisé, mon esprit vaincu dit à Dieu: "J'obéirai". Je l'avais auparavant dit des lèvres, je le disais maintenant du coeur. Alors Dieu s'adressa directement à mon âme, non par des paroles écrites, mais par Son Esprit. "Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité" (1 Jean. 1:9). Je connaissais la première partie de ce verset concernant le pardon, mais la suite concernant la purification fut pour moi une révélation. Je ne me souviens pas de l'avoir remarquée ou entendue auparavant. Cette parole agit avec puissance, je courbai la tête, et dis: "Père, je crois". Alors un grand calme descendit dans mon âme et je sus que j'étais purifié.
En cet instant, le sang du Christ qui, par un esprit éternel, s'est offert Lui-même sans tache à Dieu, purifia ma conscience des oeuvres mortes, afin que je serve le Dieu vivant (Hébreux 9:14).

 Dieu n'exigea pas qu'Abraham immolât Isaac; tout ce qu'Il demandait, c'était un coeur obéissant.      Ainsi, Il ne me demanda pas de confesser ma faute à mon Eglise. Dès que je fus disposé à accomplir Sa volonté, Il effaça ce sujet de mon esprit et me délivra entièrement de toute crainte servile. Mon "moi", mon idole, s'était enfui. Dieu savait que je ne gardais plus d'interdit; Il remplit mon âme de paix. Il me montra que "Christ est la fin de la loi pour la justification de tous ceux qui croient" (Rom. 10:4), et que toute la volonté de Dieu est résumée comme suit: "En Christ . . . la foi qui est agissante par la charité" (GaIates 5:6).
 Peu après, je courus chez un ami au sujet d'un livre que je lui avais emprunté. A l'instant où ses yeux s'arrêtèrent sur moi, Il me dit: "Qu'y a-t-il? Vous est-il arrivé quelque chose?" Mon visage avait déjà témoigné de la purification de mon coeur, mais mes lèvres s'ouvrirent ensuite et n'ont cessé de le faire jusqu'à ce jour.
Le Psalmiste dit:

J'annonce la justice dans la grande assemblée; Voici, je ne ferme pas mes lèvres, Éternel, Tu le sais!
Je ne retiens pas dans mon coeur ta justice, Je publie ta vérité et ton salut;
Je ne cache pas ta bonté et ta fidélité
Dans la grande assemblée.
(Psaume 40:10-11)

 Satan hait un témoignage de sainteté, et ici, il faillit me faire tomber dans un piège. Je sentais que je devais prêcher dans ce sens, mais je redoutais l'opposition que cela provoquerait. Je craignais de déclarer en public que j'étais sanctifié, de peur de faire plus de mal que de bien; je n'entrevoyais que blâmes et reproches. La gloire qui devait en résulter pour mon âme était cachée à mes yeux. De beaux sermons fleuris, parlant à l'imagination, faisant appel à l'émotion et suggérant aussi quelques pensées habilement dosées pour assurer un harmonieux équilibre à l'ensemble, étaient alors mon idéal. J'hésitais à en venir à ces simples entretiens dépouillés de toute recherche, qui, s'adressant au coeur, saisissent la conscience de l'homme et font de lui un saint, ou alors le transforment en un ennemi aussi implacable que les Pharisiens le furent pour Jésus, ou les Juifs pour Paul. Mais, j'avais promis à Dieu, avant de recevoir la sanctification, que si je faisais cette expérience, je l'annoncerais immédiatement. Je reçus la sanctification un vendredi et je résolus d'en faire le sujet de mon sermon du dimanche suivant. Mais j'étais faible et hésitant. Le samedi matin, cependant, je rencontrai dans la rue un cocher qui avait reçu la bénédiction d'un coeur pur; il en était enthousiasmé. Je lui dis ce que Dieu avait fait pour moi. Il poussa des cris d'allégresse et loua Dieu, disant:
 -Allez, frère Brengle, proclamez-le bien haut. L'Eglise attend cela désespérément.
 Nous traversâmes ensuite Boston Common et les jardins nous entretenant de ce sujet; mon coeur brûlait au dedans de moi comme celui des disciples sur le chemin d'Emmaüs. Dans le fond de mon âme, je liai mon sort à celui de Jésus crucifié, résolu, à prêcher la sainteté, quitte à être banni de la chaire et à devenir la risée de toutes mes connaissances. Alors je me sentis fort.
 Le moyen de devenir fort c'est de disparaître soi-même derrière Jésus.
 Le lendemain, je me mis en route pour mon église et je prêchai, dans la mesure où me la permettait mon expérience de deux jours seulement, sur ce texte:"Tendons à ce qui est parfait" (Hébreux 6:1). Je terminai par le récit de mon expérience; des cœurs furent brisés et des larmes coulèrent. Quelques personnes s'approchèrent ensuite de moi, désireuses elles aussi de faire cette expérience, et –Dieu soit loué! -plusieurs reçurent la bénédiction. Je ne savais pas ce que je faisais ce matin-là, mais le compris dans la suite. J'avais brûlé mes vaisseaux et coupé tout pont derrière moi. Je me trouvais maintenant en pays ennemi, engagé dans une guerre absolue d'extermination de tout péché. Je m'étais déclaré devant le ciel, la terre et l'enfer. Anges, hommes et démons avaient entendu mon témoignage: il s'agissait d'aller de l'avant, ou de reculer ignominieusement à la face d'un ennemi railleur. Je comprends maintenant la divine philosophie qui nous ordonne non seulement de croire à la justice, mais de la confesser de la bouche, afin de parvenir au salut. C est Dieu qui m'a conduit dans ces voies-là; aucun homme ne m'en a instruit.
 Dorénavant, je marchai paisiblement avec Dieu, ne désirant que Sa volonté, et comptant sur Lui pour me garder constamment. J'ignorais s'Il tenait en réserve quelque chose de mieux pour moi; mais avec la grâce de Dieu, je comptais garder ce que j'avais acquis en faisant Sa volonté telle qu'Il me l'avait fait connaître, et en me confiant à Lui de tout mon coeur.
 Cependant, Dieu avait en vue de plus grandes choses encore pour mon âme. Le mardi suivant, alors que je venais de me lever, le coeur plein du désir de m'approcher de Dieu, je lus ces mots de Jésus à Marthe, sœur de Lazare: "Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra quand même il serait mort; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?"Jn. 11:25-26). Le Saint-Esprit, le Consolateur, venait avec ces paroles. A l'instant mon âme se fondit devant le Seigneur, comme la cire au feu, et je reconnus Jésus. Il s'était révélé à moi comme Il l'avait promis, et je L'aimais d'un amour inexprimable. Je pleurai, j'adorai, j'aimai d'un amour sans mesure. J'allai, avant déjeuner, faire une promenade,-pleurant, adorant, aimant. Que fera-t-on au Ciel? Je n'en sais rien. Mais il est certain que nos occupations correspondront à nos capacités et à nos forces de créatures rachetées -quoi qu'il en soit, je sus alors que, s'il m'était accordé d'être prosterné aux pieds de Jésus durant toute l'éternité pour L'aimer et L'adorer, je serais satisfait. Mon âme avait trouvé ce qu'elle cherchait; elle était satisfaite, satisfaite, satisfaite!
Cette expérience décida de mon avenir au point de vue théologique. Dès lors, hommes et démons pourraient aussi bien m'amener à discuter la présence du soleil dans le ciel que l'existence de Dieu, la divinité de Jésus et le pouvoir sanctifiant du Saint-Esprit omnipotent, omniprésent. Que la Bible soit la Parole de Dieu, j'en ai la certitude autant que de ma propre existence; le Ciel et l'enfer sont pour moi des réalités tout comme le jour et la nuit, l'hiver et l'été, le bien et le mal. Je sens la puissance du monde à venir et la félicité du Ciel dans mon âme. Gloire à Dieu!
Plusieurs années se sont écoulées depuis la venue du Consolateur, mais Il continue à habiter en moi. Il n'a pas cessé de me parler. Il a embrasé mon âme qui, semblable au buisson ardent contemplé par Moïse en Horeb, ne s'est point consumée.
 A tous ceux qui désirent faire cette expérience, je dis ceci: "Demandez et l'on vous donnera". Si elle ne vient pas en réponse à la prière, "Cherchez et vous trouverez". Qu'elle tarde encore, "frappez et l'on vous ouvrira". En d'autres termes, cherchez de tout votre coeur jusqu'à ce que vous ayez trouvé, et alors, à l'heure même, là où vous vous trouverez maintenant, vous trouverez Dieu. "Ne sois pas incrédule, mais crois" Jean. 20:27). "Si vous ne croyez pas, vous ne subsisterez pas" (Esaïe 7:9).
Je ne me considère point à l'abri de toute chute. Je sais que je reste debout par la foi et doit veiller et prier de peur d'être induit en tentation et de tomber. Cependant, en considérant la bonté et l'amour merveilleux de Dieu envers moi, Sa tendre miséricorde, je chante comme l'apôtre Jude (v. 2425):
 "Or, à celui qui peut vous préserver de toute chute et vous faire paraître devant sa gloire irrépréhensibles et dans l'allégresse, à Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus-Christ notre Seigneur, soient gloire, majesté, force et puissance, dès avant tous les temps, et maintenant, et dans tous les siècles! Amen!"




VERS  LA SAINTETÉ

"Brengle évite délibérément les fioritures de style et toutes idées abstraites. Ses paroles, très simples, vont droit au but; elles pénètrent l'écorce pour atteindre la plaie secrète. . ."
         -Evangéline Booth
         Ancienne générale de l'Armée du Salut
"Vers la Sainteté, ce livre qui indique une direction, un chemin, sera encore par l'amour dont il est empreint un moyen de grâce et de force pour qui ne peut se contenter d'un christianisme de forme et de demi-mesures."
       -Irène Perron  
        Ancien commissaire général de l'Armée du Salut
"Je voudrais me référer une fois de plus à ce merveilleux petit livre de Brengle- Vers la Sainteté.
Je l'ai distribué par centaines. A ceux qui cherchent la vie spirituelle plus élevée et à ceux qui l'ont déjà trouvée, le livre est comme une grande lumière."
        -Paget Wilkes ancienne missionnaire au japon
SAMUEL LOGAN BRENGLE (1860-1936) a passé cinquante années de sa vie à prêcher le message de la sainteté aux Etats-Unis d'Amérique et en Europe. Vers la Sainteté a été traduit en plusieurs langue

LA MAISON DES PUBLICATIONS NAZARÉENNES
P.O. Box 527, Kansas City, MO 64141, E.U.A.

 Cette nouvelle édition est publiée avec la permission du Quartier Général International de l'Armée du Salut à Londres, détenteur du copyright.
Sauf indication contraire, les citations bibliques renvoient à la version Segond. Les italiques et les parenthèses que l'on rencontrera dans les textes bibliques sont de l'auteur.

Fichier informatique Numérisation et OCR M-C P. Adapté pour 456-Bible.com Yves PETRAKIAN Mars 2007 – France
Copie autorisée pour produit gratuit en indiquant la source:
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