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Étude
Le lien entre Élisée et Élie
Le deuxième livre des Rois traite en grande partie de la vie et du ministère du prophète Élisée. Élisée nous offre sans aucun doute l'illustration et la figure, dans l'Ancien Testament, de l'Église vivant et œuvrant dans la puissance de la résurrection. Nous connaissons le moment où le ministère d'Élie cède la place à celui d'Élisée. Lorsque le Seigneur enleva Élie au ciel dans un char de feu, le lien d'Élisée avec cet enlèvement, cette ascension, résidait dans sa présence sur place, dans le fait qu'il vit son maître enlevé et qu'il avait accompli en lui la demande de recevoir une double portion de l'esprit d'Élie.
Ainsi, Élie devient très clairement une figure de l'ascension du Seigneur Jésus et de la venue du Saint-Esprit sur l'Église, double portion de son Esprit, accomplissant ses propres paroles : « Vous ferez de plus grandes œuvres que celles-ci, parce que je vais au Père » (Jean 14, 12). Ce qui suivit, dans le cas du Seigneur Jésus, fut l'Église, remplie de la plénitude de l'Esprit, poursuivant le ministère du Christ à une échelle bien plus vaste que celle qu'Il avait pu accomplir durant Sa vie terrestre. Sa prière, en ces jours-là, était que le baptême dont Il devait être baptisé s'accomplisse, car Il était venu répandre le feu sur la terre. Cette dispersion ne pouvait avoir lieu avant que le baptême de la Croix ne soit réalisé, et Il aspirait à être affranchi des limitations de la chair. Lorsque ce baptême de passion fut accompli et qu'Il fut élevé dans la gloire, le feu fut répandu sur la terre et Son désir accompli par Son Église ; ses limitations furent levées.
Cela trouve une préfiguration dans les ministères d'Élie et d'Élisée, de sorte que ce qui est introduit avec Élisée est ce qui est introduit avec l'Église : la plénitude par l'Esprit dans la puissance de la résurrection. C'est là que tout commence, avec Élisée intervenant sur le terrain de la résurrection afin de manifester la plénitude du Chef glorifié. Le fait qu'Élisée parle de la puissance de la résurrection et du sens profond de la vie sur ce fondement est amplement confirmé par les événements marquants de sa vie. Si vous les examinez, vous constaterez qu'il s'agit d'abord d'un passage de la mort à la vie ; ensuite, d'un passage de la limitation à la plénitude.
Nous commençons par :
L'eau de Jéricho (2 Rois 2:19-22)
La cruche neuve et le sel. Ainsi, le fruit fut affranchi de la servitude de la mort et de la corruption, et devint vivant, permanent et abondant.
Les trois rois unis (2 Rois 3:1-27)
Paralysés par la soif, menacés de tomber entre les mains de Moab, ils creusèrent des tranchées dans la vallée par la foi. Soudain, sans bruit ni manifestation, des torrents d'eau jaillirent. Puis, ils furent délivrés de la captivité ennemie, des griffes du destructeur. C'est la puissance de la vie ressuscitée dans toute sa plénitude.
L'huile de la veuve (2 Rois 4:1-7)
Le malheur qui frappa la veuve et sa situation désespérée. Les nombreux vases. La plénitude de vie dans l'huile répandue, dont la limitation ne venait pas de Dieu, mais des hommes.
Le fils de la femme (2 Rois 4:8-37)
Donné, repris, ressuscité des morts. Cela témoigne de la puissance de la résurrection et de la plénitude de la vie.
Le potage empoisonné (2 Rois 4:38-41)
Les fils des prophètes, la mort dans le pot, et le fait d'y jeter la farine, de sorte que les éléments mortels furent détruits. La mort se changea en vie, plénitude et satisfaction.
Naaman le Syrien (2 Rois 5)
Naaman le lépreux syrien, son lavage (si l'on veut, son baptême) dans le Jourdain ; tout cela parle de soi-même pour tous ceux qui connaissent la signification du Jourdain, de la mort à la vie, la plénitude de la puissance de sa résurrection.
Le fer de hache détaché (2 Rois 6:1-7)
De nouveau, les fils des prophètes, la construction de leur lieu d'instruction, et l'incident du fer de hache qui se détache, tombe dans l'eau et coule ; le fait de jeter la branche de l'arbre, et le fer qui flotte. Une fois encore, le miracle de la vie triomphant de la mort, et la plénitude de la satisfaction.
La multiplication des pains (2 Rois 4:4, 42-44)
Avec une petite quantité de pain.
Les cavaliers invisibles (2 Rois 6:24-7:20)
Au jour du péril et de la mort imminente.
Les flèches (2 Rois 13:14-19)
Qui étaient les flèches de la délivrance.
La mort d'Élisée (2 Rois 13:20-21)
Et un homme ressuscita en touchant ses ossements.
Ainsi, Élisée, du début à la fin, est une figure éloquente du pouvoir de la résurrection et de ce qu'elle signifie comme plénitude de vie.
Tous ces aspects constituent une facette de la vérité globale. Chacun d'eux porte un message particulier, en lien avec la vérité fondamentale. Nous n'aborderons aucun d'eux en détail dans cette étude. Ces passages ont été examinés dans le seul but de clarifier notre compréhension de la véritable signification d'Élisée et de nous offrir un point de départ pour notre réflexion.
La préparation d'Élisée à sa vocation naturelle
Ce que nous percevons aujourd'hui comme un message pour nous est lié à la phase préliminaire de la vie d'Élisée, avant qu'il n'accomplisse pleinement son ministère. Le Seigneur nous prépare toujours.
La première fois qu'Élisée est mentionné, elle est très significative quant aux critères dont le Seigneur tient compte lorsqu'Il choisit un homme ou une femme pour faire de lui (elle) un instrument de Son témoignage. On trouve ce récit dans 1 Rois 19:19-21 :
« Il partit donc de là et trouva Élisée, fils de Shaphat, qui labourait son champ. Il avait devant lui douze paires de bœufs, et lui-même menait la douzième. Élie s’approcha de lui et jeta son manteau sur lui. Élisée laissa les bœufs et courut après Élie en disant : « Laisse-moi, je te prie, embrasser mon père et ma mère, et ensuite je te suivrai. » Élie lui répondit : « Retourne sur tes pas ; que t’ai-je fait ? » Élisée s’éloigna alors de lui, prit la paire de bœufs, les immola, fit cuire leur chair avec les ustensiles utilisés pour les bœufs et la donna au peuple, qui en mangea. Puis il se leva, suivit Élie et le servit. »
Voici quelques caractéristiques d'une vie que le Seigneur observe, ou a déjà observée, afin de l'harmoniser avec Lui et Son témoignage, pour une pleine expression de Sa grandeur. Les qualités d'Élisée sont celles que le Seigneur recherche chez Ses serviteurs.
Élie trouva un homme dont la méticulosité dans tout ce qu'il entreprenait lui valut une mention dans les annales divines, qui se transmettent à travers les âges. Il labourait avec douze paires de bœufs. Il s'investissait pleinement dans son travail. Il ne gardait rien en réserve dans sa vie quotidienne. Les douze paires de bœufs symbolisent l'accomplissement des tâches avec rigueur ; faire de toutes ses forces ce que l'on entreprend. Les bœufs représentent la force au service des autres, et bien qu'Élisée n'exerçât que sa vocation naturelle, il ne faisait preuve d'aucune tiédeur. Il agissait avec une droiture exemplaire qui ne passe pas inaperçue.
Cela peut paraître simple, mais le Seigneur met Ses serviteurs à l'épreuve afin qu'ils veillent précisément à cette qualité. Nous attendons peut-être le moment de servir le Seigneur de toutes nos forces, et, durant cette attente, nous nous contentons parfois de nous consacrer à nos propres intérêts. On peut l'exprimer de différentes manières, mais il est indéniable que le Seigneur ne vous confiera jamais un ministère visant à manifester la puissance de Sa résurrection, ni à vous rendre particulièrement précieux à Ses yeux par votre témoignage, s'Il a constaté de la paresse dans les activités quotidiennes, s'Il a perçu la moindre trace de tiédeur dans d'autres domaines. Attendre ce que nous appelons notre mission de vie comporte un péril immense. Cette attente doit être constructive, et durant ce temps, nous devons nous investir pleinement dans ce qui nous attend.
Ceci est un avertissement, un avertissement que nous sommes contraints de donner. Ce n'est pas le genre de chose que nous aimons dire, et pourtant c'est un avertissement que ceux d'entre nous qui ont eu le temps d'observer la préparation de nombreuses vies pour l'œuvre du Seigneur estiment nécessaire, avant que le Seigneur ne vienne et ne dise : « Le moment est venu pour toi de te lancer dans ce à quoi je t’ai préparé », est souvent marqué par un manque d'abandon total à la vocation ordinaire et naturelle ; les choses que nous appelons « naturelles » sont reléguées au second plan par rapport au spirituel, considérées comme moins importantes et ne nécessitant donc beaucoup moins de diligence.
Il n'est pas nécessaire d'insister, mais il est essentiel que chacun d'entre nous y prête une attention particulière. Le Seigneur observe attentivement les vocations ordinaires de la vie, même celles qui nous semblent dénuées de grande valeur spirituelle, afin de voir si nous y sommes diligents. N'oublions pas ses propres paroles : « Celui qui est fidèle dans les petites choses recevra beaucoup. » C'est une loi. Et la fidélité dans les petites choses est une condition nécessaire à l'accroissement.
Par ailleurs, lorsque le Seigneur voit un homme comme Élisée consacrer toute son énergie et toutes ses ressources à sa vocation ordinaire, et s'y investir pleinement, il le marque de Son attention. Le moment viendra où cette vie sera associée au Seigneur dans une mission qui Lui sera particulièrement précieuse.
On le constate dès la première phase, avant même qu'Élisée n'ait songé à un ministère prophétique. Il n'était pas comme un fils de prophète se préparant à son ministère. Rien ne laissait présager qu'il deviendrait prophète. Nous ignorons s'il avait une telle idée. Ce que nous savons, c'est qu'il travaillait à la ferme, qu'il s'y consacrait de toutes ses forces et que le Seigneur en a tenu compte. Avant même qu'il ne songe à ce que beaucoup appelleraient un travail spirituel, Dieu voyait en cet homme quelqu'un qui irait loin avec Lui.
On pourrait dire que c'est se fier à l'apparence. Or, le Seigneur tient compte de l'esprit des hommes, et même si l'on peut se tromper souvent dans ses méthodes, le Seigneur regarde au cœur. Pensons à Paul lui-même. Il était certainement très aveugle et s'est beaucoup trompé dans sa démarche, mais il s'y est investi de toutes ses forces, et il ne fait aucun doute qu'il a agi de tout son être. Nous ne devons pas dire que le Seigneur n'en a pas tenu compte. Le Seigneur préfère un homme ou une femme qui se trompe de toutes ses forces à un homme ou une femme qui ne se trompe jamais par peur d'agir. Le Seigneur tient compte de la diligence, du dévouement et de l'engagement total, quel que soit le domaine. Lorsqu'il choisit des hommes et des femmes ainsi, il peut avoir de profondes et puissantes leçons à leur enseigner, car Il sait qu'Il a trouvé un instrument qui Lui conviendra et qui Le suivra.
C'est une parole simple, presque une homélie, mais elle est importante. Nous ne devons jamais attendre que le Seigneur nous dise : « Monte plus haut », avant de nous être donnés entièrement, là où nous sommes. Nous nous réjouissons qu'il existe des hommes et des femmes comme Élisée, qui s'investissent dans les tâches humbles, les choses ordinaires, celles que l'on ne qualifierait pas de service spirituel, jusqu'à ce que le Seigneur dise que c'est suffisant. C'est la préparation, et souvenons-nous que le Seigneur est attentif !
Tout ce qui relève de l'Esprit
Après cette première intuition, Élisée fut appelé. Élie jeta son manteau sur lui ; Élisée sembla alors se rétracter, comme s'il rejoignait ceux du Nouveau Testament qui dirent : « Laissez-moi d'abord aller faire mes adieux à ceux qui sont chez moi » ; « Laissez-moi d'abord aller enterrer mon père » ; et ainsi de suite. Mais il y a un fait : quelque chose de plus profond s'était inscrit en Élisée, l'empêchant d'accomplir ce qu'il avait envisagé. Nous ne lisons aucun adieu tel qu'il l'avait suggéré à Élie ; mais nous lisons qu'il alla régler tous ses comptes. Il rompit les liens, fit le ménage sur-le-champ, distribua le fruit de son travail et suivit Élie. Encore une preuve de sa rigueur.
Voici un homme qui ne se dit pas : « Au cas où les choses tourneraient mal et que je ne réussisse pas dans mon nouveau domaine, il vaut mieux que je garde ces bœufs en vie pour pouvoir revenir à mes occupations ! » Cette idée l'a profondément touché ; il sait que l'heure est venue ; il sait que Dieu l'a interpellé ; au plus profond de son être, quelque chose le retient prisonnier, et il ne trouve aucune issue ; alors, il fait table rase du passé et suit cet appel intérieur.
L'essentiel est que ce n'est pas l'appel d'Élie qui a tout déclenché. Fort de la seule parole d'Élie, Élisée aurait pu se retourner, c'est-à-dire envisager de partir et de faire ses adieux ; mais il y avait quelque chose de plus profond que la parole et l'appel d'Élie. Quelque chose de Dieu avait pénétré son être intérieur, balayant tout ce qui était purement sentimental ou terrestre, et le poussant à un profond renoncement, à se consacrer au Seigneur. Il est important d'entendre une voix plus profonde que celle des hommes lorsque nous nous engageons dans l'œuvre du Seigneur. Nous pouvons recevoir plus qu'un simple appel extérieur. Nous pouvons être sollicités de toutes parts, recevoir de fortes incitations lors de réunions organisées à cet effet, pour recruter des ouvriers. Nous pouvons être appelés de l'extérieur. Nous pouvons ressentir cette incitation. On peut même nous dire que nous devrions le faire, que Dieu nous a réellement appelés. Mais cela ne suffit jamais. Ce que nous devons savoir, c'est que Dieu a parlé plus profondément que n'importe quel appel extérieur. Nous devons savoir que Dieu a agi, et il est hors de question pour nous de conserver nos anciennes relations, nos anciennes fréquentations, nos anciens intérêts. Ce défi plus profond a tout réglé, et la seule chose que nous puissions faire est de rompre complètement avec lui et de partir avec le Seigneur.
Encore une fois, cela paraît élémentaire, mais c'est fondamental. Beaucoup se lancent sous l'impulsion d'un appel ou d'une incitation humaine, et c'est toujours très dangereux. Il est très dangereux de s'immiscer dans la vie des gens et de leur dicter leur conduite, la volonté de Dieu, leur vocation. Laissons-les entre les mains du Seigneur et gardons-les pour nous. Fuyons-les plutôt que de tenter de façonner leur destin. Si Dieu ne parle pas, nos tentatives d'influence ne feront que semer le chaos. Et nous ne devons jamais nous laisser influencer, si ce n'est par la Parole du Seigneur inscrite dans notre cœur. Quelqu'un peut parler, et par cette personne, la parole du Seigneur peut résonner en nous comme une flèche ; mais il nous faut cet élément supplémentaire pour en être certains. Quand nous le possédons, nous le savons : Dieu a parlé, et tout est transformé.
Il est intéressant de constater qu'on n'entend plus parler d'Élisée après ce jour, jusqu'à la fin du ministère d'Élie. Il en est ainsi. Dans 2 Rois 2, Élisée apparaît en lien avec l'enlèvement de son maître, Élie. Ce chapitre mentionne trois éléments qui interviennent dans cette étape préliminaire de la préparation de ce vase qu'est le témoignage.
1. L'épreuve de la foi et de la persévérance
Le premier point abordé est l'épreuve de foi et de persévérance d'Élisée après avoir reçu la confirmation de sa vocation. On retrouve dans cette histoire bien connue comment Élie, d'une part, semblait vouloir se débarrasser d'Élisée : « Restez ici… Restez ici… Restez ici… ». À chaque insistance d'Élie, Élisée répondait : « Aussi vrai que l'Éternel est vivant et que tu es vivant, je ne te quitterai pas.» D'autre part, les fils des prophètes, partout où ils allaient, disaient : « Sais-tu que l'Éternel enlèvera aujourd'hui ton maître de ta tête ? », cherchant à le décourager, à le dissuader. Il n'y a rien d'encourageant dans cette répétition. Élisée dit : « Oui, je le sais ; taisez-vous ; cela m'est égal, j'irai jusqu'au bout, j'irai jusqu'au bout ; il se peut que le Seigneur veuille le rappeler à lui, mais je serai là quand cela arrivera. » Ainsi, quelles que soient les raisons des efforts répétés d'Élie pour le retenir, il ne put influencer cet homme d'aucune manière, il ne put s'en débarrasser. Élisée faisait preuve de foi, avec une persévérance et une endurance qui caractérisent ce chapitre.
Dans quel contexte sa foi est-elle mise à l'épreuve, et dans quel contexte sa persévérance est-elle testée ? Eh bien, Élie est ce dont il a besoin ! Cela relève de ce que certains ressentent lorsqu'ils se découragent, lorsqu'ils se laissent abattre et disent : « Ces paroles sont dures, qui peut les entendre ? » « Dès lors, plusieurs de ses disciples s'en allèrent et ne le suivirent plus. » Ils se découragent plus ou moins facilement et s'en vont ; Alors le Seigneur se tourna vers les douze et leur dit : « Voulez-vous aussi vous en aller ? » Simon Pierre répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » Le Maître est ce dont on a besoin, et il n'est pas question de s'éloigner, de se décourager, mais de persévérer avec Lui, car Il possède l'essentiel de cette vie. Élisée savait qu'Élie avait ce qu'il lui fallait pour sa vie, pour son ministère ; et quand Élie dit : « Demande-moi ce que je te donnerai », Élisée répondit : « Une double portion de ton esprit. » Élie répliqua : « Tu demandes une chose difficile ; néanmoins, si tu me vois quand je serai enlevé d'auprès de toi, il t'en sera ainsi. » Élisée savait qu'Élie possédait l'essentiel, et c'est pourquoi il ne se laissa pas décourager. Bien qu'il semblât qu'Élie cherchât à se débarrasser de lui, l'autre refusait de partir ; il s'accrochait à lui pour la vie. Et sa foi et sa persévérance étaient mises à l'épreuve.
Cela fait partie de la préparation d'Élisée, et de celle de tous les véritables instruments du Seigneur. Ils traverseront des épreuves où leur endurance sera mise à rude épreuve, au point qu'il semblera même que le Seigneur cherche à les abandonner. C'est une façon crue de le dire, mais il est fréquent – si on le souhaite – de se décourager, de penser que le Seigneur ne nous veut pas, que malgré un appel, il n'ira pas jusqu'au bout. On a plutôt l'impression d'être sans cesse repoussé. Êtes-vous capable de vous décourager ? Êtes-vous capable de vous abandonner ? Votre foi est-elle fragile ? Si tel est le cas, vous n'êtes d'aucune utilité. Si vous voulez être un instrument du témoignage de la puissance de Sa résurrection, vous rencontrerez de nombreuses épreuves qui tenteront de vous mettre hors de combat, si tant est que vous puissiez l'être. Il est très nécessaire d'avoir, avant de commencer, une certaine réputation qui prouve que vous n'êtes pas quelqu'un qui se décourage facilement.
Élisée passe l'épreuve ; d'une part, son propre maître est à l'origine de cette épreuve, et d'autre part, ceux qui occupaient une position spirituelle : les fils des prophètes. Ceux-ci étaient censés être des personnes dotées de connaissances spirituelles, mais ils étaient tout sauf encourageants, et constituaient plutôt des facteurs décourageants. Très souvent, ceux qui devraient, en raison de leur position spirituelle, être d'une grande aide, sont tout sauf encourageants ; ils nous font reculer. Tout ce qui nous reste, c'est : « Le Seigneur m'a appelé ; je le sais dans mon cœur. Le Seigneur m'a conduit sur cette voie. Le Seigneur m'a poussé à faire ce pas que j'ai fait. J'ai brûlé mes ponts ; j'ai coupé tous mes liens ; je me suis engagé envers le Seigneur. Maintenant, bien que j'aie fait cela, le Seigneur me met à l'épreuve, semblant me donner très peu de confirmation et d'encouragement, et les représentants (officiels) du Seigneur ne m'aident en rien. Néanmoins, je m'y tiens, je continue avec Dieu. » Un homme ou une femme qui peut continuer ainsi comptera pour Dieu. Élisée n'avait rien d'autre sur quoi s'appuyer que sa connaissance intérieure du Seigneur. Il a persévéré grâce à cela.
Il est réconfortant de recevoir des encouragements de toutes parts sur le chemin de notre vocation ; lorsque le Seigneur intervient et la confirme de multiples façons. Alors, tous, et tout le reste, disent : « Nous sommes avec toi ; nous te soutiendrons ; nous te défendrons. » Nous pouvons ainsi très bien avancer. Mais si le Seigneur ne nous accorde aucune grâce particulière, aucun acte souverain ; s'Il se cache, de sorte que ce que nous percevons est plutôt un découragement, même de Sa part ; l'une des choses les plus difficiles est cette dissimulation du Seigneur. Il est là. Il est avec nous. Il agit, et pourtant, rien de ce que notre nature humaine peut saisir ne nous est étranger ; nous ne pourrions jamais raconter avec quelle grâce et quelle maestria le Seigneur a tout accompli, sans rien nous laisser à notre charge. Il s'agit d'une question de foi : persévérer avec Dieu, même lorsque le Seigneur semble Se cacher et laisser planer le découragement à l'horizon. Et alors, personne d'autre ne peut nous soutenir. Tous ceux vers qui nous pourrions nous tourner, ceux dont nous pourrions attendre quelque chose, ne nous sont d'aucune utilité. Tout ce qu'ils ont à dire est mélancolique : « Sais-tu que le Seigneur va enlever ton maître de ta tête aujourd'hui ? » Élisée semble s'impatienter. On aurait pu dire : « Vous êtes une foule morose, et je préférerais que vous vous taisiez si vous n'avez rien de mieux à dire ! » Ils ne sont absolument pas inspirants. Et c'est très souvent ainsi que nous trouvons les personnes auprès desquelles nous cherchons du réconfort. Elles voient les difficultés, elles voient le côté sombre des choses, elles nous disent dans quoi nous fonçons tête baissée, les calamités qui vont nous frapper. La question est : persévérerez-vous avec Dieu ? Élisée persévéra. Le récit est : « Ils persévérèrent tous deux. » Il y a là quelque chose qui mène à un lieu important, ce qui a une grande signification pour le Seigneur.
2. Découvrir le secret de la puissance d'en haut
Une autre leçon qu'Élisée dut apprendre fut que, bien qu'il fût un homme énergique, se donnant corps et âme et dépensant naturellement toutes ses forces dans son travail, sa puissance venait d'en haut. Ce que nous avons dit à propos d'un homme diligent et zélé, qui met toute son énergie dans ses entreprises, ne contredit en rien le fait que même un tel homme doit apprendre, avant de pouvoir pleinement servir son âme, que la puissance nécessaire ne réside pas en lui-même, mais en haut. Le Seigneur peut tenir compte de cet homme auparavant, mais, tout comme Paul, malgré tout son zèle et toute son ardeur, il dut parvenir à ce que toute sa force soit puisée d'en haut et non en lui-même. Élisée dut apprendre que la puissance d'en haut, l'Esprit envoyé, était le secret de la force. C'est seulement ainsi que nous serons des témoignages vivants. C'est seulement ainsi que nous serons des instruments d'un tel témoignage, à l'image du sien.
Nous ne parlons pas ici de l'œuvre chrétienne en général ; nous parlons du témoignage que le Seigneur porte en nous, et ce témoignage est l'expression de la puissance de Sa résurrection au plus profond de notre être. Pour cela, il faut parvenir à la certitude absolue que notre force ne réside pas en nous-mêmes, mais en Celui qui est au-dessus de nous. C'est Celui qui est monté à la droite de Dieu qui est la source de notre force, le jaillissement de notre énergie ; car Il vit, nous vivons ; par Sa puissance, et par Sa puissance seule, nous vivons et agissons. C'est le Seigneur dans Sa gloire qui est notre énergie. Élisée l'a appris par préfiguration. Pour l'avenir, ce fut l'Esprit d'en haut, l'esprit de son maître glorifié. Nous devons l'apprendre de manière toujours plus profonde.
3. Ses origines dans le Jourdain
Finalement, il devait revenir au lieu de ses origines, au Jourdain. La dernière étape de son voyage avec Élie, et la première de son cheminement sous l'Esprit, se déroulait au Jourdain. Il le traversa avec Élie dans la mort ; il revint par le Jourdain, fort de la puissance de la résurrection. Les fils des prophètes, cinquante hommes, observaient, et lorsqu'ils le virent revenir de l'autre côté du Jourdain, ils dirent : « L'esprit d'Élie repose sur Élisée. » Ses origines, ses racines, étaient au Jourdain. Nous savons qu'il faut un enracinement dans la Croix du Seigneur Jésus, la vie prenant son commencement même dans la mort et la résurrection du Christ, vécues par expérience. Il faut qu'un tel instrument de Dieu vive une expérience qui marque une fois pour toutes que cette vie, dans ses joies et ses peines, toutes ses énergies, même consacrées à l'œuvre de Dieu, sont achevées, en ce qui le concerne. Même dans les activités chrétiennes, les intérêts religieux et le dévouement au service, cette vie a pris fin, et rien n'est possible sans la puissance de Sa résurrection. Affirmer cela est une chose, le considérer comme un enseignement en est une autre, mais le savoir et l'intégrer profondément en soi, chaque fois que l'on cherche à se rapprocher du Seigneur, en est une autre encore ; savoir que chaque jour de sa vie, pour ce qui concerne les intérêts du Seigneur, on puise tout en Lui. Tout dépend de la puissance de Sa résurrection ; il n'y a rien d'autre. Que cela soit établi, inscrit, affirmé une fois pour toutes, pour l'éternité, n'est possible que par la puissance de Sa résurrection. C'est une mort profonde, une immersion totale, mais qui rend possible un témoignage merveilleux de Sa vie ressuscitée. C'est l'ouverture de la porte à la connaissance immense et toujours croissante de Lui dans la vie de résurrection.
Le Calvaire ferme la porte à l'homme par nature, mais il l'ouvre à celui qui connaît le Seigneur par la puissance de Sa résurrection. Élisée est revenu au lieu de ses origines, au Jourdain, où tout son avenir a pris naissance. Nous devons, vous et moi, apprendre à être des instruments de ce témoignage, à Le connaître dans la vie de la résurrection.
Voilà la préparation. Si tous ceux qui se sont engagés au service du Seigneur l'avaient fait sur cette base, l'histoire aurait été bien différente. Nous ne pouvons nous sentir responsables de ceux qui ne l'ont pas fait, mais nous pouvons reconnaître cette vérité et, pour ce qui nous concerne, demander au Seigneur de la réaliser en nous. C'est une mort profonde ! C'est une fin, mais c'est aussi un commencement. Ce qui nous attend, c'est le témoignage de ce que nous sommes – et non d'abord de ce que nous disons – devant Lui dans la vie de la résurrection. Si tel est notre destin, c'est que nous avons renoncé à toute connaissance et à toute vie qui ne soit pas cela, à notre union avec Lui dans Sa Croix. Voilà la préparation. Voilà l'équipement. C'est par là que le Seigneur commence avec Ses instruments pour la plénitude de Son témoignage.
Conformément au souhait de T. Austin-Sparks que ce qui a été reçu gratuitement soit donné gratuitement et non vendu dans un but lucratif, et que ses messages soient reproduits mot pour mot, nous vous demandons, si vous choisissez de partager ces messages avec d'autres, de respecter ses souhaits et les offrir librement - sans aucune modification, sans aucun frais (à l'exception des frais de distribution nécessaires) et avec cette déclaration incluse.
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