jeudi 7 juillet 2016

La nouvelle naissance T. Austin-Sparks (le livre complet)

Chapitre Premier
Lecture : Jean 3 :1-9
                   Dès que nous ouvrons le troisième chapitre de l'évangile selon Jean, nous nous trouvons en présence de quelque chose qui demande toute notre considération : Les grandes vérités et leur lois.


Toute Vérité Divine est Gouvernée par une Loi


                 Il est très important que nous nous rappelions toujours que toute vérité divine est liée à ses lois, et qu'elle ne peut être appropriée que par l'obéissance à ces lois. J'aimerais que nous nous arrêtions pour donner à l'importance capitale de ce fait toute l'attention qui lui est due.


Trois Points à Noter au Sujet de ces Lois
1. Dieu les maintient 
                    Il y a trois choses qui doivent être relevées et qui font partie de cette affirmation générale. La première, c'est que Dieu maintient ces lois, et qu'Il veille Lui-même à ce qu'elles gouvernent chaque mouvement vers une vérité nouvelle, bien qu'elles puissent ne pas être toujours comprises aussitôt. En d'autres termes, nous n'entrons de manière vivante dans une vérité que par l'obéissance aux lois qui la gouvernent ou qui lui sont fondamentales. Dieu veille à cela. Les expériences par lesquelles nous passons pour entrer dans une vérité sont les moyens dont Dieu se sert pour établir les lois relatives à cette vérité. Nous ne comprenons pas toujours ce que Dieu fait, ni pourquoi Il nous conduit ou nous traite comme Il le fait; Il agit avec nous de manière à nous faire non seulement entrer dans la vérité, mais à nous y faire entrer selon les lois qui gouvernent cette vérité.

                Nous ne comprenons pas toujours ces lois au moment où elles s'accomplissent; mais jamais Dieu ne les met de côté; jamais ne les néglige; jamais Il ne permet que nous entrions de façon vivante dans la vérité en dehors d'elles.
2. Le danger d'une vérité saisie sans ses lois
           Le second point, c'est que la vérité, lorsqu'elle est saisie sans que sa loi s'accomplisse (ce qui est une chose tout à fait possible), conduit à un état instable, à une fausse position, et qu'elle agit alors contre ceux qui l'ont saisie plutôt que pour eux. Ou bien ceux-ci devront être brisés pour être amenés spirituellement en accord et en conformité avec la vérité, ou bien ils devront l'abandonner. (J'aimerais être certain que vous compreniez bien ce que je veux dire; vous me permettrez donc de me répéter). Voici, en d'autres termes, ce que je viens de dire. Il est possible de saisir une vérité sans se conformer aux lois divines qui la gouvernent ; or prendre, ou saisir, ou tenir la vérité sans se conformer à ses lois essentielles, c'est se mettre dans une fausse position. Nous avons accédé par quelque autre moyen, nous ne sommes pas entrés par la porte. Nous pensons être dans la vérité parce que nous l'avons saisie, mais nous y sommes sur une base entièrement fausse. Nous ne sommes pas arrivés à la vérité par la porte, qui est la vie; nous avons reçu la vérité par quelque autre voie, par quelque autre moyen, et sans avoir la vie. Nous sommes dans une fausse position. Nous avons reçu la vérité sans la vie ; c'est pourquoi nous sommes instables, et c'est pourquoi la vérité agira contre nous. Nous verrons qu'elle ne nous soutient pas, mais qu'elle nous renverse plutôt, et il arrivera pour finir, ou bien que nous serons brisés pour être ajustés à cette vérité, puisque nous sommes entrés en elle, ou bien que nous l'abandonnerons comme une chose qui n'a pas de valeur pour nous. Nous la laisserons en déclarant qu'elle ne tient pas.
3. La compréhension peut venir après l’expérience
                     Le troisième point. Il est possible d'avoir une expérience pure et véritable de la vérité, sans avoir en même temps une pleine compréhension de ses lois, bien entendu si notre esprit est pur et notre cœur honnête. Il y en a beaucoup qui vivent dans la bénédiction d'une vérité qu'ils ne comprennent pas, qui vivent dans l'expérience d'une vérité qu'ils ne pourraient jamais définir. Ils ne pourraient jamais expliquer les lois qui gouvernent leur bénédiction et leur expérience, et ils ont cependant une véritable et pure expérience de la vérité. Mais le Seigneur ne s'arrêtera pas là; Sa volonté est de nous amener tous à une conception intelligente de la vérité. Quelque chose est ajouté par la compréhension, quelque chose est ajouté à la jouissance, à l'appréciation et à la puissance, pour ceux qui ont fait une expérience; et quelque chose aussi est ajouté pour le Seigneur, car Il aura un instrument plus utile pour la cause de la vérité. C'est d'un côté un grand jour pour nous, lorsque notre expérience nous est expliquée et que nous pouvons dire : « J'ai possédé cela, mais ne l'avais jamais compris; et maintenant je comprends tout ce que cela signifie ». Il y a eu quelque chose d’ajouter. Et c'est aussi un grand jour pour le Seigneur, lorsque Ses enfants non seulement jouissent d'une expérience, mais qu'ils ont la compréhension qui leur permettra de servir d'une manière intelligente. La doctrine dans le Nouveau Testament généralement suit l'histoire, une histoire produite par certaines vérités. Certaines vérités ont été proclamées; ces vérités ont été saisies, acceptées par la foi, et l'histoire a commencé. Si vous désirez remplacer le mot « histoire » par « expérience », vous pouvez le faire; mais le mot « expérience » a un sens personnel, tandis que « histoire » a un sens plus général. Je me transporte dans le domaine du Livre des Actes, avec les mouvements, les développements, les marches et les arrêts. 

                  Toute cette histoire était le résultat de certains faits qui avaient été saisis par la foi. Une histoire avait été causée par ces vérités. Mais l'histoire n'est pas une fin; la doctrine viendra ensuite pour expliquer l'histoire. Les Actes ont précédé les Épîtres. Les Épîtres ont été écrites pour expliquer l'expérience, l'histoire. Quelle est la signification de ceci, de cela et encore de cette autre chose ? La réponse est donnée dans la doctrine.  

                   Cela n'est cependant pas une simple question de technique. C'est quelque chose d'une importance très grande, et qui nous conduit tout naturellement à des exemples concrets. J'aimerais que nous voyions bien l'ordre des choses. La vérité, tout en n'étant pas comprise dans toute sa plénitude, mais considérée cependant comme une vérité et saisie par la foi, dans un esprit pur et un cœur honnête, a produit une histoire; le Seigneur cependant ne veut pas qu'elle s'arrête là, et Il donne plus tard une grande révélation qui est devenue un enseignement, ou la doctrine de cette histoire. Ce n'est pas sur la base d'une doctrine systématique et d'ordre religieux que, dans le Livre des Actes, l'Église se développa, agit, marcha et s'arrêta. Elle se développa spontanément ; mais nous avons ensuite l'explication de cette histoire et nous avons un ordre spirituel de la doctrine de l'Église, un ordre né de l'histoire, d'une histoire produite par des vérités acceptées par la foi et dans un esprit pur. Si cet ordre avait toujours été maintenu, nous aurions aujourd'hui une situation très différente de celle qui existe. Nous commençons par un système ecclésiastique et de politique d'Église, et nous tentons de l'appliquer pour en faire ressortir la vie. L'ordre du Nouveau Testament est juste l'opposé : c’est la vie, l’histoire et, plus tard, l’explication. 

                 Il ne suffit pas de dire: « Nous avons l'expérience, la doctrine importe peu ». Beaucoup parlent ainsi. Mais c'est annoncer une expérience plutôt que la vérité, ce qui est toujours une chose dangereuse, et c'est faire d'une expérience quelque chose qui, pour l'auditeur, n'a pas de fondement dans la Parole de Dieu. « Arrivez à notre expérience! » Cela peut être un danger terrible. Lorsque Pierre déclara ce qui est écrit par lui dans sa première lettre : « Soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et crainte, à quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous.», il employa, pour le mot «raison » qui est le mot « logos » ; ce que Pierre dit effectivement était ceci: « Soyez prêts à rendre compte de manière intelligente, à faire un exposé clair, un développement logique de l'espérance qui est en vous ». C'est un don de pouvoir faire un exposé logique, un développement, une présentation, de rendre compte de ce qui est en nous.  

                    Je pense que cela suffit pour approcher cette question des grandes vérités et de leurs lois. Nous pouvons maintenant passer à la considération de la première de ces grandes vérités et de ses lois, que nous trouvons dans l'évangile selon Jean. « Si quelqu'un n'est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. », Jean 3 :3


La première grande vérité : le Royaume de Dieu.


                   Au chapitre troisième de l'évangile selon Jean, la vérité est annoncée dans les versets trois et cinq :

                   « Si quelqu’un n’est né de nouveau (d'en haut), il ne peut voir le royaume de Dieu. »
                    « Si quelqu’un n’est né d'eau et d'esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. »


                 Nous devons nous rappeler qu'il y a ici une grande doctrine : le Royaume de Dieu. C'était quelque chose qui devait être annoncé. C'était un objet qui devait être présenté. C'était quelque chose qui devait prendre possession des intérêts et des désirs des hommes. C'est pourquoi, si étrange que cela puisse paraître, – et peut-être serez-vous étonnés de l’entendre – naître de nouveau n'est pas la première chose. C'est le Royaume de Dieu qui est la première chose. Vous n'aurez aucun intérêt à naître de nouveau, si vous n'avez pas d'intérêt pour le Royaume de Dieu. Il faut avant tout que vous soyez mis en présence du Royaume de Dieu, pour être amené à la place où vous serez préoccupé par la nécessité de naître de nouveau; il faut que le Royaume vous intéresse. Les disciples et les apôtres prêchaient donc le Royaume de Dieu, terme synonyme, pris dans un sens général, du Royaume des Cieux, ce sont des expressions qui se succèdent alternativement pour désigner une seule et même chose. Ils devaient prêcher le Royaume de Dieu, ou le Royaume des Cieux. Ce fut ce que Paul lui-même prêcha jusqu'à la fin de son emprisonnement à Rome, nous est-il dit au chapitre vingt-huit du livre des Actes. 


                 Qu'est-ce donc que le Royaume de Dieu ? Ce n'est pas simplement un royaume, mais un état. Ce n'est pas simplement un ordre de choses extérieures, mais un état de vie intérieure :

« Car le royaume de Dieu n'est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l'Esprit Saint. » (Romains 14 :17)

« Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à attirer l'attention. ( Luc 17 :20) 


               Ce n'est pas un système qui est imposé premièrement du dehors, mais c'est quelque chose dont la nature est céleste et de Dieu. Si c'est un royaume, et c'en est un, c'est un royaume qui est obtenu par un certain état; et avant d'entrer dans le royaume, il faut entrer dans l'état. Le Royaume de Dieu est ce qui, par nature, appartient à Dieu; c'est, en un mot, la nature de Dieu, la ressemblance de Dieu, le résumé de ce qui est divin ; c'est le Royaume de Dieu. Rien de ce qui n'est pas de Dieu ne peut entrer dans ce Royaume. Cela est une déclaration très vaste et très absolue. Nous y reviendrons dans un instant. Ces quelques mots sont simplement pour dire ce qu'il est et ce qu'il n'est pas.
 

La loi du Royaume de Dieu


                Deuxièmement, quelle est sa loi ? Sa loi, c'est la naissance d'en haut. « Si quelqu’un n’est né... » - « gennethei » signifie « conçu d'en haut ». C'est quelque chose de plus absolu que notre conception de la naissance. Pour nous la naissance est la consommation d'un processus. Ceci n'est pas la consommation d'un processus, c'est l'acte originel. Le même mot est traduit quelquefois par « engendré ». Produit d'en haut. Nous nous trouvons donc à cet égard en présence de trois choses. Premièrement, la différence fondamentale ; deuxièmement, l'essence ; et troisièmement, la base. 


La Nouvelle Naissance : Une Différence Fondamentale 

Premièrement, la différence fondamentale :                   

« Ce qui est né de la chair est chair; et ce qui est né de l'Esprit est esprit. », Jean 3 :6 Je désire mettre l'accent sur ce que j'ai appelé ailleurs « l'autre nature » de la nouvelle naissance. Cette « autre nature» est, en l'enfant de Dieu, la plus grande réalité, à travers toute son expérience. C'est avant tout une « autre nature », quant à l'existence, c'est-à-dire à l'entité. C'est quelque chose qui est étroitement lié à nous, et qui est cependant entièrement distinct de nous. Il y a de nos jours une maladie dont souffrent beaucoup de gens et que l'on appelle neurasthénie. L'un des traits de cette maladie, c'est la conscience de personnalités secondaires, c'est-à-dire que sans cesse le malade est conscient de quelque présence étrange et invisible, ordinairement mauvaise et sombre, qui se tient tout près de lui, le suit, l'obsède, l'influence, qui quelquefois s'insinue et inspire, quelque chose de très réel et de terrible. A mesure que cette maladie se développe et progresse, cette personnalité secondaire semble de plus en plus devenir celle du malade même; et celui qui a eu des habitudes religieuses va souvent jusqu'à accepter l'idée d'une possession satanique et à croire qu'il est, en réalité, un démon incarné. Je me sers de cet exemple comme d'une illustration; je sais que c'est présenter la chose du mauvais côté et sur un niveau très bas. Mais il y a dans la nouvelle naissance cette « autre nature » qui n'est pas nous, tout en étant étroitement liée à nous, et qui est d'en haut ; cela est la plus grande réalité pour le vrai enfant de Dieu, et ceci durera jusqu'au bout. Par nature, je suis une chose, mais ceci en est une autre. Je voudrais aller d'un côté, mais ma nouvelle nature ne veut pas y aller. Je voudrais dire une certaine chose, mais elle n’y consent pas et retient cette parole. Je voudrais suivre une certaine voie, mais cette nouvelle nature m'avertit qu'Il ne l'approuve pas. C'est une chose très difficile à définir et à expliquer, mais c'est une chose très réelle. Cette « autre nature » est pour nous la base et l'espérance de tout. 

                 *Le premier point est donc la distinction de nature. C'est nous, et cependant ce n'est pas nous; nous savons que très souvent ces deux natures agissent en nous séparément, et qu'elles ne sont pas d'accord. J'ai trouvé un jour une expression technique pour essayer de décrire cela, ne nous troublons pas si nous ne pouvons pas en saisir le sens, et je l'ai appelé le subjectif objectif. C'est quelque chose qui est en moi et qui est cependant distinct, différent de moi par nature. Vous voyez l'importance de ce terme technique même. 

               (J'aimerais dire ici que je ne cherche pas à présenter une quantité de choses techniques. Ce que je désire, c'est parvenir à la racine des choses avec vous. Je ne pense jamais à une chose en dehors des limites de sa valeur pratique, et je ne cherche à arriver à la valeur pratique des choses que pour le peuple du Seigneur. Ne pensez pas à ceci comme à des idées que j'aurais recueillies et que je cherche à vous transmettre. Ce que je désire, c'est que nous arrivions à leur valeur réelle). 

             * Deuxièmement, c'est une essence qui est absolument différente de nous, non seulement par son existence et par son entité, mais par sa constitution, par sa nature, par son apparence; elle est constituée différemment. 

              Cette différence de constitution est si complète et si radicale qu'elle contredit très souvent nos idées, nos pensées et nos jugements les meilleurs et les plus élevés. 

            Les diverses nationalités ont des conceptions diverses. Lorsque des personnes d'autres nationalités viennent dans notre pays ou que nous allons dans leurs pays, nous découvrons qu'elles font des choses auxquelles nous n'aurions jamais songé, et que nous faisons des choses qu'elles n'auraient jamais faites; les choses accomplies représentent une conception et un idéal absolument différents.


               Nous dirions: « Cela ne se fait pas chez nous ; faire cela dans notre pays, ce serait donner lieu à quelque scandale; il n'en est pas de même chez vous, où c'est chose sont acceptée ». 

                Ils parleraient peut-être de même au sujet de beaucoup de choses admises chez nous. Prenons par exemple la question de la langue; les mêmes mots peuvent signifier dans des pays divers des choses entièrement différentes. Nous avons en Angleterre une haute opinion de notre mot délicieux « homely » (confortable, intime, hospitalier). 

                 Si vous employez ce mot en Amérique en parlant de certaines choses, vous vous attirerez des regards sévères. Nous pensons faire le plus grand des compliments à une dame en Angleterre en disant qu'elle est « homely » (femme d'intérieur, hospitalière). Parler ainsi d'une femme en Amérique, cela signifiera qu'elle est très simple et même vulgaire. Il y a là une différence totale de conception.

              C'est dans ce sens-là que cette « autre nature » est différente de notre conception, de nos idées, de nos jugements, de notre idéal; ce qu'il y a de plus élevé, de meilleur en nous, est souvent accusé par cette « autre nature ». C'est une « Autre Nature » par sa constitution. Pour exprimer cela en un mot, Dieu est différent de nous, si bons que nous soyons. Une rupture s'est produite, et l'on ne peut pas parler de la continuité de Dieu dans la race déchue. On parle beaucoup de cette continuité de Dieu dans la race déchue, dans l'homme. On aime à répéter, dans certains domaines, que Dieu se trouve dans chaque homme. On aime à dire que Christ est en nous. Cependant, il y a eu une rupture; Dieu n'habite pas dans l'homme naturel, et Christ n'est pas présent en lui. Dieu est différent de l'homme, et l’est aussi absolument qu'il est possible de l'être. Et ceci de telle manière que Dieu, plutôt que de faire un pas ou de dire une parole pour se sauver ou se délivrer Lui-même dans cette création, la voue tout entière à la destruction. Dieu n’effectuerait pas une telle destruction s'Il était dans cette création, car Il se condamnerait ainsi Lui-même à la destruction. Si la Croix du Seigneur Jésus Christ est une chose représentative, dans laquelle la race tout entière est détruite par la Main de Dieu, Dieu se frapperait Lui-même, s'Il se trouvait dans la race. La race est si complètement sans Dieu, que Dieu ne veut pas la sauver telle qu'elle est. Non, car il y a eu rupture; la continuité a cessé. Il y a l'« Autre Nature »

              Nous avons parlé jusqu'ici de manière plutôt impersonnelle ; nous devons maintenant passer à ce qui est personnel et dire que l'essence de la nouvelle naissance, c'est Dieu, en Christ, qui entre en nous par le Saint Esprit. C'est Dieu Lui-même qui, en Christ et par le Saint Esprit, entre là où Il n'était pas. Dieu n'est pas dans l'homme naturel. Le Saint Esprit n'est pas dans l'homme naturel. « Le Christ qui se trouve en tout homme », - cette phrase que nous entendons si souvent, n’est qu’une phrase qui rend Christ impersonnel et qui présente Christ comme quelque chose.  

                 Mais la nouvelle naissance est une venue et non pas un réveil. C'est aussi distinctement et aussi définitivement une venue que la naissance du Seigneur Jésus Christ à Bethléem. Sa naissance ne fut pas une évolution, et elle ne fut pas non plus un réveil; ce fut une venue. Le réveil n'est pas pour ceux qui ne sont pas sauvés; c'est la nouvelle naissance qui est pour ceux qui ne sont pas sauvés. Le réveil est pour ceux qui sont sauvés, mais dont la vie est devenue stagnante, ou bien affaiblie.


                   La nouvelle naissance est l'acte défini par lequel le Seigneur, différent de ce que nous sommes, entre en nous et y fait Sa résidence, comme Seigneur.
                 Rappelons-nous ce que le Seigneur Jésus dit au sujet du Royaume et de sa venue :
                 « En vérité, je vous dis, que de ceux qui sont ici présents, il y en a quelques-uns qui ne goûteront point la mort jusqu'à ce qu'ils aient vu le royaume de Dieu venu avec puissance. », Marc 9 :1 

                 Quand cela eut-il lieu ? Le premier mouvement se fit sur la Montagne de la Transfiguration, le second mouvement au jour de la Pentecôte. Le Royaume vint au jour de la Pentecôte. Mais qu'est-ce que la Pentecôte ? La venue de l'Esprit. Et qu'est-ce que la venue de l'Esprit ? L'établissement de l'Esprit dans l'Église. Ce fut une venue. Tout avait été, jusqu'à ce moment-là, arrêté par l'ordre divin. Toute la vérité avait été saisie; mais si les disciples étaient allés prêcher la vérité au sujet de la Pentecôte avant de l'avoir vécue, ils se seraient trouvés dans une fausse position, dans un état instable ; il y aurait eu inconsistance de leur part, et cette vérité serait retombée sur eux pour les briser, au lieu d'agir pour eux. La Pentecôte, la venue de l'Esprit, ce fut l'arrivée de l'Esprit de Dieu dans l'Église. Il y avait eu avant cela des signes précurseurs et des indications; les principes en avaient été déjà clairement marqués et bien définis. Il y avait eu une période transitoire dans laquelle tout était en mouvement, mais l'accomplissement définitif n'eut lieu qu'à la Pentecôte. Je veux dire que la Chambre Haute était de manière représentative l'Église dans son existence, et lorsque le Seigneur souffla sur les disciples en leur disant, « Recevez le Saint Esprit », l'Église fut constituée en figure par le Saint Esprit ; mais il ne lui fut pas encore permis de se mouvoir, et elle ne put pas encore fonctionner. Tout fut arrêté, pour un temps d'épreuve, jusqu'à la venue de l'Esprit, qui donna à toutes choses leur valeur. La loi du Royaume est donc la naissance d'en haut, qui est la venue de Dieu, en Christ, par l'Esprit, dans notre esprit, et qui constitue en nous une « Autre Nature », qui doit être notre vie véritable jusqu'à la fin.  

              Ceux d'entre nous, qui ont un entendement, une compréhension et une connaissance spirituels, savent combien réelle est cette « Autre Nature ». C'est la chose sur laquelle nous sommes peut-être revenus sans cesse, comme sur le dernier mot d'un argument, ou sur laquelle nous avons lutté contre nous-mêmes pour notre propre vie chrétienne. Car il y a des moments où, en raison de certaines conditions ou de diverses circonstances, d'épreuves, de difficultés, de temps d'expériences sombres, l'ennemi nous accule dans une impasse et nous amène à douter de tout, de la réalité de notre propre expérience, de la réalité de notre propre salut. Quel est notre dernier mot dans une épreuve de ce genre ? Pour ce qui me concerne, le dernier mot a été très souvent: « Quel que je sois, ou quel que je ne sois pas, cette « Autre Nature » est la réalité la plus grande que je connaisse ». Je sais par expérience que, alors que certaines choses étaient absolument impossibles pour moi, spirituellement, mentalement et physiquement, cette « Autre Nature » est venue à mon secours et les a accomplies. Je sais que mon expérience n'est pas le produit de mon propre génie; je sais que le travail que j'ai fait n'est pas le résultat de mes propres capacités. Je sais parfaitement combien je suis limité; mais je sais qu'il y a toute une histoire qui ne peut être attribuée à rien de ce qui m'est personnel. Je le sais, lorsque chaque fibre de mon être, dans ce qu'il est de meilleur, plaide dans une certaine direction, et que cette « Autre Nature » ne veut pas me suivre et arrive à me persuader dans le sens opposé, et lorsque le résultat prouve que cette « Autre Nature » avait raison et que tout ce qu'il y a de meilleur en moi avait tort. Qu'est-ce donc que cette « Autre Nature » ?
 
                       C'est le Seigneur l'Esprit. C'est là l'essence même de la naissance d'en haut, le Seigneur Lui-même. Il n'est pas comme nous sommes – Il est tout autre.
 
La Nouvelle Naissance : Son Fondement

                  *Troisièmement, la base de la nouvelle naissance, c'est l'acceptation de la fin du pouvoir de la vieille naissance. Car, en tout ce qui concerne le Royaume de Dieu et ce qui lui est lié : le caractère et la conduite, l'être et le faire, la connaissance, la compréhension et la fonction, la naissance naturelle n'a absolument aucun pouvoir; elle ne peut nous y amener. Nous ne pouvons pas, par notre propre nature, voir le Royaume de Dieu. Placés même sur le niveau élevé des capacités religieuses, intellectuelles et morales d'un Nicodème, nous ne pouvons voir le Royaume de Dieu, ni par ce que nous sommes de meilleur par nature, ni par aucune habilité humaine. Je sais bien que, pour beaucoup d'entre nous, les choses que j'affirme sont familières; mais ayons patience; il est très important que nous prenions les choses par le commencement, bien que nous les connaissions, et que nous nous appuyions sur elles avec force. Il n'a pas été clairement établi pourquoi le Seigneur Jésus a changé les termes de Sa réponse à Nicodème, au verset cinq par rapport au verset trois. Une chose est claire, c'est que Nicodème n'avait pas compris adéquatement la déclaration du Seigneur.

                  Il avait saisi la signification que la plupart de nos versions semblent suggérer: « Il faut naître de nouveau ». Cela lui donna une idée entièrement différente de celle de naître d'en haut. Le mot grec qui est employé permet cette conception et cette compréhension; le même mot est, en effet, employé ailleurs avec le sens de « de nouveau », « une seconde fois ». Nicodème s'arrêta simplement Sur cet aspect particulier du mot, et accepta la déclaration du Seigneur dans le sens d'une naissance répétée.

              Le Seigneur, en changeant les termes de Sa réponse, voulut évidemment lui montrer son erreur de conception et de compréhension; c'est là la seule manière par laquelle nous puissions expliquer ce qu'Il entend dans Sa seconde déclaration : « Si quelqu’un n’est né d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. » Jean 3 :5 
                  Quelques-uns pensent cependant que le Seigneur, en employant le mot « eau », désignait la Parole de Dieu. D'autres, et je pense que ceux-ci sont beaucoup plus nombreux, affirment que ce mot s'applique au baptême. Le mot grec signifie ici : « né de l'eau et de l'Esprit ». Si c'est dans ce sens que le Seigneur en fit usage, cela touche immédiatement à ce que nous déclarions plus haut; mais que le Seigneur ait en vue le baptême et l'Esprit ou pas, le principe ne se dément pas. Naître d'en haut, en opposition à la position d'un Nicodème, cela veut dire qu'une histoire est entièrement terminée, et qu'une autre, une histoire entièrement différente, en est à son commencement. C'est pourquoi le principe reste le même; car, s'il est question du baptême, le baptême est un symbole de la mort de la vieille création, une mort et un ensevelissement, par lequel tout un système, un ordre et une création sont mis de côté, hors du regard de Dieu: crucifiés avec Christ, ensevelis avec Christ et, naturellement, ressuscités avec Christ. 

            C'est notre acceptation de la fin des pouvoirs de la vieille naissance. Nous ne mettons pas une fin à ces pouvoirs, cela a été fait depuis longtemps, et Dieu le voit et le déclare. La naissance d'en haut présuppose et affirme le fait que cette vieille naissance, dans ce qu'elle est de meilleur, ne pourra jamais ni voir le Royaume de Dieu, ni y entrer; c'est pourquoi elle est vaine et inutile. 

                Vous et moi, nous n'entrerons jamais dans le Royaume de Dieu, à moins que Dieu ne soit entré en nous par une nouvelle naissance; c'est dans ce sens que nous sommes nés d'en haut; c'est un acte de Dieu, par le Saint-Esprit.
                  « Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit. », Jean 3 :8
                « Ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l'Esprit est esprit. », Jean 3 :6 La nouvelle naissance signifie que, par un acte de Dieu dans le Saint Esprit, nous sommes devenus spirituels, dans ce sens que nous correspondons entièrement au Royaume de Dieu dans sa nature spirituelle. C'est une conformation à Dieu.
                « Dieu est esprit; et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité. », Jean 4 :24
             Je pense que nous voyons maintenant pourquoi le Seigneur a aussi tôt , et de manière si particulière et si inaccoutumé, arrêté Nicodème par un impératif. Nicodème commence son entretien, je ne sais si c'est avec un ton protecteur ou d'une manière quelque peu hautaine :
                « Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu; car personne ne peut faire ces miracles que toi tu fais, si Dieu n'est avec lui. », Jean 3 :2
Et le Seigneur l'interrompt :
                  « En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu. », Jean 3 :3
                  Quel est le rapport ? Il semble qu'il n’y ait aucun lien, ni même que la réponse soit à propos. C'est une terrible interruption de la part du Seigneur, qui arrête l'entretien en disant en réalité : « N'allons pas plus loin; il faut naître d'en haut pour pouvoir discuter les choses spirituelles. Si tu es venu pour parler du Royaume de Dieu et pour savoir comment y entrer, il faut que tu naisses d'en haut. Si tu as de l'intérêt pour Moi et pour ce que Je représente, ton intérêt et ta compréhension ne peuvent être vivants que si tu nais d'en haut ». Vous le voyez, le Seigneur montre immédiatement le but que Nicodème avait sans doute dans sa pensée, et Il l'établit dès le commencement par un impératif en disant en fait: « Vois-tu, Nicodème, il ne sert à rien que, toi et Moi, nous discutions de ces choses, car nous nous trouvons dans deux domaines différents; il faut que nous soyons dans le même royaume pour avoir la compréhension et l'appréciation de ces choses. Moi, Je suis d'en haut ; il faut que tu sois d'en haut, Nicodème, pour être en communion avec Moi. Nous ne pouvons nous entretenir de ces choses tandis que tu es dans un monde et Moi dans un autre. Il faut que tu passes dans le Royaume où Je suis, et il y aura alors communion et compréhension entre nous, car cela signifiera que tu as de nouvelles capacités, une nouvelle conscience. Tu pourras entrer dans ces choses avec une faculté spirituelle ; chose absolument impossible, bien que tu sois un maître en Israël, avant que tu ne sois né d'en haut ». Cet impératif, ce « il faut », entraîne avec lui toute la somme de l'impossibilité absolue qu'il y a pour l'homme naturel, même dans ce qu'il est de meilleur, d'entrer dans les choses du Royaume de Dieu, et en même temps, du côté positif, la somme infinie de ce que c'est que d'être dans le Royaume de Dieu. C'est avoir, résidant en nous par la naissance, ce qui est de Dieu, la faculté divine, la conscience divine, la compréhension et l'intelligence divines, et tout ce qui appartient à Dieu, à l'exception de Sa divinité.


                     Ce qui pour moi est le miracle de la vie chrétienne, c'est la réalité de ce que j'ai appelé l’« Autre Nature ». La réalité, subjective et objective, d'Un Autre qui est si intimement lié à moi. En moi, mais pas moi, et cependant aussi près de moi, de ma conscience, qu'il est possible de l'être. C'est cela le fondement de toute notre espérance et de toute notre confiance; c'est la Source de toutes choses pour l’ultime réalisation de notre conformité au Fils de Dieu.

« Christ en vous l'espérance de la gloire. », Colossiens 1 :27 

             Nous verrons, dans le chapitre suivant, la puissante illustration par laquelle le Seigneur appuya Sa déclaration au sujet de la nouvelle naissance et de sa nécessité absolue.  


Chapitre Second  
La Nécessité de la Nouvelle Naissance 

Lecture : Jean 2 :1-11 ; 3 :1-21 ; 4 :1-26 ; 1 :4

                 Tandis que nous continuons à considérer « les grandes vérités et leurs lois », telles qu'elles sont exposées dans l'Évangile selon Jean, et que nous arrivons au quatrième chapitre, nous passons de Nicodème à la femme de Sichar, de la Judée à la Samarie, entre lesquels existe un lien spirituel. Il est intéressant de remarquer le peu de place qu'occupent, dans ce domaine spirituel de l'évangile selon Jean, le temps et l'espace. Le quatrième chapitre suit très promptement le troisième. Il est tout simplement dit que le Seigneur, suite à certains troubles hostiles soulevés en Judée par les Pharisiens, quitta la Judée pour se rendre en Galilée. Cela n'est dit qu'en passant. Nous avons ensuite quelques observations faites par Jean le Baptiseur, puis un commentaire est fait par Jean, l'auteur de l'évangile, sur les paroles de Jean le Baptiseur. Il est extrêmement difficile de savoir, à un certain point, si c'est Jean ou Christ qui parle, tant ils sont parfaitement un (je parle de la fin du troisième chapitre). Nous nous déplaçons cependant, par cette simple mention du mouvement, dans un espace considérable, tant au point de vue géographique que celui du temps, puisque le Seigneur a passé en Judée neuf mois dont il n'est fait aucune mention. Mais c'est comme si, depuis le moment où Il avait rencontré Nicodème à Jérusalem, ces neuf mois n'avaient pas compté dans Son existence, et nous retrouvons Jésus, en route pour la Galilée, s’arrêter en Samarie, près du puits de Jacob, non loin de Sichar. Le temps n'entre pas en ligne de compte, la géographie occupe une place bien secondaire. C'est en harmonie avec ce que nous avons dit; lorsque nous entrons dans « Jean », nous nous trouvons dans un domaine différent de celui des autres évangiles, qui sont si étroitement liés à la terre et aux choses de la terre, liés au temps et à ce qui est d’ici-bas. Avec «Jean», nous entrons dans le domaine des choses spirituelles, où la géographie a perdu de son importance et où le temps a cessé d'être un facteur dominant; c'est dans l'ordre de l'histoire spirituelle que nous entrons. Et c'est ainsi que, par une transition rapide, nous passons de Nicodème à la femme Samaritaine; et cependant il y a entre les deux un lien spirituel, un lien spirituel très évident et très défini, qui nous montre que ce que Jean écrit est une histoire spirituelle. Ce n'est pas l'histoire du temps et des choses d'ici-bas, c'est l'histoire de ce qui est éternel. Il est très intéressant de reconnaître cela, et c'est essentiel, précieux et utile pour la lecture de cet évangile. Ce que nous avons ici devant nous, c'est l'ordre spirituel de l'histoire, et cet ordre spirituel est Cana en Galilée, Nicodème à Jérusalem, la femme de Sichar. 

                L'objet immédiat de notre étude, c'est : de Nicodème à la femme Samaritaine. Nous avons dit, au sujet du miracle de Cana en Galilée, de l'eau changée en vin à l'occasion des noces, au chapitre deuxième, qu'il y a là quelque chose qui comprenait en soi tout ce qui suit dans l'Évangile. Ce miracle, cet événement, cet incident de Cana en Galilée renfermait l'Évangile, et tout ce qui suit peut être trouvé en germe à Cana. Nous verrons maintenant comment cela est vrai dans les deux cas qui nous occupent. 

             Si nous revenons au troisième chapitre et à Nicodème, nous trouvons que Nicodème correspond spirituellement au vin qui a manqué. Arrêtons-nous un instant sur cette pensée et nous verrons combien elle est vraie. Nicodème arrive dans toute la plénitude de la vie naturelle, religieuse, morale, ecclésiastique et intellectuelle. Il se présente au Seigneur Jésus comme un homme modèle, sur le niveau de la vieille création, même au sens religieux. Et ce que Nicodème vient chercher, c'est un enseignement. Il désire être enseigné, il veut apprendre quelque chose de plus; mais le Seigneur Jésus l'arrête instantanément et lui dit en fait: 

               « Nicodème, cela est impossible pour toi; nous ne pouvons arriver à rien en restant sur ce qui est ton niveau; il faut que tu naisses d'en haut ». 

                  En réalité, Il lui dit: « Tu ne peux rien apprendre de Moi avant d'être né d'en haut et de posséder cette union céleste que J'ai, parce que Je suis d'en haut». Et c'est ici que, dans ce qu'il est de meilleur, le vin vieux ne peut suffire; Nicodème est évidemment très déconcerté; il en avait été de même pour ceux qui assistaient aux noces, lorsque le vieux vin avait manqué. L'on s'était alors trouvé dans une impasse; il y avait eu un arrêt dans le déroulement de la fête et l'atmosphère avait été juste celle de : « Non, nous ne pouvons pas avancer en restant sur ce niveau, avec ces ressources, par ces moyens; nous ne pouvons pas aller plus loin ». Nicodème correspond au vin qui à manqué; et le miracle de la naissance d'en haut, c'est l'intervention de Christ en relation à « Mon heure ». 

                 L'heure du Fils de l'Homme est l'heure à laquelle Il accomplit ce qui rend possible la nouvelle naissance. 


Pourquoi la Nouvelle Naissance est Nécessaire

                 Le Seigneur alors insiste davantage sur cela. Il ne se contente pas de montrer qu'il y a une impasse, qu'Il ne peut avoir de communion avec Nicodème, et que Nicodème ne peut avoir de communion avec Lui, que sur la base de cette naissance d'en haut, Il se met à lui en montrer la raison; Il amasse sur le pauvre Nicodème toute l'ignominie de cette situation par l'image du serpent dans le désert. Nous savons que le serpent dans le désert représente la pensée de Dieu à l'égard de l'homme. Il a été pendu, mis au haut d'une perche, élevé: « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert... » Rappelons-nous que le serpent est la chose maudite, parce qu'il est symboliquement la personnification du péché; il est le péché personnifié. Maudit et élevé. Oh ! La terrible nature de l'interprétation de cela: « Ainsi il faut que le Fils de l'homme soit élevé. » Et nous avons besoin de Paul pour nous l'expliquer :« Celui qui n'a point connu le péché, il l'a fait péché pour nous. », 2 Corinthiens 5 :21« Christ ... étant devenu malédiction pour nous. », Galate. 3 :13 Il a donc été fait malédiction, car il est écrit :« Maudit est quiconque est pendu au bois. », Galates 3 :13

                Si nous désirons en savoir davantage au sujet de la terrible portée de la malédiction, lisons les vingt-septième et vingt-huitième chapitres du Deutéronome. Tout est concentré sur une seule chose, ne pas faire la volonté de Dieu, ne pas obéir aux commandements de l'Éternel. Et Lui, qui vint avec délices pour faire la volonté de Dieu, qui vint pour accomplir la volonté de Son Père et qui l'a accomplit parfaitement, prit volontairement, à un moment de Sa vie, la place de l'homme qui avait entièrement failli à l'égard de la volonté de Dieu, qui avait mérité la malédiction de Dieu et avait été, par le jugement, exclu de la présence de Dieu. C'est ainsi qu'Il représenta l'homme, qu'Il prit sur Lui l'état de l'homme, et qu'Il se plaça sous la malédiction et le jugement qu'avait, dans la pensée de Dieu, mérité l'homme par sa nature. Reportons cela sur Nicodème, et nous verrons qu'il y a là un coup terrible pour un homme comme lui. Or c'est là ce que le Seigneur lui fait comprendre. C'est ramener les choses à une profondeur grande et terrible. Une mort a eu lieu; une position de mort la plus basse a été atteinte sous la condamnation et le jugement. Nous Pouvons dire que le niveau de zéro a été atteint. 


La vérité de la Vie Éternelle

                     La voie est maintenant préparée pour considérer la question de la vie éternelle ; c'est notre transition de Nicodème à la femme de Sichar. Lisons Jean 3 :36, qui est le dernier verset du chapitre, le lien entre les deux chapitres

                   « Qui croit au Fils a la vie éternelle; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » 

                     La colère de Dieu demeure sur le serpent dans le désert. Cela est donc le lien entre les deux chapitres, (il ne devrait naturellement pas y avoir de chapitres). Arrêtons-nous au quatorzième verset de ce chapitre quatre : 

                    « Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, moi, n'aura plus soif à jamais; mais l'eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d'eau jaillissant en vie éternelle. » 

                    Lorsque nous sommes arrivés à la place de la mort, et que le point zéro a été atteint, c'est alors que la vie éternelle entre en vue, mais non avant cela; et c'est ce que représente Sichar. Sichar introduit l'enseignement de la vie éternelle. C'est la seconde des grandes vérités – la vie éternelle. Il n'est pas nécessaire que nous retournions à Cana en Galilée. Nous le voyons de manière si évidente, la vie sort de la mort; mais la vie jaillit du point zéro. Le Seigneur Jésus avait marqué cela par une pause très définie à cette occasion. Sa mère Lui avait dit : « Ils n'ont pas de vin ». Il ne se contente pas de faire simplement durer la chose, afin que l'on n'éprouve pas un sentiment de fin; Il fait une pause : « Oui, c'est la fin ; c'est un royaume, une histoire qui se termine. Nous n'allons pas perpétuer cela. » Cette pause est en rapport avec « Mon heure », et « Mon heure » est toujours liée à la Croix, et la Croix est toujours une pause profonde dans l'histoire de cet univers, un silence dans le ciel. Une histoire est finie. II y a une brèche, et non une continuité; c'est alors une nouvelle histoire qui commence. Le Seigneur Jésus dit à Sa mère : 

                 « Qu'y a-t-il entre moi et toi, femme? Mon heure n'est pas encore venue. . », Jean 2 :4 

                   C'est là qu'il y a un temps d’arrêt ; ensuite il y a la reprise, l'entrée dans quelque chose de nouveau. Ce n'est pas une intervention qui consiste à allonger le vieux vin de manière à ce qu'il dure jusqu'à la fin de la fête; c'est l'introduction de quelque chose d'entièrement nouveau, Son propre principe qui est 

                     « Personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres … mais le vin nouveau doit être mis dans des outres neuves. », Luc 5 :37-38 

                       Quelque chose d'entièrement nouveau est introduit. Un vin nouveau, quelque chose de radicalement différent de ce qui avait été. Nous sommes donc, avec le chapitre quatrième, amenés dans la doctrine de la vie éternelle, une doctrine qui, si nous voulions l'épuiser, nous occuperait durant des heures, mais nous avons pour cette fois à nous limiter à l'espace de quelques lignes; nous nous bornerons donc à un ou deux paragraphes. 


La Signification de la Vie Éternelle 

                    Quelle est la doctrine de la vie éternelle ? Pour la définir en un mot, nous dirons qu'elle est la nécessité d'avoir en soi ce qui est de Dieu, la base de tout ce qui est lié à Dieu, dans la vie, la communion, le service et l'avenir éternel. La question pour Nicodème était celle d'entrer dans le Royaume de Dieu. Nous avons vu que le Royaume de Dieu est un état plutôt qu'un lieu. II n'y a que ce qui est de Dieu qui puisse entrer dans le Royaume de Dieu. Le domaine de Dieu, c'est celui dans lequel tout est de Dieu, et où n'entre aucune autre chose. Par la mort du chapitre trois, nous sommes arrivés au lieu où nous voyons que ce qui est à la base du Royaume de Dieu, c'est ce qui est lié à chacune des phases de nos relations avec Dieu, c'est à dire la vie de Dieu, la vie divine, que nous savons être la vie éternelle; et cette vie nouvelle en nous est la base sur laquelle se poursuivent tous les agissements et les opérations de Dieu. Voulons-nous être unis avec le Seigneur ? Cela est, en effet, le premier pas dans la vie du croyant. La toute première phase de la vie spirituelle, de la vie chrétienne véritable, c'est d'être uni avec le Seigneur. La nature de l'union avec le Seigneur, c'est la participation à Sa propre vie, à la vie divine, à la vie de Dieu, qui nous unit à Lui-même. Ce n'est pas quelque chose qui Lui est enlevé pour nous être donné, car la vie ne saurait être divisée en fragments pour être répartie; la vie est une, une en essence, et elle fait organiquement un tout de chaque partie en laquelle elle entre. C'est la vie d'un corps, non pas organisé mais organique. Recevoir la vie de Dieu, c'est donc être uni à Dieu. 

                Désirons-nous avoir la communion avec Dieu, ce qui en fait dépasse l'union : une marche dans la communion ? Cela ne peut être que sur la base seule de la vie de Dieu devenue active en nous. Dieu sera en communion avec ce qui est de Lui en nous. Dieu nous amènera en communion avec Lui en mettant en nous quelque chose avec quoi Il peut être en communion. Dieu ne peut avoir aucune communion avec la chair, avec l'homme naturel. Dieu est en communion avec ce qui est essentiellement Lui-même, et cela nous est accordé dans le don de Dieu, qui est la vie éternelle en Jésus Christ, notre Seigneur. 

               Est-ce que nous envisageons ou désirons un service pour le Seigneur ? Le même principe gouverne ici; cette réelle communion avec le Seigneur dans le service a pour base cette vie de Dieu, active et énergique en nous. Paul parle de cette puissance qui agissait puissamment en lui, et il déclare aussi que Dieu 

              « Celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous. », Éphésiens 3 :20 

                Le côté actif du service qui est une vocation, c'est l'action de Dieu qui s'accomplit sur la base d'un principe d'énergie (je l'appellerai pour le moment un « quelque chose » d'énergique). Le service demande la vie divine en nous, et la vie divine est la base du service divin. Plusieurs d'entre nous, avons fait l'expérience que nous pouvons faire, par la vie divine, ce qui nous est absolument impossible par la vie naturelle; la vie divine vient si souvent à notre secours, lorsque nous sommes prêts à succomber, et elle nous rend capables de faire des choses qui nous étonnent nous-mêmes et qui surprennent tous ceux qui connaissent notre disposition naturelle. 

             Avons-nous soif de connaître plus parfaitement le Seigneur ? Ce sera encore d'après le même principe : « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. », Jean 1 :4 

                Cela sera dans la mesure où la vie de Dieu est continue et ininterrompue en nous, dans son développement, dans son mouvement; si nous ne mettons aucun obstacle sur sa voie par notre désobéissance à ses demandes et à ses exigences, nous grandirons dans notre connaissance spirituelle du Seigneur. La vie produit la lumière. Regardons le croyant, l'enfant de Dieu qui marche avec le Seigneur, en esprit, librement, clairement, puissamment, sincèrement, sans préjugé, sans question, sans discussion, sans désobéissance, et nous le verrons avancer dans une connaissance toujours grandissante du Seigneur. Regardons l'enfant de Dieu qui a mis un obstacle sur la voie du Seigneur par la désobéissance, par une réserve, une hésitation, un arrêt, une révolte, et nous verrons deux choses qui en sont la conséquence immédiate. L'une sera une paralysie de la vie, et l'autre un obscurcissement de l'intelligence. Il en est toujours ainsi, les deux choses vont ensemble. 

            Ensuite, avons-nous en vue l'espérance de la résurrection éternelle ? La résurrection de vie est, en effet, basée, et exclusivement basée, sur le fait que nous avons déjà la vie éternelle demeurant en nous. Cela ne signifie pas que ceux qui n'ont pas la vie éternelle ne ressusciteront pas des morts en vue du jugement. Ils ressusciteront. 

                    Mais Jean fait une distinction, et cette même distinction est faite aussi par Paul. « Ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie », littéralement « la vie de résurrection ». « Et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement.», la résurrection du jugement éternel. Il y a une résurrection de vie et il y a une résurrection de mort. La résurrection pour la vie éternelle est basée sur le fait que nous avons cette vie divine en nous. C'est l'argument du chapitre quinze de la première Épître aux Corinthiens. Ce corps de résurrection aura sa source dans une semence, un germe qui doit être présent. Il faut qu'il y ait quelque chose qui puisse être revêtu. Paul parle de lui-même et de nous, comme étant revêtus. Qu'est-ce qui doit être revêtu ? Cet esprit vivant qui demeure en nous par la vie de Dieu. Il n'y a d'espérance de résurrection éternelle que pour ceux qui possèdent déjà la vie de résurrection. C'est à la vie de résurrection que sera donné le corps de résurrection. Le corps de résurrection mettra en évidence la vie de résurrection ; il faut donc que nous possédions dès maintenant la résurrection spirituelle pour avoir part plus tard à la résurrection physique, à la résurrection glorifiée. 

               Le résumé de tout cela, c'est donc que la doctrine de la vie éternelle est la nécessité d'avoir en nous ce qui est de Dieu, comme base de tout ce qui est en rapport avec Dieu. Nous avons, en affirmant ce que nous venons de dire, couvert toute la question de la doctrine de la vie éternelle ; si vous désirez cependant étudier votre Nouveau Testament avec une concordance, cela vous aidera dans cette question, ou si vous pouvez le lire dans le texte original et y souligner le mot employé pour désigner la vie éternelle, vous trouverez une masse considérable de détails, et vous verrez combien le Nouveau Testament illumine toute cette doctrine et quelle est la portée de son application. 

                      En exposant, dans ses grandes lignes, la vérité de la vie éternelle, nous nous sommes rapprochés de notre chapitre, et nous nous arrêterons pour un instant aux circonstances locales de cet enseignement et à l'enseignement du Seigneur sur cette question. Les circonstances locales sont une très bonne illustration de l'absence de vie éternelle. Nous pouvons, si nous le voulons, les considérer à plusieurs points de vue. Regardons-les par exemple au point de vue spirituel. La condition de cette femme, du point de vue spirituel, représente une condition permanente de besoin, une condition de nécessiter qui continue, qui persiste, quoi qu'elle fasse. Il y a en elle un sentiment d'expectation, d’aspiration ; il se peut qu'elle ne comprenne pas réellement son propre cœur ; peut-être ne pourrait-elle pas interpréter les sentiments les plus profonds de son cœur ; mais il y a sans aucun doute autour de cet incident une atmosphère, un sens de besoin, un sens d'attente, un sens de désir. Cela ressort tout à fait clairement. Le Maître ne fait que toucher au sujet de la satisfaction, et c'est presque instantanément que la femme dit: « Ah! C’est tout ce que je désirais savoir ». Oui, à cause de ce sens de besoin, les activités de la vie ne lui donnaient aucune satisfaction. 

                   « Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n'aie pas soif et que je ne vienne pas ici pour puiser. . », Jean 4 :15 

                  Elle veut dire en réalité: « Je viens toujours ici pour puiser, mais mes activités continuelles, qui ont pour but de satisfaire ce besoin, n'aboutissent qu'au désappointement, n'atteignent jamais leur fin; je ne suis jamais arrivée à un point où je n'aie plus aucun sentiment de besoin et où je puisse dire, maintenant c'est fait, et je n'aurai plus jamais besoin d'y revenir ». Si nous pouvons lire dans nos propres cœurs, nous y découvrirons bien l'atmosphère de ce chapitre. Si nous considérons la vie spirituelle du monde, c'est exactement cela. Il y a au cœur de toute l'humanité un besoin, peut être inexpliqué, peut être inconscient. Il y a ce sens, qu'il soit conscient et reconnu ou qu'il ne le soit pas, de quelque chose d'incomplet, de quelque chose qui devrait être et qui n'est pas. Cette vie a en elle quelque chose du feu follet, quelque chose qui vous attire mais que vous n'atteignez jamais. Il y a dans la vie un élément d’illusion. Vous savez que vous devriez avoir quelque chose, mais vous ne l'avez pas et vous ne pouvez pas l'obtenir; et tout ce que vous faites, que vous l'exprimiez par des paroles ou non, c'est votre propre effort, votre propre activité en vue d'obtenir cette chose qui devrait, vous le sentez, être en votre possession et qui mettrait fin à ce sens de besoin, à cette insuffisance continuelle de votre vie. Il y a un déficit dans la vie, par sa nature même. Tout ce qui est fait en vue d'atteindre ce qui est définitif aboutit à un échec, est une vanité. Cela au point de vue spirituel, et cela est une évidence du fait que la vie spirituelle n'est pas là. 

                      Regardons maintenant à cela, si vous le voulez bien, sous un autre aspect, au point de vue moral. La vie de cette femme, au point de vue moral, est entièrement en désaccord avec la pensée de Dieu. Nous connaissons cette histoire. Le Seigneur Jésus était plus sensible que tous les autres; Il n'était pas grossier, Il n'était pas vulgaire, Il n'était pas cruel, et cependant Il fait sortir toute cette histoire ; Il tire cette vie impropre et cachée pour l'exposer; Il ne permet pas que cette chose reste dissimulée. C'est une chose essentielle dans le chemin de la vie, que nous arrivions à une place où nous devons reconnaître combien nous sommes moralement en désaccord avec la pensée de Dieu. « Va, appelle ton mari … Je n'ai pas de mari. », « Je n'ai pas de mari. Jésus lui dit: Tu as bien dit: Je n'ai pas de mari; car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari; en cela tu as dit vrai. » « Seigneur, je vois que tu es un prophète. » Avons-nous remarqué Son habile échappatoire ? « Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous dites qu'à Jérusalem est le lieu où il faut adorer.. » Elle s'est trouvée en présence d'un défi, sa vie est exposée et elle va maintenant parler des saints, pour les opposer les uns aux autres. Elle cherche à entrer dans une ligne doctrinale, théologique et religieuse, pour élever un mur quand à ce qui la touche. C'est ce que font beaucoup de gens lorsqu'ils sont mis par le Seigneur en présence de leur péché ; ils commencent à discuter au sujet des saints, à parler religion, pour se ménager d’être exposés. Mais le Seigneur sait comment agir dans une situation pareille. N'anticipons cependant pas pour le moment. Le chemin qui conduit à la vie éternelle consiste non seulement à reconnaître qu'il existe un besoin et un déficit, mais à comprendre de plus que ce besoin n'est pas en harmonie avec Dieu et que, moralement, nous ne représentons pas la mesure de Dieu, par notre propre nature. Si nous pensons qu'il y a quelque chose d'extrême dans le cas de cette femme, rappelons-nous que ce n'est qu'une question de degré, car c'est à un Nicodème que le Seigneur a parlé très directement du serpent dans le désert, en lui montrant que telle était la pensée de Dieu, même pour un Nicodème; il n'est donc question ici que d’une affaire de degré. Il n'y a peut-être aucun besoin pour nous de nous placer dans la catégorie de cette femme, en ce qui concerne le péché; mais la distance morale qui nous sépare de Dieu est par nature juste la même, qu'elle soit représentée par un Nicodème ou par la femme de Sichar. Ce que je veux dire, c'est que la mesure de Dieu et Son minimum irréductible, c'est Son Fils, la perfection de Christ. Pouvons-nous nous élever jusque-là ? Est-ce qu'aucun homme ne pourrait le faire ? Nicodème ni cette femme ne le peuvent. Ce n’est qu'une question de degré dans son expression actuelle, mais la séparation morale d'avec Dieu est exactement la même. Vous direz: « Comment est-il possible que quelqu'un soit sauvé, si la perfection de Christ est le minimum inflexible de Dieu ? » Nous nous trouverons en présence de la question avant d'avoir épuisé cette histoire: qu'est-ce que Christ est en Lui-même ? 

                  Nous pouvons encore considérer la situation de cette femme sous un autre aspect : du point de vue religieux. Nous avons vu comment, pour se tirer de son embarras et de sa situation gênante, elle tourna la discussion sur la religion. Mais elle trahit quelque chose en touchant à ces questions: « Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous dites qu'à Jérusalem est le lieu où il faut adorer ». C'est en tout cas une tradition sans puissance : « Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci... » Quel effet moral cela a-t-il sur cette femme ? Quel effet moral ou quel effet spirituel cela a t-il sur elle, qu'elle ait un temple sur le Mont Garizim et les Écrits de l'Ancien Testament, et que ses pères aient adoré ? Cela ne sert à rien de parler du fait que: « Mon grand-père fut un grand saint et mes parents de bons chrétiens ». Ce genre de chose ne sert à rien. En ce qui concerne la femme Samaritaine, ce n'est qu'une simple tradition sans puissance. Cela ne l'amena jamais à la satisfaction ou à la délivrance morale; considérée au point de vue religieux, la religion était pour elle un ennemi plutôt qu'un allié. La religion ne lui était d'aucun secours. La religion de ses pères n'avait aucune valeur pour elle. Le fait que nous avons été élevés parmi des chrétiens et que nous avons derrière nous des traditions chrétiennes peut très souvent se dresser contre nous et concourir à notre perte plutôt qu'à notre bien. Ce n'est pas toujours une bénédiction bénigne d'avoir reçu une éducation chrétienne. Oh! Loin de nous la pensée de limiter ou de chercher à amoindrir la valeur d'aucun privilège ! Plusieurs d'entre nous, voudrions avoir beaucoup plus d'élan quand à la sainteté et la piété pure en nous. Peut-être le conflit a t-il été d'autant plus terrible que nous en manquions; et cependant l'éducation religieuse n'est pas toujours une bénédiction sans certains risques et, si nous avons eu ce privilège, cela ne veut certainement pas dire que nous sommes justes aux yeux de Dieu. La tradition peut être sans aucune puissance en ce qui nous concerne. Cela était évidemment le cas pour la femme Samaritaine. 

                  Tout cela représente donc les circonstances locales et prouve l'absence de la vie éternelle. Tout cela est une preuve puissante que ce qui fait ici défaut, c'est la chose centrale, la vie éternelle. La vie éternelle répond à toutes ces questions. La vie éternelle met fin à ce sens de déficit perpétuel. Nous savons que nous avons quelque chose qui satisfait notre cœur, lorsque nous avons reçu la vie éternelle. La vie éternelle apporte la délivrance morale. Nous verrons dans un moment comment elle le fait. La vie éternelle transforme toutes nos traditions en réalités vivantes. 

                  Oh! Si les écluses de la vie éternelle s'ouvraient dans les systèmes traditionnels de nos jours!


Tout ce qui semble être vie n'est pas la Vie; c'est la mort


La nature de la Vie Éternelle 

               Quelle est donc la nature de la vie éternelle ? Il y a dans le texte original du Nouveau Testament quatre mots grecs, qui sont traduits par le seul mot français « vie ». 1) « bios », qui signifie la manière de vivre ou la période de vie, la sorte de vie que nous vivons, ou bien les moyens de notre vie et sa durée ici-bas. 2) «psuché», qui désigne la vie animale, la vie naturelle, quelquefois la respiration; cela signifie réellement un être vivant, un être qui est animé et possède la vie. 3) « Pneuma », qui est l'esprit et qui, au sens plus large du mot, signifie animation, activité. Il n'est employé dans ce sens-là qu'une seule fois, dans Apocalypse 13 :15. « Pneuma » est donc le Saint Esprit. 4) « zoé », c’est le mot qui est toujours ou presque toujours en rapport avec Dieu. C'est le don de Dieu en Christ, ce que Christ est venu donner, ce que seuls les chrétiens possèdent. 

              Et ainsi, il y a la « vie éternelle », (aeonian zoé) », vie incorruptible, vie divine. 

                  Cela dit, et étant parvenus à cette vie éternelle, nous pouvons remarquer sa nature. Elle renferme deux éléments. L'un est sa qualité, et l'autre est sa durée ; sa qualité et sa durée permanente. Sa qualité en est le facteur principal, et en est le facteur dans sa permanence; et puisque sa qualité est sa permanence, elle apporte avec elle un sens de permanence, et par conséquent de satisfaction. 

                   Elle est la vie de Dieu; et parce qu'elle est la vie de Dieu, elle a comme essence même la nature de Dieu. Cela est éternel. Cela est final. Cela est absolu. 

                   Lorsque nous recevons cette vie en germe et d'une manière vitale, nous savons que nous avons trouvé la réponse à tous nos problèmes et à toutes nos attentes, et que ce n'est désormais plus qu'une question de temps pour que nous entrions de manière intelligente dans la réponse à toutes les questions. 

                  La vie éternelle, dès que nous la recevons, apporte aussitôt en nous le sens que nous avons atteint une fin. Je sais qu'elle nous ouvre de nouvelles possibilités, de nouveaux horizons, mais nous savons désormais que nous possédons l'essence de la satisfaction. Nous pouvons avoir encore beaucoup à apprendre, nous pouvons avoir un long chemin à parcourir, nous pouvons avoir des mondes nouveaux à explorer et à conquérir, mais dans la possession de cette vie, nous avons cependant trouvé le secret de la fin de toutes choses. 

                 Quelle est la première chose dont a conscience celui qui est réellement né d'en haut ? Lorsque nous passons de la mort à la vie et que nous naissons d'en haut, quelle est la première chose, inexplicable, indéfinie, mais très réelle, dont nous avons conscience ? C'est que nous avons trouvé ce que nous avions ardemment désiré! Nous sommes arrivés à une fin de cette longue histoire de non-satisfaction; en plus nous avons découvert le secret de notre existence même; nous savons pourquoi nous sommes ici, dans ce monde; nous avons désormais le sens d'être ici pour quelque chose. L'issue spontanée de cette vie chez les croyants du Nouveau Testament, c'est qu'elle les poussait à aller immédiatement en parler à d'autres. Elle créait un but et un objet dans leur existence. 

                 Toute leur attitude et leur conduite disaient: « Nous avons trouvé l'explication à notre existence dans ce monde ». L'on ne trouve jamais cela avant d'avoir reçu la vie éternelle; elle nous apporte cela comme son essence même. Pourquoi sommes-nous ici ? Nous avons la réponse à cette question lorsque nous possédons le Seigneur. Il est possible que nous ne puissions pas le définir, mais nous savons, par un sens intérieur et puissant, que nous sommes ici pour un but, et que ce but n'est pas quelque chose dans le temps, qu'il est éternel. Il nous lie à l'éternité. 

                  C'est l'essence de la vie éternelle qui apporte la satisfaction et, par conséquent, le sens de permanence. Sa nature est la permanence de l'univers, parce qu'elle est Dieu. Recevons-la, et nous connaîtrons le sens le plus profond de notre mot « éternel ». Voilà pourquoi Jean s'attache si peu au temps et à la géographie; il est tourné tout entier vers ce qui est éternel.


La loi de la Vie Éternelle 

                Nous allons maintenant terminer simplement par un mot au sujet de la loi de la vie éternelle. Quelle est la loi de la vie éternelle ? C’est l’Esprit Saint demeurant en nous ! Les paroles du Seigneur dans ce chapitre, au sujet de la source d'eau au-dedans de nous, concernent sans aucun doute possible le Saint Esprit, et nous ne devons pas faire de distinction entre la vie divine et le Saint Esprit. Nous avons été amenés à voir que ce n'est pas « quelque chose » mais une Personne avec un « P » majuscule; c'est Lui, c'est le Saint Esprit. Il est l'Esprit de vie. 

               C'est « quelque chose » dans la mesure où c'est une expression de « Lui ». Nous parlons de l'effet de la présence d'une personne. Vous entrez dans une pièce, vous êtes une personne, mais il peut se dégager de vous une influence : ce peut être une influence de vie, ou bien de mort; ce peut être une influence de joie, ou bien de dépression; ce peut être celle d'une bonne communion, ou bien celle de défiance. Le Saint Esprit émane par Sa présence ce qui est la vie éternelle ; la vie est ce qui entre avec Lui, ce qui vient de Lui; elle est toujours une part de Lui. C'est quelque chose en soi, et cependant quelque chose lié à Quelqu'un, et nous ne pouvons pas avoir la vie demeurant en nous séparément de la Personne. 

                 Nous ne pouvons pas nous arrêter afin d’élargir cette question quand la loi du Saint Esprit demeurant en nous. Lorsque nous avons parlé de Nicodème, nous avons dit que la nouvelle naissance d'en haut était une venue, et non un réveil ; c'est, dans un acte, la prise de possession définitive par le Seigneur de Sa résidence en nous. Nous avons ici encore la même vérité. Du côté positif, le Saint Esprit doit être reçu par une appropriation définitive de la foi. Avons-nous remarqué comment plus tard cela est accentué, avec les Actes et dans les épîtres ? La Parole le répète encore et encore: « Pour que … tu sois rempli de l’Esprit Saint. », (que tu reçoives le Saint Esprit). Ces paroles furent dites à Paul au moment de sa conversion, comme elles avaient été dites le jour de la Pentecôte. 

                  « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ … et vous recevrez le don du Saint Esprit. », Acte 2 :38 

                 L'apôtre demanda aux disciples d'Éphèse, qui n'avaient pas été enseignés et dont les relations avec le Seigneur étaient par conséquent très imparfaites : « Avez-vous reçu le Saint Esprit lorsque vous avez cru ? » Il faut que nous reconnaissions que notre vie d'enfants de Dieu est basée sur le fait que nous avons reçu le Saint Esprit. 

                 « Si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, celui-là n'est pas de Lui. », Romains 8 :9 

            La vie de l'enfant de Dieu ne consiste donc pas à s'intéresser simplement au christianisme et aux choses religieuses, à se consacrer à une œuvre religieuse ou à entrer dans un domaine religieux différent de celui dans lequel il avait vécu et pour lequel il n'avait jamais eu aucun intérêt. 

               C'est quelque chose de beaucoup plus radical que cela. C'est l'Esprit du Dieu vivant qui, dans un acte, vient prendre Sa demeure en celui qui en est arrivé à reconnaître qu'il est mort, et qu'il n'y a pour lui aucune possibilité d'entrer dans le Royaume de Dieu, à moins qu'il ne naisse d'en haut. 

              Le moment où le Saint Esprit entre en nous pour y demeurer est le commencement de tout, et c'est sur cette base que tout se continue. Nous avons dit que la doctrine de la vie éternelle, c'est la venue en nous de « quelque chose » sur quoi s'appuie toute activité divine; cette « chose » c'est le Saint Esprit qui agit en nous en harmonie avec Dieu dans les cieux; et Dieu dans les cieux agit en nous par le moyen de Son Saint Esprit. C'est une manière plus large d'exprimer la même vérité. Nous ne devons pas penser à cela comme à quelque chose d'abstrait. C'est quelque chose de personnel. Cette vie n'est pas simplement une essence, une vapeur, une abstraction ; c'est une chose intelligente. Nous ne pouvons pas prendre cette vie comme nous prendrions quelque chose d’éthéré, ni penser qu'elle a une intelligence personnelle. 

                Cette vie est une vie qui a l'intelligence de Dieu, une intelligence éternelle, parce qu'elle est le Saint Esprit. Lorsque nous comprenons que le fait d'avoir reçu le Saint Esprit, qui demeure en nous, signifie qu'il y a en nous toute la connaissance que Dieu possède – quelles possibilités avons-nous quand à l’utilité! Ce que nous avons à faire, à travers toute notre vie spirituelle, c'est d'apprendre à vivre par et dans l'Esprit. Oui, nous avons dans le Saint Esprit tout ce que Dieu a pour nous. 

                  Nous avons désormais à apprendre à nous approprier ce que nous avons, à jouir de ce que nous possédons.


Tout est Lié à la Personne de Christ 

                   Un dernier mot. Tout est lié à Christ. Remarquons ce qu'Il dit au moment où la femme cherche à tourner la conversation sur leur temple, le culte, et le temple et le culte de Jérusalem. Il l'interrompt par l'un de Ses puissants arrêts et dit : 

                  « Femme, crois-moi : l'heure vient que vous n'adorerez le Père, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem ... Mais l'heure vient, et elle est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent. », Jean 4 :21-24 

                    Il y a ici deux choses qu'il faut reconnaître. La force de « Mais l'heure vient, et elle est maintenant. » représente, par l'emploi qu'Il en fait, un changement dans l'histoire. Cette phrase signifie que tout le cours de l'histoire va prendre une nouvelle forme. L'adoration à Jérusalem, le culte des Samaritains sont choses finies ; comme telles, elles ont pris fin. L'adoration n'aura plus lieu ici ou là, selon les anciennes lignes. « Mais l'heure vient, et elle est maintenant... » Quelle heure ? Quelle est la nature de cette heure ? Qu'est-ce qui, dans cette heure, produit ce changement ? En un mot, Christ est venu; et toute l'adoration qui avait toujours eu lieu à Jérusalem, avec le système tout entier de ce culte, était dirigée entièrement vers Lui. Le temple ? Oui, Il est le Temple. 

                 « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai ... Mais lui parlait du temple de son corps. », Jean 2 :19-21 

                  Ils pensaient qu'Il parlait du temple de Jérusalem. Il disait en effet: « C'est là le prototype; j’en suis l'accomplissement ». Y avait-il un sacerdoce ? Il est le Souverain Sacrificateur. Y avait-il des sacrifices ? Il est l'Agneau de Dieu. 

                    « Voilà l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! », Jean 1 :29 

                   Tous les détails de ce culte étaient symboliques et pointaient vers ce qu'ils représentaient. Or cela est venu; Il est ici, et nous avons désormais passé de ce qui était extérieur, formel, traditionnel, au vrai sens spirituel de tout cela, par une union spirituelle avec Lui, par le moyen de l'Esprit demeurant en nous. 

                  L'autre chose est distinctement celle-ci, que les vrais adorateurs ne seront plus, à partir de cette heure, ceux qui adorent formellement, mais ceux qui sont spirituels. La différence qu'il y a entre un culte formel et une adoration spirituelle est énorme. Ce que le Seigneur déclare, c'est qu'un état spirituel est la base d'une communion véritable avec le Père, qui est Esprit. Un état spirituel! Comment cet état spirituel est-il amené ? Par le Saint Esprit demeurant en nous. 

                    Et sur quelle base le Saint Esprit entre-t-Il en nous ? Sur la base, que nous avons pris notre place dans la mort, et que nous sommes nés d'en haut. 

                   Nous ne faisons qu'analyser la loi de la vie éternelle. C'est le fait que l'Esprit demeure en nous, la conséquence de l'Esprit demeurant en nous. L'effet de l'Esprit demeurant en nous, c'est de nous rendre spirituels dans toutes nos relations avec le Seigneur, de faire de nous un peuple spirituel; que nous soyons toujours dans une condition spirituelle. Le Saint Esprit demeurant en nous, rend désormais possible toutes choses vraies. Ce qui était traditionnel, ce qui était formel n'était pas éternel; il y manquait toujours un sens de l'éternité. Si nous sommes liés à ce qui est un système traditionnel de religion, si bon qu'il puisse être, nous savons qu'il y manque quelque chose, s'il n'est juste que cela; mais lorsque nous sommes amenés par le Saint Esprit à Le connaître, Lui qui est pour nous le sanctuaire de Dieu, Lui en qui nous rencontrons le Père, nous Le connaissons spirituellement, par le Saint Esprit, comme notre Souverain Sacrificateur, comme notre Sacrifice, comme notre Tout, en relation avec Dieu; nous sommes entrés dans la vérité, parce que nous y avons été amenés par l'Esprit, « en esprit et en vérité ». Nous ne pouvons connaître la vérité que par l'Esprit, mais lorsque nous connaissons l'Esprit, nous connaissons la vérité.

                   II se peut que certains connaissent tout ce qui touche aux choses traditionnelles, aux choses formelles, sans connaître la vérité. Ils ont besoin de la vie éternelle. Ce qu'il leur faut, c'est l'expérience vivante du Saint Esprit demeurant en eux et les vivifiant pour Dieu.

                    Nous sommes placés maintenant en face d'une question cruciale, d'une issue vitale. Avons-nous réellement la vie éternelle ? Connaissons-nous l'activité et l'énergie de la vie éternelle ? Plusieurs d'entre nous connaissent cela. J'aimerais qu'on pût le dire de nous tous, car sans cela l'issue est terrible.

                     Que le Seigneur nous amène à recevoir par la foi le don, le don gratuit de Dieu, qui est la vie éternelle en Jésus Christ, notre Seigneur.   AMEN !!!

T. Austin-Sparks.


mercredi 6 juillet 2016

(6) LA NOUVELLE NAISSANCE T.A. Sparks

La loi de la Vie Éternelle 

                Nous allons maintenant terminer simplement par un mot au sujet de la loi de la vie éternelle. Quelle est la loi de la vie éternelle ? C’est l’Esprit Saint demeurant en nous ! Les paroles du Seigneur dans ce chapitre, au sujet de la source d'eau au-dedans de nous, concernent sans aucun doute possible le Saint Esprit, et nous ne devons pas faire de distinction entre la vie divine et le Saint Esprit. Nous avons été amenés à voir que ce n'est pas « quelque chose » mais une Personne avec un « P » majuscule; c'est Lui, c'est le Saint Esprit. Il est l'Esprit de vie. 

               C'est « quelque chose » dans la mesure où c'est une expression de « Lui ». Nous parlons de l'effet de la présence d'une personne. Vous entrez dans une pièce, vous êtes une personne, mais il peut se dégager de vous une influence : ce peut être une influence de vie, ou bien de mort; ce peut être une influence de joie, ou bien de dépression; ce peut être celle d'une bonne communion, ou bien celle de défiance. Le Saint Esprit émane par Sa présence ce qui est la vie éternelle ; la vie est ce qui entre avec Lui, ce qui vient de Lui; elle est toujours une part de Lui. C'est quelque chose en soi, et cependant quelque chose lié à Quelqu'un, et nous ne pouvons pas avoir la vie demeurant en nous séparément de la Personne. 

                 Nous ne pouvons pas nous arrêter afin d’élargir cette question quand la loi du Saint Esprit demeurant en nous. Lorsque nous avons parlé de Nicodème, nous avons dit que la nouvelle naissance d'en haut était une venue, et non un réveil ; c'est, dans un acte, la prise de possession définitive par le Seigneur de Sa résidence en nous. Nous avons ici encore la même vérité. Du côté positif, le Saint Esprit doit être reçu par une appropriation définitive de la foi. Avons-nous remarqué comment plus tard cela est accentué, avec les Actes et dans les épîtres ? La Parole le répète encore et encore: « Pour que … tu sois rempli de l’Esprit Saint. », (que tu reçoives le Saint Esprit). Ces paroles furent dites à Paul au moment de sa conversion, comme elles avaient été dites le jour de la Pentecôte. 

                  « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ … et vous recevrez le don du Saint Esprit. », Acte 2 :38 


                 L'apôtre demanda aux disciples d'Éphèse, qui n'avaient pas été enseignés et dont les relations avec le Seigneur étaient par conséquent très imparfaites : « Avez-vous reçu le Saint Esprit lorsque vous avez cru ? » Il faut que nous reconnaissions que notre vie d'enfants de Dieu est basée sur le fait que nous avons reçu le Saint Esprit. 

                 « Si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, celui-là n'est pas de Lui. », Romains 8 :9 

            La vie de l'enfant de Dieu ne consiste donc pas à s'intéresser simplement au christianisme et aux choses religieuses, à se consacrer à une œuvre religieuse ou à entrer dans un domaine religieux différent de celui dans lequel il avait vécu et pour lequel il n'avait jamais eu aucun intérêt. 

               C'est quelque chose de beaucoup plus radical que cela. C'est l'Esprit du Dieu vivant qui, dans un acte, vient prendre Sa demeure en celui qui en est arrivé à reconnaître qu'il est mort, et qu'il n'y a pour lui aucune possibilité d'entrer dans le Royaume de Dieu, à moins qu'il ne naisse d'en haut. 

              Le moment où le Saint Esprit entre en nous pour y demeurer est le commencement de tout, et c'est sur cette base que tout se continue. Nous avons dit que la doctrine de la vie éternelle, c'est la venue en nous de « quelque chose » sur quoi s'appuie toute activité divine; cette « chose » c'est le Saint Esprit qui agit en nous en harmonie avec Dieu dans les cieux; et Dieu dans les cieux agit en nous par le moyen de Son Saint Esprit. C'est une manière plus large d'exprimer la même vérité. Nous ne devons pas penser à cela comme à quelque chose d'abstrait. C'est quelque chose de personnel. Cette vie n'est pas simplement une essence, une vapeur, une abstraction ; c'est une chose intelligente. Nous ne pouvons pas prendre cette vie comme nous prendrions quelque chose d’éthéré, ni penser qu'elle a une intelligence personnelle. 

                Cette vie est une vie qui a l'intelligence de Dieu, une intelligence éternelle, parce qu'elle est le Saint Esprit. Lorsque nous comprenons que le fait d'avoir reçu le Saint Esprit, qui demeure en nous, signifie qu'il y a en nous toute la connaissance que Dieu possède – quelles possibilités avons-nous quand à l’utilité! Ce que nous avons à faire, à travers toute notre vie spirituelle, c'est d'apprendre à vivre par et dans l'Esprit. Oui, nous avons dans le Saint Esprit tout ce que Dieu a pour nous. 

                  Nous avons désormais à apprendre à nous approprier ce que nous avons, à jouir de ce que nous possédons.

FIN

T.A. Sparks


mardi 5 juillet 2016

(5) LA NOUVELLE NAISSANCE T.A. Sparks

La nature de la Vie Éternelle 

               Quelle est donc la nature de la vie éternelle ? Il y a dans le texte original du Nouveau Testament quatre mots grecs, qui sont traduits par le seul mot français « vie ». 1) « bios », qui signifie la manière de vivre ou la période de vie, la sorte de vie que nous vivons, ou bien les moyens de notre vie et sa durée ici-bas. 2) «psuché», qui désigne la vie animale, la vie naturelle, quelquefois la respiration; cela signifie réellement un être vivant, un être qui est animé et possède la vie. 3) « Pneuma », qui est l'esprit et qui, au sens plus large du mot, signifie animation, activité. Il n'est employé dans ce sens-là qu'une seule fois, dans Apocalypse 13 :15. « Pneuma » est donc le Saint Esprit. 4) « zoé », c’est le mot qui est toujours ou presque toujours en rapport avec Dieu. C'est le don de Dieu en Christ, ce que Christ est venu donner, ce que seuls les chrétiens possèdent. 

                       Et ainsi, il y a la « vie éternelle », (aeonian zoé) », vie incorruptible, vie divine. 

                  Cela dit, et étant parvenus à cette vie éternelle, nous pouvons remarquer sa nature. Elle renferme deux éléments. L'un est sa qualité, et l'autre est sa durée ; sa qualité et sa durée permanente. Sa qualité en est le facteur principal, et en est le facteur dans sa permanence; et puisque sa qualité est sa permanence, elle apporte avec elle un sens de permanence, et par conséquent de satisfaction. 

                   Elle est la vie de Dieu; et parce qu'elle est la vie de Dieu, elle a comme essence même la nature de Dieu. Cela est éternel. Cela est final. Cela est absolu. 

                   Lorsque nous recevons cette vie en germe et d'une manière vitale, nous savons que nous avons trouvé la réponse à tous nos problèmes et à toutes nos attentes, et que ce n'est désormais plus qu'une question de temps pour que nous entrions de manière intelligente dans la réponse à toutes les questions. 

                  La vie éternelle, dès que nous la recevons, apporte aussitôt en nous le sens que nous avons atteint une fin. Je sais qu'elle nous ouvre de nouvelles possibilités, de nouveaux horizons, mais nous savons désormais que nous possédons l'essence de la satisfaction. Nous pouvons avoir encore beaucoup à apprendre, nous pouvons avoir un long chemin à parcourir, nous pouvons avoir des mondes nouveaux à explorer et à conquérir, mais dans la possession de cette vie, nous avons cependant trouvé le secret de la fin de toutes choses. 

                 Quelle est la première chose dont a conscience celui qui est réellement né d'en haut ? Lorsque nous passons de la mort à la vie et que nous naissons d'en haut, quelle est la première chose, inexplicable, indéfinie, mais très réelle, dont nous avons conscience ? C'est que nous avons trouvé ce que nous avions ardemment désiré! Nous sommes arrivés à une fin de cette longue histoire de non-satisfaction; en plus nous avons découvert le secret de notre existence même; nous savons pourquoi nous sommes ici, dans ce monde; nous avons désormais le sens d'être ici pour quelque chose. L'issue spontanée de cette vie chez les croyants du Nouveau Testament, c'est qu'elle les poussait à aller immédiatement en parler à d'autres. Elle créait un but et un objet dans leur existence. 

                 Toute leur attitude et leur conduite disaient: « Nous avons trouvé l'explication à notre existence dans ce monde ». L'on ne trouve jamais cela avant d'avoir reçu la vie éternelle; elle nous apporte cela comme son essence même. Pourquoi sommes-nous ici ? Nous avons la réponse à cette question lorsque nous possédons le Seigneur. Il est possible que nous ne puissions pas le définir, mais nous savons, par un sens intérieur et puissant, que nous sommes ici pour un but, et que ce but n'est pas quelque chose dans le temps, qu'il est éternel. Il nous lie à l'éternité. 

                  C'est l'essence de la vie éternelle qui apporte la satisfaction et, par conséquent, le sens de permanence. Sa nature est la permanence de l'univers, parce qu'elle est Dieu. Recevons-la, et nous connaîtrons le sens le plus profond de notre mot « éternel ». Voilà pourquoi Jean s'attache si peu au temps et à la géographie; il est tourné tout entier vers ce qui est éternel.



lundi 4 juillet 2016

(4) LA NOUVELLE NAISSANCE T.A. Sparks

La Signification de la Vie Éternelle 

                    Quelle est la doctrine de la vie éternelle ? Pour la définir en un mot, nous dirons qu'elle est la nécessité d'avoir en soi ce qui est de Dieu, la base de tout ce qui est lié à Dieu, dans la vie, la communion, le service et l'avenir éternel. La question pour Nicodème était celle d'entrer dans le Royaume de Dieu. Nous avons vu que le Royaume de Dieu est un état plutôt qu'un lieu. II n'y a que ce qui est de Dieu qui puisse entrer dans le Royaume de Dieu. Le domaine de Dieu, c'est celui dans lequel tout est de Dieu, et où n'entre aucune autre chose. Par la mort du chapitre trois, nous sommes arrivés au lieu où nous voyons que ce qui est à la base du Royaume de Dieu, c'est ce qui est lié à chacune des phases de nos relations avec Dieu, c'est à dire la vie de Dieu, la vie divine, que nous savons être la vie éternelle; et cette vie nouvelle en nous est la base sur laquelle se poursuivent tous les agissements et les opérations de Dieu. Voulons-nous être unis avec le Seigneur ? Cela est, en effet, le premier pas dans la vie du croyant. La toute première phase de la vie spirituelle, de la vie chrétienne véritable, c'est d'être uni avec le Seigneur. La nature de l'union avec le Seigneur, c'est la participation à Sa propre vie, à la vie divine, à la vie de Dieu, qui nous unit à Lui-même. Ce n'est pas quelque chose qui Lui est enlevé pour nous être donné, car la vie ne saurait être divisée en fragments pour être répartie; la vie est une, une en essence, et elle fait organiquement un tout de chaque partie en laquelle elle entre. C'est la vie d'un corps, non pas organisé mais organique. Recevoir la vie de Dieu, c'est donc être uni à Dieu. 

                Désirons-nous avoir la communion avec Dieu, ce qui en fait dépasse l'union : une marche dans la communion ? Cela ne peut être que sur la base seule de la vie de Dieu devenue active en nous. Dieu sera en communion avec ce qui est de Lui en nous. Dieu nous amènera en communion avec Lui en mettant en nous quelque chose avec quoi Il peut être en communion. Dieu ne peut avoir aucune communion avec la chair, avec l'homme naturel. Dieu est en communion avec ce qui est essentiellement Lui-même, et cela nous est accordé dans le don de Dieu, qui est la vie éternelle en Jésus Christ, notre Seigneur. 

               Est-ce que nous envisageons ou désirons un service pour le Seigneur ? Le même principe gouverne ici; cette réelle communion avec le Seigneur dans le service a pour base cette vie de Dieu, active et énergique en nous. Paul parle de cette puissance qui agissait puissamment en lui, et il déclare aussi que Dieu 

              « Celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous. », Éphésiens 3 :20 

                Le côté actif du service qui est une vocation, c'est l'action de Dieu qui s'accomplit sur la base d'un principe d'énergie (je l'appellerai pour le moment un « quelque chose » d'énergique). Le service demande la vie divine en nous, et la vie divine est la base du service divin. Plusieurs d'entre nous, avons fait l'expérience que nous pouvons faire, par la vie divine, ce qui nous est absolument impossible par la vie naturelle; la vie divine vient si souvent à notre secours, lorsque nous sommes prêts à succomber, et elle nous rend capables de faire des choses qui nous étonnent nous-mêmes et qui surprennent tous ceux qui connaissent notre disposition naturelle. 

             Avons-nous soif de connaître plus parfaitement le Seigneur ? Ce sera encore d'après le même principe : « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. », Jean 1 :4 

                Cela sera dans la mesure où la vie de Dieu est continue et ininterrompue en nous, dans son développement, dans son mouvement; si nous ne mettons aucun obstacle sur sa voie par notre désobéissance à ses demandes et à ses exigences, nous grandirons dans notre connaissance spirituelle du Seigneur. La vie produit la lumière. Regardons le croyant, l'enfant de Dieu qui marche avec le Seigneur, en esprit, librement, clairement, puissamment, sincèrement, sans préjugé, sans question, sans discussion, sans désobéissance, et nous le verrons avancer dans une connaissance toujours grandissante du Seigneur. Regardons l'enfant de Dieu qui a mis un obstacle sur la voie du Seigneur par la désobéissance, par une réserve, une hésitation, un arrêt, une révolte, et nous verrons deux choses qui en sont la conséquence immédiate. L'une sera une paralysie de la vie, et l'autre un obscurcissement de l'intelligence. Il en est toujours ainsi, les deux choses vont ensemble. 

             Ensuite, avons-nous en vue l'espérance de la résurrection éternelle ? La résurrection de vie est, en effet, basée, et exclusivement basée, sur le fait que nous avons déjà la vie éternelle demeurant en nous. Cela ne signifie pas que ceux qui n'ont pas la vie éternelle ne ressusciteront pas des morts en vue du jugement. Ils ressusciteront. 

                    Mais Jean fait une distinction, et cette même distinction est faite aussi par Paul. « Ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie », littéralement « la vie de résurrection ». « Et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement.», la résurrection du jugement éternel. Il y a une résurrection de vie et il y a une résurrection de mort. La résurrection pour la vie éternelle est basée sur le fait que nous avons cette vie divine en nous. C'est l'argument du chapitre quinze de la première Épître aux Corinthiens. Ce corps de résurrection aura sa source dans une semence, un germe qui doit être présent. Il faut qu'il y ait quelque chose qui puisse être revêtu. Paul parle de lui-même et de nous, comme étant revêtus. Qu'est-ce qui doit être revêtu ? Cet esprit vivant qui demeure en nous par la vie de Dieu. Il n'y a d'espérance de résurrection éternelle que pour ceux qui possèdent déjà la vie de résurrection. C'est à la vie de résurrection que sera donné le corps de résurrection. Le corps de résurrection mettra en évidence la vie de résurrection ; il faut donc que nous possédions dès maintenant la résurrection spirituelle pour avoir part plus tard à la résurrection physique, à la résurrection glorifiée. 

               Le résumé de tout cela, c'est donc que la doctrine de la vie éternelle est la nécessité d'avoir en nous ce qui est de Dieu, comme base de tout ce qui est en rapport avec Dieu. Nous avons, en affirmant ce que nous venons de dire, couvert toute la question de la doctrine de la vie éternelle ; si vous désirez cependant étudier votre Nouveau Testament avec une concordance, cela vous aidera dans cette question, ou si vous pouvez le lire dans le texte original et y souligner le mot employé pour désigner la vie éternelle, vous trouverez une masse considérable de détails, et vous verrez combien le Nouveau Testament illumine toute cette doctrine et quelle est la portée de son application. 

                      En exposant, dans ses grandes lignes, la vérité de la vie éternelle, nous nous sommes rapprochés de notre chapitre, et nous nous arrêterons pour un instant aux circonstances locales de cet enseignement et à l'enseignement du Seigneur sur cette question. Les circonstances locales sont une très bonne illustration de l'absence de vie éternelle. Nous pouvons, si nous le voulons, les considérer à plusieurs points de vue. Regardons-les par exemple au point de vue spirituel. La condition de cette femme, du point de vue spirituel, représente une condition permanente de besoin, une condition de nécessiter qui continue, qui persiste, quoi qu'elle fasse. Il y a en elle un sentiment d'expectation, d’aspiration ; il se peut qu'elle ne comprenne pas réellement son propre cœur ; peut-être ne pourrait-elle pas interpréter les sentiments les plus profonds de son cœur ; mais il y a sans aucun doute autour de cet incident une atmosphère, un sens de besoin, un sens d'attente, un sens de désir. Cela ressort tout à fait clairement. Le Maître ne fait que toucher au sujet de la satisfaction, et c'est presque instantanément que la femme dit: « Ah! C’est tout ce que je désirais savoir ». Oui, à cause de ce sens de besoin, les activités de la vie ne lui donnaient aucune satisfaction. 

                   « Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n'aie pas soif et que je ne vienne pas ici pour puiser. . », Jean 4 :15 

                  Elle veut dire en réalité: « Je viens toujours ici pour puiser, mais mes activités continuelles, qui ont pour but de satisfaire ce besoin, n'aboutissent qu'au désappointement, n'atteignent jamais leur fin; je ne suis jamais arrivée à un point où je n'aie plus aucun sentiment de besoin et où je puisse dire, maintenant c'est fait, et je n'aurai plus jamais besoin d'y revenir ». Si nous pouvons lire dans nos propres cœurs, nous y découvrirons bien l'atmosphère de ce chapitre. Si nous considérons la vie spirituelle du monde, c'est exactement cela. Il y a au cœur de toute l'humanité un besoin, peut être inexpliqué, peut être inconscient. Il y a ce sens, qu'il soit conscient et reconnu ou qu'il ne le soit pas, de quelque chose d'incomplet, de quelque chose qui devrait être et qui n'est pas. Cette vie a en elle quelque chose du feu follet, quelque chose qui vous attire mais que vous n'atteignez jamais. Il y a dans la vie un élément d’illusion. Vous savez que vous devriez avoir quelque chose, mais vous ne l'avez pas et vous ne pouvez pas l'obtenir; et tout ce que vous faites, que vous l'exprimiez par des paroles ou non, c'est votre propre effort, votre propre activité en vue d'obtenir cette chose qui devrait, vous le sentez, être en votre possession et qui mettrait fin à ce sens de besoin, à cette insuffisance continuelle de votre vie. Il y a un déficit dans la vie, par sa nature même. Tout ce qui est fait en vue d'atteindre ce qui est définitif aboutit à un échec, est une vanité. Cela au point de vue spirituel, et cela est une évidence du fait que la vie spirituelle n'est pas là. 

                      Regardons maintenant à cela, si vous le voulez bien, sous un autre aspect, au point de vue moral. La vie de cette femme, au point de vue moral, est entièrement en désaccord avec la pensée de Dieu. Nous connaissons cette histoire. Le Seigneur Jésus était plus sensible que tous les autres; Il n'était pas grossier, Il n'était pas vulgaire, Il n'était pas cruel, et cependant Il fait sortir toute cette histoire ; Il tire cette vie impropre et cachée pour l'exposer; Il ne permet pas que cette chose reste dissimulée. C'est une chose essentielle dans le chemin de la vie, que nous arrivions à une place où nous devons reconnaître combien nous sommes moralement en désaccord avec la pensée de Dieu. « Va, appelle ton mari … Je n'ai pas de mari. », « Je n'ai pas de mari. Jésus lui dit: Tu as bien dit: Je n'ai pas de mari; car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari; en cela tu as dit vrai. » « Seigneur, je vois que tu es un prophète. » Avons-nous remarqué Son habile échappatoire ? « Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous dites qu'à Jérusalem est le lieu où il faut adorer.. » Elle s'est trouvée en présence d'un défi, sa vie est exposée et elle va maintenant parler des saints, pour les opposer les uns aux autres. Elle cherche à entrer dans une ligne doctrinale, théologique et religieuse, pour élever un mur quand à ce qui la touche. C'est ce que font beaucoup de gens lorsqu'ils sont mis par le Seigneur en présence de leur péché ; ils commencent à discuter au sujet des saints, à parler religion, pour se ménager d’être exposés. Mais le Seigneur sait comment agir dans une situation pareille. N'anticipons cependant pas pour le moment. Le chemin qui conduit à la vie éternelle consiste non seulement à reconnaître qu'il existe un besoin et un déficit, mais à comprendre de plus que ce besoin n'est pas en harmonie avec Dieu et que, moralement, nous ne représentons pas la mesure de Dieu, par notre propre nature. Si nous pensons qu'il y a quelque chose d'extrême dans le cas de cette femme, rappelons-nous que ce n'est qu'une question de degré, car c'est à un Nicodème que le Seigneur a parlé très directement du serpent dans le désert, en lui montrant que telle était la pensée de Dieu, même pour un Nicodème; il n'est donc question ici que d’une affaire de degré. Il n'y a peut-être aucun besoin pour nous de nous placer dans la catégorie de cette femme, en ce qui concerne le péché; mais la distance morale qui nous sépare de Dieu est par nature juste la même, qu'elle soit représentée par un Nicodème ou par la femme de Sichar. Ce que je veux dire, c'est que la mesure de Dieu et Son minimum irréductible, c'est Son Fils, la perfection de Christ. Pouvons-nous nous élever jusque-là ? Est-ce qu'aucun homme ne pourrait le faire ? Nicodème ni cette femme ne le peuvent. Ce n’est qu'une question de degré dans son expression actuelle, mais la séparation morale d'avec Dieu est exactement la même. Vous direz: « Comment est-il possible que quelqu'un soit sauvé, si la perfection de Christ est le minimum inflexible de Dieu ? » Nous nous trouverons en présence de la question avant d'avoir épuisé cette histoire: qu'est-ce que Christ est en Lui-même ? 

                  Nous pouvons encore considérer la situation de cette femme sous un autre aspect : du point de vue religieux. Nous avons vu comment, pour se tirer de son embarras et de sa situation gênante, elle tourna la discussion sur la religion. Mais elle trahit quelque chose en touchant à ces questions: « Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous dites qu'à Jérusalem est le lieu où il faut adorer ». C'est en tout cas une tradition sans puissance : « Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci... » Quel effet moral cela a-t-il sur cette femme ? Quel effet moral ou quel effet spirituel cela a t-il sur elle, qu'elle ait un temple sur le Mont Garizim et les Écrits de l'Ancien Testament, et que ses pères aient adoré ? Cela ne sert à rien de parler du fait que: « Mon grand-père fut un grand saint et mes parents de bons chrétiens ». Ce genre de chose ne sert à rien. En ce qui concerne la femme Samaritaine, ce n'est qu'une simple tradition sans puissance. Cela ne l'amena jamais à la satisfaction ou à la délivrance morale; considérée au point de vue religieux, la religion était pour elle un ennemi plutôt qu'un allié. La religion ne lui était d'aucun secours. La religion de ses pères n'avait aucune valeur pour elle. Le fait que nous avons été élevés parmi des chrétiens et que nous avons derrière nous des traditions chrétiennes peut très souvent se dresser contre nous et concourir à notre perte plutôt qu'à notre bien. Ce n'est pas toujours une bénédiction bénigne d'avoir reçu une éducation chrétienne. Oh! Loin de nous la pensée de limiter ou de chercher à amoindrir la valeur d'aucun privilège ! Plusieurs d'entre nous, voudrions avoir beaucoup plus d'élan quand à la sainteté et la piété pure en nous. Peut-être le conflit a t-il été d'autant plus terrible que nous en manquions; et cependant l'éducation religieuse n'est pas toujours une bénédiction sans certains risques et, si nous avons eu ce privilège, cela ne veut certainement pas dire que nous sommes justes aux yeux de Dieu. La tradition peut être sans aucune puissance en ce qui nous concerne. Cela était évidemment le cas pour la femme Samaritaine. 

                  Tout cela représente donc les circonstances locales et prouve l'absence de la vie éternelle. Tout cela est une preuve puissante que ce qui fait ici défaut, c'est la chose centrale, la vie éternelle. La vie éternelle répond à toutes ces questions. La vie éternelle met fin à ce sens de déficit perpétuel. Nous savons que nous avons quelque chose qui satisfait notre cœur, lorsque nous avons reçu la vie éternelle. La vie éternelle apporte la délivrance morale. Nous verrons dans un moment comment elle le fait. La vie éternelle transforme toutes nos traditions en réalités vivantes. 

                  Oh! Si les écluses de la vie éternelle s'ouvraient dans les systèmes traditionnels de nos jours!


Tout ce qui semble être vie n'est pas la Vie; c'est la mort.



dimanche 3 juillet 2016

(3) LA NOUVELLE NAISSANCE T.A.Sparks

La vérité de la Vie Éternelle

                     La voie est maintenant préparée pour considérer la question de la vie éternelle ; c'est notre transition de Nicodème à la femme de Sichar. Lisons Jean 3 :36, qui est le dernier verset du chapitre, le lien entre les deux chapitres : 
                   « Qui croit au Fils a la vie éternelle; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » 

                     La colère de Dieu demeure sur le serpent dans le désert. Cela est donc le lien entre les deux chapitres, (il ne devrait naturellement pas y avoir de chapitres). Arrêtons- nous au quatorzième verset de ce chapitre quatre : 

                    « Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, moi, n'aura plus soif à jamais; mais l'eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d'eau jaillissant en vie éternelle.» 

                    Lorsque nous sommes arrivés à la place de la mort, et que le point zéro a été atteint, c'est alors que la vie éternelle entre en vue, mais non avant cela; et c'est ce que représente Sichar. Sichar introduit l'enseignement de la vie éternelle. C'est la seconde des grandes vérités – la vie éternelle. Il n'est pas nécessaire que nous retournions à Cana en Galilée. Nous le voyons de manière si évidente, la vie sort de la mort; mais la vie jaillit du point zéro. Le Seigneur Jésus avait marqué cela par une pause très définie à cette occasion. Sa mère Lui avait dit : « Ils n'ont pas de vin ». Il ne se contente pas de faire simplement durer la chose, afin que l'on n'éprouve pas un sentiment de fin; Il fait une pause : « Oui, c'est la fin ; c'est un royaume, une histoire qui se termine. Nous n'allons pas perpétuer cela. » Cette pause est en rapport avec « Mon heure », et « Mon heure » est toujours liée à la Croix, et la Croix est toujours une pause profonde dans l'histoire de cet univers, un silence dans le ciel. Une histoire est finie. II y a une brèche, et non une continuité; c'est alors une nouvelle histoire qui commence. Le Seigneur Jésus dit à Sa mère

                 « Qu'y a-t-il entre moi et toi, femme? Mon heure n'est pas encore venue. . », Jean 2 :4 

                   C'est là qu'il y a un temps d’arrêt ; ensuite il y a la reprise, l'entrée dans quelque chose de nouveau. Ce n'est pas une intervention qui consiste à allonger le vieux vin de manière à ce qu'il dure jusqu'à la fin de la fête; c'est l'introduction de quelque chose d'entièrement nouveau, Son propre principe qui est 

                     « Personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres … mais le vin nouveau doit être mis dans des outres neuves. », Luc 5 :37-38 

                       Quelque chose d'entièrement nouveau est introduit. Un vin nouveau, quelque chose de radicalement différent de ce qui avait été. Nous sommes donc, avec le chapitre quatrième, amenés dans la doctrine de la vie éternelle, une doctrine qui, si nous voulions l'épuiser, nous occuperait durant des heures, mais nous avons pour cette fois à nous limiter à l'espace de quelques lignes; nous nous bornerons donc à un ou deux paragraphes. 



samedi 2 juillet 2016

(2) LA NOUVELLE NAISSANCE T.A.Sparks

Chapitre Second  
La Nécessité de la Nouvelle Naissance 

Lecture : Jean 2 :1-11 ; 3 :1-21 ; 4 :1-26 ; 1 :4

                 Tandis que nous continuons à considérer « les grandes vérités et leurs lois », telles qu'elles sont exposées dans l'Évangile selon Jean, et que nous arrivons au quatrième chapitre, nous passons de Nicodème à la femme de Sichar, de la Judée à la Samarie, entre lesquels existe un lien spirituel. Il est intéressant de remarquer le peu de place qu'occupent, dans ce domaine spirituel de l'évangile selon Jean, le temps et l'espace. Le quatrième chapitre suit très promptement le troisième. Il est tout simplement dit que le Seigneur, suite à certains troubles hostiles soulevés en Judée par les Pharisiens, quitta la Judée pour se rendre en Galilée. Cela n'est dit qu'en passant. Nous avons ensuite quelques observations faites par Jean le Baptiseur, puis un commentaire est fait par Jean, l'auteur de l'évangile, sur les paroles de Jean le Baptiseur. Il est extrêmement difficile de savoir, à un certain point, si c'est Jean ou Christ qui parle, tant ils sont parfaitement un (je parle de la fin du troisième chapitre). Nous nous déplaçons cependant, par cette simple mention du mouvement, dans un espace considérable, tant au point de vue géographique que celui du temps, puisque le Seigneur a passé en Judée neuf mois dont il n'est fait aucune mention. Mais c'est comme si, depuis le moment où Il avait rencontré Nicodème à Jérusalem, ces neuf mois n'avaient pas compté dans Son existence, et nous retrouvons Jésus, en route pour la Galilée, s’arrêter en Samarie, près du puits de Jacob, non loin de Sichar. Le temps n'entre pas en ligne de compte, la géographie occupe une place bien secondaire. C'est en harmonie avec ce que nous avons dit; lorsque nous entrons dans « Jean », nous nous trouvons dans un domaine différent de celui des autres évangiles, qui sont si étroitement liés à la terre et aux choses de la terre, liés au temps et à ce qui est d’ici-bas. Avec «Jean», nous entrons dans le domaine des choses spirituelles, où la géographie a perdu de son importance et où le temps a cessé d'être un facteur dominant; c'est dans l'ordre de l'histoire spirituelle que nous entrons. Et c'est ainsi que, par une transition rapide, nous passons de Nicodème à la femme Samaritaine; et cependant il y a entre les deux un lien spirituel, un lien spirituel très évident et très défini, qui nous montre que ce que Jean écrit est une histoire spirituelle. Ce n'est pas l'histoire du temps et des choses d'ici-bas, c'est l'histoire de ce qui est éternel. Il est très intéressant de reconnaître cela, et c'est essentiel, précieux et utile pour la lecture de cet évangile. Ce que nous avons ici devant nous, c'est l'ordre spirituel de l'histoire, et cet ordre spirituel est Cana en Galilée, Nicodème à Jérusalem, la femme de Sichar. 

                L'objet immédiat de notre étude, c'est : de Nicodème à la femme Samaritaine. Nous avons dit, au sujet du miracle de Cana en Galilée, de l'eau changée en vin à l'occasion des noces, au chapitre deuxième, qu'il y a là quelque chose qui comprenait en soi tout ce qui suit dans l'Évangile. Ce miracle, cet événement, cet incident de Cana en Galilée renfermait l'Évangile, et tout ce qui suit peut être trouvé en germe à Cana. Nous verrons maintenant comment cela est vrai dans les deux cas qui nous occupent. 

             Si nous revenons au troisième chapitre et à Nicodème, nous trouvons que Nicodème correspond spirituellement au vin qui a manqué. Arrêtons-nous un instant sur cette pensée et nous verrons combien elle est vraie. Nicodème arrive dans toute la plénitude de la vie naturelle, religieuse, morale, ecclésiastique et intellectuelle. Il se présente au Seigneur Jésus comme un homme modèle, sur le niveau de la vieille création, même au sens religieux. Et ce que Nicodème vient chercher, c'est un enseignement. Il désire être enseigné, il veut apprendre quelque chose de plus; mais le Seigneur Jésus l'arrête instantanément et lui dit en fait: 

               « Nicodème, cela est impossible pour toi; nous ne pouvons arriver à rien en restant sur ce qui est ton niveau; il faut que tu naisses d'en haut ». 

                  En réalité, Il lui dit: « Tu ne peux rien apprendre de Moi avant d'être né d'en haut et de posséder cette union céleste que J'ai, parce que Je suis d'en haut». Et c'est ici que, dans ce qu'il est de meilleur, le vin vieux ne peut suffire; Nicodème est évidemment très déconcerté; il en avait été de même pour ceux qui assistaient aux noces, lorsque le vieux vin avait manqué. L'on s'était alors trouvé dans une impasse; il y avait eu un arrêt dans le déroulement de la fête et l'atmosphère avait été juste celle de : « Non, nous ne pouvons pas avancer en restant sur ce niveau, avec ces ressources, par ces moyens; nous ne pouvons pas aller plus loin ». Nicodème correspond au vin qui à manqué; et le miracle de la naissance d'en haut, c'est l'intervention de Christ en relation à « Mon heure ». 

                 L'heure du Fils de l'Homme est l'heure à laquelle Il accomplit ce qui rend possible la nouvelle naissance. 

Pourquoi la Nouvelle Naissance est Nécessaire

                 Le Seigneur alors insiste davantage sur cela. Il ne se contente pas de montrer qu'il y a une impasse, qu'Il ne peut avoir de communion avec Nicodème, et que Nicodème ne peut avoir de communion avec Lui, que sur la base de cette naissance d'en haut, Il se met à lui en montrer la raison; Il amasse sur le pauvre Nicodème toute l'ignominie de cette situation par l'image du serpent dans le désert. Nous savons que le serpent dans le désert représente la pensée de Dieu à l'égard de l'homme. Il a été pendu, mis au haut d'une perche, élevé: « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert... » Rappelons-nous que le serpent est la chose maudite, parce qu'il est symboliquement la personnification du péché; il est le péché personnifié. Maudit et élevé. Oh ! La terrible nature de l'interprétation de cela: « Ainsi il faut que le Fils de l'homme soit élevé. » Et nous avons besoin de Paul pour nous l'expliquer :« Celui qui n'a point connu le péché, il l'a fait péché pour nous. », 2 Corinthiens 5 :21« Christ ... étant devenu malédiction pour nous. », Galate. 3 :13 Il a donc été fait malédiction, car il est écrit :« Maudit est quiconque est pendu au bois. », Galates 3 :13

                Si nous désirons en savoir davantage au sujet de la terrible portée de la malédiction, lisons les vingt-septième et vingt-huitième chapitres du Deutéronome. Tout est concentré sur une seule chose, ne pas faire la volonté de Dieu, ne pas obéir aux commandements de l'Éternel. Et Lui, qui vint avec délices pour faire la volonté de Dieu, qui vint pour accomplir la volonté de Son Père et qui l'a accomplit parfaitement, prit volontairement, à un moment de Sa vie, la place de l'homme qui avait entièrement failli à l'égard de la volonté de Dieu, qui avait mérité la malédiction de Dieu et avait été, par le jugement, exclu de la présence de Dieu. C'est ainsi qu'Il représenta l'homme, qu'Il prit sur Lui l'état de l'homme, et qu'Il se plaça sous la malédiction et le jugement qu'avait, dans la pensée de Dieu, mérité l'homme par sa nature. Reportons cela sur Nicodème, et nous verrons qu'il y a là un coup terrible pour un homme comme lui. Or c'est là ce que le Seigneur lui fait comprendre. C'est ramener les choses à une profondeur grande et terrible. Une mort a eu lieu; une position de mort la plus basse a été atteinte sous la condamnation et le jugement. Nous Pouvons dire que le niveau de zéro a été atteint.