mercredi 1 juin 2016

(1) LE SERMON SUR LA MONTAGNE, PREMIER DISCOURS WESLEY Matthieu 5:1-4

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 Sermon 21 :  ( 1748  )      LE SERMON SUR LA MONTAGNE, PREMIER DISCOURS

Matthieu 5:1-4

1 Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui.
2  Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit:
3   Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!
4  Heureux les affligés, car ils seront consolés!

                    Notre Seigneur venait de « parcourir toute la Galilée » (Matthieu 4 : 23), en commençant « après que Jean eut été mis en prison (Matthieu 4 : 12) ; et non seulement il avait enseigné dans leurs synagogues et prêché l'évangile du règne de Dieu, mais il avait aussi « guéri toutes sortes de maladies et de langueurs parmi le peuple ». C'est pour cela qu'une « grande multitude le suivit de Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de Judée, et de delà le Jourdain ». (Matthieu 4 : 25.) « Et voyant le peuple » qu'aucune synagogue ne pouvait contenir, « il monta sur une montagne » où il y avait de la place pour tous ceux qui venaient à lui de tous côtés, « et, s'étant assis », selon la coutume des Juifs, « ses disciples s'approchèrent de lui, et ouvrant sa bouche, il les enseignait en disant : 

« Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ».

                      Remarquons d'abord qui est celui qui parle ici, afin que nous prenions garde de quelle manière nous l'écoutons. C'est le Seigneur du ciel et de la terre, le Créateur de tout ce qui existe, qui, comme tel, a le droit de disposer de toutes ses créatures ; c'est le Seigneur notre Souverain, qui règne de toute éternité et qui dirige tout ; c'est le grand Législateur qui peut bien mettre ses lois en vigueur, puisqu'il « peut sauver et détruire (Jacques 4 : 12) », et même « punir d'une perdition éternelles par sa présence et par sa puissance glorieuses (2Thimothée 1 : 9)  ». C'est la sagesse éternelle du Père, qui sait de quoi nous sommes faits et qui a la plus parfaite intelligence de tout notre intérieur ; qui connaît quels sont nos rapports avec Dieu, avec notre prochain, avec les créatures de Dieu et qui, par conséquent, sait adapter les lois qu'il nous donne à toutes les circonstances dans lesquelles il nous a placés. C'est celui « qui est bon envers tous et dont les compassions sont par-dessus toutes ses œuvres (Psaume 145 : 9) ; » c'est ce Dieu d'amour qui s'est dépouillé de sa gloire éternelle pour venir du Père déclarer sa volonté aux enfants des hommes, et qui retourne vers le Père ; c'est celui qui est envoyé de Dieu pour « ouvrir les yeux des aveugles et éclairer ceux qui habitent dans les ténèbres (Esaïe 42 : 7)  ». C'est le grand Prophète du Seigneur, à l'égard duquel Dieu avait dit, longtemps auparavant : « Quiconque n'écoutera pas les paroles qu'il aura dites en mon nom, je lui en demanderai compte  » ; ou bien, comme l'exprime l'Apôtre : « Quiconque ; n'écoutera pas ce prophète sera exterminé du milieu de son peuple (Actes 3 : 23)  ».

                    Et qu'est-ce qu'il nous enseigne ? Le Fils de Dieu, venu du ciel, nous montre ici le chemin du ciel, de ce lieu qu'il nous a préparé ; de la gloire qu'il avait avant que le monde fût. Il nous enseigne le vrai chemin de la vie éternelle, le chemin royal qui conduit au royaume de Dieu, et le seul vrai chemin, car il n'y en a pas d'autres ; tous les autres sentiers mènent à la perdition. D'après le caractère de celui qui nous parle ici, nous sommes assurés qu'il nous a déclaré pleinement et parfaitement la volonté de Dieu. Il ne nous a rien dit de trop, il ne nous a annoncé que ce qu'il avait reçu du Père ; il n'a rien omis, il n'a pas évité de déclarer tout le conseil de Dieu ; bien moins encore aurait-il dit quelque chose de mauvais, quelque chose de contraire à la volonté de Celui qui l'avait envoyé. Toutes ses paroles sont bonnes et vraies, à tous égards, et elles subsisteront aux siècles des siècles.

                    Et il nous est facile d'observer que notre Seigneur, tout en expliquant et ratifiant ces paroles fidèles et véritables, prend soin de réfuter non seulement les erreurs des Scribes et des Pharisiens, c'est-à-dire les fausses explications par lesquelles les docteurs juifs de ce temps-là avaient corrompu la Parole de Dieu, mais encore toutes les erreurs pratiques, incompatibles avec le salut, qui devaient prendre naissance dans l’Église chrétienne ; il réfute, dis-je, toutes les explications par lesquelles les (soi-disant) docteurs chrétiens, de tout âge et de tout pays, pourraient corrompre la Parole de Dieu, et apprendre aux âmes qui ne seraient pas sur leurs gardes à chercher la mort dans l'erreur de leur voie.

                    Ceci nous conduit tout naturellement à demander qui sont ceux qu'il enseigne. Ce ne sont pas les Apôtres seulement ; s'il en eût été ainsi, il n'avait pas besoin de monter sur une montagne. Une chambre dans la maison de Matthieu, ou d'un autre de ses disciples, aurait pu contenir les douze. L'expression « ses disciples » , sans y mettre une emphase particulière, signifie donc ici tous ceux qui désiraient apprendre de lui. Mais pour mettre ceci hors de doute, et pour montrer que lorsqu'il est dit : « Il les enseignait », le mot les renferme tout le peuple qui monta avec lui sur la montagne, il ne faut qu'observer les derniers versets du septième chapitre : « Et quand Jésus eut achevé ces discours, le peuple fut étonné de sa doctrine, car il les enseignait », le peuple, « comme ayant autorité et non comme les Scribes ».

                    Ajoutons même que ce n'était pas seulement à ce peuple qui se trouvait avec lui sur la montagne qu'il enseignait le chemin du salut, mais à tous les enfants des hommes, à l'humanité entière, aux enfants encore à naître, à toutes les générations futures, jusqu'à la fin du monde, qui entendront les paroles de cette vie.

                    Tous les hommes admettent cela quant à certaines parties du discours de notre Seigneur. Il n'y a personne, par exemple, qui nie que ce qui est dit des pauvres en esprit ne se rapporte à toute l'humanité. Mais plusieurs personnes ont supposé que d'autres parties du sermon sur la montagne ne regardaient que les Apôtres, ou les chrétiens des temps apostoliques, ou les ministres de Christ, et  ne furent pas prononcées pour la généralité des hommes, et que, par conséquent, ceux-ci n'ont pas à s'en inquiéter.

                     Mais ne pouvons-nous pas leur demander avec raison qui leur a enseigné que certaines parties de ce discours ne regardaient que les Apôtres, ou les chrétiens des temps apostoliques, ou les ministres de Christ ? De simples assertions ne sont pas des preuves suffisantes pour établir un point de si grande importance. Notre Seigneur nous a-t-il donc lui-même appris que quelques parties de son discours ne regardent pas toute l'humanité ? S'il en eût été ainsi, il nous l'eût dit, sans doute ; il n'aurait pu omettre un avis aussi important. Mais l'a-t-il fait ? Où ? Dans le discours lui-même ? Non : on n'en voit aucune trace. L'a-t-il dit ailleurs, dans quelque autre de ses exhortations ? Nous n'apercevons, dans tout ce qu'il a dit, soit au peuple, soit à ses disciples, rien qui puisse seulement nous le donner à entendre. Les autres écrivains sacrés nous ont-ils laissé quelque instruction à ce sujet ? Nullement. Il n'y a rien de tel dans tous les oracles de Dieu. Quels sont donc ces hommes dont la sagesse surpasse tellement celle de Dieu ? ces hommes qui pensent au-delà de ce qui est écrit ?

                      Peut-être diront-ils que le sujet même exige une semblable restriction. Si cela est vrai, il faut que ce soit parce que, sans une telle restriction, le sermon de notre Seigneur serait ou absurde ou contradictoire à quelque autre partie des Livres Saints. Mais il n'en est pas ainsi. Il sera clair, pour tous ceux qui en examineront les divers détails, qu'il n'est nullement absurde d'appliquer à toute l'humanité ce que Jésus-Christ a dit dans cette occasion. Une application générale ne mettra pas non plus ce discours en contradiction avec d'autres parties des Saintes Écritures. Au contraire, on verra même ou que toutes les portions de ce discours doivent être appliquées aux hommes en général, ou bien qu'aucune de ses parties ne les concerne tous, puisqu'elles sont toutes liées et jointes entre elles comme les pierres d'une arche, dont vous ne pouvez en ôter une sans que le bâtiment croule

                   Nous pouvons enfin remarquer de quelle manière notre Seigneur enseigne ici. Et d'abord, il parle, surtout dans cette occasion, « comme jamais homme ne parla (Jean 7 : 46)  ». Non pas comme les saints hommes de Dieu, quoiqu'ils parlassent « étant poussés par le Saint-Esprit. (2 Pierre 1 : 20) » Non pas comme Pierre, Jacques, Jean ou Paul ; ils étaient, il est vrai, de sages architectes dans son Église, mais cependant lorsqu'il s'agit de la mesure de la sagesse céleste, le serviteur n'est pas comme son Seigneur. Il ne parle pas comme en d'autres temps ou en d'autres occasions. Il ne paraît pas que ç’ait jamais été son but dans aucun autre endroit, de proposer à la fois tout le plan de sa religion, de nous montrer l'ensemble du christianisme, de décrire en plein la nature de cette sainteté sans laquelle nul ne verra le Seigneur. Il en a bien décrit certaines parties en mille occasions différentes, mais il ne donna jamais une vue de l'étendue et de la spiritualité de la loi divine aussi générale qu'ici. Nous n'avons même rien de ce genre dans la Bible, si l'on en excepte la courte esquisse de sainteté donnée par Dieu à Moïse, dans les dix commandements, sur le Sinaï. Mais même ici, quelle différence entre ces deux révélations ! « Sous ce rapport, à cause de cette gloire surabondante, ce qui a été rendu glorieux n'a pas eu de gloire. (2Corinthiens 3 : 10 Version de Lausanne) »

                    Mais surtout avec quel amour étonnant le Fils de Dieu ne révèle-t-il pas ici à l'homme la volonté de son Père ? Il ne nous rapproche pas « de la montagne, qu'on pouvait toucher avec la main, ni du feu brûlant, ni de la nuée épaisse, ni de l'obscurité, ni de la tempête (Hébreux 12 : 18)  ». Il ne parle pas comme il le fit lorsqu'il « tonna des cieux  » ; que « le Souverain jeta sa voix avec de la grêle et des charbons de feu (Psaume 18 : 13)  ». Il nous parle maintenant d'une voix douce et subtile (1Rois 19 : 12) : « Heureux les pauvres en esprit ». Heureux ceux qui sont dans l'affliction, les débonnaires, ceux qui ont faim et soif de la justice, les miséricordieux, ceux qui ont le cœur pur, heureux dans leur fin et dans leur pèlerinage ; heureux dans cette vie, et dans la vie éternelle ! Comme s'il avait dit : « Qui est l'homme qui prenne plaisir à vivre et qui aime la longue vie pour jouir du bien (Psaume 34 : 12) ? » Voici, je vous offre ce qu'il vous tarde d'obtenir ! Voyez le chemin que vous avez si longtemps cherché en vain, cette voie agréable qui conduit à une paix pleine de tranquillité et de joie, à une félicité présente et éternelle ! »

                    En même, temps, avec quelle autorité il enseigne ! On pouvait bien dire : « Non pas comme les Scribes (Matthieu 7 : 29)  ». Ce n'est pas non plus comme Moïse, le serviteur de Dieu, ni comme Abraham, son ami, ni comme l'un des prophètes, ni comme l'un des fils des hommes. Il a quelque chose de surhumain, quelque chose de plus que ce qui peut appartenir à un être créé. On sent ici le Créateur de tout ce qui existe ! C'est Dieu qui se montre ! l’Être par excellence, YHWH, celui qui existe par lui-même, le Suprême, celui qui est Dieu, au-dessus de toutes choses, béni éternellement !

                   Ce discours divin, prononcé d'après une méthode si excellente, puisque chaque partie est expliquée par celle qui la suit, est ordinairement, et avec raison, divisé en trois sections principales. La première est contenue dans le cinquième chapitre, — la seconde, dans le sixième, — et la troisième, dans le septième. Dans la première, Jésus-Christ propose le sommaire de toute vraie religion, sous huit chefs qu'il explique dans le reste du cinquième chapitre, en prémunissant ses auditeurs contre les fausses explications de l'homme. La seconde section renferme des règles quant à cette intention pure qui doit nous diriger dans toutes nos actions extérieures, sans mélange de désirs mondains et de soucis, même à l'égard des choses les plus nécessaires de la vie. Dans la troisième, nous sommes mis en garde contre les principaux empêchements qui s'opposent à la piété. Le tout se termine par une application générale. Considérons successivement, à part, les trois parties de ce discours.

                    Notre Seigneur donne premièrement le sommaire de toute vraie religion, avons-nous dit, sous huit chefs qu'il explique, en prémunissant ses auditeurs contre les fausses explications des hommes, jusqu'à la fin du cinquième chapitre.

                  Quelques-uns ont pensé qu'il avait en vue de désigner les différents degrés de la course chrétienne, les pas que fait successivement un chrétien dans son voyage vers la Canaan céleste ; — d'autres, que les qualités énumérées ici appartiennent de tout temps à tous les chrétiens. Et pourquoi n'accepterions-nous pas l'une et l'autre explication ? Qu'y a-t-il d'incompatible entre elles ? il est incontestable que la pauvreté d'esprit, et tous les autres états d'âme ici mentionnés, se trouvent de tout temps, plus ou moins, chez tout vrai chrétien. Et il est également vrai que le vrai christianisme commence toujours par la pauvreté d'esprit, et avance dans l'ordre posé par notre Seigneur, jusqu'à ce que « l'homme de Dieu soit accompli (2Timothée 3 : 17)  ». Nous commençons par le moindre de ces dons de Dieu, mais de manière à ne pas le perdre lorsque Dieu nous appelle à monter plus haut. Mais nous tenons ferme ce que nous avons déjà obtenu, pendant que nous avançons vers ce qui est encore devant nous, savoir : les bénédictions les plus relevées de Dieu en Jésus-Christ.

                   Le fondement de tout, c'est la pauvreté d'esprit. C'est pourquoi notre Seigneur commence par là : « heureux, dit-il, les pauvres en esprit ; car le royaume des, cieux est à eux ».

                    Il est assez probable que notre Seigneur regarda autour de lui, et que, voyant qu'il n'y avait pas beaucoup de riches, mais plutôt les pauvres de ce monde, il en prit occasion pour passer des choses temporelles aux spirituelles. « Heureux, dit-il, les pauvres en esprit ». Il ne dit pas ceux qui sont pauvres, quant à leurs circonstances extérieures, — car il n'est pas impossible pour quelques-uns de ceux-ci d'être aussi éloignés du bonheur qu'un monarque sur son trône ; « mais les pauvres en esprit », ceux qui, quelles que soient leurs circonstances extérieures, ont cette disposition d'âme qui est le premier pas vers tout bonheur réel et durable dans ce monde, et dans celui qui est à venir.

                   Quelques-uns ont cru que par les pauvres en esprit, il faut entendre ceux qui aiment la pauvreté, qui sont exempts d'avarice, de l'amour de l'argent, qui craignent les richesses plutôt que de les désirer. Ils ont peut-être été amenés à penser ainsi on n'examinant que le sens littéral du passage, ou bien en réfléchissant à cette remarque importante de saint Paul, que « l'amour des richesses est la racine de tous les maux (1Timothée 6 : 10)  ».  Et c'est cette pensée qui pousse plusieurs personnes à se dépouiller entièrement, non seulement des richesses, mais encore de tous leurs biens terrestres. C'est aussi là ce qui a fait naître les vœux de pauvreté volontaire dans l’Église romaine ; celle-ci a cru qu'un degré si élevé de cette grâce fondamentale devait être un grand pas vers le « royaume, des cieux ».

                 Mais il ne paraît pas que ceux qui ont cette vue aient remarqué, premièrement, que l'expression de saint Paul, pour être vraie, doit être comprise avec quelques restrictions ; car l'amour des richesses n'est pas la seule racine de tous les maux. Il y a mille autres racines de mal dans ce monde, comme une triste expérience nous le montre chaque jour. La signification de ce passage ne peut être que : c'est la racine d'un très grand nombre de maux, d'un plus grand nombre, peut-être, qu'aucun autre vice. — Secondement, que le sens qu'ils donnent à cette expression, « les pauvres en esprit », n'est nullement d'accord avec le but de notre Seigneur, qui est de poser des fondements généraux de la vie divine, afin d'y élever tout l'édifice du christianisme, but qu'il n'atteint pas en nous prévenant contre tel ou tel vice seulement. Ainsi donc, lors même que ce serait là une partie du sens de ce passage, ce ne pourrait en être toute la signification. — Troisièmement, ce ne peut guère être le sens de ce verset, à moins d'accuser Jésus d'une répétition inutile ; car si la pauvreté d'esprit n'était que l'exemption d'avarice, de l'amour de l'argent, ou du désir de posséder des richesses, cette grâce reviendrait à ce dont il parle plus tard, et ferait partie de la pureté de cœur.

                  Qui sont donc « les pauvres en esprit ? » Ce sont, sans doute, les humbles ; ceux qui se connaissent eux-mêmes, qui sont convaincus de péché, ceux à qui Dieu a donné cette première repentance qui précède la foi en Christ.

                    Un homme dans ce cas ne peut plus dire : « Je suis riche, je me suis enrichi, et je n'ai besoin de rien », sachant qu'il « est malheureux, et misérable, et pauvre, et aveugle et nu (Apocalypse 3 : 17)  ». Il est convaincu qu'il est misérablement pauvre en esprit, et qu'aucun bien spirituel n'habite en lui. « Je sais, dit-il, que le bien n'habite point en moi (Romains 7 : 18) », mais au contraire tout ce qui est mauvais et abominable. Il a un sentiment profond de la lèpre dégoûtante du péché qu'il a apportée avec lui en naissant, qui couvre son âme entière et en corrompt l'énergie et les facultés. Il aperçoit de plus en plus les mauvaises passions qui naissent de cette mauvaise racine ; l'orgueil et la fierté d'esprit ; le penchant constant à avoir de lui-même une plus haute opinion qu'il ne devrait ; la présomption, la soif de l'estime ou de l'honneur qui vient des hommes ; la haine ou l'envie, la jalousie ou la vengeance, la colère, la malice ou l'amertume ; une inimitié innée contre Dieu et contre l'homme, qui se montre sous dix mille formes différentes ; l'amour du monde, l'obstination, les désirs insensés et nuisibles qui s'attachent fortement à son âme. Il sent combien il a donné lieu au scandale par sa langue, sinon par des propos impies, immodestes, faux ou désobligeants, du moins par des discours qui ne servent pas à l'édification, qui ne communiquent pas la grâce à ceux qui les entendent (Éphésiens 4 : 29) », et qui, par conséquent, sont corrompus aux yeux de Dieu, et contristent le Saint-Esprit. Il rappelle aussi sans cesse ses mauvaises actions dans sa mémoire : s'il les énumère, il y en a plus qu'il ne peut dire. Il lui serait tout aussi facile de compter les gouttes de pluie, le sable de la mer, ou les jours de l'éternité, que de faire le calcul de ses péchés.

                     Sa culpabilité est aussi maintenant devant ses yeux : il connaît la punition qu'il a méritée, ne fût-ce qu'à cause de son esprit charnel, de la corruption entière et totale de sa nature ; combien plus encore à cause de ses désirs dépravés et de ses mauvaises pensées, de ses paroles et de ses actions criminelles. Il ne doute pas un instant de la punition que mérite la moindre de ses fautes, savoir la condamnation aux enfers, — « ou leur ver ne meurt point, et ou le feu ne s'éteint point (Marc 9 : 46)  ». Et surtout le crime de ne pas avoir « cru au nom du Fils unique de Dieu (Jean 3 : 18) » pèse sur lui de tout son poids. Comment, dit-il, échapperai-je, moi qui néglige « un si grand salut ! » Celui qui ne croit point est déjà condamné », et « la colère de Dieu demeure sur lui (Jean 3 : 36)  ».

                   Mais que donnera-t-il en échange de son âme, qui est livrée à la juste vengeance de Dieu ? Avec quoi préviendra-t-il l'Éternel (Michée 6 : 6) ? » Comment lui paiera-t-il ce qu'il lui doit ? Lors même que depuis ce moment il obéirait parfaitement à tous les commandements de Dieu, ceci ne pourrait faire compensation pour un seul de ses péchés, pour un seul acte de désobéissance passée, puisqu'il doit à Dieu tout le service qu'il est en son pouvoir de lui rendre depuis le moment où il est né et à jamais. Quand même il pourrait payer sa dette dès ce moment, cela ne pourrait compenser ce qu'il aurait dû faire auparavant. Il se voit donc entièrement incapable d'expier ses péchés passés, entièrement incapable de faire quelque compensation à Dieu, de payer une rançon quelconque pour son âme.

                    Il sait même que si Dieu voulait lui pardonner tout le passé, sous la seule condition qu'il ne péchât plus, et que, pour l'avenir, il obéît entièrement et constamment à tous les commandements de Dieu ; il sait que cela ne lui servirait de rien puisqu'il ne pourrait remplir cette condition. Il sait et il sent qu'il n'est pas capable d'obéir même aux commandements de Dieu les plus faciles, tandis que son cœur est encore dans son état naturel de péché et de corruption, vu qu'un mauvais arbre ne peut porter de bons fruits. Et il ne peut purifier son mauvais cœur ; quant aux hommes, c'est impossible. Il ne sait donc pas comment s'y prendre, même pour commencer à marcher dans le sentier des commandements de Dieu ; comment avancer d'un seul pas dans ce chemin. Assiégé par le péché, la douleur et la crainte, et ne trouvant aucune voie de salut, il ne peut que s'écrier : « Seigneur, sauve-moi, ou je péris ».

                  La pauvreté d'esprit, en tant qu'elle marque le premier pas que nous faisons dans la course qui nous est proposée, est donc un juste sentiment de nos péchés intérieurs et extérieurs, de notre culpabilité et de notre faiblesse. C'est ce que quelques personnes ont appelé, d'un mot bien impropre, « la vertu de l'humilité », comme si c'était une grande vertu de reconnaître que nous méritons la condamnation éternelle. L'expression de notre Seigneur ne donne à l'auditeur que l'idée d'un grand besoin, du péché, d'une culpabilité, d'une misère sans remède.

                   Le grand Apôtre des Gentils, lorsqu'il s'efforce d'amener les pécheurs à Dieu, parle d'une manière semblable à celle-ci : « La colère de Dieu », dit-il, « se déclare du ciel contre toute l'impiété et l'injustice des hommes (Romains 1 : 18) ; accusation qu'il fait tomber d'abord sur les païens, prouvant par là qu'ils sont sous la colère de Dieu. Il montre ensuite que les Juifs, ne valant pas mieux qu'eux, étaient, par conséquent, sous la même condamnation ; et il dit tout cela non pour les exciter à rechercher « la noble vertu de l'humilité », mais « afin que tous aient la bouche fermée et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu (Romains 3 : 19).

                   Il leur montre ensuite qu'ils étaient sans force, aussi bien que coupables, ce qui est évidemment le sens de ce qu'il ajoute : « C'est pourquoi personne ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi ». — Mais, dit-il encore, la,justice de Dieu a été manifestée ; la justice, dis-je, de Dieu, qui est par la foi en Jésus-Christ ».

                    « Nous concluons donc que l'homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi  » ; expressions ayant toutes pour but « d'empêcher la fierté de l'homme de paraître (Job 33 : 17) », de l'humilier jusque dans la poussière, sans lui apprendre à regarder son humilité comme une vertu ; de faire naître dans son cœur cette conviction vive et profonde de sa corruption complète, de sa culpabilité et de sa grande faiblesse, qui rejette le pécheur dépouillé de tout, perdu et ruiné, sur son puissant libérateur Jésus-Christ, le Juste. 

                      On ne peut s'empêcher de remarquer ici, que le christianisme commence justement là où se termine la morale païenne, car la pauvreté d'esprit, la conviction de péché, le renoncement. à soi-même, l'absence de notre propre justice (qui est le premier point exigé par la religion de Jésus-Christ) ; toutes ces choses laissent le paganisme bien loin derrière elles. Elles ont toujours été cachées aux sages de ce monde ; tellement, que la langue latine, même avec les perfectionnements qu'elle a reçus sous Auguste, ne contient pas même un seul mot pour désigner l'humilité (le mot latin d'où nous dérivons notre expression, ayant une signification différente) ; et il n'en existait point dans le grec, cette langue si riche, jusqu'à ce que le grand Apôtre en eût formé un.

                     Oh ! puissions-nous sentir ce qu'ils ne pouvaient pas exprimer ! Pécheur ! réveille-toi ! Connais-toi toi-même ! Souviens-toi et sens que « tu as été formé dans l'iniquité », que « ta mère t'a conçu dans le péché (Psaume 51 : 7) », et que tu as entassé toi-même péché sur péché, dès que tu as pu discerner le bien du mal ! Abaisse-toi sous la main puissante de Dieu, en te reconnaissant justement condamné à la mort éternelle, et mets de côté, abandonne, déteste toute idée de pouvoir jamais t'aider toi-même. Que tout ton espoir soit d'être lavé dans le sang de Christ et d'être renouvelé par l'Esprit tout puissant de Celui « qui a porté nos péchés en son corps sur le bois (1Pierre 2 : 24) ! » Alors tu pourras témoigner de la vérité de cette parole : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ».

                     En disant que le royaume des cieux est aux pauvres en esprit, notre Seigneur parle ici de ce royaume des cieux (ou de Dieu), qui est en nous ; savoir : « la justice, la paix et la joie par le Saint-Esprit (Romains 14 : 17)  ». Et qu'est-ce que la justice, si ce n'est la vie de Dieu dans l'âme, les dispositions que Jésus-Christ a eues, l'image de Dieu empreinte dans le cœur renouvelé d'après l'image de celui qui l'a créé ? » Qu'est-ce, si ce n'est l'amour que nous devons à Dieu, parce qu'il nous a aimés le premier, et l'amour que nous devons à toute l'humanité, par amour pour Dieu ?

                     Qu'est-ce que la paix, la paix de Dieu, si ce n'est ce calme serein de l'âme, ce doux repos dans le sang de Jésus, qui ne nous laisse pas le moindre doute d'avoir été acceptés de lui ; qui exclut toute crainte, hormis la crainte affectionnée et filiale d'offenser notre père qui est aux cieux ?

                    Ce royaume intérieur consiste aussi dans la joie par le Saint-Esprit ; car cet Esprit scelle sur nos cœurs « la Rédemption acquise par le sang de Jésus (Romains 3 : 23) », la justice de Christ, qui nous est imputée par la rémission des péchés commis auparavant ; « et il nous donne maintenant le gage de notre héritage (Éphésiens 1 : 14) », de la couronne que le Seigneur, le juste juge, donnera en ce jour-là. Et on peut bien l'appeler « le royaume des cieux », puisque c'est le ciel déjà ouvert sur la terre, la première source de ces plaisirs qui coulent à la droite de Dieu pour toujours.

                    « Le royaume des cieux est à eux ». Qui que tu sois, à qui Dieu a donné d'être pauvre en esprit, de te sentir perdu, tu as des droits à ce royaume, par la promesse gracieuse de Celui qui ne peut mentir. Il a été acheté pour toi par le sang de l'Agneau. Il est près de toi. Tu es à l'entrée du ciel ! Un pas de plus et tu entreras dans le royaume de justice, de paix et de joie ! N'es-tu que péché ? « Voici l'Agneau do Dieu qui ôte les péchés du monde (Jean 1 : 29) ! » — Qu'impureté ? Regarde à ton « avocat auprès du Père, savoir : Jésus-Christ, le Juste ». — Es-tu incapable d'expier la moindre de tes fautes ? — « C'est lui qui est la propitiation pour » tous tes « péchés ». Crois, maintenant, au Seigneur Jésus-Christ ; et tous tes péchés sont effacés ! — Es-tu entièrement souillé d'âme et de corps ? Voici « la source pour le péché et pour la souillure (Zacharie 13 : 1) ! » « Lève-toi, et sois lavé de tes péchés ! » Que l'incrédulité ne te suggère ni doute, ni défiance quant à la promesse de Dieu ! donne gloire à Dieu, aie le courage de croire, écrie-toi, maintenant, du fond du cœur :  

Oui, je me soumets, je me soumets enfin,
J'écoute ton sang qui plaide pour moi ; 
 Je me jette, avec tous mes péchés, 
 Aux pieds de mon Dieu, qui les a expiés. 

                    C'est alors que tu apprends de lui à être « humble de cœur (Matthieu 11 : 29)  ». Voilà ce qui constitue la vraie humilité, l'humilité naturelle et chrétienne, qui découle du sentiment de l'amour de Dieu réconcilié avec nous en Jésus-Christ. La pauvreté d'esprit, d'après cette signification du mot, commence là où se termine le sentiment de notre culpabilité et de la colère de Dieu ; c'est un sentiment continuel de notre dépendance entière de lui, pour chaque bonne pensée, parole ou action ; de notre incapacité complète à faire le moindre bien, à moins qu'Il ne nous « arrose de moment en moment (Esaïe 27 : 3) ; » c'est aussi de l'aversion pour la louange qui vient des hommes, sachant que toute louange est due à Dieu seul. A cela se joignent une honte pleine d'amour, et une humiliation profonde devant Dieu, même pour les péchés qu'il nous a sûrement pardonnés, et pour le péché qui reste encore dans notre cœur, quoique nous sachions qu'il ne nous est pas imputé pour notre perdition. Cependant, la conviction de ce péché devient chaque jour plus intime. Plus nous croissons en grâce, plus nous nous apercevons de la désespérante méchanceté de notre cœur. Plus nous avançons dans la connaissance et dans l'amour de Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ (quelque mystérieux que ceci puisse paraître à ceux qui ne connaissent pas le pouvoir de Dieu à salut), plus nous sentons notre éloignement naturel à l'égard de Dieu, l'inimitié qui existe contre lui dans notre esprit charnel, et la nécessité d'être entièrement renouvelés en justice et en vraie sainteté.

Examinons maintenant la deuxième béatitude.

                   Celui qui commence à connaître par expérience le royaume intérieur des cieux, n'a, il est vrai, presque aucune conception de la nécessité dont nous venons de parler. « Dans sa prospérité, il dit : Je ne serai jamais ébranlé ; ô Éternel ! tu as mis la force dans ma montagne (Psaume 30 : 7,8)  ». Il a tellement écrasé le péché sous ses pieds, qu'il peut à peine croire qu'il existe en lui. Il impose même le silence à la tentation, et elle se tait ; elle ne peut approcher de lui pour le moment. Il est porté sur les nues par les chariots de la joie et de l'amour ; il prend son essor « comme sur des ailes d'aigle (Esaïe 19 : 4)  ». Mais notre Seigneur savait bien que souvent cet état de triomphe ne dure pas : c'est pourquoi il ajoute aussitôt : « Heureux ceux qui sont dans l'affliction, car ils seront consolés ».

                    Nous ne pouvons nous imaginer que cette promesse appartienne à ceux qui pleurent pour quelque sujet terrestre ; à ceux qui sont dans l'affliction et dans la tristesse, à cause de quelque peine ou de quelque désappointement terrestre, tels que la perte de leur réputation ou de leurs amis, ou la diminution de leur  fortune ; non plus qu'à ceux qui s'affligent par crainte de quelque mal temporel ou qui désirent les choses terrestres qui « font languir le cœur (Proverbes 13 : 12)  ». Ne pensons pas que de telles gens « recevront quelque chose du Seigneur ». Ce n'est pas à lui qu'ils pensent  » ; ils se promènent parmi ce qui n'a que de l'apparence, et se tourmentent en vain (Psaume 39 : 7)  ». « C'est de ma part que tout ceci vous arrivera », dit le Seigneur ; « vous serez gisants dans les tourments (Esaïe 50 : 11 Ed. anglaise Des Bibles polyglottes)  ».

                   Notre Seigneur parle ici de ceux qui sont dans l'affliction pour une raison plus sainte ; de ceux qui soupirent après Dieu, après celui en qui ils se sont peut-être déjà « réjouis d'une joie ineffable (1Pierre 1 : 8) », lorsqu'il leur a donné de goûter la bonne parole qui nous annonce le pardon, « et les puissances du siècle à venir (Hébreux 11 : 5) », mais auxquels maintenant « il cache sa face ; et ils sont troublés (Ps 104 : 29)  ». Ils ne peuvent le voir à travers le nuage ténébreux. Ils croyaient (parce qu'ils le désiraient) que la tentation et le péché étaient partis pour toujours ; mais ils les voient revenir bientôt, les poursuivre avec une nouvelle vigueur, et les entourer de tous côtés. Il n'est pas étonnant que leur âme soit tourmentée, que le trouble et la tristesse s'emparent d'eux. Le grand ennemi ne manquera pas alors de saisir cette occasion, et de demander : « Où est maintenant ton Dieu ? Où est donc la félicité dont tu parlais ? Le commencement du royaume des cieux ? Quoi ! Dieu t'a-t-il dit : Tes péchés te sont pardonnés ? Sûrement, Dieu ne te l'a pas dit. Ce n'était qu'un rêve, qu'une simple illusion, qu'une création de ta propre imagination. Si tes péchés sont pardonnés, pourquoi es-tu dans cet état ? Est-ce qu'un pécheur pardonné peut-être si souillé ? » — Et si alors, au lieu de crier aussitôt à Dieu, ces chrétiens affligés raisonnent avec l'esprit séducteur, ils seront vraiment remplis de tristesse, de chagrin et d'une angoisse inexprimable, Et même lorsque Dieu luit de nouveau sur l'âme, et éloigne tous les doutes au sujet de sa miséricorde passée, cependant, celui qui est faible dans la foi peut encore être tenté et troublé, à cause de ce qui est à venir ; surtout lorsque le péché intérieur se réveille et l'attaque violemment pour le faire tomber. C'est alors qu'il peut s'écrier de nouveau : J'ai encore un péché ! c'est la crainte qu'après avoir achevé ma carrière, je ne périsse sur le rivage ! Je crains de faire naufrage quant à la foi, et que mon dernier état ne soit pire que le premier : que tout mon pain de vie ne me manque, et que je ne tombe en enfer irrégénéré !

                    Il est sûr que cette « affliction » semble d'abord un sujet de tristesse et non pas de joie ; mais elle produit ensuite un fruit paisible pour ceux qui ont été ainsi exercés (Hébreux 12 : 11)  ». Heureux donc ceux qui sont ainsi affligés ! s'ils attendent le Seigneur, et ne se laissent pas détourner de la voie par les pauvres consolations de ce monde ; s'ils rejettent hardiment toutes celles du péché, de la folie et de la vanité ; tous les divertissements et les vains amusements du monde ; tous les plaisirs « qui sont pernicieux par leurs abus (Colossiens 2 : 22) », et qui ne tendent qu'à engourdir et endormir l'âme, afin qu'elle perde le sentiment, soit d'elle-même, soit de Dieu. Heureux ceux qui « continuent à connaître l’Éternel (Osée 6 : 3) », et qui refusent constamment toute autre consolation. Ils seront consolés par son esprit, par une nouvelle manifestation de son amour, par un témoignage qui ne leur sera jamais ôté, de leur acceptation en Jésus-Christ, le Bien-Aimé. Cette « confiance pleine et parfaite (Hébreux 10 : 22) » dissipe les doutes aussi bien que toutes les craintes qui les tourmentent. Dieu leur donne maintenant une espérance assurée de quelque chose de durable, et « une consolation ferme par grâce ». Sans disputer, pour savoir s'il est possible à de telles personnes, « qui ont été une fois illuminées, et qui ont été faites participantes du Saint-Esprit (Hébreux 6 : 4), de retomber ; qu'il leur suffise de dire, par le pouvoir de l'Esprit qui demeure en elles : « Qui nous séparera de l'amour de Christ ? — Je suis assuré que ni la vie, ni la mort, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les choses élevées, ni les choses basses, ne nous pourront séparer de l'amour que Dieu nous a montré, en Jésus-Christ notre Seigneur (Romains 8 : 35-39)  ». 

                  Ces états successifs de l'âme, celui dans lequel on soupire après un Dieu absent et celui dans lequel on retrouve la joie de contempler sa face, semblent être esquissés dans les paroles que notre Seigneur fit entendre à ses Apôtres, la nuit qui précéda sa passion : Vous vous demandez les uns aux autres ce que signifie ce que j'ai dit : dans peu de temps vous ne me verrez plus, et un peu de temps après vous me reverrez. En vérité, en vérité, je vous dis que vous pleurerez et vous vous lamenterez », lorsque vous ne me verrez pas ; « et le monde se réjouira », triomphera de vous, comme si votre espoir vous avait abandonné. « Vous serez dans la tristesse » à cause de vos doutes, de vos craintes, de vos tentations et de vos passions ; « mais votre tristesse sera changée en joie » par le retour de Celui que votre cœur aime. « Quand une femme accouche, elle a des douleurs parce que son terme est venu ; mais dès qu'elle est accouchée d'un enfant, elle ne se souvient plus de son travail, dans la joie qu'elle a de ce qu'un homme est né dans le monde. De même vous êtes maintenant dans la tristesse  » ; vous êtes dans l'affliction et ne pouvez être consolés, « mais je vous verrai de nouveau, et votre cœur se réjouira » d'une joie calme et intérieure, "et personne ne vous ravira votre joie (Jean 16 : 19-22)".  
                      Mais quoique cette affliction soit passée, soit changée en une sainte joie, par le retour du Consolateur, il y a encore une autre affliction bénie qui se trouve chez les enfants de Dieu. Ils gémissent aussi à cause des péchés et des misères de l'humanité. « Ils pleurent avec ceux qui pleurent (Romains 12 : 15)  ». Ils pleurent sur ceux qui ne pleurent pas sur eux-mêmes, sur ceux qui pèchent contre eux-mêmes. Ils s'affligent à cause de la faiblesse, de l'infidélité de ceux mêmes qui sont, jusqu'à un certain point, sauvés de leurs péchés. « Quelqu'un est-il affligé qu'ils n'en soient aussi affligés ? Quelqu'un est-il scandalisé qu'ils n'en soient aussi comme brûlés (2 Corinthiens 11 : 29) ? Ils sont attristés à cause de l'opprobre dont on couvre continuellement le Seigneur du ciel et de la terre. Ils en ont toujours un sentiment profond qui les rend sérieux ; et ce sérieux n'est pas peu augmenté depuis que les yeux de leur intelligence ont été ouverts, en voyant le vaste océan de l'éternité, sans fond et sans bords, qui a déjà englouti des millions et des millions d'hommes ; et qui demeure béant. pour engloutir ceux qui restent encore. Ils voient, d'un côté, la maison éternelle de Dieu dans les cieux, et de l'autre, l'enfer et la destruction ; et cette vue leur fait sentir, l'importance de l'instant qui ne fait que passer et s'enfuit pour toujours.


                      Mais toute cette sagesse de Dieu est folie pour les hommes du monde. Cet état d'affliction et de pauvreté d'esprit n'est pour eux que stupidité et pesanteur. Et c'est beaucoup, s'ils ne décident pas même que c'est une simple rêverie ou une mélancolie, ou, plutôt, une frénésie et une folie évidentes. Et il n'est pas étonnant que ceux qui ne connaissent pas Dieu en jugent ainsi. Supposons que deux personnes marchent ensemble ; tout-à-coup l'un d'entre elles s'arrête et s'écrie, avec les signes de la crainte et de l'effroi : Au bord de quel précipice sommes-nous ! Regarde, nous allons périr ! Un pas de plus, et nous tombons dans ce gouffre sans fond ! Arrête, je n'irai pas plus loin, non ! pas pour tout au monde ! L'autre personne, au contraire, qui paraît, du moins, à ses propres yeux, douée d'une bonne vue, avance et ne voit rien du tout ; que pensera-t-elle de son compagnon, si ce n'est qu'il déraisonne, qu'il a perdu la tête, que tant de religion (s'il n'est pas coupable de posséder un grand savoir) l'a sûrement rendu fou !


                    Mais que les enfants de Dieu, ceux qui pleurent en Sion, ne soient agités par aucune de ces choses. Vous, dont les yeux sont éclairés, ne soyez pas troublés par ceux qui marchent encore dans les ténèbres. Vous ne poursuivez pas une ombre vaine : Dieu et l'éternité sont des réalités. Le ciel et l'enfer sont réellement ouverts devant vous, et vous êtes sur le bord du grand abîme. Cet abîme a déjà englouti des foules innombrables, peuples, nations, familles et langues ; et, la bouche béante, il est prêt à dévorer encore dans leur étourderie, les malheureux enfants des hommes, soit qu'ils le voient ou non. Oh ! criez à haute voix, et ne vous taisez pas ! Que votre prière s'élève vers Celui qui tient en ses mains le temps et l'éternité, pour qu'il ait pitié de vous et de vos frères, et qu'il vous juge dignes d'échapper à la destruction qui vient comme un tourbillon ! pour que vous puissiez arriver en sûreté à travers les flots et les tempêtes dans le port où vous désirez être recueillis ! Pleurez pour vous-mêmes, jusqu'à ce qu'il essuie toutes larmes de vos yeux. Et, alors, pleurez pour les calamités qui fondent sur la terre, jusqu'à ce que le Seigneur de tous ait fait cesser la misère et le péché, et qu'il ait essuyé les larmes de tous les yeux, jusqu'à ce qu'enfin « la terre soit remplie de la connaissance de l’Éternel, comme le fond de la mer des eaux qui le couvrent (Esaïe 11 : 9). 

 

mardi 31 mai 2016

(7) Les caractéristiques de Sion T. Austin-Sparks

VII – LA MANIFESTATION FINALE DE LA GLOIRE


« Des choses glorieuses sont dites sur toi, ô Cité de Dieu » (Psaume 87:3).
 

« Mais vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la Cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, des myriades qui forment le chœur des anges, de l’assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux, de Dieu le Juge de tous, des esprits des justes parvenus à la perfection » (Hébreux 12:22-23).
 

« J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des Fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité – non de son propre gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise – avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Car, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création toute entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement » (Romains 8:18-22).
 

« Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres ; mais la gloire des choses célestes est différente de la gloire des choses terrestres ; autre est l’éclat du soleil, autre est l’éclat de la lune et autre est l’éclat des étoiles ; même une étoile diffère en éclat d’une autre étoile. Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Le corps est semé corruptible ; il ressuscite incorruptible ; il est semé méprisable, il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel… Ce que je dis, frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent hériter le Royaume de Dieu, et que la corruption n’hérite pas l’incorruptibilité. Voici, je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés en un instant, en un clin d’oeil, à la dernière trompette. La trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité. Lorsque ce sera le cas, alors s’accomplira la parole qui a été écrite : La mort a été engloutie dans la victoire. O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi. Mais, grâces soient rendues à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! » (1 Corinthiens 15:40-44,50-57).
 

« Quand Christ, qui est notre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec Lui dans la gloire » (Colossiens 3:4).
 

« … afin de faire paraître devant Lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible » (Éphésiens 5:27). Nous avons été engagés avec la gloire dans l’Église et en Christ Jésus. 


                    Au chapitre 5, c’était la gloire dans les initiatives divines. Au chapitre 6, c’était la gloire en opération cachée. A présent, c’est la gloire dans sa manifestation ultime. Les passages que nous avons lus sont tous en rapport avec cette manifestation finale de gloire. Il existe encore bien d’autres passages de l’Écriture qui sont en rapport avec cela.

A - La Création soumise à la Vanité

                       Il nous faut tout d’abord revenir à cette déclaration de l’apôtre dans Romains 8. Il déclare que Dieu, par un acte souverain, a soumis jusqu’à un certain point, la création à la vanité : « La création a été soumise à la vanité, non de son plein gré… » (Romains 8:20). Dieu œuvrait contrairement à ce que la création voulait et désirait, « non de son plein gré, mais à cause de Celui qui l’y a soumise, avec l’espérance… ».

                        Mais ce qui est déclaré est que Dieu a agi souverainement pour soumettre la création à la vanité. Le mot « vanité » ici ne convient pas tout à fait au sens réel exprimé par le mot «déception » – pas seulement la déception, mais la misère et la désillusion qui accompagne cette déception profonde. Dieu a délibérément soumis la création à une misère de déception et de désillusion. Cette dernière a une raison d’exister ; elle cesse de répondre à ce but, à ce rendez-vous, qui était de manifester la nature de Dieu, car c’est dans l’expression de Sa nature que se trouve la gloire de Dieu. La gloire, c’est quand Dieu est satisfait dans l’essence de son existence et de Sa véritable nature. Et la création a cessé de fonctionner conformément à l’expression de la nature et de la satisfaction de Dieu pour Sa gloire. Ainsi Dieu a imposé son embargo sur la création et a mis sur elle l’empreinte d’une force de déception et de désillusion, une destination non seulement manquée mais impossible à réaliser dans son état d’existence.

                       Nul besoin d’argumenter longtemps pour prouver que cette déception repose sur toute cette création. Plus la création avance, plus grande est la déception, plus intense, plus terrible et plus grande est la misère. Mais le plus important est de savoir que c’est un acte souverain de Dieu d’amener la création à ce niveau de déception, de désillusion et de misère.


B - Le processus évolutif d’une création qui soupire

                     Le deuxième point souligné par l’apôtre ici est qu’il existe une œuvre évolutive dans cette création qui gémit. Tout d’abord, la création « souffre les douleurs de l’enfantement ». Et puis, il y a quelque chose qui se produit, qui évolue et qui cause toute cette douleur et ce trouble et qui est imputable à cette situation.

                    Ces gémissements et ces douleurs sont comme des prophéties annonciatrices de futurs événements  : « Toute la création éprouve les douleurs de l’enfantement ».

                        Ensuite, l’apôtre dit que « nous-mêmes aussi, qui sommes les prémisses de l’Esprit, nous gémissons en nous-mêmes ». « Les premiers fruits de l’Esprit », il s’agit d’une autre sorte de gémissement, celui qui est à l’intérieur du plus profond de la création.

                          La création ne gémit pas de la même manière dont nous gémissons. La création ne gémit pas pour la même raison que nous. Elle n’a pas les prémisses de l’Esprit. Nous, oui. Quels sont ces prémisses ou ces arrhes de l’Esprit ?

C - Les prémisses (ou premiers fruits) de l’Esprit

« L’Esprit de Dieu demeure en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas » (Romains 8:9-10). 

                     Nous avons les prémisses de l’Esprit ; premièrement, l’Esprit demeure avec nous. Ensuite, « tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Romains 8:14). Les prémisses de l’Esprit – ceux chez qui l’Esprit demeure sont conduits par l’Esprit. Ensuite, «l’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et co-héritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui » (Romains 8:16-17).

                    L’Esprit rend témoignage que nous sommes enfants de Dieu. Les premiers fruits de l’Esprit – demeurant, conduisant, guidant et rendant témoignage. Nous, qui avons ces prémisses, nous découvrons par ces choses, par l’habitation de l’Esprit, par la conduite de l’Esprit, par le témoignage de l’Esprit, que nous sommes enfants de Dieu ; par ces choses nous nous voyons gémir. Pour quoi ?

                         Nous avons les premiers fruits de l’Esprit. Ce ne sont pas tous les fruits de l’Esprit. Ils ne sont simplement qu’une espèce d’indication de quelque chose de plus, de plus complet, et, par l’opération du Saint-Esprit en nous, il se produit une insatisfaction divine par rapport à notre état spirituel ; ou, pour le présenter autrement, une aspiration très forte pour quelque chose se fait jour.

                  Les premiers fruits montrent la direction de la pleine moisson et indiquent qu’il y a bien plus. Quoi ? Les prémisses indiquent la fin de l’œuvre du Saint-Esprit « que nous puissions être glorifiés avec Lui ». Et puis l’apôtre se tourne vers la création elle-même, et dit que toute la création est dans un état de dépendance par rapport à ce qui va se faire par l’opération du Saint-Esprit en nous : « La création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu » (Romains 8:19).

                    La création soupire et souffre les douleurs de l’enfantement, en attendant la révélation des fils de Dieu, en attendant que l’Esprit ait fait son œuvre et suscité quelque chose de glorieux en termes de filiation pour la satisfaction de Dieu.


D - La création doit être libérée de l’esclavage

                    Et lorsque Dieu eut achevé la création, l’apôtre continue en disant « la création elle-même sera aussi affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Romains 8:21) ; c’est la gloire et la liberté, la libération, des fils de Dieu. L’esclavage dans la création, la servitude en nous tous, dirigés vers une glorieuse manifestation, et ensuite, lorsque le rendez-vous de la création sera réalisé, la création toute entière sera délivrée, Dieu aura atteint son but, « Aussi la création attend elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu ».

                   L’expression « ardent désir » est utilisée ici avec force ; c’est l’image de quelqu’un qui est aux aguets, suspendu, dans une grande expectative, surveillant l’horizon, excité par ce qu’il attend, comme si tout dépendait de ce qui va apparaître bientôt. Les yeux, l’attention, l’être tout entier concentrés vers l’horizon, dans une grande attente de ce qui va venir. L’apôtre utilise cette image en disant qu’il en est ainsi de la création – attente fébrile, suspendue, concentrée sur la manifestation des fils de Dieu, parce que sa libération dépend de cette manifestation.


E - La manifestation de la Gloire

              Ainsi, nous sommes conduits vers la manifestation elle-même, la manifestation de gloire ultime et finale. Mais arrêtons-nous un moment sur le mot « manifestation ». Il n’est pas question ici de création de la gloire, mais de sa manifestation. Ce qui signifie que quelque chose s’est déjà passé, existe déjà, quelque chose est déjà à l’œuvre. Ce qui nous ramène au chapitre précédent – l’œuvre puissante de grâce, de gloire en termes de grâce, "Pour la gloire de sa grâce"

                   Une œuvre se produit en nous par l’Esprit, pour nous changer, nous transformer, nous faire participer à la ressemblance de Christ et à Sa nature divine, et pour l’exprimer au travers de l’épreuve, de l’adversité, de l’affliction et de la souffrance – oui, c’est toute cette grâce en termes de gloire, toute cette gloire en termes de grâce, qui sont produites. La gloire existe de manière cachée. Chaque victoire de la grâce de Dieu en nous est à Sa gloire, Sa gloire en essence agissant en nous. Et puis ce qui est caché s’est produit secrètement, toute cette formation de l’Esprit, toute cette transformation de l’Esprit, toute cette œuvre profonde de l’Esprit, tout ce qui constituait Christ par l’Esprit, se manifeste pleinement, la manifestation dans la gloire.


F - Quand la manifestation aura-t-elle lieu ?

                  Si c’est la gloire dans l’Église, si elle est l’élue, prédestinée, choisie en Christ, si ce sont ces fils qu’il a choisis en Christ avant la fondation du monde, la manifestation de gloire doit attendre et se synchroniser avec le moment où le nombre des élus et l’apport du dernier membre de cette Église seront achevés et complétés. La venue de Christ est en relation avec cela, en connexion avec la manifestation de cette gloire.

                    Bien que, bien sûr, elle dépende de nos progrès spirituels, le nombre d’élus dépend surtout de notre coopération avec le Saint-Esprit ; Dieu sait très bien qui ils sont, nous ne le savons pas. D’où la nécessité d’être conduit par l’Esprit, comme Philippe qui fut conduit dans le désert pour trouver un homme, un homme très stratégique.

                 Vous pourriez décider d’aller quelque part et de rassembler une grande foule, et parce que vous êtes en dehors du temps de Dieu ou pour une autre raison, vous ne rassemblerez aucun élu malgré vos efforts. Si le Saint-Esprit vous conduit réellement, soyez toujours sûr qu’Il est à la recherche d’un élu.

                    Il sait exactement où se trouvent les élus. Le point important est que nous soyons dans l’appel et dans l’urgence d’entrer dans les affaires de l’Esprit, pour chercher et trouver les élus, car la gloire attend la manifestation des fils de Dieu.

                    Mais il y a encore plus dans cette expression « manifestation des fils de Dieu ». Les fils ont tous été connus et choisis avant la fondation du monde, mais Il n’a jamais dit qui ils sont, à personne. Seul Lui le sait. C’est le secret de Dieu, Il connaît ceux qui font partie de Son Église. Ceux qui en font partie ne sont pas seulement ceux qui seront sauvés finalement, mais Lui seul sait qui ils sont.

                     Mais quand la manifestation se produira, ce sera une révélation de tout ce qu’Il a toujours su. De toute éternité, Il a connu Son secret, Ses élus, Ses choisis, et ils seront manifestés. Bien sûr, cela implique beaucoup de sujets difficiles.

                Pour être simple, tout d’abord, la manifestation des fils est en attente de l’assurance des fils. Il devrait y avoir une sérieuse conscience de responsabilité pour coopérer avec le Saint-Esprit dans le but de rassembler jusqu’au dernier membre parmi les élus.

                 Nous devrions voir au-delà s’il y a peut-être un élu en Christ avant la fondation du monde avec l’instrument du Saint-Esprit opérant au travers de nous ; il devrait y avoir sur nos cœurs une nouvelle passion pour atteindre les perdus, ceux qui n’ont pas encore été réunis, pas seulement des personnes sauvés de l’enfer, mais qui font le plaisir de Dieu et qui apportent une liberté de la création par la manifestation de ces fils. Ensuite, la manifestation des fils se produit quand l’oeuvre de la grâce est achevée en nous. Il nous faut penser à l’Église comme un tout.

                  Évidemment, je ne peux pas porter toute la souffrance qui existe, toute l’adversité et l’épreuve, c’est pourquoi je ne peux pas engloutir toute la grâce de Dieu. Mais, vous pouvez souffrir avec moi, vous pouvez la partager, et vous pouvez y ajouter quelque chose par votre souffrance, et je peux y ajouter quelque chose à la tienne, et nous pouvons tous ajouter quelque chose par nos souffrances mutuelles. J’ai besoin de vos souffrances pour atténuer les miennes. Tu souffres mais tu ne souffres pas seul. Tu souffres pour mon bien et je souffre pour ton bien, et tu vas partager mes souffrances comme je vais partager les tiennes, pour réaliser la somme de perfectionnement, non seulement d’individus mais d’individus faisant partie d’un tout. C’est l’Église qui sera perfectionnée. J’ai besoin de ta souffrance pour aider la mienne. J’ai besoin de ta grâce dans la souffrance pour aller avec la mienne et vice versa.

                    C’est l’Église qui doit arriver à la perfection, et un seul membre ne peut pas recevoir toute la gloire, c’est pourquoi un seul membre ne peut recevoir toute la souffrance. Il s’agit de quelque chose de mutuel, d’un partenariat dans la souffrance, pour que nous soyons ensemble dans la gloire. Nous serons glorifiés ensemble. C’est le perfectionnement de grâce dans l’Église. Que Sa grâce est immense ! Cela me coûterait tellement de connaître Sa grâce en totalité : nous la partageons entre nous, la grâce perfectionnée dans le Corps, dans une compagnie.

                      Ne serait-ce pas l’explication d’une intensification des tribulations à la fin des temps ? Pourquoi celles-ci doivent-elles s’intensifier à la fin ? Pourquoi ces choses terribles de l’Apocalypse où l’ennemi va vaincre les saints pour un temps ? Mais ce n’est pas la fin. Oui, à la fin, il y aura beaucoup de tribulation, mais aussi une augmentation de la grâce, de la victoire et de la gloire. Ainsi la gloire sera manifestée lorsqu’il y aura un nombre suffisant d’élus, qui connaîtront pour ainsi dire la grâce de Dieu au niveau le plus haut possible.

G - La Gloire de Son apparition

                    Arrive bien sûr l’évènement. Je ne crois pas que la venue du Seigneur ne soit qu’un incident isolé et factice, quelque chose comme un évènement dans un calendrier divin.

                    Ce fait est relié à toutes les choses dont nous avons parlées. L’apparition du Seigneur dépend de l’achèvement des élus. Elle dépend d’une œuvre de grâce qui a rendu possible la manifestation de gloire parce que c’est une base pour la glorification. La gloire ne va pas exister bon gré mal gré. Elle a ses exigences.

              Ensuite, la venue du Seigneur est une venue, un avènement et nous voyons beaucoup la gloire liée à Son apparition. Vous remarquerez que la venue du Seigneur revêt deux aspects. La première est Son apparition, une apparition en gloire. Lui-même posait la question « Qu’en sera-t-il quand vous verrez le Fils de l’Homme venir dans la gloire de Son Père avec Ses anges ? ». Son apparition dans la gloire.


H - La Gloire de l’Enlèvement

            Il y a d’un côté Son apparition, de l’autre côté, l’Enlèvement lors de Son apparition. « Voici je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés en un instant, en un clin d’œil… » (1 Corinthiens 15:51), que nous soyons ici bas ou ressuscité là haut. Voila l’Enlèvement qui coïncide avec Son apparition, et avec l’apparition, tous ces couronnements. C’est l’apogée de tous les couronnements. Ce merveilleux passage de 1 Corinthiens 15 parle des gloires de la résurrection : « Une gloire pour le soleil, une autre gloire pour la lune, et une autre pour les étoiles… Ainsi en est-il de la résurrection des morts » (1 Corinthiens 15:41-42). Cette résurrection est glorieuse, et l’apôtre met l’accent sur cela, sur le corps, bien sûr.

                      Mais « des choses glorieuses sont dites sur toi, O Cité de Dieu ! », et une des gloires est très attendue, cette corruption qui revêt l’incorruptibilité, ce corps mortel qui revêt l’immortalité ; ce corps naturel qui disparaît, ce corps psychique qui disparaît, et ce corps spirituel qui vient. L’apôtre dit ailleurs « nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de mains d’homme » (2 Corinthiens 5:1). Vous ne pouvez faire quelque chose de spirituel avec vos mains, et vous ne pouvez mettre en pièces quelque chose de spirituel.

                      C’est « éternel, dans les Cieux » et « non fait de mains d’homme ». C’est une des gloires de Son apparition et de notre changement, que tout ce que nous connaissons à présent d’affliction, de souffrance, de faiblesse et de limitation dans notre corps, tout ce qui survient sur nous par le moyen de notre humanité brisée, passera lors de Son avènement, et que le corps de gloire arrivera sans rien de pareil, «La mort a été engloutie dans la victoire» (1 Corinthiens 15:54).

                    Nous avons souvent repris ces paroles « Grâces soient rendues à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! » (1 Corinthiens 15:57), comme si cela s’appliquait à notre vie spirituelle ; pourquoi pas ? Mais, ce n’est pas le cas dans ce contexte. Cela s’applique à nos corps. « Grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire » sur la mort dans nos corps lors de Son apparition. La victoire sur la mort. Oh la mort agit dans ces constitutions. Quelle souffrance et quelle limitation elles nous apportent ! Combien nous gémissons de triompher de ces œuvres de mort ! L’apôtre dit « O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ? ». Nous sommes à présent devenus incorruptibles. Dieu merci, Il nous a donné la victoire ! Nous pourrions nous attarder sur ce sujet bien plus longtemps, mais nous ne le ferons pas.

                   Nous garderons simplement en vue ces « choses glorieuses qui sont dites sur toi, O cité de Dieu », et ce sont certaines des gloires. La fin est la gloire. Dieu va conformer chaque chose à Ses commencements. Il commença dans la gloire.

                    Le jour où nous sommes venus au Seigneur, la gloire fit irruption en nous. La gloire est passée en œuvre secrète et cachée, sous forme de grâce tout au long des années de notre vie chrétienne. Elle va percer à nouveau, non pas dans les  limites d’origine, mais à la fin, en plénitude, dans une œuvre de grâce complète et dans une gloire pleinement manifestée.

               Nous sommes appelés à la gloire. Quel est donc notre problème ? Nous pensons que ce sera tout sauf la gloire. Que nous sommes misérables, combien souvent nous montrons nos faiblesses, nos échecs et tout le reste ! Nous sommes appelés à entrer dans la gloire, mais nous n’y entrerons jamais à cause de nos propres vertus ou de nos propres valeurs.

                    Ce sera par Sa grâce ; à la fin, les personnes qui auront la plus grande mesure de gloire seront celles qui auront eu besoin de la plus grande mesure de grâce et qui le savaient. Si c’est vrai, il y a de l’espoir pour nous. Accrochons-nous à cela et croyons-le !

                    La gloire est à la fin, Dieu l’a fixée ainsi !


T.A.S.


fin


dimanche 29 mai 2016

(6) Les caractéristiques de Sion T. Austin-Sparks

VI - LA GLOIRE EN OPÉRATION CACHÉE

« Des choses glorieuses sont dites sur toi, O Cité de Dieu » (Psaume 87:3). 

« A Lui soit la gloire dans l’Église et en Christ Jésus de génération en génération pour toujours et à jamais » (Éphésiens 3:21).

« ... pour célébrer la gloire de Sa grâce qu’il nous a accordée en Son bien-aimé » (Ephésiens 1:6).

 « … afin que nous servions à célébrer Sa gloire, nous qui avons espéré en Christ » (Ephésiens 1:12).

                Notre sujet concerne les caractéristiques de Sion ; autrement dit, les caractéristiques de Christ transmises et placées en Son propre peuple. Nous en arrivons maintenant aux gloires de Sion, ou à la gloire en relation avec Sion.

                     Nous avons vu dans le chapitre précédent que ce thème de la gloire revêt trois aspects :

1- la gloire dans l’initiation divine,
2- la gloire en opération cachée,
3- la gloire dans la manifestation finale.

A - Dans la vie de Christ sur terre, la Gloire est cachée

                     Dans ce cas seulement, la gloire est dissimulée. Seul le Ciel la voit, mais elle est cachée. Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que les bergers et les mages ont pensé, ce que les autres gens ont pensé, eux qui devaient savoir que le Seigneur Jésus viendrait avec la gloire céleste quelques années après ? Bien sûr, nous ne savons pas si les bergers ont pris la peine de suivre l’évolution de ce bébé. Le bébé venait de Bethléem, changea de lieu et grandit pendant trente ans principalement dans l’isolement ; et, année après année, il est fort probable que ces bergers ont dit « Ce fut une nuit fantastique qui était porteuse de merveilleuses promesses, mais où cela a-t-il mené ? ».

                        Ceux de l’Orient ont sans doute posé la même question « Pourtant, nous ne nous sommes pas trompés, il y avait une étoile qui nous a conduit au lieu où se trouvait l’enfant. Nous avons ouvert nos trésors et déclaré qu’Il est le Roi – mais que lui est-il arrivé, nous n’avons plus entendu parler de Lui depuis 30 ans ? ».

                     C’est peut-être un produit de l’imagination, mais si c’est le cas, cela
nous aide à voir que non seulement durant 30 années, mais pendant les 33 années et demi, toute la gloire était cachée, ou cachée en grande partie, sauf pour des choses significatives ici ou là, comme un miracle quand Il manifesta Sa gloire, ou sur le Mont de la Transfiguration.

                     Mais pour ces évènements occasionnels, la gloire n’était pas vue par les hommes ; elle était cachée. Elle n’était pas partie, il n’y avait là pas moins de gloire qu’au commencement, mais elle était cachée. Elle n’était ni reconnue, ni discernée, ni perçue par le monde et par la grande majorité de ceux qui étaient en contact avec Lui ; la gloire était dissimulée.

B - Le Ciel était en mesure de voir la Gloire

                     Mais le Ciel était très intéressé ; l’enfer également. L’intérêt manifesté par le Ciel lors de la naissance de Jésus est demeuré le même. Après la tentation dans le désert pendant 40 jours et 40 nuits, les anges vinrent Le servir. Les anges savent ce qu’il en est et sont très concernés. Ils ont proclamé « Gloire au plus haut des cieux ! ». Ils continuent à être attentifs. Et à la fin, les anges sont au tombeau. Ils sont toujours dans l’attente. Le Ciel voit ce que personne ne voit. Le Ciel sait ce que personne ne sait. Le Ciel observe et constate. Que voit et que constate le Ciel? La Gloire ! Mais comment ? La gloire agissait de manière cachée ; le Ciel pouvait voir cette gloire de plusieurs manières.

                     Chaque nouvelle tentation, chaque nouvelle épreuve, chaque nouveau piège tendu devant Lui, chaque nouvelle souffrance qui l’assaillait, chaque nouvelle crise, chaque fois que l’une ou l’autre alternative se déroulait, un triomphe ou un échec, chaque fois le Ciel observait pour voir comme la gloire remporterait la victoire et triompherait. La Gloire devenait quelque chose de bien plus intérieur, de bien plus réel, de bien plus important que des rayons dans un halo de lumière. Elle devenait une puissance, un facteur déterminant. J’oserais dire que toute la vie terrestre du Seigneur Jésus tournait autour de savoir si la gloire se maintiendrait ou si elle disparaîtrait, si elle serait voilé, s’il pouvait Lui arriver ce qui est arrivé à l’ancienne Jérusalem, quand, à cause d’une rupture et d’un échec, les prophètes virent la gloire s’élever au dessus de Jérusalem et disparaître. La question est de savoir comment la gloire va se manifester et se maintenir. Ce fut une œuvre intérieure, une œuvre secrète, qui fut testée et éprouvée dans Sa vie intime.

                    Tout est résumé dans le fait que, sur le Mont de la Transfiguration, le Seigneur Jésus n’a pas été glorifié mécaniquement et automatiquement, mais manifesté glorieusement dans la plénitude. A cause du triomphe de Sa foi jusqu’à ce point, Lui qui, au lieu de la joie qui lui était réservée, s’est humilié, a enduré la croix et supporté la honte. Cette glorification du Seigneur Jésus est survenue parce qu’Il avait atteint un tel niveau de perfection morale que la gloire a soudain éclaté. C’était l’état et la condition de Sa vie intime avec Dieu qui a émergé sur le Mont de la Transfiguration. Comme nous le verrons, c’est la base de toute glorification. 

C - La Gloire cachée dans l’Église

                    A propos de l’Église, quel jour fut le jour de la Pentecôte ! Les cieux se sont à nouveau ouverts, la gloire est descendue et a été proclamée. Combien cela a-t-il duré ? Peu de temps avant que la gloire ne se cache à nouveau. La gloire ne s’est pas éloignée, elle n’était pas partie, mais le jour de Pentecôte ne s’est pas prolongé longtemps dans ses caractéristiques extérieures. L’Église a perduré et beaucoup ont posé la question : Qu’en est-il de ces débuts si prometteurs ?

                     Pourquoi le jour de la Pentecôte a-t-il eu lieu ? Où en est-on ? Les choses ont changé, on ne voit plus ce qu’on voyait avant, on ne les discerne plus !

                    Un changement s’est opéré sur l’Église, la gloire est à l’intérieur et est cachée. Dîtes-moi, si le monde considère l’Église, peut-il voir la gloire de la même façon la nuit de la naissance du Christ et le jour de la Pentecôte ? Le monde est-il capable de voir cette sorte de manifestation de gloire extérieure ? Non ! Il verrait cette gloire s’il avait des yeux, mais il ne voit pas et c’est caché aux yeux du monde. N’est-ce pas vrai pour chaque chrétien individuellement ? Comme nous le disions, les initiatives de Dieu dans la vie de l’individu sont glorieuses.

                     A notre conversion, notre nouvelle naissance, nous venons au Seigneur, et les marques de la gloire sont bien présentes : joie, paix, satisfaction. Le seul mot qui exprime ces premiers jours de la vie chrétienne, c’est gloire. Mais cela ne continue pas ainsi. Loué soit Dieu que ça ne continue pas ainsi toute la vie. Bien sûr qu’il en reste des traces, mais ça ne dure pas comme ça. Les choses changent et les problèmes, les questions, les conflits, les accusations surgissent. Il nous dira que ce n’était qu’une illusion, une émotion, une contrefaçon ; ou que nous avons péché et attristé le Saint-Esprit, parce que les choses changent.

                    La gloire ne s’est pas éloignée car la gloire c’est Christ. Mais quelque chose a changé. La Gloire s’est cachée. Elle est présente, active, opérationnelle, mais elle opère de manière cachée.

D - La Gloire opère dans la grâce


                  Comment la gloire opère-t-elle dans cette phase de transition entre l’initiation dans la gloire et l’accomplissement qui va venir ?

                   La gloire est ici, mais comment opère-t-elle ? Les opérations cachées de gloire se font dans la grâce, « La gloire de sa grâce ». La grâce est la base des opérations de gloire. La Gloire est liée à la grâce. C’est bien clair dans cette parole d’Éphésiens « à la louange de la gloire de Sa grâce ». « Il nous a choisis en Lui… nous ayant prédestinés à être adoptés comme ses fils… à la louange de la gloire de Sa grâce… jusqu’à la fin afin que nous soyons une louange à Sa gloire », la gloire opérant dans la grâce.

E - La grâce, attitude divine envers nous

                     La grâce dans le Nouveau Testament revêt trois aspects. Premièrement, la grâce comme attitude divine envers nous ; c’est ce que nous pensons généralement quand nous parlons de grâce, la grâce de Dieu, l’attitude bienfaisante de Dieu à notre égard. Ici nous sommes en situation de perdre pied. Cette grâce de Dieu nous porte au-delà de nos forces et de ce que nous pouvons supporter : « Il nous a choisis en Lui depuis la fondation du monde », et « Il nous a prédestinés à être ses fils d’adoption par Jésus-Christ » (Éphésiens 1:5).

                     Le Psaume 139:16 nous dit « Sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés, avant qu’aucun d’eux n’existe ». Il savait ce qui arriverait, le genre de vie que nous mènerions. Il connaissait chacune de nos journées avant qu’elles n’existent. Il connaissait d’avance les défaillances d’Israël, Il savait qu’un jour Israël se détournerait de Lui pour offrir de l’encens aux idoles et passer leurs fils par le feu pour adorer Moloch. Il savait tout, et Il a choisi Israël et Il a inscrit Israël dans Son livre avant son existence.

                    Comment expliquer tout cela ? Nous perdons pied, nous ne pouvons n l’expliquer ni le comprendre. Pourquoi m’a-t-Il choisi en Christ et puis, en nous donnant un corps, faire ce que nous avons fait et suivre notre chemin en Le déshonorant ? Ce sont des problèmes qui vont au-delà de notre mentalité, de nos pouvoirs mentaux. Il y a une réponse dans la Bible, et là, nous sentons nos genoux défaillir « … afin que soyons à la louange de Sa gloire, nous qui auparavant avions espéré en Christ ».

                     Qui voit cela sinon le Ciel et l’enfer ? Que voit le monde de tout cela ? Il est possible qu’il demeure des traces de l’œuvre de grâce divine, mais le monde ne peut apprécier la grâce de Dieu, ni la voir. Il nous faut Christ pour connaître la grâce de Dieu, et il faut Christ pour glorifier Dieu, et c’est aussi la gloire dans l’Église et en Christ Jésus dans toutes les générations et pour toujours.

                Oui, il s’agit bien de la gloire en termes de grâce comme attitude divine envers nous. Nous ne pouvons pas l’expliquer. Pourquoi nous a-t-Il choisis toi et moi ? Songez-y. Allons-nous dire quelque chose de ce genre « Je sais pourquoi Il m’a choisi, Il avait une bonne raison de me choisir ; il y avait cela me concernant qui a justifié son choix ? ». Si c’est votre cas, vous ne connaissez rien de la grâce de Dieu, et vous ne pouvez pas rendre gloire à Dieu. Plus vous êtes prêts à dire que c’est par cette attitude divine de grâce envers moi, plus vous pourrez le dire du fond de votre cœur, et plus vous pourrez glorifier Dieu.

                   N’est-il pas étrange de constater que nos personnes misérables, corrompues et défaillantes sont souvent un moyen de cacher Sa gloire plutôt que de la manifester ? Nous nous focalisons sur nos pauvres et misérables personnes, au lieu de dire tout le temps « Oh, pour moi, la grâce de Dieu est merveilleuse ! ».

                   La gloire, en termes de grâce, est inexplicable, insondable, mais pour cette raison, si merveilleuse.

F - La grâce, puissance divine

                  Le Nouveau Testament nous parle d’un deuxième aspect de la grâce, à un autre niveau : la grâce comme puissance divine. Non seulement, la faveur ou l’attitude divine, mais la puissance divine.

                Paul nous parle de sa faiblesse, de son infirmité, et comment il a apporté cela devant le Seigneur en l’interrogeant sur cette faiblesse et sur cette infirmité, qui lui causaient tant de soucis. Le Seigneur n’en a rien dit, mais Il a dit : « Ma grâce te suffit » (2 Corinthiens 12:19). Il y a beaucoup d’exemples dans le Nouveau Testament sur la force vitale et la puissance divine de la grâce.

G - La grâce de Dieu envers nous demande une mise à nu

                 Tous ces aspects sont liés à une certaine exigence. S’il s’agit de grâce comme une attitude divine à notre égard, alors nous devons être mis à nu. Nous n’apprécierons jamais cette attitude de la part de Dieu tant que nous ne serons pas nous-mêmes exposés. Pourquoi le cours de notre vie est, d’un certain point de vue, une histoire de dépouillement de nous-mêmes, en nous laissant stérile et en extirpant du plus profond de nous-mêmes la corruption au point de pouvoir dire « Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair » (Romains 7:18) ? Pourquoi Dieu cherche-t-il tout le temps à nous condamner et à nous entraîner au plus profond sur le terrain de la condamnation ? Cherche-t-Il par notre propre état de péché à nous rendre misérables ?

             Non, la mise à nu est demandée pour que la gloire s’amplifie dans cette attitude divine à notre égard. Il nous dit « Tu vois ce qui est vrai en toi ; pourtant, je t’aime ; Tu vois la profondeur d’iniquité qui existe en toi ; pourtant, Mon attitude envers toi est grâce. Tu vois ce dont tu es capable ; pourtant, Je ne me détourne pas de toi, au contraire, Mon attitude est celle d’une compassion infinie, d’une patience infinie. Mon attitude reste remplie de grâce ».

                  La mise à nu est demandée et lorsque la grâce doit revêtir la forme d’une puissance divine, il y a une autre exigence qui est requise : l’épreuve, l’affliction et la souffrance.

H - La grâce, puissance divine requiert la souffrance

                 De nombreuses souffrances qui sont le lot des chrétiens, n’auraient jamais existé s’ils n’avaient pas été chrétiens. Nous connaissons des afflictions et des épreuves, simplement parce que nous appartenons au Seigneur, qu’Il nous a rachetés, nous a cherchés et parce que nous Lui appartenons ; alors, nous souffrons, nous sommes dans l’épreuve et l’affliction.

                    Nous connaissons la faiblesse et l’adversité et nous savons ce que signifie être au bout de nos moyens et de nos ressources, et c’est l’exigence pour connaître la gloire de Dieu en termes de grâce. J’espère pouvoir toujours le croire ; j’espère pouvoir garder cela en moi comme du cristal pendant les heures sombres de mon existence, ce temps terrible d’affliction. Mais, je le vois dans le Nouveau Testament, je le vois dans ces hommes, je le vois dans le Seigneur Jésus. Je vois que la gloire agit de manière cachée comme cela.

             Oh, ces personnes passent à travers, mais la grâce de Dieu est merveilleuse, la grâce de Dieu les élève constamment, les ramenant au point de départ et les gardant malgré tout. Vous pensez qu’ils ont disparu cette fois-ci mais ils reviennent. Il y a ce bouchon permanent qui saute toujours à nouveau ; la grâce, force de vie, puissance divine.

               Considérez le Seigneur Jésus et constatez si ce n’est pas une réalité. Considérez l’Église et voyez si ce n’est pas vrai. Regardez à notre histoire, examinez notre cœur et voyez si ce n’est pas vrai. C’est cela, la gloire. Elle est bien différente de l’idée que nous avons sur les anges qui chantent un chœur céleste sur la gloire. C’est quelque chose qui entre et qui perce, qui agit puissamment en sous terrain et qui nous voit victorieux.

I - La grâce liée à la nature divine

                Ensuite, le troisième aspect de la grâce est en relation avec la nature divine. Des choses concernant la grâce nous font penser à ce que nous appelons la bienveillance et la miséricorde, c’est-à-dire l’émergence de la nature divine et de la ressemblance divine sous l’effet de la provocation. Quel dommage que les traducteurs n’aient pas toujours été capables de traduire ces mots de Pierre « Si vous supportez la souffrance, en faisant ce qui est bien, c’est une grâce devant Dieu » (1 Pierre 2:20) !

                   Ne me dites pas que la gloire n’est pas derrière tout ça ! Lorsque vous souffrez injustement, indirectement, que vous êtes calomnié, persécuté, agressé sans vrai motif, en tant que chrétien et que vous n’êtes pas aimé pour une raison ou une autre, certainement pas parce que vous n’êtes pas aimable, vous savez bien qu’il y a quelque chose de plus qui permet de supporter patiemment la souffrance : la grâce reliée à la nature divine.

J - L’exigence d’une maîtrise de soi

« Lorsqu’Il fut injurié, Il ne rendit point d’injures ; lorsqu’il fut maltraité, il ne fit aucune menace » (1 Pierre 2:23).

                   C’est votre réaction à la souffrance, votre réaction à l’agression,
votre réponse au mauvais traitement des gens, sans aucune raison devant le Seigneur et certainement pas parce que vous avez fait une erreur ou que vous en êtes responsable. Est-ce que votre réaction est identique à la Sienne ? Il ne répondit ni aux injures ni aux menaces ; Il ne fit preuve d’aucun ressentiment, d’aucun esprit de revanche : « Seigneur, pardonne-leur » (Luc 23:34), «Seigneur, ne leur impute pas ce péché » (Actes 7:60). Ainsi en est-il de la grâce, qui glorifie Dieu : c’est la gloire de Dieu, la gloire de Christ.

                    C’est vrai que c’est quelque chose de caché. Nul ne sait la bataille qui est engagée. Combien cette cruauté, cette injustice, ce mal, a remué en vous ce qui est amer, et œuvre dans notre nature pour que nous disions des choses piquantes, et vous avez eu une vraie bataille intérieure dans la prière et le combat – et personne ne voit rien de tout cela.

                    Un esprit doux et tranquille où l’intérêt personnel a été soumis, toute cette vie propre a été soumise dans la bataille, et vous en sortez sans que quiconque puisse discerner quoique ce soit. C’est la grâce, la gloire, la gloire en terme de grâce. Mais c’est caché, une bataille secrète, l’histoire de quelque chose que personne ne connaît ; tout ce que le Seigneur Jésus a connu avec Son Père dans le secret derrière le voile.

                   Oui, la gloire du Seigneur Jésus se trouve dans la manifestation de la grâce divine au dessus de l’épreuve et de la persécution. Ainsi en est-il avec Ses saints, Ses serviteurs et son Église, avec toi et moi. « Des choses glorieuses sont dites sur toi, ô Cité de Dieu », mais c’est le genre de chose glorieuse que nous n’apprécions pas toujours, et pourtant il s’agit de la même gloire. La gloire des anges qui ont chanté le jour de Sa naissance n’est pas différente de celle que les cieux ont contemplé à Gethsémané. C’est la même gloire, mais Dieu œuvrait intérieurement afin qu’à la fin, cette gloire première puisse éclater comme quelque chose qui a été préparée par l’épreuve, par l’adversité, par l’affliction, par tous ces moyens en nous afin de participer à Sa gloire, de partager Sa gloire et que la Grâce soit nôtre. « L’Éternel donne la grâce et la gloire » (psaume 84:12), ils vont toujours ensemble, pour maintenant et de temps en temps, mais un jour ce sera toute la gloire.


T.A.S.

à suivre