Nouvelle édition numérique Yves PETRAKIAN 2011 – France
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Chapitre 1 La puissance d’en haut
- Chapitre 2 De quoi s'agit-il?
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Chapitre 3 Etre revêtu de l’Esprit
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Chapitre 4 Revêtu de la puissance d’en haut
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Chapitre 5 Est- ce une parole dure ?
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Chapitre 6 La prière victorieuse
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Chapitre 7 Comment gagner des âmes
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Chapitre 8 Prédicateur, sauve- toi toi- même !
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Chapitre 9 Les divertissements innocents
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Chapitre 10 Comment vaincre le péché
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Chapitre 11 La dégradation de la conscience
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Chapitre 12 La foi véritable
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Chapitre 13 La justice véritable
J’ai eu l’occasion de faire une intervention devant certains membres de notre dernier Conseil, à Oberlin. Je me suis tout d’abord exprimé le samedi matin, puis le jour du Seigneur. Permettez-moi, en m’exprimant dans vos colonnes, de corriger certains malentendus produits par mes remarques. J’avais attiré l’attention sur la mission de l’Eglise, qui est de faire de toutes les nations des disciples, comme il est écrit dans Matthieu et dans Luc. J’avais aussi souligné que cette mission avait été confiée par Christ à l’Eglise tout entière, et que chaque membre de l’Eglise se trouvait dans l’obligation de consacrer sa vie à convertir le monde. J’avais ensuite posé deux questions:
1)
De quoi avons-nous besoin pour réussir cette grande oeuvre?
2)
Comment pouvons-nous obtenir ce dont nous avons besoin?
Réponses:
1. Nous
avons besoin d’être revêtus de la puissance d’en haut. Christ
avait auparavant informé Ses disciples que sans Lui, ils ne
pouvaient rien faire. Quand Il leur confia la mission de convertir le
monde, ‘Il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem,
mais d’attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous ai
annoncé, leur dit-il; car Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans
peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit’. {#Ac
1:4-5} Christ
nous a expressément avertis que la condition indispensable pour que
nous puissions accomplir l’oeuvre qu’Il nous a confiée était
que nous soyons revêtus de cette puissance d’en haut, de ce
Baptême du Saint-Esprit qui avait été promis par le Père.
2. Comment
l’obtenir? Christ l’a formellement promis à toute l’Eglise, et
à tous ceux qui travaillent à la conversion du monde. Il a averti
les premiers disciples de ne rien entreprendre tant qu’ils
n’auraient pas été revêtus de cette puissance d’en haut. Cette
promesse et cet avertissement concernent également tous les
chrétiens de toutes les époques et de toutes les nations. Personne
n’a jamais pu prétendre réussir cette mission sans avoir d’abord
obtenu ce revêtement de puissance d’en haut. L’exemple des
premiers disciples nous enseigne de quelle manière nous devons
rechercher ce revêtement. Ils se sont d’abord consacrés à cette
mission. Puis ils ont persévéré dans les prières et les
supplications jusqu’à ce que le Saint-Esprit descende sur eux, le
jour de la Pentecôte. Ils ont alors reçu ce revêtement
de puissance d’en haut, selon la promesse qui leur avait été
faite. C’est donc de la même manière qu’il nous faut aussi le
recevoir.
Le
Conseil a désiré que je développe ce sujet. En conséquence, le
jour du Seigneur, j’ai pris comme sujet de ma prédication le
passage où Christ affirme que le Père désire donner le
Saint-Esprit à ceux qui Le Lui demandent, bien plus que nous
désirons donner de bonnes choses à nos enfants.
1. J’ai
dit que ce texte nous informe qu’il est infiniment aisé d’obtenir
le Saint-Esprit, ainsi que ce revêtement de puissance venant du
Père.
2. Ceci
est un constant sujet de prière. Tout le monde le demande dans la
prière, à tout moment. Pourtant, malgré toute cette intercession,
combien peu nombreux, comparativement, sont ceux qui sont réellement
revêtus de l’Esprit de puissance venant d’en haut! Ce besoin
n’est pas satisfait. Tout le monde se plaint constamment que nous
avons besoin de puissance. Christ a dit: ‘Celui qui demande
reçoit.’ Mais il y a certainement un abîme entre le fait de
demander et celui de recevoir. Cela est une grande pierre
d’achoppement pour beaucoup de chrétiens. Comment donc expliquer
cette contradiction?
J’ai
alors entrepris de montrer pourquoi cette puissance n’est pas
reçue. Voici ce que j’ai dit:
1. Nous
ne voulons pas, tout compte fait, obtenir ce que nous désirons et
demandons.
2. Dieu
nous a formellement prévenus que si nous conservons l’iniquité
dans notre coeur, Il ne nous entendra pas. Mais celui qui prie est
souvent trop indulgent envers lui-même. C’est de l’iniquité, et
Dieu ne l’entendra pas.
3. Nous
n’avons pas d’amour.
4. Nous
critiquons.
5. Nous
nous confions en nous-mêmes.
6. Nous
résistons à la conviction de péché.
7. Nous
refusons de confesser nos péchés à tous ceux qui sont concernés.
8. Nous
refusons de restituer ce que nous devons à ceux que nous avons
lésés.
9. Nous
avons des préjugés et nous soupçonnons le mal.
10. Nous
avons du ressentiment.
11. Nous
avons un esprit de vengeance.
12. Nous
avons des ambitions mondaines.
13. Nous
nous sommes engagés à faire quelque chose, et, par malhonnêteté,
nous négligeons de le faire et refusons toute lumière
supplémentaire.
14. Nous
ne pensons qu’à notre dénomination.
15. Nous
ne pensons qu’à notre assemblée.
16. Nous
résistons aux enseignements du Saint-Esprit.
17. Nous
attristons le Saint-Esprit par nos disputes.
18. Nous
éteignons le Saint-Esprit par notre entêtement à justifier le mal.
19. Nous
attristons le Saint-Esprit parce que nous ne veillons pas assez.
20. Nous
Lui résistons en faisant preuve d’indulgence envers notre mauvais
caractère.
21. Nous
ne sommes pas honnêtes dans les affaires.
22. Nous
sommes indolents et impatients lorsque nous nous attendons au
Seigneur.
23. Nous
faisons preuve d’égoïsme sous des formes très diverses.
24. Nous
sommes négligents dans nos affaires, dans l’étude de la
Parole et dans la prière.
25. Nous
nous laissons trop absorber par nos affaires ou nos études, au
détriment de la prière.
26. Nous
ne sommes pas totalement consacrés.
27. En
dernier lieu, ce qui est le plus grave, nous résistons au
Saint-Esprit par notre incrédulité. Nous prions pour obtenir ce
revêtement de puissance, sans nous attendre à le recevoir. ‘Celui
qui ne croit pas Dieu le fait menteur.’ Il s’agit là, par
conséquent, du plus grand de tous les péchés. Quelle insulte, quel
blasphème, que d’accuser Dieu de mentir!
J’ai
été obligé de conclure que ces formes de péché dans lesquels
nous nous complaisons, parmi bien d’autres, suffisent à expliquer
pourquoi nous recevons si peu, malgré la multitude de nos prières.
J’ai dit ensuite que je manquais de temps pour traiter la deuxième
partie de mon sermon. Par la suite, certains frères m’ont demandé:
‘De quoi traite la deuxième partie?’ La deuxième partie
présente l’assurance que nous recevrons le revêtement de
puissance promis, et que nous réussirons à gagner des âmes. Mais
il faut pour cela nous demander quelles sont les conditions d’une
prière victorieuse, telles qu’elles nous sont clairement révélées,
et comment remplir ces conditions.
Remarquez
que ce que j’ai dit le jour du Seigneur concernait le même sujet,
et complétait ce que j’avais déjà dit précédemment. Mais je me
suis aperçu qu’il y avait un malentendu, auquel j’ai déjà fait
allusion. Certains croient en effet qu’il nous suffit de nous
débarrasser de toutes les formes de péché qui nous empêchent de
recevoir ce revêtement, et que nous n’avons pas besoin de faire
autre chose pour avoir cette bénédiction. Ils pensent que nous
n’avons besoin de rien de plus.
Réponse:
Il y a une grande différence entre la paix et la puissance du
Saint-Esprit dans notre âme. Les disciples étaient chrétiens avant
le jour de la Pentecôte. De ce fait, ils avaient déjà
une mesure du Saint-Esprit. Ils ont certainement dû avoir la paix
que procure le pardon des péchés et la justification.
Pourtant, ils n’avaient pas encore reçu le revêtement de
puissance nécessaire à l’accomplissement de la mission qui leur
avait été confiée. Ils avaient la paix que Christ leur avait
donnée, mais pas encore la puissance qu’Il leur avait promise.
Ceci est certainement vrai pour tous les chrétiens. Là réside, je
pense, la grande erreur de l’Eglise et des ministères. Ils se
contentent de la conversion, sans rechercher ce revêtement de
puissance d’en haut jusqu’à ce qu’ils l’aient obtenu. C’est
la raison pour laquelle tant de chrétiens n’ont aucune puissance
devant Dieu et devant les hommes. Ils n’obtiennent rien de l’un
ni des autres. Ils s’accrochent à une espérance en Christ. Ils
commencent même à exercer un ministère, sans tenir compte de
l’avertissement d’attendre jusqu’à ce qu’ils aient reçu la
puissance d’en haut.
Que
chacun apporte donc au trésor de Dieu toutes les dîmes et les
toutes offrandes. Qu’il les dépose sur l’autel, et qu’il mette
ainsi Dieu à l’épreuve. Il verra alors si Dieu n’ouvrira pas
les écluses des cieux, et s’Il ne déversera pas sur lui la
bénédiction avec une telle abondance qu’il manquera de place pour
la recevoir!
Chapitre 2: DE QUOI S’AGIT-IL?
Qu’est-ce que les apôtres et tous les disciples présents ont reçu le jour de la Pentecôte? Quelle puissance ont-ils manifestée immédiatement après?
Ils
ont reçu un puissant baptême du Saint-Esprit, un immense
accroissement d’illumination divine. Ce baptême leur a conféré
une grande diversité de dons, qui furent employés pour
l’accomplissement de leur tâche. Il incluait manifestement les
choses suivantes:
-la puissance d’une vie sainte,
-la
puissance d’une vie de renoncement à soi-même (la manifestation
de ces deux qualités doit avoir eu une grande influence sur ceux à
qui ils annonçaient l’Evangile),
-la puissance d’une vie crucifiée, -la puissance d’une grande douceur, que ce baptême leur permettait de démontrer partout,
-la puissance d’un vivant enthousiasme à proclamer l’Evangile,
-la puissance de l’enseignement,
-la puissance d’une vie crucifiée, -la puissance d’une grande douceur, que ce baptême leur permettait de démontrer partout,
-la puissance d’un vivant enthousiasme à proclamer l’Evangile,
-la puissance de l’enseignement,
-la
puissance d’une foi vivante et agissante par l’amour,
-le
don des langues,
-une
augmentation de la puissance d’opérer des miracles,
-le
don d’inspiration, ou de la révélation de nombreuses vérités
jusque là cachées à leur yeux,
-la
puissance du courage moral de proclamer l’Evangile et d’obéir à
Christ, quel que soit le prix à payer.
Les circonstances de leur vie rendaient nécessaires tous ces revêtements de puissance, pour qu’ils réussissent leur mission. Mais, qu’ils soient considérés séparément ou ensemble, ces revêtements ne constituaient pas la puissance d’en haut dont Christ avait parlé, et qu’ils avaient manifestement reçue.
Ce
qui constituait la puissance qu’ils avaient reçue, la clef suprême
et absolument indispensable de leur succès, fut la puissance de
faire fléchir à la fois le coeur de Dieu et celui des hommes, la
puissance d’implanter des convictions de salut dans les pensées
des hommes. Ce fut là, sans aucun doute, ce qu’ils avaient compris
que Christ leur donnerait. Il avait donné à l’Eglise la mission
de convertir le monde entier. Tous les revêtements de puissance que
j’ai mentionnés plus haut n’étaient que des moyens, qui ne
pouvaient leur permettre d’atteindre leur objectif que s’ils
étaient animés et rendus efficaces par la puissance de Dieu. Il ne
fait pas de doute que les apôtres l’avaient compris. Ils ont
offert leur vie toute entière sur l’autel, et ont fait le siège
du Trône de la Grâce, dans un esprit d’entière consécration
à leur oeuvre.
Ils
reçurent effectivement les dons que j’ai déjà mentionnés. Mais,
par dessus tout, ils reçurent la puissance de convaincre les hommes
de la nécessité de leur salut. Cette puissance se manifesta
immédiatement. Ils commencèrent à s’adresser à la multitude. Il
est merveilleux de voir que trois mille se convertirent sur le champ.
Mais observez qu’ils ne manifestèrent aucune puissance nouvelle à
cette occasion, à part celle de parler en langues. Ils
n’accomplirent aucun miracle, et n’employèrent le don des
langues que pour se faire comprendre. Qu’il soit bien compris
qu’ils n’avaient pas eu le temps de manifester un seul des dons
de l’Esprit que je viens de mentionner. Ils n’avaient pas eu non
plus le temps de manifester la sainteté dans leur vie, ni aucun des
puissants dons et grâces de l’Esprit.
Ce
qu’ils dirent à cette occasion, tel que nous le relate l’Evangile,
n’aurait pas pu produire l’impression constatée, si cela n’avait
pas été dit par des hommes possédant une nouvelle puissance, celle
de convaincre les auditeurs de la nécessité de leur salut. Cette
puissance n’était pas celle de l’inspiration, car ils n’ont
fait que proclamer un certain nombre de faits qu’ils connaissaient.
Ce n’était pas la puissance de l’éducation et de la culture
humaines, car ils n’en avaient pas beaucoup non plus. Ce n’était
pas la puissance de l’éloquence humaine, car il semble qu’ils
n’en aient pas eu beaucoup. C’était Dieu qui parlait en eux et
par eux.
C’était
la puissance d’en haut, Dieu en eux qui était en train de
convaincre ceux qui les écoutaient de la nécessité de leur salut.
Cette puissance de conviction demeura en eux et sur eux.
C’était,
sans aucun doute, la chose principale et suprême que Christ leur
avait promise, et que reçurent les apôtres et les premiers
chrétiens. Cette puissance a continué à se manifester dans
l’Eglise depuis cette époque, avec une intensité plus ou moins
grande. C’est une réalité mystérieuse, qui se manifeste souvent
de la manière la plus surprenante. Il suffit parfois d’une seule
phrase, d’un seul mot, d’un geste, ou même d’un regard, pour
manifester cette puissance d’une manière irrésistible.
Pour
la seule gloire de Dieu, je parlerai un peu de ma propre expérience
dans ce domaine. Je fus puissamment converti un 10 octobre au matin.
Le soir du même jour, et le lendemain matin, je reçus
d’extraordinaires baptêmes dans le Saint-Esprit, qui me semblèrent
traverser mon corps et mon âme. Je me vis aussitôt revêtu d’une
telle puissance d’en haut que quelques paroles adressées ici et là
à quelques personnes furent le moyen de leur conversion immédiate.
Mes paroles semblaient transpercer l’âme des hommes comme des
flèches barbelées. Elles tranchaient comme des épées. Elles
brisaient le coeur comme un marteau. Des multitudes peuvent
l’attester. Souvent, un simple mot, sans que je m’en souvienne,
donnait une conviction de péché, et entraînait souvent une
conversion presque immédiate. Souvent j’ai senti que cette
puissance, dans une grande mesure, m’avait quitté. J’allais
faire une visite, et je voyais que je n’avais donné aucune
conviction de salut. J’exhortais et je priais, mais sans plus de
résultats. Je devais alors mettre à part un jour pour jeûner et
prier en privé, craignant que cette puissance ne m’ait quitté, et
cherchant avec angoisse quelle était la raison de cette apparente
stérilité. Après m’être humilié, et avoir crié à Dieu pour
qu’Il m’accorde Son aide, cette puissance m’était rendue dans
toute sa fraîcheur. Telle a été mon expérience personnelle.
Je
pourrais écrire un livre entier sur mes expériences et observations
personnelles en ce qui concerne cette puissance d’en haut. Elle est
une réalité de la conscience et de l’observation, mais aussi un
grand mystère. J’ai déjà dit que parfois un seul regard transmet
la puissance de Dieu. J’en ai souvent été témoin. Je vais
l’illustrer par le fait suivant. Un jour, j’ai prêché pour la
première fois dans un village où se trouvaient des manufactures. Le
lendemain, je me rendis dans l’une des manufactures, pour voir son
fonctionnement. En traversant un atelier de tissage, je vis un grand
nombre de jeunes femmes. Je vis que certaines me regardèrent, puis
se regardèrent les unes les autres d’une manière qui montrait
qu’elles me connaissaient, et qui exprimait la frivolité.
Pourtant, je ne connaissais aucune d’entre elles.
Leur
légèreté d’esprit me fit une impression particulière. Je la
ressentis au plus profond de mon coeur. Je m’arrêtai et les
regardai, je ne sais plus comment, mais tout entier absorbé par la
pensée de leur culpabilité et du danger spirituel qu’elles
couraient. Tout en conservant cette expression devant elles, je vis
que l’une d’entre elles devint très agitée. Un fil se brisa sur
son métier à tisser. Elle tenta de le réparer, mais ses mains
tremblaient tellement qu’elle ne put y parvenir. Je me rendis
compte que cette sensation se répandait rapidement, jusqu’à
gagner toutes celles qui faisaient preuve de cette complicité. Je
continuai à les fixer du regard jusqu’à ce que l’une après
l’autre abandonne complètement son travail. Elles tombèrent à
genoux, et cet esprit se répandit dans tout l’atelier. Je n’avais
pas prononcé une seule parole. Si je l’avais fait, le bruit des
métiers à tisser m’aurait empêché d’être entendu. En
quelques minutes, toutes arrêtèrent de travailler, et les pleurs et
les lamentations se généralisèrent. A ce moment précis entra le
propriétaire de la manufacture, qui lui-même n’était pas
converti, accompagné de son directeur, un chrétien engagé. Lorsque
le propriétaire vit ce qui se passait, il dit à son directeur:
"Arrêtez l’usine!" Ce qu’il voyait semblait lui
transpercer le coeur.
Il
fit hâtivement remarquer: "Il est bien plus important que ces
âmes soient sauvées, plutôt que cette usine tourne!" Dès que
le bruit des machines eut cessé, le propriétaire demanda:
"Qu’allons-nous faire? Il nous faut un endroit pour nous
réunir, pour que nous soyons instruits!" Le directeur répondit:
"L’écurie des mules conviendra!" Les mules furent
sorties, et tout le personnel fut informé et rassemblé dans
l’écurie. Nous eûmes une merveilleuse réunion. Je priai avec
eux, et leur donnai toutes les instructions qu’il leur était
possible de recevoir à leur niveau. La parole fut apportée avec
puissance. Beaucoup mirent leur espérance en Dieu ce jour-là. En
l’espace de quelque jours, comme j’en fus informé par la
suite, presque tous les membres du personnel de ce grand
établissement, y compris le propriétaire, s’étaient convertis.
Cette
puissance est vraiment merveilleuse! J’ai souvent vu des gens
incapables de supporter une parole. La phrase la plus simple et la
plus ordinaire les transperçait comme une épée et les jetait au
sol de leur siège, leur enlevait toute force physique, et les
rendait aussi impuissants que des hommes morts. Plusieurs fois, j’ai
pu vérifier dans ma propre expérience qu’il me suffisait d’élever
la voix, ou de faire une brève prière ou exhortation, de la manière
la plus douce, pour que les auditeurs soient complètement terrassés.
Ce n’est pas parce que je leur prêchais la terreur. Mais les plus
douces paroles de l’Evangile exerçaient sur eux une influence
puissante. Cette puissance semble parfois remplir l’atmosphère qui
entoure celui qui en est abondamment chargé. Souvent, une assemblée
composée d’un grand nombre de personnes est enveloppée de cette
puissance, au point que l’atmosphère tout entière semble chargée
de la vie de Dieu. Des inconnus qui entrent dans ce lieu, ou qui
traversent cet endroit, seront instantanément convaincus de péché,
et bien souvent convertis à Christ.
Quand
les chrétiens s’humilient, se re-consacrent tout à nouveau à
Christ, et Lui demandent Sa puissance, ils recevront souvent un tel
baptême de l’Esprit qu’ils seront utilisés pour convertir plus
d’âmes en un seul jour que dans toute leur existence passée.
Quand les chrétiens restent assez humbles pour conserver cette
puissance, les conversions continueront à se produire, jusqu’à ce
que des communautés et des régions entières se convertissent à
Christ. Il en est de même pour les serviteurs de Dieu. Mais cet
article est déjà assez long. Si vous le permettez, je reparlerai
plus tard de ce sujet.
Depuis la publication dans "L’Indépendant" de mon article sur "La puissance d’en haut," j’ai dû rester alité une longue période pour cause de maladie. Entre-temps, j’ai reçu de nombreuses lettres me demandant des explications sur ce sujet. Elles concernent essentiellement les demandes suivantes:
1. Pouvons-nous avoir d’autres exemples de la manifestation de cette puissance?
2. Qui
a le droit de recevoir ce revêtement de puissance?
3. Comment
peut-il être obtenu, et à quelles conditions?
Il m’est impossible de répondre par une lettre individuelle à toutes les demandes qui m’ont été faites. Avec votre permission, je vous propose, si ma santé continue à s’améliorer, de répondre sous la forme de plusieurs articles courts, que vous ferez paraître dans vos colonnes. Pour le moment, je relaterai un autre exemple de la manifestation de cette puissance, dont j’ai été personnellement témoin. Peu après avoir été ordonné prédicateur, je me rendis dans une région du pays où je n’étais absolument pas connu. Je m’y rendis à l’invitation d’une Société Missionnaire Féminine, située dans le Comté d’Oneida, dans l’Etat de New-York. Au début du mois de mai, si ma mémoire est bonne, je me rendis dans la ville d’Antwerp, au nord du Comté de Jefferson. Je descendis à l’hôtel du village, et j’y appris qu’il n’y avait aucune réunion chrétienne dans ce village à cette époque.
Ils
avaient une salle de réunions en brique, mais elle était fermée.
Je réussis à rassembler quelques personnes dans le salon d’une
chrétienne de l’endroit, et je leur apportai une prédication le
lendemain soir de mon arrivée. En passant dans le village, j’avais
été choqué d’entendre les horribles blasphèmes et jurons
proférés par tous les hommes que je croisais. J’obtins la
permission de prêcher dans l’école le dimanche suivant. Mais
j’étais déjà très découragé, presque terrifié, de constater
l’état spirituel de la société qui m’entourait. Le dimanche,
le Seigneur imprima puissamment dans mon coeur les paroles que le
Seigneur Jésus a adressées à Paul, dans #Ac 18:9-10: "Ne
crains point; mais parle, et ne te tais point, car je suis avec toi,
et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal: parle,
car j’ai un peuple nombreux dans cette ville." Ces paroles
m’enlevèrent toute crainte, mais mon coeur était dans l’agonie
pour ce peuple.
Le
dimanche suivant, je me levai de bon matin, et m’isolai dans un
bosquet, non loin du village, pour répandre mon coeur devant Dieu et
Lui demander Sa bénédiction sur ce qui allait être accompli
pendant cette journée. Il m’est impossible d’exprimer en paroles
l’agonie de mon âme. Je combattis pendant une ou deux heures avec
beaucoup de gémissements et, je le crois, beaucoup de larmes, mais
sans obtenir aucun soulagement. Je revins dans ma chambre d’hôtel,
mais retournai presque aussitôt dans le bosquet. Je le fis par trois
fois. La troisième fois, je fus entièrement soulagé de mon
fardeau, juste avant de partir pour la réunion. Je me rendis à
l’école, et vis qu’elle était remplie au maximum de sa
capacité. Je pris ma petite Bible de poche, et choisis comme sujet
de ma prédication: "Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a
donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse
point, mais qu’il ait la vie éternelle". {#Jn 3:16}
J’exposai
l’amour de Dieu, et le mis en contraste avec la manière dont Il
était traité par ceux pour lesquels Il avait donné Son Fils. Je
leur dis la vérité concernant leurs blasphèmes. Je reconnus parmi
mes auditeurs plusieurs d’entre eux dont j’avais tout
particulièrement remarqué les blasphèmes. Le coeur lourd et les
yeux remplis de larmes, je les désignai du doigt et dis: "J’ai
entendu ces hommes demander à Dieu d’envoyer leurs camarades en
enfer!" La Parole produisit un effet puissant.
Personne ne sembla offensé, mais presque tous furent profondément
émus. A la fin de la réunion, l’aimable propriétaire, M.
Copeland, se leva et dit qu’il tiendrait la salle de réunion
ouverte pendant l’après-midi. C’est ce qu’il fit. La salle fut
remplie de monde. Comme le matin, la Parole eut un puissant
effet. C’est ainsi qu’un puissant réveil éclata dans ce
village. Il se répandit peu après dans toutes les directions. Ce
fut le second dimanche après ces évènements, me semble-t-il, qu’un
homme âgé s’approcha de moi et me dit: "Pouvez-vous venir
prêcher chez nous? Nous n’avons jamais eu de réunions
religieuses!" Je lui demandai où et à quelle distance il
habitait, et me mis d’accord avec lui pour venir prêcher le
lendemain après-midi, un lundi, à cinq heures, dans leur salle de
classe. Je venais de prêcher trois fois dans ce village, et j’avais
participé à deux réunions de prière le dimanche. Le lendemain, je
me rendis à pied au lieu de rendez-vous convenu. Il faisait très
chaud ce jour-là. Avant même d’arriver à destination, je me
sentis presque trop faible pour marcher, et très découragé. Je
m’assis à l’ombre sur le bord du chemin, mais j’étais si
faible qu’il me semblait que je ne pourrais jamais atteindre ma
destination. Et même si j’y parvenais, je me sentais trop
découragé pour parler aux gens qui m’attendaient.
A
mon arrivée, je vis que la salle était pleine. Je commençai
aussitôt la réunion en proposant un cantique. Ils s’efforcèrent
de chanter, mais une horrible cacophonie me fit atrocement souffrir.
Je me penchai en avant, posai mes coudes sur mes genoux et me bouchai
les oreilles avec les mains. Je secouai fortement ma tête pour faire
taire ce bruit discordant que je pouvais à peine supporter. Dès
qu’ils se turent, je me jetai à genoux, dans un état proche du
désespoir. Le Seigneur m’ouvrit alors les écluses des cieux, et
m’accorda une grande liberté et une grande puissance dans la
prière.
Jusqu’à
ce moment-là, je ne savais pas sur quel texte je ferais ma
prédication. Quand je me relevai, le Seigneur me donna ce passage:
"Levez-vous, sortez de ce lieu; car l’Eternel va détruire la
ville". {#Ge 19:14} J’indiquai à l’assemblée
où se trouvait ce passage, autant que je pouvais m’en souvenir, et
je leur parlai de la destruction de Sodome. Je leur retraçai les
grandes lignes de l’histoire d’Abraham et de Lot et de leurs
relations. Je parlai de la prière d’Abraham en faveur de Sodome,
et de Lot, le seul juste qui fut trouvé dans cette ville.
Pendant
que je parlais, je fus frappé par le fait que tout le monde me
regardait d’un air extrêmement irrité. Beaucoup avaient un air
très menaçant. Certains de ces hommes me regardaient comme s’ils
étaient prêts à me frapper. Je ne pouvais pas comprendre cela, car
je ne faisais que leur donner certains aperçus de l’histoire
biblique, avec une grande liberté d’esprit.
Dès
que j’eus terminé mon récit historique, je leur dis que j’avais
compris qu’ils n’avaient jamais eu de réunion religieuse dans ce
lieu. M’appuyant sur ce fait, je saisis l’épée de l’Esprit et
me jetai sur eux de toutes mes forces. A partir de ce moment,
l’atmosphère devint rapidement de plus en plus solennelle. Peu de
temps après, toute la congrégation sembla recevoir un choc brutal.
Je ne puis décrire ce que je ressentis, ni ce que j’observai dans
l’assemblée. Mais la parole semblait littéralement trancher comme
une épée.
La
puissance d’en haut descendit sur eux comme un torrent, avec une
telle force qu’ils tombèrent à terre partout dans la salle. En
moins d’une minute, presque toute l’assistance se trouvait soit à
genoux, soit prosternée face contre terre, ou prostrée devant le
Seigneur d’une manière ou d’une autre. Tous criaient ou
gémissaient en demandant à Dieu miséricorde pour leur âme. Ils ne
faisaient plus attention ni à moi ni à ma prédication. J’essayai
d’attirer leur attention, mais en vain. J’observai l’homme âgé
qui m’avait invité ici, et qui était toujours assis sur son
siège, à peu près au centre de la pièce. Il regardait autour de
lui avec une expression d’étonnement indicible. Je le désignai du
doigt, et lui criai de toutes mes forces: "Ne pouvez-vous pas
prier?" Il se mit à genoux et prononça en rugissant une courte
prière, aussi fort qu’il le pouvait. Mais personne ne fit
attention à lui.
Je
parcourus la salle des yeux pendant un moment, puis je m’agenouillai
et posai ma main sur la tête d’un jeune homme qui était à genoux
à mes pieds, et qui priait Dieu de faire grâce à son âme. Je
réussis à attirer son attention, et lui annonçai Jésus à
l’oreille. En très peu de temps il se saisit de Jésus par la foi,
puis se mit à prier pour ceux qui l’entouraient. Je me tournai
alors vers un autre, et fis de même. J’obtins le même résultat.
J’allai ensuite de l’un à l’autre, jusqu’à ce qu’un grand
nombre se soient saisis de Christ et se répandent en prière pour
les autres. Après avoir continué ainsi presque jusqu’au coucher
du soleil, je fus obligé de remettre la réunion au monsieur âgé
qui m’avait invité, car je devais me rendre à un autre endroit
pour la soirée.
Le
lendemain après-midi, on vint me chercher pour que je revienne à
cet endroit, car ils n’avaient pas encore pu finir la réunion. Ils
avaient été obligés de quitter l’école pour laisser la place
aux écoliers. Mais ils avaient continué à se réunir dans une
maison particulière proche. J’y trouvai un certain nombre de
personnes encore trop anxieuses et trop accablées d’une conviction
de péché pour avoir pu rentrer chez elles. Elles aussi furent
vaincues par la parole de Dieu. Je crois que toutes reçurent une
espérance avant de rentrer chez elles. Remarquez que j’étais
complètement étranger à cet endroit, que je n’avais jamais vu et
dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à ce moment-là.
Mais, lors de ma seconde visite, j’appris que l’on avait appelé
cet endroit Sodome, en raison de son impiété, et que l’on avait
nommé le vieil homme qui m’avait invité Lot, parce qu’il était
le seul chrétien de l’endroit. Après cela, un réveil éclata
dans les environs.
Je
ne retournai plus dans cet endroit pendant longtemps. Mais en 1856,
je crois, alors que j’exerçais mon ministère à Syracuse, dans
l’Etat de New-York, on me présenta un ministre de Christ qui
venait du Comté de Saint-Lawrence et qui s’appelait Cross. Il me
dit: "M. Finney, vous ne me connaissez pas. Mais vous
souvenez-vous avoir prêché dans un endroit nommé Sodome?" Je
lui dis: "Je ne l’oublierai jamais!" Il répliqua:
"J’étais alors un jeune homme, et je me suis converti au
cours de cette réunion." Il vit encore. Il est pasteur de l’une
des églises de notre pays, et le père du principal de notre section
préparatoire. Ceux qui ont vécu dans cette région peuvent
témoigner des résultats permanent de ce réveil béni. Je
ne peux donner, par les mots que j’emploie, qu’une très faible
description de la merveilleuse manifestation de puissance
accompagnant la prédication de la Parole.
Je me propose dans cet article d’étudier les conditions auxquelles nous pouvons obtenir ce revêtement de puissance. Permettez-moi de recourir à la lumière des Ecritures. Je ne veux pas encombrer vos notes de citations bibliques, mais je souhaite simplement énumérer quelques faits que tous les lecteurs de la Bible reconnaîtront facilement. Si les lecteurs de cet article veulent bien se reporter aux derniers chapitres des Evangiles de Matthieu et de Luc, ils pourront y voir la mission donné par Jésus-Christ à Ses disciples. Lisez également les premier et deuxième chapitres des Actes des Apôtres, en rapport avec cette mission, et vous serez ainsi prêts à apprécier ce que je veux vous dire dans cet article.
1. Les
disciples étaient déjà convertis à Christ, et leur foi avait été
confirmée par Sa résurrection. Mais permettez-moi de dire qu’il
ne faut pas confondre la conversion à Christ avec la consécration à
la grande oeuvre de la conversion du monde. Lorsqu’une âme se
convertit, elle a directement et personnellement affaire à Christ.
Elle abandonne ses préjugés, ses oppositions, sa propre justice,
son incrédulité, et son égoïsme. Elle accepte le Seigneur, Lui
fait confiance, et L’aime d’une manière suprême. Cela, les
disciples l’avaient tous fait, plus ou moins. Mais ils n’avaient
encore reçu aucune mission précise, ni de revêtement particulier
de puissance pour accomplir cette mission.
2. Lorsque
Christ eut fait disparaître le grand trouble qui les avait saisis à
la suite de Sa crucifixion, et qu’Il eut confirmé leur foi par les
entretiens répétés qu’Il eut avec eux, Il leur confia la grande
mission de convertir toutes les nations et de les gagner à Lui. Mais
Il leur demanda expressément de rester à Jérusalem jusqu’à ce
qu’ils soient revêtus de la puissance d’en haut, puissance
qu’ils devaient recevoir quelques jours plus tard, selon Sa
promesse.
Observez
bien ce que firent les disciples. Ils s’assemblèrent pour prier,
hommes et femmes. Ils avaient accepté cette mission. Sans aucun
doute, ils avaient compris quelle était la nature de cette mission,
et la nécessité d’être revêtus de la puissance spirituelle que
Christ leur avait promise. En persévérant jour après jour à se
réunir pour prier, il est certain qu’ils en vinrent à apprécier
de plus en plus les difficultés qu’ils allaient rencontrer, et à
ressentir de plus en plus leur incapacité à accomplir cette tâche.
Si nous considérons les circonstances et les résultats obtenus,
nous parvenons à la conclusion qu’ils s’étaient tous sans
exception consacrés, avec tout ce qu’ils possédaient, à la
conversion du monde, et qu’ils en avaient fait le but suprême de
leur vie. Ils avaient certainement renoncé à l’idée de vivre
pour eux-mêmes, en quelque domaine que ce soit, et s’étaient
consacrés de toutes leurs forces à la tâche qui les attendait.
Cette consécration à l’oeuvre, ce renoncement à soi-même, cette
mort à tout ce que le monde pouvait leur offrir a dû, selon le
cours normal des choses, précéder leur recherche intelligence de la
puissance d’en haut. Puis ils persévérèrent, d’un commun
accord, à prier pour le baptême du Saint-Esprit qui leur avait été
promis, baptême qui comportait tout ce qui était essentiel à leur
réussite. Remarquez qu’ils avaient une mission à accomplir. Ils
avaient reçu la promesse d’une puissance pour l’accomplir. Ils
avaient reçu l’ordre d’attendre que la promesse s’accomplisse.
Comment ont-ils attendu? Ils ne sont pas restés passifs et inactifs.
Ils n’ont fait aucune préparation consistant à se plonger dans
l’étude ou à faire tout autre chose en se passant de cette
puissance. Ils ne sont pas non plus retournés à leurs affaires, en
priant de temps en temps pour que la promesse s’accomplisse. Mais
ils ont persévéré dans la prière, et sont demeurés dans cette
attitude jusqu’à ce que la réponse vienne. Ils avaient compris
qu’il s’agissait du baptême du Saint-Esprit. Ils avaient compris
qu’ils devaient le recevoir de Jésus-Christ. Ils ont prié avec
foi. Ils ont tenu bon, dans une parfaite assurance, jusqu’à ce que
vienne ce revêtement de puissance. Que ces réalités nous
instruisent donc sur les conditions à remplir pour recevoir ce même
revêtement de puissance!
En
tant que chrétiens, nous avons la même mission à remplir. Tout
autant que les premiers chrétiens, nous avons besoin du revêtement
de la puissance d’en haut. Bien entendu, nous devons nous soumettre
à la même injonction d’attendre que Dieu nous accorde ce
revêtement, en persévérant jusqu’à ce que nous le recevions.
Nous
avons reçu la même promesse que les disciples. A présent, nous
devons, concrètement et en esprit, effectuer la même démarche
qu’eux. Ils étaient chrétiens, et avaient une mesure de l’Esprit,
pour les conduire dans la prière et dans la consécration. Il en est
de même pour nous. Tout chrétien possède une mesure de l’Esprit
de Christ. Cela suffit pour que le Saint-Esprit nous conduise dans
une véritable consécration et nous inspire la foi qui nous est
essentielle pour prévaloir dans la prière. N’attristons donc pas
le Saint-Esprit et ne Lui résistons pas. Mais acceptons notre
mission, consacrons-nous entièrement, avec tout ce que nous
possédons, au salut des âmes. Que ce soit la grande et unique tâche
de notre vie. Offrons-nous sur l’autel avec tout ce que nous avons
et tout ce que nous sommes. Restons-y et persévérons dans la prière
jusqu’à ce que nous recevions ce revêtement.
Veuillez
noter que la conversion à Christ ne doit pas être confondue avec
l’acceptation de la mission de convertir le monde. La conversion
est une transaction personnelle entre une âme et Christ, transaction
qui concerne son propre salut. Accepter la mission revient à
accepter le service dans lequel Christ nous propose d’entrer.
Christ n’exige pas que nous fassions des briques sans nous fournir
la paille. En nous donnant la mission, Il nous donne aussi un ordre
et une promesse. Si nous acceptons la mission de tout notre coeur, si
nous croyons à la promesse, si nous obéissons à l’ordre de nous
attendre au Seigneur jusqu’à ce qu’il renouvelle notre force,
nous recevrons le revêtement de puissance.
Il
est de la plus haute importance que tous les chrétiens comprennent
que cette mission de convertir le monde leur est donnée à chacun
d’eux individuellement par Jésus-Christ.
Sur
chaque chrétien repose la grande responsabilité de gagner à Christ
le plus grand nombre d’âmes possible. C’est le grand privilège
et le grand devoir de tous les disciples de Christ. C’est une tâche
qui comporte un grand nombre de responsabilités différentes. Mais
pour chacune de ces responsabilités, nous pouvons et devons posséder
cette puissance. Que nous soyons appelés à prêcher, à prier, à
écrire, à imprimer, à faire des affaires, à voyager, à prendre
soin d’enfants, à gouverner un Etat, ou à tout autre tâche,
toute notre vie et toute l’influence que nous exerçons doivent
être saturées de cette puissance. Christ a dit: ‘Celui qui croit
en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein’. {#Jn
7:38} Cela signifie que celui qui croit exercera une
influence chrétienne, c’est-à-dire une influence procédant de
Christ et possédant un élément de puissance capable d’imprimer
la vérité de Christ dans le coeur des hommes.
Le
grand besoin de l’Eglise actuellement est, en tout premier lieu, de
comprendre clairement que cette mission de convertir le monde a été
donnée à chacun des disciples de Christ. Ce disciple doit en faire
la tâche de sa vie. Je crains de devoir dire que la grande masse de
ceux qui font profession de foi chrétienne semblent n’avoir jamais
été touchés par cette vérité. Ils laissent aux ministères la
tâche de sauver les âmes.
L’Eglise
a également grand besoin d’être convaincue de la nécessité,
pour chaque chrétien, d’être revêtu de ce revêtement de
puissance. De nombreux chrétiens supposent que cette puissance est
réservée spécialement et uniquement à ceux qui sont appelés à
consacrer leur vie à prêcher l’Evangile. Ils ne comprennent pas
que tous les chrétiens sont appelés à prêcher l’Evangile, et
que la vie tout entière de chaque chrétien doit être une
proclamation de la bonne nouvelle.
L’Eglise
a aussi besoin d’une foi sincère dans la promesse de ce revêtement
de puissance. Un grand nombre de chrétiens, et même de ministères,
semblent douter que cette promesse soit pour toute l’Eglise et pour
chaque chrétien. Par conséquent, ils n’ont aucune foi pour se
saisir de cette promesse. Si elle n’est pas pour tous, ils ne
savent pas pour qui elle peut être. Bien entendu, ils ne peuvent
donc pas s’en saisir par la foi.
L’Eglise
a enfin besoin de persévérance pour attendre de Dieu ce que les
Ecritures nous demandent de recevoir. Les chrétiens se lassent avant
d’avoir reçu la promesse. Le revêtement de puissance n’est donc
pas reçu. Des multitudes semblent se satisfaire de l’espérance
personnelle en la vie éternelle. Ils ne sont jamais prêts à régler
une fois pour toutes la question de leur propre salut, en se confiant
entièrement en Christ. Ils ne sont pas prêts à accepter la grande
mission de travailler pour le salut des autres. Leur foi est si
faible qu’ils ne règlent pas définitivement la question de leur
propre salut en s’en remettant à Jésus-Christ. Je me suis rendu
compte que même certains ministres de Christ se trouvent dans la
même condition. Leur démarche est hésitante, ils sont incapables
de se consacrer pleinement au salut des autres, parce qu’ils ne
sont pas pleinement assurés de leur propre salut. Il est étonnant
de voir à quel point l’Eglise a pratiquement perdu de vue la
nécessité d’être revêtue de la puissance de Dieu. Presque tout
le monde parle en abondance de notre dépendance du Saint-Esprit.
Mais combien cette dépendance est peu réalisée en pratique!
Chrétiens et même ministères se mettent à l’oeuvre tout de
même. Je suis désolé d’être obligé de dire que les rangs des
serviteurs de Dieu semblent se remplir de ceux qui ne possèdent pas
cette puissance. Que le Seigneur puisse nous faire miséricorde! Me
dira-t-on que je manque d’amour en faisant cette remarque? Si c’est
le cas, que l’on se procure le rapport officiel de la Société
Missionnaire pour l’Amérique. Il y a certainement quelque
chose qui ne va pas.
Chaque
missionnaire de cette Société gagne à Christ une moyenne de cinq
âmes par an. Ce résultat indique certainement une faiblesse
extrêmement alarmante dans l’exercice du ministère. Est-ce que
tous ces serviteurs de Dieu, ou même la majorité d’entre eux, ont
été revêtus de la puissance promise par Jésus-Christ? Si ce n’est
pas le cas, quelle en est la raison? Mais s’ils en ont été
revêtus, est-ce là tout ce que Christ avait l’intention
d’accomplir en nous donnant cette promesse? J’ai dit dans un
précédent article que la réception de ce revêtement de puissance
était instantanée. Je ne veux pas affirmer par là que nous devons
nécessairement être tous conscients du moment précis où cette
puissance a commencé à se manifester en nous. Elle a pu commencer
comme une rosée et grandir au point de devenir une averse! J’ai
fait allusion au rapport de la Société Missionnaire pour
l’Amérique. Je n’insinue pas que les frères employés par cette
Société soient tous exceptionnellement faibles dans leur foi et
leur puissance, dans les oeuvres qu’ils accomplissent pour Dieu. Au
contraire, pour connaître certains d’entre eux, je les considère
comme des ouvriers pour la cause de Dieu, parmi les plus consacrés
et les plus désintéressés. Ce fait illustre bien la faiblesse
inquiétante qui se manifeste dans tous les domaines de l’Eglise,
chez les ministères comme chez les laïcs. Ne sommes-nous pas
faibles? Ne sommes-nous pas criminellement faibles? On a dit de moi
qu’en écrivant de la sorte j’offensais les ministères et
l’Eglise. Je ne peux croire que la simple affirmation d’un fait
aussi évident puisse être regardé comme une offense. En
réalité, il y a quelque chose de fondamentalement défectueux dans
la formation spirituelle des ministères et de l’Eglise. Les
ministères sont faibles parce que l’Eglise est faible. A son tour,
l’Eglise est maintenue dans la faiblesse par la faiblesse des
ministères. Oh! Puissions-nous être réellement convaincus de la
nécessité de recevoir ce revêtement de puissance, et de la
nécessité d’avoir foi en la promesse de Christ!
Dans un article précédent j’ai dit qu’un revêtement de la puissance d’en haut devrait être exigé pour qualifier à une tâche de pasteur, de diacre, d’ancien, de directeur d’école du dimanche, de professeur d’école chrétienne, et tout particulièrement de professeur dans un séminaire de théologie. Est-ce une parole dure? Est-ce une parole qui manque d’amour? Est-ce injuste? Est-ce déraisonnable? Est-ce contraire aux Ecritures? Supposez que l’un des apôtres, ou l’un de ceux qui étaient présents le jour de la Pentecôte, ne soit pas parvenu à recevoir ce revêtement de puissance, à cause de son apathie, de son égoïsme, de son incrédulité, de son ignorance ou de son indolence. Aurait-il été peu charitable, injuste, déraisonnable, ou contraire aux Ecritures, de le considérer comme disqualifié pour la mission que Christ leur avait confiée?
Christ
leur avait expressément annoncé qu’ils ne pourraient rien faire
sans être revêtus de cette puissance. Il leur avait expressément
enjoint de ne rien tenter de leurs propres forces, mais de rester à
Jérusalem jusqu’à ce qu’ils reçoivent d’en haut la puissance
dont ils avaient besoin. Il leur avait aussi expressément promis que
s’ils attendaient la promesse, au sens où Il l’entendait, ils la
recevraient ‘dans peu de jours.’ Il est évident qu’ils avaient
compris de quelle manière Il leur avait demandé d’attendre. Ils
devaient constamment s’attendre à Lui, dans la prière et les
supplications, jusqu’à ce qu’ils reçoivent cette bénédiction.
Supposez à présent que l’un d’eux se soit tenu à l’écart ou
soit retourné à ses affaires, en attendant que Dieu, dans Sa
souveraineté, lui envoie cette puissance. Il est évident qu’il
aurait été disqualifié pour cette oeuvre. Et si ses frères
chrétiens qui, eux, avaient obtenu cette puissance, lui avaient dit
qu’il était nécessaire de l’obtenir, cela aurait-il été peu
charitable, déraisonnable et contraire aux Ecritures?
N’est-il
pas vrai que tous ceux qui ont reçu l’ordre de faire du monde
entier des disciples, et ceux qui ont reçu la promesse de cette
puissance, sont en fait disqualifiés pour cette tâche, en
particulier pour toute position officielle, s’ils ne parviennent
pas à obtenir ce don, à cause de quelque manquement ou de quelque
défaut? Ne sont-ils pas en réalité disqualifiés pour toute
fonction de direction du troupeau? Sont-ils qualifiés pour enseigner
ceux qui doivent accomplir la mission? S’il est vrai qu’ils n’ont
pas cette puissance, quelle que soit la raison de cette déficience,
il est également vrai qu’ils ne sont pas qualifiés pour enseigner
le peuple de Dieu. Et s’ils sont considérés comme disqualifiés
parce qu’ils n’ont pas cette puissance, il doit être
raisonnable, juste et conforme aux Ecritures de les traiter et de les
juger de cette manière, et de les exhorter à obtenir cette
puissance. Qui aurait le droit de s’en plaindre? Sûrement pas eux!
L’Eglise de Dieu doit-elle s’encombrer d’enseignants et de
conducteurs qui ne possèdent pas cette qualification fondamentale,
et ceci par leur propre faute? Il est stupéfiant de voir avec quelle
apathie, quelle indolence, quelle ignorance et quelle incrédulité
on considère ce problème. Ces hommes sont inexcusables. Ce sont des
criminels, sans aucun doute. Alors que l’ordre du Seigneur Jésus
de convertir le monde résonne à nos oreilles! Alors qu’Il nous a
enjoints d’attendre que nous recevions cette puissance, dans une
prière constante et ardente! Ayant une telle promesse, faite à
chacun de nous par un tel Sauveur, de recevoir de Christ Lui-même
toute l’aide dont nous aurons besoin, quelle excuse pouvons-nous
donner pour notre impuissance à accomplir cette grande tâche?
Quelle terrible responsabilité repose sur nous, sur toute l’Eglise,
et sur chaque chrétien!
On
pourrait demander comment, dans de telles circonstances, l’apathie,
l’indolence et la négligence fatale et généralisée, sont-elles
encore possibles? Si l’un des chrétiens de l’Eglise primitive
n’était pas parvenu à recevoir cette puissance, ne
penserions-nous pas qu’il aurait été hautement condamnable? Si
une telle déficience aurait pu leur être comptée comme un péché,
à combien plus forte raison peut-elle l’être pour nous, qui
bénéficions de toute la lumière de l’histoire et des faits
accomplis, lumière que les premiers chrétiens n’avaient pas?
Certains ministères et beaucoup de chrétiens traitent cette
question comme si elle devait être laissée à la souveraineté de
Dieu, sans qu’ils se mettent en peine de persévérer dans la
prière pour obtenir ce revêtement. Les premiers chrétiens
l’ont-ils compris ainsi? Se sont-ils comportés de cette manière?
Certainement pas! Ils ne se sont donnés aucun repos, tant
qu’ils n’eurent pas reçu ce baptême de puissance.
J’ai
un jour entendu un pasteur prêcher sur le thème du baptême du
Saint-Esprit. Il le considérait comme une réalité. Lorsqu’il en
vint à parler de la manière dont il devait être obtenu, il dit
qu’il fallait réellement l’obtenir comme les apôtre l’avaient
obtenu le jour de la Pentecôte. Ce fut pour moi une grande
bénédiction d’entendre cela, et je m’attendis à ce qu’il
exhorte fortement ses auditeurs à ne se donner aucun repos avant de
l’avoir reçu. Mais mon attente fut déçue dans ce domaine. Car,
avant même d’achever son discours, il sembla soulager l’auditoire
de tout sentiment d’urgence à obtenir ce baptême. Il lui donna
l’impression que ce problème devait être laissé à la discrétion
de Dieu. Ce qu’il dit parut même impliquer une critique à
l’encontre de ceux qui continuaient à demander à Dieu, avec
persévérance et véhémence, d’accomplir Sa promesse. Il ne
démontra pas non plus à ses auditeurs qu’ils pouvaient avoir la
certitude de recevoir cette bénédiction s’ils remplissaient les
conditions. Ce fut, dans beaucoup de ses aspects, une bonne
prédication. Mais je pense que l’assemblée n’en reçut aucun
encouragement, ni sentiment d’obligation, pour rechercher
sérieusement le baptême du Saint-Esprit. C’est un défaut commun
aux sermons que je peux entendre. Ils comportent beaucoup de choses
instructives. Mais ils ne parviennent pas à communiquer à
l’auditoire le moindre sentiment d’obligation ni d’encouragement
à se mettre pratiquement à l’oeuvre. Ils sont très inefficaces
pour motiver les gens. Ils ne font pas pression sur leur conscience
et ne les stimulent pas à espérer. La doctrine est souvent bonne,
mais elle ne débouche pas souvent sur une action concrète.
Beaucoup
de ministères et de chrétiens engagés semblent se cantonner dans
la théorie et dans la critique, tout en essayant de justifier leur
manque de puissance. Les premiers apôtres ne l’ont pas fait, et
tous les chrétiens ne le font pas. Ils n’ont pas essayé de
résoudre ce problème dans leur intelligence avant de l’avoir
résolu dans leur coeur. Pour eux, ce n’était qu’une question de
foi en une promesse, et il doit en être de même pour nous. Je me
rends compte que beaucoup de gens essayent d’intellectualiser et
d’interpréter de manière théorique des choses qui devraient tout
simplement être expérimentées. Ils se troublent eux-mêmes en
essayant d’appréhender avec leur intelligence ce qui doit être
reçu par la foi comme une expérience consciente.
L’Eglise
a grand besoin de se réformer sur ce point. Les Eglises devraient
s’éveiller à la réalité en ce qui concerne le baptême du
Saint-Esprit et prendre une position nouvelle. Elles devraient
prendre une ferme position concernant les qualifications des
ministères et des conducteurs de l’Eglise. Elles devraient refuser
d’établir comme pasteur quelqu’un dont les qualifications pour
ce poste ne sont pas bien satisfaites. Même s’il possède beaucoup
d’autres qualités susceptibles de le recommander, les Eglises ne
devraient pas le nommer à ce poste s’il n’a pas prouvé
qu’il possédait ce revêtement de puissance pour gagner
des âmes à Christ. C’était autrefois la coutume dans les
Eglises, et je crois que cela se pratique encore dans certains
endroits, de faire un appel de candidature au poste de pasteur. Il
fallait alors contrôler les fruits spirituels du candidat pressenti,
pour juger de sa qualification, et constater qu’il était bien
appelé par Dieu pour exercer ce ministère. Beaucoup d’Eglises
devraient être très satisfaites d’avoir pu faire appel à un
ministère fructueux et non à un sarment desséché, c’est-à-dire
à quelqu’un qui n’est qu’un intellectuel, avec une tête bien
pleine mais peu de coeur, un auteur élégant, mais sans onction, un
grand logicien, mais avec peu de foi, un homme à l’imagination
fertile, peut-être, mais sans la puissance du Saint-Esprit.
Les
Eglises devraient obliger les séminaires de théologie à leur
rendre des comptes très stricts dans ce domaine. Sinon, je crains
que les séminaires de théologie ne s’éveillent jamais à leurs
responsabilités. Il y a quelques années, une branche de l’Eglise
d’Ecosse fut tellement excédée par le manque d’onction et de
puissance des pasteurs formés par son séminaire de théologie
qu’elle décida de ne plus employer de pasteurs issus de ce
séminaire, tant que ce dernier n’aurait pas réglé ce problème.
Cette réprimande fut nécessaire, juste, et opportune. Elle eut, je
le crois, un effet très salutaire. Il est absolument nécessaire
qu’un séminaire de théologie ne soit pas qu’un endroit où l’on
enseigne la doctrine. Mais il doit aussi, et tout particulièrement,
permettre de développer l’expérience chrétienne. Il est certain
que l’intelligence doit être cultivée dans ces établissements de
formation. Mais il est infiniment plus important que leurs étudiants
soient conduits à une connaissance personnelle profonde de Christ,
de la puissance de Sa résurrection, et de la communion de Ses
souffrances, afin d’être rendu conforme à Lui dans Sa mort.
Un
séminaire de théologie qui ne vise qu’à la culture de
l’intelligence et qui se contente de former des hommes instruits,
mais totalement dépourvus de ce revêtement de puissance d’en
haut, est un piège et une pierre d’achoppement pour l’Eglise.
Quelles que soient les qualifications intellectuelles de leurs
diplômés, les séminaires ne devraient en recommander aucun à
l’Eglise, s’ils sont dépourvus de la plus grande de toutes les
qualifications, c’est-à-dire le revêtement de la puissance d’en
haut. Les séminaires devraient être reconnus comme incapables de
former des candidats au ministère, s’ils ne produisent que des
hommes dépourvus de cette qualification essentielle. Les Eglises
devraient s’informer, et rechercher les séminaires formant des
ministères qui non seulement soient les mieux instruits, mais qui
possèdent aussi l’onction spirituelle la plus puissante.
Certes,
on admet bien en général que le revêtement de la puissance d’en
haut soit une réalité, et qu’il soit essentiel à la réussite
d’un ministère. Mais, dans la pratique, les Eglises et les écoles
de théologie considèrent ce problème comme étant relativement peu
important. En théorie on reconnaît que cette puissance est tout,
mais en pratique on la considère comme si elle n’était rien.
Depuis le temps des apôtres jusqu’à nos jours, on a constaté que
des hommes très peu cultivés, mais revêtus de cette puissance, ont
réussi à gagner beaucoup d’âmes à Christ. Alors que d’autres,
pourtant très cultivés et dotés des meilleures connaissances, ont
fait preuve d’une totale impuissance dans l’oeuvre du ministère
proprement dite. Pourtant, nous continuons à accorder dix fois plus
d’importance à la culture humaine qu’au baptême du
Saint-Esprit! Dans la pratique, la culture humaine est jugés
infiniment plus importante que le revêtement de la puissance d’en
haut. Les séminaires sont remplis d’hommes instruits, mais pas
souvent d’hommes remplis de puissance spirituelle. C’est donc
qu’ils n’insistent pas sur la nécessité de posséder ce
revêtement de puissance pour exercer le ministère. Les étudiants
sont, presque au-delà du supportable, écrasés de programmes visant
à développer leur intellect, alors qu’ils ont à peine une heure
par jour consacrée à la formation de l’expérience chrétienne.
Je ne pense même pas qu’une heure par jour soit consacrée à la
formation de l’expérience chrétienne dans les séminaires de
théologie. Mais la véritable religion est une affaire d’expérience
et de prise de conscience. Tout le secret de la puissance est dans
une relation personnelle avec Dieu. Les séminaires de théologie
négligent presque complètement ce vaste domaine d’apprentissage,
pourtant si essentiel. Ils considèrent comme vitales la doctrine, la
philosophie, la théologie, l’histoire de l’Eglise, la
rhétorique, mais négligent complètement l’étude d’une
véritable union de coeur avec Dieu. Ils ne laissent que très peu de
place, dans leurs enseignements, à la recherche d’une puissance
spirituelle permettant de toucher le coeur de Dieu et celui des
hommes.
J’ai
souvent été surpris de voir comment les hommes considèrent
l’utilité future des jeunes candidats au ministère. Je constate
que même des chrétiens engagés sont souvent très séduits dans ce
domaine. Si un jeune homme possède de bons diplômes, s’il a une
bonne plume, s’il est compétent en exégèse, s’il fait preuve
d’une grande culture intellectuelle, on place en lui beaucoup
d’espoirs, même s’il est impossible d’ignorer qu’il ne sait
pas prier, qu’il n’a aucune onction, aucune puissance dans la
prière, aucun esprit d’intercession, aucune hardiesse dans son
approche de Dieu. On attend pourtant que ce jeune homme, en raison de
sa culture, accomplisse un ministère remarquable et soit
exceptionnellement utile. Pour ma part, je n’attends rien de tel
d’un homme semblable. J’attends infiniment plus d’un homme qui
veut conserver à tout prix une communion quotidienne avec Dieu, qui
cherche ardemment à atteindre l’objectif spirituel le plus élevé
possible, et qui ne peut pas se passer de mener chaque jour une vie
de prière victorieuse et d’être revêtu de la puissance d’en
haut.
Les
Eglises, les conseils presbytéraux, les associations, et tous ceux
qui forment des jeunes gens au ministère, portent souvent une lourde
responsabilité dans ce domaine. Ils passent des heures à se
renseigner sur la culture intellectuelle des candidats, mais à peine
quelques minutes à vérifier la culture de leur coeur, à contrôler
ce qu’ils savent de la puissance de Christ pour sauver les âmes et
de la puissance de la prière. Ils ne cherchent pas à savoir s’ils
sont revêtus de la puissance d’en haut pour gagner des âmes à
Christ. Tout ce qui est fait dans de telles occasions ne peut que
laisser l’impression que l’on préfère la culture humaine à
l’onction spirituelle. Oh, si cela pouvait changer, et si nous
pouvions tous nous mettre d’accord, maintenant et pour toujours,
pour nous attacher à la promesse de Christ de manière pratique, et
ne pas nous considérer comme capables d’accomplir la grande tâche
de l’Eglise sans avoir été richement revêtus de la puissance
d’en haut! Je supplie mes frères, en particulier mes jeunes
frères, de ne pas croire que j’écris ces articles dans un esprit
de reproche. Je supplie les Eglises, je supplie les séminaires, de
recevoir cette parole d’exhortation venant d’un vieil homme, qui
possède quelque expérience en la matière, et dont le coeur
s’afflige et s’attriste devant les manquements de l’Eglise, des
ministères et des séminaires dans ce domaine. Frères, je vous
exhorte vivement à considérer ce problème d’une manière plus
sérieuse. Réveillez-vous, prenez ce sujet à coeur! Ne prenez aucun
repos tant que vous n’aurez pas remis à sa vraie place cette
question de la puissance d’en haut. Qu’elle soit remise à la
place essentielle et pratique qu’elle doit occuper aux yeux de
toute l’Eglise, selon la volonté de Christ.
La prière victorieuse est celle qui est exaucée. Le simple fait de prononcer une prière ne signifie pas que nous faisons une prière victorieuse. L’exaucement d’une prière ne dépend pas tellement de sa longueur, mais de sa qualité. Le meilleur moyen, pour moi, d’aborder ce sujet est de raconter une expérience que j’ai vécue avant ma conversion. Si je la raconte, c’est parce que je crains que de telles expériences soient malheureusement trop courantes chez ceux qui ne sont pas convertis.
Je
ne me rappelle pas avoir assisté à une réunion de prière avant
d’avoir commencé à étudier le droit. A ce moment-là, certains
voisins organisaient une réunion de prière hebdomadaire. Jusque là,
je n’avais pratiquement rien connu, rien vu ni entendu en matière
de religion. Je n’avais donc aucune opinion préconçue à ce
sujet. Je commençai à participer à cette réunion de prière, en
partie par curiosité, mais en partie aussi parce que je n’avais
pas l’esprit tranquille, sans pouvoir bien en définir la raison. A
peu près à la même époque, j’achetai ma première Bible et je
commençai à la lire. J’écoutais les prières qui étaient faites
dans cette réunion de prière, avec toute l’attention que je
pouvais accorder à des prières aussi froides et formelles. Dans
presque toutes leurs prières, ils réclamaient le don et l’effusion
du Saint-Esprit. Mais, que ce soit dans leurs prières ou dans les
remarques qu’ils faisaient de temps en temps, ils reconnaissaient
qu’ils n’arrivaient pas à être exaucés par Dieu. C’était
d’ailleurs tout-à-fait évident, et cela fit presque de moi un
incrédule complet.
Me
voyant venir si fréquemment à leur réunion de prière, le
responsable me demanda un jour si je ne voulais pas qu’ils prient
pour moi. Je répondis: ‘Non!’ J’ajoutai: ‘Je suppose que
j’ai besoin que l’on prie pour moi, mais vos prières ne sont pas
exaucées. Vous le confessez vous-mêmes!’ Puis je leur exprimai
mon étonnement à ce sujet, devant tout ce que le Bible disait sur
l’exaucement de la prière. En réalité, j’étais très perplexe
depuis quelque temps. Je doutais, comparant les enseignements de
Christ sur la prière à la réalité évidente que je pouvais
observer dans ces réunions de prière, semaine après semaine.
Christ était-Il réellement un Docteur venu de Dieu? Avait-Il
réellement enseigné ce que les Evangiles Lui attribuaient? Etait-ce
réellement ce qu’Il avait voulu dire? Fallait-il réellement prier
pour obtenir des bénédictions de Dieu? Dans l’affirmative, que
devais-je penser de ce que j’observais depuis des semaines et des
mois dans cette réunion de prière? Etaient-ils réellement
chrétiens? Les prières que j’entendais étaient-elles de vraies
prières, dans le sens où la Bible l’entendait? Christ
avait-Il promis d’exaucer de telles prières? Je finis par trouver
la solution.
Je
fus convaincu qu’ils se trompaient eux-mêmes. Ils n’étaient pas
exaucés parce qu’ils n’avaient pas le droit d’être exaucés.
Ils ne remplissaient pas les conditions définies par Dieu pour qu’Il
puisse entendre la prière. Leurs prières étaient précisément
celles que Dieu avait promis de ne pas exaucer! Il était évident
qu’ils ne se rendaient pas compte que leurs prières leur faisaient
courir le danger de s’enfoncer dans l’incrédulité, et de douter
de l’efficacité de la prière.
En
lisant ma Bible, je relevai les conditions révélées pour être
exaucé:
1. Il
faut avoir foi en Dieu, et croire qu’Il est celui qui exauce la
prière. Il faut donc s’attendre à recevoir ce que l’on demande.
2. Il
faut prier en accord avec la volonté révélée de Dieu. Cela
implique clairement qu’il faut non seulement prier pour quelque
chose que Dieu désire nous accorder, mais aussi prier avec une
motivation que Dieu juge acceptable. Je crains que beaucoup de
chrétiens négligent de considérer qu’une bonne motivation soit
l’une des conditions exigées par Dieu pour exaucer leurs prières.
Par
exemple, il est dit, dans le Notre Père: "Que Ton règne
vienne." Il est clair que cette demande doit être faite avec
sincérité pour être exaucée par Dieu. Une telle sincérité
implique que celui qui prie doit avoir offert tout son coeur et toute
sa vie pour travailler à la construction de ce règne. Cela implique
une consécration sincère et totale de tout ce que nous avons et de
tout ce que nous sommes, pour atteindre cet objectif. Si nous faisons
cette prière avec une autre motivation, ce n’est que de
l’hypocrisie. C’est même une abomination.
Il
en est de même lorsqu’on prie: "Que Ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel." Dieu n’a pas promis d’entendre
cette prière si elle n’est pas faite sincèrement. Mais la
sincérité implique un coeur qui accepte toute la vérité révélée
de Dieu, dans toute la mesure où nous la comprenons, de la même
manière qu’elle est acceptée dans le ciel. Cela implique une
obéissance totale, confiante et pleine d’amour, à toute la
volonté connue de Dieu, que cette volonté nous soit révélée dans
Sa Parole, par Son Esprit, ou par Sa providence. Cela implique que
nous nous tenions entièrement à la disposition de Dieu, de tout
notre coeur, avec tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes,
comme le font les habitants du ciel. Si nous ne le faisons pas, ou si
nous retenons pour nous-mêmes quoi que ce soit, nous "concevons
l’iniquité dans notre coeur," et Dieu ne nous exaucera pas.
Si
nous faisons une telle prière avec sincérité, cela signifie que
notre consécration à Dieu est totale et parfaite. Sinon, cela
revient à garder pour nous ce qui revient à Dieu. Cela revient à
"détourner l’oreille pour ne pas écouter la loi." Que
disent les Ecritures? "Si quelqu’un détourne l’oreille pour
ne pas écouter la loi, Sa prière même est une abomination". {#Pr
28:9} Est-ce que les chrétiens comprennent cela?
Ce
qui est vrai à propos de ces deux prières est vrai pour toutes les
prières. Les chrétiens prennent-ils cela à coeur? Considèrent-ils
que toute prière prononcée est une abomination si elle
n’est pas présentée dans une consécration totale à Dieu? Nous
devons nous offrir nous-mêmes, avec et dans nos prières, avec tout
ce que nous avons. Nous devons être d’accord de tout notre coeur
avec ce que nous demandons en priant. Nous devons obéir
parfaitement, autant que nous la connaissons, à toute la volonté de
Dieu. Sinon, notre prière est une abomination. Quel usage
terriblement profane fait-on du Notre Père, dans les prières
publiques ou personnelles! On entend des hommes et des femmes dire
négligemment le Notre Père, "Que Ton règne vienne, que Ta
volonté soit faite sur la terre comme au ciel," alors que leur
vie n’est absolument pas en accord avec la volonté révélée de
Dieu! C’est choquant et révoltant! On entend des hommes dire: "Que
Ton règne vienne," alors qu’il est évident qu’ils ne
consentent presque aucun sacrifice pour étendre ce royaume! Ce n’est
qu’une impudente démonstration d’hypocrisie! Ces prières ne
sont pas des prières victorieuses!
3. Une
autre condition de la prière victorieuse est l’absence d’égoïsme.
"Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez
mal, dans le but de satisfaire vos passions". {#Jas
4:3}
4. Il
faut aussi avoir une conscience pure de toute offense envers Dieu et
les hommes. "Car si notre coeur nous condamne, Dieu est plus
grand que notre coeur, et il connaît toutes choses. Bien-aimés, si
notre coeur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance devant
Dieu. Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui,
parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui
lui est agréable". {#1Jn
3:20-22} Ce
passage nous montre clairement deux choses. Pour être exaucés par
Dieu, nous devons tout d’abord avoir une conscience pure de toute
offense. Ensuite, nous devons garder Ses commandements et faire ce
qui Lui est agréable.
5. Nous
devons avoir un coeur pur pour être exaucés. "Si j’avais
conçu l’iniquité dans mon coeur, Le Seigneur ne m’aurait pas
exaucé". {#Ps
66:18}
6. Nous
devons confesser nos offenses à Dieu et aux hommes, et restituer ce
que nous leur avons pris. "Celui qui cache ses transgressions ne
prospère point, mais celui qui les avoue et les délaisse obtient
miséricorde". {#Pr
28:13}
7. Nous
devons avoir des mains pures. "Je lave mes mains dans
l’innocence, et je vais autour de ton autel, ô Éternel!". {#Ps
26:6} Et
encore: "Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, en
élevant des mains pures, sans colère ni mauvaises pensées". {#1Ti
2:8}
8. Nous
ne devons avoir aucune dispute avec nos frères, ni animosité contre
eux. "Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là
tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là
ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec
ton frère; puis, viens présenter ton offrande". {#Mt
5:23-24}
9. L’humilité
est encore une condition de la prière victorieuse: "Dieu
résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles". {#Jas
4:6}
10. Nous
devons nous débarrasser de tout ce qui peut nous faire tomber dans
l’iniquité. "Fils de l’homme, ces gens-là portent leurs
idoles dans leur coeur, et ils attachent les regards sur ce qui les a
fait tomber dans l’iniquité. Me laisserai-je consulter par
eux?". {#Eze
14:3}
11. Nous
devons avoir un esprit toujours prêt à pardonner. "Pardonne-nous
nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont
offensés; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne
vous pardonnera pas non plus vos offenses". {#Mt
6:12,15}
12. La
vérité doit être au fond de notre coeur. "Mais tu veux que la
vérité soit au fond du coeur: Fais donc pénétrer la sagesse au
dedans de moi!". {#Ps
51:8} Si
la vérité n’est pas au fond de notre coeur, nous ne sommes pas
complètement sincères et désintéressés, l’iniquité se trouve
au fond de notre coeur, et le Seigneur ne nous écoutera pas.
13. Nous
devons prier au Nom de Jésus-Christ pour être exaucés.
14. Notre
prière doit être inspirée par le Saint-Esprit. "De même
aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons
pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières. Mais
l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables; et
celui qui sonde les coeurs connaît quelle est la pensée de
l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur
des saints". {#Ro
8:26-27} C’est
là le véritable esprit de prière. C’est être conduit par le
Saint-Esprit dans la prière. C’est la seule prière vraiment
victorieuse. Les chrétiens comprennent-t-ils réellement cela?
Croient-ils vraiment qu’ils ne peuvent pas être exaucés par Dieu,
s’ils ne vivent pas et ne marchent pas par l’Esprit, et s’ils
n’apprennent pas à prier en étant guidés par l’intercession de
l’Esprit qui est en eux?
15. Une
autre condition est la ferveur. Pour être victorieuse, une prière
doit être fervente. "Confessez donc vos péchés les uns aux
autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris.
La prière fervente du juste a une grande efficace". {#Jas
5:16}
16. La
persévérance, ou la persistance dans la prière, est souvent une
condition de la prière victorieuse. Voyez les exemples de Jacob, de
Daniel, d’Elie, de la femme syro-phénicienne, du juge inique, et
l’enseignement général de la Bible à ce sujet.
17. Une
prière victorieuse est souvent celle qui implique un travail
d’enfantement de la part de notre âme. "A peine en travail,
Sion a enfanté ses fils!". {#Esa
66:8} Paul
a dit: "Mes enfants, pour qui j’éprouve de nouveau les
douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que Christ soit formé en
vous". {#Ga
4:19} Ceci
implique qu’il a dû éprouver pour eux les douleurs de
l’enfantement, avant leur conversion. En vérité, un travail
d’enfantement accompli par notre âme dans la prière est la seule
prière de réveil qui soit efficace. Si quelqu’un ne connaît pas
une telle prière, il ne sait pas ce qu’est l’esprit de prière.
Il n’est même pas réveillé. Il ne comprend pas le passage que
nous avons déjà cité dans #Ro 8:26-27. Si nous ne connaissons pas
la prière qui s’exprime dans l’agonie, nous ne connaissons pas
le secret véritable de la puissance pour le réveil.
18. Une
autre condition de la prière victorieuse est le recours à tous les
moyens disponibles pour obtenir ce que nous demandons, si nous savons
que l’emploi de ces moyens est nécessaire pour obtenir un
exaucement. Par exemple, si nous prions pour un réveil, mais que
nous n’utilisons aucun autre moyen que la prière, nous tentons
Dieu. C’était le cas de ceux qui priaient dans les réunions de
prières dont j’ai parlé au début de ce chapitre. Ils priaient
sans cesse pour un réveil. Mais dès que la réunion était finie,
ils étaient d’un silence de mort sur ce sujet. Ils n’en
parlaient à personne autour d’eux.
Ils
persévérèrent dans leur inconséquence, jusqu’à ce qu’un
homme influent de leur cité leur fit un terrible reproche en ma
présence. Il exprima exactement ce que je ressentais moi-même. Il
se leva et leur dit, avec la plus extrême solennité et dans les
larmes: "Chrétiens, que voulez-vous réellement? Vous n’arrêtez
pas de prier pour un réveil dans vos réunions. Quand vous êtes
ici, vous vous exhortez souvent à vous réveiller et à employer les
moyens nécessaires pour avoir un réveil. Vous vous dites, et vous
nous dites aussi, à nous qui sommes des pécheurs impénitents, que
nous allons tout droit en enfer. Je le crois sans peine! Vous répétez
que si vous vous réveillez, et si vous faites ce qu’il faut faire,
il y aura un réveil, et nous pourrons nous convertir. Vous nous
parlez d’un grand danger. Vous dites que notre âme a plus de
valeur que toutes les richesses du monde. Mais vous continuez à vous
occuper de vos petites affaires et vous ne faites rien pour le
réveil! Le réveil ne vient pas, et nos âmes ne sont pas sauvées!"
En
disant cela, il retomba sur son siège en éclatant en sanglots. Ces
reproches tombèrent lourdement sur tous ceux qui assistaient à
cette réunion de prière. Je m’en souviendrai toujours. Cela leur
fit du bien. Il ne fallut pas longtemps pour que les membres de ce
groupe de prière soient brisés, et nous eûmes un réveil.
J’étais
présent lorsque l’esprit de réveil se manifesta pour la première
fois. Oh! Quel changement dans le ton de leurs prières, de leurs
confessions et de leurs supplications! En rentrant chez moi, je fis
remarquer à un ami: "Quel changement s’est opéré chez ces
chrétiens! Cela doit être le début d’un réveil!"
Oui!
Un merveilleux changement se produit dans les réunions, quand les
chrétiens sont réveillés. Leurs confessions signifient alors
quelque chose! Ils veulent vraiment un changement! Ils restituent ce
qu’ils ont pris! Ils deviennent sérieux! Ils veulent utiliser tous
les moyens qui sont à leur disposition! Ils veulent ouvrir leur
portefeuille, leur coeur et leurs mains! Ils veulent faire réellement
tout ce qui est en leur pouvoir pour faire avancer l’oeuvre de
Dieu!
19. Une
prière victorieuse est une prière précise. Elle est présentée
dans un but bien spécifique. Nous ne pouvons pas être exaucés tout
de suite pour tout. Dans tous les cas où la Bible nous
présente une prière exaucée, il s’agit d’une prière faite
pour un objet bien précis.
20. Une
autre condition de la prière victorieuse est de vouloir réellement
obtenir ce que nous demandons. Nous ne devons pas faire semblant.
Bref, nous devons avoir un coeur d’enfant, tout-à-fait sincère.
Notre prière doit venir de notre coeur, et elle doit exactement
exprimer ce que nous voulons, sentons ou croyons.
21. Nous
devons croire à la bonne foi de Dieu, dans toutes les promesses
qu’Il a faites.
22. Enfin,
nous devons "veiller" lorsque nous prions, et prier dans le
Saint-Esprit. Je veux dire par là que nous devons veiller à ne rien
avoir dans notre coeur qui puisse éteindre ou attrister l’Esprit
de Dieu. Nous devons aussi veiller pour attendre la réponse de Dieu.
Nous devons être prêts à employer tous les moyens nécessaires, à
payer tout le prix exigé, et à persévérer jusqu’au bout dans
nos supplications.
Quand
les chrétiens auront accepté de briser entièrement leur coeur,
quand ils auront confessé leurs péchés et restitué ce qu’ils
devaient restituer, alors ils ne manqueront pas de remplir les
conditions exigées par Dieu, et ils verront leurs prières exaucées.
Mais nous devons bien comprendre qu’aucune autre prière ne sera
exaucée. Les prières que nous entendons en général dans les
réunions de prière ou dans les conventions ne sont pas des prières
victorieuses. Il est souvent étonnant et lamentable de voir à quel
point les chrétiens sont séduits dans ce domaine. Ceux qui ont été
témoins de véritables réveils n’ont pas manqué d’être
frappés par les changements intervenus dans la manière de prier et
les prières des chrétiens réellement réveillés. Je crois que je
n’aurais jamais pu être converti si je n’avais pas découvert la
réponse à cette question: "Pourquoi tant de prières ne
sont-elles pas exaucées?"
"Veille sur toi-même et sur ton enseignement; persévère dans ces choses, car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux qui t’écoutent". {#1Ti 4:16}
Dans
cet article, je désire ardemment faire à mes frères plus jeunes
dans le ministère certaines suggestions sur la manière de prêcher
l’Evangile, afin que des âmes soient amenées au salut. Ces
suggestions résultent de beaucoup de recherches, de beaucoup de
prière à propos de l’enseignement de la Parole de Dieu,
et de nombreuses années d’expérience pratique.
Telle
que je la comprends, l’exhortation reproduite au début de cet
article concerne le thème, le déroulement, et le style de la
prédication. Le problème est le suivant: Comment allons-nous gagner
entièrement des âmes à Christ? Il est certain que nous devons
parvenir à détacher les pécheurs d’eux-mêmes.
1. Les
pécheurs sont des êtres moralement libres, rationnels et
responsables.
2. Ils
sont en rébellion contre Dieu et complètement aliénés. Ils
sont remplis de préjugés et entièrement engagés à combattre
Dieu.
3. Ils
sont entièrement engagés à satisfaire leurs désirs personnels.
C’est le but de leur vie.
4. Ils
sont en permanence plongés dans la dépravation morale. La source de
leur péché est en eux-mêmes. Toutes leurs mauvaises actions en
découlent par une loi naturelle. C’est leur "coeur mauvais"
qui explique leur volonté de faire le mal. C’est lui qui a besoin
d’être radicalement changé.
5. Dieu
est infiniment bienveillant, mais les pécheurs inconvertis sont
infiniment égoïstes. Ils sont donc radicalement opposés à Dieu.
Ils n’ont qu’un seul désir: satisfaire leurs appétits et leurs
passions, que la Bible appelle "les désirs de la
chair." Ils "s’affectionnent" aux choses du monde,
ce qui fait d’eux des ennemis de Dieu.
6. Cette
opposition à Dieu est volontaire. Elle doit être vaincue, et ne
peut l’être que par la Parole de Dieu, rendue efficace
par l’enseignement du Saint-Esprit.
7. L’Evangile
permet d’atteindre ce but. Quand il est présenté avec sagesse,
nous pouvons avec confiance nous attendre à ce que le Saint-Esprit
coopère efficacement avec nous. C’est cela que Jésus a voulu
dire, en nous donnant cette mission: "Allez, faites de toutes
les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et
du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai
prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la
fin du monde". {#Mt
28:11}
8. Si
nous manquons de sagesse et de logique spirituelle, si nous ne
présentons pas l’Evangile dans son ordre naturel, nous ne pouvons
aucunement prétendre à une aide divine.
9. Pour
gagner des âmes, comme pour toutes choses, Dieu agit en accord avec
un certain nombre de lois naturelles. Si donc nous voulons gagner des
âmes, nous devons utiliser avec sagesse les moyens adéquats. Nous
devons présenter les vérités de l’Evangile dans un ordre qui
puisse être compris par les lois naturelles de l’intelligence et
de la pensée. Si notre logique spirituelle est fausse, cela nous
égarera beaucoup. Nous agirons dans l’ignorance et nous nous
opposerons souvent à l’action du Saint-Esprit.
10. Il
faut convaincre les pécheurs qu’ils sont ennemis de Dieu. Ils ne
connaissent pas Dieu. Ils ignorent donc souvent que leur coeur est
opposé à Dieu. "C’est par la loi que vient la connaissance
du péché". {#Ro
3:20} C’est
par la loi que le pécheur se forme sa première idée véritable de
Dieu. C’est par la loi qu’il apprend tout d’abord que Dieu est
parfaitement bienveillant, et infiniment opposé à tout égoïsme.
Il est donc nécessaire que la loi de Dieu soit opposée avec toute
sa majesté à l’égoïsme et à l’inimitié du pécheur.
11. La
loi produit une irrésistible conviction de sa justice. Aucun être
moral ne peut en douter.
12. Tous
les hommes savent qu’ils ont péché, mais tous ne sont pas
convaincus de la culpabilité et des conséquences funestes du péché.
La plupart sont insouciants. Ils ne ressentent pas le fardeau du
péché, ni les horreurs et les terreurs du remords. Ils n’ont
aucune conscience de leur condamnation ni de leur état de perdition.
13. C’est
pourquoi il leur est impossible de comprendre et d’apprécier le
moyen de salut que leur présente l’Evangile. Nous ne pouvons
demander ou accepter un pardon, de manière intelligente et sincère,
que lorsque nous voyons et comprenons la réalité et la justice de
notre condamnation.
14. Il
est absurde de supposer qu’un pécheur insouciant, qui n’est pas
convaincu de péché, puisse accepter avec intelligence et
reconnaissance le pardon que lui offre l’Evangile, tant qu’il n’a
pas compris que Dieu était juste en le condamnant. La conversion à
Jésus-Christ est un changement intelligent. Il faut être convaincu
des conséquences funestes du péché pour accepter la miséricorde
de Dieu. Sans cette conviction, l’âme ne comprend pas son besoin
de miséricorde, et l’offre divine sera rejetée. L’Evangile
n’est pas une bonne nouvelle, pour un pécheur insouciant et non
convaincu de péché.
15. Le
caractère spirituel de la loi de Dieu doit être inlassablement
présenté à la conscience du pécheur, jusqu’à ce que sa propre
justice soit éliminée. Il faut qu’il puisse se tenir devant un
Dieu saint sans rien avoir à Lui répliquer, et en se condamnant
lui-même.
16. Certains
hommes sont déjà convaincus de leur péché. Le prédicateur peut
leur présenter Christ sans tarder, en espérant qu’Il sera
accepté. Mais ces cas sont exceptionnels. La très grande majorité
des pécheurs sont insouciants. Ils n’ont aucune conviction de
péché. Il ne faut pas supposer qu’ils ont déjà cette conviction
et qu’ils sont prêts à accepter Christ. Il ne faut donc pas les
presser trop vite d’accepter le Seigneur. Ce serait mettre la
charrue avant les boeufs. Notre enseignement serait inintelligible.
Nous nous apercevrions que nous nous sommes trompés, quelles que
soient les apparences, même si des décisions étaient prises. Cette
présentation de l’Evangile peut donner un espoir aux pécheurs.
Mais ce serait un faux espoir, à moins que le Saint-Esprit fasse
Lui-même ce que le prédicateur a omis de faire. Il faut absolument
passer par toutes les étapes de la présentation de la vérité.
17. Lorsque
la loi a accompli son oeuvre, lorsqu’elle a éliminé toute propre
justice, et acculé le pécheur à accepter la miséricorde divine,
il faut alors lui faire comprendre qu’il court le grand danger de
voir s’exécuter la peine attachée à la violation de la loi.
18. C’est
à ce moment précis qu’il faut faire comprendre au pécheur qu’il
ne doit pas espérer être pardonné sans que la justice de Dieu soit
satisfaite, simplement parce que Dieu est bienveillant. Il faut que
la justice divine soit satisfaite pour que la bienveillance de Dieu
puisse pardonner le péché. Si la justice n’était pas satisfaite
en même temps que s’exerce la miséricorde, cela signifierait que
Dieu accepterait de sacrifier Sa justice universelle au bien d’un
individu. Dieu ne fera jamais cela.
19. Cet
enseignement va persuader le pécheur de la nécessité de trouver un
moyen de satisfaire la justice universelle de Dieu.
20. C’est
le moment de lui présenter l’expiation comme une réalité
révélée, pour le persuader de considérer Christ comme Celui qui a
été offert pour son propre péché. Il faut insister sur cette
réalité révélée, et souligner que Dieu a accepté la mort de
Christ à la place de la mort du pécheur. Cette vérité doit être
reçue comme étant le témoignage de Dieu.
21. Le
pécheur est déjà écrasé de contrition par la puissance de
conviction de la loi. Il sera naturellement rempli de dégoût pour
lui-même, en recevant la révélation de l’amour de Dieu manifesté
dans la mort de Christ. Il éprouvera alors cette tristesse selon
Dieu dont on n’a pas besoin de se repentir. Dans cette lumière, le
pécheur ne peut plus se justifier lui-même. Dieu est saint et
glorieux, tandis que lui n’est qu’un pécheur, sauvé par la
grâce souveraine de Dieu.
Cet
enseignement peut être plus ou moins formel en fonction des âmes
auxquelles vous vous adressez, selon leur capacité de réflexion,
leur intelligence et leur degré d’attention.
22. Ce
n’est pas un hasard si la dispensation de la loi a précédé celle
de la grâce. C’est dans l’ordre naturel des choses. Cela
s’accorde avec les lois mentales de l’homme. Plus que jamais, la
loi doit frayer le chemin à l’Evangile. Si vous négligez cette
vérité lorsque vous instruisez des âmes, vous ferez naître
presque à coup sûr de fausses espérances. Vous définirez de
mauvais critères de vie chrétienne, et vous remplirez l’Eglise de
convertis superficiels. Le temps vous le prouvera.
23. Il
faut prêcher la vérité aux personnes présentes. Il faut la
présenter de telle manière que chacun se sentira personnellement
concerné par ce que vous dites. Il faut qu’on puisse dire de vous:
"Il ne prêche pas, mais il explique ce que les autres prêchent.
Il semble s’adresser personnellement à moi!"
24. Cette
manière de prêcher attirera l’attention de vos auditeurs, qui ne
feront plus attention à la longueur de votre prédication. Ils se
fatigueront s’ils ne voient aucun intérêt personnel dans ce que
vous dites. Vous devez absolument les intéresser à ce que vous
dites pour pouvoir les convertir. Quand leur intérêt est ainsi
retenu, et qu’ils suivent avec attention votre sujet, ils se
plaindront rarement de la longueur de votre sermon. Presque toujours,
quand les gens se plaignent de la longueur d’un sermon, c’est
parce que nous n’avons pas réussi à les intéresser
personnellement à ce que nous disons.
25. Il
peut y avoir plusieurs raisons pour lesquelles nous n’arrivons pas
à retenir leur intérêt: nous ne nous sommes pas adressés à eux
personnellement; nous manquons d’onction et de sérieux; nous
manquons de clarté et de force; nous manquons en tout cas de quelque
chose que nous devrions posséder. Il est indispensable que nous leur
fassions comprendre que c’est Dieu qui leur parle en même temps
que nous.
26. Ne
croyez pas que votre piété personnelle suffira à vous permettre de
gagner des âmes. Ce n’est que l’une des conditions de votre
succès. Vous devez avoir du bon sens et de la sagesse spirituelle
pour adapter les moyens au but recherché. Il faut employer avec
sagesse tous les éléments vous permettant d’atteindre votre
objectif: le sujet, la manière de le présenter, l’ordre des
arguments, le temps et le lieu.
27. Pour
convertir des âmes, Dieu peut parfois Se servir d’hommes qui ne
sont pas spirituels, mais qui possèdent cette sagesse naturelle leur
permettant d’adapter les moyens au but qu’ils recherchent.
Mais la Bible nous indique clairement que ce sont des cas
exceptionnels. Même s’il est spirituel, un chrétien sera
incapable de gagner des âmes à Christ s’il ne possède pas cette
sagesse, et s’il ne sait pas adapter les moyens nécessaires au but
recherché.
28. L’instruction
que vous donnez aux âmes doit être adaptée à leur intelligence.
Quelques vérités simples, exposées avec sagesse et illuminées par
le Saint-Esprit, suffisent à convertir des enfants. Je répète que
ces vérités doivent être exposées avec sagesse, car les enfants
sont aussi des pécheurs. Ils ont besoin d’être placés sous la
loi, comme un précepteur, pour être amenés à Christ, et pouvoir
être justifiés par la foi. On s’apercevra tôt ou tard que de
soi-disant conversions à Christ étaient superficielles, parce que
l’on a négligé le travail préparatoire de la loi. Jésus-Christ
n’a pas été reçu comme le Sauveur du péché et de la
condamnation.
29. Quant
aux pécheurs éduqués et cultivés, qui, après tout, n’ont pas
de conviction de péché et sont sceptiques dans leur coeur, ils ont
besoin d’une présentation de la vérité bien plus approfondie et
complète. Il faut que le filet de l’Evangile enveloppe entièrement
ces professionnels, et qu’ils n’aient aucune possibilité de
s’échapper. Quand on les traite de cette manière, plus ils sont
intelligents, et plus on est certain de les voir se convertir. Je me
suis rendu compte qu’une série de conférences s’adressant à
des avocats, lorsqu’elles sont adaptées à leur manière de penser
et de raisonner, constitue un moyen extrêmement sûr de les conduire
à la conversion.
30. Si
nous voulons réussir à gagner des âmes, nous devons savoir
observer. Nous devons étudier les caractères des individus, et
tenir compte des réalités de l’expérience. Nous devons exposer à
la conscience des hommes de toutes classes les vérités observées
et révélées.
31. Assurez-vous
de bien expliquer les termes que vous employez. Avant ma conversion,
je n’ai jamais entendu quelqu’un m’expliquer d’une manière
intelligible les termes de repentance, foi, régénération, et
conversion. On m’a expliqué que la repentance était un sentiment.
La foi m’a été présentée comme un acte ou un état
intellectuel, et non comme un acte volontaire de confiance. La
régénération m’a été présentée comme une sorte de changement
physique dans ma nature, produit directement par la puissance du
Saint-Esprit, alors qu’il s’agit en réalité d’un changement
volontaire dans les préférences ultimes de l’âme, changement
produit par l’illumination du Saint-Esprit. Même la conversion m’a
été présentée comme étant l’oeuvre du Saint-Esprit, mais en
cachant le fait qu’il s’agit d’une décision personnelle du
pécheur, lorsqu’il est persuadé par le Saint-Esprit.
32. Insistez
bien sur le fait que la repentance implique une renonciation
volontaire à tout péché, et qu’elle est un changement radical de
notre attitude devant Dieu.
33. Insistez
aussi sur le fait que la foi qui sauve est une confiance en Christ
qui vient du coeur, qu’elle est agissante par l’amour, qu’elle
purifie le coeur, et qu’elle triomphe du monde. Si notre foi manque
de l’un de ces attributs, ils ne s’agit pas de la foi
qui sauve.
34. Il
faut demander au pécheur de faire un certain nombre d’opérations
mentales. Il doit comprendre lesquelles. Si notre manière de penser
est mauvaise, cela conduit dans l’erreur, et peut tromper d’une
manière fatale l’âme qui cherche la vérité. Les pécheurs sont
souvent conduits sur des voies de traverse. On essaye de leur faire
sentir quelque chose au lieu de les inciter à prendre les décisions
de leur volonté qui s’imposent. Avant ma conversion, personne ne
m’a expliqué de manière intelligible quelles étaient les
opérations mentales que Dieu exigeait de moi.
35. Le
caractère trompeur du péché rend l’âme qui recherche la vérité
extrêmement exposée à être séduite. Il faut donc que ceux qui
enseignent la parole de Dieu aillent droit au but, et explorent
soigneusement tous les recoins où le pécheur pourrait se cacher
pour y trouver un refuge trompeur. Soyez aussi complet et précis que
vous le pourrez, pour qu’il soit pratiquement impossible, pour
l’âme qui cherche, de s’accrocher à un faux espoir.
36. Ne
craignez pas d’aller au fond des choses. Ne faites preuve d’aucune
fausse pitié, et ne mettez pas d’emplâtre sur une plaie qui a
besoin d’être nettoyée en profondeur. Ne craignez pas de
décourager le pécheur, lorsqu’il est convaincu de péché. N’ayez
pas peur de le faire fuir en le sondant jusqu’à la moelle de ses
os. Si le Saint-Esprit oeuvre en lui, plus vous sonderez le pécheur,
et mieux vous lui couperez toute retraite. Il ne pourra plus
continuer à pécher tranquillement.
37. Si
vous voulez conduire une âme au salut, n’épargnez aucune main
droite, aucun oeil droit, aucune idole chérie. Veillez bien à ce
que le pécheur renonce à toute forme de péché. Insistez sur le
fait qu’il doive demander pardon à tous ceux qu’il a offensés.
Demandez-lui de faire une restitution complète à tous ceux qu’il
a pu léser, autant qu’il lui sera possible. Ne manquez pas
d’expliquer les enseignements de Christ sur ce sujet. Quelle que
soit la personnalité du pécheur, faites-lui clairement comprendre
qu’il ne peut pas être un disciple de Christ s’il ne renonce pas
à tout ce qu’il possède. Dites-lui bien qu’il doit totalement
se consacrer à Dieu, avec toutes les capacités de son corps et de
son intelligence, avec tout ce qu’il possède, et avec tout ce
qu’il est. Montrez-lui clairement qu’il doit, pour être accepté
par Dieu, renoncer totalement à lui-même et à toutes choses, et
qu’il ne s’appartient plus.
38. Vous
devez vous-même comprendre que la foi et la repentance véritables
impliquent tout ce qui vient d’être dit. Sans cela, il n’y a
aucune véritable consécration. Si vous le pouvez, faites-le
comprendre au pécheur.
39. Rappelez
constamment au pécheur qu’il a affaire à Christ en personne.
Montrez-lui que c’est Dieu en Christ qui cherche à le réconcilier
avec Lui-même, et que la condition de cette réconciliation est
qu’il abandonne entre les mains de Dieu sa volonté personnelle et
son être tout entier. Il ne doit pas en garder une miette pour lui.
40. Affirmez-lui
que Dieu lui a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans
Son Fils. Dites-lui que Christ a été fait pour lui "sagesse,
justice, sanctification et rédemption." Rappelez-lui que c’est
en Christ qu’il trouvera un plein et complet salut.
41. Quand
vous serez sûr que l’âme a compris et accepté cet enseignement,
et que Christ lui a été révélé, rappelez-lui qu’il lui faut
absolument persévérer jusqu’à la fin. C’est encore une
condition du salut. Vous devrez à présent travailler avec ardeur à
empêcher une âme de rétrograder. Vous devrez l’aider à vivre
dans une sanctification permanente, pour qu’elle soit
définitivement scellée pour la gloire éternelle.
42. N’est-il
pas vrai que lorsque des convertis rétrogradent, cela indique très
souvent un grave défaut dans l’enseignement qu’ils ont reçu sur
ce sujet? Pourquoi tant d’heureux convertis, quelques mois à peine
après leur conversion apparente, perdent leur premier amour, perdent
toute ferveur spirituelle, négligent leurs devoirs, et vivent comme
ceux du monde, en n’étant plus que des chrétiens de nom?
43. Un
prédicateur réellement efficace est celui qui non seulement gagne
des âmes à Christ, mais aussi les garde à Christ. Il doit
s’occuper non seulement de leur conversion, mais aussi de leur
sanctification permanente.
44. Rien
n’est plus clair dans la Bible que la promesse d’une
sanctification permanente. "Que le Dieu de paix vous sanctifie
lui-même tout entiers, et que tout votre être, l’esprit, l’âme
et le corps, soit conservé irrépréhensible, lors de l’avènement
de notre Seigneur Jésus-Christ! Celui qui vous a appelés est
fidèle, et c’est lui qui le fera". {#1Th
5:23-24} Il
s’agit là, sans l’ombre d’un doute, d’une prière de
l’apôtre pour que nous soyons conservés dans une sanctification
permanente dans cette vie. Cette prière est assortie d’une
promesse expresse que c’est Celui qui nous a appelés qui le fera.
45. Les
Ecritures nous enseignent que nous ne sommes scellés du Saint-Esprit
promis qu’après avoir cru. Ce scellement constitue un gage de
notre salut. "En lui vous aussi, après avoir entendu la parole
de la vérité, l’Evangile de votre salut, en lui vous avez cru et
vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis,
lequel est un gage de notre héritage, pour la rédemption de ceux
que Dieu s’est acquis, à la louange de sa gloire". {#Eph
1:13-14} Ce
scellement, ce gage de notre héritage, est ce qui nous assure notre
salut. C’est pourquoi l’apôtre dit, dans #Eph 4:30: "N’attristez
pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour
le jour de la rédemption." Il ajoute, dans #2Co 1:21-22: "Et
celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oints,
c’est Dieu, lequel nous a aussi marqués d’un sceau et a mis dans
nos coeurs les arrhes de l’Esprit." Nous sommes ainsi affermis
en Christ, et oints du Saint-Esprit. Nous sommes aussi scellés par
le gage de l’Esprit dans notre coeur. Notez bien que nous recevons
cette bénédiction après avoir cru, comme nous le dit Paul dans
l’Epître aux Ephésiens déjà citée. Il est donc d’une extrême
importance d’apprendre aux convertis à ne se satisfaire de rien
d’autre qu’une sanctification permanente, étant scellés et
affermis en Christ par cette onction spéciale du Saint-Esprit.
46. Frères,
il est donc nécessaire que nous sachions aussi ce que cela
représente dans notre propre vie et que nous l’ayons nous-mêmes
expérimenté. Sinon, nous ne pourrons pas conduire des convertis
dans cette expérience. Nous échouerons lamentablement dans notre
enseignement, en laissant de côté ce qui constitue la richesse et
la plénitude de l’Evangile.
47. Il
faut comprendre que si une telle expérience est rare parmi les
prédicateurs, elle sera discréditée dans les Eglises. Il sera
ensuite presque impossible à un prédicateur isolé de surmonter
l’incrédulité de son Eglise et de lui faire accepter cette
doctrine. Elle mettra en doute cet enseignement, car il y en a si peu
qui le prêchent et qui le croient. Si son pasteur insiste, l’Eglise
dira que l’expérience personnelle de ce dernier n’est due qu’à
son tempérament particulier. L’Eglise ne pourra pas recevoir cette
onction à cause de son incrédulité. Dans ces circonstances, il est
d’autant plus nécessaire d’insister beaucoup sur l’importance
et le privilège de la sanctification permanente.
48. Le
péché est causé par une mentalité charnelle. Pécher, c’est
obéir aux désirs de la chair et des pensées charnelles. La
sanctification permanente est une consécration totale et permanente
à Dieu. Elle implique le refus d’obéir aux désirs de la chair ou
des pensées humaines. Quand nous sommes baptisés et scellés par le
Saint-Esprit, nous pouvons vaincre la puissance des désirs charnels.
Nous sommes fortifiés dans notre volonté de résister à
l’impulsion de nos désirs. Nous pouvons demeurer en permanence
dans une offrande complète de tout notre être à Dieu.
49. Si
nous restons silencieux sur ce sujet, on peut naturellement en
conclure soit que nous sommes dans l’ignorance à ce propos, soit
que nous ne sommes nous-mêmes jamais passés par cette expérience.
Cela sera inévitablement une pierre d’achoppement pour l’Eglise.
50. Il
s’agit indéniablement d’une importante doctrine, clairement
enseignée par l’Evangile. Nous y trouvons en vérité la richesse
et la plénitude de l’Evangile. En omettant d’enseigner cette
doctrine, nous privons l’Eglise de son héritage le plus riche.
51. Le
témoignage donné par l’Eglise dans ce domaine a été lamentable.
Il en est de même, dans une grande mesure, pour le témoignage donné
par les ministères. L’Eglise a été privée de cet héritage.
Est-il donc étonnant qu’elle rétrograde? Il est vrai qu’un
petit nombre de chrétiens fidèles continuent, ça ou là, à
insister sur cette doctrine. Mais leur témoignage est presque réduit
à néant par le contre-témoignage et le silence coupable de la
grande masse des témoins de Christ.
52. Chers
frères, quand je parle de sanctification permanente, mes convictions
sont fermes et mes sentiments profonds. Je ne vous cache donc pas
que, pour moi, le peu de succès de la prédication de l’Evangile,
je le crains, est dû au fait que les prédicateurs eux-mêmes ne
sont pas passés par cette expérience, pour beaucoup d’entre eux.
Je ne vous le dis pas comme un reproche, ce n’est pas mon
intention. Il n’est pas étonnant que beaucoup d’entre vous ne
soient pas passés par cette expérience. C’est votre formation
spirituelle qui a été défectueuse. On vous a conduits à adopter
un autre point de vue sur ce sujet. Pour beaucoup de raisons, vous
avez fini par rejeter cette doctrine bénie de notre glorieux
Evangile. Vous ne l’avez pas crue. Bien entendu, vous n’avez donc
pas pleinement reçu Christ dans votre coeur. Peut-être que cette
doctrine de la sanctification permanente a représenté pour vous une
pierre d’achoppement. Mais je vous supplie d’abandonner vos idées
préconçues. Osez vous tourner à présent vers Christ en Le
considérant comme votre sagesse, votre justice, votre sanctification
et votre rédemption. Vous verrez s’Il ne vous donne pas infiniment
au-delà de tout ce que vous pourrez demander ou penser!
53. Nous
ne devons permettre à aucun homme, qu’il soit chrétien ou
pécheur, de vivre en paix en pratiquant un péché quelconque.
Autant que nous le pouvons, nous ne devons permettre à personne
d’espérer entrer un jour au ciel, s’il continue à pratiquer un
péché quelconque. Notre exigence et nos exhortations doivent être
sans cesse: "Soyez saints, car Dieu est Saint!" "Soyez
parfaits comme votre Père céleste est parfait!" Rappelons-nous
comment Christ a conclu Son remarquable Sermon sur la Montagne.
Après avoir exposé à Ses auditeurs ces vérités
extraordinairement profondes, Il leur a demandé d’être parfaits,
comme Son Père céleste est parfait. Puis Il a conclu en leur
affirmant que personne ne pouvait être sauvé sans accepter Ses
enseignements, ni sans leur obéir. Au lieu d’essayer de faire
plaisir à ceux qui vivent dans leur péché, nous devons
continuellement nous efforcer de les persuader d’en sortir! Frères,
faisons-le, si nous ne voulons pas avoir nos vêtements tachés par
leur sang. Si nous persévérons dans cette attitude, si nous
prêchons constamment avec onction et puissance, et si nous demeurons
dans la plénitude de la doctrine de Christ, nous pouvons nous
attendre avec joie à nous sauver nous-mêmes, et à sauver ceux qui
nous écouteront!
"Veille
sur toi-même et sur ton enseignement; persévère dans ces choses,
car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux
qui t’écoutent". {#1Ti 4:16}
Je
ne vais pas prêcher à des prédicateurs. Je veux m’adresser
personnellement à tout prédicateur, pour lui présenter certaines
conditions par lesquelles il pourra assurer son salut.
1. Soyez
certain que c’est l’amour qui vous pousse à prêcher l’Evangile,
car c’est par amour que Christ a donné l’Evangile.
2. Assurez-vous
d’avoir reçu le revêtement spécial de puissance d’en haut, par
le baptême du Saint-Esprit.
3. Assurez-vous
que l’appel à prêcher l’Evangile a été reçu dans votre
coeur, et non seulement dans votre tête. Je veux dire par là que
vous devez avoir intensément à coeur de rechercher le salut des
âmes. Cela doit être la grande tâche de votre vie. Ne faites rien
sans une conviction de votre coeur.
4. Maintenez
constamment une marche en communion étroite avec le Seigneur.
5. Que la
Bible soit votre Livre parmi les livres. Etudiez-la beaucoup, à
genoux, en vous attendant à recevoir la lumière divine.
6. Soyez
prudent quand vous utilisez des commentaires. Consultez-les quand ils
sont utiles. Mais il vaut mieux avoir votre propre opinion, à la
lumière du Saint-Esprit.
7. Gardez-vous
pur, dans votre volonté, dans vos pensées, dans vos sentiments,
dans vos paroles et dans vos actions.
8. Méditez
profondément sur la culpabilité des pécheurs et le danger qu’ils
courent, pour intensifier votre zèle à rechercher leur salut.
9. Méditez
aussi profondément et en permanence sur l’amour infini et la
compassion de Christ pour les pécheurs.
10. Aimez-les
au point d’être prêt à accepter de mourir pour eux.
11. Consacrez-vous
le plus possible à l’étude des moyens que vous pouvez employer
pour les sauver. Que cette étude soit la tâche principale de votre
vie.
12. Veillez
à ce que rien ne vienne vous distraire de cette tâche. Tenez-vous
en garde contre toute tentation qui voudrait diminuer votre intérêt
pour cette tâche.
13. Croyez
à l’affirmation de Christ qu’Il est toujours et partout avec
vous dans cette tâche, toujours prêt à vous donner l’aide dont
vous aurez besoin.
14. "Le
sage s’empare des âmes". {#Pr
11:30} "Si
quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à
Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera
donnée". {#Jas
1:5} "Mais
qu’il la demande avec foi, sans douter". {#Jas
1:6}Rappelez-vous
donc que vous êtes obligé de posséder la sagesse qui vous
permettra de gagner des âmes à Christ.
15. Puisque
vous êtes appelé par Dieu à cette oeuvre, invoquez constamment
votre appel devant Dieu comme argument pour obtenir tout ce dont vous
avez besoin pour accomplir votre tâche.
16. Soyez
diligent. Travaillez dur, insistez "en toute occasion, favorable
ou non". {#2Ti
4:2}
17. Discutez
beaucoup avec les hommes de toutes conditions, sur la question de
leur salut. Vous pourrez ainsi comprendre leurs opinions, leurs
erreurs, et leurs désirs. Informez-vous de leurs idées préconçues,
de leur degré d’ignorance, de leur caractère, de leurs habitudes,
et de tout ce que vous aurez besoin de savoir pour adapter votre
message à leurs contraintes.
18. Veillez
à ce que vos propres habitudes soient parfaitement correctes. Soyez
maître de vous-mêmes en toutes choses. Abstenez-vous totalement du
tabac, de l’alcool, des drogues, ou de tout ce dont vous pourriez
avoir honte, et qui pourrait faire chuter les autres.
19. Ne
soyez pas inconsidéré, mais que le Seigneur soit toujours présent
à votre esprit.
20. Maîtrisez
votre langue, et ne vous laissez pas aller à des conversations
futiles et inutiles.
21. Que
ceux que vous instruisez puissent constater que vous êtes toujours
sérieux et digne avec eux, pendant les réunions ou en dehors des
réunions. Que vos contacts quotidiens avec eux ne soient pas en
contradiction avec le sérieux de vos enseignements.
22. Assurez-vous
de ne pas avoir la pensée de savoir parmi eux "autre chose que
Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié." Faites-leur
comprendre, puisque vous êtes un ambassadeur de Christ, que dans vos
relations avec eux, vous ne vous intéressez qu’au salut des âmes.
23. Assurez-vous
de les enseigner autant par votre exemple que par vos discours.
Pratiquez vous-même ce que vous prêchez.
24. Soyez
particulièrement prudent dans vos relations avec les femmes, afin
que vous ne fassiez pas l’objet du moindre soupçon d’impureté,
et que vous n’ayez pas la moindre pensée impure à leur égard.
25. Surveillez
particulièrement vos points faibles. Si vous avez naturellement
tendance à plaisanter et à avoir l’humeur légère, faites
attention à ne pas chuter dans ce domaine.
26. Si
vous êtes naturellement d’humeur sombre et peu sociable,
gardez-vous de la morosité et de l’insociabilité.
27. Evitez
toute attitude feinte et affectée. Soyez tel que vous prétendez
être, et vous ne serez pas tenté de passer pour ce que vous n’êtes
pas.
28. Que
la simplicité, la sincérité et la marque de Christ caractérisent
toute votre vie.
29. Passez
beaucoup de temps chaque jour et chaque nuit à prier et à être en
communication directe avec Dieu. Ceci vous donnera la puissance pour
le salut des âmes. Ce n’est pas le volume de vos recherches
intellectuelles et de vos études qui pourra compenser votre manque
de communion avec Dieu. Si vous ne parvenez pas à maintenir cette
communion avec Dieu, votre force ne sera que faiblesse.
30. Rejetez
l’erreur selon laquelle il n’existe pas de moyens de
régénération. Cela vous empêcherait de mettre en place les moyens
nécessaires pour amener des âmes à la régénération.
31. Comprenez
bien que la régénération est un changement moral, donc volontaire.
32. Comprenez
que l’Evangile est parfaitement adapté pour changer le coeur de
l’homme. Si vous présentez l’Evangile avec sagesse, vous pouvez
compter sur une coopération efficace du Saint-Esprit.
33. Quand
vous sélectionnez et utilisez des textes des Ecritures, suivez
toujours l’enseignement direct du Saint-Esprit.
34. Que
vos prédications ne viennent pas seulement de votre tête, mais
aussi de votre coeur.
35. Que
votre prédication découle de votre expérience, et non pas de ce
que vous avez entendu dire, ni de ce que vous avez lu et étudié.
36. Exposez
toujours le sujet que le Saint-Esprit place sur votre coeur pour
l’occasion. Saisissez-vous des arguments que vous présente le
Saint-Esprit, et exposez-les à votre auditoire de la manière la
plus directe possible.
37. Priez
abondamment lorsque vous vous préparez à prêcher. Sortez de votre
cabinet de prière pour aller donner votre prédication, en ayant
votre coeur rempli des soupirs de l’Esprit, et en sachant qu’Il
est prêt à inspirer tout ce que vous allez exprimer de vos lèvres.
38. Que
votre esprit soit plein à déborder de votre sujet. Puis ouvrez la
bouche et laissez les paroles jaillir comme un torrent.
39. Sachez
bien que "la crainte de l’homme tend un piège." Soyez-en
complètement libéré. Que vos auditeurs comprennent que vous
craignez trop Dieu pour avoir peur d’eux.
40. Que
le désir d’être populaire ne vienne jamais influencer votre
prédication.
41. Qu’aucun
problème de rémunération ou d’argent ne vous empêche de
déclarer "tout le conseil de Dieu," que les hommes vous
écoutent ou qu’ils ne vous écoutent pas.
42. Ne
faites pas traîner les choses, de peur que ceux que vous dirigez ne
perdent leur confiance en vous, et que vous ne parveniez donc pas à
les conduire au salut. Ils ne peuvent pas véritablement vous
respecter, en tant qu’ambassadeur de Christ, s’ils voient que
vous n’osez pas accomplir votre devoir.
43. Assurez-vous
de vous recommander "à toute conscience d’homme devant Dieu."
44. N’aimez
pas les gains impurs.
45. Evitez
toute apparence de vanité.
46. Obligez
ceux que vous dirigez à respecter votre sincérité et votre sagesse
spirituelle.
47. Ne
leur laissez à aucun moment supposer que votre prédication puisse
être en quoi que ce soit influencée par des considérations de
salaire.
48. Ne
donnez pas l’impression que vous êtes amateur de bons repas, et
que vous aimez être invité à manger. Ce serait un piège pour
vous, et une pierre d’achoppement pour eux.
49. Tenez
votre corps en bride, de peur qu’après avoir prêché aux autres,
vous ne soyez vous-mêmes rejeté.
50. Veillez
sur les âmes qui vous sont confiées, comme devant en rendre compte
à Dieu.
51. Soyez
diligent dans l’étude de la Parole de Dieu, et
instruisez à fond ceux que vous dirigez, dans tout ce qui est
essentiel pour leur salut.
52. Ne
flattez jamais les riches.
53. Mettez
un soin particulier à instruire les pauvres et à être attentif à
leurs besoins.
54. Ne
vous permettez jamais d’accepter des compromis en vous laissant
acheter, au cours de réunions spécialement consacrées à collecter
de l’argent.
55. Ne
faites jamais rien qui puisse vous faire publiquement traiter de
mendiant. Sinon vous finirez par être méprisé par un grand nombre
de vos auditeurs.
56. N’essayez
jamais de fermer votre bouche pour condamner tout ce qui est
extravagant, erroné ou scandaleux dans votre assemblée.
57. Maintenez
votre intégrité et votre indépendance pastorales. Sinon vous
endurcirez votre conscience, vous éteindrez le Saint-Esprit, et vous
perdrez la faveur de Dieu.
58. Soyez
un exemple pour le troupeau. Que votre vie illustre votre
enseignement. Rappelez-vous que vos actions et l’esprit dont vous
êtes animé parleront mieux que tous vos sermons.
59. Si
vous prêchez que les hommes doivent servir Dieu et leur prochain
dans l’amour, veillez à le faire vous-même. Evitez tout ce qui
tendrait à faire croire que vous travaillez pour un salaire.
60. Servez
vos frères dans l’amour. Encouragez-les à vous donner, comme
rémunération de votre travail, non pas de l’argent, mais de
l’amour. Cela sera un rafraîchissement pour vous comme pour eux.
61. Refusez
toute offre d’argent, pour vous ou votre Eglise, qui pourrait
provoquer le dégoût ou le mépris de ceux qui appartiennent au
monde, et qui sont capables de réfléchir.
62. Refusez
l’organisation de goûters, de conférences amusantes ou autres
réunions amicales qui ne font que dissiper les âmes; surtout à des
moments où l’on ferait mieux d’unir tous les efforts pour
convertir des âmes à Christ. Soyez certain que le diable essayera
de vous entraîner dans cette direction. Parfois, à des moments où
vous êtes occupé à prier et à programmer un réveil de l’oeuvre
de Dieu, certains membres charnels de votre église tenteront de vous
inviter à une rencontre mondaine. N’y allez pas, car vous feriez
alors partie de leur groupe, et vos prières ne seraient plus
exaucées.
63. Ne
soyez pas séduit. Votre puissance spirituelle devant votre assemblée
ne sortira jamais grandie si vous acceptez de telles invitations à
de tels moments. Si le moment est favorable aux réunions mondaines,
parce que les gens ont des loisirs, il est tout aussi favorable aux
réunions spirituelles. Vous devez employer votre influence pour
attirer les gens dans la maison de Dieu.
64. Veillez
à connaître personnellement Christ, et à vivre chaque jour de Lui.
On
entend beaucoup dire aujourd’hui qu’il faut montrer de
l’indulgence pour les divertissements innocents. Il y a quelque
temps, j’ai entendu un pasteur dire à un grand rassemblement de
jeunes gens qu’il avait passé beaucoup de temps à organiser des
divertissements innocents à l’intention des jeunes. En l’espace
de quelques années, j’ai lu plusieurs sermons et de nombreux
articles plaidant pour que les chrétiens aient plus de
divertissements que ce à quoi nous étions habitués jusqu’ici. Si
vous le voulez bien, je souhaiterais faire quelques suggestions à ce
sujet. J’aimerais tout d’abord expliquer quels sont les
divertissements qui ne sont pas innocents, et quels sont ceux qui le
sont.
1. C’est en premier lieu une question morale.
2. Tout
acte intelligent accompli par un être moralement libre doit
forcément être bon ou mauvais. Il n’y a rien d’innocent dans
les actes d’un être moralement libre qui ne vit pas en accord avec
la loi et l’Evangile de Dieu.
3. Le
caractère moral de tous les actes accomplis par un être moralement
libre réside dans les motivations profondes de ces actes. Je
considère cette remarque comme évidente et universellement admise.
4. Quel
est donc le critère de jugement dans ce cas? Comment décider qu’un
certain divertissement sera bon ou mauvais, innocent ou coupable?
Voici ma réponse:
1. Par
la loi morale suivante: "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de
tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta
pensée; et ton prochain comme toi-même."
Un
acte intelligent accompli par un être moralement libre ne peut être
innocent ou juste que s’il procède d’un amour suprême pour Dieu
et pour le prochain. Cet acte doit donc être un acte d’amour.
2. Par
l’Evangile, qui dit: "Soit donc que vous mangiez, soit que
vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout
pour la gloire de Dieu." "Et quoi que vous fassiez, en
parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus."
3. Par
une raison saine. Celle-ci affirme les mêmes choses. A la lumière
de ces critères, il est clair qu’il n’est pas innocent de
s’engager dans des divertissements pour le seul désir de s’amuser.
En voulant satisfaire notre besoin de manger ou de boire, nous
n’agissons pas innocemment. Si nous étions des animaux, nous
agirions innocemment en voulant satisfaire notre appétit pour la
nourriture ou la boisson. Mais ceci est un péché, pour un être
moralement libre.
Un
être moralement libre devrait avoir une motivation plus élevée. Il
ne devrait manger et boire que pour être plein de force et de santé
pour le service de Dieu. Dieu a fait en sorte que le fait de manger
et de boire puisse être un plaisir pour nous. Mais ce plaisir
de doit pas devenir notre raison essentielle de manger et
de boire.
Les
divertissements sont certes agréables. Mais cela ne justifie pas que
nous recherchions des divertissements simplement pour satisfaire nos
désirs. De simples animaux peuvent le faire en toute innocence,
parce qu’ils sont incapables d’avoir des motivations plus
élevées. Mais des êtres moralement libres doivent obéir à une
loi plus haute que celle de vouloir simplement satisfaire leur désir
de s’amuser. Par conséquent, un divertissement recherché pour le
seul plaisir de s’amuser n’est pas un divertissement innocent. De
même, il ne serait pas innocent de manger ou de boire pour la seule
recherche de notre plaisir. Ainsi, un divertissement n’est pas
innocent s’il n’est recherché que parce que nous avons besoin de
nous amuser. Nous avons besoin de manger et de boire. Mais cela ne
justifie pas que nous acceptions de manger et de boire simplement
parce que nous en éprouvons le besoin. La loi de Dieu ne dit pas:
"Faites tout parce que vous en avez besoin," mais: "Faites
tout par amour pour Dieu et pour les hommes." Un pécheur peut
manger et boire par égoïsme, c’est-à-dire qu’il peut rendre
son corps fort pour accomplir ses projets égoïstes. Mais cela
serait tout de même un péché, malgré son besoin de manger et de
boire.
Rien
n’est innocent si cela n’est pas motivé par un amour suprême
pour Dieu et pour le prochain, et si la motivation suprême n’est
pas de plaire à Dieu et de L’honorer. En d’autres termes, un
divertissement, pour être innocent, doit plaire à Dieu au moment où
nous nous y engageons. Il doit avoir pour but de Lui rendre un
service. Il doit L’honorer plus que tout autre chose que nous
aurions pu faire à ce moment-là. Je considère cela comme une
évidence. Qu’en résulte-t-il?
4. Seuls
sont innocents les divertissements motivés par l’amour. La chasse
ou la pêche ne sont pas des divertissements innocents, si elles sont
pratiquées pour le seul plaisir. Nous sommes autorisés à chasser
et à pêcher, mais pour les mêmes raisons que le manger et le
boire, pour fournir des aliments à notre corps, afin d’être forts
pour le service de Dieu. Nous pouvons chasser pour détruire des
animaux nuisibles, pour la gloire de Dieu et les intérêts de Son
Royaume. Mais chasser et pêcher pour satisfaire une passion, cela
n’est pas innocent. De même, si nous nous amusons en gaspillant un
temps précieux, qui pourrait être mieux employé pour la gloire de
Dieu et le bien des hommes, cela n’est pas innocent. La vie est
courte. Notre temps est précieux. Nous n’avons qu’une seule vie
à vivre. Nous avons beaucoup à faire. Le monde est dans les
ténèbres. Un monde de pécheurs doit être éclairé et, si
possible, sauvé. Dieu nous demande de travailler tant qu’il fait
encore jour. Notre mission et notre travail exigent de la diligence.
Nous ne devons perdre aucune minute. Si nos coeurs sont droits, nous
prenons plaisir à notre travail. Si nous le faisons avec une juste
motivation, il nous procurera la plus grande joie et constituera en
soi un divertissement suprême.
Si
nous allons nous amuser en perdant inutilement notre temps, cela ne
peut pas être une activité innocente. Si nous comprenons la
grandeur de la tâche à accomplir, et si nous aimons cette tâche,
nous n’accepterons jamais d’aller nous amuser si nous savons que
nous allons perdre notre temps. De même, si un divertissement
implique une dépense inutile de l’argent du Seigneur, cela n’est
pas innocent. Tout notre temps et tout notre argent appartiennent au
Seigneur. Nous appartenons nous-mêmes au Seigneur. Nous pouvons en
toute innocence utiliser notre temps et notre argent pour servir les
intérêts du Seigneur et les intérêts suprêmes des hommes, qui
sont aussi les intérêts de Dieu. Mais si nous le faisons pour notre
propre plaisir et notre satisfaction, cela n’est plus innocent. Si
nous dépensons beaucoup d’argent à voyager pour notre plaisir,
sans nous préoccuper le moins du monde de la gloire de Dieu, nous
n’aurons pas le droit de dire que nous nous engageons dans des
divertissements innocents. Nous péchons.
A
la lumière des critères que nous avons définis, nous voyons donc
qu’aucun divertissement n’est innocent, pour un pécheur
inconverti. Rien n’est innocent pour lui. Tant qu’il ne se repent
pas, tant qu’il reste incrédule, tant qu’il n’aime ni Dieu ni
son prochain comme le Seigneur le demande, il ne peut rien faire
d’innocent, ni dans son travail ni dans ses loisirs. Tout est
péché.
Sur
ce point précis, je crains fort que beaucoup n’agissent dans une
grande séduction. Je suis surpris et alarmé de voir avec quelle
légèreté les chrétiens et même les pasteurs considèrent ce
sujet. Il y a quelque temps, dans l’un de mes sermons, j’ai dit
qu’il n’y avait rien d’innocent ni de juste dans tout ce que
pouvaient faire des pécheurs. Un pasteur âgé me dit, après la
réunion, qu’il était ridicule de soutenir qu’un pécheur
impénitent ne pouvait rien faire de juste ou d’innocent. Je lui
répondis: "Je croyais que vous connaissiez la saine doctrine.
Ne croyez-vous donc pas que tous les hommes ont besoin d’être
régénérés par le Saint-Esprit?" Il répondit: "Si!"
J’ajoutai: "Croyez-vous qu’une âme non régénérée puisse
faire quoi que ce soit d’agréable à Dieu? Avant d’avoir son
coeur changé, un pécheur peutil agir avec une motivation que Dieu
juge acceptable, dans n’importe quel domaine? N’est-il pas
totalement dépravé? Puisque son coeur est mauvais, ses actions ne
sont-elles donc pas toutes mauvaises?" Il parut embarrassé,
comprit l’argument, et s’esquiva.
Si
un être moralement libre s’engage dans ce qui est permis par Dieu
ou conforme à la loi de Dieu, il fait bien. Si donc nous nous
engageons dans une activité ou un divertissement que Dieu permet,
nous devons le faire par amour suprême pour Dieu et pour le
prochain. Nous ne sommes pas des pécheurs impénitents, mais des
chrétiens. Il est absurde de dire qu’un pécheur impénitent
puisse faire, dire, ou omettre quoi que ce soit, avec un coeur droit.
C’est une contradiction. S’il est impénitent, toutes ses
motivations sont nécessairement mauvaises. Par conséquent, il n’y
a rien d’innocent en lui. Tout est nécessairement souillé par le
péché.
Qu’est-ce
donc qu’un divertissement innocent? Cela ne peut être qu’une
activité entièrement faite pour la gloire de Dieu et pour les
intérêts de Son Royaume. Si tel n’est pas son unique et suprême
objectif, il ne s’agit pas d’un divertissement innocent, mais
d’un péché. C’est là que beaucoup sont séduits. Quand ils
parlent des divertissements, ils disent: "Quel mal y a-t-il à
faire cela?" En répondant à cette question, ils ne vont pas
jusqu’au fond des choses. Parce qu’ils ne voient en apparence
rien de mal à ce divertissement, ils en concluent qu’il est
innocent. Ils ne cherchent pas à connaître quelle est la motivation
profonde et unique qui est à la source de cette activité, et qui
seule permet de juger si elle est innocente ou coupable. Si l’on ne
considère pas la nature de cette motivation, on ne peut juger du
caractère bon ou mauvais d’un divertissement, pas plus qu’on ne
pourrait dire que l’activité d’une machine ou d’un animal soit
bonne ou mauvaise en soi. Il faut donc absolument connaître la
motivation de la personne qui agit.
Enseigner,
directement ou implicitement, que les divertissements d’un pécheur
impénitent ou d’un chrétien rétrograde sont des divertissements
innocents, revient à enseigner une grossière et mortelle hérésie.
Les parents ne devraient jamais l’oublier quand ils observent les
divertissements de leurs enfants inconvertis. Il y a des moniteurs
d’école du dimanche qui organisent des activités amusantes pour
leurs groupes, des pasteurs qui passent leur temps à programmer des
divertissements pour leurs jeunes, qui conduisent leurs assemblées à
des pique-niques, des excursions agréables, et qui justifient la
pratique de toutes sortes de jeux. Ils devraient se rappeler que ces
activités doivent être faites avec un coeur pur, par amour pour
Dieu, et pour Sa plus grande gloire. Si cela n’est pas le cas, non
seulement ces passe-temps ne sont pas innocents, mais ils
représentent des activités parfaitement criminelles. Ceux qui
entraînent les autres dans ces activités les conduisent dans des
chemins qui encourageront tous leurs mauvais penchants à se
manifester. N’oublions jamais, il faut le répéter, que toutes ces
choses, pour être considérées comme innocentes, doivent être
motivées par un amour pur pour Dieu, et faites uniquement pour Sa
seule gloire. Il ne suffit pas que ces activités soient celles qui
plaisent le plus à Dieu, au moment où on les pratique. Il faut
surtout que notre motivation fondamentale soit un amour suprême pour
Dieu, et le désir de Le glorifier.
Si
telle est la véritable définition d’un divertissement innocent,
il est donc impossible à un pécheur impénitent ou à un chrétien
rétrograde de supposer qu’il puisse s’engager dans un quelconque
divertissement innocent. S’ils pouvaient le faire, comme le croyait
le pasteur âgé dont j’ai parlé, cela signifierait que
l’inconverti aurait eu d’abord son coeur changé, et que le
chrétien rétrograde serait retourné à Dieu. Un divertissement
innocent est un service d’amour rendu à Dieu, le meilleur service
que l’on puisse Lui rendre à ce moment précis.
Il
faut bien se rappeler tout cela quand on se propose de s’engager
dans un divertissement quelconque. Il ne faut pas se demander: "Quel
mal y a-t-il à cela?" Mais: "Quel bien cela peut-il
faire?" "Est-ce la meilleure façon pour moi de passer mon
temps?" "Est-ce la meilleure activité que je puisse faire
en ce moment pour glorifier Dieu et étendre Son Royaume?"
Sinon, il ne s’agit pas d’un divertissement innocent, mais d’un
péché. Si l’on pose la question: "Ne devons-nous donc jamais
chercher à nous amuser?" je répondrais: "C’est notre
privilège et notre devoir de nous élever au-dessus du désir de
nous amuser. Tous nos désirs doivent être soumis à notre soif de
vivre dans la lumière de Dieu, et d’être dans une communion si
profonde avec Lui que nous n’aurons plus aucun intérêt pour toute
forme divertissement." C’est certainement notre privilège
d’enfant de Dieu, de marcher si près de Lui, et de rester en
communion si étroite avec Lui, que nous n’aurons plus besoin de
nous engager dans tout ce qui fait la joie et l’excitation du
monde: sports, passe-temps et loisirs de toutes sortes. Nous n’aurons
pas besoin de cela pour être comblés et joyeux. Quand un chrétien
apprécie vraiment son privilège de pouvoir être en communion avec
Dieu, il repoussera instinctivement toute sollicitation de s’engager
dans des divertissements mondains. De tels passe-temps lui
apparaîtront bien ternes, bien peu satisfaisants, et même
répugnants. S’il est attiré par les choses d’en haut, comme il
devrait l’être, il lui semblera qu’il ne peut pas se permettre
de descendre au niveau du monde pour en rechercher les plaisirs.
Un
chrétien qui met sa joie à pratiquer les sports et les passe-temps
de ce monde, ou qui a besoin de les pratiquer, a certainement
abandonné son premier amour pour retourner dans le monde. Un homme
spirituel ne peut trouver aucune joie dans la compagnie du monde. Une
telle compagnie ne provoque en lui que de la répulsion. La compagnie
du monde est pleine d’hypocrisie, elle est superficielle, elle est
souvent même une honte. Quel plaisir un homme spirituel peut-il
retirer des bavardages insipides d’une réunion mondaine?
Certainement aucun. Pour un homme qui est en communion avec Dieu,
l’esprit, les pratiques, les conversations et la folie du monde
sont une cause de répulsion et de douleur. Cela ne fait que lui
rappeler la tendance des pécheurs à s’enfoncer toujours plus bas,
et le sort affreux qui les attend.
J’ai
pleinement vécu des deux côtés de la barrière, et je suis certain
de ne pas me tromper à ce sujet. Peu de gens ont plus que moi
profité des plaisirs du monde avant leur conversion. Mais ma
conversion, ainsi que le baptême du Saint-Esprit qui l’a
immédiatement suivi, ont complètement éteint en moi tout désir de
m’engager dans les divertissements et les sports de ce monde. J’ai
été instantanément transporté sur un autre plan, où j’ai connu
une tout autre joie. Auparavant, je recherchais avec délice la
pratique des divertissements, des sports et des passe-temps du monde.
Après ma conversion, ces choses ne m’ont plus intéressé. Bien
plus, je les avais à présent complètement en aversion. Je ne les
ai jamais considérées comme nécessaires à une joie véritablement
rationnelle, ni même comme compatibles avec une telle joie.
Je
ne dis pas cela pour me vanter. Je peux dire, pour l’honneur de
Christ et de la foi chrétienne, que j’ai eu une vie chrétienne
heureuse. J’ai éprouvé autant de joie qu’il est sans doute
possible à un homme d’en éprouver sur cette terre. Pas un instant
je n’ai eu le désir de retourner en arrière, pour mettre mon
plaisir dans tout ce que le monde peut offrir.
Quelqu’un
pourrait demander: "Supposez que nous ne puissions pas trouver
assez de joie dans notre foi, et que nous ayons réellement le désir
de nous amuser comme le fait le monde. Si nous avons les dispositions
nécessaires, n’est-il pas bon de le faire? Si l’on cherche
seulement à s’amuser, sans entretenir un désir ardent de le
faire, est-ce un péché?" Je répondrais que nous ne devons
jamais entretenir le désir ardent de nous amuser. C’est le
privilège et le devoir de tous les chrétiens de s’élever, par la
grâce de Dieu, au-dessus du désir de consommer les viandes de
l’Egypte, et de ne pas perdre leur temps dans les divertissements
et les passe-temps du monde. Se laisser aller à pratiquer ces choses
n’est pas innocent. Ce qu’il faut faire, c’est se demander non
pas comment satisfaire ce besoin, mais comment le remplacer par le
besoin de glorifier Dieu et de chercher Son Royaume!
Les
chrétiens doivent vivre une vie qui soit compatible avec leur
engagement. Pour l’honneur de leur foi, ils doivent renoncer aux
convoitises mondaines. Ils ne doivent pas donner à ceux du monde
l’occasion de se moquer des chrétiens, ni de dire que les
chrétiens aiment le monde tout autant qu’eux. Si des chrétiens
sont rétrogrades dans leur coeur, et s’ils désirent se lancer
dans les divertissements et les sports de ce monde, ils devraient
absolument, par décence et par devoir, s’abstenir de manifester
leurs convoitises cachées.
Certains
prétendent que nous devrions nous conformer à certaines pratiques
du monde, du moins dans une certaine mesure, pour prouver aux
pécheurs que nous sommes capables d’être spirituels tout en
profitant des plaisirs du monde. Ils disent que nous ne devrions pas
dégoûter les inconvertis de se convertir, en arrêtant complètement
de pratiquer ce qu’ils appellent leurs divertissements innocents.
Je dis que nous devons plutôt représenter la foi chrétienne telle
qu’elle est en réalité: une vie au-dessus du monde, une attirance
pour les choses célestes. Nous devons prouver que cette vie nous
procure une joie tellement spirituelle et céleste, que nous aurons
du dégoût et de la répulsion pour les plaisirs que recherche ce
monde. Il est triste de constater que beaucoup de chrétiens sont des
pierres d’achoppement pour les inconvertis, quand ceux-ci les
voient chercher leur plaisir et leur bonheur dans ce monde. Cela
donne une très mauvaise image de la foi en Jésus. Cela trompe,
confond et stupéfie les observateurs extérieurs. S’ils lisent une
Bible, ils ne peuvent que s’étonner de voir des âmes, nées de
Dieu et en communion avec Lui, avoir encore le besoin de rechercher
les plaisirs du monde.
En
réalité, les inconvertis qui savent réfléchir n’ont aucune
confiance en ces chrétiens qui mettent leur plaisir dans ce monde.
Ils peuvent faire semblant d’avoir confiance en eux. Ils peuvent à
la rigueur penser que ce sont des chrétiens larges d’esprit ou de
bons chrétiens. Ils peuvent même les flatter, et leur dire que leur
religion est à l’opposé de la bigoterie et du fanatisme. En
réalité, c’est une religion qui leur convient très bien. Mais
ils n’y a aucune sincérité dans de telles déclarations faites
par des pécheurs.
Au
début de ma vie chrétienne, j’ai entendu un évêque Méthodiste,
originaire du Sud, raconter une histoire qui m’a profondément
impressionné. C’était l’histoire d’un homme de distinction,
fortuné, propriétaire d’esclaves, homme gai et agréable, très
adonné à la pratique de divers sports et divertissements. Il
fréquentait beaucoup son pasteur, et l’invitait souvent à dîner
ou à l’accompagner dans ses pratiques sportives ou ses diverses
excursions. Le pasteur se pliait de très bonne grâce à ces
demandes. Une amitié se développa entre le pasteur et son
paroissien, jusqu’au moment où cet homme jovial et riche contracta
une maladie incurable.
Quand
l’épouse de cet homme mondain apprit qu’il n’avait que peu de
temps à vivre, elle s’inquiéta beaucoup de l’état de son âme,
et lui demanda tendrement s’il ne voulait pas appeler son pasteur
pour avoir un entretien et prier avec lui. Il lui répondit avec
émotion: "Non, ma chérie. Ce n’est pas l’homme dont j’ai
besoin en ce moment. Il a été mon compagnon, tu le sais, pour la
pratique du sport et la recherche des plaisirs. Il aimait la bonne
chère et la vie facile. J’ai apprécié sa compagnie. Il a été
pour moi un compagnon agréable. Mais je vois à présent que je n’ai
jamais eu vraiment confiance en sa piété. Et je n’ai maintenant
aucune confiance en l’efficacité de ses prières. Je vais bientôt
mourir. J’ai besoin des instructions et des prières de quelqu’un
qui a vraiment foi en Dieu. J’ai été souvent avec lui, mais notre
pasteur n’a jamais pris au sérieux le salut de mon âme. Ce n’est
pas lui qui pourra m’aider en ce moment."
Son
épouse fut très affectée, et lui dit: "Que dois-je donc
faire?" Il répondit: "Tom, mon cocher, est un homme pieux.
J’ai confiance en ses prières. Je l’ai souvent entendu prier
dans la grange ou dans les écuries. J’ai été toujours frappé
par le sérieux et la sincérité de ses prières. Je ne l’ai
jamais entendu dire quelque chose d’insensé. Il a toujours été
un chrétien honnête et sérieux. Appelle-le."
Tom
fut appelé, et se présenta à la porte. Il ôta son chapeau et
regarda avec tendresse et compassion son maître mourant. Le mourant
étendit la main, et dit: "Approche-toi, Tom. Prends ma main.
Tom, peux-tu prier pour ton maître qui est en train de mourir?"
Tom mit toute son âme dans une prière sincère.
Je
ne me rappelle plus le nom de cet évêque, cela fait si longtemps.
Mais je me rappelle très bien cette histoire. Elle illustre l’erreur
dans laquelle tombent tant de chrétiens et de pasteurs, qui croient
pouvoir amener des inconvertis à la foi en partageant leurs plaisirs
et en se précipitant avec eux dans leurs divertissements. J’ai
souvent été le témoin de telles erreurs. Les chrétiens doivent
vivre bien au-dessus de ce monde. Ils ne doivent pas avoir besoin des
plaisirs qu’il offre, ni les rechercher. Ils doivent démontrer au
monde que leur foi est la source du bonheur le plus grand et le plus
pur. Un inconverti doit être attiré à la foi par l’apparence
paisible, l’aspect joyeux, la sérénité spirituelle et la bonne
humeur d’un chrétien plein de vie! Quand les païens voient un
chrétien heureux en Dieu, rempli d’une sainte joie, vivant
au-dessus du monde et fuyant ses divertissements, il ne peut manquer
d’être impressionné. Il ressent la nécessité et l’attrait de
la vie chrétienne. Mais que personne se pense influencer
les inconvertis en manifestant de la sympathie pour leurs aspirations
mondaines!
Peut-on
dire qu’une telle règle soit un joug et un esclavage? Cela ne
m’étonne pas qu’elle ait profondément troublé certains
esprits! Les chrétiens qui aiment et recherchent le plaisir
considèrent cette règle comme impraticable. Pour eux, elle est un
corset ou une chaîne. Mais qui sont donc ces chrétiens? Sûrement
pas ceux qui aiment Dieu de tout leur coeur et leur prochain comme
eux-mêmes! Les vrais chrétiens ne trouvent pas cette règle
impraticable, car les vrais chrétiens aiment Dieu par-dessus tout.
Leurs intérêts et leur plaisir ne sont rien comparés aux intérêts
et au bon plaisir de Dieu. Ils ne recherchent donc pour eux-mêmes
aucun divertissement, à moins que Dieu ne le leur demande. Il est
naturel pour nous de chercher à plaire à ceux que nous aimons
par-dessus tout. Nous trouvons notre plus grand bonheur à leur faire
plaisir. Et nous éprouvons un plaisir suprême à rechercher non pas
notre propre plaisir, mais le plaisir de ceux qui sont l’objet de
toute notre affection. Les chrétiens éprouvent donc leur plus
grande joie et leur plus grand plaisir quand ils peuvent plaire à
Dieu, et quand ils peuvent faire du bien à leurs semblables. Leur
joie est d’autant plus grande qu’ils ne le font pas pour être
joyeux, mais parce qu’ils obéissent à la loi de leur nouvelle
nature.
Ceci
est une réalité de la conscience chrétienne. Le meilleur et le
plus pur divertissement d’un chrétien est de faire la volonté de
Dieu. Les divertissements du monde sont insipides et sans valeur
aucune, comparés à la joie que nous éprouvons à faire la volonté
de Dieu. Celui qui aime Dieu plus que tout trouvera naturel de ne
rechercher que la gloire de Dieu dans ses divertissements, comme dans
tout ce qu’il fait. Pourquoi donc considérer cette règle comme
trop stricte, comme un carcan et un esclavage? Comment comprendre
ceux qui plaident pour plus de divertissements mondains?
D’après
tout ce qu’ont dit et écrit ces dernières années ceux qui
veulent plus de divertissements, j’ai constaté qu’ils prétendent
trouver plus de plaisir dans ces divertissements que dans le service
de Dieu. Cela me rappelle le texte d’une rédaction qui m’a été
donnée quand j’étais écolier: "A toujours travailler les
enfants s’abrutissent." Ils semblent croire que le service de
Dieu est un travail pénible et imposé. Comme si prier, prêcher,
gagner des âmes à Christ, communier avec Dieu et accomplir nos
devoirs spirituels était tellement ennuyeux, voire ingrat, qu’il
nous fallait beaucoup de bonnes journées de détente pour récupérer!
Comme si notre amour pour Christ ne nous apportait aucune
satisfaction! Comme si nous devions avoir fréquemment recours aux
divertissements mondains pour rendre notre vie tolérable!
Un
jour, Christ a dit à Ses disciples: "Venez à l’écart dans
un lieu désert, et reposez-vous un peu." N’est-il pas
merveilleux de voir qu’ils étaient si souvent pressés de toute
part qu’ils n’avaient même pas le temps de prendre leurs repas
habituels! Mais ce n’étaient pas les divertissements qu’ils
recherchaient. Ils devaient simplement se reposer des fatigues qu’ils
avaient acceptées avec amour. C’est dans leur labeur qu’ils
trouvaient leur plus grande joie.
Je
me demande souvent: "Pourquoi donc tant de nos prédicateurs les
plus populaires et les plus repus réclament-ils plus de
divertissements?" Ils semblent conduire l’Eglise dans une
direction où elle court les plus grands dangers. Ils n’est pas
étonnant que tant de chrétiens soient si facilement entraînés
dans cette direction. Car ces enseignements vont parfaitement dans le
sens des tentations innombrables qui assaillent l’Eglise, et qui
cherchent à l’entraîner dans le monde. Sur ce sujet, la
Bible est pleine d’enseignements qui sont en contradiction
directe avec ces appels à s’engager dans des divertissements
mondains. Ces docteurs chrétiens appellent à faire la fête, à
rire, à gesticuler, à jouer, et à rechercher tout ce que monde
aime. Mais la Bible nous exhorte à rechercher la sobriété,
à penser aux choses d’en haut, à prier sans cesse, et à marcher
constamment tout près de Dieu. La Bible affirme partout
que nous pouvons trouver une joie véritable dans cette vie, mais que
toute véritable paix de l’esprit réside dans notre communion avec
Dieu et dans notre consécration à rechercher Sa gloire. Cela doit
être le seul et unique but de notre vie. La Bible nous
exhorte à veiller, et nous affirme que nous devrons rendre compte de
toute parole vaine, au Jour du Jugement. Elle ne nous dit nulle part
que la fête et l’hilarité sont la source de notre joie. Elle ne
nous promet nulle part de pouvoir rester tout près de Dieu et de
garder la paix de l’esprit et la joie dans le Saint-Esprit, si nous
courons partout à la recherche de divertissements.
D’ailleurs,
cet enseignement de la Bible n’est-il pas en accord
complet avec l’expérience humaine? Avons-nous besoin que ceux qui
nous enseignent nous poussent à rechercher les divertissements
mondains? La dépravation de la nature humaine ne suffit-elle pas à
nous entraîner dans cette direction, sans avoir besoin d’y être
stimulée par la voix d’un prédicateur? Si l’Eglise a besoin que
ses conducteurs la poussent à se divertir et à s’amuser un peu,
est-ce parce qu’elle a trop travaillé pour Dieu et pour le salut
des âmes? Est-ce parce que les chrétiens sont trop surmenés par
les efforts qu’ils font pour arracher les pécheurs aux flammes de
l’enfer? Est-ce parce que leur ferveur spirituelle risque de les
rendre fous?
Qu’est-ce
que cela peut signifier? N’est-il pas vrai qu’une telle attitude
ouvre la porte à presque tous les dangers que nous courons? La
nature humaine n’a que trop tendance à aller dans cette direction.
Ne devons-nous donc pas être sur nos gardes, et constamment exhorter
l’Eglise à ne pas chercher à faire la fête et à se divertir, au
péril de son âme? Est-ce donc un esclavage que de rechercher
uniquement le bon plaisir et la gloire de Dieu dans tout ce que nous
faisons? Qui donc trouve cela difficile? Christ a dit que Son joug
était doux, et Son fardeau léger. Devoir tout faire pour la gloire
de Dieu, voilà certainement le joug de Christ! C’est Sa volonté
clairement exprimée. Qui dira que c’est un joug dur et un fardeau
pesant? Cela n’est ni dur ni pesant pour celui qui aime Dieu et qui
veut faire Sa volonté.
Ce
qui est demandé ici est naturel à tous ceux qui aiment
véritablement Dieu et qui sont consacrés à leur Sauveur. Aimer
Jésus, n’est-ce pas avoir un coeur décidé à Lui obéir en
toutes choses? La liberté chrétienne n’est-elle pas le privilège
de faire ce que les chrétiens aiment le plus, c’est-à-dire plaire
en toutes choses à leur Seigneur?
Oser
se détourner du salut des âmes pour chercher à se divertir! Comme
s’il existait un plus grand plaisir que celui de travailler au
salut des âmes! Cela n’est pas possible! Notre plus grande joie,
dans ce monde, est d’arracher des âmes aux flammes et de les
amener à Christ! Je suis stupéfait d’entendre ces appels adressés
à l’Eglise pour qu’elle se tourne encore plus vers les
divertissements du monde. Avons-nous besoin d’autre chose que de
marcher tout près de Dieu, dans l’amour et la sincérité, en
coopérant avec Lui pour attirer des âmes au ciel?
Ceux
qui encouragent le peuple de Dieu à se divertir me semblent animés
de l’esprit du monde. Ils ne sont pas spirituels. Quand on est
rempli de compassion pour des hommes qui vont à la mort, quand on
lutte et qu’on agonise chaque jour dans la prière pour qu’ils
soient sauvés, peut-on encore chercher à s’amuser? Est-il
possible qu’un pasteur, dont l’assemblée comprend beaucoup
d’inconvertis et de chrétiens charnels, cherche à entraîner son
Eglise en arrière, pour rechercher les plaisirs du monde? Il y a
déjà bien assez de gens, dans toutes les églises, qui ont
naturellement tendance à aller dans cette direction! Qui sont ceux
qui tombent le plus facilement dans ce piège? Qui sont les premiers
à proposer un pique-nique, une excursion agréable, une fête comme
celles du monde, ou toute autre activité plaisante? Est-ce que ce
sont ceux qui fréquent le plus les réunions de prière et qui sont
toujours réveillés? Estce que ce sont les chrétiens spirituels,
ceux qui parlent des choses célestes et qui ne pensent pas aux
choses de la terre? Qui donc ignore que ce sont les chrétiens
mondains qui sont les premiers à se joindre aux activités mondaines
et à se divertir? Les chrétiens vraiment spirituels, les chrétiens
qui prient, qui sont attachés aux choses d’en haut, n’aiment pas
ces activités. Il faut les forcer à s’y engager. Ils pleurent en
secret en voyant leur pasteur encourager ce qui est sans doute une si
grande pierre d’achoppement pour l’Eglise et pour le monde.
Charles
Finney, en remettant à l’impression les épreuves de cet article,
après les avoir revues, écrivit une courte note à l’intention du
Dr Cullis, en ces termes:
Ces
pages sont un résumé de trois courts articles que j’ai écrits
pour le journal Independant. L’éditeur du journal Advance, et l’un
des éditeurs de l’Independant, qui avaient publié des articles
que je considère comme mauvais, parce qu’ils approuvaient les
divertissements du monde et les recommandaient aux chrétiens,
avaient critiqué mes articles avec une aigreur qui me semblait
indiquer que j’avais touché juste. Ils en ont tellement tordu le
sens qu’ils ont fait croire que j’enseignais l’ascétisme, et
que je voulais interdire tout repos, toute détente, et toute forme
de divertissement.
Je
considère mon article comme strictement conforme à la Bible,
et comme étant la vérité. Mais, pour éviter toute interprétation
injuste et toute chicane, veuillez ajouter le texte suivant:
Que
personne ne dise que cet article cherche à interdire tout repos,
toute détente, et toute forme de divertissement. Ce serait faux. Je
considère toutes ces choses comme parfaitement licites, pourvu que
ceux qui les pratiquent les envisagent comme des moyens de s’assurer
la vigueur et la santé de leur corps et de leur esprit, pour mieux
servir Dieu. Cet article insiste seulement, comme le fait la
Bible, sur le fait que l’on doit tout faire comme un service rendu
à Dieu, que ce soit manger, boire, se reposer ou s’amuser. Nous ne
devons jamais perdre Dieu de vue. Notre but est de Lui plaire en
toutes choses, sinon nous péchons.
Constamment, au cours de mon ministère, j’ai rencontré beaucoup de chrétiens dans un état misérable. Ils étaient esclaves du monde, de la chair ou du diable. Ce n’est certainement pas un état qui convient à un chrétien, car l’apôtre Paul a clairement dit: "Car le péché n’aura point de pouvoir sur vous, puisque vous êtes, non sous la loi, mais sous la grâce."
J’ai
été attristé, tout au long de ma vie chrétienne, de voir tant de
chrétiens vivre dans cet esclavage décrit dans le chapitre sept de
l’Epître aux Romains. Ils pèchent, prennent la résolution de
changer, et chutent à nouveau. Il est particulièrement triste, et
même angoissant, de voir beaucoup de pasteurs et de conducteurs
chrétiens donner des instructions complètement fausses sur la
manière de vaincre le péché. Je regrette d’avoir à le dire,
mais la plupart des conseils qui sont donnés sur ce sujet se
résument à ceux-ci: "Examinez vos péchés en détail, prenez
la résolution de ne plus pécher, et luttez contre vos péchés,
dans la prière et le jeûne s’il le faut, jusqu’à ce que vous
obteniez la victoire. Soyez fermement décidé à ne pas retomber
dans le péché. Persistez dans cette attitude jusqu’à ce que vous
ayez pris l’habitude d’obéir, et que vous ayez définitivement
rompu avec vos anciennes habitudes pécheresses." Bien entendu,
on ajoute généralement: "Dans ce combat, vous ne devez pas
dépendre de vos propres forces, mais de l’aide de Dieu."
Bref,
l’enseignement qui est donné revient en général à dire ceci: la
sanctification s’obtient par les oeuvres, et non par la foi. J’ai
remarqué que le Dr Chalmers, dans ses conférences sur l’Epître
aux Romains, affirme clairement que l’on obtient la justification
par la foi, mais la sanctification par les oeuvres. Il y a environ
vingt-cinq ans, je crois, un éminent professeur de théologie de la
Nouvelle Angleterre défendait la même doctrine.
Au
début de ma vie chrétienne, j’ai presque été induit en erreur
par l’une des résolutions du Président Edwards, qui soutenait que
lorsqu’il était tombé dans quelque péché, il revenait à sa
source, puis combattait et priait de toutes ses forces jusqu’à ce
qu’il ait obtenu la victoire sur ce péché. Une telle attitude
dirige notre attention sur notre péché et sur sa source. Quand nous
prenons des résolutions et que nous luttons de cette manière, nous
gardons les yeux fixés sur le péché et nous les détournons
complètement de Christ.
Il
est important de dire ici que de tels efforts sont pires qu’inutiles.
Ils aboutissent souvent à une séduction. Nous perdons de vue tout
d’abord ce qui constitue réellement le péché, ensuite le seul
moyen possible de l’éviter. On peut certes ainsi réprimer l’acte
extérieur, mais nous ne touchons pas du tout à ce qui constitue
réellement le péché. Le péché n’est pas un acte visible, mais
quelque chose d’intérieur. Ce n’est pas un acte mettant en jeu
nos muscles. Ce n’est pas une décision de notre volonté, qui fait
agir nos muscles. Ce n’est pas un sentiment ou un désir
involontaire. Le péché n’est rien d’autre qu’une préférence
librement choisie, une décision volontaire de satisfaire un
désir personnel. C’est cela qui est à l’origine de toutes les
actions, intentions, et décisions qui en découlent, et que l’on
appelle communément "péché."
Quelle
résolution prendre contre cette religion de résolutions et
d’efforts pour supprimer le péché et se sanctifier? "L’amour
est l’accomplissement de la loi." Mais pouvons-nous produire
de l’amour par une résolution? Pouvons-nous éliminer l’égoïsme
par une résolution? Certainement pas! Nous pouvons certes supprimer
telle ou telle manifestation d’égoïsme, en prenant la résolution
de ne plus faire ceci ou cela, ou en priant et en luttant. Nous
pouvons adopter une forme extérieure d’obéissance, et nous forcer
à obéir à la lettre des commandements de Dieu. Mais il est absurde
de vouloir éliminer l’égoïsme de notre nature par une
résolution! De même, il est absurde de se forcer à obéir en
esprit aux commandements de Dieu. On ne peut se forcer à aimer,
comme la loi de Dieu l’exige. Beaucoup prétendent que le péché
commence dans nos désirs. Soit. Mais pouvons-nous contrôler nos
désirs par la force de nos résolutions? Nous pouvons nous abstenir
de satisfaire un désir particulier par la force d’une résolution.
Nous pouvons faire mieux encore, et nous abstenir de satisfaire nos
désirs dans notre vie extérieure. Mais cela ne nous remplit pas
d’amour pour Dieu, car c’est cela la véritable obéissance. Nous
pouvons devenir des ermites, nous emmurer dans une cellule, et
crucifier tous nos désirs et nos appétits. Nous n’aurons réussi
qu’à éviter certaines formes de péché, que nous serons parvenus
à contrôler. Mais nous n’aurons pas touché à la racine même du
péché. Nos résolutions n’ont pas créé l’amour en nous. Aimer
Dieu, c’est Lui obéir véritablement. Tous nos combats contre le
péché dans notre vie extérieure, par la force de nos résolutions,
n’aboutissent qu’à faire de nous des sépulcres blanchis. Tous
nos combats contre nos désirs par la force de nos résolutions ne
mènent à rien. Même si nous parvenons à supprimer le péché,
dans sa manifestation extérieure ou dans nos désirs intérieurs,
cela n’aboutira qu’à la séduction. Nous ne pouvons pas aimer
par la force de nos résolutions.
Tous
ces efforts pour vaincre le péché sont parfaitement futiles. Ils
sont aussi contraires à l’enseignement de la Bible qu’ils
sont futiles. La Bible nous enseigne clairement que le
péché ne peut être vaincu que par la foi en Christ. "Il a été
fait pour nous sagesse, justice, sanctification, et rédemption."
"Il est le chemin, la vérité, et la vie." Dieu nous
demande de "purifier nos coeurs par la foi". {#Ac
15:9} Dans #Ac 26:18, il est affirmé que les saints sont
sanctifiés par la foi en Christ. Dans #Ro 9:31-32, il est affirmé
que les Juifs ne sont pas parvenus à la justice, parce qu’ils
l’ont "cherchée, non par la foi, mais comme provenant des
oeuvres." La doctrine de la Bible établit que Christ
sauve Son peuple du péché par la foi. C’est par la foi que nous
pouvons recevoir l’Esprit de Christ, pour qu’Il demeure dans
notre coeur. La foi est agissante par l’amour. L’amour est
produit et maintenu par la foi. C’est par la foi que les chrétiens
peuvent "vaincre le monde, la chair et le diable." C’est
par la foi qu’ils peuvent "éteindre les traits enflammés du
malin." C’est par la foi qu’ils peuvent se revêtir du
Seigneur Jésus-Christ, et se dépouiller du vieil homme et de ses
oeuvres. C’est par la foi que nous combattons le "bon combat."
Ce n’est pas par nos résolutions. Par la foi, nous tenons ferme.
Par nos résolutions, nous chutons. La foi est la victoire qui
triomphe du monde. C’est par la foi que la chair peut être dominée
et les désirs charnels maîtrisés. En vérité, c’est simplement
par la foi que nous recevons l’Esprit de Christ, qui produit en
nous le vouloir et le faire, selon Son bon plaisir. Il répand Son
amour dans nos coeurs, en enflammant le nôtre. Chaque victoire sur
le péché est remportée par la foi en Christ. Si nos pensées
s’écartent de Christ, si nous prenons des résolutions, si nous
luttons contre le péché, consciemment ou non, nous agissons par nos
propres forces. Nous rejetons l’aide de Christ, et nous sommes
profondément séduits. Seules la vie et l’énergie de l’Esprit
de Christ en nous peuvent nous sauver du péché. Cette énergie
salvatrice en nous ne peut agir que par la foi.
Combien
de temps ceux qui enseignent l’Evangile négligeront-ils cette
réalité, tout au moins de manière pratique? Jusqu’où
s’enfoncent donc dans le coeur de l’homme les racines de la
propre justice et de la confiance en soi? Elles sont si profondes que
l’une des leçons les plus difficiles pour un être humain est
d’apprendre à renoncer à la confiance en soi pour s’en remettre
entièrement à Christ. Quand nous Lui faisons pleinement confiance
et que nous Lui ouvrons la porte, Il entre et fait en nous Sa
demeure. Il répand en nous Son amour et vivifie toute notre âme,
qui vibre à l’unisson avec Lui. Il purifie notre coeur par la foi,
comme Il l’entend, et seulement comme Il l’entend. Il maintient
notre volonté dans une attitude d’adoration. Il vivifie et
contrôle nos affections, nos désirs, nos appétits et nos passions.
Il devient notre sanctification.
La
plupart des enseignements que nous entendons dans les réunions de
prière, dans les conventions ou dans les églises, ou que nous
lisons dans la presse, sont complètement erronés. Le seul fait de
les entendre ou de les lire est presque trop pénible pour pouvoir
être supporté! De tels enseignements ne sont conçus que pour semer
la séduction et le découragement. Ils aboutissent en pratique à
rejeter le Christ que l’Evangile nous présente.
Hélas!
A cause de son aveuglement qui la déroute complètement, l’âme
languit après sa délivrance de la puissance du péché. J’ai
souvent entendu des enseignements légalistes sur ce sujet, jusqu’au
point où j’avais envie de hurler! Je suis parfois stupéfait
d’entendre des chrétiens critiquer l’enseignement que j’expose
dans cet article, sous prétexte qu’il nous conduit dans un état
de passivité, où nous recevons le salut sans exercer aucune
initiative. Quelles ténèbres dans une telle objection! La
Bible enseigne que nous recevons, par la foi en Christ, une
influence intérieure qui stimule et dirige toute notre activité.
C’est
par la foi que nous recevons Son influence purificatrice, jusqu’au
coeur de notre être. La vérité qu’Il révèle directement à
notre âme donne la vie à tout notre être intérieur, et nous place
dans une attitude d’obéissance de coeur. C’est la seule manière
de vaincre le péché! Il n’y en a pas d’autre!
Quelqu’un
pourra dire: "Mais l’apôtre Paul ne nous exhorte-t-il pas à
travailler à notre salut avec crainte et tremblement? N’est-ce pas
une exhortation à faire ce que vous condamnez dans votre article?"
Nullement! Dans #Php 2:12-13, Paul dit aussi: "Ainsi, mes
bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre
salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma
présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent; car
c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son
bon plaisir."
Il
s’agit là d’une exhortation non pas à travailler par la force
de nos résolutions, mais par une opération intérieure de Dieu dans
nos coeurs. C’est précisément la doctrine que je développe dans
cet article. Paul a constamment enseigné à l’Eglise que Christ
dans notre coeur est notre sanctification, et que nous devons
recevoir Son influence par la foi. On ne peut l’accuser d’enseigner
dans ce passage que nous devons travailler à notre sanctification
par nos résolutions, en nous efforçant de supprimer nos mauvaises
habitudes pour les remplacer par des bonnes! Ce passage des Ecritures
souligne parfaitement la coopération de Dieu et de l’homme dans
l’oeuvre de sanctification. C’est Dieu qui produit en nous le
vouloir et le faire. Mais c’est à nous d’accepter par la foi Son
oeuvre intérieure. C’est à nous de vouloir et de faire, selon Son
bon plaisir.
La
foi est un état actif et non passif. Une sainteté passive est
impossible et absurde. Que personne ne dise, lorsque nous exhortons
les chrétiens à faire entièrement confiance à Christ, que nous
leur demandons d’être passifs vis-à-vis de l’influence divine
qui agit en nous. Cette influence est morale et non physique. Elle
agit par la persuasion et non par la force. Elle influence notre
libre volonté. Elle agit donc par la vérité et non par la
contrainte.
Oh!
Si tous pouvaient bien comprendre que toute vie spirituelle en nous
est directement reçue de l’Esprit de Christ par la foi, comme le
sarment reçoit sa vie du cep! Rejetons cette religion de
résolutions! C’est un piège mortel! Cessons tout effort de
vouloir mener une vie sainte, si notre coeur n’est pas rempli
d’amour pour Dieu! Oh! Puissent les hommes apprendre à regarder
directement à Christ par l’Evangile! Qu’ils puissent demeurer
tellement proches de Lui, par un acte de foi et d’amour, qu’ils
seront toujours en harmonie avec Sa pensée! C’est cela, et
seulement cela, la sanctification!
Dans presque tous les domaines de la vie, les hommes et les femmes font preuve d’un niveau de conscience bien moins élevé qu’il y a quarante ans. Je crois que presque tous le reconnaissent. C’est à raison que l’on se plaint beaucoup de cette déchéance morale. Il n’y a pas beaucoup d’espoir d’amélioration. A tous les niveaux de la société, les hommes se livrent aux exactions, aux fraudes et aux infamies. Cela devient très inquiétant. On est presque obligé de se demander s’il est encore possible de faire confiance à quelqu’un.
Quelle
est la cause de cette dégénérescence? Il y a sans doute plusieurs
causes permettant d’expliquer cette situation. Mais je suis
persuadé que la responsabilité principale incombe aux ministères
chrétiens et à la presse. Il est de bon ton depuis des années de
ridiculiser et de décrier le puritanisme. Dans une large mesure, les
ministères ont cessé de sonder la conscience des hommes en faisant
appel à la loi spirituelle de Dieu. On néglige et on ignore les
exigences de la loi de Dieu, telles que Sa Parole nous les révèle.
La
loi de Dieu est l’unique critère de la vraie morale. C’est par
la loi que vient la connaissance du péché. La loi réveille la
conscience humaine. La dégradation de la conscience est directement
proportionnelle à l’abandon de la loi de Dieu. C’est
certainement l’inévitable conséquence. Si les ministères
ridiculisent le puritanisme, s’ils essayent de prêcher l’Evangile
sans profondément sonder les consciences par la loi divine, cela
entraînera nécessairement, pour le moins, une paralysie partielle
du sens moral. Si le niveau de la conscience individuelle et publique
baisse dangereusement, c’est parce que ceux qui prêchent
l’Evangile se trompent. Ce sont eux qui devraient être les
gardiens de la conscience publique. Mais ils ont, je le crains,
énormément négligé d’insister sur l’obéissance à la loi
morale.
Il
est bien connu que certains de nos prédicateurs les plus renommés
sont des spécialistes de l’étude des rapports entre
l’intelligence et certaines caractéristiques physiques. Cette
science néglige complètement la volonté libre de l’homme. Elle
ne s’intéresse donc absolument pas à la morale, ni à la loi
morale. Elle n’admet pas que l’homme soit soumis à une
obligation morale. Il ne peut donc être question de culpabilité, de
condamnation, ou de rétribution. Il y a quelques années, le frère
de l’un de nos prédicateurs les plus célèbres m’avait entendu
prêcher sur le verset: "Soyez réconciliés avec Dieu." Je
démontrais, entre autres choses, qu’être réconcilié avec Dieu
signifiait être réconcilié avec l’obéissance à Sa loi. Il
m’appela le lendemain et me dit que ni lui, ni deux de ses frères,
tous prédicateurs, n’avaient par nature aucune notion de ce
qu’était la conscience. Il me dit: "Nous ne connaissons
aucunement ces notions de péché, de culpabilité, de justice et de
rétribution, que vous et notre Père céleste connaissez! Nous ne
pouvons pas prêcher sur ces sujets comme vous le faites!" Il
ajouta: "Je m’efforce de cultiver ma conscience, et je crois
que je commence à comprendre ce que c’est. Mais, par nature, ni
moi ni mes deux frères n’avons aucune notion de ce qu’est la
conscience."
Je
dois dire que ces prédicateurs se sont souvent exprimés par écrit
à l’intention du grand public. J’avais lu beaucoup de leurs
articles, ainsi que certaines prédications de l’un d’entre eux.
J’avais été frappé par l’absence manifeste de conscience dans
les écrits et les sermons de ce dernier. C’est un adepte de la
science que je viens de mentionner. Sa théologie ne tient aucun
compte du libre arbitre de l’homme ni de la morale. Il ne connaît
donc aucune des conséquences entraînées par le fait d’avoir une
volonté libre et une capacité de jugement moral. Il peut
ridiculiser le puritanisme et les grandes doctrines de la vraie foi
chrétienne. Tout son enseignement, du moins celui que je connais,
démontre qu’il manque lamentablement de jugement moral. Il n’a
aucune idée de ce que peuvent signifier la dépravation morale, la
culpabilité, ou le châtiment justement mérité, dans la juste
acceptation de ces termes. Puisqu’il raisonne en scientifique, ces
concepts n’ont aucune place dans son esprit. Sa philosophie les
exclut nécessairement.
Je
ne sais pas jusqu’à quel point la science et la psychologie ont
empoisonné l’esprit des ministères dans les diverses
dénominations, mais j’ai observé avec douleur que beaucoup de
prédicateurs, qui écrivent dans la presse, négligent de s’adresser
à la conscience des hommes. Ils ne vont pas jusqu’au fond du
problème. Ils n’insistent pas sur la nécessité d’obéir à la
loi morale, pour que nous soyons entièrement agréables à Dieu. Ils
me semblent "anéantir la loi par la foi", {#Ro
3:31} alors que la loi est confirmée par la foi. Ils
semblent défendre des principes différents de ceux qui sont
enseignés par Christ dans le Sermon sur la Montagne, sermon qui
expose la loi morale de Christ. Le Seigneur enseigne clairement dans
ce sermon qu’il n’y a aucun salut possible sans obéissance à la
règle de vie qu’Il expose dans ce sermon. Une foi véritable en
Christ produira toujours et inévitablement une vie sainte. Mais je
crains qu’il soit devenu à la mode de prêcher un Evangile dont la
grâce a été frelatée. La règle de vie exposée dans l’Evangile
est précisément celle de la loi morale. Les quatre éléments
suivants caractérisent la foi véritable, celle de l’Evangile:
1. Elle
confirme la loi.
2. Elle
est agissante par l’amour.
3. Elle
purifie le coeur.
4. Elle
triomphe du monde.
Ce
ne sont que des manières différentes d’affirmer que la foi
véritable produit en réalité une vie sainte. Sinon, elle
"anéantirait la loi." On ne prêche pas le véritable
Evangile quand on n’insiste pas sur la nécessité d’obéir à la
loi morale de Dieu, comme seule règle de vie acceptable. Quand un
prédicateur néglige de donner ces instructions à ceux qui
l’écoutent, on s’apercevra inévitablement que ces derniers
feront preuve d’une conscience particulièrement endormie. Nous
avons besoin de plus de Boanergès ou de "fils du tonnerre"
parmi les prédicateurs. Nous avons besoin d’hommes qui fassent
retentir la loi de Dieu comme un tonnerre, pour réveiller les
consciences. Nous avons besoin de plus de puritanisme sur les
estrades! Il est vrai que certain Puritains étaient des extrémistes.
Malgré tout, leur enseignement avait développé une conscience
individuelle et une conscience publique bien plus réveillées
qu’aujourd’hui. Ces sévères et magnifiques vieux guerriers de
Dieu auraient tonné et lancé la foudre divine, jusqu’à presque
démolir leurs pupitres, s’ils avaient vu dans leurs assemblées
toute l’immoralité que l’on peut observer aujourd’hui!
Ce
sont les prédicateurs qui donnent, dans une grande mesure, le ton de
la presse chrétienne. Toute la littérature produite dans le monde
actuellement démontre que la conscience morale générale a besoin
d’être sérieusement relevée. Certains de nos prédicateurs les
plus en vue sont devenus les favoris des infidèles, des sceptiques
de toutes sortes, des universalistes, et des hommes les plus abjects.
Le scandale de la Croix aurait-il disparu, ou est-ce la
Croix que l’on cherche à dissimuler? La sainte loi de Dieu,
avec ses préceptes rigoureux et ses terribles jugements, serait-elle
devenue populaire chez les inconvertis? Ou est-ce la faute des
prédicateurs, qui l’ignorent dans leurs messages? Est-ce pour cela
qu’ils sont appréciés, parce qu’ils négligent un devoir qui
devrait leur attirer le mépris? Je crois qu’il n’y a qu’un
seul moyen d’arrêter cette chute de la morale publique et de la
morale individuelle. Il faudrait que les prédicateurs de ce pays
annoncent tout l’Evangile de Dieu avec une fidélité inlassable,
en affirmant que la sainte et parfaite loi de Dieu doit être notre
seule règle de vie.
C’est
cette loi, hardiment annoncée, qui révélera la dépravation morale
des coeurs humains. C’est ensuite par l’annonce de la puissance
purificatrice du sang de Jésus que ces coeurs pourront être lavés.
Frères bien-aimés qui êtes dans le ministère, n’a-t-on pas un
grand besoin de prêcher ces choses aujourd’hui? Nous avons été
établis pour la défense de l’Evangile béni et de la sainte loi
de Dieu. Je vous supplie de sonder la conscience de vos auditeurs, et
de faire retentir avec puissance la loi et l’Evangile de Dieu,
jusqu’à ce que vos voix atteignent la capitale de notre nation,
par nos représentants qui siègent au Congrès. Il arrive très
fréquemment que les journaux du monde publient des extraits de
prédications. Donnons du travail aux journalistes de la presse, au
point de faire tinter leurs oreilles et celles de leurs lecteurs! Que
les milieux économiques et boursiers, que les fonctionnaires et les
politiciens, puissent tous entendre de bonnes prédications
puritaines, capables de leur donner de meilleures pensées et une
meilleure vie! Assez de cette prédication à l’eau de rose d’un
amour de Christ sans aucune sainteté, sans aucun discernement moral!
Assez de cette prédication de l’amour d’un Dieu qui ne ferait
pas demeurer chaque jour Sa colère sur les pécheurs! Assez de cette
prédication d’un Christ qui n’aurait pas été crucifié à
cause du péché!
Le
monde a besoin d’un Christ crucifié pour les péchés. Nous avons
besoin d’être lavés de la honte d’avoir négligé de prêcher
la loi de Dieu, à tel point que la conscience des hommes est
maintenant endormie. Une telle dégradation de la conscience dans
notre pays n’aurait jamais pu se produire si notre prédication
avait conservé son caractère puritain!
Il
y a quelques années, je prêchais dans une assemblée dont le
pasteur était mort quelques mois plus tôt. Presque tout le monde
semblait l’aimer dans son église et dans sa ville. Dans son
assemblée, on en faisait presque une idole. Tout le monde disait du
bien de lui et le considérait comme un exemple. Pourtant, cette
église démontrait clairement que son pasteur n’avait pas été
fidèle. C’était un homme qui aimait se faire applaudir et qui
recherchait l’approbation. J’ai tellement entendu parler de ses
enseignements, dont j’ai abondamment constaté les fruits, que je
n’ai pas pu m’empêcher de dire publiquement à cette assemblée
que son ancien pasteur n’avait pas été un homme fidèle.
J’affirmai que les fruits qui se manifestaient de tous côtés, à
la fois dans l’église et hors de l’église, n’auraient jamais
pu être produits si l’Evangile avait été fidèlement présenté.
Si ces paroles avaient été prononcées à une autre occasion, elles
auraient sans doute profondément choqué les membres de cette
église. Mais en raison de la façon dont je les avais préparés,
ils n’ont pas semblé vouloir me contredire.
Frères,
notre prédication portera ses fruits légitimes. Si l’immoralité
règne dans ce pays, la responsabilité nous en revient pour une
grande part. S’il y a une dégradation de la conscience, ce sont
les prédicateurs qui en sont responsables. Si la presse manque de
discernement moral, c’est à cause des ministères! Si l’Eglise
dégénère et devient mondaine, c’est à cause des ministères! Si
le monde ne s’intéresse plus à l’Evangile, c’est à cause des
ministères! Si Satan contrôle nos législateurs, c’est à cause
des ministères! Si la politique devient tellement corrompue que les
fondations mêmes de notre gouvernement sont près de s’écrouler,
c’est à cause des ministères! N’oublions jamais cette vérité,
mes chers frères. Mais prenons-la à coeur, et soyons pleinement
conscients de nos responsabilités vis-à-vis de l’état moral de
notre pays.
Je me suis efforcé jusqu’ici de montrer que la sanctification est produite dans l’âme par l’Esprit de Christ, par la foi, avec notre propre coopération, qui est indispensable. Je voudrais à présent attirer l’attention sur la nature de la foi véritable. Mon professeur de théologie soutenait que la foi est un acte intellectuel, une conviction, une pleine persuasion que les doctrines de la Bible sont vraies. Pour autant que je pouvais m’en rendre compte, c’était la définition de la foi que j’entendais partout.
Je
fis remarquer que des convictions intellectuelles n’étaient pas
volontaires, qu’elles ne pouvaient pas être produites par un
effort de la volonté, et que nous ne pouvions donc pas être obligés
d’exercer la foi. Dans ces conditions, si la foi était un acte
intellectuel, elle ne pouvait pas être une vertu.
On
me répondit que nous contrôlons notre intelligence par un effort de
notre volonté, et que nous avons la responsabilité de rechercher
les arguments et les preuves capables de convaincre notre
intelligence. Dans ces conditions, l’incrédulité était un péché,
car elle ne faisait que prouver notre négligence à rechercher et à
accepter les preuves des vérités de la révélation. La foi était
donc bien une vertu, car elle impliquait un effort de notre volonté
pour chercher la vérité.
Depuis
le début de mon ministère, j’ai été presque constamment
confronté à ce faux enseignement concernant la nature de la foi
chrétienne. Je me suis rendu compte à ce moment-là que l’on
insistait beaucoup sur la nécessité de "croire les articles de
foi." On affirmait que la foi consistait à croire toute la
doctrine de Christ, avec une inébranlable conviction. La foi était
donc une pleine acceptation des doctrines, des doctrines de
l’Evangile.
Cependant,
j’avais moi-même été conduit à accepter intellectuellement ces
doctrines, avant même d’être converti. Lorsqu’on me demandait
de croire, je répondais que je croyais. Aucun argument ne pouvait me
convaincre que je ne croyais pas à l’Evangile. Je n’ai jamais pu
être convaincu de mon erreur, jusqu’au moment où je me suis
converti.
Au
moment de ma conversion, lorsque j’exerçai la foi véritable, je
me rendis alors compte de ma tragique erreur. Je compris que la foi
n’était pas la conviction intellectuelle que tout ce que la
Bible affirmait sur Christ était vrai, mais la confiance de mon
coeur en la personne de Christ.
Je
compris que le témoignage de Dieu concernant Christ devait me
conduire à faire confiance à Christ. Je devais me confier
entièrement en Sa personne, en L’acceptant comme mon Sauveur.
J’avais commis une erreur fatale en me contentant de croire
simplement ce qui était écrit sur Christ. Cela me laissait
inévitablement dans mes péchés. C’était comme si j’avais été
presque mourant de maladie, et que quelqu’un m’ait recommandé un
médecin capable de me sauver la vie. Si je m’étais simplement
contenté d’écouter ce conseil, en étant pleinement convaincu que
ce médecin voulait et pouvait me guérir, j’aurais répliqué: "Je
crois en lui, et je ne doute absolument pas de sa compétence. Je
crois chaque parole que vous m’avez dite concernant cet homme."
Si j’en étais resté là, je serais certainement mort! Il ne
m’aurait pas suffi d’avoir la ferme conviction intellectuelle de
sa compétence et de sa volonté de me guérir. Mais il aurait été
essentiel que je fasse appel à lui, que je me rende chez lui, que je
lui fasse confiance personnellement, et que j’accepte son
traitement! Après avoir cru ce qui était dit de lui, il m’aurait
fallu faire un acte volontaire de confiance en sa personne, lui
remettre ma vie, et accepter sans discussion le traitement qu’il
m’aurait donné pour guérir de ma maladie!
Ceci
illustre la vraie nature de la foi dans notre conscience. Elle ne
consiste aucunement en une connaissance intellectuelle, ni en
l’acceptation des doctrines de la Bible. On peut être
parfaitement convaincu que chaque parole de la Bible concernant
Dieu ou Christ estvraie, mais cela n’est pas la foi. Ces vérités
et ces doctrines, qui nous révèlent Dieu en Christ, ont pour seule
fonction d’apprendre à l’âme à Le découvrir, par un acte de
confiance en Sa personne.
Quand
nous nous confions fermement en Sa personne, quand nous Lui remettons
notre âme, quand nous Lui faisons entièrement confiance, pour tout
ce que la Bible affirme de Lui, nous sommes dans la foi
véritable. Nous Lui faisons confiance, sur la base du témoignage de
Dieu. Nous Lui faisons confiance, sur la base des doctrines et des
faits que la Bible nous déclare sur Lui. Cet acte de
confiance en Lui unit notre esprit à Lui, dans une union si étroite
que nous recevons directement de Lui un courant de vie éternelle. La
foi agit comme si elle permettait au courant divin de circuler. Elle
communique instantanément la vie de Dieu à notre âme. La vie de
Dieu, la lumière, l’amour, la paix et la joie semblent s’écouler
en nous aussi naturellement et spontanément que le courant
électrique passe d’une batterie à un appareil branché sur elle.
Pour
la première fois, nous comprenons alors ce que Christ a voulu dire
quand Il a affirmé que nous étions unis à Lui par la foi, comme le
sarment est uni au cep. C’est ainsi que Christ nous est révélé
comme Dieu. Nous sommes conscients de notre communion directe avec
Lui. Nous Le connaissons comme nous nous connaissons nous-mêmes, par
Son action directe en nous. Nous savons directement dans notre
conscience qu’Il est notre vie, et que nous recevons de Lui,
instant après instant, la communication de la vie éternelle.
L’intelligence
de certains est relativement obscurcie. Leur foi est donc
relativement faible, quand elle commence à se manifester. Ils
peuvent encore avoir beaucoup d’opinions personnelles, avoir encore
une foi intellectuelle sans grande conviction. Leur confiance en
Christ ne sera donc pas plus grande que leur conviction. Avec une foi
aussi petite, le courant de vie divine sera si faible qu’ils en
seront à peine conscients. Mais quand notre foi devient grande et
forte, elle laisse pénétrer dans notre âme un courant de vie
divine et d’amour tellement puissant qu’il semble saturer
entièrement notre âme et notre corps. Nous sommes alors réellement
conscients d’avoir l’Esprit de Christ en nous. Nous savons qu’Il
est une puissance capable de nous sauver du péché. Il nous permet
de marcher droit sur le chemin de l’obéissance et de l’amour.
J’ai
parlé à des centaines, et même des milliers de chrétiens. J’ai
été frappé de voir à quel point les paroles de Jésus
s’appliquaient à leur expérience: "Vous sondez les
Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle:
ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Et vous ne voulez pas
venir à moi pour avoir la vie!". {#Jn 5:39-40} Ils
n’étaient pas allés plus loin que l’étude de l’Ecriture. Ils
se contentaient de croire ce que l’Ecriture affirmait sur Christ.
Mais ils n’avaient pas profité de la lumière qu’ils avaient
reçue pour venir à Lui, dans un acte d’amour et de confiance en
Sa personne. Je crains qu’il en soit aujourd’hui comme il en a
été dans le passé. Les multitudes se contentent de connaître les
faits et les doctrines de l’Evangile. Mais elles ne font pas
confiance à la personne de Christ pour venir à Lui, auquel est
rendu tout ce témoignage. C’est pour cela que la Bible est
mal comprise et que l’on en fait un mauvais usage.
De
nombreux chrétiens pensent que leur "confession de foi"
résume les doctrines de la Bible. Ils négligent
complètement l’étude de la Bible et se reposent sur
leur connaissance de certains articles de foi. D’autres sont plus
prudents et plus sérieux. Ils sondent les Ecritures pour y voir ce
qu’elles disent de Christ. Mais ils en restent là. Ils se
contentent d’acquérir quelques opinions théologiques correctes.
D’autres encore aiment ardemment les Ecritures, parce qu’elles
rendent témoignage de Christ. Ce sont les seuls à être sauvés.
Ils sondent et dévorent les Ecritures parce qu’elles leur montrent
qui est Jésus, et pourquoi ils peuvent Lui faire confiance. Ils ne
se contentent pas de connaître le témoignage de Jésus. Mais ils
vont directement à Lui, à Sa personne, dans un acte d’amour et de
confiance. Ils unissent leur âme à Lui, dans une union qui leur
permet de recevoir de Lui les choses pour lesquelles ils Lui font
confiance. C’est Lui qui les leur communique directement. C’est
cela la véritable expérience chrétienne. C’est recevoir de
Christ la vie éternelle que Dieu nous donne en Lui. C’est cela la
foi qui sauve.
Il
y a de nombreux degrés dans la puissance de cette foi. Nous pouvons
en être à peine conscients. Elle peut au contraire laisser entrer
dans notre âme un tel flot de vie éternelle que notre corps en
perdra toute force. Quand la foi est à son maximum, les nerfs de
notre corps semblent céder sous l’influence puissante de nos
pensées. Cette expérience n’est peut-être pas courante. Si nous
restons dans les limites de notre corps physique, notre âme ne peut
supporter que très peu de la lumière et de l’amour de Dieu. J’ai
eu parfois l’impression qu’une lumière un peu plus grande aurait
fait sortir complètement mon âme de mon corps. J’ai rencontré de
nombreux chrétiens qui avaient bien connu ces souffles puissants de
l’Esprit. Mais mon propos se limite ici à expliquer en quoi
consiste la foi véritable, et quels sont les effets de la foi qui
sauve.
Quand
je regarde à quel point des multitudes de chrétiens connaissent si
peu Christ, quand je vois comment ils se comportent envers Lui, je
suis profondément choqué et étonné, car ils possèdent la
Bible. Nombreux sont ceux qui semblent se contenter d’avoir
une opinion théologique plus ou moins solide. Ils croient que c’est
de la foi. D’autres sont plus sérieux, mais ils se contentent
d’être plus ou moins convaincus des vérités de la
Bible concernant Christ. D’autres sont fortement impressionnés
par les commandements de la loi. Ils s’engagent sérieusement dans
une vie d’oeuvres qui les conduit dans l’esclavage. Ils prient
par devoir. Ils ont conscience de leurs devoirs, mais ils ne les
accomplissement pas par amour. Ils ne font pas confiance à
Dieu. Ils n’ont aucune paix ni aucun repos, sauf quand ils ont
réussi à se persuader qu’ils ont accompli leur devoir. Ils sont
constamment stressés et dans l’agonie.
Ils
suivent la raison et pèsent ses avis, En approuvant tout ce qu’elle
dit. Il leur est pourtant dur d’y conformer leur vie, Et plus dur
encore d’aimer!
Ils
lisent et peut-être sondent les Ecritures pour y apprendre ce
qu’elles disent de Christ. Mais ils obéissent par devoir. Ils
croient intellectuellement tout ce qu’ils comprennent dans la
Bible. Mais quand il s’agit de faire confiance à Christ, ils
ne le font pas par un acte d’amour et de foi. Ils ne s’en
remettent pas à Lui pour unir à Lui leur âme, et pour recevoir de
Lui le flot de Sa vie, de Sa lumière et de Son amour. Ils ne le font
pas par un simple acte de foi et d’amour en Sa personne, ce qui
leur permettrait de recevoir Sa vie et Sa puissance dans leur âme.
Ils ne s’emparent pas de Sa force. Ils n’attachent pas tout leur
être au Sien. En d’autres termes, ils n’ont pas la foi
véritable. Ils ne sont donc pas sauvés. Oh! Quelle erreur! Je
crains qu’elle soit très fréquente. Ou plutôt, je suis certain
qu’elle est très fréquente. C’est consternant! Comment
pourrait-on autrement expliquer l’état de l’Eglise? Est-ce là
tout ce que Christ pourrait faire pour Son peuple, si les chrétiens
croyaient vraiment? Non, non! C’est une grande erreur! On n’a pas
compris ce qu’était la foi véritable. On a confondu la conviction
intellectuelle que l’on a en l’Evangile avec la foi. Ceux qui
possèdent cette fausse foi se contentent de leur philosophie et ne
peuvent pas exercer la foi véritable.
Que
personne ne croie que je sous-estime la valeur des faits et des
doctrines de l’Evangile. Il faut les connaître et les croire. Ceci
est d’une importance capitale! Je n’ai aucune communion avec ceux
qui les dévaluent et qui considèrent le fait de prêcher la
doctrine comme étant d’une importance mineure. Je n’approuve pas
non plus ceux qui ne voudraient que prêcher Christ, sans exposer les
doctrines qui Le concernent. Ce sont les faits et les doctrines de la
Bible qui nous enseignent qui est Christ, pourquoi et pour
quelles raisons nous pouvons Lui faire confiance. Comment
pouvons-nous annoncer Christ sans prêcher les doctrines qui Le
concernent? Et comment pouvons-nous Lui faire confiance sans savoir
pour quelles raisons nous devons Lui faire confiance?
L’erreur
sur laquelle je veux attirer l’attention consiste non pas à mettre
trop l’accent sur l’enseignement des faits et des doctrines de la
Bible, mais à négliger de faire confiance à la personne de Christ,
après avoir connu ces faits et ces doctrines. Elle consiste à se
satisfaire de cette connaissance, au lieu de remettre notre âme à
Christ, dans un acte de foi et d’amour.
Le
témoignage que Dieu a donné de Christ a pour but de nous donner
confiance en Lui. Si nous n’avons pas pu unir notre âme à Lui,
par un acte de confiance implicite en Lui, nous avons entendu
l’Evangile en vain. Nous ne sommes pas unis à Lui comme le sarment
est uni au cep. Nous ne sommes pas sauvés. Nous n’avons pas encore
reçu de Lui la vie éternelle, que la foi véritable est la seule à
pouvoir nous communiquer.
Tout au long de ma vie chrétienne, beaucoup d’âmes anxieuses m’ont souvent demandé: "Quelles sont les opérations mentales intelligentes que Dieu demande de moi?" Confronté aux commandements de Dieu, il m’a semblé indispensable d’interroger ma conscience pour obtenir une réponse satisfaisante à cette question. J’y suis parvenu. Avec l’aide de Dieu, j’ai aidé beaucoup d’autres à y parvenir aussi. Je veux donc me faire bien comprendre. Qu’est-ce que je veux dire quand je parle de "justice véritable?" Je veux dire qu’il s’agit de la justice que l’on atteint quand on a effectué un certain nombre d’opérations mentales intelligentes. Je développerai mon argumentation dans l’ordre suivant, en montrant:
1. Ce
que la justice n’est pas.
2. Ce
qu’est la justice.
3. Comment
savoir ce qu’est la justice.
4. Comment
un pécheur peut obtenir cette justice.
1. Ce que la justice n’est pas.
A.
La justice n’est pas un acte visible, extérieur, accompli par
notre corps physique. Ces actes appartiennent au domaine des causes
et des effets. Ils sont produits par une décision de notre volonté
et ne comportent aucun caractère moral en eux-mêmes.
B.
La justice n’est pas le résultat d’une décision de notre
volonté. Une décision de la volonté implique un choix et une
intention. Elle est le moyen d’atteindre un objectif. Elle cherche
à contrôler l’attention de notre intelligence, l’état de notre
sensibilité, ou les mouvements de notre corps. Une décision de la
volonté est à la fois un effet et une cause. Elle est l’effet
d’un choix et d’une intention préalables. Elle est aussi la
cause d’une action de notre corps, ou de changements ultérieurs
dans notre intellect ou notre sensibilité. Vouloir, c’est faire.
Tout ce que nous faisons, nous le faisons par une décision de notre
volonté. Mais une décision volontaire, en elle-même, ne constitue
pas un acte libre, parce qu’elle est causée par quelque chose
d’autre. Elle n’a donc aucun caractère moral en soi. Il faut
remonter à la cause première qui a motivé la décision, pour juger
de son caractère moral.
C.
La justice ne consiste pas à faire un choix secondaire. Quand je
choisis un but ultime et suprême, je ne suis motivé que par ce but,
et par rien d’autre. Je ne le choisis pas pour obtenir autre chose,
mais parce que c’est ce but qui m’intéresse, et lui seul. C’est
ce que j’appelle un choix ultime. Je peux faire d’autres choix
pour m’aider à atteindre ce choix ultime. Ces autres choix ne
seront que des choix secondaires, qui appartiennent au domaine des
causes et des effets. Ils ne sont faits que parce qu’il existe un
choix ultime. Ces choix secondaires ne sont donc pas réellement
libres, parce qu’ils sont causés par un choix ultime dont ils
dépendent. C’est en cela qu’ils n’ont aucun caractère moral
en soi, parce qu’ils découlent de la cause première, ou du choix
ultime.
D.
La justice n’est pas une émotion, ni un état de la sensibilité.
Par sensibilité, je veux parler des sentiments, des désirs, des
peines et des joies. Tous les états de la sensibilité sont
involontaires. Ils appartiennent au domaine des causes et des effets.
La volonté ne peut pas les contrôler directement, ni parfois
indirectement, et nous pouvons nous en rendre compte. Puisque ces
états de la sensibilité sont provoqués par une cause, ils ne sont
pas libres. Ils ne peuvent avoir aucun caractère moral en soi, tout
comme nos pensées, nos décisions de la volonté, et nos choix
secondaires, quand ils découlent d’une cause ultime.
2.
Ce qu’est la justice.
La
justice est la rectitude morale, la droiture morale, et la conformité
à la loi morale de Dieu. Mais quelle opération mentale intelligence
exige de nous la loi de Dieu? La loi est une règle d’action. La
loi morale exige une action, une action intelligente, responsable, et
donc libre. Quelle forme particulière d’action exige donc la loi morale?
Une
action libre est une certaine forme d’action de la volonté. C’est
la seule action que l’on puisse appeler libre, au sens
strict. Par Son propre enseignement comme par celui de Ses prophètes
et apôtres, Christ nous a enseigné que la loi morale de Dieu exige
l’amour. Toute la loi est même comprise dans ce commandement. Mais
qu’est-ce que l’amour? Il ne peut pas s’agir de l’amour
involontaire de la sensibilité humaine. Ce n’est ni une émotion
ni une affection. Ces états de la sensibilité appartiennent au
domaine des causes et des effets. Ils n’ont rien à voir avec
l’amour exigé par la loi de Dieu. La loi morale peut être définie
comme la loi qui gouverne l’activité divine. C’est une règle de
vie qui est toujours conforme à la manière dont Dieu Lui-même
agit. Nous avons été créés à l’image de Dieu. Sa règle de vie
doit donc être aussi la nôtre. Sa loi morale exige qu’Il
manifeste le même amour que celui qu’Il exige aussi de nous. Si
Dieu ne Se soumettait pas à une règle d’action, Il ne pourrait
avoir aucun caractère moral. Il est notre Créateur. C’est Lui qui
nous a donné une loi à observer. Il exige de nous la même
perfection et le même amour que ceux qu’Il manifeste Lui-même.
"Dieu est amour." Il aime de toute la puissance de Sa
nature infinie. Il nous demande d’aimer de toute la puissance de
notre nature limitée. C’est cela, être parfait comme Dieu est
parfait.
Mais
en quoi l’amour de Dieu peut-il concerner l’exercice de notre
intelligence? C’est parce que l’amour de Dieu nous demande de
faire preuve de bienveillance, ou de bonne volonté. Dieu est un Etre
moral. Il est infiniment important pour Lui de rechercher le bien de
tout l’univers. Dieu y attache une valeur infinie. Il sait
parfaitement ce que signifie le fait de choisir le bien pour le bien.
Il a Lui-même fait ce choix de toute éternité. Il emploie toute Sa
volonté pour l’accomplir. Il a promulgué une loi qui doit
gouverner toutes nos actions. Il exige que nous soyons entièrement
d’accord avec Ses choix. Il veut que nous soyons remplis de Sa
bienveillance, et que nous choisissions le même objectif ultime que
Lui, c’est-à-dire le bien pour le bien.
Dieu
a choisi le bien de l’univers, et c’est cela qui constitue Sa
Justice. C’est pour Lui un objectif ultime d’une valeur infinie,
qui ne dépend d’aucune autre cause. C’est un choix qui est
conforme à Sa nature propre, et au type de relations qu’Il a
décidé d’avoir. C’est donc un choix nécessairement conforme à
Sa conscience et à Son sens moral infiniment parfaits.
Pour
Dieu, le fait d’être Juste, c’est donc Se conformer Lui-même
aux lois de Son amour universel. C’est un choix ultime, suprême,
immanent et efficace. C’est choisir le bien suprême de tout
l’univers, y compris Son propre bien.
Ce
choix est nécessairement ultime, car la recherche du bien universel
est une raison qui se suffit en soi. Il est nécessairement suprême,
car il est préféré à tout autre choix. Il est nécessairement
immanent, car il résulte de la nature même de Dieu, et motive
toutes Ses oeuvres. Il est nécessairement efficace, car Dieu met
toute la puissance de Sa nature infinie pour atteindre le but qu’Il
recherche. C’est un choix juste, une action morale juste.
On
peut donc définir la justice comme étant une qualité morale. C’est
la recherche volontaire et désintéressée du bien universel. Tous
les autres choix et objectifs secondaires, qui découlent de ce choix
immanent, ultime et suprême, n’ont de caractère moral que dans la
mesure où ils découlent de cette bienveillance désintéressée. Un
être moral poursuit toujours un objectif ultime. C’est ce qui
motive toute son activité et toute sa vie spirituelle.
3.
Comment savoir ce qu’est la justice.
Nous
le savons par une prise de conscience.
A. C’est par une prise de conscience que nous savons que toute notre vie procède d’un choix ou d’une préférence ultime.
B.
C’est par une prise de conscience que nous savons que notre
conscience exige de nous un amour parfait, universel et désintéressé.
Toutes nos pensées et nos actions doivent donc être motivées par
cet amour parfait, qui doit agir comme une loi de notre nature.
C.
C’est par une prise de conscience que nous savons que notre
conscience est parfaitement satisfaite, qu’elle n’exige rien de
plus, et ne se contente de rien de moins.
D.
C’est par une prise de conscience que nous savons que notre
conscience nous dit qu’une telle attitude est juste, et que c’est
cela la justice.
E.
C’est par une prise de conscience que nous savons qu’une telle
attitude constitue l’obéissance à la loi de Dieu qui nous est
révélée. Quand nous obéissons, nous sommes en accord avec la
volonté de Dieu, et notre coeur est dans une paix parfaite. Nous
sommes en communion avec Dieu. Nous sommes en paix avec Dieu et avec
nous-mêmes. Sans cela, nous ne pouvons pas être en paix. C’est ce
qu’enseignent à la fois notre nature et la Bible. Les limites
de cet article ne me permettent pas de citer la Bible pour
appuyer mon argument.
4.
Comment un pécheur peut obtenir cette justice.
Un
pécheur est un être moral, c’est-à-dire libre. Mais c’est un
être moral égoïste. Puisqu’il est égoïste, il ne peut donc
faire que des efforts égoïstes pour devenir juste. L’égoïsme
peut être défini comme un engagement volontaire à se satisfaire
personnellement. Tant qu’un individu est ainsi engagé à se
satisfaire personnellement, il est incapable de la moindre action
juste. Le seul acte juste que puisse accomplir un pécheur non
régénéré est de changer son coeur, ou de modifier l’objectif
ultime qu’il recherche. Sinon, il peut obéir en apparence à la
lettre de la loi de Dieu, mais cela ne constitue pas la justice
véritable. Il peut faire beaucoup de choses ou avoir beaucoup de
pensées qu’il considère comme faisant partie de l’expérience
chrétienne, mais cela ne constitue pas la justice véritable. Sa vie
peut être jugée en apparence comme parfaitement morale ou
religieuse, même si son coeur n’est pas changé. Mais il fait tout
cela pour des raisons égoïstes. Cela ne constitue pas la justice véritable.
Je
le répète, le premier acte juste d’un pécheur doit être de
changer son coeur. S’il voulait changer son coeur pour une raison
égoïste, ce serait encore de l’égoïsme, car un vrai changement
de coeur implique de renoncer à tout égoïsme.
Comment
donc un pécheur peut-il changer son coeur pour atteindre la justice?
Ma réponse est la suivante: il doit comprendre le caractère et les
exigences de Dieu. Cette compréhension doit le pousser à renoncer à
son esprit égoïste pour se mettre en harmonie avec Dieu. Mais, pour
cela, le pécheur doit absolument être illuminé par le
Saint-Esprit. C’est la Bible qui révèle cette vérité,
et c’est la conscience humaine qui l’atteste. Un pécheur ne peut
atteindre la justice qu’en étant enseigné et inspiré par le
Saint-Esprit.
Pour
passer du péché à la justice, il faut donc les éléments
suivants:
1. Il
faut la foi, c’est-à-dire la confiance en Dieu. Sans cette
confiance, le pécheur ne peut pas être convaincu qu’il doit
changer son coeur, renoncer à lui-même, et entrer en communion avec
Dieu.
2. Il
faut la repentance. Par repentance, je veux dire un changement d’état
d’esprit, qui consiste pour le pécheur à ne plus chercher à
satisfaire ses intérêts personnels, pour accepter ceux de Dieu.
3. Il
faut un changement radical d’attitude vis-à-vis de Dieu et du
prochain.
Ces
trois éléments définissent un véritable changement de coeur. Ils
doivent être présents simultanément. La présence d’un seul
élément implique la présence des autres. Le Saint-Esprit Se sert
des vérités de l’Evangile pour pousser un pécheur à changer. Il
révèle avec puissance l’amour de Dieu. C’est cet amour qui
attire efficacement le pécheur.
Alors
qu’un pécheur peut vivre une vie parfaitement morale et religieuse
en apparence, nous pouvons comprendre, d’après ce que je viens de
dire, qu’une âme réellement régénérée ne peut pas vivre dans
le péché. Un coeur régénéré ne pèche pas. Il ne le peut même
pas. C’est ce que l’apôtre Jean affirme clairement dans sa
première épître. Quand on a, comme but ultime de sa vie, choisi de
rechercher le bien universel, on ne peut pas s’engager
immédiatement après sur la voie de l’égoïsme. Il est certes
possible pour un chrétien de rétrograder. Sinon, la persévérance
ne serait pas une vertu. S’il s’agissait d’un changement
physique, ou d’un changement absolu dans la nature du pécheur, il
lui serait impossible de rétrograder, et la persévérance ne serait
pas une vertu. On a objecté que le fait de rétrograder consistait à
retourner à un objectif ultime égoïste, et impliquait un nouveau
changement de coeur, mais à l’envers cette fois. On retourne donc
à l’état antérieur.
En
quoi serait-ce extraordinaire? N’est-ce pas en réalité ce qui se
passe? Adam et Eve n’ont-ils pas décidé de changer leur coeur pur
en coeur de péché? Est-il possible qu’un homme change ainsi
plusieurs fois de coeur? Je réponds: "Oui!" Sinon, Dieu ne
demanderait pas à un pécheur de se faire un coeur nouveau. Sinon,
il serait impossible à un chrétien de pécher, après être passé
par la nouvelle naissance.
Mais
il est absurde de dire qu’une même personne puisse avoir en même
temps un coeur saint et un coeur impur. Ceci est contraire à la
Bible et ouvre la porte aux tendances les plus pernicieuses.
Quand une âme a rétrogradé, Christ lui demande de se repentir et
de pratiquer à nouveau ses premières oeuvres.
Le
seul moyen pour un homme de rester dans la justice est de garder
Christ demeurant en lui, par la foi. On ne peut pas demeurer dans la
justice par nos résolutions et nos propres efforts. On y demeure par
l’action de l’Esprit de Christ. C’est par la foi que Christ
devient le Seigneur d’un coeur humain. C’est par la foi qu’il
peut rester son Seigneur et continuer à régner en Maître sur sa
vie.
Il
ne peut y avoir aucune justice en l’homme sans un engagement
personnel venant de son coeur. Sinon, son engagement ne pourrait
aucunement être volontaire. C’est pourquoi la nature humaine ne
peut comporter aucune justice qui lui soit propre, car cela lui
permettrait de s’en attribuer le mérite ou l’avantage.
Si
nous obéissons à la loi et aux commandements de Dieu sans que notre
coeur soit changé, cela ne vient pas de Christ. Une telle obéissance
n’est pas produite dans notre âme par l’action du Saint-Esprit.
Elle procède de la propre justice humaine. La véritable justice,
par conséquent, est la justice reçue par la foi, ou la justice
reçue de Christ par la foi en Lui.
Nouvelle
édition numérique Yves PETRAKIAN 2011 – France
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