«
Il doit grandir, mais je dois diminuer. » (Jean 3:30)
Ces
quelques simples mots de Jean 3:30 contiennent tout le mystère de ce
que Dieu veut faire avec les hommes depuis l'éternité passée
jusqu'à l'éternité future. « Il [Christ] doit grandir. » Tout ce
que Dieu fait est en relation avec cette fin qui consiste à faire
grandir Christ. En d'autres termes, tout ce que Dieu a fait, fait, et
fera vise à révéler Son Fils et à nous conduire dans la pleine
connaissance (epignosis) de Christ. Le but est que Christ ait la
prééminence en toutes choses, en commençant par nous
individuellement en tant que disciple, en continuant avec l’Église,
et en terminant avec toute la création, « Qu'Il puisse être Tout
en Tous. »
Il
DOIT grandir. Ésaïe nous dit qu'il n'y aura pas de fin à la
croissance de Son Gouvernement et de Sa Paix. Au commencement était
la Parole, et nous voyons comment Dieu a travaillé constamment
depuis l'origine pour faire grandir Christ. Dans les types et les
ombres de l'Ancien Testament, nous voyons apparaître Christ. Ensuite
la Parole est faite chair et elle habite parmi nous, et Christ
grandit à nouveau. Ensuite Il vient habiter en nous, et c'est une
croissance majeure. Finalement, Il commence à nous conformer à son
Image à travers sa Vie qui habite en nous. Si nous grandissons en
Lui alors Il grandit chaque jour. Un jour tout genou fléchira et
toute langue confessera que Jésus-Christ est Seigneur. Après cela,
on nous dit que Dieu continuera de nous révéler Son Fils dans les
temps à venir, nous emmenant dans les profondeurs et les dimensions
de Christ que nous ne pouvons sonder.
Dieu
ne recule pas, mais dans le Fils et à travers le Fils, Il avance
constamment. Christ DOIT grandir. C'est la Loi de l'Esprit de Vie en
Jésus-Christ. Tout comme nous n'avons pas de gravité sans la loi de
la gravité, de même il est impossible d'avoir la Vie du Seigneur
sans avoir la Loi de cette Vie. Et la Loi de la Vie est que Christ
doit grandir.
«
Mais je dois diminuer. » Pourquoi Dieu ne nous révèle-t-Il pas Son
Fils dans toute Sa Gloire d'un seul coup? Qu'est-ce qui empêche
Christ de remplir toutes choses et d'avoir la prééminence dès
maintenant? Pourquoi ne voyons nous pas que toutes choses Lui soient
déjà soumises? Parce que nous devons être diminués. S'Il doit
devenir plus grand alors je dois diminuer. Quand Paul dit, « Pas
Moi, mais Christ, » il dit « Il doit grandir, mais je dois
diminuer. »
De
la même manière que toutes choses travaillent ensemble vers
l'objectif de Dieu de faire grandir Christ, de la même manière
elles travaillent ensemble dans le but de nous faire diminuer. Que
nous le comprenions ou pas, ce n'est pas l'important. Cela ne change
rien si vous le croyez ou êtes d'accord avec cela ou pas. Vous êtes
diminué de toute façon et Christ grandit. Cela DOIT être ainsi, et
donc C'EST comme cela. Les scientifiques appellent cette décroissance
« l'entropie », et cela signifie, « une détérioration constante
et inévitable ». Nous pouvons observer cela dans la création. Les
choses présentes gémissent et sont dans les douleurs de
l'enfantement, se détériorant avec pour objectif de faire de la
place pour un nouveau ciel et une nouvelle terre. Nous commençons à
mourir dès que nous naissons. Nous pouvons regarder nos corps pour y
trouver les évidences « d'une inévitable et constante
détérioration » alors que nous allons vers un corps racheté. Mais
plus important, NOUS, le « MOI », l'Ego , est diminué pour que
Christ puisse nous remplir.
Comment
sommes-nous diminué? Disons le tout de suite, ce n'est pas notre
rôle de nous diminuer nous-même, de devenir un ascète, de vivre
dans une sale et abjecte pauvreté. Ce n'est pas une diminution
extérieure, mais une diminution intérieure, en arriver à la fin de
nous même. Le Royaume de Dieu appartient aux pauvres en esprit. Un
peu avant, Jean a dit « Un homme ne peut rien avoir si ce n'est ce
qui lui est donné du ciel ». Nous pouvons avoir des choses mais si
nous les recevons d'une source autre que Christ, cela n'est rien.
Seuls ceux qui sont suffisamment diminués, les pauvres en esprit,
peuvent le voir. Cette pauvreté ne peut pas être atteinte par nos
propres efforts. En fait, une partie de ma diminution vient quand je
réalise que je ne peux rien faire par moi-même, notamment me
diminuer moi-même. De la même façon que je ne peux me suicider par
la crucifixion, de la même manière je ne peux crucifier ma chair.
Le seul chemin pour connaître cela est de tomber des centaines, des
milliers de fois. Ensuite nous apprendrons à dire, « Je ne mets pas
ma confiance dans la chair. »
Dans
le monde, nous expérimenterons des tentations, des tests, et des
épreuves. Nous subirons des persécutions, des tribulations et des
afflictions dans notre âme et notre corps. Nous expérimenterons des
mauvais traitements et de l'incompréhension. La question n'est pas
de savoir si Dieu permet ou ne permet pas que cela arrive. Cela fait
partie de la vie. Il y a des choses que nous nous faisons à nous
même, d'autres que les autres nous font. Notre Père connaît tous
les oiseaux qui tombent au sol, mais Il ne les empêche pas toujours
de tomber.
Quelle
leçon devons-nous en tirer? Que notre réponse à ce qui arrive est
plus importante que ce qui arrive. C'est ici le mystère:
l'expérience d'un homme peut le conduire à maudire Dieu, alors que
l'expérience identique d'un autre homme peut l'amener à bénir
Dieu. Notre réponse à ce qui arrive est plus importante que ce qui
arrive.
Si
nous comprenons que les problèmes arriveront un jour ou l'autre, et
qu'il n'y a pas de moyen pour éviter d'être confronté à ce qui
arrive dans le monde, alors nous devons voir que la différence entre
vaincre et ne pas vaincre est liée à la réponse que nous donnons.
Paul
ne priait pas pour être faible afin de pouvoir être fort. De façon
naturelle, nous détestons la faiblesse. Nous préférons la force.
Mais la force de l'homme est une illusion. Ce n'est pas la vraie
force. Le Seigneur nous montre que Sa grâce est rendue parfaite (ou
mature) à travers notre faiblesse. A cause de cela, Paul se réjouit
dans sa faiblesse, de ce qu'il est diminué: car « quand je suis
faible, c'est alors que je suis fort ». C'est dans la mesure où
nous acceptons la diminution de nous-même que nous expérimenterons
l'accroissement de Christ.
Nous
ne pouvons marcher sur le chemin étroit à moins d'être entrés par
la porte étroite. Mais nous pouvons penser que parce que nous sommes
passés par la porte étroite nous sommes maintenant arrivés. La
plupart des personnes mettent l'accent sur la porte, et leur but est
de juste faire rentrer les gens par la porte pour qu'ils puissent
proclamer être sauvés. C'est là où se situent la plupart des
églises aujourd'hui, juste à l'intérieure de la porte étroite, se
réjouissant de leur salut futur, d'un ciel futur, du retour futur de
Jésus, et de la récompense future. Mais la porte étroite n'est que
le début. La porte étroite ne permet que d'entrer sur le chemin
étroit. C'est le chemin étroit qui mène à la Vie, et peu le
trouvent. Peu marchent jusqu'au bout sur ce chemin.
Ce
dont nous parlons est autant un événement qu'un processus. Il y a
une décision une-fois-et-pour-toute de suivre Christ, mais nous
devons continuer à Le suivre. Entrer par la porte est un événement
une-fois-pour-toute, mais marcher sur le chemin est un processus.
Nous gagnons tout lorsque nous entrons par la porte, mais avons
besoin de continuer sur le chemin dans le but de vivre ce que nous
avons. Nous sommes de nouvelles créations, mais nous sommes changés
quotidiennement à l'image de Christ. Nous sommes morts avec Christ
une fois: pourtant nous mourrons chaque jour. Nous avons été
crucifiés une fois: pourtant nous portons notre croix
quotidiennement. Nous sommes ressuscités avec Lui une fois: pourtant
nous expérimentons chaque jour sa Vie. Nous sommes montés avec Lui
et nous nous sommes assis avec Lui dans les lieux célestes une fois:
pourtant nous expérimentons notre position dans les lieux célestes
dans notre vie quotidienne, nous élevant au-dessus de la terre,
au-dessus du naturel, pour nous asseoir avec Lui sur Son trône en
tant que vainqueur.
Dieu
veut « que tous les hommes soient sauvés (porte étroite) et qu'ils
arrivent à la pleine connaissance [epignosis] de la Vérité (chemin
étroit). » Ceux qui entrent par la porte étroite doivent encore
satisfaire le cœur de Dieu. Il y a de la joie dans le ciel pour un
seul pécheur qui se repent, mais comme Arthur Katz l'a dit, «
Beaucoup sont sauvés, mais peu sont convertis. » C'est la volonté
de Dieu, Son désir, que nous arrivions à la fin de nous-même pour
que Christ puisse avoir la prééminence en nous. Jésus a dit: « Si
vous m'avez vu, vous avez vu mon Père. » Hébreux nous dit que
Christ est l'éclat de la gloire de Dieu, et l'expression de Son
image (ou l'exacte représentation) de Sa personne. De la même
manière, la but de Dieu pour Ses disciples (et par extension, de l’Église) est « si vous avez vu les disciples, vous avez vu Jésus.
» Le chrétien doit être l'éclat de la gloire de Christ, l'exacte
représentation de Sa personne. Je manque de vocabulaire pour
expliquer cela de façon adéquate, mais je me confie dans le
Seigneur pour qu'Il nous le montre.
Cela
va au-delà de simplement « être sauvé », c'est la conversion,
c'est la conformité à l'image de Christ. Il n'a sûrement pas la
prééminence en nous maintenant, pourtant « Il doit grandir, mais
je dois diminuer. »
Nous
avons depuis si longtemps mis l'accent sur l’Église que nous avons
perdu de vue le disciple individuel dont est constituée l’Église. Si
un membre manque, tout le corps souffre. Le problème n'est pas tant l’Église qui ne vit pas dans toute sa plénitude que le disciple
individuel du Seigneur qui a oublié d'évaluer le coût, d'être
prêt à tout perdre, et de progresser le long du chemin vers Christ
en tant que Tout en Tous. Comme va le disciple, ainsi va l’Église. Si
Christ n'a pas la prééminence dans l’Église, c'est parce que Il n'a
pas la prééminence en nous en tant que disciples.
Si
nous sommes réellement passés par la porte et que nous avançons
sur le chemin, si nous Lui avons réellement soumis nos vies et
voulons Le connaître, alors tout ce que nous expérimentons sert à
faire grandir Christ et à nous diminuer. Du côté positif, le
Saint-Esprit travaille en nous pour nous amener à une connaissance
de Christ. L'Esprit Le fait grandir en nous, nous conduisant dans «
toute la vérité » vers l'Epignosis. Du côté négatif, le
principe de la croix travaille pour nous diminuer, pour nous amener
au bout de nous-même, pour nous réduire à rien. Les mystiques de
l'Orient sont depuis longtemps conscients du côté positif et
négatif de l’œuvre, ils ont simplement mal compris ce que cela
signifie et en ont fait un objectif autre que Christ. Ils ont observé
un principe mais la Vérité pour l'expliquer leur a fait défaut.
Nous
devons voir que chaque fois que le Moi est diminué, Christ grandit.
Même dans nos discussions, nous gémissons intérieurement parce que
nous devons mourir quotidiennement, ayant à abandonner nos façons
de faire et notre volonté. Nous devrions au contraire être
enthousiastes en voyant Christ qui grandit, et combien Il peut gagner
en nous et à travers nous. Il DOIT grandir, mais vous DEVEZ
diminuer. C'est bien de renoncer à tout maintenant, sur une base
volontaire, et de perdre nos vies dans le but de gagner notre vrai
Vie. Il est plus glorieux d'entrer dans le Royaume avec le désir de
donner à Christ la prééminence que d'entrer en boitant et en
criant parce que nous nous aimons trop nous-mêmes. Ne faites pas
d'erreur, si vous cherchez le Royaume, le Royaume vous trouvera, mais
vous devez être changés pour y rentrer. Si vous cherchez la
puissance de Dieu, vous devez accepter la faiblesse en vous-même. Si
vous voulez régner avec Lui vous devez souffrir avec Lui. Si vous
voulez Sa Vie vous devez abandonner votre propre vie. Vous pouvez
avoir l'une ou l'autre mais vous ne pouvez pas avoir les deux en même
temps. Il n'y a pas de croissance sans diminution, et il n'y a pas de
diminution sans croissance.
Que
le Fils puisse grandir à travers ces quelques paroles. Amen!
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