Édition S. DELATTRE Privas. Ardèche 1935
Edition Numérique Yves PETRAKIAN – France 2011 –
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. PRÉFACE
- Chapitre premier : L'humilité : la gloire de la
créature
- Chapitre II : L'humilité : le secret de la
rédemption
- Chapitre III : L'humilité de Jésus
- Chapitre IV : L'humilité enseignée par Jésus
- Chapitre V : L'humilité et les disciples de Jésus
- Chapitre VI : L'humilité dans la vie journalière
- Chapitre VII : L'humilité et la sainteté
- Chapitre VIII : L'humilité et le péché
- Chapitre IX : L'humilité et la foi
- Chapitre X : L'humilité et la mort du moi
- Chapitre XI : L'humilité et la joie
- Chapitre XII : L'humilité et l'élévation
- NOTES : NOTE A, NOTE B, NOTE C, NOTE D
- UNE PRIÈRE POUR L'HUMILITÉ
PRÉFACE
L'humilité se
justifie à un triple point de vue. Elle nous convient en tant que créatures,
ensuite comme pécheurs, enfin parce que nous sommes appelés à la sainteté. Nous
voyons la preuve du premier point de vue dans les armées célestes, chez le
premier homme, innocent en Eden, et chez Jésus, le créateur de l'humanité
nouvelle. Le second point de vue, en nous rappelant notre état de déchéance,
nous montre que c'est par l'humilité seule que l'homme pourra réoccuper sa
place légitime et normale dans le rang des créatures de Dieu. Enfin, lorsque
nous marchons dans la voie de la sainteté, il nous est donné de contempler le mystère de
l'amour rédempteur, et l'humilité devient alors en nous l'ornement et la condition
de toutes les bénédictions spirituelles.
Dans notre
enseignement religieux habituel, le second point de vue a été trop
exclusivement mis au premier plan, de sorte que quelques personnes ont même été
jusqu'à dire que nous devons conserver du péché si nous voulons réellement
rester humbles. D'autres encore ont pensé que la force de se condamner soi-même
est le secret de l'humilité. C'est une erreur. La vie chrétienne a diminué là
où les croyants n'ont pas été distinctement conduits à voir que, même dans nos
relations entre créatures, il n'y a rien de plus naturel, ni de plus
magnifique, ni qui apporte à l'âme plus de bonheur, que de n'être rien afin que
Dieu puisse être tout. La vie spirituelle ne peut grandir là où l'on n'a pas
clairement enseigné et compris que ce n'est pas le péché qui humilie le plus,
mais la grâce, et que c'est l'âme amenée à travers sa culpabilité à se
détourner d'elle-même pour ne s'occuper que de Dieu, dans sa gloire
merveilleuse comme Dieu, comme Créateur et Rédempteur, qui prendra
véritablement la place la plus basse devant Lui. Dans ces méditations j'ai,
pour plusieurs raisons, presque exclusivement appelé l'attention sur
l'humilité qui nous convient comme créatures. Je l'ai fait non seulement parce que le rapport
qui existe entre l'humilité et le péché est abondamment mis en relief dans tout
notre enseignement religieux, mais surtout parce que l'autre face de la vérité
concernant l'humilité est beaucoup plus importante. Nous ne pouvons, en
effet, posséder la vie spirituelle avec abondance sans comprendre et mesurer
l'importance de l'humilité. Si le Sauveur doit vraiment être notre modèle dans
son abaissement, nous avons besoin de posséder l'intelligence des principes dans lesquels cet état d'abaissement
avait ses racines. Nous trouverons là le terrain sur lequel nous pourrons tenir
ferme pour arriver à une ressemblance de plus en plus grande avec Jésus. S'il
nous convient d'être humbles, non seulement devant Dieu, mais aussi envers nos
semblables, si l'humilité doit être notre joie, il importe que nous comprenions
bien qu'elle n'est pas la conséquence de notre état de déchéance, mais notre
gloire, puisqu'elle est la beauté et la félicité du ciel, des anges et de
Jésus.
Imitons notre
Maître. Jésus trouva sa gloire en prenant la forme d'un serviteur. Quand il
nous dit : « Quiconque voudra être le premier parmi vous, qu'il soit votre
serviteur », il nous enseigne simplement la vérité bénie qu'il n'y a rien de si
divin et de si céleste que de servir les autres. Le fidèle serviteur, qui
comprend ce qu'est sa vraie place, trouve un réel plaisir à pourvoir à tous les
besoins de son maître ou de ses invités. Quand nous verrons que l'humilité est
quelque chose d'infiniment plus profond que la contrition, et que nous nous en
revêtirons pour pénétrer toujours plus avant dans la vie de Jésus, nous
commencerons à apprendre qu'elle est notre vraie noblesse et nous le prouverons
en servant, ce qui est la réalisation la plus parfaite de notre destinée de
créatures faites à l'image de Dieu.
Quand je
regarde en arrière, à mes propres expériences religieuses ou à celles de
l'Eglise de Christ dans le monde, je suis étonné de voir à quel point
l'humilité est peu recherchée comme le trait distinctif du disciple de Jésus.
Dans la prédication, dans la vie ordinaire, dans la vie familiale ou dans la
vie sociale, dans nos relations spirituelles avec nos frères et nos sœurs dans
le travail d'évangélisation, combien n'avons-nous pas de preuves, hélas ! que l'humilité n'est pas regardée comme la vertu
cardinale. Pourtant elle est l'unique racine sur laquelle les grâces peuvent se
développer, et la condition indispensable de la vraie communion avec Jésus. Il
est fâcheux d'entendre des mondains affirmer que ceux qui font profession de marcher dans la sainteté ne marchent malheureusement pas dans l'humilité. Quelle que soit
la part de vérité renfermée dans cette accusation, elle est un appel sérieux à
tous les chrétiens de prouver que la douceur et l'humilité de cœur sont les
principaux traits de caractère auxquels on reconnaît ceux qui suivent l'Agneau
doux et humble de cœur.
CHAPITRE premier : L'humilité : la gloire de la créature
Ils jetaient leurs couronnes devant le trône, en disant : Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l'honneur et la puissance ; car tu as créé toutes choses, et c'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles ont été créées. (Apocalypse 4: 10-11).
Lorsque Dieu
créa l'univers, ce fut avec l'unique intention de faire participer Ses
créatures à Ses perfections et à Sa fidélité, et de montrer ainsi la gloire de
Son amour, de Sa Sagesse et de Sa puissance. Dieu voulait se révéler en nous et
par nous en nous communiquant autant de Sa propre bonté et de Sa gloire que
nous étions capables d'en recevoir. Mais cette communication de vie
divine ne nous fut pas faite
comme quelque chose que nous pouvions posséder d'une façon indépendante, pour
en disposer à notre gré. De même que Dieu est l'éternel vivant, qu'il est
présent partout et qu'il agit sans cesse, qu'il soutient toutes choses par la
parole de Sa puissance, ainsi la relation de la créature avec Dieu ne pouvait
être qu'une relation de dépendance incessante, absolue et universelle. Aussi
réellement que Dieu nous a créés une fois par Sa puissance, il faut que, par cette
même puissance,
Il nous maintienne la vie, La créature n'a pas seulement à regarder en arrière
à l'origine de
l'existence pour reconnaître qu'elle doit tout à Dieu ; son principal souci, sa
plus haute vertu, son unique bonheur, maintenant et à travers toute l'éternité,
est de se présenter comme un vase vide dans lequel Dieu puisse habiter et
manifester Sa puissance et Sa bonté.
La vie que
Dieu nous accorde n'est donc pas un don fait une fois pour toutes, mais c'est
une grâce qu'il nous maintient à chaque instant, par l'opération incessante de
Sa parfaite puissance.
Par conséquent, l'humilité, qui est le sentiment de notre absolue dépendance de
Dieu, est, par la nature même des choses, le premier devoir, la plus haute
vertu de la créature et la racine de toute vertu.
Et de même
l'orgueil, ou la perte de cette humilité, est la racine de tout péché et de tout mal. Ce
fut quand les anges maintenant déchus commencèrent à se regarder avec complaisance qu'ils
furent conduits à désobéir et qu'ils furent chassés de la lumière du ciel dans
les ténèbres du dehors. C'est encore ce qui arriva quand le serpent fit
pénétrer le poison de son orgueil dans le cœur de nos premiers parents en leur inspirant le désir d'être comme Dieu ; ils
tombèrent de leur état de pureté dans toute la détresse dans laquelle les
créatures sont maintenant plongées. Dans les cieux et sur la terre, l'orgueil,
l'exaltation du moi a fait naître l'enfer ; il en est la porte et la
malédiction[1].
Par
conséquent, notre rédemption ne peut être que le rétablissement, dans nos
cœurs, de l'humilité perdue. Tant que cette grâce ne remplitpas
nos cœurs, nos relations avec Dieu sont fausses. C'est pourquoi Jésus est venu personnifier sur la terre l'humilité perdue, afin
de nous en rendre participants et de nous sauver par ce moyen. Dans les cieux,
il s'est humilié lui-même pour devenir homme. L'humilité que nous voyons en
lui, il la possédait dans le ciel ; il l'apporta du ciel. Ici sur la terre « il
s'humilia lui-même, et devint obéissant jusqu'à la mort » ; son humilité donna
à sa mort sa valeur et devint ainsi notre rédemption. Maintenant, le salut
qu'il nous donne n'est rien de moins et rien d'autre qu'une communication de sa
propre vie, de sa mort, de son esprit, de son humilité personnelle,
qui est la racine de ses relations avec Dieu et de son œuvre rédemptrice.
Jésus-Christ a pris notre place et réalisé notre destinée par sa vie de
parfaite humilité.
Notre salut a
sa source dans l'humilité de Christ ; le salut qu'il nous apporte consiste à
être humbles comme lui.
Ainsi la vie
des sauvés, des saints, doit nécessairement porter
ce sceau de délivrance du péché et de plein rétablissement dans l'état originel
; toutes nos relations avec Dieu et les hommes doivent porter la marque d'une
profonde humilité.
Sans elle, on ne peut demeurer en la présence de
Dieu, ni expérimenter son amour et la puissance de Son Esprit ; sans elle, la
foi ne peut habiter dans nos cœurs, ni l'amour, ni la joie, ni la force.
L'humilité est le seul terrain dans lequel les grâces s'enracinent ; l'absence
d'humilité est l'explication suffisante de toute défaite et de tout échec. L'humilité n'est pas
une grâce parmi d'autres grâces; c'est la racine de toutes les grâces, parce qu'elle seule prend
devant Dieu une attitude vraie, qui permet à notre Père céleste d'être tout en
nous et d'agir par nous.
En tant que
créatures raisonnables, Dieu nous a constitués de telle sorte que notre obéissance
est d'autant plus prompte et complète que nous voyons clairement la nature
réelle ou le besoin absolu d'un commandement. Aussi l'invitation à devenir
humble a-t-elle été trop peu écoutée dans l'Eglise, parce que la vraie nature
et l'importance de l'humilité ont été trop peu comprises. Ce n'est pas quelque
chose que nous apportons à Dieu:c'est simplement le sentiment de notre
absolu néant, qui s'empare de nous quand nous voyons combien il est vrai que
Dieu est tout. Alors nous avons soif de disparaître pour
que Dieu soit tout.
Quand la
créature sent que c'est là sa vraie noblesse, et qu'elle consent à être, avec
sa volonté, son esprit et ses affections, la forme, le vase dans lequel la vie
et la gloire de Dieu doivent agir et se manifester, elle voit que l’humilité
consiste simplement à reconnaître la vérité de sa position comme créature et à
rendre à Dieu la place qui Lui est due.
Dans la vie
des chrétiens sérieux, de ceux qui recherchent et professent la sainteté,
l'humilité doit être la principale marque de leur authenticité.
Il n'en est malheureusement pas toujours ainsi. Pourquoi ? Ne serait-ce pas
parce que, dans l'enseignement et l'exemple de l'Eglise, l'humilité n'a pas
occupé la place d'honneur qui lui appartient ? Cette vérité a été tellement négligée
et si peu comprise qu'on considère généralement notre état de péché comme la
grande influence qu'il faut faire agir pour nous pousser à devenir humbles.
Mais il existe un motif plus grand, et plus puissant, le motif qui donne aux
anges, au Seigneur Jésus, au plus saint parmi les saints dans le ciel, leur
parfaite humilité : c'est que la première et essentielle marque des relations
de la créature avec son Créateur, le secret de toute bénédiction, est
l'humilité et la conviction de notre néant qui laissent à Dieu la gloire d'être
tout.
Beaucoup de
chrétiens confesseront, j'en suis sûr, que leur expérience a été fort semblable
à la mienne en ceci, que nous avons longtemps connu le Seigneur sans éprouver
que la douceur et l'humilité de cœur doivent être les traits distinctifs du
disciple comme ils étaient ceux du Maître. Cette humilité n'est pas une chose
qui viendra naturellement, mais il faut la rechercher ardemment et avec
persévérance, prière et foi. En étudiant la
Parole de Dieu, nous verrons
quelles instructions très claires et fréquentes Jésus donne à ses disciples sur
ce point particulier,
quelle importance il y attache et combien ils furent lents à comprendre.
Reconnaissons donc, dès le début de nos méditations sur l'humilité,
qu'il n'y a rien de si insidieux, de si caché à nos yeux, de si difficile à
vaincre et de si dangereux que l'orgueil. Comprenons que la seule confiance
persévérante et très ferme en Dieu et en Jésus-Christ nous fera voir combien
nous manquons de la grâce de l'humilité, et combien nous sommes impuissants à
l'obtenir autrement que par la foi. Etudions le caractère de Christ jusqu'à ce
que nos âmes soient remplies d'amour
et d'admiration à la vue de son humilité. Croyons que, quand nous serons brisés
par la douleur de notre orgueil et de notre impuissance à nous en débarrasser,
Jésus-Christ nous communiquera lui-même cette grâce, comme une partie de sa vie merveilleuse.
CHAPITRE II : L'humilité : le secret de la rédemption
Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n'a point regardé cette égalité avec Dieu comme une richesse à garder pour lui, mais s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes, et en se montrant comme un simple homme ; il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé... (Philippiens 2 : 5-9).
Aucun arbre ne
peut croître que par les racines qui lui ont donné naissance. A travers toute
son existence, il ne peut vivre qu'avec la vie qui était renfermée dans la
semence d'où il est sorti. La pleine intelligence de cette vérité dans son
application au premier et au second Adam, nous aidera fortement à comprendre le
besoin et la nature de rédemption que nous avons en Jésus.
Quand le
serpent ancien, qui avait été chassé du ciel à cause de son orgueil, parla à
Eve dans le jardin d'Eden, ses paroles renfermaient le poison même de l'enfer.
Et quand notre malheureuse mère prêta une oreille complaisante à la voix de
Satan lui disant qu'elle serait comme Dieu,
qu'elle connaîtrait le bien et le mal, le poison entra dans son âme, dans son
sang, dans sa vie, détruisant pour toujours cette humilité bénie et cette
dépendance de Dieu qui devaient être notre bonheur éternel. Désormais la vie
d'Eve et celle de sa postérité étaient corrompues à leur racine même par le
plus terrible de tous les péchés et de tous les fléaux : le poison de Satan.
Toutes les détresses humaines ont
là leur unique source : fleuves de larmes et de sang, guerres entre peuples,
égoïsme, iniquités,
souffrances corporelles et morales, ambitions, jalousies, cœurs brisés, vies pleines
d'amertume et de désespoir, esclavage, alcoolisme, impureté, créatures écrasées par leurs semblables,
tout sort de l'orgueil. C'est l'orgueil qui a rendu nécessaire la rédemption ;
c'est de notre orgueil que nous avons besoin par-dessus tout d'être délivrés.
La connaissance du besoin que nous avons de la rédemption dépendra dans une
grande mesure de notre connaissance de la nature terrible de cette puissance
infernale qui a pénétré notre être tout entier.
Aucun arbre ne
peut croître que par les racines qui lui ont donné naissance. La puissance
maudite que Satan apporta de l'enfer et jeta dans la vie humaine travaille sans
cesse avec une force extraordinaire dans le monde. Les hommes en souffrent ; ils la craignent, ils
la combattent et la fuient ; mais ils ne savent d'où
elle vient, ni d'où elle reçoit sa terrible suprématie. Il n'est donc pas étonnant qu'ils ne sachent
si elle peut être vaincue et de quelle manière. L'orgueil a sa racine et sa
force dans une terrible puissance spirituelle, qui existe en nous aussi bien
qu'en dehors de nous. C'est pourquoi il est aussi nécessaire de le confesser et
de nous en humilier, que de le connaître dans son origine satanique. Alors
seulement nous serons amenés à désespérer complètement de pouvoir le vaincre et
le chasser ; et cette constatation de notre impuissance nous poussera
promptement vers cette puissance surnaturelle dans laquelle seule se trouve
notre délivrance : la rédemption de l'Agneau de Dieu. La lutte désespérée
contre les œuvres du moi et de l'orgueil au-dedans de nous peut réellement
devenir encore plus désespérée quand nous pensons à la
puissance de ténèbres qui nous enveloppe. Puisque l'ennemi n'est pas seulement en nous,
mais hors de nous, qu'il rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra
dévorer, c'est en réalisant notre impuissance à le vaincre que nous serons
amenés à accepter avec foi une puissance et une vie qui se trouvent aussi en
dehors de nous : cette humilité céleste que l'Agneau de Dieu nous a apportée
pour qu'elle prenne en nous la place de Satan et de son orgueil.
Aucun arbre ne
peut croître que par les racines qui lui ont donné naissance. Pareillement,
nous avons besoin de regarder au premier Adam et à sa chute pour connaître le
second Adam et sa puissance, afin de lui demander avec foi de mettre en nous
une vie d'humilité aussi réelle et aussi puissante qu'a été celle de l'orgueil.
Nous recevons notre vie de Jésus-Christ aussi réellement, même plus réellement,
que d'Adam, et de même que nous vivons en Adam dans notre état naturel, nous
pouvons tout aussi véritablement vivre en Christ, demeurer en Christ, par le Saint-Esprit. Nous
pouvons marcher « enracinés en Lui » (Col. 2 :7), «en nous attachant au Chef,
dont tout le corps tire l'accroissement que Dieu donne » (Col. 2 :19). La vie
de Dieu qui entra par l'incarnation dans la nature humaine est la racine d'où
nous tirons notre vie spirituelle et notre croissance journalière. Notre unique
besoin c'est d'apprendre à connaître et à croire que la vie qui nous a été
révélée en Christ est à nous maintenant, et qu'elle attend tout simplement
notre consentement pour prendre possession de nous et remplir tout notre être.
Sous ce
rapport, il est d'une suprême importance que
nous ayons des pensées tout à fait justes sur ce que Christ est, ce qui fait de
lui réellement le Christ, et spécialement ce qui doit être regardé comme le
trait principal, la racine et l'essence de tout son caractère de Rédempteur.
A cela, il ne peut y avoir qu'une réponse : c'est
son humilité. Qu'est-ce que
l'incarnation, si ce n'est son humilité céleste qui le fait s'anéantir pour
devenir homme ? Sa vie sur la terre n'est-elle pas une vie d'humilité ? « Je
suis au milieu de vous comme celui qui sert », dit-il à ses disciples (Luc 22 :
27 ; Jean 13 : 14-15). Sa mort sur la croix n'est-elle pas la suprême manifestation de son humilité ? « Il s'est humilié lui-même,
se rendant obéissant jusqu'à la mort » (Phi 2 : 8). Qu'est-ce que son ascension glorieuse,
si ce n'est son humilité exaltée jusqu'au trône de Dieu et couronnée de gloire
? « Il s'est humilié lui-même, c'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé » (Phi 2 : 9). Dans les cieux où
il vivait avec son Père, dans sa naissance à Bethléem, dans sa vie, dans sa
mort, dans sa présence sur le trône de Dieu, nous contemplons toujours et
partout son humilité. Il est l'humilité divine incarnée dans la nature humaine
; il est l'amour éternel s'humiliant, s'enveloppant du vêtement de la douceur
et de la bonté pour gagner nos cœurs, nous servir et nous sauver. Il était
ici-bas l'humilité incarnée et il est encore au milieu du trône l'Agneau de
Dieu, doux et humble de cœur.
Si l'humilité
est la racine de l'arbre, sa nature sera nécessairement vue dans chaque
branche, dans chaque feuille et dans chaque fruit. Si l'humilité est la grâce
suprême de la vie de Jésus qui renferme toutes les autres grâces, — si
l'humilité est le secret de son œuvre expiatoire, — alors la santé et la force de notre vie
spirituelle dépendront complètement de la mesure dans laquelle nous posséderons
cette grâce. Il faut que l'humilité ait à nos yeux une telle importance que ce
soit la chose essentielle que nous admirions en Jésus, la grâce suprême que
nous lui demandions de nous accorder et pour laquelle nous soyons prêts à tous
les sacrifices.
Est-il
étonnant que la vie chrétienne soit si souvent faible et stérile, quand la
racine même de la vie de Christ est négligée et inconnue ? Peut-on s'étonner
que la joie du salut soit si peu connue et sentie, quand la grâce, dans laquelle Christ l'a trouvée et nous l'a
apportée, est si peu cherchée ? Jusqu'à ce qu'une humilité qui reposera uniquement sur la fin et
la mort du moi ; qui abandonnera toute gloire humaine, comme fit Jésus, pour ne
chercher que la gloire qui vient de Dieu ; qui renoncera à elle-même en
regardant toutes choses comme une perte, comme de la boue (Phi 3 : 7-10), afin
que Dieu soit tout et que Christ seul soit exalté, — jusqu'à ce qu'une
semblable humilité devienne le désir suprême de nos cœurs, jusqu'à ce que ce
soit là ce que nous cherchions en Christ par-dessus tout comme notre principale
joie, jusqu'à ce que nous soyons décidés à obtenir cette grâce à tout prix,
nous ne pourrons être réellement vainqueurs du monde.
Je ne puis
insister trop sérieusement auprès de mes lecteurs pour les rendre attentifs au
besoin qu'ils ont de rechercher l'humilité de Jésus. Arrêtez-vous, réfléchissez
et demandez-vous s'il y a abondamment en vous et autour de vous, dans ceux qui
se disent chrétiens, l'Esprit de l'Agneau de Dieu, doux et humble de cœur.
Considérez que tout manque d'amour, toute indifférence aux besoins, aux
sentiments, aux faiblesses des autres, tout jugement téméraire et tranchant, toute parole dure, dont
on s'excuse si souvent sous prétexte qu'on est franc et honnête, toute
manifestation de mauvaise humeur
et d'irritation, tout sentiment d'amertume, ont leurs racines uniquement dans
l'orgueil et vos yeux seront ouverts pour voir combien l'orgueil rampe presque
partout, même dans les assemblées chrétiennes. Commencez à vous demander ce qui
se produirait si les croyants étaient, dans tous leurs rapports avec leurs
semblables, réellement et d'une manière permanente, guidés par l'humilité de
Jésus ; et dites si le cri de votre cœur tout entier, nuit et jour, ne devrait
pas être : Oh ! Seigneur Jésus, revêts-moi de ton humilité et revêts-en ceux
qui m'entourent ! Que votre cœur réfléchisse à tout ce qui vous manque pour que
votre vie ressemble à celle du Sauveur, et vous commencerez à sentir que vous
n'avez encore jamais réellement connu tout ce que Christ veut être pour vous.
Croyant,
étudie l'humilité de Jésus. C'est le secret et la racine cachée de ta
rédemption. Humilie-toi chaque jour plus profondément. Crois de tout ton cœur
que Christ entrera en toi pour y habiter, y travailler et te rendre tel que le
Père veut que tu sois ; Dieu te l'a donné afin que sa divine humilité accomplisse
l'œuvre de ton salut.
CHAPITRE III : L'humilité de Jésus
Je suis au milieu de vous comme celui qui sert. (Luc 22 : 27).
Dans l’Évangile de Jean, la vie intérieure de Jésus nous est pleinement dévoilée. Jésus parle fréquemment de ses rapports avec le Père, des mobiles qui l'animent, du sentiment qu'il a de la puissance et de l'esprit qui le font agir. Il est vrai que le mot « humble » ne se trouve pas dans l'Evangile de Jean, mais nulle part dans les Ecritures nous ne voyons si clairement en quoi consiste son humilité. Nous avons déjà dit ce qu'est cette grâce : c'est le simple consentement de la créature à laisser Dieu être tout, en nous soumettant à sa seule volonté. Dans la personne de Jésus, nous voyons à la fois comment, en tant que Fils de Dieu dans le ciel et en tant qu'homme sur la terre il prit vis-à-vis de son Père une attitude d'absolue dépendance, pour donner à Dieu l'honneur et la gloire qui lui sont dûs. Ce qu'il enseigne si fréquemment, il le montre réalisé dans sa personne : « Il s'est humilié, c'est pourquoi Dieu Ta souverainement élevé ».
Ecoutez de
quelle façon notre Seigneur parle de ses rapports avec son Père et vous verrez
comme il emploie sans cesse les mots ne
pas etrien, en parlant de lui-même. Le pas moi, par lequel Paul exprime sa
relation avec Christ, est l'esprit même de ce que dit le Sauveur de sa relation
avec son Père.
« Le Fils ne
peut rien faire de lui-même » (Jean 5 : 19).
« Je ne puis rien faire de moi-même ; mon jugement
est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté » (Jean 5 : 30).
« Je ne tire pas ma gloire des hommes » (Jean 5 :
41).
« Je suis
descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de
Celui qui m'a envoyé » (Jean 6 : 38).
Ma doctrine n'est pas de moi, mais de Celui qui m'a
envoyé » (Jean 7 : 16).
« Je ne suis pas venu de moi-même » (Jean 7 : 28).
« Je ne fais rien de moi-même, mais je parle selon
ce que le Père m'a enseigné. Celui qui m'a envoyé est avec moi ; il ne m'a pas
laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable » (Jean 8 : 29).
« Je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui
qui m'a envoyé » (Jean 8 : 42).
« Je ne
cherche pas ma gloire » (Jean 8 : 50).
« Les paroles
que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; et le Père qui
demeure en moi, c'est lui qui fait les œuvres » (Jean 14 : 10).
« La parole
que vous entendez n'est pas de moi, mais du Père qui m'a
envoyé» (Jean 14 : 24).
Toutes ces
paroles nous révèlent les racines les plus profondes de la vie et de l'œuvre de
Christ. Elles nous disent pourquoi le Dieu tout-puissant a pu accomplir Sa
grande œuvre de rédemption par son moyen. Elles nous montrent quels étaient les
sentiments du Fils de Dieu. Elles nous enseignent que la nature essentielle de
cette rédemption accomplie par Christ consiste en
ceci : Jésus n'était rien afin que Dieu pût être tout. Il s'abandonna
entièrement à la volonté de son Père pour être un instrument de salut en notre
faveur. De sa propre puissance, de sa propre volonté, de sa propre gloire, de
toute sa mission avec toutes ses œuvres et son enseignement, de toutes ses
paroles pleines de grâce et de vérité, — de tout cela il dit : Ce n'est pas moi ; je ne puis rien
faire de moi-même ; je me suis donné au Père pour qu'il travaille en moi et par
moi ; je ne puis rien, le Père est tout.
Dans cette vie
de complet oubli de lui-même d'absolue abnégation, de parfaite soumission à la
volonté de son Père, de dépendance ininterrompue, Christ trouva une paix et une joie parfaites : en donnant tout à Dieu, il ne perdit
rien. Dieu honora sa confiance, Il fut tout pour lui. Il l'éleva à sa droite
dans sa gloire. Parce que Jésus-Christ s'était ainsi humilié devant Dieu et que
Dieu était toujours devant ses yeux, il lui fut facile de s'humilier aussi
devant les hommes et d'être le serviteur de tous. Son humilité était simplement
l'abandon de lui-même à Dieu, pour permettre à son Père de faire en lui ce qui
Lui était agréable, sans s'inquiéter de ce que diraient les hommes qui
l'entouraient ou de ce qu'ils lui feraient.
C'est dans cet
état d'esprit, dans cette disposition, que la rédemption de Christ exerce sa vertu
et son efficacité. C'est pour nous amener à ces mêmes sentiments que nous
sommes faits participants de Christ. Cela est le vrai renoncement à nous-mêmes, auquel notre Sauveur
nous appelle, l'aveu que notre moi n'est bon qu'à mourir, qu'il ne faut pas
l'écouter quand il veut être ou faire quelque chose, que nous devons être comme
un vase vide que Dieu doit remplir. Par-dessus tout et avant tout, c'est en
ceci que consiste la conformité avec notre Sauveur :
n'être rien et ne rien faire de nous-mêmes afin que Dieu puisse être tout.
Voilà la
racine et la nature de la vraie humilité. Si notre humilité est si
superficielle et si faible, c'est parce que cette vérité n'est ni comprise, ni
aimée. Apprenons de Jésus le secret d'être doux et humble de cœur comme lui. Il
nous enseignera où la vraie humilité prend sa source et trouve sa force : dans
la connaissance que c'est Dieu qui accomplit tout en
tous et que, par conséquent, notre devoir est de nous abandonner à Lui avec un
renoncement absolu, pour consentir à n'être rien et à ne rien faire de
nous-mêmes. Pourquoi Jésus est-il venu vivre ici-bas et mourir sur la croix, si
ce n'est pour nous révéler cette vie de dépendance et nous permettre de la posséder
quand nous consentons à mourir à nous-mêmes ? Si nous sentons que cette vie est
trop élevée pour nous, que nous ne pouvons la réaliser par nos efforts,
cherchons-la auprès de Jésus, en demeurant en lui. Il nous conduira sur le
rocher que nous ne pouvons atteindre (Ps. 61 : 3). C'est le Christ intérieur
qui réalisera en nous cette vie de douceur et
d'humilité. Si nous soupirons réellement après une telle vie, cherchons, avant
tout, à connaître le saint secret de la nature de Dieu. Par-dessus tout chaque enfant
de Dieu doit être un témoin montrant que nous ne sommes que des vases, des
canaux à travers lesquels le Dieu vivant peut manifester les richesses de Sa
sagesse, de Sa puissance et de Sa bonté. La racine de toute vertu et de toute
grâce, de toute foi et de toute adoration acceptable, c'est de reconnaître que
nous n'avons rien. Nous recevons tout
de Dieu et devons nous courber devant Lui dans l'humilité la plus profonde pour
attendre tout de Sa grâce.
C'est parce
que cette humilité n'était pas seulement chez le Sauveur un sentiment intermittent,
mais l'esprit de toute sa vie, qu'il fut aussi humble dans ses relations avec
les nommes qu'avec Dieu. Il se sentait le serviteur de Dieu pour les hommes que
Dieu a créés et aimés ; et, comme conséquence naturelle, il se regardait comme
le serviteur des hommes, afin que Dieu puisse accomplir son œuvre d'amour au
travers de lui. Jamais il ne songea un seul instant à chercher sa propre gloire
ou à se servir de sa puissance pour se défendre. L'esprit qui l'animait était
celui d'un être parfaitement abandonné à
Dieu pour être son instrument au milieu des hommes. Tant que les chrétiens n'étudieront pas
l'humilité de Jésus pour arriver à comprendre que
c'est l'essence même de sa puissance rédemptrice,
la bénédiction même de sa vie de Fils de Dieu, l'unique source de sa vraie
relation avec le Père, et par conséquent ce que Jésus doit nous communiquer si
nous voulons participer un jour à sa gloire, ils seront faibles et tristes. Il
faut renoncer à notre religion si pauvre et tout sacrifier pour posséder cette
humilité céleste qui est la marque première et essentielle de Jésus-Christ en
nous.
Frères,
êtes-vous revêtus d'humilité ? Demandez-le à votre vie journalière. Demandez-le à Jésus.
Demandez-le à vos amis. Demandez-le au monde. Et commencez à louer Dieu de ce
qu'il nous a ouvert en Jésus l'accès à une humilité céleste
que vous avez à peine connue jusqu'à présent et à travers laquelle une
bénédiction céleste, que vous n'avez encore jamais goûtée, peut venir habiter
en vous.
CHAPITRE IV : L'humilité enseignée par Jésus
Apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur. (Mathieu 11 : 29).
Quiconque veut être le premier parmi vous, qu'il soit votre esclave. C'est ainsi que le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir... (Mathieu 20 : 27-28).
Nous avons vu
l'humilité dans la vie du Sauveur quand
il nous a ouvert son cœur ; maintenant écoutons
son enseignement. Nous entendrons ce
qu'il dit de l'humilité et à quel point il s'attend à ce que ses disciples
soient humbles comme il l'était. Etudions soigneusement les passages que je me
contente de citer ; nous aurons alors une idée de la place capitale qu'elle
occupe dans son enseignement. Cela nous aidera à mieux comprendre ce qu'il
demande de nous.
Jetons un coup
d'œil sur le commencement de son ministère. Dans les béatitudes qui ouvrent le Sermon sur la Montagne, il dit : « Heureux les pauvres en esprit, car
le royaume des deux est à eux. Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront
la terre. » Ces premières
paroles sont une révélation des conditions à remplir pour pouvoir entrer dans
le royaume des cieux. Le royaume est donné aux pauvres qui n'ont rien, qui se
reconnaissent pauvres ; la terre appartiendra aux doux, qui ne cherchent rien
en eux-mêmes. Les bénédictions des cieux et de la terre sont pour les humbles,
car l'humilité est
le secret de toute bénédiction sur la terre et dans le ciel.
« Recevez mes instructions, car je
suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. » (Mat 11 : 29.) Jésus vient à
nous comme professeur, comme docteur, pour nous enseigner. Et il nous dit en
même temps ce que nous trouverons en lui en tant que docteur,
dans quel esprit il nous enseignera et ce que nous apprendrons et recevrons de
lui, si nous entrons à son école. La douceur et l'humilité sont les seules choses qu'il nous
offre ; en les -recevant, nous trouverons le repos parfait de l'âme. L'humilité
sera notre salut.
Les disciples
avaient discuté entre eux pour savoir lequel était le plus grand dans le royaume des cieux, et ils s'étaient accordés
pour le demander au Maître (Mathieu 18 : 3 : Marc 9 : 33-34 ; Luc 9 :46) « Jésus,
ayant appelé un petit enfant le plaça au milieu d'eux et dit : « Quiconque se
fera humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux.
Car celui qui est te plus petit parmi
vous tous, c'est celui-là qui est grand ».
Qui est le plus grand dans le royaume des cieux ? La question est réellement
d'une immense portée. Quelle sera la principale distinction dans le royaume des
cieux ? Jésus seul pouvait donner la réponse. La principale gloire du ciel, le véritable esprit
céleste, la couronne de toutes les grâces est l'humilité. « Celui qui est le plus petit parmi
vous tous, c'est
celui-là qui est grand. »
(Luc 9 :48.)
La mère des
fils de Zébédée fit un jour une demande à Jésus. «
Ordonne, lui dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis dans ton
royaume, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche. » Jésus répondit : « Cela ne dépend pas de moi, et
ne sera donné qu'à ceux à qui mon Père l'a réservé ». Il leur parle d'une coupe
de souffrance à boire et d'un baptême d'humiliation
à recevoir, puis il ajoute : « Quiconque veut être grand parmi vous, qu'il soit
votre serviteur, et quiconque veut être le premier parmi vous, qu'il soit votre
esclave. C'est ainsi que le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais
pour servir » (Mat 20 : 26-27). L'humilité est le trait distinctif de Christ,
l'homme céleste ; elle sera la seule bannière glorieuse dans le ciel ; le plus
humble est le plus près de Dieu. La primauté dans
l'Eglise est promise au plus petit.
En parlant à
la foule et à ses disciples, des pharisiens et de leur amour pour les premières
places, Christ répète encore : Celui
qui est le plus grand parmi vous sera votre serviteur » (Mat 23: 11). L'humiliation est
le seul escalier d'honneur dans le royaume de Dieu.
Une autre
fois, dans la maison d'un pharisien, il raconte la parabole de l'hôte qui est invité
à monter plus haut (Luc 14: 7-11), et il ajoute : « Car quiconque s'élève sera
abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé ». Il y a là une loi absolue.
Après avoir
raconté la parabole du pharisien et du péager, Jésus dit de nouveau : « Celui qui s'élève sera abaissé, et
celui qui s'abaisse sera élevé »
(Luc 18 : 14). Aller dans le temple pour se présenter devant Dieu dans
l'adoration est un acte indigne s'il n'est pas accompli dans un sentiment vrai
de profonde humilité envers Dieu et envers les hommes.
Lorsqu'il eut
lavé les pieds de ses disciples, Jésus leur dit : « Si donc je vous ai lavé les
pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les
uns aux autres » (Jean 13 : 14). La nécessité de donner à l'humilité la première place dans nos cœurs et
dans nos vies nous est montrée encore ici avec une grande force par l'exemple
et la parole du Sauveur.
Quand le
Seigneur institua la sainte Cène, dans le dernier repas avec ses disciples,
ceux-ci étaient en contestation pour savoir lequel d'entre eux devait être
estimé le plus grand (Luc 22 : 26). Jésus leur dit : « Que le plus grand parmi
vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert... Je
suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22 : 26-27). Le sentier dans
lequel Jésus marcha et dans lequel il nous invite à marcher, la puissance et
l'esprit dans lesquels il nous a sauvés, c'est toujours l'humilité qui fait de
nous les serviteurs de tous nos semblables.
Hélas ! Cette
vérité est insuffisamment enseignée et
pratiquée. On la laisse dans l'ombre. Son absence est trop peu sentie et
confessée. Je ne dis pas combien peu de chrétiens arrivent à ressembler à Jésus
dans son humilité, mais combien peu sont même préoccupés du besoin de la
rechercher et de la posséder. Le monde, hélas ! la voit très peu en nous.
« Quiconque
veut être le premier parmi vous, qu'il soit votre serviteur. » Oh ! que Dieu nous fasse comprendre et croire
par le Saint-Esprit ce que Jésus nous dit ici. Nous savons tous ce que doit
être le caractère d'un fidèle serviteur. Son devoir est de se consacrer aux
intérêts de son maître, de chercher à lui plaire, de prendre son plaisir à
l'honorer et à travailler à son bonheur. Il y a sur la terre des serviteurs qui
possèdent ces sentiments et qui mettent leur gloire à bien servir. Sont-ce là
nos dispositions à l'égard de Dieu ? Notre but est-il de faire toujours ce qui
lui est agréable ? Faisons-nous l'expérience que nous trouvons notre plus haute
liberté dans le service de Dieu ? Si oui, nous avons besoin maintenant
d'apprendre une autre leçon : c'est que Jésus nous appelle à être les
serviteurs les uns des autres et que nous trouvons aussi
dans ce service, quand nous l'accomplissons de bon cœur et avec humilité, une
grande bénédiction, une nouvelle et plus complète liberté
à l'égard du péché et du moi. A cause de notre orgueil qui nous pousse à
vouloir être quelque chose, nous trouverons dur tout d'abord de servir. Mais,
si nous apprenons que n'être rien devant Dieu, c'est la gloire de la créature,
l'esprit de Jésus, la joie du ciel, nous serons heureux de servir même ceux qui
nous éprouvent et nous vexent. Quand tout notre cœur aura soif de sainteté,
nous étudierons chaque parole de Jésus sur l'abaissement du moi avec un nouveau
zèle, et aucune place ne sera trop petite, aucune humiliation trop profonde,
aucun service à rendre trop insignifiant ou trop difficile, si nous pouvons
seulement participer à la communion de celui qui dit : « Je suis au milieu de
vous comme celui qui sert. »
Frères, c'est
ici le chemin de la vie la plus noble. Il faut descendre, descendre toujours
plus bas ! C'est la leçon que Jésus ne se lasse pas de répéter à ses disciples,
qui voulaient être grands dans le royaume et s'asseoir l'un à sa droite et
l'autre à sa gauche. Ne cherchez pas, ne demandez pas à monter ; cela, c'est
l'affaire de Dieu. Cherchez, au contraire à vous abaisser et à vous humilier,
et ne prenez aucune autre place devant Dieu ou devant les hommes que celle de
serviteurs ; c'est là ce que Dieu attend de vous ; que ce soit votre seule
ambition et votre prière. Dieu est fidèle. De même que l'eau cherche toujours,
pour les remplir, les endroits les plus bas, ainsi, au moment où Dieu trouve
une créature humaine humiliée et vide d'elle-même, il fait couler en elle sa
gloire et sa puissance,
pour l'élever et la bénir. Celui qui s'humilie — que ce soit là notre unique préoccupation — sera élevé ; cela est la
préoccupation de Dieu. Par sa force toute puissante et dans son grand amour, il
le fera.
Les hommes
parlent quelquefois comme si l'humilité et la douceur nous privaient de ce qui
est noble et humain. Oh ! puissions-nous croire,
avec une foi inébranlable, que nous posséderons seulement la vraie noblesse du
royaume des cieux, l'esprit royal du Fils de Dieu, la ressemblance avec
Dieu, quand nous nous humilierons pour devenir les serviteurs des autres. Voilà
le sentier de la joie et de la gloire, de la présence permanente de Christ en
nous, de sa puissance reposant toujours sur nous.
Jésus, le
Sauveur doux et humble, nous invite tous à apprendre de lui le chemin qui
conduit à la plénitude de Dieu. Etudions les paroles que nous avons lues,
jusqu'à ce que notre cœur soit rempli de cette pensée : mon unique besoin,
c'est d'être humble. Croyons que cette vie humble qu'il nous montre réalisée en
lui, il veut nous la donner ; ce qu'il est, il nous le communique.
Regardons à lui de tout notre cœur dans un esprit de foi et de prière, et il
entrera chez nous et il habitera en nous avec sa douceur et son humilité.
CHAPITRE V : L'humilité et les disciples de Jésus
Que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert... (Luc 22 : 26).
Nous avons
étudié l'humilité dans la personne et renseignement de Jésus ; cherchons-la maintenant dans le perde de ses douze apôtres. Si
nous ne la trouvons pas en eux, le contraste qu'ils présentent avec leur Maître
nous aidera à apprécier le merveilleux changement que la Pentecôte accomplit dans leurs cœurs et nous
donnera la preuve de la victoire que l'humilité de Christ peut remporter en
nous sur l'orgueil de Satan.
Dans les
enseignements de Jésus que nous avons lus ensemble, nous avons déjà vu combien
nombreuses sont les occasions dans lesquelles les disciples avaient montré leur
manque d'humilité.
Une fois, ils
avaient discuté en chemin pour savoir lequel d'entre eux était le plus grand.
Une autre fois, les fils de Zébédée avec
leur mère avaient demandé les premières places à la droite et à la gauche du
Sauveur, dans son royaume. Et plus tard, au dernier souper, il y eut de nouveau
une dispute pour savoir lequel d'entre eux était le plus grand. Sans doute, à
certains moments ils s'humilièrent devant leur Sauveur. C'est ce que fit Pierre
quand il s'écria : « Retire-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur
». C'est encore ce qui arriva pour les disciples, quand ils se prosternèrent
devant Jésus et qu'ils l'adorèrent, après qu'il eut apaisé la tempête. Mais ces
manifestations exceptionnelles d'humilité ne font que donner un relief plus
fort à leur orgueil habituel et à la puissance de leur vie propre. Il y a là
pour nous d'importantes leçons.
Combien, tout d'abord, il peut y avoir dans une vie
chrétienne de religion sérieuse et active sans humilité. Voyez les disciples. Certes, il y
avait dans leur cœur un véritable attachement à Jésus. Ils avaient tout
abandonné pour le suivre. Le Père leur avait révélé qu'il était le Fils de
Dieu. Ils croyaient en lui, ils l'aimaient, ils obéissaient à ses
commandements. Quand d'autres l'abandonnèrent, ils s'attachèrent
d'autant plus à lui. Ils étaient prêts à mourir avec lui. Mais, sous toute
cette consécration, il y avait dans les profondeurs de leur être une puissance
ténébreuse, dont ils soupçonnaient à peine l'existence et la laideur, qui
devait être mise à mort et chassée, avant qu'ils pussent devenir les témoins de
la puissance de Jésus pour sauver. Il en est de même encore maintenant. Nous pouvons
trouver facilement des professeurs et des pasteurs, des évangélistes et des
travailleurs chrétiens, des missionnaires et des docteurs, en qui les dons de
l'Esprit sont nombreux et évidents, et qui sont les canaux de grandes bénédictions pour des multitudes. Mais quand vient
pour eux le temps de l'épreuve, ou quand on les observe de près, on s'aperçoit
avec tristesse que la grâce de l'humilité est très faible dans leur cœur. Tout
tend à confirmer la leçon que l'humilité est une des plus grandes grâces, mais
une des plus difficiles à atteindre. C'est une grâce, en effet, qui réclame nos
plus grands efforts, une grâce que nous ne posséderons pleinement que lorsque la plénitude de l'Esprit
nous rendra participants de la nature de Christ et qu'il habitera en nous.
Une seconde
leçon non moins importante à recevoir, c'est
de constater combien tous les enseignements extérieurs et tous les efforts personnels sont impuissants pour vaincre
l’orgueil et nous donner un cœur doux et humble.
Pendant trois
ans, les disciples avaient été instruits à l'école de Jésus. Il leur avait dit
fréquemment qu'elle était la principale leçon qu'il voulait leur enseigner ; «
Apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur ». Que de fois il leur
avait parlé de l'humilité comme du seul sentier qui conduit à la gloire de
Dieu. Il n'avait pas seulement vécu en leur présence dans sa divine humilité,
il leur avait encore plus d'une fois dévoilé le secret intérieur de sa vie : «
Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir ». « Je
suis parmi vous comme celui qui sert. » Il leur avait lavé les pieds et leur
avait dit qu'ils devaient suivre son exemple. Cependant ils avaient peu profité de ses leçons.
Pendant l'heure sacrée de l'institution de la sainte Cène, leur Maître avait eu
la douleur de les entendre discuter pour savoir
lequel d'entre eux était le plus grand. Ils avaient sans doute souvent essayé d'apprendre
ses leçons et pris la ferme résolution de ne plus l'affliger, mais en vain.
Pour leur enseigner, et à nous aussi, la leçon si importante qu'aucune instruction extérieure, pas même celle de Jésus,
qu'aucun argument
convaincant, qu'aucun sentiment profond de la beauté de l'humilité, qu'aucune
résolution personnelle, qu'aucun effort sérieux et sincère ne peut chasser le
démon de l'orgueil, il fallait ces expériences douloureuses. Quand Satan chasse
Satan, c'est seulement pour entrer de nouveau avec une puissance plus forte, quoiqueplus
cachée. Il n'y a qu'un moyen d'être délivré : c'est que la nouvelle nature —
celle du Christ glorifié — nous soit communiquée dans sa divine humilité pour
prendre la place de l'ancienne, et pour devenir aussi réellement notre nature
même que si nous l'avions toujours possédée.
De là une
troisième leçon à recevoir : C'est
seulement par l'habitation de Christ en nous, dans sa divine humilité, que nous
devenons vraiment humbles.
Nous avons
reçu notre orgueil d'Adam ; nous devons recevoir notre humilité de Christ
L'orgueil est à nous et nous gouverne avec une terrible puissance ; il nous
possède, c'est nous-mêmes, c'est notre nature même. L'humilité doit nous
appartenir, nous posséder de la même manière ; elle doit pénétrer notre âme et
notre esprit, elle doit être notre nature même. Il doit nous être aussi facile
d'être humble qu'il nous était naturel et facile d'être orgueilleux. Les
promesses de Dieu ne nous appartiennent-elles pas ? Ne nous est-il pas dit que
« là où — même dans le cœur — le péché a abondé, la grâce a surabondé » ? Tout
l'enseignement de Christ à ses disciples et tous leurs vains efforts étaient la
préparation nécessaire pour qu'il pût venir habiter en eux par l'Esprit, et
ainsi non seulement leur donner, mais être lui-même en eux ce qu'il leur avait
appris à désirer. Dans sa mort, il détruisit la puissance du démon, il ôta le
péché et nous acquit une rédemption éternelle. Dans sa résurrection, il reçut
du Père une vie entièrement nouvelle, la vie de l'homme revêtu de la puissance
de Dieu (Mat 28 : 18), capable d'être communiquée aux hommes, en entrant dans
leur vie pour les renouveler et les remplir de sa divine puissance. Après son
ascension, il reçut l'Esprit du Père, par lequel il peut faire ce qu'il ne
pouvait pas, quand il était ici-bas : il s'unit intimement à ceux qu'il aime,
il devient avec eux un même esprit et un même cœur, de sorte que Paul peut dire
: « Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi ». C'est pourquoi, à
partir de la Pentecôte, quand il
vint et prit possession de ses disciples en les baptisant du Saint-Esprit, ils
vécurent devant Dieu dans une humilité semblable à la sienne, parce que c'était
lui, Jésus, qui vivait et respirait en
eux. L'œuvre de préparation et de conviction, de soupirs et d'espérance, que son enseignement avait produite, fut rendue parfaite
par le puissant changement que la
Pentecôte produisit.
Les vies et les épîtres de Jacques, de Pierre et de Jean rendent témoignage que
tout était changé en eux, et que l'Esprit du Christ doux et humble de cœur
avait réellement pris possession d'eux.
Que
dirons-nous à l'égard de ces choses ? Parmi mes lecteurs, il y a certainement
plus d'une catégorie. Il y en a sans doute quelques-uns qui n'ont encore jamais
pensé très spécialement à cette question ; ils ne peuvent immédiatement se rendre compte de son immense
importance et comprendre qu'il s'agit, pour l'Eglise et pour chacun de ses
membres, d'une question de vie ou de mort. Il y en a d'autres qui ont été
repris dans leur conscience et qui ont fait de sérieux efforts pour revêtir des
sentiments d'humilité, mais ils ont échoué et se sont découragés. D'autres ont
fait un pas de plus : ils peuvent rendre un vrai et joyeux témoignage à la
grâce de Dieu qui a brisé en eux bien des chaînes et leur a accordé de grandes bénédictions spirituelles, cependant il n'y a
jamais eu en eux la conviction de ce qui leur manque sous le rapport de
l'humilité. Autour d'eux, on le voit, et eux sont aveugles. D'autres encore
peuvent rendre témoignage que le Seigneur les a revêtus d'humilité en leur
accordant desdélivrances et en leur faisant remporter des victoires,
mais il leur a aussi montré tout ce qui leur manque et combien ils ont à
recevoir de la plénitude de
Jésus. A laquelle de ces classes appartenons-nous ? Oh ! puissions-nous comprendre le
besoin d'acquérir une conviction plus profonde de la place de l'humilité dans
la religion de Christ et de la complète impossibilité pour l'Eglise d'être ce
que Dieu veut aussi longtemps que l’humilité de Christ n'est pas reconnue
comme étant sa principale gloire, son premier commandement et notre plus haute
bénédiction. Considérons avec
sérieux combien les apôtres étaient déjà instruits à l'école de Jésus, tandis
que cette grâce leur manquait d'une manière effrayante, et demandons à Dieu que
nous ne puissions pas être satisfaits avec d'autres dons, tant que cette grâce
nous manque encore. Son absence chez les chrétiens est la raison secrète de
l'impuissance de Dieu à accomplir toute Son œuvre sur la terre. Quand nous
connaîtrons et comprendrons, comme le Fils, que nous ne pouvons rien faire de nous-mêmes, alors
seulement Dieu fera tout et travaillera puissamment en nous.
Lorsque la
vérité de l'habitation de Christ en nous prendra la place qu'elle doit avoir
dans l'expérience des croyants, alors l'Eglise revêtira ses vêtements
magnifiques, et l'humilité éclatera dans
tous ses membres comme la beauté de la sainteté.
CHAPITRE VI : L'humilité dans la vie journalière
Celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? (Jean 4 : 20).
C'est une pensée bien solennelle de savoir que notre amour pour Dieu sera mesuré à l'amour que nous manifestons aux hommes dans nos rapports de chaque jour, et qu'il est une pure illusion s'il ne se prouve pas par un amour réel et constant pour nos semblables. Notre humilité doit subir la même épreuve. Il nous est facile de penser que nous sommes humbles devant Dieu. Mais, la seule preuve suffisante de notre humilité devant Dieu sera notre humilité vis-à-vis de notre prochain.
C'est à cela
qu'on verra si l'humilité a établi sa demeure en nous et si elle est devenue
notre nature même. Quand nos sentiments d'humilité sont, non pas une attitude
que nous revêtons à certains moments, quand nous pensons à Dieu, ou que nous
prions, mais qu'ils sont l'esprit même de notre vie, cela se voit dans toutes
nos relations avec nos frères. Il y a une leçon de profonde importance dans le
fait que la seule humilité qui est réellement nôtre n'est pas celle que nous
essayons de montrer à Dieu en priant, mais celle dont nous témoignons par notre
conduite habituelle. Les détails insignifiants de la vie journalière sont les
faits révélateurs de notre caractère et en sont les épreuves en vue de l'éternité,
parce qu'ils donnent le témoignage de ce qu'est réellement l'esprit qui nous
possède. C'est dans nos moments d'abandon, de détente, que nous montrons aux
autres et que nous voyons nous-mêmes ce que nous sommes. Pour connaître l'homme
humble, et voir comment il se conduit, il nous faut le suivre dans sa vie de
tous les jours.
N'est-ce pas
justement ce que Jésus nous enseigne ? C'est lorsqu'il entend ses disciples
discuter entre eux pour savoir lequel d'entre eux est le plus grand, ou bien
quand il voit combien les pharisiens aiment les premières places dans les
festins et les premiers sièges dans les synagogues, ou encore quand il donne à
ses disciples un exemple en leur lavant les pieds, qu'il leur enseigne
l'humilité. L'humilité devant Dieu n'est rien, s'il n'y a pas d'humilité devant
les hommes.
Paul donne le
même enseignement. Aux chrétiens de Rome, il écrit : « Par honneur usez de
prévenances réciproques » (Rom. 12 : 10). « N'aspirez pas à ce qui est élevé,
mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne vous regardez pas comme
sages. » (Rom. 12 : 16). Dans sa première épître aux Corinthiens (1Co 13 :4-5),
il dit : «L'amour ne se vante pas, ii ne s'enfle pas d'orgueil, il ne cherche
pas son intérêt,
il ne s'irrite pas. » Or, il n'y a pas d'amour qui n'ait pour racine
l'humilité. Aux Ephésiens, immédiatement après les trois merveilleux chapitres sur la vie céleste, il ajoute :
« Je vous exhorte donc à marcher en toute humilité et douceur, vous
supportant les uns les autres avec charité » (Eph 4 : 1-2). Aux Philippiens (Phi 2 :3-5) : «Ne faites rien
par esprit de dispute ou par vaine gloire, mais que l'humilité vous fasse
regarder les autres comme plus excellents que vous-mêmes. Ayez en vous les
sentiments qui étaient en Jésus-Christ. Il s'est humilié lui-même jusqu'à la
mort». Aux Colossiens (Col 3: 12): «Revêtez-vous d'entrailles de miséricorde,
de bonté, d'humilité, de douceur, de patience.
Supportez-vous les uns les autres, et, si l'un a sujet de se plaindre de l'autre, pardonnez-vous réciproquement.
De même que Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi ». C'est dans nos relations les uns
avec les autres que la vraie humilité se montre. Notre humilité devant Dieu n'a
aucune valeur, si elle ne nous prépare pas à révéler à nos semblables l'humilité
de Jésus. Étudions à la lumière de ces paroles ce que doit être notre humilité
dans la vie de chaque jour.
L'homme humble
cherche en tout temps à servir les autres et à les regarder comme étant plus
excellents que lui-même. On pose quelquefois cette question : Comment ces sentiments
d'humilité à l'égard de nos semblables peuvent-ils exister dans nos cœurs ?
Comment pouvons-nous les regarder comme meilleurs que nous-mêmes, quand nous
constatons qu'ils sont bien au-dessous de nous en sagesse et en sainteté, en
dons naturels ou en grâce ? Cette question montre une fois de plus combien nous comprenons peu ce qu'est le réel esprit
d'humilité. La vraie humilité prend possession de nous quand, dans la lumière
de Dieu, nous avons vu notre impuissance et constaté notre néant, et que dans
le double sentiment de notre indignité et de notre néant, nous avons consenti à
nous séparer de nous-mêmes en chassant notre moi, afin de laisser Dieu être
tout en nous. L'âme qui a fait cela et qui peut dire : « Je me suis perdue pour
Te trouver », ne se compare plus aux autres. Elle a abandonné pour toujours
toute pensée personnelle et égoïste. L'homme humble se souvient sans cesse
qu'il n'est rien qu'un serviteur de Dieu et de ses semblables. Un fidèle
serviteur peut être plus sage que son maître, et pourtant garder le véritable
esprit et l'attitude d'un serviteur. L'homme humble estime chaque enfant de
Dieu, même le plus faible et le plus indigne, et l'honore en voyant en lui le
fils d'un Roi. L'esprit de celui qui a lavé les pieds de ses disciples le rend
capable de se réjouir d'être serviteur des autres.
L'homme humble
n'éprouve aucune jalousie, aucune envie. Il peut louer Dieu quand d'autres lui
sont préférés. Il se réjouît en entendant faire la louange d'autres personnes,
alors que lui-même est oublié, car il a appris à dire avec Paul : « Je ne suis
rien ». II a l'esprit de Jésus et il ne cherche pas sa propre gloire.
Quand les
maladresses et les péchés de nos semblables sont pour nous des tentations à
l'impatience, aux pensées dures et aux paroles tranchantes, l'homme humble
pense à l'exemple et aux recommandations du Sauveur. Il sait qu'en revêtant le
Seigneur Jésus, il a reçu de lui un cœur plein de compassion, de bonté,
d'humilité, de douceur, de patience. Jésus ayant pris en lui la place du moi,
il peut pardonner comme son Sauveur lui a pardonné. Son humilité ne consiste
pas simplement à se condamner en pensées ou en paroles, mais à se revêtir d'entrailles de
miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, comme Paul le recommande.
En s'efforçant
d'atteindre les plus hauts sommets de
la vie chrétienne, le croyant est souvent en danger de chercher avant tout à
posséder les vertus les plus humaines, telles que la hardiesse, la joie, le
mépris du monde, le zèle, le sacrifice de soi-même, — les anciens stoïciens
enseignaient et pratiquaient ces vertus, — tandis que les grâces plus
profondes, plus aimables, plus divines, plus célestes, celles que Jésus
enseigna d'abord ici-bas, parce qu'il les apporta du ciel, celles qui font
partie de sa croix et de la mort du moi, — pauvreté en esprit, douceur,
humilité, — le préoccupent à peine et sont peu estimées.
C'est pourquoi revêtons les sentiments de Jésus-Christ et montrons que nous lui
ressemblons, non seulement par notre zèle pour sauver les perdus, mais avant
tout dans nos relations avec nos frères, en les supportant, en leur pardonnant
comme Dieu nous a pardonné par Jésus.
Frères,
étudions dans la Bible le portrait de l'homme humble.
Demandons à nos amis, demandons au monde s'ils reconnaissent en nous une
certaine ressemblance avec l'original. Ne soyons pas facilement satisfaits,
mais prenons chacun des textes qui nous parlent de l'humilité comme une
promesse de Dieu qui se réalisera en nous, comme une révélation en paroles de ce
que l'Esprit de Jésus nous donnera .Que chaque échec, au lieu de nous
décourager, nous pousse simplement et humblement vers l'Agneau de Dieu doux et
humble de cœur, dans la certitude que
s'il règne dans notre cœur, son humilité et
sa douceur seront comme un fleuve d'eau vive qui coulera de lui en nous1.
1 « Je connaissais Jésus, et il était très précieux à mon âme ; mais je
trouvais en moi quelque chose qui ne voulait pas demeurer dans la douceur, la
patience et la bonté. Je fis ce que je pus pour le chasser, mais inutilement.
Alors je suppliai Jésus de me délivrer, et quand je lui abandonnai ma volonté,
il vint habiter dans mon cœur et il en ôta tout ce qui n'était pas doux, bon,
patient, puis il ferma la porte. » Georges FOX.
Une fois de
plus, je répète ce que j'ai déjà dit. J'ai la profonde conviction que nous ne
comprenons pas combien l'Eglise souffre et reste faible, parce qu'elle manque
de cette divine humilité qui permettrait à Dieu de manifester sa puissance. Un
chrétien, plein de zèle, d'humilité et d'amour, exprima dernièrement sa tristesse d'avoir constaté à quel point l'esprit
d'amour et de support manque entre ouvriers du Seigneur dans les champs
missionnaires. Des hommes et des femmes, qui pouvaient en Europe choisir leur propre cercle d'amis,
trouvent dur, en mission, de supporter leurs collègues, de les aimer et de
conserver l'unité de l'Esprit par le lien de la paix. Et c'est ainsi que ceux
qui devraient être pour leurs compagnons de travaux une source de joie et de
force, deviennent des instruments de faiblesse et de
découragement. L'unique raison de ces vies stériles, c'est l'absence
d'humilité. Comme tout changerait si
ces missionnaires se réjouissaient de n'être rien et cherchaient uniquement,
comme Jésus, à être les serviteurs et les soutiens des autres, même des moins
doués et des plus indignes.
D'où vient
donc que des hommes, qui ont joyeusement tout quitté pour suivre Christ,
trouvent si dur d'avoir, vis-à-vis de leurs frères, des sentiments de véritable
et profonde humilité ? L'Eglise n'est-elle pas responsable
d'un pareil état d'esprit et de cœur ? N'est-ce pas parce qu'elle a trop peu
enseigné à ses enfants que l'humilité de Christ est la première des vertus, la
meilleure de toutes les grâces et de toutes les puissances de l'Esprit ? Elle a
trop peu montré qu'une humilité semblable à celle du Christ est le but à
poursuivre et à atteindre. Son importance n'a pas été comprise et les
prédicateurs n'en parlent pas. Que la découverte de
l'absence de cette grâce nous pousse à regarder à Dieu et à l'attendre de Lui.Considérons chaque
frère qui nous éprouve ou nous vexe, comme un moyen de grâce, un instrument de
Dieu destiné à notre purification, afin que Jésus puisse nous remplir de son
humilité. Mettons toute notre confiance dans la puissance de Dieu, convaincus
que nous ne sommes rien. Alors, n'étant rien à nos propres yeux, nous pourrons,
par le Saint-Esprit, nous servir l'un l’autre dans l'amour.
CHAPITRE VII : L'humilité et la sainteté
J'ai tendu les mains tous les jours vers un peuple rebelle, qui marche dans une voie mauvaise, au gré de ses pensées... ... qui dit : Retire-toi, ne m'approche pas, car je suis saint ... (Esaïe 65 : 2-5).
Nous avons à
bénir Dieu pour tous les besoins de sainteté qu'il a créés dans le cœur de ses
enfants. Les réunions de sanctification sont de plus en plus nombreuses et
fréquentées ; des multitudes de chrétiens rendent témoignage du bien qu'ils y
ont reçu. Jamais on n'a davantage mis en lumière les précieuses vérités de la sanctification par la foi en Christ. Comment pouvons-nous
reconnaître que Dieu nous a visités en nous sanctifiant ? Ne sera-ce pas en constatant en nous une humilité toujours plus
grande ? L'humilité est la condition indispensable pour permettre à la sainteté
de Dieu d'habiter dans la créature et de briller par nous. L'humilité est le
secret de la vraie sainteté. En Jésus, le Saint de Dieu qui nous rend saints,
une divine humilité fut le secret de sa vie, de sa mort et de son ascension
glorieuse. La seule preuve réelle de notre sainteté sera notre humilité devant
Dieu et devant les hommes. L'humilité est la fleur et la beauté de la sainteté.
La sainteté
apparente se reconnaît surtout à son absence d'humilité. Tout croyant qui a
soif de sainteté a besoin d'être vigilant, de peur qu'inconsciemment ce qui
avait été commencé dans l'Esprit ne se continue dans la chair. L'orgueil se
glisse si facilement là où on s'attendrait le moins à le trouver. Nous
connaissons tous la parabole des deux hommes qui montèrent au temple pour prier. Il n'y a pas de
lieu sacré dans lequel le pharisien ne puisse entrer. L'orgueil peut se
manifester même dans le temple de
Dieu et mettre la créature à la place du Créateur. En ayant l'air d'adorer
Dieu, le pharisien s'adorait lui-même.
Depuis
l'époque où Jésus a mis à nu l'orgueil du pharisien, celui-ci a revêtu le
manteau du péager ; il sait confesser sa grande culpabilité, en même temps
qu'il fait profession d'expérimenter la délivrance du péché. C'est
justement quand nous aurons le plus soif d'avoir un cœur dans lequel Dieu seul
habite, que nous reconnaîtrons en
nous les deux hommes en train de monter au temple pour prier. Le péager fera
l'expérience que le danger de chute ne vient pas du pharisien qui se trouve à
côté de lui et qui le méprise, mais du pharisien intérieur qui le complimente
et l'enorgueillit. Dans le temple de Dieu, quand nous croyons être à l'abri des
tentations, dans la seule présence du Saint des saints, prenons garde à
l'orgueil. Souvenons-nous « qu'un jour les fils de Dieu vinrent se présenter
devant l'Eternel et que Satan vint aussi au milieu d'eux» (Job 2: 1). «O Dieu,
je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, ou même
comme ce péager. »
Le moi peut trouver de quoi se nourrir et se
développer dans des expressions de reconnaissance. Oui, même dans le temple, même en parlant
le langage de la pénitence et de la confiance en la seule grâce de Dieu, le pharisien peut entonner un chant de louanges et
se féliciter lui-même tout en ayant l'air de remercier Dieu.
L’orgueil se revêt facilement des vêtement de
la louange ou de la pénitence. Même quand nous rejetons avec dégoût ces paroles
: « Je ne suis pas comme le reste des hommes », nous pouvons garder leur esprit
dans nos sentiments et même dans notre langage vis-à-vis
de nos frères. Que sont toutes les médisances qui sortent de bouches pieuses,
sinon l'esprit du pharisien ? On oublie si facilement de regarder les autres
comme plus excellents que soi-même. N'y a-t-il pas des Eglises ou des
assemblées de saints, des missions ou des conventions, des sociétés, des
comités, même des missions en pays païens, dans lesquels l'harmonie a été
troublée et l'œuvre de Dieu rendue stérile, parce que des hommes qui font
profession de ne plus s'appartenir ont, par leur susceptibilité, leur
impatience, leurs jugements sévères, leurs paroles dures,
donné la preuve qu'ils étaient loin de considérer les autres comme meilleurs
qu'eux-mêmes et que leur sainteté manquait de douceur et d'humilité ? Nous
pouvons avoir eu, dans notre histoire spirituelle, des temps de grande
humiliation et de brisement de cœur, et pourtant demeurer
orgueilleux. Etre revêtu d'humilité, avoir un esprit
humble, se regarder comme le serviteur des autres, et ainsi manifester l'esprit
même qui était en Jésus-Christ, c'est tout autre chose.
« Retire-toi, ne m'approche pas, car
je suis plus saint que toi ! »
Quelle parodie de la sainteté !
Jésus, le Saint de Dieu, est l'homme parfaitement humble
: le plus saint sera toujours le plus humble. Dieu seul est saint. Nous n'avons
de sainteté que ce que nous avons de Dieu en nous. Et, par conséquent, notre humilité réelle se mesure aussi à ce que nous
avons de Dieu en nous, car l'humilité n'est rien que la disparition du moi,
quand Dieu se révèle à nous comme étant tout. Le plus saint sera le plus
humble. Hélas ! si le Juif
orgueilleux des jours d'Esaïe ne se montre plus autant à découvert aujourd'hui — nous sommes trop bien
élevés pour tenir son langage — son esprit se voit encore fréquemment dans la
façon dont nous agissons avec les chrétiens ou avec les mondains. Il y a dans
l'esprit qui anime de nombreux croyants quelque chose qui révèle que si le
vêtement est celui du péager, la voix est encore celle du pharisien : « O Dieu,
je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme les autres hommes. »
Peut-on donc
posséder une telle mesure d'humilité, qu'on
s'estimera moins que le moindre des saints (Ephésiens 3 : 8) et le serviteur de tous ?
Certainement. « L'amour ne se vante point, ne s'enfle point d'orgueil, ne cherche
pas son intérêt.
» Dans le cœur où l'esprit d'amour est répandu, où le Christ, le doux et humble
Agneau de Dieu, est vraiment formé, habite la puissance d'un amour parfait qui
s'oublie et trouve son bonheur à faire du bien aux autres en les supportant et en les honorant, quelque faibles
qu'ils soient. Quand cet amour entre dans un cœur, Dieu y entre. Là où Dieu
entre et se révèle comme étant Tout, la créature reconnaît son néant et éprouve
le besoin de s'anéantir. Lorsque la
créature a pris ainsi sa vraie place devant Dieu, il lui est facile de la
prendre devant les hommes en se faisant la servante des autres. La présence de
Dieu devient permanente, et l’âme, profondément courbée devant Dieu, devient le lieu saint de sa présence.
Puissions-nous
apprendre de Dieu que nos pensées, nos paroles et nos sentiments concernant nos
semblables sont pour Lui la révélation de notre humilité envers Lui. Notre
humilité devant Lui est la seule puissance qui puisse nous rendre capables
d'être toujours humbles dans nos rapports avec les hommes. La seule vraie
humilité n'est pas autre chose que la vie de Christ, l'Agneau de Dieu, en nous.
Je me sens
pressé de dire à tous les prédicateurs qui
proclament la nécessité et la possibilité de
la sainteté et à tous ceux qui ont soif de sainteté et qui la recherchent dans
le secret de leur cœur ou dans les conventions : Prenez garde, veillez, car il
n'y a pas d'orgueil si dangereux, parce qu'il n'y en a pas de si subtil et de si
insidieux, que l'orgueil de la
sainteté. Ce n'est pas qu'un
homme dise toujours, ou même pense : « Retire-toi, ne m'approche pas, car je
suis saint. » Certes, non ; une telle pensée serait regardée avec horreur.
Mais, inconsciemment,
on pense à soi avec complaisance, on se compare aux autres, et quelquefois on
ne s'en rend pas compte. Cet orgueil se révèle, non seulement en paroles ou en pensées, mais dans un
son de voix, dans une certaine manière de parler des
autres, dans laquelle ceux qui ont le don du discernement spirituel ne peuvent
que reconnaître la puissance du moi. Le monde même,
avec ses yeux perçants, le remarque et
y voit une preuve que la profession d'une vie céleste ne porte pas des fruits
particulièrement célestes. Oh ! frères, prenons garde. Si nous ne faisons pas notre étude de
la nécessité de croître dans l'humilité, nous pouvons vivre d'illusions en
croyant grandir en sainteté. Il est facile de trouver sa joie dans de belles
pensées et dans des sentiments pieux, dans des actes solennels de consécration
et de foi, tandis que la plus sûre marque de la présence de Dieu, la
disparition du moi, est toujours absente. Venez et fuyons vers Jésus ;
cachons-nous en lui, jusqu'à ce que nous soyons revêtus de son humilité. Demandons à
Dieu de se révéler à nous. Alors il y aura dans notre âme ce dégoût de
nous-mêmes, cette haine de notre vie propre qui est justement la marque de
l'âme qui a vu la gloire de Dieu (Job 42 : 5-6 ; Esaïe 6 : 5). Cette humilité-là est notre
sainteté.
CHAPITRE VIII : L'humilité et le péché
Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. (1 Timothée 1 : 15).
L'humilité est
souvent identifiée avec la pénitence et
la contrition. Comme conséquence, il semblerait que le seul moyen d'entretenir
l'humilité, c'est de garder l'âme occupée de son
péché. Nous avons appris, je pense, que l'humilité est quelque chose d'autre et quelque
chose de plus. Nous avons vu par l'enseignement de notre Sauveur et par les
épîtres combien souvent cette vertu est recommandée sans qu'on fasse appel à
notre état de culpabilité. Dans la nature même des choses, dans toute la
relation de la créature avec son Créateur, dans la vie de Jésus telle qu'il Ta
vécue et qu'il nous la communique, l'humilité est l'essence même de la
sainteté, comme de la félicité. C'est le moi chassé et Dieu prenant sa place.
Or où Dieu est tout, le moi n'est plus rien.
Pourtant, si
j'ai éprouvé spécialement le besoin de mettre en lumière ce côté de la vérité,
j'ai à peine besoin de dire quelle nouvelle profondeur et
quelle intensité le péché de l'homme et la grâce de Dieu donnent à l'humilité
des saints. Il suffit de considérer un homme comme l'apôtre Paul pour voir
comment à travers sa vie d'homme racheté et sanctifié, le profond sentiment
d'avoir été un pécheur se perpétue d'une façon indélébile. Nous connaissons
tous les passages dans lesquels il fait allusion à sa vie de persécuteur et de
blasphémateur. « Je suis le moindre des apôtres, je ne suis pas digne d'être
appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l'Eglise de Dieu... J'ai travaillé plus
qu'eux tous, non pas moi pourtant, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. » (1
Cor. 15 : 9-10). « A moi qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a
été donnée de prêcher aux païens. » (Ephésiens 3 : 8). « Moi, qui étais auparavant un
blasphémateur, un persécuteur, un homme violent, j'ai obtenu miséricorde, parce
que j'agissais par ignorance, dans l'incrédulité... Jésus-Christ
est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. »
(1Timothée 1 : 13-15). La grâce de Dieu l'avait sauvé ; Dieu ne se souviendrait plus
jamais de ses péchés ; mais lui, Paul, jamais, non jamais, il ne pourrait oublier
de quelle épouvantable manière il avait péché. Plus il se réjouissait dans le
salut de Dieu, plus son expérience le remplissait d'une joie inexprimable, plus
grandissait en lui le sentiment qu'il était un pécheur sauvé. Son salut
n'aurait eu pour lui aucune signification, ni aucune douceur, si le sentiment
d'être un pécheur ne le lui eût rendu si précieux et si réel. Jamais il n'a pu
oublier qu'il était un pécheur que Dieu avait pris dans ses bras pour le serrer
sur son cœur paternel et le couronner de son amour.
Les textes que
nous venons de citer sont souvent appelés
la confession de péchés habituelle de Paul. Mais on n'a qu'à les lire soigneusement
dans leur contexte pour voir que cette façon de penser n'est pas exacte. Ils
ont une signification bien plus profonde. Dans ces passages, l'apôtre envisage
l'humilité avec laquelle le racheté se courbera devant le trône en compagnie de
ceux qui ont été lavés de leurs péchés dans le sang de l'Agneau. Jamais,
jamais, même dans la gloire, les sauvés ne pourront être que des pécheurs rachetés ; jamais, pendant un seul moment de
cette vie, l'enfant de Dieu ne pourra vivre dans la pleine lumière de Son amour
sans le sentiment que le péché, dont il a été sauvé, est
son seul titre à la grâce de Dieu. L'humilité, avec laquelle il est d'abord
venu à Jésus comme pécheur, acquiert une nouvelle signification quand il
apprend à quel point elle lui convient en tant que créature. Et alors de
nouveau l'humilité, dans laquelle il vit, a ses tons les plus profonds et les
plus riches d'adoration, dans le souvenir qu'il est un monument de l'amour
merveilleux du Dieu rédempteur.
La vraie
portée de ce que nous enseignent ces expressions de Paul devient très claire
quand nous prenons garde au fait remarquable que nous ne trouvons jamais sous
sa plume, même dans les épîtres où nous avons ses confidences les plus intimes,
quelque chose qui ressemble à une confession de péchés. Il n'y a nulle part une
seule mention de négligence ou de défaite, ni une allusion quelconque à ce
qu'il n'ait pas accompli tout son devoir, ou qu'il ait péché contre la loi de
l'amour parfait. II y a, au contraire, quelques passages de ses lettres dans
lesquels il se défend, dans un langage qui ne signifie rien, s'il n'en appelle
pas à sa vie irréprochable devant Dieu et devant les hommes. «
Vous êtes témoins, et Dieu l'est aussi, que nous avons eu envers vous qui
croyez une conduite sainte, juste et irréprochable » (1 Thessaloniciens 2 : 10). « Ce qui fait notre gloire, c'est ce témoignage de notre conscience, que nous nous sommes conduits dans le monde, et surtout à
votre égard, avec pureté et sainteté devant Dieu » (2Corinthiens 2 : 12) ([2]) II ne s'agit pas ici d'un idéal
ou d'une aspiration ; c'est un témoignage que Paul rend à sa vie de tous les
jours. De quelque façon que nous considérons cette absence de confession de
péchés, chacun doit reconnaître qu'elle est l'indice d'une vie vécue dans la
puissance du Saint-Esprit, comme nous en voyons fort peu à notre époque.
Le point sur
lequel je désire insister est celui-ci : le fait même de l'absence d'une
confession de péchés donne une très grande force à la vérité que
nous avons mise en lumière. Ce n'est pas dans l'état de péché journalier que se
révèle le secret d'une humilité plus profonde, mais dans le souvenir permanent
et d'autant plus vivant en nous que la grâce y abondera davantage,
que Tunique place où nous puissions être bénis, la seule attitude vraie et
permanente devant Dieu, c'est de confesser avec une joie inexprimable que nous
sommes des pécheurs sauvés par grâce.
Avec le
profond souvenir que Paul gardait d'avoir péché si terriblement dans le passé
avant de connaître la grâce de Dieu, et le sentiment d'être gardé actuellement du péché, il avait constament en lui le souvenir de la sombre puissance du péché toujours prête à
revenir et dont il n'était gardé que par la présence et la puissance de Christ
en lui. « En moi, c'est-à-dire dans ma chair, ce qui est bon, je le sais, n'y
habite pas. » Ces paroles de Rom. 7 : 18 nous disent ce que sera la chair
jusqu'à la fin. Quant à la glorieuse délivrance de Rom. 8 : « La loi de l'Esprit,
telle qu'elle est vivante en Jésus-Christ, m'a affranchi de la loi du péché et
de la mort », ce n'est ni l'anéantissement, ni la sanctification de la chair,
mais une continuelle victoire remportée
en nous par l'Esprit, qui fait mourir les œuvres du corps. Comme la santé
expulse la maladie, comme la lumière fait disparaître les
ténèbres, comme la vie est victorieuse de la mort, ainsi l'habitation de Christ
en nous par l'Esprit est la santé, la lumière et la vie de l'âme.
Les trois
passages que nous avons cités montrent clairement
ce qu'était la merveilleuse grâce accordée à Paul, cette grâce dont il sent à chaque instant un tel besoin et qui l'humilie
si profondément. La grâce de Dieu qui était en lui le rendait capable de
travailler plus abondamment que
tous les autres apôtres. Cette grâce de prêcher aux païens les richesses
insondables de Christ, cette grâce qui abondait excessivement avec la foi et
l'amour qui est en Jésus-Christ, — ce fut elle qui conserva en Paul le souvenir
si intensément vivant d'avoir autrefois péché et d'être encore capable de
pécher. « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. » Ce passage révèle comment l'essence même de la
grâce est de travailler à ôter le péché. Plus l'expérience de la grâce abonde dans un cœur, plus
le sentiment d'être un pécheur devient intense.
Ce n'est pas le péché, mais la grâce de Dieu montrant à un homme et lui
rappelant sans cesse quel pécheur il était, qui le gardera vraiment humble. Ce n'est pas le péché, mais la
grâce, qui m'a réellement rendu capable de me connaître comme pécheur, et m'a
donné de moi-même une telle horreur que je n'ai plus jamais quitté cette
attitude de renoncement à ma vie propre.
Je crains
qu'il n'y ait de nombreuses personnes qui
aient cherché à s'humilier elles-mêmes en
se condamnant et en se grondant, et qui aient dû confesser avec tristesse qu'un
esprit humble et un cœur rempli d'humilité, avec ses fruits de bonté et de
compassion, de douceur et de patience, leur restait encore aussi étranger que
jamais. Comme elles sont occupées de leur moi, tout en ayant la plus profonde
horreur, elles n'en peuvent être délivrées. C'est la révélation de Dieu, non seulement par la loi condamnant le péché, mais par sa grâce délivrant
du péché, qui nous rendra humbles. La loi peut briser le cœur par la crainte,
mais la grâce seule met en nous cette douce humilité qui devient notre seconde
nature et qui nous apporte la joie. Ce fut la révélation de Dieu dans Sa sainteté,
s'approchant pour se faire connaître comme le
Dieu de grâce, qui fit d'Abraham et de Jacob, de Job et d'Esaïe,
des hommes qui se sont courbés si bas. C'est l'âme dans laquelle Dieu, le
Créateur, comme le Tout de la créature dans son néant, Dieu, le Rédempteur dans
Sa grâce, comme le Tout du pécheur dans sa culpabilité, est attendu avec
confiance et adoration ; c'est cette âme qui se trouvera si remplie de Sa présence, qu'il n'y aura plus de
place pour le moi. Ainsi seulement peut être accomplie la
promesse : « L'homme orgueilleux sera humilié, et le hautain sera abaissé :
l'Eternel seul sera élevé ce jour-là » (Esaïe 2 : 17).
Le pécheur qui
habite dans la pleine lumière de la sainteté de Dieu et de l'amour rédempteur,
qui fait l'expérience de cette pleine habitation en nous de l'amour divin, que
l'on reçoit par Christ et le Saint-Esprit, ce pécheur-là sera nécessairement
humble. Ne sois pas occupé de tes péchés, mais sois occupé de Dieu, et tu
trouveras la délivrance de ton moi.
CHAPITRE IX : L'humilité et la foi
Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient de Dieu seul? (Jean 5 : 44).
J'entendais
dernièrement un prédicateur dire que les bénédictions de la vie chrétienne la
plus élevée sont souvent comme les objets exposés à l'intérieur de la devanture
d'un magasin, — on peut les voir clairement, mais on ne peut les toucher, ni
les prendre. Si Ton disait à un homme d'étendre la main pour les saisir, il
répondrait : « Je ne puis, il y a une vitre épaisse entre eux et moi ». C'est ainsi
que les chrétiens peuvent voir clairement les précieuses promesses de paix parfaite et de repos, d'amour
débordant de joie, de communion permanente et
pleine de fruits, et cependant sentir qu'il y a quelque chose entre eux et ces promesses qui les empêche d'en prendre réellement possession. Quel est l'obstacle ? Rien que l’orgueil. Les promesses faites à la foi sont
si généreuses et si sûres ; les invitations et les encouragements si forts ; la
grande puissance de Dieu sur laquelle nous pouvons compter est si proche et si
gratuite, qu'il ne peut y avoir qu'un seul obstacle à la prise de possession de
la bénédiction ; cet obstacle, c'est simplement ce qui nous empêche de croire.
Dans notre texte, Jésus nous révèle que c'est l'orgueil qui nous rend la foi
impossible. « Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns
des autres ? » Quand nous verrons combien, dans leur nature même, l'orgueil et
la foi sont irréconciliablement contraires, nous apprendrons que la foi et
l'humilité ont la même racine, et que nous ne pourrons jamais avoir plus de
vraie foi que nous n'aurons de vraie humilité. Tout en ayant une forte
conviction intellectuelle et une grande assurance de la vérité,
nous verrons qu'en même temps l'orgueil habite dans notre cœur et nous rend
impossible la foi vivante qui tire sa puissance de la communion avec Dieu.
Réfléchissons
un moment à ce qu'est la foi. N'est-elle pas la confession de notre néant et de
notre impuissance, l'abandon entre les mains de Dieu et l'attente qui le laisse
être tout et faire tout. N'est-elle pas en elle-même la chose la plus humble
qu'il puisse y avoir, — l'acceptation de notre vraie place, comme étant
celle d'une absolue dépendance de Dieu, de telle sorte que nous ne pouvons rien
réclamer, ou obtenir, ou faire, que ce que la grâce accorde ? L'humilité est
simplement la disposition qui prépare l'âme à vivre de foi. Et tout ce qui
n'est pas esprit d'humilité, — la recherche de soi, la volonté propre, la
confiance en soi, même le plus secret souffle d'orgueil, — est justement la
force de ce moi charnel qui ne peut entrer dans le royaume ou posséder les
choses du royaume, parce qu'il refuse de laisser Dieu être ce qu'il est et doit
être en tous.
La foi est
l'organe ou le sens qui comprend ce qu'est le monde céleste avec ses
bénédictions et qui s'en empare. La foi cherche la gloire qui vient de Dieu,
qui vient seulement là où Dieu est tout. Aussi longtemps que nous recevons de
la gloire les uns des autres, et que nous cherchons, aimons et conservons jalousement la gloire de
cette vie, l'honneur et la réputation qui viennent des hommes, nous ne
cherchons pas et nous ne pouvons pas recevoir la gloire qui/vient de Dieu.
L'orgueil rend la foi impossible. Le salut nous est donné à travers une croix ;
il nous est donné en Christ crucifié. Le salut est la communion avec le Christ
crucifié, dans l'esprit de la croix. Le salut est l'union joyeuse avec
l'humilité de Jésus, il est une participation à
cette humilité bénie qui rend l'âme heureuse. Est-il étonnant que notre foi
soit si faible quand l'orgueil règne encore avec tant de force ? Nous avons à
peine appris à désirer l'humilité et à prier pour la recevoir. Elle est la part
la plus nécessaire et la plus bénie du salut.
L'humilité et
la foi sont beaucoup plus unies dans les Ecritures qu'on ne le pense généralement.
Voyez-en la preuve dans la vie de Jésus-Christ. Dans deux circonstances, il
parle d'une grande foi. Après avoir entendu le centenier, Jésus fut dans
l'étonnement, et il dit à ceux qui le suivaient : « Je vous dis en vérité, même
en Israël, je n'ai pas trouvé une aussi grande foi. » Comment s'était
manifestée cette foi du centenier ? Ecoutez : « JE
NE SUIS PAS DIGNE que tu
entres sous mon toit » (Mat 8 : 5-13). Quand le Sauveur admire la foi de la Cananéenne et
qu'il lui dit : « Femme, ta foi est grande ; qu'il te soit fait comme tu
désires », n'est-ce pas parce que cette païenne avait dit : « Oui, Seigneur,
mais les petits chiens mangent les
miettes qui tombent de la table de leurs maîtres?» (Mat 15: 21-28). C'est
l'humilité qui amène l'âme à n'être rien devant Dieu, c'est elle qui éloigne
tout empêchement à la foi, qui nous fait croître dans la grâce et met dans le
cœur la seule crainte de déshonorer Dieu en lui refusant notre confiance
entière.
Frères et
sœurs, n'avons-nous pas ici la cause de notre échec dans la recherche de la
sainteté ? N'est-ce pas, sans que nous nous en doutions, ce qui rend notre foi
et notre consécration si superficielles et si insuffisantes ? Nous n'avions
aucune idée à quel point l'orgueil et le moi étaient encore secrètement à l'œuvre en nous, et comment Dieu
seul peut les chasser par sa puissance, en venant habiter en nous. Nous n'avions pas
compris que la nature divine seule peut nous rendre réellement humbles en
prenant entièrement la place du vieux moi. Nous ne savions pas qu'une humilité
absolue, ininterrompue,
universelle, doit être la racine de chaque prière,
de chaque regard vers Dieu, aussi bien que de tous nos rapports avec nos semblables ; et que nous pourrions tout aussi
bien essayer de voir sans yeux, ou de vivre sans respirer, que de croire en
Dieu, ou de nous approcher de lui, ou de demeurer dans Son amour, sans être
tout pénétrés d'humilité.
Frères et
sœurs, n'avons-nous pas commis une erreur en prenant tant de peine pour croire,
pendant qu'il y avait tout le temps en nous le vieux moi avec son orgueil
cherchant à prendre possession pour lui-même de la bénédiction et des richesses
de Dieu ? Ne soyons pas étonnés de n'avoir pas pu croire. Changeons de route. Cherchons
avant tout à nous humilier sous la puissante main de Dieu, et Il nous élèvera. La croix, la mort et la tombe,
dans lesquelles Jésus s'est humilié pour nous sauver, étaient son chemin pour arriver à la gloire de Dieu. Nous
devons suivre le même sentier. Que notre seul désir et notre fervente prière
soient de nous humilier avec lui et comme lui. Acceptons joyeusement tout ce
qui peut nous rendre humbles devant Dieu et devant les hommes. C'est !e seul
chemin qui conduise à la gloire de Dieu.
Vous éprouvez
peut-être le besoin de formuler une question. J'ai parlé de quelques hommes qui
font de précieuses expériences spirituelles, ou qui sont des instruments pour
communiquer à d'autres les bénédictions célestes, et qui, pourtant,
manquent encore d'humilité. Vous vous étonnez et vous vous demandez si ces
expériences ne sont pas la preuve qu'ils ont une foi réelle et même puissante,
malgré leur recherche de l'honneur qui vient des hommes. On peut faire à cette
question plus d'une réponse. Mais la principale réponse à donner, la voici :
ces serviteurs de
Dieu ont vraiment une certaine mesure de
foi, en proportion de laquelle ils sont en bénédiction à d'autres, avec les
dons spéciaux que Dieu leur a accordés. Mais, dans cette bénédiction même, le travail de leur foi est
affaibli à cause de l'absence d'humilité. La bénédiction est souvent
superficielle ou momentanée, parce que Dieu n'est pas tout dans leur œuvre. Une
humilité plus profonde apporterait certainement une bénédiction plus abondante.
Le Saint-Esprit, ne travaillant pas seulement en eux comme un Esprit de
puissance, mais habitant aussi en eux dans la plénitude de sa grâce, et spécialement dans la plénitude de l'humilité,
aurait communiqué aux nouveaux convertis, par le moyen de ces évangélistes, une
vie de puissance, de sainteté et de fidélité trop peu connue de nos jours.
« Comment
pouvez-vous croire, vous qui cherchez la
gloire qui vient des hommes ? » Frères et sœurs, rien ne peut vous guérir du
désir de recevoir la gloire qui vient des hommes ; rien ne peut non plus vous
guérir du sentiment pénible de
la douleur et de la colère que vous éprouvez quand elle ne vous est pas donnée. Mais Dieu vous
guérira, si vous cherchez sincèrement la gloire qui vient de Lui seul. Que
cette gloire de Dieu devienne votre unique ambition. Alors vous serez délivrés
de la recherche de la gloire des hommes et du moi, et vous serez heureux de
n'être rien. N'étant plus rien à vos propres yeux et ne voulant plus rien être,
vous deviendrez forts en la foi, vous donnerez gloire
à Dieu, et vous trouverez que plus vous vous courbez humblement devant Lui,
plus II s'approche de vous pour vous accorder la réalisation de tous les désirs
de votre cœur.
CHAPITRE X : L'humilité et la mort du moi
Il s'est humilié, s'étant rendu obéissant jusqu'à la mort (Philippiens 2 : 8).
L'humilité est
le chemin de la mort, parce que dans la mort elle donne la plus haute preuve de
sa perfection. L'humilité est la fleur de laquelle la mort du moi est le fruit parfait. Jésus s'est
humilié jusqu'à la mort et a ouvert le sentier dans lequel nous devons aussi
marcher. De même qu'il n'y avait pas pour lui d'autre chemin pour prouver sa
parfaite soumission à Dieu, que de se livrer à lui en passant par la mort afin
de s'élever de la faible nature humaine à la gloire du Père, il en est de même
pour nous. L'humilité doit nous conduire à mourir à nous-mêmes. Nous donnerons
ainsi la preuve que nous avons tout abandonné pour Dieu. La mort au moi est le
moyen d'être délivrés de notre nature déchue et de trouver le sentier qui conduit à la vie en Dieu.
Nous avons dit
ce que fit Jésus pour ses disciples quand il leur communiqua sa vie de
résurrection, le jour de la
Pentecôte, en descendant lui-même du ciel pour venir habiter en
eux. Il reçut la puissance d'agir ainsi en donnant sa vie. La vie qu'il
communiqua était une vie sortant de la mort et gagnée par la mort. Celui qui
vint habiter en eux était lui-même quelqu'un qui avait été mort, mais qui maintenant vivait pour toujours. Sa vie, sa
personne, sa présence, portent les marques de la mort, les marques d'une vie
sortie, issue de la mort. Dans ses disciples, cette vie porte toujours aussi
les marques de la mort. C'est seulement quand l'Esprit de mort, l'Esprit du
Mort habite et travaille dans l'âme, que la puissance de sa vie peut être
connue. La première et principale marque de la mort du Seigneur Jésus, que
montre le vrai disciple du Sauveur, c'est l'humilité.
L'humilité seule conduit à une mort complète ; la mort seule rend parfaite l'humilité. L'humilité et la mort sont, dans leur nature,
une seule et même chose. L'humilité est le bouton ;
dans la mort le fruit mûrit et devient parfait.
L'humilité
conduit à une mort parfaite.
L’humilité
signifie le renoncement à nous-mêmes pour nous anéantir devant Dieu en reconnaissant que nous ne sommes rien. Jésus s'est
humilié et est devenu obéissant jusqu'à la mort. Dans la mort, il a donné la
preuve la plus grande, la preuve parfaite qu'il avait abandonné sa volonté pour
faire la volonté de Dieu. Dans la mort, il renonça à lui-même, à sa répugnance
naturelle à boire la coupe; il renonça à la
vie qu'il avait revêtue en prenant notre nature ; il mourut à lui-même et fut
vainqueur des tentations qui l'assaillaient. C'est ainsi qu'il put entrer comme
homme dans la vie parfaite de Dieu. Si son humilité n'avait pas été sans
bornes, s'il ne s'était pas compté uniquement comme un serviteur venu ici-bas
pour faire la volonté de Dieu, il n'aurait jamais donné sa vie sur la croix.
Cela nous
donne la réponse à la question si souvent posée : Comment pouvons-nous mourir à
nous-mêmes ? La mort à vous-mêmes n'est pas votre œuvre, c'est l'œuvre de Dieu.
En Christ, vous êtes morts au péché ; la vie que vous
possédez a passé par la mort et la résurrection ;
vous pouvez être sûrs que vous êtes vraiment morts au péché. Mais la pleine manifestation de la puissance de cette mort dans vos
sentiments et dans votre vie dépend de la mesure dans laquelle le Saint-Esprit
vous communiquera la puissance de la mort de Christ. Ici
vous avez besoin d'apprendre que si vous voulez entrer en pleine communion avec
Christ dans sa mort, et connaître la pleine délivrance de votre vie propre, il
faut vous humilier. C'est votre devoir par excellence. Placez-vous devant Dieu
dans le sentiment de votre complète impuissance ; reconnaissez sincèrement que
vous ne pouvez vous faire mourir ou vous donner la vie ; courbez-vous en
reconnaissant votre propre néant
dans l'esprit de douceur, de patience et de fidèle soumission à Dieu. Acceptez
chaque humiliation, regardez chaque créature, qui pour vous est un sujet
d'épreuves ou de difficultés, comme un moyen de grâce pour vous rendre humbles.
Employez chaque occasion de vous humilier devant vos semblables comme unsecours d'en
haut pour demeurer humbles devant Dieu. Dieu acceptera une telle humiliation de
vous-mêmes comme la preuve que votre cœur tout entier la désire, comme la
meilleure prière pour l'obtenir, comme votre préparation pour Son œuvre de
grâce, quand, par la puissante force de Son Saint-Esprit, Il révélera pleinement Christ en vous, de telle sorte que
lui, Jésus, dans sa forme de serviteur, sera vraiment formé en vous et habitera
dans vos cœurs. C'est le sentier de l'humilité qui conduit à la mort parfaite,
à la pleine et complète expérience que nous sommes morts en Christ.
Maintenant
nous arrivons à cette conclusion : c'est que cette
mort seule conduit à l'humilité parfaite. Oh
! ici,
prenons garde à Terreur si souvent commise et qui consiste à bien vouloir être
humble, mais à avoir peur d'être trop humble. Bien des gens font beaucoup de raisonnements et
posent de nombreuses questions pour savoir ce que la vraie humilité doit être
et ce qu'elle doit faire, tellement qu'ils ne consentent jamais à renoncer à
eux-mêmes sans faire des réserves. Prenez garde. Humiliez-vous jusqu'à la mort.
C'est dans la mort à nous-mêmes que l'humilité est rendue parfaite. Soyez sûrs
qu'à la racine de toute réelle expérience d'une mesure de grâce plus abondante, de tout vrai
progrès dans la consécration, de toute conformité croissante
à la ressemblance de Jésus, il doit y avoir une mort à nous-mêmes dont nous
donnons la preuve à Dieu et aux hommes par nos dispositions et nos habitudes.
Il est malheureusement possible de parler de la vie qui est
le fruit de la mort, et de la marche selon l'Esprit, tandis que l'amour — même
le plus tendre — ne peut pas ne pas voir combien il y a en nous de vie propre.
La mort à nous-mêmes n'a pas de preuve plus évidente qu'une humilité qui ne
songe plus à sa réputation, qui s'anéantit et prend la forme de serviteur. Il
est possible de parler beaucoup de porter notre croix, de vivre en communion
avec le Christ méprisé et rejeté, sans connaître l'humilité aimable et bonne de
l'Agneau de Dieu, et sans éprouver le besoin de la posséder. Le titre d'Agneau de
Dieu a deux significations : douceur et mort. Cherchons à
le recevoir sous ses deux formes. En lui, elles sont inséparables ; elles
doivent l'être aussi en nous.
Quelle tâche
désespérante si nous devions nous-mêmes faire mourir en nous l'orgueil ! La nature
ne peut jamais vaincre la nature, pas même avec l'aide de la grâce. Le moi ne peut jamais chasser le moi, même dans
l'homme régénéré. Dieu soit loué ! l'œuvre a été
faite, et achevée et rendue parfaite pour toujours. La mort de Jésus, une fois
pour toutes, est notre mort à nous-mêmes. L'ascension de Jésus, son entrée une
fois pour toutes dans le lieu très saint, nous a acquis le don et la puissance
du Saint-Esprit, la puissance de la vie par la mort.
Lorsque l'âme,
dans la poursuite et la pratique de
l'humilité, marche sur les traces de son Sauveur, son sentiment du besoin de
quelque chose de plus est éveillé, son désir et son espérance sont vivifiés, sa foi est fortifiée,
et elle apprend à regarder en haut, à réclamer et à recevoir cette vraie
plénitude de l'Esprit de Jésus, qui peut journellement maintenir notre mort au
moi et au péché dans sa pleine puissance et
faire de l'humilité l'esprit qui pénétrera toute
notre vie ([3]).
« Ignorez-vous
que nous tous, qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c'est dans sa mort que
nous avons été baptisés ?... Mettez-vous bien dans l'esprit que vous êtes morts
au péché et vivants pour Dieu en Jésus-Christ... Donnez-vous vous-mêmes à Dieu,
comme étant vivants, de morts que vous étiez » (Romains 6). Toute
l'individualité du chrétien doit être pénétrée et caractérisée par l'esprit de
la mort de Christ. Il doit toujours se présenter à Dieu comme quelqu'un qui est
mort avec Christ et qui, en Christ, est vivant, de mort qu'il était, portant
partout, dans son corps, la mort du Seigneur
Jésus. Sa vie
porte toujours une double empreinte :
les racines de cette vie vraiment humble plongent dans la tombe de Jésus, ainsi
que dans la mort au péché et au moi ; la tête s'élève, dans la puissance de la
résurrection de Christ, jusqu'au ciel où le Sauveur habite.
Croyant,
réclame avec foi la mort et la vie de Jésus comme l’appartenant. Entre dans sa
tombe, dans le repos de Jésus et de son œuvre. Avec Christ, qui a remis son
esprit entre les mains de son Père, humilie-toi, efforce-toi de descendre et
replace-toi chaque jour dans cette parfaite dépendance de Dieu. Dieu te ressuscitera et t'élèvera. Plonge-toi chaque matin
dans un anéantissement toujours plus profond dans la tombe de Jésus, et chaque
jour, la vie de Jésus sera manifestée en toi. Qu'une humilité voulue,
constamment cherchée, soit l'empreinte que tu as vraiment réclamée comme ton héritage,
en te faisant baptiser dans la mort de Christ. « Par une seule offrande, il a
amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés », dit l'épître aux Hébreux. Les âmes
qui entrent dans son humiliation trouveront en lui la puissance de se voir et
de se compter comme mortes à elles-mêmes, et comme elles ont appris de lui à
marcher en toute humilité et douceur, elles se supporteront les unes les autres
dans l'amour. La vie qui sort de la mort porte l'empreinte d'une douceur et
d'une humilité semblables à
celle de Christ.
CHAPITRE XI : L'humilité et la joie
Pour que je ne sois pas enflé d'orgueil à cause de l'excellence de ces révélations, il m'a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter, afin que je ne m'enorgueillisse pas. Trois fois j'ai prié le Seigneur de l'éloigner de moi, et il m'a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance devient parfaite dans la faiblesse. (2 Corinthiens 12 : 7-10).
Paul a reçu de
merveilleuses révélations ; elles risquent de lui être un piège en l'enorgueillissant ;
c'est pourquoi le Seigneur lui envoie une écharde dans la chair pour le garder
dans l'humilité. Le premier désir de Paul fut de
voir disparaître l'écharde, et par trois fois il supplia le Seigneur de l'en
délivrer. La réponse de Dieu dut l'étonner tout d'abord ; il lui fut répondu
que l'épreuve était une bénédiction, parce que, dans la faiblesse et
l'humiliation qu'elle devait produire, la grâce et la force du Seigneur pouvaient être mieux manifestées. Immédiatement,
Paul envisagea son épreuve sous un jour tout nouveau : au lieu de se borner à
la supporter, il se glorifia en elle joyeusement ; au lieu d'en demander la
délivrance, il mit sa joie dans les souffrances qu'elle lui apportait. Il avait
appris une nouvelle et très précieuse leçon : c'est que l'humiliation est une
source de bénédiction, de puissance et de joie.
Dans sa
recherche de l'humilité, tout chrétien fait ces deux expériences. Tout d'abord,
il a peur de tout ce qui doit l'humilier ; il s'en éloigne le plus possible, il
en cherche ardemment la délivrance, car il n'a pas encore appris à
chercher l’humilité à tout prix. Certes,
il a pris au sérieux les invitations du Sauveur à l'humilité, il cherche à y
être fidèle, mais plus il s'y applique, plus semble-t-il, il va d'échec en
échec. Il demande à Dieu l'humilité, parfois avec un profond sérieux ; mais
dans son cœur, en secret, il prie davantage encore, au moins en désirs si ce
n'est en paroles, pour être gardé de tout ce qui le rendrait humble. Il n'est
pas encore assez épris de l'humilité comme étant la beauté de l'Agneau de Dieu
et la joie du ciel, pour vendre tout ce qu'il a afin de se le procurer.
Dans sa recherche de l'humilité et dans ses prières pour l'obtenir, il y a
encore comme un sentiment de fardeau et d'esclavage ; s'humilier soi-même n'est
pas encore devenu l'expression spontanée d'une vie et d'une nature essentiellement humbles.
Il ne prend pas encore, à cette grâce, sa joie et son unique plaisir. Il ne
peut pas encore dire : « Je me plais dans les faiblesses et les outrages ».
Mais
pouvons-nous espérer atteindre un tel état d'âme et d'esprit ? Certainement. Et
qu'est-ce qui nous y amènera ? Exactement ce qui y a amené Paul : une nouvelle révélation du Seigneur
Jésus. La présence de Dieu
seule peut révéler et expulser le moi. Il dut être donné à Paul une vision plus
nette de cette profonde vérité, à savoir que la présence de Jésus nous
débarrasse de tout désir de chercher quelque chose en nous-mêmes et qu'elle
nous fait prendre plaisir dans chaque humiliation, ce
qui nous prépare à une plus complète manifestation de Christ. Dans l'expérience
de la présence et de la puissance de Jésus, nos humiliations nous conduisent à
envisager l'humilité comme notre plus haute bénédiction. Apprenons donc les
leçons que l'histoire de Paul nous enseigne.
Il peut
arriver que des chrétiens avancés, des docteurs éminents, des hommes ayant fait
des célestes expériences n'aient pas encore pleinement appris
la leçon de l'humilité parfaite, qui se glorifie joyeusement dans la faiblesse.
Paul en était là quand il demandait à Dieu de lui ôter son écharde. Il courait
le danger de s'élever. Il ne savait pas encore suffisamment qu'il n'était rien.
Il a dû apprendre à mourir, afin que Christ seul pût vivre en lui, et il a
aussi appris à trouver son plaisir dans tout ce qui l'humiliait. C'était,
semble-t-il, la leçon la plus nécessaire, la plus utile et la plus difficile
qu'il eût à apprendre pour ressembler le plus possible à son Sauveur, de telle
sorte que Dieu pût être tout dans sa vie.
La plus grande
leçon qu'un croyant doive apprendre, c'est l'humilité. Que chaque chrétien qui
cherche à progresser dans la sainteté veuille bien s'en souvenir. Il peut y
avoir une intense consécration au Seigneur, un zèle fervent, de célestes
expériences et, avec tout cela, une recherche inconsciente du moi. Apprenons donc que nous
n'avons jamais plus de sainteté réelle que l'humilité, et souvenons-nous que
cette grâce de l'humilité est un don que Dieu accorde au cœur qui la recherche
sincèrement.
Examinons nos
vies à la lumière de cette expérience et voyons si nous nous glorifions
joyeusement dans les faiblesses, si nous nous plaisons, comme Paul le fit, dans
les injures, dans les calamités, dans les outrages. Oui, demandons-nous si nous
avons appris à considérer une réprimande, juste ou injuste, un reproche d'ami
ou d'ennemi, une injure, ou des peines ou des difficultés dans lesquelles nous
sommes amenés par
d'autres, comme étant, avant tout, autant d'occasions de montrer que Jésus est
tout pour nous, que notre propre plaisir et notre réputation ne sont rien pour
nous et que nous sommes heureux dans les humiliations. C'est vraiment une
grande grâce, c'est même la joie la plus profonde du ciel d'être délivré de
soi-même, de telle sorte que tout ce qu'on dit de nous ou tout ce qu'on nous
fait nous devient indifférent, dans la pensée que Jésus est tout et qu'il nous
suffit.
Confions-nous
en celui qui s’est chargé de l'éducation de Paul et qui veut faire aussi la
nôtre. Paul avait besoin d'une discipline spéciale et d'une instruction
particulière pour apprendre — et cela était plus précieux que les choses mêmes
les plus inexprimables qu'il avait entendues dans
le ciel — à se glorifier dans la faiblesse et
l'humiliation. Nous en avons aussi nous-mêmes un si grand besoin! Celui qui a
pris soin de Paul prendra aussi soin de nous. L'école dans laquelle Jésus donna
ses leçons à Paul est aussi notre école. Jésus veille sur nous avec une
vigilance pleine d'amour, de peur que nous ne nous enorgueillissions. Quand
nous succombons à cette tentation, il s'efforce de nous le montrer et de nous
en délivrer. A travers les épreuves, les faiblesses et les souffrances, il
cherche à nous amener à une connaissance plus grande de nous-mêmes et de lui, à
une humiliation plus réelle, jusqu'à ce que nous apprenions que vraiment sa grâce
est tout et que nous mettions notre joie précisément dans les choses qui nous
jettent dans la poussière. Sa force devenant parfaite dans notre faiblesse, sa
présence, prenant la place de notre moi et nous suffisant pleinement, devient
le secret d'une humilité qui peut être permanente, tout en continuant à
croître. On peut même, comme Paul, dans la pleine lumière de ce que Dieu
accomplit en nous et par nous, dire toujours : « Je n'ai été inférieur en rien
aux apôtres par excellence, quoique je ne sois rien » (2 Corinthiens 12 : 11). Ses
humiliations l'avaient conduit à
une véritable humilité ; aussi acceptait-il joyeusement tout ce qui
l'abaissait.
« Je me
glorifierai volontiers dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ repose sur
moi. C'est pourquoi je me plais dans les faiblesses. » L'homme humble a appris
le secret de la joie permanente. Plus il sent sa faiblesse, plus il succombe
dans le sentiment de son néant, plus ses humiliations grandissent en nombre et
en force, plus aussi la puissance et la présence de Christ sont sa part. Et
quand il dit : « Je ne suis rien », le Seigneur lui apporte une joie toujours
plus profonde par ces paroles : « Ma grâce te suffit ».
Je sens que je
dois une fois de plus insister sur les deux grandes leçons que nous avons besoin
d'apprendre : 1° le danger de l'orgueil est plus grand et plus proche de nous
que nous ne le pensons ; 2° la grâce de l'humilité est aussi très proche de
nous, elle est toujours à notre disposition.
Le danger
de l'orgueil est plus grand et plus près de nous que nous ne le pensons, et
cela très spécialement au moment de nos plus grandes expériences spirituelles. Le prédicateur de la vérité qui tient
suspendue à ses lèvres une congrégation qui
l'admire, l'orateur éloquent qui, du haut d'une estrade, expose les secrets de
la vie céleste, le chrétien rendant témoignage à la puissance de la grâce de
Dieu, l’évangéliste porté en triomphe par les multitudes qui ont été bénies par
son moyen, ah ! nous ne savons
pas combien est grand, inconscient et caché le danger auquel tous ces hommes
sont exposés. Paul courait un grand danger sans le savoir. Ce que Jésus fit
pour lui nous a été conservé pour notre instruction, afin que nous connaissions
à la fois le danger et notre unique sûreté. Si l'on a pu dire d'un prédicateur
ou d'un pasteur de la sanctification qu'il était plein de lui-même, ou qu'il ne
mettait pas en pratique ce qu'il prêchait, ou que les grâces et les dons qu'il avait reçus
ne l'avaient pas rendu plus humble et plus aimable, qu'on ne puisse plus le
dire à l'avenir ! Jésus, en qui nous mettons notre confiance, peut nous rendre
et nous garder humbles.
Oui, la
grâce de l’humilité est aussi plus grande et plus près de nous que nous ne te
pensons. L'humilité de Jésus est
notre salut : Jésus lui-même est notre humilité. Notre humilité est son souci et son œuvre. Sa grâce
est pleinement suffisante pour nous rendre vainqueurs dans
chaque tentation d'orgueil. Sa force deviendra parfaite dans notre faiblesse.
Désirons être faibles, être petits, n'être rien. Que l'humilité nous soit une profonde joie.
Glorifions-nous volontiers en elle et prenons notre plaisir dans les
faiblesses, dans les opprobres, dans tout ce qui peut nous humilier et nous
garder petits ; alors la puissance de Christ reposera sur nous. Christ s'est
humilié, c'est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé.
Christ nous humiliera et nous gardera humbles. Désirons de tout notre cœur et
acceptons fidèlement et joyeusement tout ce qui humilie ; la puissance de
Christ reposera sur nous. Nous expérimenterons alors
que l'humilité la plus profonde est le secret du bonheur le plus vrai, d'une
joie que rien ne peut ni amoindrir, ni détruire.
CHAPITRE XII : L'humilité et l'élévation
Quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé. (Luc 14: 11 ; 18 : 14).
Dieu fait
grâce aux humbles. Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera.
(Jacques 4 : 6-10).
Humiliez-vous
donc sous la puissante main de Dieu, afin qu'il vous élève au temps convenable.
(1Pierre 5: 6).
On me posait
naguère cette question : Comment vaincre
mon orgueil ? Je répondis tout simplement : deux choses sont nécessaires. Tout
d'abord, faire ce que Dieu dit être notre œuvre : « Humiliez-vous. » Puis se confier en Dieu, pour
qu'il fasse ce qu'il dit Lui-même être son œuvre : Il nous élèvera.
Le
commandement est clair : « Humiliez-vous ». Cela ne veut pas dire que c'est
votre œuvre de vaincre et de chasser l'orgueil de votre nature, et de former en
vous l'humilité de Jésus. Non, c'est l'œuvre de Dieu : Lui seul peut créer en
vous cette soif de n'être rien qui est l'essence même de l'élévation par
laquelle il vous rendra réellement semblables à son Fils bien-aimé. Ce que
Tordre de Dieu signifie, c'est qu'il faut saisir chaque occasion de vous
humilier devant Dieu et devant les hommes. Dans la foi et dans la grâce qui
travaillent déjà en vous, dans l'assurance d'une
grâce plus abondante pour la victoire qui
vient, conformément à la lumière qui darde ses rayons sur l'orgueil du cœur et
sur ses œuvres, malgré tout ce qu'il peut y avoir d'échecs et de chutes,
obéissez inébranlablement au commandement du Seigneur : « Humiliez-vous ».
Acceptez avec reconnaissance tout ce que Dieu permet, intérieurement et extérieurement,
de la part d'amis ou d'ennemis, dans la nature ou dans la grâce, pour vous
rappeler votre besoin de vous humilier et pour vous aider à le réaliser.
Regardez l'humilité comme la vertu-mère, comme votre premier devoir devant Dieu, comme
la perpétuelle sauvegarde de l'âme, et mettez tout votre cœur en elle, comme dans
la source de toute bénédiction. La promesse est divine et sûre : celui qui
s'humilie sera exalté. Veillez à faire la seule chose que Dieu demande : «
Humiliez-vous ». Dieu sera fidèle pour faire ce qu'il a promis. Il vous
augmentera Sa grâce ; Il vous élèvera au temps convenable.
Dans toute Sa
façon d'agir envers nous, Dieu emploie deux moyens, ou plutôt il nous fait
passer par deux classes : il y a un temps de préparation, quand nous luttons pour obéir aux
commandements et pour voir se réaliser les promesses. Nos expériences sont
alors un mélange d'efforts et d'impuissance, d'échecs et de succès partiels,
qui éveillent en nous le besoin toujours plus grand d'une vie de victoire.
Ensuite vient le temps de l'accomplissement, quand la foi entre en possession
des grâces qu'elle a si longtemps cherché à obtenir. L'attente d'abord, l'accomplissement ensuite
: nous voyons invariablement cette loi à l'œuvre dans la vie chrétienne prise
dans son ensemble comme aussi dans la recherchede chaque vertu envisagée séparément. Cette loi
est nécessaire, elle est fondée sur la nature même des choses. Dans tout ce qui
concerne notre rédemption, Dieu doit nécessairement prendre l'initiative ;
ensuite, il faut que l'homme agisse. En s'efforçant d'être agréable à Dieu, il
apprend à connaître son impuissance, à désespérer de
lui-même, à mourir à tout ce qui est charnel, et ainsi il se place
volontairement et intelligemment dans les conditions voulues pour recevoir de
Dieu cette plénitude de grâce qu'il ne pouvait recevoir tant qu'il n'avait pas
appris à désespérer de lui-même. C'est ainsi que Dieu, qui avait été le
commencement avant que l'homme le connût convenablement ou comprît pleinement
quel était Son but, se trouve être maintenant désiré avec ardeur comme Celui
qui doit être Tout en tous.
Il en est
ainsi dans la poursuite de l'humilité. A chaque chrétien, l'ordre de s'humilier
se fait entendre du trône même de Dieu. Si nous nous efforçons sérieusement
d'écouter et d'obéir, nous serons récompensés — oui, récompensés — par une
double et pénible découverte : nous découvrirons d'abord
quelle profondeur d'orgueil il y a en nous et combien nous avons peu le désir
de nous compter et d'être comptés comme n'étant rien pour nous soumettre
absolument à Dieu. Ce sera une découverte très douloureuse, car nous sommes
loin de soupçonner tout ce que nos cœurs; renferment d'orgueil La seconde
découverte que nous ferons est celle de l'impuissance de tous nos efforts et de toutes nos
prières, encore chapelles, à obtenir le secours de Dieu, qui détruira le
monstre hideux. Heureux l'homme qui apprend alors à mettre son
espérance en Dieu et à persévérer dans des actes d'humiliation devant Dieu et devant les hommes, en
dépit de toutes les puissances d'orgueil qui sont en lui. Nous savons que la
loi de la nature humaine, c'est que les actions produisent des habitudes, les
habitudes engendrent les dispositions, les dispositions créent
la volonté, et la volonté convenablement formée
donne à l'individu son caractère. Il n'en est pas autrement dans l'œuvre de la
grâce. Comme les actes, répétés avec persévérance, engendrent des habitudes et des dispositions et que celles-ci fortifient la
volonté, ainsi la foi ferme du croyant permet à Celui qui produit en nous le
vouloir et le faire (Phi 2:13) de manifester en nous Sa force toute-puissante.
L'humiliation
du cœur orgueilleux, avec laquelle le saint pénitent s'est si souvent jeté aux
pieds de Dieu, est récompensée par le don d'un cœur humble, dans lequel
l'Esprit de Jésus est vainqueur ;
désormais, le Christ doux et humble de cœur habite en nous pour toujours.
«
Humiliez-vous devant le Seigneur et Il vous élèvera. » En quoi l'élévation
consiste-t-elle ? La plus haute gloire de la créature est d'être uniquement un
vase pour recevoir, posséder et manifester la gloire de Dieu. Elle ne peut
réaliser cela que pour autant qu'elle est fermement décidée à
n'être rien en elle-même, afin que Dieu soit tout. L'eau remplit toujours les
lieux les plus bas. Plus une créature a un cœur humilié et vide devant Dieu,
plus elle sera promptement et abondamment remplie de la gloire divine.
L'élévation glorieuse que Dieu promet n'est pas et ne peut pas être une grâce
extérieure, séparée de Lui-même : tout ce qu'il a à donner
ou tout ce qu'il peut donner, c'est seulement une mesure plus grande de
Lui-même. La gloire n'est pas, comme une récompense terrestre, quelque chose
d'arbitraire, sans aucun rapport avec la conduite qui doit être récompensée.
Non, elle est, dans sa nature même, l'effet et le résultat de l'humiliation de
nous-mêmes ; elle est le don que Dieu nous fait de l'humilité céleste et d'une
telle conformité avec l'Agneau de Dieu que nous sommes rendus capables de
recevoir en nous la plénitude de Dieu.
« Celui qui
s'humilie sera élevé. » Jésus n'est-il pas la preuve de la vérité de ces
paroles ? N'est-il pas le gage de la certitude qu'elles s'accompliront pour
nous ? Prenons son joug sur nous et apprenons de lui, car il est doux et humble
de cœur. Si seulement nous voulons nous donner à Lui, comme il s'est donné pour
nous et à nous, nous serons un même esprit et un même cœur avec lui et nous
nous trouverons sous le même joug. Quand nous entrerons plus profondément dans la communion de son humiliation,
soit en nous humiliant nous-mêmes, soit en prenant sur nous les péchés de nos semblables pour nous en humilier, nous aurons
alors la pleine assurance que l'Esprit de son élévation, l'Esprit de gloire,
reposera sur nous. La présence et la puissance du Christ glorifié descendront
dans les croyants qui ont l'esprit humble. Lorsque Dieu
pourra de nouveau avoir en nous Sa place légitime, Il nous élèvera. Recherche
Sa gloire en t'humiliant, et Il te conduira à la gloire en te remplissant
d'humilité. Quand la vie de Dieu aura pris pleine possession de toi, rien ne te
sera aussi naturel et aussi doux que de n'être rien ; tu n'auras plus une
pensée ou un désir pour le moi, car tout sera occupé par Celui qui remplit
tout. « C'est pourquoi je me glorifierai bien plus volontiers dans mes
faiblesses, afin que la puissance du Christ repose sur moi. »
Frères,
n'avons-nous pas ici la raison pour laquelle notre consécration et notre foi
nous ont si peu aidés dans la recherche de la sainteté ? Nous pensions
travailler par la foi à notre sanctification mais
c'était notre moi et sa force qui agissaient ; c'était pour notre moi et pour
son bonheur que nous cherchions Dieu ; c'était, inconsciemment sans doute, mais
cependant réellement, dans le moi et dans sa sainteté que notre âme se
réjouissait. Nous n'avions jamais compris que l'humilité, l'humilité absolue, intérieure,
qui nous rend semblable à Jésus-Christ et qui fait disparaître notre moi,
l'humilité qui nous pénètre de part en part et qui met sur toute notre vie
l'empreinte de la vie de Christ, nous n'avions jamais compris que cette
humilité-là était l'élément capital de la vie sainte après laquelle nous
soupirions.
C'est
seulement quand je trouve Dieu que je me perds, quand je possède Dieu que je
renonce véritablement à moi-même. Comme c'est dans la hauteur et la largeur de
la gloire du soleil que se révèle la petitesse de l'atome jouant dans ses
rayons, ainsi l'humilité consiste à prendre notre
place en la présence de Dieu, pour n'être rien qu'un atome habitant dans la
lumière de Son amour.
Puisse Dieu
nous enseigner à croire qu'être humble, n'être rien en Sa présence, c'est la
gloire la plus élevée, la bénédiction la plus abondante de la vie chrétienne.
Il nous dit :
« J'habite dans les lieux élevés et dans la sainteté, mais je suis avec l'homme contrit et humilié » (Esaïe 57 : 15).
« J'habite dans les lieux élevés et dans la sainteté, mais je suis avec l'homme contrit et humilié » (Esaïe 57 : 15).
« Revêtez-vous
d'humilité, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais Il fait grâce aux humbles » (1Pierre 5 : 5).
Le souhait de
mon cœur, mes chers lecteurs, c'est que cette grâce suprême soit la part de
chacun de vous.
NOTES
NOTE A. — Tout ceci fera connaître à travers l'éternité que l'orgueil dégrade
les anges les plus élevés et en fait des démons, tandis que l'humilité élève jusqu'aux
trônes des anges la créature humaine tombée. Tirer une nouvelle création du
royaume mis en ruines par les anges déchus, c'est le grand but de Dieu. Pour
atteindre ce but, il y a une lutte permanente entre l'orgueil des démons et
l'humilité de l'Agneau de Dieu, afin que la dernière trompette puisse faire
entendre à travers les profondeurs de l'éternité cette grande vérité: le mal ne
peut avoir d'autre commencement que l'orgueil
et d'autre fin que l'humilité. Voici
donc la vérité : l’orgueil
doit mourir en nous, ou rien de céleste ne peut y vivre. Sous la bannière de la vérité, abandonnez-vous
à l'esprit doux et humble du saint Fils de Dieu. Si l'humilité ne sème pas la
semence, il ne peut y avoir de moisson céleste. Ne considérez pas l'orgueil
seulement comme une disposition fâcheuse, ni l'humilité seulement comme une vertu agréable :
car l'une est la mort et
l’autre la vie ; l'une est l’essence de l'enfer, l'autre l'essence du ciel. Vous avez donc en vous autant de
l'esprit du démon que vous avez d'orgueil ; et autant de l'esprit de l'Agneau
de Dieu que de vraie humilité. Si vous pouviez voir ce que chaque sentiment
d'orgueil produit dans votre âme, vous supplieriez tous ceux que vous
rencontrez de vous délivrer à tout prix de cette vipère, dussiez-vous perdre
une main ou un œil pour obtenir la délivrance. Et si vous pouviez vous rendre
compte de la puissance douce et divine qu'est l'humilité, voir comment elle
transforme tout dans le cœur et la vie, comment elle expulse le poison de votre nature pour faire place à l'Esprit de Dieu,
afin qu'il habite en vous, vous aimeriez mieux être le marchepied du monde
entier que de perdre la moindre parcelle d'humilité.
(L'Esprit
de prière.)
NOTE
B. — Nous avons besoin d'apprendre deux
choses : tout d'abord, que notre salut consiste entièrement à être sauvés de nous-mêmes,
c'est-à-dire de ce que nous sommes par nature ; et ensuite, que rien ne peut
être notre salut excepté l'humilité de Dieu. De là cette première parole si
absolue du Sauveur à la créature déchue
: « Si quelqu'un ne renonce à lui-même, il ne peut être mon disciple. » Le
moi est tout le mal et le malheur de notre
nature déchue ; le renoncement à nous-mêmes est notre unique moyen de salut ;
l'humilité est
notre salut... Le moi est la
racine, l'arbre, les branches de tout ce qu'il y a de pervers dans notre état
de chute. Tous les maux des anges tombés et des hommes ont leur naissance dans
l'orgueil du moi. D'autre part, toutes les vertus de la vie céleste sont les
vertus de l'humilité. C'est l'humilité seule qui rend l'abîme impossible à
franchir entre le ciel et l'enfer. Quelle est donc la grande lutte pour arriver
à saisir la vie éternelle? C'est la lutte entre l'orgueil etl'humilité. qui se disputent nos cœurs : l'orgueil et l'humilité sont les deux puissances
maîtresses, les deux royaumes en lutte pour la possession éternelle de la
créature humaine.
Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais d'autre humilité que celle de Jésus-Christ. L'orgueil
et le moi nouspossèdent jusqu'à ce que nous ayons trouvé la délivrance en Jésus. C'est pourquoi celui-là
seulement qui lutte sérieusement selon les lois spirituelles pour être délivré
de la vie propre reçue d'Adam, peut être amené à mourir à lui-même par
l'humilité surnaturelle de Christ qui lui apporte la vie.
W. LAW.
NOTE C. — Par nos forces naturelles, nous sommes incapables de mourir à nous-mêmes. Nous luttons vainement et désespérément en faisant l'expérience de Romains 7 : « Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas... Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? » La réponse, c'est : Jésus-Christ
En regardant à
Lui avec confiance, j'entre dans le vrai chemin de la mort à moi-même : dans le
chemin de la patience, de la douceur, de l'humilité, de l'abandon à Dieu. C'est ainsi que se réalise
dans toute sa vérité et sa perfection la mort au moi... Si je vous demande, en
effet, ce qu'est l'Agneau de Dieu, ne me direz-vous pas qu'il est la perfection
de la patience, de la douceur, de l'humilité, de la soumission à Dieu ? Ne me
direz-vous pas que désirer ces vertus et en prendre possession par la foi,
c'est se donner à Christ avec confiance ? Et alors, parce que ce penchant de
votre cœur à vivre une vie de patience, de douceur, d'humilité, de pleine
soumission à Dieu est réellement un acte de renoncement à tout ce que vous êtes
et à tout ce que vous avez reçu par la chute d'Adam, il est donc un acte de
parfait renoncement à vous-mêmes pour suivre Christ ; c'est votre acte suprême
de foi en lui. Christ n'est que dans ces vertus et il n'est nulle part
ailleurs. Quand elles existent en nous, son royaume est établi au-dedans de nous.
Suivons donc avec foi le Christ patient, doux, humble, fidèle à Dieu.
L'esprit
d'amour divin ne peut naître dans une créature déchue
jusqu'à ce que celle-ci
ait choisi de mourir à elle-même, en voulant s'abandonner à la puissance et à
la grâce de Dieu pour revêtir Jésus-Christ.
Je me confie
pour tout mon salut aux mérites et â l'intercession de l'Agneau de Dieu. Il a
donné sa vie pour moi afin que j'aie la vie. Lui seul peut reproduire en moi ce
qu'il est lui-même. S'il ne naît dans nos âmes, et s'il n'y apporte ses vertus,
sa douceur, sa patience, son humilité, nous demeurons dans la mort. Mais,
lorsqu'il plaît à Dieu de révéler en nous son Fils, en nous faisant naître à la
vie de l'Esprit, alors une vie nouvelle de paix, de joie, d'humilité commence. Jésus-Christ
fait briller en nous sa lumière, il y établit son royaume et il nous remplit de
son amour et de son humilité.
(Tout
entier à Dieu, par W. LAW.)
NOTE D. — Le secret des secrets : l'humilité est l'âme de la vraie prière. — Jusqu'à ce que l'esprit de notre coeur soit renouvelé, jusqu'à ce que notre cœur soit vide de tous ses désirs terrestres et vive dans une faim et une soif continuelles de Dieu, — ce qui est le véritable esprit de prière — jusque-là, toutes nos prières seront, plus ou moins, comme des devoirs faits par des écoliers : ils les font, parce qu'ils n'osent les négliger. Mais ne nous décourageons pas. Si vous voulez suivre le conseil que je vais vous donner, vous pourrez aller à l'église sans être en danger de prier seulement des lèvres ou hypocritement, même si le langage dont vous vous servirez est plus élevé que celui de votre cœur. Faites donc ceci : allez à l'église comme le péager alla au temple ; restez intérieurement dans l'esprit des pensées qu'il exprimait, quand il n'osait pas même lever les yeux au ciel et qu'il se frappait la poitrine en disant: «O Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur. Demeurez invariablement dans ces sentiments, et chaque demande qui sortira de votre bouche en sera sanctifiée. Alors, quand vous serez amené à chanter ou à demander quelque chose qui dépasse l'expérience de votre cœur, vous en ferez une occasion de vous humilier dans l'esprit du péager, et vous serez certainement secouru et puissamment béni par ces prières et ces louanges que des cœurs meilleurs que le vôtre, semble-t-il, auraient seuls dû prononcer.
Ceci, mon ami,
est le secret des secrets qui vous aidera à moissonner où vous n'avez pas semé,
et ce sera une source continuelle de grâce dans votre âme ; car tout ce qui
s'agite en vous, ou tout ce qui vous arrive extérieurement, vous devient un
bien réel, si ces choses trouvent ou excitent en vous cette attitude humble que nous admirons chez le péager.
Quand l'âme est humble, tout lui profite, elle ne cesse de croître, tout ce qui
lui arrive est comme une rosée du ciel qui la fait prospérer. C'est pourquoi
revêtez-vous d'humilité ; toutes les bénédictions y sont contenues. C'est l'eau
du ciel qui change le feu de l'âme tombée, en douceur de vie divine et crée
cette huile qui donnera une flamme ardente à notre amour pour Dieu et pour nos semblables.
Demeurez donc toujours dans ces sentiments d'humilité ; qu'ils soient comme le vêtement que
vous porterez sans cesse, comme une ceinture autour
de vos reins ; ne vivez que dans cet esprit ; ne voyez qu'avec ses yeux ;
n'écoutez qu'avec ses oreilles ; et alors, que vous soyez dans l'église ou hors
de l'église, écoutant les louanges de Dieu ou recevant les injures des hommes et du monde, tout tournera à votre
bien et vous fera croître dans la vie céleste.
(L'Esprit
de prière.)
UNE PRIÈRE POUR L'HUMILITÉ
Je veux vous
donner ici un moyen infaillible de savoir si vous voulez réellement devenir
humble. Le voici : retirez-vous du monde et de toute conversation
pendant un mois ; n'écrivez pas, ne lisez pas, ne vous agitez pas ; laissez
votre cœur et votre esprit en repos, et demeurez tout ce mois, aussi fermement
que possible,
dans l'esprit et la forme de la prière suivante. Faites-la fréquemment à genoux
; mais que vous soyez assis, debout ou en marche, soyez toujours intérieurement rempli de cette unique prière à Dieu :
« O Dieu, veuille, dans ton grand amour, te faire connaître à moi et ôter de mon cœur toute espèce et toute
forme d'orgueil, que cet orgueil vienne des démons ou qu'il soit un fruit de ma
nature corrompue. Veuille éveiller en moi très profondément le besoin de cette
humilité qui me rendra capable de vivre à ta lumière et par ton Saint-Esprit.
Apprends-moi à rejeter toute pensée autre que celle de l'attente de l'humilité
et à te prier du fond du cœur avec fidélité et sérieux comme quelqu'un qui veut
être à tout prix délivré de tout orgueil ».
Si vous pouvez
et voulez vous abandonner en toute fidélité et sincérité à cet esprit de
prière, je crois pouvoir vous
affirmer que, lors même qu'il y aurait en vous deux fois autant de démons qu'il
y en a eu en Marie-Madeleine,
ils seront tous chassés, et vous serez contraint avec elle de verser des larmes
d'amour aux pieds du Seigneur Jésus...
(L'Esprit
de prière.)
[1] Voir note A
[2] Relire le discours de Paul aux anciens de l'Eglise d'Ephèse réunis à Milet (Actes 20 : 17-38).
[2] Relire le discours de Paul aux anciens de l'Eglise d'Ephèse réunis à Milet (Actes 20 : 17-38).
[3] Voir note C