mercredi 6 septembre 2017

La Voix du Fils de Dieu par T. Austin-Sparks

« En vérité, en vérité, je vous dis que l'heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront entendue vivront … Ne vous étonnez pas de cela; car l'heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix. », Jean 5 :25, 28
« Ayant dit ces choses, il cria à haute voix: Lazare, sors dehors! », Jean 11 :43
« C'est l'Esprit qui vivifie; la chair ne profite de rien: les paroles que moi je vous ai dites sont esprit et sont vie … Et il dit: C'est pour cela que je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, à moins qu'il ne lui soit donné du Père. », Jean 6 :63, 65
« Pourquoi n'entendez-vous pas mon langage? Parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole. », Jean 8 :43
« Et quand il a mis dehors toutes ses propres brebis, il va devant elles; et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix; mais elles ne suivront point un étranger, mais elles s'enfuiront loin de lui, parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers. », Jean 10 :4-5
« Et j'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie; il faut que je les amène, elles aussi; et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. », Jean 10 :16
                    Il est bien reconnu que Jean 11 marque une transition. Jusqu’au chapitre 10 une série de vérités et de principes spirituels ont été présentés et ont été appliqués à certains personnages. Dans le chapitre 10, ces vérités sont présentées d’une manière collective ; à partir de là, le Seigneur est tout particulièrement occupé avec une compagnie sélectionnée. Le chapitre 11 se tient exactement au milieu, avec 10 chapitres le précédant et le suivant. Dans cette position, ce chapitre contient tout ce qui a précédé et présente ce qui sera l’issue finale. Lazare est au centre de ce chapitre ainsi qu’au centre de tout ce qui suit et ce qui est en vue c’est la gloire de Christ. La compagnie qui se retrouve autour de la table, ce festin dont la résurrection de Lazare était l’occasion, présente deux choses, (et nous devons toujours nous rappeler le double aspect des choses dans les Écritures, le temporaire et le spirituel). Ces deux choses ici sont Israël et l’Église. L’histoire d’Israël sera exactement celle de Lazare. Une maladie dans laquelle Christ n’interviendra pas. Il restera délibérément à l’écart d’Israël – bien que grandement aimé – jusqu’à ce qu’aucun espoir ne demeure excepté une intervention miraculeuse. Israël sera une mauvaise odeur au nez du monde, et plutôt qu’une guérison, il recevra un futur divin de par une résurrection d’entre les morts par la voix du Fils de Dieu – Jésus Christ.
                    L’autre chose est que l’Église entre en scène typiquement et sur la base du principe spirituel de la résurrection de Lazare et de la compagnie réunie autour de la table. L’Église est la compagnie de ceux qui ont leur propre existence uniquement de par le miracle de la résurrection. Ceci est clairement et définitivement déclaré dans cette partie de la Bible qui révèle le plus l’Église, l’épître aux Éphésiens. « et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés … et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. », Éphésiens 2 :1, 6. (« On lui fit donc là un souper; et Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui. », Jean 12 :2). Mais, ayant dit ceci, nous n’avons pas abordé la chose la plus profonde touchant cela. Le cœur de tout ceci se trouve dans les paroles de Jean 5 :25 : « Les morts entendront la voix du Fils de Dieu . »
                    Premièrement, il est évident que quelque chose de plus que la faculté de l’ouïe physique est entendu ici. Les morts n’ont pas cette faculté, il doit donc y avoir une ouïe qui n’est pas naturelle ; qui est plus profonde et intérieure que ce qui est naturel. Il ne s’agit pas non plus que certains résultats sont obtenus uniquement parce que Dieu parle. Par contre, il y a une ouïe qui produit un tel résultat. Aussi, une communion vivante avec Christ et son expression collective, ce qui est appelé Son « Corps » – « l’Église », est l’issue d’une ouïe de Sa voix qui, bien qu’elle puisse provenir de paroles parlées et audibles, est bien plus que cela. Il est possible d’entendre la déclaration verbale de la vérité à maintes fois et pendant des années, sans toutefois entendre Sa Voix. Il est possible, après avoir entendu les vérités souvent et depuis longtemps, d’entendre la voix soudainement, le résultat étant qu’il semble que nous n’avons jamais entendu auparavant ; tout est si nouveau et merveilleux. Une communion vivante avec Christ n’est pas une réaction émotionnelle, intellectuelle et de volition à des vérités de l’Évangile. Ce n’est pas non plus une décision mentale prise pour Christ, il ne s’agit pas d’un effort évangélique éthéré par lequel nous prions pour une âme ; ni aucune autre chose superficielle ou théâtrale par laquelle ces choses sont amenées. Tout ceci peut paraître avoir un certain succès à grande échelle, mais – bien qu’admettant que la souveraineté de Dieu peut toucher les cœurs par la parole – la plupart de ces choses ne peuvent que contribuer à la grande tragédie de l’Église à laquelle est elle confrontée, c'est à dire une vision basse et inadéquate de la vie chrétienne. Il ne s’agit là qu’une masse de gens qui « ont essayé et ont été désappointés » – un grand nombre de chrétiens n’ont aucune vie véritable et ne progresse aucunement dans leur connaissance du Seigneur. Le fait qu’il y ait une si grande indifférence envers la foi chrétienne aujourd’hui et qu’elle soit si peu prise au sérieux est largement dû au fait qu’elle ait été dénaturée et que sa valeur ait été diminuée. La base de tout dans le Nouveau Testament est que, au delà de ce qui est audible, perceptible, naturel, temporel et terrestre, la voix du fils de Dieu a été entendue au tréfonds de l’esprit de l’homme. Ceci peut être une voix de paroles actuelles, mais lorsque ceci se produit, celui qui est touché est vraiment capable de dire « Le Seigneur m’a parlé », ou bien, « Je sais que le Seigneur m’a révélé Sa volonté ». C’est une voix, une puissance, « à travers » des paroles ou sans elles ; mais il s’agit toujours de quelque chose de plus que de simples paroles.
                    Nous avons dit que tout dépend de ceci : « ceux qui l'auront entendue vivront … » ; notre propre vie, dans le sens divin, dépend de cela. Notre salut en découle. Mais ce qui est vrai initialement doit continuer à être vrai progressivement. Car toutes les décisions majeures de la vie, (bien entendu excepté les devoirs évidents), doivent être prises sur cette base. Paul fondait son ministère tout entier et ses aspects spécifiques, sur ce principe. Lorsque Dieu parle de cette façon, quelque chose n’est pas seulement dit mais quelque chose est accompli. Nous savons que quelque chose s’est passé en nous, une telle connaissance ou œuvre en nous est absolument essentiel pour la stabilité spirituelle. Nous en connaissons certains qui ont changé leurs plus fermes positions plus d’une fois en l’espace de quelques années. Après avoir saisi la vérité, et avoir affirmé que ce qu’ils avaient décidé était la plus grande chose que Dieu leur avait montrée, subséquemment ils répudièrent cette même chose ; et changèrent leur attitude envers elle. Lorsque ceci arrive, il ne reste qu’à dire,- à part une désobéissance flagrante et délibérée-, c’est qu’ils n’avaient jamais reçu cette chose des cieux ; mais ils l’avait reçue des hommes. Ils parvinrent à cette connaissance par une acceptation mentale et émotionnelle, soit en écoutant, en lisant ou en étudiant. L’impact était si important, la chose paressait tellement répondre à une attente ou à pourvoir tellement à un besoin de conviction personnelle, que cette chose fut adoptée dans l’âme avec zèle. Et ceux concernés ne sont pas vraiment brisés, ni épurés. Ainsi, n’étant pas une ouïe dans l’esprit, au-delà de ce qui est naturel, de la voix du Fils de Dieu, cette chose ne pouvait pas perdurer ; et une telle vie est caractérisée par un manque de constance. Et bien entendu, ceci est très différent des changements qui caractérisent un véritable développement et accroissement. Beaucoup de choses peuvent être modifiées, mais certainement pas en ce qui concerne notre révélation fondamentale. Concernant notre connaissance première de la connaissance de la volonté de Dieu et notre révélation de Sa Personne, il est extrêmement important que nous demeurions jusque la fin là où nous étions au commencement ; bien qu’élargis et peut être avec quelques changements mineurs d’aspects extérieurs.
                    Aussi, alors même que Dieu nous parle en Christ, l’éternité s’est manifestée dans le temps ; ce qui est éternel nous a touché. Tout ce qui appartient purement au temps et à la terre a été interrompu, et à ce moment précis, ce qui était la volonté de Dieu « avant que le monde fût », et ce qui était Sa pensée au siècle des siècles a été communiqué dans nos vies ; notre existence même dépend de cela. Nous n’impliquons pas le fait que notre continuité est engagée et qu’il existe un péril d’annihilation, mais le fait même de notre existence, de notre être même, doit avoir une signification pour nous. Il s’agit bien d’un « temps » éternel de par l’intention divine même ; de ce « temps » dépend l’éternité.
                    En relation étroite avec ce que nous venons de dire, il est solennellement important de reconnaître que d’entendre cette voix du Fils de Dieu est un acte souverain de Dieu. C'est à dire, ce n’est que lorsqu’Il – et Lui seul – choisi de nous parler. A moins que Dieu ne parle, toutes les paroles humaines sont vaines. Ni ceux qui parlent, ni ceux qui écoutent ne peuvent choisir le moment ; il n’appartient qu’à Dieu. Cette décision souveraine est clairement appréhendée dans l’attitude de Christ par rapport à Lazare. Il y avait alors beaucoup de facteurs humains présents, et le Seigneur avait été mal compris de par Son attitude, néanmoins Il ne fit rien jusqu’à ce que le moment de Dieu soit arrivé. Le point, pour le moment, est ceci : lorsque cette voix est entendue c’est le moment de Dieu ; et nous ne pouvons jamais dire si ce temps se renouvellera, ni, s’il se renouvelle, quand il en sera ainsi. Dans les passages précités, nous en avons un qui est singulier : « Pourquoi n'entendez-vous pas mon langage? Parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole. », Jean 8 :43. Dieu avait parlé, mais il n’y avait eu aucune réaction, et maintenant ils ne peuvent plus entendre même lorsqu’Il parle. Sur la route de Damas Paul entendit la voix, ceux qui voyageaient avec lui n’entendirent que le son. Nous avons un exemple similaire concernant le Seigneur Jésus, (Jean 12 :28-29).
                    Aussi, nous devons nous poser cette question : Quel est l’effet direct et immédiat lorsque Dieu nous parle ? Ce ne sera pas forcément un transport de joie, un tel sentiment peut être faux. Normalement, ceci ne produit aucune gratification naturelle. Nos intérêts et inclinations naturels devraient avoir peu ou aucune place. Un transport de joie ne veut pas nécessairement dire la vie. Si le parler de Dieu ne provoque en nous qu’un transport de joie, nous devrions alors nous examiner. Il y a une vaste différence entre un transport de joie et le repos, la paix et la joie spirituelle. Un tel parler devrait susciter un émerveillement solennel et une crainte révérencielle, mêlés à une quiétude spirituelle.
                    Le premier effet d’entendre la voix du Fils de Dieu est le don de la foi, ce qui, auparavant, semblait irréalisable, devient maintenant possible. Ce qui était alors sans espoir – et nous le savions – devient à présent une possibilité. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts. », 1 Pierre 1 :3. C’est une espérance de résurrection. Combien désespérée et impossible était la situation de Lazare, jusqu’à ce qu’il entende la voix du Fils de Dieu ! Aussi, Paul dit : « Car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. », Éphésiens 2 :8. Il dit encore : « La foi est de ce qu’on entend. », Romains 10 :17. Mais, c’est le genre d’ouïe que nous avons décrit plus haut dont il est question dans ces passages. Les efforts et les tensions disparaissent de la vie quand nous laissons agir la foi en Dieu, et les obstacles insurmontables ne le sont plus.
                    Nous devons mentionner encore deux choses. Si les morts doivent entendre la voix du Fils de Dieu et vivre, ce ne seront que les morts qui l’entendront. Nous avons vu que le Seigneur Jésus avait agit intentionnellement dans Sa détermination de laisser mourir Lazare avant qu’Il n’intervienne. Il utilisa, tout d’abord, un langage figuratif : « Lazare, notre ami, s’est endormi. » ; mais Ses disciples ne Le comprirent pas, alors Il leur dit pleinement : « Lazare est mort. » Les sœurs savaient dans quel état serait Lazare après quatre jours dans le tombeau et dans le climat oriental. Lazare était-il mort ? Sans aucun doute possible ! Ceci était essentiel pour le principe divin. Nous sommes bien trop vivants dans nos propres efforts, intérêts, luttes, ambitions, activités, travaux, etc..., pour que nous puissions entendre cette Voix du Fils de Dieu. Aussi, nos œuvres sont autant « d’œuvres mortes ». Il y a une vie naturelle, mais ce n’est pas la vie de Dieu. Il y a tant de voix qui remplissent nos oreilles, religieuses et mondaines ou un mélange des deux. Si la plus grande chose qui puisse arrivée à des hommes doit prendre place, alors nous devrons être, comme Paul jetés à terre, afin d’entendre la Voix, (Actes 9 :4). Combien de fois, sous la main de Dieu, la fin signifiait en fait le commencement. Nous avons été amenés à une situation désespérée, dans laquelle nous étions totalement impuissants, et, comme Paul, « nous avons désespéré même de vivre. » ; non pas nécessairement physiquement, mais spirituellement. Mais, plus tard nous avons découvert qu’il s’agissait de Dieu oeuvrant souverainement, suscitant quelque chose d’entièrement nouveau. Il n’y a vraiment aucun espoir à moins que nous soyons morts.
                    Pour conclure. Quelle est donc la nature de votre relation avec Christ ? Peut être croyez-vous dans la doctrine chrétienne de la déité de Christ, peut être y croyez-vous intensément. Mais, si ce n’est qu’une doctrine, un enseignement, un fait objectif concernant Christ, ceci ne vous portera pas à travers les expériences dantesques qui parsèment le cheminement du vrai chrétien.
                     Jean dit que la raison pour laquelle il écrivit son évangile était afin que nous sachions que Jésus est le Fils de Dieu, et qu’en croyant nous ayons la vie en Lui. Mais, il s’est appliqué à démontrer que ceux qui crurent ainsi avaient une base vécue pour leur foi. Comment et pourquoi croyez-vous ? Pouvez-vous dire vraiment : « Car quelque chose s’est passé en moi qui ne peut être qu’expliqué par le fait que Dieu a agit. Les sentiments, les raisonnements, les persuasions ne peuvent expliquer cette chose. Les personnalités humaines, la psychologie, ou n’importe quel autre facteur naturel ne peut expliquer cette expérience. Un tel accomplissement n’a pu avoir eu comme origine Dieu Lui-même, et je L’ai trouvé en Jésus Christ. C’était la Voix du Fils de Dieu et elle m’amena à la vie et dans cette vie je demeure. »

source : http://www.austin-sparks.net/francais/cat_christ.html



lundi 4 septembre 2017

La Mesure de Christ par T. Austin-Sparks

« Dieu a voulu donner à connaître quelles sont les richesses de la gloire de ce mystère parmi les nations, c’est-à-dire Christ en vous l’espérance de la gloire. » Colossiens 1 :27
                    Lisons tout ce verset avec attention, phrase par phrase, afin d’en retirer toute la portée de cette merveilleuse vérité : « Dieu a voulu à connaître – quelles sont les richesses de sa gloire – de ce mystère … c’est à dire CHRIST EN VOUS. » Les richesses de la gloire, Christ en vous !
                  « Ne reconnaissez-vous pas à l’égard de vous-mêmes que Jésus Christ est en vous?. » 2 Corinthiens 13 :5. Cette interrogation de l’apôtre n’est pas sans fondement, « NE RECONNAISSEZ-VOUS PAS ? », à l’égard de vous-mêmes, ne reconnaissez-vous pas que Christ est en vous ? Ne savez-vous pas cette chose merveilleuse ?
                   « Mes enfants, pour l’enfantement desquels je travaille de nouveau jusqu’à ce que Christ ait été formé en vous » Galates 4 :19. « Jusqu’à ce que Christ ait été formé en vous » ; nous avons ici une progression.
                    « Car ceux qu’il a pré connus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils » Romains 8 :29. Paroles merveilleuses ! Aucun homme n’oserait les prononcer, elles sont ici écrites par la révélation de l’Esprit Saint.
                    « A chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ … jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ. » Éphésiens 4 : 7, 13 « La mesure … de la plénitude du Christ. »
                    Nous désirons immédiatement nous focaliser sur le Seigneur Jésus Christ, car c’est LUI qui est en vue. Ce que nous avons devant nous n’est ni un enseignement, ni une vérité, c'est à dire qui doit être obtenu avec plus de connaissance quand à la vérité ; il ne s’agit pas non plus de service, mais il s’agit bien du Seigneur lui-même.
                    Le but du Père, du commencement à la fin, est que le Fils, le Seigneur Jésus, remplisse toute chose, et que toutes les choses soient remplies de Christ – la valeur de toute chose, aux yeux de Dieu, est selon la mesure de la manifestation de Christ qui y est manifestée. C’est par ce critère que Dieu décide de l’importance de toute chose. Si c’est nous-mêmes qui sommes au centre, cela fera une grande différence, beaucoup devra être annulé car ce n’est pas Christ qui est manifesté. Nous devons comprendre que le Père ne voit que le Fils, et que les yeux du Père n’ont qu’un seul objet, et cet objet est le Bien-Aimé, Son Fils ; aux yeux de Dieu la valeur de toute chose est déterminée par la mesure dans laquelle est manifesté et glorifié le Fils, c’est la Sa fin et Son but.
L’Entière Globalité de Christ
                    Le service, la vision, la vocation, la glorification spirituels n’ont aucun fondement sans Christ, elles ne sont pas des choses en elles-mêmes, et ne peuvent être obtenues en dehors de la personne du Seigneur Jésus.
                    Pour beaucoup, le salut est une chose ; c’est quelque chose de détaché et considéré comme étant isolé, considéré comme séparé, pour le bien de ceux qui le reçoivent. La sanctification est considérée de la même façon. Bien souvent, nous pensons au salut et à la sanctification que par rapport aux personnes qui en sont l’objet ; comme étant quelque chose pour eux. Mais c’est Christ Lui-même qui est le salut, IL est la sanctification ; IL est ces choses.
                    Il en est de même du service et de la vocation, ils sont souvent considérés par rapport aux personnes elles-mêmes. L’expression « sauvé pour servir » n’est qu’une partie de la vérité, et c'est un slogan dangereux, car, bien souvent, le motif est le service lui-même et non pas le Seigneur. Vous pouvez être tellement occupé par le service que le Seigneur s’en retrouve négligé. Nous avons séparé la vocation du Seigneur, et nous nous retrouvons « pris » par le service, complètement submergé par ses demandes ; et à la fin cela nous casse. Et lorsque le service devient dur et difficile, nous disons que nous allons l’abandonner, que nous allons démissionner, démontrant ainsi que nous avons séparé le service de la Personne, et qu’en fait nous avons été fort occupé chaque jour avec le service, avec le travail et non pas avec le Seigneur.
                    Il en est de même de la glorification, cette chose nous remue, nous apprécions chanter des cantiques qui nous parle de notre glorification, mais Dieu désire qu’elle commence maintenant, c’est là sa volonté quand à la glorification. Qu’est-ce que la glorification ? C’est la pleine manifestation de Christ en nous. Dieu considère le salut, la sanctification, la vocation, le service et la glorification comme étant en relation avec le Fils, et comme n’ayant aucune valeur en dehors de Lui ; Il est le salut, Il est la sanctification etc.…
                    Le salut et la sanctification sont souvent considérés par ceux qui les reçoivent, comme étant des choses à être obtenues pour leur propre bien, pour qu’ils bénéficient de quelque chose qui est reçu par eux ; il s’agit souvent du salut pour le salut. Mais Dieu ne sauve pas pour la cause du salut, Il ne recherche pas le salut comme une fin en lui-même, mais pour la cause de Son Fils, pour la gloire du Fils. Ce n’est point le salut qui est en vue, mais le Sauveur. Si les gens se réjouissent dans le salut comme d’une chose reçue pour le propre bénéfice, la fin sera cachée par la première étape. Cela n’est-il pas souvent la cause des ralentissements et des arrêts dans la vie chrétienne?
                     L’ouvrier doit être amené au lieu où, ne voyant aucun progrès ni résultat de son travail, il s’écrie « Je ne peux rien faire de moi-même ! » Et ainsi il en vient à voir la véritable signification du salut, et que de sauver une autre âme est totalement au-delà de ses capacité ; c’est l’œuvre de Dieu. Et ainsi il en arrive à l’objet du salut, qui n’est autre que la gloire du Fils de Dieu. Le salut n’est pas quelque chose, il s’agit de l’entrée, de la venue en nous d’une Personne : « Celui qui a le Fils a la vie », (1 jean 5 :12). « Mais à tous ceux qui l’ont reçu ».
                    Et ceci est tout aussi vrai en ce qui concerne la sanctification et le service. Tout service qui n’est pas accomplit sur le terrain de Christ en nous comme étant l’Ouvrier, ne peut accomplir le propos de Dieu, car seul le Seigneur Jésus par l’Esprit peut faire l’œuvre de Dieu. Oui – Nous sommes appelés à accomplir un service dont nous ne sommes pas capables ! Le service c’est amener le Seigneur Jésus au centre de tout, et tout service qui ne fait pas ainsi ne peut être appelé l’œuvre du Saint Esprit, mais plutôt le service de l’homme, qui n’accomplit pas l’œuvre de Dieu – ce travail sera éprouvé par le feu et sera rendu inutile.
                    La foi chrétienne n’est pas une doctrine, il ne s’agit pas de vérité pour la vérité, mais il s’agit plutôt de la connaissance d’une Personne – c’est connaître le Seigneur Jésus. Personne ne peut être éduqué afin de devenir un chrétien, la foi chrétienne est la connaissance intérieure d’une Personne ; le connaître Lui comme demeurant en nous.
L’Universalité de Christ
                     Dieu a choisi exclusivement une Personne, et réunies en cette Personnes sont toutes les perfections divines, tout est inséparablement lié au Fils ; Il a placé toute les plénitudes de l’éternité et de l’univers en cette Personne. Il a amoncelé toute plénitude en lui, rien ne peut être obtenu en dehors de lui ; tout ce qui caractérise la nouvelle création est en Lui. La fin prédestinée de Dieu est une pleine présentation de la plénitude de Christ – « l’assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous », Éphésiens 1 :22-23.
                    Chaque endroit de l’univers parlera de Jésus Christ, ainsi nous ne pourrons pas aller à un endroit, ni rencontrer un personne sans y trouver une expression du Seigneur Jésus. « Christ en vous l’espérance de la gloire » - ce sont les cieux. Nous marchons ici dans la présence du Seigneur Jésus, pensez à un univers comme celui là, une expression universelle de Son Fils en plénitude. C’est la fin que Dieu a en vue, que Christ remplisse toute chose, qu’en regardant aux choses nous y trouvions la plénitude de Christ. Tout a été fait pour Lui, et dans la nouvelle création tout parlera de sa présence et démontrera ses vertus. Oh ! La joie, même aujourd’hui, lorsque nous touchons une vie et que nous constatons qu’elle est pleine du Seigneur Jésus, et que le Seigneur Jésus est la plénitude de cette vie – quelle bénédiction ! Dieu s’est choisi une Personne et l’a placée afin d’être vue par tous – l’Homme Christ Jésus.
L’Universalité de l’Église
                    Nous ne pouvons aller au delà de A à Z en matière de littérature, tout est compris entre A et Z dans la sphère du langage, de la même façon Jésus Christ est le PREMIER et le DERNIER de la nouvelle création de Dieu ; nous ne pouvons aller au delà. Nous devons jamais penser qu’il n’y ait quoi que ce soit en dehors de Christ, IL est le Salut, IL est la Sanctification, IL est la Rédemption, IL est la Justification, la Paix, la Sagesse, l’Amour, les Cieux. « Ne reconnaissez-vous pas à l’égard de vous-mêmes que Jésus Christ est en vous?. » Ce Christ - en vous ! Voyez-vous les possibilités et les grandes implications de ceci ?
                   Dieu va transformer l’univers, non point de l’extérieur, mais de l’intérieur. Comment ? En mettant le Seigneur Jésus Christ à l’intérieur du croyant par le Saint Esprit, et à partir de ce moment là, il y aura deux activités – Lui être rendu conforme par Son Esprit, et Lui étant formé dans le croyant ; c’est ainsi qu’Il va amener cette nouvelle création.
« Christ EN VOUS l’espérance de la gloire », Colossiens 1 :27.
« Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils, Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. », 1 Jean 5 :11-12.
« Si quelqu’un n’a pas l’ Esprit de Christ, celui-là n’est pas de lui. » Romains 8 :9.
Le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir même toutes choses. » Philippiens 3 :20-21.
Ayant revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l’ image de celui qui l’a créé, où il n’y a pas Grec et Juif, circoncision et incirconcision, barbare, Scythe, esclave, homme libre; mais où Christ est tout et en tous. » Colossiens 3 :9-10.
« L’assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous », Éphésiens 1 :23.
La Croissance en Christ
                   La vie chrétienne ne se vit pas par effort, ni en luttant, non pas en essayant de mettre en pratique certains enseignements, ni en essayant d’atteindre un certain but ; mais du début à la fin, et toujours, il est question de connaître intérieurement le Seigneur Jésus. Bien entendu ceci implique une réceptivité envers Lui, et le fait de céder continuellement à Son œuvre par Son Esprit en nous, et ceci engage également une coopération de notre part avec Lui dans son œuvre de transformation de nous rendre conforme à Son image.
                   Nous avons tous grandi depuis notre naissance. Comment avons-nous grandi ? Non pas en nous asseyant et en considérant que nous devrions augmenter notre taille, non pas en déterminant de combien nous devrions grandir chaque jour, ni par aucun effort de notre part afin d’augmenter nos dimensions – nous avons tout simplement grandi. Mais en grandissant nous avons dû répondre aux lois de la nature. Et ainsi, en ce qui concerne le spirituel, nous devons reconnaître les lois de la croissance, et quand celles-ci sont ignorées, ou violées, il ne peut pas y avoir de croissance ; mais plutôt du déficit, de la faiblesse et de la perte.
                    Pourquoi la croissance est-elle rapide chez certains et lente chez d’autres ? Parce que pour quelques un il est « dur de regimber contre les aiguillons », ils questionnent sans cesse Dieu : « Dois-je faire ceci ? », « Est-ce nécessaire ? », « Puis-je faire cela ? » ; sans cesse ils questionnent. Malgré cela, ce sont ceux-ci qui clament, le plus souvent, haut et fort, qui veulent faire uniquement la volonté du Seigneur. Mais leur affirmation même indique qu’une lutte a lieu, et que leur croissance, si croissance il y a, elle se fait dans la douleur.
                    Par contre, d’autres, dans un esprit de sincérité et de pureté, laisse immédiatement le Seigneur agir en eux, et ainsi Il est libre de les conduire où Il veut sans perdre de temps dans les controverses avec la volonté de Dieu, et leur total abandon et leur complète obéissance font qu’il n’y a aucune faiblesse envers cette volonté divine. Il y a ici une passion pour le Seigneur LUI-MÊME, et pour Lui d’avoir toute Sa volonté, quelqu’en soit le coût.
                    Tout dépend de notre appréciation du Seigneur Jésus. Lorsque nous avons une bonne estimation du Seigneur, et lorsque nous voyons tout ce qu’Il représente pour nous devant le Père, et lorsque par la foi nous nous approprions ce Seigneur, alors nous croissons en Lui – « contemplant à face découverte la gloire de Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, par le Seigneur l'Esprit. », 2 Corinthiens 3 :18.
                    L’entrave à la croissance spirituelle, c’est de regarder aux choses comme étant séparées de la PERSONNE du Seigneur Jésus. Nous ne discuterions pas les Écritures, comme nous le faisons parfois, en débattant de ceci ou de cela, si nous avions une pleine appréciation de Lui. Nous ne ferions pas ces choses si notre passion était qu’Il obtienne toute la gloire, nous devrions plutôt Lui céder ; afin que Christ est toute la gloire en nous.
                    N’est-ce pas là notre difficulté, que nous regardons souvent aux choses comme étant séparées du Seigneur ? Une appréciation adéquate du Seigneur élimine toutes les difficultés de la croissance spirituelle. Christ est le plus glorifié lorsqu’Il a toute la place dans le cœur. La croissance est intimement liée avec le Bien-Aimé, et la croissance est l’issue de notre occupation avec LUI, donnant, en toute chose, toute Sa place au Seigneur Jésus ; Il est le premier, Il est pour tout et en tous. Il est question, en fait, de la mesure de Christ, nous devons voir que TOUT est lié au Seigneur Jésus.
                    Tout est question de connaître le Seigneur dans nos cœurs, alors Il aura toute la place en nous, et sera libre d’œuvrer à travers nous.
                   Focalisons-nous sur Lui, et voyons que LUI-MÊME est toute chose.
                   L’évangile de Dieu est que nous sommes sauvés afin d’être rendus conformes à l’image de Son Fils. Nous devons parvenir à la plénitude de la « mesure de Christ » – « à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ ». Éphésiens 4 :13


samedi 2 septembre 2017

L'Alpha et l'Oméga par T. Austin-Sparks

« Moi, je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, et qui était, et qui vient, le Tout-puissant. » (Apocalypse 1 :8)
« Et il me dit ... Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. » (Apocalypse 21 :6)
« Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. » (Apocalypse 22 :13)
                    L’un des titres que le Seigneur s’attribue dans sa résurrection est : « l’Alpha et l’Oméga ». Le Seigneur se présente ici comme « le vivant », celui qui a été mort, mais qui est vivant – et aux siècles des siècles (Apocalypse 1 :17). Ces deux lettres, Alpha et Oméga, sont, nous le savons, la première et la dernière lettres de l'alphabet grec. L'une a la même forme que la première lettre de notre propre alphabet; l'autre est différente de toutes nos lettres. Alpha et Oméga - Premier et Dernier. Dans tout alphabet, il y a quelque chose qui correspond à un « A » et à un « Z », un Alpha et un Oméga, un commencement et une fin. Peu importe que l'alphabet soit compliqué ou qu'il ne contienne que vingt-six pauvres lettres, comme notre alphabet français: tout est cependant limité par le « A » et le « Z » , l'Alpha et l'Oméga. L'on ne peut rien trouver en dehors de cela; tout se trouve entre ces deux lettres. L'Alpha et l'Oméga embrassent tout ce qui est nécessaire au discours; il n'y a pas de discours possible, dans aucune langue, en-dehors de ce qui se trouve entre ces deux lettres. Tout ce qui peut être dit doit rester dans leur limite; en-dehors de leur limite, rien ne peut être dit.
Dieu ne peut être Connu en-dehors de Christ
                    Or, Jésus dit cela de Lui-même : « Je suis l' Alpha et l'Oméga ». La Parole de Dieu nous dit que Christ est la plénitude de Dieu, et que Dieu veut rassembler toutes choses en Christ. Elle nous montre, de plus, que Dieu ne parlera jamais, à personne, en-dehors de Son Fils, Jésus Christ. Il a lié à Son Fils tout ce qu'Il a à dire à l'homme; Il a fait de Christ la limite de tout; Il n'a rien à dire, et Il ne dira rien, en-dehors de Son Fils. « Nul ne vient au Père que par moi», a dit le Fils (Jean 14 :6). « Et personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père ; ni personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler » (Matthieu 11 : 27). L'apôtre qui a écrit la lettre aux Hébreux la commence en disant: « Dieu ayant autrefois, à plusieurs reprises et en plusieurs manières, parlé aux pères par les prophètes, à la fin de ces jours-là, nous a parlé dans le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses. » (Hébreux 1 :1-2). Tout ce que Dieu nous dira, et tout ce que Dieu peut nous dire, sera en Jésus Christ.
                    « Je suis l'Alpha ». La toute première syllabe de la connaissance de Dieu est la connaissance de Jésus Christ. Elle commence par « A » ; c'est le premier murmure du bébé. « Et, parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant, Abba, Père » (Galates 4 :6). La toute première syllabe de la vie chrétienne commence par « A » – « Père » . Nous ne connaissons pas le Père avant de connaître Jésus-Christ; c'est Lui qui nous a révélé le Père. Le commencement de toute connaissance de Dieu comme Père nous est donnée par Jésus-Christ. Ce qu'Il a dit dans Sa prière était bien vrai: « J’ai manifesté ton nom aux hommes » (Jean 17 :6), et ce nom était celui de « Père ». Désirons-nous connaître Dieu ? Désirons-nous Le connaître comme un Père ? Désirons-nous savoir ce qu'Il a à nous dire, ce qu'Il veut nous faire connaître? Désirons-nous connaître toute la vaste richesse que Dieu veut nous révéler, ou quelque chose de cette richesse? Nous ne pouvons la connaître qu'en Jésus Christ; nous ne pouvons la connaître qu'en Celui qui est le commencement et la fin, l'Alpha et l'Oméga. Il n'y a pas de connaissance sans mots composés de lettres (excepté peut-être pour nos amis chinois !), et toutes les lettres se trouvent entre ces deux. Il n'y a pas de connaissance qui soit une vraie connaissance, une connaissance qui soit la vie éternelle, en-dehors de Jésus Christ. « Et c'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. » (Jean 17 : 3). Il n'y a pas de connaissance en-dehors de Jésus Christ.
                     Et il n'y a pas de communication de la part de Dieu en-dehors de Jésus Christ. Mettez Jésus Christ de côté, et Dieu sera silencieux – Il n'a rien à nous dire. Si nous ne donnons pas à Son Fils la place qui est la Sienne, Dieu restera muet; Il ne nous dira rien. Plus nous honorons le Fils, plus le Père se manifestera à nous et sera en communion avec nous.
Toute Nécessité a sa Réponse en Christ
                      Deuxièmement, Alpha et Oméga renferment non seulement tout le discours – ils répondent à toutes les nécessités. Nous n'avons besoin de rien en-dehors de « A » et de « Z » ; nous n'avons pas besoin de créer de nouvelles lettres ; tout est là. Peu importe que nous employions de grands mots, et il y a de grands mots en nos jours!, peu importe la grandeur des mots, la longueur des phrases, la hauteur des expressions : nous pouvons répondre aux besoins du plus grand des mots, de la plus longue des phrases, et de l'expression la plus entière par ce qui se trouve entre Alpha et Oméga. Pour tous ces grands nouveaux mots, nous n'avons pas besoin de créer de nouvelles lettres: tout ce dont nous avons besoin est là.
                    L'apôtre Paul nous dit qu’ « en Lui » – c'est à dire, en Christ – « habite toute la plénitude de la déité » (Colossiens 2 : 9) ; « tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (2 : 3) ; et qu’en Lui « toute la plénitude s’est plu à habiter » (1 : 19). Nous apprécions beaucoup cette parole que Paul écrivit aux Philippiens : « Mais mon Dieu suppléera à tous vos besoins selon ses richesses en gloire par le Christ Jésus » (Philippiens 4 : 19). Il sera pourvu à tout besoin sur l'échelle de Ses richesses dans la gloire – pouvons-nous saisir cela, pouvons-nous embrasser cela ? Mais c'est selon ce qui est en Jésus Christ qu'il sera pourvu à tout besoin. En Lui se trouve tout ce dont nous avons besoin : Il est l'Alpha et l'Oméga. Lorsque Jésus dit: « Je suis l'Alpha et l'Oméga », Il dit: « Je suis tout ce dont vous avez besoin, vous ne pouvez jamais avoir un besoin, vous ne pouvez jamais inventer ou imaginer quelque chose à laquelle Je ne pourrai pas pourvoir. Aucune situation ne peut m'épuiser : en Moi demeure toute la plénitude. Je suis Alpha et Oméga » .
Christ, l'Agent, le Modèle et le But de la Création
                      Christ est le premier et le dernier dans la création, c'est ce que déclare la Parole. Dans cette lettre aux Colossiens que nous venons de citer, l'apôtre nous dit clairement et précisément que, « toutes choses ont été créées par lui et pour lui », et que « lui est avant toutes choses » (Colossiens 1 :16-17). L'apôtre Jean, au commencement de son Évangile, nous dit également que toutes choses ont été faites par lui (Jean 1 :3). Il est le commencement dans la création. Dans la lettre aux Hébreux, il nous est dit que les mondes, ou les âges, ont été faits par Lui; c'est par Lui qu'ils sont entrés en existence (Hébreux 1 : 2). Dans ce livre de l'Apocalypse, nous lisons : « Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu » (Apocalypse 3 :14). Il est l'Alpha et l'Oméga dans la création; Il est ici l'Alpha, l'Agent même et l'Instrument de la création.
                    Il a été le Modèle de la création, car toutes choses ont été créées pour être une expression temporelle et matérielle des réalités spirituelles et morales qui sont dans le Fils de Dieu. Si nous avions des yeux pour voir, et une intelligence pour comprendre, les secrets les plus profonds d'une création non déchue, d'un vaste univers sortant de la main de Dieu, nous verrions, en tout, quelque chose qui parle du Fils de Dieu – de Son caractère spirituel, et moral, de Sa place suprême dans tout le système de Dieu. Il est le Modèle de la création : « Car de lui, et par lui, et pour lui, sont toutes choses! » (Romains 11 :36). Et Il est déclaré être la perfection, le but, de la création de Dieu. Il est Alpha et Oméga.
Christ: le Premier et le Dernier dans la Rédemption
                     Tout ce que nous venons de dire a pour but de mettre le Seigneur Jésus à la place qui est la Sienne dans l'univers de Dieu. Mais nous pouvons sentir que tout cela ne nous aide pas réellement. Ce qui se rapproche davantage de nous, c'est ceci: Il est l'Alpha et l'Oméga dans la rédemption. Il est le Premier et le Dernier dans la rédemption. Nous trouvons encore dans cette lettre aux Hébreux ces paroles qui nous sont familières : « Fixant les yeux sur Jésus le chef (l’auteur) et le consommateur de la foi » (Hébreux 12 : 2). Il est donc le commencement et la fin, l'Alpha et l'Oméga, de la rédemption.
                     Christ est, naturellement, le commencement de la rédemption dans ce simple sens, qu'il n'y a point de rédemption avant que nous ne venions à Lui. De même qu'il n'y a pas de parole, pas de moyen de communication, pas de connaissance avant que nous venions à l'alphabet, ainsi il n'y a pas de rédemption avant que nous ne venions au Seigneur Jésus. Il n'y a simplement rien avant « A » ; il n'y a rien avant Alpha: c'est juste là que tout commence. Et ce qui est vrai en ce qui concerne le langage est vrai dans la rédemption: il n'y a simplement pas de rédemption, il n'y a pas de salut, avant que nous venions au Seigneur Jésus. Mais lorsque nous venons à Lui, il y a un nouveau commencement. C'est le commencement de tout – un tout nouveau domaine et une nouvelle étendue de possibilités, que ce soit de communication, de connaissance et d'intelligence, de sagesse ou de plaisir .
                        Quelles richesses il y a en Christ! Quelles richesses il y a en Lui, notre Rédempteur . Lorsque nous Le recevons comme le commencement, l'Alpha, du salut, quel domaine merveilleux s'ouvre pour nous ! Lorsque nous prenons un dictionnaire, et que nous commençons à en tourner les pages, quel monde s'ouvre à nous ! A mesure que nous avançons à travers les nombreux milliers de mots, avec toutes leurs tailles et leurs formes différentes, quel monde nous avons là! Je ne pourrais comprendre quelqu'un qui ne trouverait aucun plaisir dans un dictionnaire! Mais vous voyez à quoi nous voulons arriver. Lorsque nous venons à Jésus comme à l'Alpha, un monde nouveau, et vaste, et merveilleux, commence à s'ouvrir, un monde que nous n'avions jamais imaginé. Lorsque nous trouvons de nouveaux mots dans le dictionnaire, des mots que nous ne pensions pas y être, cela nous ouvre une vision entièrement nouvelle. Il en est de même à l'égard du Seigneur Jésus: lorsqu'il devient notre commencement, un monde inépuisable s'ouvre devant nous. Richesse, plénitude, abondance de connaissance – nous avons devant nous des possibilités sans limites, lorsque nous commençons par « A ».
                     Et il n'y a pas de fin! De même que quelque chose de nouveau est ajouté d'année en année au dictionnaire, il en est ainsi de la vie chrétienne. Je n'exagère pas. Mon expérience durant toutes ces années, et spécialement peut-être durant ces derniers temps, c'est que Christ est inépuisable. Il y a plus, et plus, et toujours plus, de trésors que nous n'avions pas encore découverts. Mais tout cela a commencé lorsque nous sommes venus à Lui, et cela a toujours continué depuis lors, et se continuera durant toute l'éternité; car la Parole dit: « A l’accroissement de son empire … il n’y aura pas de fin » (Esaïe 9 : 7). Pas de fin! Quel royaume de plénitude est Son royaume! Mais il nous faut commencer avec Lui; il nous faut faire de Lui notre commencement, avant de pouvoir en posséder quelque chose. Il doit être notre « Alpha ». Mais dès qu'il l'est devenu, je le répète, un monde nouveau s'ouvre à nous: une nouvelle plénitude – et quelle plénitude commence à se révéler ! Tout est en Lui, notre Rédempteur.
                     C'est ce que nous retrouvons dans le premier chapitre de l'Apocalypse : les titres du Seigneur qui Lui sont donnés dans Sa résurrection. Et nous avons ensuite des paroles qui nous disent ce qu'Il a fait dans la rédemption : « Tu as racheté pour Dieu par ton sang ... » (Apocalypse 5 : 9) et « qui nous a lavés de nos péchés par son sang ; – et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père » (Apocalypse 1 :5-6). C'est l'œuvre de la rédemption qui nous a ouvert un monde où tout est nouveau – une plénitude merveilleuse! Il est l'Alpha de la rédemption.
« L'Auteur ... »
                    Christ n'est pas seulement le commencement : Il est Celui qui commence. Il est dit ici « l'auteur » : « Regardant à Jésus, le chef (l'auteur) et le consommateur ... » (Hébreux 12 : 2). Il est Celui qui commence, Celui qui prend en mains cette responsabilité de recommencer tout à nouveau, et de nous faire entrer dans un monde que nous n'avions jamais connu auparavant. Il en est l'initiateur : tout est entre Ses mains. Il le fait. Il a pris l'initiative de notre rédemption : c'est le point crucial. Et je suis content de ceci, si infiniment content. Quoi que l'on puisse dire de notre propre désir, du besoin que l'homme a de Dieu, de sa recherche de Dieu, cela ne peut être comparé au désir que Dieu a de l'homme, à la manière dont Il le cherche. Ce que le Seigneur Jésus est venu nous révéler, et ce qu'Il nous a révélé, c'est que c'est Dieu qui nous cherche. Ces paraboles merveilleuses, et qui nous sont si familières, de la brebis perdue, et de la pièce d'argent perdue, et du fils prodigue (Luc 15), et tous ceux qui sont perdus: toutes ces paraboles, nous montrent que Dieu est Celui qui cherche, que l'initiative est à Dieu. « Car le Fils de l' homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19 : 10).
                      Oui, c'est Dieu qui a tout commencé : vous et moi, nous ne nous réjouirions pas de notre salut, s'Il ne l'avait pas commencé. Il a dit: « Ce n'est pas vous qui m' avez choisi ; mais c'est moi qui vous ai choisis » (Jean 15 :16), – et c'est pourquoi nous sommes au nombre de Ses rachetés. Et si nous sommes maintenant parmi ceux qui appartiennent au Seigneur, c'est simplement parce qu'Il nous a cherchés. Que nous L'ayons cherché ou non, Il a été certainement Celui qui nous a cherchés; Il a été Celui qui a tout commencé. Aucun autre que Lui ne peut commencer à nous racheter; aucun autre que Lui ne peut nous sauver. « il n’y a de salut en aucun autre; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés.» (Actes 4 : 12) ; seul Son Nom. Il n'y a pas de commencement à la rédemption hors de Lui.
« … et le consommateur »
                      Et Christ est le Dernier, l’Oméga, la fin – dans ce sens que, lorsqu’Il a commencé quelque chose, Il l'achève ; la Parole dit : «L’Éternel achèvera ce qui me concerne » (Psaume 138 : 8). « Celui qui a commencé en vous une bonne œuvre, l'achèvera jusqu'au jour de Jésus Christ » (Philippiens 1 : 6). Il finit ce qu'Il commence. Et Il est non seulement Celui qui commence et qui achève, Il est Lui-même le Commencement et l'Achèvement, la Fin. Dieu fait concourir toutes choses à l'accomplissement de Son but qui est que nous soyons « conformes à l'image de Son Fils » (Romains 8 : 29). Christ est là, pour ainsi dire, tout à la fin; et Dieu avance et agit en nous, Son peuple, en relation avec Celui qui se tient au bout du chemin, afin que nous devenions conformes à Son image. Le serviteur de Dieu s'écrie: « Quand je serai réveillé, je serai rassasié de ton image » (Psaume 17 : 15). C'est cette image qui est le but; Jésus Lui-même est la fin. Toutes choses, sous le gouvernement des Cieux, contribuent à notre conformité au Fils de Dieu.
Christ est le Sens de la Vie
                      De plus: Christ, l'Alpha et l'Oméga, donne un sens à la vie. Je puis avoir un plateau sur lequel sont éparpillées toutes les lettres d'un alphabet. Si je sais ce que sont les lettres, et si je sais ce que je veux, je pourrai les mettre en ordre, de façon à ce qu'elles prennent un sens. Elles exprimeront alors exactement ce que je veux exprimer. Tout ce qui se trouve entre « A » et « Z » , entre Alpha et Oméga, prend un sens dès qu'il est mis à sa place. Il y a beaucoup de personnes aujourd'hui qui ne peuvent voir aucun sens à la vie. Beaucoup s'efforcent de donner un sens à leur vie. Qu'est-ce que cela signifie ? Quelle en est l'explication ? Il semble que tout ne soit qu'un chaos, une confusion, une énigme. Jésus donne un sens à la vie: Il met en ordre le chaos.
                      C'est là une description du dessein divin, du grand but de Dieu: donner à toutes choses leur explication. Oui, en Lui, nous avons la réponse aux problèmes de notre vie; en Lui, nos vies dispersées et confuses sont, remises en ordre. Cela n'a-t-il pas été vrai de beaucoup d'hommes et de femmes, dont les vies étaient troublées et confuses, emmêlées et tordues, sans aucun but ni aucun idéal apparent, sans signification ni explication: ils ne pouvaient trouver de sens à rien. Alors ils sont venus au Seigneur Jésus, et leur vie a pris un sens: un but, un dessein est paru, et ils en sont arrivés à réaliser la signification de leur vie, ce à quoi ils sont destinés. C'est le témoignage de ceux qui sont véritablement à Lui. Dans le Seigneur Jésus, nous avons trouvé une signification à notre vie, une explication de la vie. Il peut apporter dans la vie un modèle clair, une intelligence nouvelle. En Lui, l'Alpha et l'Oméga, nous avons tout ce qui est nécessaire pour que notre vie ait un sens.
                     Permettez-moi de me répéter: Avant d'avoir nos lettres, nos caractères fondamentaux, il n'y a pas de commencement, et il n'y aura pas de fin sensée et intelligente. Jésus supplée à ce besoin, un commencement et une fin intelligente. Il conduit quelque part! Lorsque, vous et moi, nous finirons par atteindre le but, le but dans Sa gloire, ce sera réellement une fin pleine de sens, n'est-ce pas ? Ce sera une fin qui justifiera tout, qui donnera sa signification à tout ce que nous aurons traversé, qui expliquera tout. Les mille « pourquoi » de notre vie auront leur réponse; tout sera expliqué. Pourquoi a-t-il fallu cette expérience, ou celle-là ? Pourquoi cette tristesse, et celle-là ? Pourquoi ce désappointement et cette perte ? Pourquoi ces voies étranges dans notre vie? Tout aura sa réponse, à la fin – et Jésus Lui-même sera la fin! Oui, ce sera une fin qui aura une valeur. Nous ne discuterons pas avec Dieu alors, parce que Jésus aura mis tout en ordre, et Il nous aura amenés à une fin qui dépassera nos espérances les plus hardies, et qui sera entièrement en-dehors de nos mérites.
Dieu nous Parle et Parle à travers Nous par la Vie
                    Nous pouvons ainsi comprendre pourquoi, dans la Bible, Jésus est appelé «La Parole de Dieu» (Apocalypse 19 : 13). Dieu parle en Lui et par Lui : toujours, et uniquement, et finalement, en Son Fils. Peut-être dirons-nous, « Tout cela est très intéressant, mais après tout, comment parle-t-Il ? Devons-nous L'entendre de nos oreilles ? » Non. Si nous revenons au contexte de ces titres, nous verrons que Dieu parle par la vie de résurrection. « Je suis ... le Vivant ... aux siècles des siècles » (Apocalypse 1 : 17-18). Comment parle-t-Il ? Comment Le connaissons-nous ? Comment la vie est-elle libérée de ses énigmes et de sa confusion, et amenée dans un ordre et un sens ? Lorsqu'Il devient notre vie! Il nous fait participants de Sa propre vie de résurrection. Il met en nous cette vie, qui est une vie d'ordre, une vie de sagesse et d'intelligence: une vie, non plus de confusion, mais un modèle d’ordre. C'est une puissance de vie qui est en nous.
                      Lorsque Sa vie est en nous, cette vie répond aux questions, explique les choses, donne un sens à notre vie. Et tandis que, pour les oreilles naturelles, la vie peut être imperceptible, la vie est, en réalité, ce qui parle avec beaucoup, beaucoup de puissance. Elle parle plus fort, beaucoup plus fort, que des mots. Un pauvre enfant de Dieu, souffrant, peut ne pas être capable de dire grand-chose en paroles cohérentes, mais il suffit de passer avec lui un moment très court pour que la vie qui est en lui nous parle. La vie même, qui est en lui, parle avec beaucoup plus de puissance que des paroles. C'est la vie qui est en nous, qui est la communication, l'explication, la sagesse de Dieu; la puissance de cette vie agissant en nous. Par cette vie, Dieu nous parle, Il répond à nos problèmes.
                        Si souvent, la réponse que Dieu nous donne ne consiste pas en quelque chose qu'Il dit, mais en quelque chose qu'Il fait par un nouveau toucher de vie. Il est étrange de voir comment, lorsque nous avons ce nouveau contact de vie dans notre être intérieur, nous cessons de nous inquiéter de notre problème, le problème est résolu! Nous pouvons ne pas avoir reçu la réponse à nos questions, mais nous avons la réponse : elle nous est donnée en vie! Peu nous importe désormais le problème: il a eu sa réponse dans ce nouveau toucher de vie. La vie est le moyen par lequel Dieu nous parle.
                        Et la vie est le moyen par lequel Dieu parle à travers nous. Les gens du dehors peuvent entrer dans une réunion, et n'avoir aucune idée de ce que dit le frère qui parle; et cependant, en s'en allant, ils pourront dire, « Je n'ai pas compris un seul mot, mais ... mais ... il y avait quelque chose là. » Ils pourront être incapables de décrire ce qu'ils ressentent, parce qu'ils ne sont pas familiers avec le langage, et les phrases, et la terminologie. Mais ils seront conscients d'avoir rencontré là quelque chose, quelque chose qui répond à un besoin. Or, s'ils le savaient seulement, ils diraient: C'est la vie, la vie, la vie! Et c'est de cette manière que Dieu parle réellement. Nous préférons qu'il en soit ainsi, n'est-ce pas, plutôt que s'ils avaient pu comprendre beaucoup de mots et de phrases, sans avoir éprouvé l'impression et la conscience de la vie. Il vaut mieux naturellement que les deux choses y soient, mais si nous avons à choisir, il vaut mieux qu'il en soit ainsi ; qu'ils se retirent en disant: « Il y a là quelque chose qu'il faut reconnaître: je ne puis que dire, c'est Dieu! » .Et ce qu'ils veulent dire, c'est ceci - c'est Jésus Christ, le Vivant!
                     C'est ainsi que Dieu parle à travers nous. Oh! que nous soyons, dans ce sens, la voix de Dieu, le discours de Dieu: l'expression de Christ, qui est l'Alpha et l'Oméga.



jeudi 31 août 2017

Christ Notre Vie par T. Austin-Sparks

« Quand le Christ, qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire. » Colossiens 3:4
                    L'un des buts principaux de l'action du Saint-Esprit à l'égard des enfants de Dieu, c'est de les faire entrer, spirituellement et par l'expérience, en Christ ressuscité et exalté, et dans la vie de résurrection et d'exaltation de Christ.
                    La phase actuelle est marquée particulièrement par une séparation d'avec les choses, les hommes et les mouvements, séparation qui a pour but d'amener les enfants de Dieu à s'attacher entièrement au Seigneur Jésus Lui-même. L'Antéchrist sera bientôt manifesté , et il se présentera sans doute dans la ligne d'un grand mouvement universel et uni, préconisant l'amélioration humaine et le relèvement moral et social et portant le nom de « christianisme ».
                    Des multitudes seront entraînées par ce mouvement; et ceux qui refuseront de faire partie d'une telle chose seront marqués d'une tache et d'une flétrissure. Le Seigneur nous prépare à la venue de l'Antéchrist en cherchant à faire du Seigneur Jésus la vie des Siens, plus complètement encore qu'Il ne l'avait été dans leur expérience.
                    Les œuvres, les entreprises, les activités, les mouvements, les églises, les sociétés, les enseignements, les hommes, etc., ont été et sont encore la vie de beaucoup d'enfants de Dieu. Ils ont besoin d'être stimulés par un programme, un plan, une place à occuper. L'enseignement, comme tel, peut amener à la confusion et ne donner aucun moyen vivant et pratique pour arriver à la victoire. L'œuvre en soi peut conduire à l'épuisement et au découragement. Les mouvements peuvent être marqués par des traits purement humains et devenir des sphères de dissension.
                    Les choses, tout les choses, finissent par désappointer, tôt on tard; mais le Seigneur demeure, et Lui, Il ne nous manque jamais. La mesure de notre attachement au Seigneur peut souvent n'être que la mesure de notre attachement à quelque intérêt, soit à une personne ou à des personnes, soit à un lieu ou à un mouvement, soit à un certain travail ; et s'il arrive que ces choses s'écroulent, notre foi dans le Seigneur en sera ébranlée, et nous passerons par une période d'obscurité, par une éclipse de notre foi.
                    Ce que nous avons a apprendre de manière suprême, c'est à rattacher tout au Seigneur Lui-même, et à arriver à une pleine appréciation de Lui-même. Il faut, pour que notre esprit soit fort, que le Seigneur en soit la vie, et non pas des intérêts ou des soucis simplement objectifs; car autrement nous ne resterons fermes que lorsque nous sentirons l'appel d'une occasion, d'une crise ou d'une circonstance purement extérieures.
                   Il faut que le Seigneur soit la vie pour notre pensée, pour que la vérité ne soit pour nous ni purement abstraite, ni simplement une chose vraie, mais qu'elle soit vie et puissance en nous.
                    Il faut que le Seigneur soit la vie de notre corps. Ce ne seront alors ni la faiblesse ni la force naturelles qui nous dirigeront. La guérison, en tant que « vérité » ou comme quelque chose en soi, peut devenir un esclavage légal et une « obsession ». C'est le Seigneur Lui-même qui est notre vie, soit que nous restions accablés d'infirmités, soit que nous en soyons libérés, – selon ce qui contribuera le plus à Sa gloire. Ce n'est pas tellement la condition physique qui importe; c'est la transcendance et la gloire du Seigneur.
                    En ces jours de terrible pression qui, maintenant, pèse partout sur le peuple de Dieu, en ces jours où l'ennemi nous laisse moins de répit que jamais, – en ces jours où il est plus dangereux que jamais pour les croyants de s'accorder du repos, – il n'y a qu'une seule chose qui puisse nous suffire à travers tout. C'est que nous connaissions, de manière absolue, le Seigneur, comme notre vie, notre vie même.
                    L'exhortation qu'adressa Barnabas aux convertis d'Antioche peut être une parole très à propos et très salutaire pour nous tous, en ce moment : « Il les exhorta tous à demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur » (Actes 11:23).
                    Si nous demandons quelle est l'essence même et le cœur de la foi et de la vie chrétienne, la réponse sera que Dieu a rassemblé et a concentré toutes choses dans la personne de Son Fils Jésus-Christ. Cela signifie que la foi chrétienne ne consiste pas en un nombre de choses en elles-mêmes, telles que croyances, doctrines, dogmes, pratiques, formes, rites, ordres ou vertus. Ce ne sera pas non plus le salut, la régénération, la sanctification, la puissance, la vie, la joie, la paix, etc., en tant que choses. C'est simplement Lui-même, et Lui-même résidant en ceux qui L'ont reçu, tel qu'Il est, et en tout ce qu'Il est. Il est la somme totale de tout ce qui est nécessaire à la gloire et à la satisfaction de Dieu, pour lesquelles nous avons été créés. Rien ne peut être ni connu ni possédé, comme « une chose », en dehors de Sa Personne. Si nous Le possédons, Lui, et que nous vivons par Lui, nous avons tout.
                    Ne pas réaliser ce fait fondamental de manière vivante, voilà la raison de toute espèce de faiblesse, de faillite, et de déception, dans la vie comme dans le service! Nous pouvons aspirer à une « une chose » et nous efforcer de l'obtenir; quelle que puisse être cette « chose », Dieu ne s'éloignera jamais de Sa position à l'égard de Son Fils, il y a tant d'enfants de Dieu qui ont recherché « une chose » avec une telle intensité de leur âme, qu'ils en sont devenus psychiques ou occultes, et ils ont eu « une chose » ; mais elle n'est pas de Dieu, et la fin le prouvera. Adam, dès le commencement, fut pris au piège d'une séduction de cette façon même. Il avait toutes choses en Dieu; et en demeurant en Dieu, dans une vie de dépendance et de confiance, il devait jouir de ce « toutes choses », qui devait aller en s'élargissant. Mais la suggestion lui fut présentée, qu'il pouvait avoir le siège et la source de tout ces choses en lui-même et « être comme Dieu ». Il tomba devant cette perspective; et s'il a gagné (?) cet objet immédiat de « connaître le bien et le mal », son gain a toujours été dès lors sa malédiction; et une perte inexprimable accompagna le « gain ? » Le « Dernier Adam », le Fils de Dieu, afin de rétablir la situation dans une nouvelle race de « croyants », a accepté une vie de dépendance, volontaire et absolue, à l'égard de Dieu. Il a confessé que « de Lui-même », Il ne pouvait rien faire. Il a prouvé qu'une attitude comme la Sienne est une position et une vie de force, de paix, de joie, et d'ascendance divines. C'est ainsi qu'il « détruisît les œuvres du Diable » et que, par Sa vie de dépendance obéissante et de confiance entière, Il a reçu toutes choses pour Son héritage. Nous n'avons pas, en nous-même, le pouvoir de vivre maintenant une vie comme la Sienne; c'est pourquoi nous ne pouvons pas, par nous-même, recevoir l'héritage de « toutes choses ». Mais « Christ en et parmi vous est l'espérance de la gloire » (Colossiens 1:27), et une vie de dépendance absolue de Lui signifie victoire, pouvoir et plénitude. Cependant, ce sera toujours Lui-même, et nous serons gardés strictement dans cette position, où nous connaîtrons toujours notre propre faiblesse et notre futilité.
                    C'est parce que Dieu a établi cela comme loi inaltérable de la vie qu'Il, en ce qui concerne la satisfaction et la plénitude éternelles, amènera manifestement toutes les autres choses à la faillite.
                    A mesure que nous approchons de la fin, il y aura un dépouillement grandissant des choses, et tout devra se résumer en cette question de LUI-MÊME.
                     Nous ne réalisons pas à quel degré, combien profondément et combien subtilement, les choses bonnes peuvent prendre la place qui Lui appartient, à Lui-même, avant qu'elles nous soient enlevées. Que notre travail, notre intérêt, nos réunions, notre ministère, notre pouvoir d'agir, notre possibilité de faire, oui, notre tout, – dans ce qui est extérieur, nous soient enlevés, et que nous restions seul et impuissant, c'est alors que nous connaîtrons l'épreuve suprême qui fera découvrir ce, que le Seigneur est pour nous. N'est-ce pas là la tendance de toutes choses aujourd'hui? Nous verrons de plus en plus les choses extérieures amenées à une limitation, – les choses, les hommes, les mouvements, les lieux, les activités! L'Antéchrist est à l'horizon, et il doit représenter une plénitude et un pouvoir, une richesse et une puissance, déployées par l'énergie personnelle, dont Satan est la source. Il y aura beaucoup de cœurs qui, secrètement ou ouvertement, feront une comparaison entre la plénitude qu'il offrira et représentera, et la faiblesse et la petitesse apparentes de ce qui est de Christ. Beaucoup de cœurs seront entraînés, et beaucoup faibliront. C'est là que sera l'épreuve suprême pour nous tous, – et n'existe-t-elle pas déjà!
                    L'Antéchrist pourra en imposer, pour commencer, par un déploiement de puissance et de terreur, pour entraîner ensuite par les choses qu'il offrira. Dans la souffrance et l'épreuve que tout cela signifiera, toute l'issue dépendra entièrement de ce que le Seigneur est pour nous. Il faut que Dieu nous presse vers cette issue; car dans l'ordre de Son monde nouveau qui sera imminent à ce moment-là, le seul trait qui dominera et embrassera tout, sera que « Christ est tout et en tous », – et cela non pas comme une doctrine ou quelque chose de purement objectif, mais comme une réalité forgée dans le for intérieur de Ses enfants.
                    Nous avons à éprouver la nature et la source de notre énergie. Est-ce que ce sont l'œuvre, les entreprises, les activités, les mouvements, les églises, les sociétés, les enseignements, les hommes, les missions, etc., ou bien est-ce Christ Lui-même qui est notre vie et notre satisfaction ? La leçon la plus grande que nous ayons à apprendre, c'est de vivre de Christ. Avons-nous besoin de nourriture et de satisfaction ? Il dit: « Je suis le pain de vie ». Et Sa réponse à chacun de nos besoins sera, « Je suis cela, – et non pas, Je donne cela »
                    Oui, Paul relie ces deux choses ensemble, – l'apparition de Christ, avec Christ étant notre vie dans l'absolu : « Lorsque Christ, – qui est notre vie, – paraîtra... » Entendons « ce que dit l'Esprit » ; voyons ce que disent les actes souverains de Dieu; prenons garde à nos fondations. Est-ce que le Seigneur Lui-même est tout simplement, avant, et au-dessous de, et par dessus, toutes choses?
                    Sommes-nous satisfaits de Lui, en dehors de ce qu'Il fait ou de ce qu'Il peut faire pour nous?
                    C'est du fait qu'Il est notre « tout en tout » que jaillira toute valeur dans notre vie et; dans notre service. Et s'Il l'est réellement, les valeurs seront spontanées, et le fruit paraîtra tout naturellement, sans aucun effort ni aucun mouvement organisé.

mardi 29 août 2017

(4) Questions Fondamentales de la Vie Chrétienne par T. Austin-Sparks


http://www.austin-sparks.net/francais/books/books_alpha.html


Chapitre 4 - La Dynamique Prédominante du Service
Passage : Jean 21 :15-17 – « M’aimes-tu ? », verset 17.

                     En lisant ce passage il semble évident que le Seigneur avait en pensée un incident qui s’était passé précédemment. Il faisait sans doute référence à Matthieu 26 :33 « Pierre, répondant, lui dit: Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi. » ; « M'aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? ».
                    Il y a quatre aspects principaux de la vie chrétienne, qui comprennent eux-mêmes d’autres aspects subsidiaires. Nous en avons déjà considéré trois, nous reviendrons sur ceux-ci dans quelques instants. Ces trois premiers aspects nous mènent au dernier et celui-ci est l’expression de ce qui précède ; ce dernier aspect est le service. Le service est l’issue de tous les agissements divins. Nous remarquons, par exemple, que les quatre évangiles se concluent par un appel au service. Le service est donc l’apogée des quelques trois ans et demi du ministère du Seigneur Jésus Christ. Tout ce que le Seigneur enseigna à ses disciples et tout ce qu’Il leur montra avait pour but le service. Il œuvrait en sachant qu’un jour Il ne serait plus avec eux et qu’Il devra continuer son œuvre à travers eux. Il posait la fondation pour ce service, tout était fait pour porter le témoignage dans le monde.
                    Reconnaissons que ce mot « service » (ou ministère) est très souvent mal compris et mal interprété. Il est le plus souvent cantonné à une certaine forme de ministère. Les chrétiens parlent « d’entrer dans le service », « d’exercer un ministère », « de s’engager dans l’œuvre du Seigneur », et d’autres expressions similaires, par lesquelles ils indiquent une activité bien spécifique qui se résume principalement à être missionnaire ou pasteur. Mais ces choses sont une interprétation erronée du mot « service » au sens spirituel.
                    Dans le Nouveau Testament, le service est toujours intimement lié à l’Église. Le service individuel est toujours en relation avec une entité collective. C’est l’Église qui doit accomplir le service, les personnes individuelles ne sont jamais considérées dans le Nouveau Testament comme ayant un service personnel, détaché des assemblées. Ce qui domine cet aspect du service dans le Nouveau Testament est l’Église qui est le corps de Christ. Dès que nous prenons ce principe en compte, notre compréhension du service est changée. Dans notre corps physique la grande majorité des diverses fonctions sont en relation avec un tout. Le bien-être du corps tout entier dépend de ses diverses fonctions, et si une fonction mineure est nécessaire elle contribue néanmoins au bon fonctionnement du reste du corps. Il en est de même des assemblées du Nouveau Testament et de leurs vocations.
                    Aussi est-il nécessaire de considérer cette question du service. Car lorsque nous circonscrivons l’œuvre à quelques personnes ou une seule, nous oublions ou nous laissons échapper le fait qu’il est impossible d’être dans le corps de Christ et de ne pas y avoir de fonction. Tous les membres sont supposés être fonctionnels dans l’assemblée. Rien ne peut être indépendant, séparé ou autonome.
Pierre – Un Serviteur Représentatif

                     Considérons maintenant le fondement, le caractère et la dynamique du service ; dans cette considération Pierre nous sera d’une grande aide. Nous savons que la fin de l’évangile selon Jean retrace un incident où Pierre est associé à cette question du service. Pierre est représentatif de tous les serviteurs, il incarne tous les aspects essentiels d’un véritable serviteur de Jésus Christ et dans un certain sens Pierre représente l’Église. En considérant donc l’homme, le disciple et son activité, nous allons voir ce qu’est vraiment le service.
                    Bien entendu il est possible de laisser Pierre être totalement éclipsé par Paul. Si c’est le cas, il serait utile de collecter tous les passages du Nouveau Testament où il est question de Pierre. Une fois ce travail accompli, nous aurons une biographie assez complète ; et surtout beaucoup d’indices quant au service chrétien. Pierre fut le premier à être appelé par le Seigneur, ensuite il fut très souvent le premier mentionné parmi les disciples ; et il est le dernier à être mentionné dans ce passage de Jean. Il est évident que Pierre tient une place prépondérante dans le Nouveau Testament. Il est à la source même de plusieurs des plus grands évènements touchant l’histoire de l’Église apostolique.
Pierre – l’Homme

                     Nous devons regarder à Pierre lui-même car nous ne pouvons reconnaître les principes spirituels du service que lorsque nous observons l’homme. Si nous avons une bonne appréciation de Pierre et que nous l’observons dans les évangiles, nous apprendrons alors beaucoup de choses quant au service.
                    Simon Pierre ne pouvait être nulle part sans que son entourage le sache, il saisissait toujours la moindre opportunité pour parler ou agir. Sa langue, ses mains et ses pieds devançaient toujours le bon sens. Le coté émotionnel et décideur de son âme dominait, laissant son bon sens s’affirmer plus tard, bien souvent à ses dépens ! Pierre était d’humeur changeante, il passait facilement d’un sommet exubérant à une sombre vallée de désespoir ; mais il n’était jamais neutre. De par son caractère il était reconnaissable entre tous. Personne d’autre que lui ne fut aussi souvent réprimandé par le Seigneur, tout en demeurant irrépressible. Ses motivations étaient justes, ses intentions bonnes, mais il disait toujours ce qu’il ne fallait pas dire et faisait sans cesse ce qu’il ne fallait pas faire.
                    En ce qui concernait Simon Pierre, les pronoms personnels étaient souvent utilisés, malgré cela nous ne décelons aucune inconduite. Lorsque nous essayons de résumer, peut être avons-nous peu de bonnes choses à dire au sujet de Pierre ; c’est justement ici que nous sommes sur le point de comprendre ce qu’est vraiment le service chrétien. Ce qui ressort de Pierre, sa confiance en lui-même, sa pleine suffisance, son aplomb, ne sont dus qu’à son ignorance. Le Seigneur Jésus, à la fin du chapitre dans lequel nous avons cette question, résume la situation en trois mots : « Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais ». Ces trois derniers mots résument Simon Pierre : « où tu voulais ». Si un tel homme était appelé à devenir utile au Seigneur, il devait s’attendre à passer par bien des épreuves. S’il était destiné à ressembler au grand Serviteur, quelque chose de dramatique devait arriver dans sa vie.
Un Besoin de se Découvrir

                     Quel était donc le plus grand besoin de Pierre ? Tout d’abord, il avait besoin de se découvrir lui-même et ensuite il devait abandonner la confiance qu’il avait en lui-même. C’est précisément ce qui s’est passé lorsque le Seigneur mit Simon Pierre à l’épreuve. C’est l’un des principes fondamentaux du service : tous ceux qui Lui seront vraiment utiles devront abandonner leur confiance en eux-mêmes. Avant qu’ils ne se lancent dans l’œuvre dans laquelle ils ont été appelés, l’œuvre de Dieu et l’œuvre pour Dieu, ils devront commencer par abandonner toute confiance en eux-mêmes. C’est cette leçon, plus que toute autre, que Pierre nous enseigne quant au service.
                    Considérons cet homme le jour de la Pentecôte. Est-il maintenant un serviteur du Seigneur Jésus Christ ? Observons-le dans la maison de Corneille – qui est un autre tournant majeur de l’histoire de l’Église. Examinons-le à Jérusalem, lors du grand débat du chapitre quinze, écoutons ce qu’il dit et voyons combien il est respecté. « Simon a dit… », cet homme est devenu un grand serviteur du Seigneur. Mais ceci est dû aux épreuves profondes et difficiles dans lesquelles il a perdu toute confiance en lui-même.
                     Il est important de noter un détail qui se trouve dans ce dernier chapitre de l’évangile selon Jean, mais qui n’apparaît pas dans nos traductions. Les verbes « aimer » utilisés par le Seigneur et Simon Pierre ne sont pas les mêmes dans l’original grec. Lorsque le Seigneur lui demande « M’aimes-tu ?, Il utilise le mot grec « agape » qui est le mot le plus fort pour exprimer le fait d’aimer ; c’est l’amour divin. Mais quand Pierre répond : « Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime », il utilise un mot plus faible « philéo », qui parle d’amour fraternel. Pourquoi ne voulait-il pas s’élever jusqu’au mot utilisé par le Seigneur ? Je pense qu’il avait alors perdu toute confiance en lui-même, qu’il s’était souvenu : « Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi. », (Matthieu 26 :33) ; et qu’ensuite il avait renié le Seigneur. Il semble que quelque chose en lui fut touché, affaibli et brisé et qu’il n’osa pas déclarer son amour parfait au Seigneur. De toute façon le Seigneur semble rempli de compréhension et de compassion envers Pierre, et accepte son propos. Simon Pierre a dû faire face à sa trop grande confiance en lui-même, il était maintenant un homme brisé dans ce domaine. Aussi, étant devenu un serviteur utile au Seigneur, il nous dit : « C’est ici la voie du service, c’en est le premier principe. »
                    Ceci nous semble peut-être difficile, éprouvons-nous quelque difficulté à ce sujet ? Si vous aspirez à être utile au Seigneur et si vous vous retrouvez vidé de vous-même et brisé, si les épreuves sont difficiles à supporter, souvenez-vous que c’est la voie du service. Si nous entretenons quelque mesure de confiance en nous-mêmes, si nous pensons que nous « pouvons le faire », si nous pouvons tenir le rang, si nous sommes les premiers à nous avancer et à prendre les choses en main, alors nous ne serons d’aucune utilité pour le Seigneur – jusqu’à ce que ces choses soient réglées. Nous devons parvenir à une position spirituelle où nous ne pouvons plus dire : « Je peux le faire… Je veux le faire » ; mais où c’est quelqu’un d’autre qui décide pour nous – en l’occurrence le Seigneur Lui-même.
                    Le grand besoin de Pierre était d’avoir un Maître. Mais afin d’avoir un Maître, un homme comme Pierre doit être préalablement brisé, c’est ce qui se passa avec lui. Nous nous souvenons comment, après son reniement du Seigneur, il sortit dehors et pleura amèrement. Mais après la résurrection, un messager donna cette instruction précise : « Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre… », (Marc 16 :7). Une des choses qui nous impressionne de la part du Seigneur après sa résurrection est qu’Il savait parfaitement ce qu’il se passait. Par exemple, Il savait comment Thomas avait réagi à l’annonce de la résurrection ; alors-même qu’Il n’avait pas été présent. Il pouvait leur dire ce qu’ils pensaient et ce qu’ils avaient fait, aussi, Il savait tout de Pierre. Quelque part Pierre était dans son brisement, son humiliation et son désespoir, il avait besoin d’une parole de réconfort : « Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre… ». Pierre était bien un des disciples, alors pourquoi le nommer ? Simplement parce que le Seigneur savait qu’il avait besoin de réconfort, il était désespéré, et donc le Seigneur envoie un message qui le nomme personnellement.
                    Alors que Pierre devait se sentir très seul, le Seigneur lui envoie ce message personnel. La dernière fois qu’il avait vu Jésus était lorsqu’Il le regarda quand il le renia, ce regard l’abattit complètement ; le brisa totalement. C’est un regard que Pierre n’oublia jamais. Le mot original grec pour regarder, « le Seigneur, se tournant, regarda Pierre » (Luc 22 :61), est un mot très fort ; il veut littéralement dire « regarder attentivement, fixement ». Son regard fixa les yeux de Pierre et pénétra jusqu’au-dedans de sa personne. Ce fut la dernière fois que Pierre vit le Seigneur, et ce regard fit son œuvre. Ce regard connaissait Pierre, et maintenant Pierre se connaissait comme le connaissait le Seigneur ; c’est une très grande épreuve lorsque cela arrive. Alors, lorsque le Ressuscité mentionna son nom, Pierre fut atterré : « Comment pouvait-Il encore penser à moi ? Comment pourrait-Il encore me faire confiance ? Ai-je encore une place parmi ses disciples ? »
Christ le Maître

                     Ce sur quoi nous voulons insister est que ce qui précède est la façon dont est forgé un serviteur, c’est ainsi qu’il est enseigné. Une fois ces incidents passés, nous constatons deux choses. Tout d’abord, nous remarquons que la maîtrise de Christ, bien que nous l’appelions Maître et Seigneur, n’est pas pleinement établie tant que la maîtrise de nous-mêmes n’a pas été brisée et anéantie. Combien de fois Pierre n’a-t-il pas tenté de dire au Seigneur ce qu’il fallait qu’Il fasse ou pas, alors-même qu’il l’appelait « Seigneur » et « Maître » ? Il est possible de l’appeler Seigneur et Maître, mais la voie du vrai service est qu’Il devienne en réalité Maître ; et ceci demande le brisement de l’homme naturel.
                    Observons Pierre le jour de la Pentecôte, dans ses lettres, dans ses discours : Jésus est le Maître de cet homme maintenant. C’est une loi spirituelle en vue du service ; soyons-en assurés, il n’y a pas d’autre moyen de devenir utile au Seigneur – Pierre en est la démonstration. Nous voyons qu’il est devenu « une colonne » pour le témoignage du Seigneur, parce que Jésus est devenu vraiment le Maître dans sa vie. Simon Pierre est la preuve que l’entière soumission au Seigneur est le chemin par lequel il faut passer pour Lui être utile. Notre estimation de Jésus Christ commence, non pas lorsqu’Il est notre Sauveur, mais quand Il devient notre Seigneur. Ces deux aspects peuvent se produire en même temps, mais pour beaucoup ce sont deux choses bien séparées.
Une Extraordinaire Appréciation de la Grâce

                     La seconde chose qui ressort de cet anéantissement de Pierre est son énorme appréciation de la grâce de Dieu. Nous nous souvenons de cet épisode où quelqu’un déversa son adoration aux pieds du Seigneur et Il dit : « C'est pourquoi je te dis: Ses nombreux péchés sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé; mais celui à qui il est peu pardonné, aime peu. », (Luc 7 :47). Ce que le Seigneur dit ce jour-là s’appliqua plus tard à Pierre. Dans sa première lettre, que nous pouvons lire en un quart d’heure, il parle de la grâce une dizaine de fois – la grâce de Dieu l’a profondément touché et changé ! Il parle de « la grâce variée de Dieu », (1 Pierre 4 :10), la grâce est le thème principal de cette lettre.
                    Pierre savait parfaitement de quoi il parlait car il l’avait vécu. C’était son extraordinaire appréciation de la grâce qui fit de lui un serviteur utile au Seigneur. Mais il dut passer par bien des épreuves, être en quelque sorte baptisé dans la détresse la plus profonde, afin qu’il puisse réaliser qui il était vraiment : indigne, faible et peu fiable. Il dut traverser des vagues de désespoir avant qu’il ne puisse comprendre ce qu’était la grâce. C’est par la grâce qu’il fut réhabilité, c’est donc à la grâce de Dieu qu’il devait tout ; elle devint le moteur de son service pour le Seigneur.
                    Un homme ne peut pas vivre une telle expérience, ne peut pas traverser de telles épreuves, ne peut pas explorer de telles profondeurs, sans qu’il ne s’examine foncièrement. Tout ceci transparait à travers les Écritures, lorsque Pierre fut restauré, relevé et ramené dans la communion avec le Seigneur, et lorsqu’il reçut l’appel de Jésus pour le service, il a dû se dire : « Combien il est impensable qu’un homme comme moi, qui ai été vu pour ce qu’il est vraiment, dont tous ont pu observer ce que j’ai fait ; puisse être rétabli de la sorte. Un homme pouvait-il s’effondrer autant, toucher le fond du déshonneur, atteindre une telle honte, et être ensuite appelé par le Seigneur ? Le jour où il m’a appelé le long du rivage, ce même jour Il savait déjà tout de moi. Il n’était pas nécessaire d’attendre plus de trois ans pour qu’Il me connaisse. Il n’avait pas besoin de patienter jusqu’au terrible reniement ; Il savait et malgré tout Il m’a appelé ! » Pierre pouvait dire comme Paul : « Dieu… qui m'a appelé par sa grâce », (Galates 1 :15). Nous avons dans tout ceci une grande source de consolation, de réconfort ; la grâce rend le service possible pour tous.
L’Apprentissage de la Grâce
                    Toute autre personne, à part Jésus, se serait désintéressée de Pierre pensant : « Il n’y a rien à tirer d’un tel homme, il est utile en rien ; il ne peut être changé. » L’Esprit Saint a permis que toutes les fautes de Pierre soient incluses dans la Parole, toutes les fois où il reprit le Seigneur, corrigea le Seigneur, disant au Seigneur : « Tu ne me laveras jamais les pieds ». Toutes ces choses et bien d’autres, mais nous voyons ensuite l’infinie patience du Seigneur envers cet homme. Lorsque Jean écrit : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. » (Jean 13 :1), ce verset s’applique particulièrement à Pierre, et bien entendu à tous les autres également. Ceci n’est pas anecdotique – c’est le déploiement de la grâce. Nous devons réaliser la grande patience du Seigneur, sa gentillesse, sa débonnaireté et sa persévérance sans limite. C’était l’apprentissage de la grâce : Pierre s’en souvenait-il ? Très certainement il se remémora ses quelques trois années et comment elles culminèrent en son reniement du Seigneur. Pierre était en quelque sorte un miraculé, après tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fit, le Seigneur l’appelle à son service, à une place d’honneur – quelle patience, quelle longanimité, quelle indulgence, quel amour !
Les Attributions de la Grâce
                    Mais encore, comme si ces choses ne suffisaient pas, la grâce apporta son lot d’attributions. Tout d’abord, l’extraordinaire don de l’onction de l’Esprit Saint ; et tout ce que ceci implique ! Nous avons souvent dit que l’onction de l’Esprit Saint dans un domaine particulier signifie que Dieu se donne à cette cause. C’est comme si Il disait : « Je vais me joindre à cet homme ou à cette femme, et je vais persévérer avec lui ou elle par égard à mon Fils. » C’est ici la signification première du don de l’Esprit.
                    Mais la grâce apporta toutes ces autres choses, toutes ces nouvelles capacités, qui viennent par l’Esprit dans la nouvelle création. Ne sont-elles pas merveilleuses en Pierre ? Rappelons-nous que c’était un pêcheur, bien que ceci n’indique pas obligatoirement qu’il était non-éduqué ; il est dit de lui et de Jean qu’ils étaient : « des hommes illettrés et du commun » (Actes 4 :13). N’avez-vous jamais étudié le discours de Pierre le jour de la Pentecôte ? Je l’ai fait en faisant une liste de toutes les choses mentionnées par lui ce jour-là, j’avais été fort surpris de la longue liste. Ce jour-là Pierre évoqua un grand nombre de choses qui démontre qu’il avait une grande connaissance de l’Ancien Testament. Il avait acquis un grand savoir spirituel quant à la Parole de Dieu et au dessein de Dieu. Nous avons déjà évoqué ce moment crucial à Jérusalem, quand sur le conseil de Pierre et l’approbation de Jacques, s’appuyant sur les prophètes de l’Ancien Testament, l’Église fut sauvée d’une catastrophe annoncée.
                    De surcroît nous avons les lettres de Pierre dans lesquelles il annonce et mentionne des choses que seul l’Esprit Saint a pu lui révéler. Ces attributions de l’Esprit de Dieu incluent l’entendement, l’intelligence et la connaissance, mais aussi la persévérance comme dans le cas de Pierre. Alors qu’il renia le Seigneur par crainte d’une servante, nous le voyons maintenant tout autre : « Et, voyant la hardiesse… ». Il y a bien d’autres attributions de l’Esprit, toutes sont issues de la grâce ; Pierre en fut particulièrement l’objet.
La Dynamique du Service
                    Tout ce qui précède nous amène à la dynamique du service qui n’est autre que la réponse du cœur à une telle grâce, à un tel amour ! C’est ce qui fit de Pierre un serviteur de Jésus Christ. Pour en revenir à notre passage dans Jean 21, peut-être que Pierre n’osait pas faire confiance à son amour et, en conséquence, ne pouvait pas utiliser le même mot utilisé par le Seigneur ; mais néanmoins l’intention est bien là. Il essayait d’aller aussi loin qu’il le pouvait et en un sens alla au-delà de ce qu’il pouvait exprimer. Sa propre réponse le surprit quelque peu, il promit d’aimer et ceci est la dynamique du service.
                    Réalisons que la grâce qui nous appelle au salut, à la communion avec Jésus Christ, qui est en arrière-plan de tous ses agissements envers nous, la débonnaireté et la patience qu’Il exerce envers nous, cette grâce qui produit le don de l’Esprit Saint ; cette grâce représente les attributions de Dieu envers nous tous. Ce que nous avons évoqué ne se limite pas à Pierre, ni à une certaine classe de chrétiens, la grâce est la même pour tous et en tous temps. Tous ces bénéfices sont pour l’Église, et nous, en tant que parties organiques de cette Église, héritons de ces attributions de Dieu comme nous héritons de l’appel de la grâce. Par cette grâce de Dieu chacun d’entre nous peut être un serviteur de Dieu.
                     D’être appelé est la chose la plus merveilleuse qui puisse nous arriver – mais le savons-nous ? Il nous appelle nous connaissant mieux que quiconque. Je ne sais pas si vous vous connaissez bien, mais si vous vous connaissiez aussi bien que Lui vous connaît, vous sortiriez en pleurant amèrement ; vous tomberiez dans un gouffre de désespoir. Si ensuite, Il venait à vous dans votre désespoir et votre abattement, s’Il vous appelait par votre nom, démontrant ainsi que vous êtes toujours dans ses pensées et son amour, ne serait-ce pas une énorme démonstration de la grâce ? Ceci vous qualifierait comme témoin de cette grâce. Au demeurant, si malgré sa connaissance de vous et malgré le profond désespoir qui vous remplit quant à vous-mêmes, Il vous lègue le don immense de l’Esprit Saint avec toutes ses merveilleuses capacités ; ne serait-ce pas alors un moment glorieux ? C’est ainsi que sont suscités des témoins, des serviteurs de Dieu. A vrai dire, plus notre reconnaissance de la grâce de Dieu sera grande, plus notre service pour Lui sera riche!
                    C’est cela la dynamique du service. Le Seigneur peut nous faire passer par bien des épreuves, mais : « la sagesse a été justifiée par tous ses enfants » (Luc 7 :35). A la fin nous ne pourrons que confesser « Il avait raison, Il savait ce qu’Il faisait ; Il a fait ce qu’il fallait faire ! ».
fin

T .A. SPARKS