mercredi 8 avril 2015

(1) ÉPÎTRE AUX PHILIPPIENS - LA VIE REMPLIE DE CHRIST EST REMPLIE DE JOIE Ed Miller

Lorsque notre vie est remplie de Christ, elle est également remplie d'une joyeuse confiance (chapitre 1), d'une joyeuse humilité (chapitre 2), d'un joyeux objectif (chapitre 3), et d'une joyeuse force (chapitre 4). Philippiens présente la vie remplie de Christ, comme étant l'expérience normale du chrétien. Ces messages ont été donnés en 1985.

(1) PHILLIPPIENS  -INTRODUCTION

Le texte qui suit est la transcription d'un message donné en anglais. La forme orale a été conservée, mais des titres de sections ont été ajoutés pour faciliter la lecture. (NdT)
       Bonjour et bienvenue dans notre première leçon sur cette merveilleuse épître aux Philippiens. Nous commençons l'étude d'un nouveau livre, c'est la merveilleuse épître aux Philippiens. Comme c'est notre leçon d'introduction au livre de Philippiens, je vous rappelle ce que sont nos introductions afin que vous sachiez ce que nous allons faire.

NOUS ÉTUDIONS TOUTE LA BIBLE POUR CONNAITRE LE SEIGNEUR

         Dans chacune de nos études bibliques, nous recherchons une connaissance intime de Dieu dans notre coeur à travers l'étude de la Bible. Il existe une connaissance qui s'apparente davantage à une connaissance intellectuelle de Philippiens, et j'espère que vous aurez appris certaines choses quand nous aurons terminé Philippiens. Nous voulons connaitre les faits qui concernent Philippiens, mais cela ne remplace pas une connaissance intime de Dieu dans notre coeur. Nous n'étudions pas Philippiens pour connaître Philippiens. Nous étudions Philippiens pour connaître le Seigneur. Nous étudions toute la Bible pour connaître le Seigneur. 
          Ceci dit, il est important que nous connaissions l'arrière-plan culturel et historique, que nous trouvions le thème et le plan de ce livre. Nous devons étudier les différents éléments des livres. Il faut que nous puissions voir le cadre historique, politique, linguistique et le lien entre Philippiens et les livres qui l'entourent. Pourtant nous avons remarqué qu'il est possible de rassembler et de connaître tous ces détails, mais en même temps « de rater Dieu, de rater le Seigneur. » La logique de la tête n'est pas la logique du coeur. La direction que nous prenons dans nos études, et l'accent que nous mettons ont pour objectif de nous aider à voir le Seigneur. Ce serait une tragédie pour vous de prendre du temps pour suivre ces études et de passer à côté de la raison pour laquelle Dieu le Saint-Esprit a inspiré la lettre de Philippiens. Ce serait terrible de venir, d'apprendre des faits, de prendre des notes et de manquer la vraie raison pour laquelle Dieu nous a donné ce livre. Nous ne voulons pas qu'il en soit ainsi.
          C'est pour cette raison que dans notre leçon d'introduction, nous ne « plongeons » pas directement dans Philippiens en commençant au verset 1:1 et en suivant le livre verset par verset. Dans la première leçon de chaque livre, nous essayons de survoler tout le livre en allant d'avant en arrière. Nous le considérons d'en-haut et le regardons d'une certaine distance, dans son ensemble. Nous essayons d'en avoir un panorama, comme si nous étions dans un avion et que nous regardions tout le paysage. Nous allons donc le parcourir et voir à quoi il ressemble. Nous allons survoler chaque endroit et cela d'avant en arrière.               L'objectif d'une leçon d'introduction est de nous aider à saisir l'esprit du livre. Nous étudierons la partition, mais j'aimerais d'abord que vous puissiez entendre la musique. Nous cueillerons les fleurs mais j'aimerais d'abord que nous puissions les sentir et saisir ce que le Saint-Esprit veut nous donner. Ensuite, lorsque nous verrons le texte plus en détails, je pense que tout cela aura bien plus de sens. Je crois de tout mon coeur que Dieu n'a pas appelé Son peuple à être des érudits de la Bible. Ce n'est pas Son premier objectif. Il nous a appelés à être des chrétiens, et pas des érudits de la Bible ou des théologiens. Ce n'est pas son objectif. Il a écrit ces choses pour que nous puissions connaître Dieu et savoir comment vivre dans ce temps présent.
        Mon épouse Lillian m'a très souvent dit qu'elle n'aimait pas du tout les leçons d'introduction. Un jour je lui en ai demandé la raison et elle m'en a donné deux. Premièrement, c'est parce je vais dans tous les recoins du livre, et elle n'aime pas ça. Ce n'est pas comme si je disais: « Prenez le chapitre un, nous allons parler des six premiers versets. » Ce n'est pas du tout comme cela. C'est plutôt: « Regardons le verset 1:4, puis le verset 4:13, puis le verset 3:10. Prenez maintenant le verset 2:5. » On survole tout le livre et l'on va d'avant en arrière. Et cela parce que j'essaie de donner une impression d'ensemble du livre afin d'en saisir l'esprit. C'est une vue d'ensemble. 
            Nous essayons de faire ce que les espions ont fait lorsqu'ils sont entrés dans le pays de Canaan. Ils ont pénétré dans le pays, l'ont parcouru et sont revenus faire un rapport. Ils ont dit: « Vous devriez voir les murs, les grappes de raisins, les rivières, les montagnes, les ruisseaux, les fleuves, les vallées. » Voilà ce que j'aimerais faire. Ensuite nous irons et « prendrons possession du pays. » Mais, espionnons-le d'abord. Voilà comment nous procédons dans une leçon d'introduction. Si elle n'aime pas les leçons d'introduction, c'est aussi parce que je donne envie, je mets en appétit, sans le satisfaire pleinement, n'allant pas jusqu'au bout. Comme si je vous présentais un délicieux désert mais qu'ensuite, je le retirais. Je ne vous le donne pas vraiment, je ne fais que l'agiter devant vos yeux. C'est tout à fait juste, et c'est exactement l'objectif de ces études introductives. J'espère créer un appétit, j'espère vous donner soif, j'espère vous donner faim, j'espère vous donner envie d'étudier le livre de Philippiens. J'aimerais le mettre sur vos lèvres et sur votre langue, et lorsque la leçon d'introduction est terminée, je veux que votre âme crie: « Je ne peux pas attendre pour entrer dans ce livre. Il me tarde de voir ce qu'il y a dans ce livre. » Voilà l'objectif d'une leçon introductive.
             Laissez-moi encore faire une autre suggestion; ce n'est pas absolu, vous n'êtes pas obligés de la suivre. Il y a deux choses qui peuvent m'aider en tant qu'enseignant. Premièrement, soyez patients avec moi, parce que nous allons juste glaner des choses ici et là sans vraiment approfondir les vérités. D'autre part, j'ai remarqué que si vous voulez retirer un maximum d'une étude introductive, le meilleur moyen est d'enlever vos chaussures, de vous installer confortablement, de vous relaxer et de recevoir. Relaxez-vous simplement et profitez de la leçon. Je pense qu'il est important pour vous de demander simplement au Seigneur d'ouvrir tout grand votre coeur au message puis ensuite, peu importe la façon dont vous recevrez tout cela. Pour moi, je sais que la meilleure façon est juste de bien m'installer et de demander au Seigneur d'imprimer tout cela dans mon coeur. Ce qui est important, c'est que vous puissiez bien en profiter, ce n'est pas comme dans nos prochaines leçons où nous suivrons une logique et un plan que nous développerons.

LES DEUX POINTS DE LA LEÇON

           Ceci dit, voici les deux grandes choses que j'aimerais voir avec vous dans cette leçon. Premièrement j'aimerais que nous ayons une vue d'ensemble de l'épître; cela inclut le thème de l'épître, son plan et les sujets traités par le livre. Lorsque nous aurons cette vue d'ensemble, j'aimerais ensuite vous rendre attentifs à l'arrière-plan de Philippiens. L'arrière-plan de Philippiens est Actes 16:6-40. Dieu nous donne davantage d'informations sur l'arrière-plan du livre de Philippiens que sur tous les autres livres du Nouveau Testament. Il est donc important pour nous d'étudier ce livre en rapport avec cet arrière-plan. J'aimerais donc vous montrer comment cet arrière-plan aide à mettre en lumière certains points.
            Commençons avec une vue d'ensemble du livre de Philippiens. Nous débuterons avec cette simple question: quel est le thème du livre de Philippiens, quel est son message? Pour le dire d'une autre manière, si Dieu (et je parle ici comme un insensé, Il ne le fera jamais), si Dieu descendait pour enlever de votre Bible l'épître de Philippiens, et que vous ne l'ayez plus jamais, que vous manquerait-il que les autres livres de la Bible ne vous donneraient pas de la même manière? Vous voyez, chaque livre de la Bible apporte une contribution particulière, chaque livre vous donne un aspect différent de Christ que les autres livres ne donnent pas de la même manière. Quel est alors le thème? Les mots joie, se réjouir, joyeux, sont très souvent utilisés dans Philippiens. 
            Si dans cette Épître vous recherchez toutes les formes de joie, vous en trouverez 16. Si vous recherchez les idées et les pensées associées à la joie, pas seulement les mots, mais aussi les pensées, alors vous trouverez 20 fois le sujet de la joie en seulement 4 chapitres. En conséquence, de nombreuses personnes ont dit que le thème de Philippiens est « comment être heureux; cela parle du bonheur. » Il ne fait aucun doute dans mon esprit que Philippiens est le livre le plus joyeux de la Bible. Pas uniquement dans le Nouveau Testament mais également dans l'Ancien Testament. Mais est-il vrai que le thème de Philippiens, c'est « être heureux? »

SELON LE MONDE, NOUS SOMMES HEUREUX LORSQUE TOUT SE PASSE BIEN POUR NOUS

           Laissez-moi vous citer un auteur anglais du nom de Stuart Briscoe, qui dit cela à propos du bonheur: « Le bonheur dépend des choses qui surviennent, et si elles n'arrivent pas comme vous l'aviez pensé, alors vous n'êtes pas heureux.(1) » Ce qu'il dit est juste. Il veut souligner que le mot heureux vient du mot « heur » qui signifie fortune, chance, circonstance. Comme lorsque vous dites: « J'ai eu de la chance » ou « Je n'ai pas eu de chance. » Cela dépend des circonstances. Quand êtes-vous heureux dans la vie? Selon le dictionnaire, c'est lorsque tous vos « heurs » sont bons. Vous êtes heureux lorsque vos circonstances sont bonnes, quand tout se passe comme vous le voulez. Lorsque tout se passe à mon avantage, alors je peux être heureux. Mais que se passe-t-il lorsque vos « heurs » ne se présentent pas selon vos intérêts, lorsque vos circonstances militent contre vous, et que tout se passe de travers?

LA JOIE EST PLUS PROFONDE QUE LE BONHEUR CAR ELLE NE DÉPEND
 PAS DES CIRCONSTANCES

            Laissez-moi vous poser une question. Est-ce que Dieu s'attend à ce que les chrétiens soient toujours heureux? Vous voyez, le bonheur dépend de ce qui se passe dans la vie. Mais la Bible enseigne que Dieu n'a jamais eu en pensée que nous soyons heureux. Le thème de Philippiens est plus profond que le bonheur. Les érudits bibliques nous rendent attentifs à cela et c'est pourquoi ils emploient le mot joie ou se réjouir. Vous voyez, c'est un peu plus profond que le mot bonheur, parce que la joie est indépendante des circonstances.
             Réalisez-vous que vous pouvez être malheureux et joyeux en même temps? La joie est plus profonde que le bonheur, elle ne dépend pas de vos « heurs », elle ne dépend pas de ce qui vous arrive. Beaucoup de commentateurs disent que la joie est le grand message de cette épître. J'aimerais vous citer les titres des différents commentaires dont je dispose dans ma bibliothèque sur Philippiens: « La joie de Paul en Christ », « La vie avec une joie toujours renouvelée », « Le chemin de la joie. », « Christ notre joie. » Presque tous les commentateurs montrent que Philippiens est le livre de la joie. Aucun étudiant sérieux de la Bible ne peut lire Philippiens et ne pas voir que l'accent est mis sur la joie.
             Je pense que nous avons déjà tous rencontré des chrétiens qui ont illustré dans leur vie la différence entre le bonheur et la joie. Personnellement, je me rappelle avoir un jour été à côté d'un de mes amis, au-dessus de la tombe de son épouse qu'il venait de perdre. Les larmes coulaient sur ses joues et roulaient à terre. Les circonstances étaient telles qu'il ne pouvait pas être heureux. Il s'est tourné vers moi et les yeux remplis de larmes, il a simplement dit: « Je ne souhaiterais pas qu'elle revienne. Sachant ce que je sais, je ne souhaiterais pas qu'elle revienne. J'ai la paix de Dieu. » C'est de cela dont je parle. Vous voyez, il y avait quelque chose de plus profond que le bonheur. Il n'était pas heureux, mais il avait la joie du Seigneur. 
           A la surface, il y avait les vagues et la tempête, mais en dessous, il y avait ce profond courant de la grâce de Dieu, de la paix de Dieu, et de la joie de Dieu. Et cela sera vrai de chacun d'entre nous, un jour, nous goûterons tous à la joie du Seigneur. Plus loin, nous verrons l'arrière-plan de Philippiens. Vous savez, lorsque Paul a écrit cette épître, il était dans une prison à Rome. En fait, il était déjà dans cette prison depuis deux ans. Et ce qui rend la chose encore plus dure, c'est qu'auparavant, il avait passé deux autres années dans la prison de Césarée. Cela faisait donc quatre années qu'il était en prison. 
             Pendant ces deux dernières années où il était en prison, il était enchaîné à un garde romain vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les gardes se succédaient toutes les quatre heures pour prendre leur tour. Eux changeaient mais Paul ne changeait pas. Il était toujours le même prisonnier. Ainsi, pendant deux ans, jour et nuit, lorsqu'il allait à la salle de bain ou au lit, lorsqu'il mangeait, lorsqu'il dormait, il était enchaîné à un garde romain. En raison de ses « heurs » et des circonstances, je ne pense pas qu'il était très heureux. Mais c'est lors de cette expérience qu'il a écrit la lettre la plus joyeuse de la Bible, l'épître aux Philippiens: « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; je le répète, réjouissez-vous. »

LE THÈME DE LA LETTRE EST CHRIST

            Alors quel est le thème de Philippiens? Vous direz peut-être: « Soyez heureux. » Non ce n'est pas le thème de l'épître, c'est plus profond que cela. Vous direz peut-être: « Soyez joyeux. » Non ce n'est pas le thème de l'épître. Le thème de l'épître n'est pas la joie. Regardez le verset 1:21, il va un peu plus loin et dit: « Car pour moi, vivre c'est Christ, et mourir m'est un gain. » Le thème de Philippiens est plus profond que le fait d'être heureux, et également plus profond que la joie. Paul dit que pour lui, vivre c'est Christ Lui-même.                    Dans un de ses chants, Charles Wesley a écrit: « Mon coeur est rempli de Christ. » Et c'est aussi ce que Paul pouvait dire. Il est vrai que Paul mentionne la joie 16 fois ou même 20 fois si vous comptabilisez aussi les pensées sur ce sujet. Mais réalisez-vous combien de fois Paul mentionne Christ dans cette épître? Il mentionne Christ 70 fois dans ces quatre chapitres. Si maintenant vous décomposez les titres comme le Seigneur Jésus Christ, vous trouverez qu'il mentionne le nom de Jésus 98 fois en quatre chapitres. Le thème n'est pas être heureux, le thème n'est pas vraiment la joie, le thème c'est Christ.
            Imaginez qu'après avoir lu cette lettre, vous alliez vers lui pour lui demander: « Paul, sais-tu combien de fois tu mentionnes Jésus dans cette lettre? » Je ne pense pas qu'il aurait pu répondre. Et je pense que si lui vous disiez: « Presque une centaine de fois », il aurait été surpris. » Car il était si naturel pour lui de déborder de Jésus. Il ne travaillait pas à cela. Il ne s'est pas dit: « Oh! Je pense que je vais nommer Jésus 25 fois dans ce chapitre et 30 fois dans cet autre chapitre... » Il se contentait simplement de parler, et comme il était tellement rempli de Jésus-Christ, il lui était naturel de déborder de Christ. 
           En avançant dans le Seigneur, une des expériences les plus enthousiasmantes que vous ferez sera de rencontrer des chrétiens qui sont saturés de Christ. Il y a des gens qui sont si remplis de Christ, que chaque fois qu'ils bougent ou qu'ils parlent, vous savez que vous êtes dans la présence du Seigneur. Voilà comment était Paul. Lorsque Paul parlait de Christ, il ne parlait pas de théologie, il ne parlait pas de religion. Lorsque Paul parlait de Christ, il parlait d'une relation avec le Fils de Dieu dont il profitait.

THÈME: UNE VIE REMPLIE DE CHRIST ET DÉBORDANTE DE LA JOIE DU SEIGNEUR

           Nous allons regarder certains versets pour que vous puissiez voir l'incroyable accent que met cette épître sur l'union avec Christ.




• Verset 1:13: Son emprisonnement est à cause de Christ
• Verset 1:21: Sa vie est Christ
• Verset 1:26: Sa confiance est Christ
• Verset 2:1: Sa consolation est Christ
• Verset 2:5: Il souhaite que les chrétiens aient les sentiments de Christ
• Versets 2:5-11: C'est le plus grand passage dans le Nouveau Testament, sur  l'humiliation de Christ. Là, vous avez la vue de l'intérieur du Calvaire telle que Dieu le Père l'a vue.
• Verset 2:19: Il espère dans le Seigneur Jésus
• Verset 2:24: Il fait des plans dans le Seigneur
• Verset 2:29: Il dit qu'il faut recevoir les chrétiens dans le Seigneur
• Verset 3:1: Nous devons nous réjouir dans le Seigneur
• Verset 3:8: Il dit qu'il regarde tout comme une perte, à cause de la connaissance de   Christ
• Verset 3:9: Il veut être trouvé en Lui avec une justice qui vient de Dieu
• Verset 3:10: Il veut le connaître Lui
• Verset 3:20: Il dit que sa cité est dans les cieux
• Verset 4:1: Il demande de demeurer fermes dans le Seigneur
• Verset 4:2: Il dit, soyez en harmonie dans le Seigneur
• Verset 4:13: Il peut tout faire par Christ qui le fortifie
• Verset 4:19: Dieu pourvoit à tous ses besoins en Christ Jésus
• Verset 4:21: Il dit que tous les saints sont en Christ

              A travers toute l'épître de Philippiens, Paul parle de Christ, Christ, Christ. Partout où vous regardez dans ce livre, vous voyez Christ. Le thème de ce livre n'est pas le bonheur, ce n'est pas la joie. Mais le thème de cette lettre n'est pas non plus Christ. Certes dans un sens c'est le cas mais on peut en dire autant de tous les livres de la Bible. Que vous lisiez Genèse, Exode ou Deutéronome, tous les livres ont Christ comme thème, si vous les lisez correctement. Matthieu, Marc, Luc, Jean, jusqu'à Apocalypse, le sujet de chaque livre est Christ. La question n'est donc pas: est-ce que le thème est Christ? Mais sur quel aspect de Christ met-il l'accent dans ce livre, que nous n'aurions pas si on l'enlevait de notre Bible?
          Laissez-moi vous le dire en une phrase avant de le développer un peu plus. Dans son commentaire sur Philippiens, B.B. Sutcliffe, un excellent commentateur, dit: « Philippiens présente l'expérience chrétienne normale. » Connaissez-vous le livre de Watchman Nee «la vie chrétienne normale? » C'est la même chose, c'est l'expérience chrétienne normale. 
            Plus je pense à ce titre, plus je pense qu'il a vu juste. Voilà le thème du livre. La vie chrétienne normale est la vie qui est remplie de Christ, et la vie qui est remplie de Christ est débordante de joie. Voyez-vous en quoi consiste le thème? La vie chrétienne normale est la vie qui est remplie de Christ, et la vie qui est remplie de Christ est débordante de la joie du Seigneur. J'aimerai vraiment souligner ce point afin que vous puissiez comprendre clairement ce que dit le Saint-Esprit. Le message de Philippiens parle du chrétien normal. Laissez-moi vous dire ce que je n'entends pas par normal. Par normal, je ne veux pas dire moyen. Nous ne parlons pas des chrétiens moyens, mais des chrétiens normaux.

SOYEZ DES CHRÉTIENS NORMAUX

              Vous n'avez pas besoin d'être théologien pour réaliser que le chrétien moyen est anormal, il n'est pas du tout normal. Qu'est-ce que signifie anormal? Cela signifie simplement loin de la norme, loin du standard, loin de la règle, loin de l'objectif. Quelle est la norme de la vie chrétienne? C'est Christ. Christ est la norme, alors qu'est-ce qui est anormal, c'est-à-dire être éloigné de la norme? La norme est Christ, et dans la mesure où je suis loin de la norme, je suis anormal. Malheureusement, le chrétien moyen est vraiment anormal. Vous voyez, la norme est Christ Lui-même, c'est une Personne, ce n'est pas une doctrine, ce n'est pas un credo, ce n'est pas une église ou une dénomination. C'est Christ Lui-même, c'est Lui la norme. La vie chrétienne normale est la vie qui s'est alignée sur Christ en tant que norme. C'est la vie qui est remplie de Christ Lui-même. 
              A travers tout ce livre, le Saint-Esprit va dire à votre coeur, soyez normaux et non anormaux. Voilà le message de Philippiens. Ne soyez pas anormaux. Arrêtez d'être anormaux. Dans le monde naturel, c'est très triste de voir une personne qui n'est pas normale, et tout particulièrement si vous regardez cette personne vingt ans après et que vous ne constatez ni croissance, ni amélioration. C'est vrai dans le monde naturel, mais c'est vrai aussi dans le monde de la grâce. C'est une chose terrible que de voir un chrétien anormal. Quelqu'un qui vit loin de la norme. Le chrétien moyen n'a même pas commencé à avoir une vie qui est remplie de Jésus-Christ.
               Pour rendre tout cela pratique, je peux vous donner un témoignage personnel. Les sept premières années de ma vie en tant que chrétien, j'étais un chrétien anormal. Maintenant je suis un chrétien « particulier », mais j'espère être plus près de la norme que je ne l'ai été ces sept premières années. Voilà en quoi j'avais mal compris Philippiens 1:21. Je ne savais pas que Philippiens 1:21 disait: « Pour moi vivre, c'est Christ. » Pendant des années, je pensais que cela voulait dire: « Pour moi vivre, c'est la mission. » C'est comme cela que je vivais. Je pensais que la vie chrétienne normale, c'était lorsque le chrétien avait un fardeau pour les âmes! Je pensais que cela consistait dans l'évangélisation, la mission, le salut des âmes. Paul ne dit pas: « Pour moi vivre, c'est la mission. » Ceci dit, je pense que l'apôtre Paul a été le plus grand « canal missionnaire » qui ait jamais vécu sur terre. Je pense que Dieu l'a davantage utilisé pour la mission qu'Il a jamais utilisé quelqu'un d'autre. Mais sa vie n'était pas pleine de mission, sa vie était pleine de Christ. Vous direz peut être: « Mais si vous détournez vos yeux des âmes, si vous détournez vos yeux de l'évangélisation, et de la mission alors vous affaiblissez l'évangélisation. » Non, vous ne l'affaiblissez pas, vous la fortifiez. La réalité est que vous ne pouvez pas avoir la mission, tant que votre vie n'est pas pleine de Christ. Lorsque vous êtes pleins de Christ, alors la mission coule de votre coeur.
              J'ai rencontré des missionnaires qui étaient prêts à parler de n'importe quoi, sauf de Jésus. C'était presque choquant. Ce n'est pas parce que vous mettez une Bible sous votre bras et que vous allez sept ou dix ans dans un endroit perdu de la terre, et que vivez là-bas une « vie de sacrifices », que vous êtes un chrétien normal. Des milliers de chrétiens anormaux sont allés sur les terrains missionnaires à travers toute la terre. Parfois, lorsque vous parlez avec des missionnaires, vous remarquez qu'ils veulent vous parler de la culture, de la langue, des besoins sur le champ, ils veulent vous montrer des photos, vous parler de la géographie du pays, du genre de nourriture qu'ils mangent, ou encore des difficultés et des problèmes qu'ils rencontrent. Mais lorsque vous voulez parler de Jésus avec eux, ils ne savent plus quoi dire! Ils ne peuvent pas passer dix minutes à parler simplement de Jésus. Pour moi vivre, dit Paul, ce n'est pas les âmes, ce n'est pas l'évangélisation, mais il dit: « Pour moi, vivre c'est Christ. » Et avant que vous n'ayez vu cela, vous n'avez pas vu le message de Philippiens. C'est cela le message de Philippiens.

POUR PAUL, VIVRE C'EST CHRIST

             Philippiens 1:21 ne dit pas non plus: « Pour moi, vivre c'est le service chrétien. » Certaines personnes pensent qu'elles ne sont pas de bons chrétiens avant d'être engagées dans une douzaine de programmes différents. Mais la Bible n'enseigne pas cela. Vous voyez, le chrétien moyen, le chrétien anormal, pense que le signe de la maturité, c'est être engagé et occupé. Il pense que si vous êtes vraiment engagés, que vous n'êtes pas rétrogrades, alors vous serez dans ce programme et ce programme et ainsi de suite. Vous irez chanter ici, visiter ici, faire ceci, et écrire aux missionnaires, vous ferez toutes ces activités. Une vie remplie par le service chrétien est à des millions d'années-lumière du message de Philippiens. D'’autres chrétiens moyens disent: « Pour moi vivre, c'est la communion chrétienne. » Mais ce n'est pas la vie. 
             Certaines personnes pensent que si vous voulez avancer avec le Seigneur, vous avez besoin de la communion chrétienne. De nos jours, on parle beaucoup de se réunir ensemble, d'être un, de former un Corps, de chanter et adorer. Dieu n'est pas contre cela, mais si votre vie c'est cela, vous êtes en danger. C'est Christ qui doit être la vie chrétienne. Lorsque c'est la communion qui est votre objectif et ce sur quoi vous mettez l'accent, c'est bizarre, c'est si excentré, c'est anormal. Dieu ne nous a pas appelés à cela. La vie normale n'est pas remplie de mission, elle n'est pas remplie avec le service chrétien, elle n'est pas remplie de communion.
                Certains vivent en se disant: « Pour moi vivre, ce sont les dons de l'Esprit. » Et ils sont si centrés sur les dons de l'Esprit, comme le parler en langues, faire des miracles ou d'autres choses. D'autres encore disent: « Pour moi vivre, c'est le fruit de l'Esprit. » Mais c'est excentré, ce n'est pas ce qui doit être l'essence, la source de votre vie. Si votre vie, c'est l'étude de la Bible, alors vous êtes en danger. Votre vie n'est pas cela. D'autres encore pensent que: « Pour eux, vivre, c'est la prière. » Ce n'est pas non plus l'objectif. Pour d'autres encore, vivre c'est la volonté de Dieu. Non, ce n'est même pas la volonté de Dieu. C'est Dieu Lui-même avec Sa volonté. C'est Dieu à qui appartiennent les personnes. C'est Dieu, c'est la Personne elle-même. 
               Pour certains chrétiens, vivre, c'est ce monde. Beaucoup de chrétiens vivent ainsi, le monde prend toute la place dans leur vie, les choses, les possessions, les amis, la télévision, la popularité, l'amusement, les habits, et ainsi de suite. Vous savez, je me sens désolé pour les nouveaux chrétiens, je me sens à la fois heureux et désolé. Certains viennent juste de naître dans la famille de Dieu, ils viennent juste de sortir de l’œuf et tout ce qu'ils voient, ce sont des chrétiens anormaux. Les chrétiens anormaux sont tout autour, et chacun parle un langage différent. Le pauvre petit enfant, il essaie de connaître Dieu, il vient juste de naître de nouveau. Il essaie juste de comprendre les choses de Dieu. 
                  A ce moment, quelqu'un le prend à part et lui dit: « Il est important pour toi d'aller à l'église locale » Et il part à la recherche d'une bonne église. 
           Quelqu'un d'autre arrive et lui dit: « Il est important que tu sois engagé dans l'évangélisation. » 
             Quelqu'un d'autre arrive et lui dit: « Tu dois suivre un cours de disciple, nous devons parler ensemble d'un programme d'étude biblique. Tu devras avoir un temps de méditation le matin. Il faudra que tu lises toute la Bible en un an. Il faudra que tu mémorises certains passages, sinon tu ne seras pas capable de combattre le diable. » 
     Quelqu'un d'autre arrive et dit: « Quelqu'un t-a-il parlé de la gestion de tes finances? Tu es censé donner la dîme, c'est 10%! » 
               Le pauvre nouveau-né ne sait plus de quel côté se tourner. Quelqu'un lui parle du Saint-Esprit et du baptême, quelqu'un veut lui parler du don de l'Esprit, un autre veut le faire sortir du lit avant qu'il ne soit réveillé afin qu'il puisse être seul pour prier. Un autre veut le faire jeûner et prier « jusqu'à l'exaucement. » Un autre veut en faire un érudit de la Bible et l'envoyer à l'école biblique. Tout cela est absolument anormal.

PHILIPPIENS NOUS RAMÈNE A LA SIMPLICITÉ DE LA VIE CHRÉTIENNE

           C'est à cause de ce que je viens de citer que le livre de Philippiens est un livre si merveilleux. C’est parce qu'il nous ramène à la simplicité de la vie chrétienne. Qu'est-ce que la vie chrétienne à sa base, à ses racines, à sa source? La vie chrétienne n'est rien de plus que cela, à savoir une vie qui est remplie de Christ. J'aime la traduction du verset 1:21 de James Moffatt: « La vie signifie pour moi Christ. » N'est-ce pas merveilleux? Voilà le sujet de la vie chrétienne, c'est simplement une vie qui est remplie de Christ.
               Paul n'a pas vécu très longtemps après avoir écrit Philippiens. Il est mort jeune. Il est mort au début de la soixantaine. Mais voilà ce qu'il a écrit, à l'orée de ses soixante ans. En d'autres termes, Paul était assurément un vieil homme heureux, lorsqu'il a écrit le livre de Philippiens, quelques années avant sa fin. Regardez ces passages. 
             Verset 3:7-10: « Mais ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte, à cause de Christ. Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus- Christ mon Seigneur, pour lequel j'ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ, et d'être trouvé en lui, non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s'obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi, Afin de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort. » 
              Vous direz peut être que c'est la prière d'un nouveau-né? « Afin de connaître Christ. » Paul avait déjà marché avec Dieu pendant trente ans lorsqu'il écrit ces choses. Ce n'est pas la prière d'un nouveau chrétien. C'est la prière d'un chrétien mûr. C'est la prière d'un combattant de la Croix, enchaîné à un garde romain, qui pourtant écrit au sujet de la joie dans le Seigneur. Et toute sa prière est « Christ est ma vie » et « Que je puisse Le connaître. »

LA VIE CHRÉTIENNE EST UNE HISTOIRE D'AMOUR ENTRE NOUS ET LE SEIGNEUR

                Les Versets 4:11-13 disent: « Ce n'est pas en vue de mes besoins que je dis cela, car j'ai appris à être content de l'état où je me trouve. Je sais vivre dans l'humiliation, et je sais vivre dans l'abondance. En tout et partout j'ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l'abondance et à être dans la disette. » Quel est son secret? Il est dans le verset suivant: « Je puis tout par celui qui me fortifie. » 
              Vous savez, la vie chrétienne est si simple et si facile. Parfois vous vous demandez comment les gens peuvent être si confus, et déboussolés au sujet de quelque chose d'aussi simple. Il y a une expression que personnellement je n'aime pas, je l'accepte, je la tolère, mais je ne l'aime pas, parce qu'elle amène de la confusion dans le monde chrétien. C'est l'expression « la vie profonde. » Vous voyez, cela donne aux gens l'idée que la vie chrétienne est « ésotérique. » Cela signifie qu'il y a une vie destinée à un groupe spécial d'initiés. Cela donne à penser que cette vie n'est que pour une poignée de l'élite chrétienne. Cela donne aussi à penser que la vie chrétienne est difficile, et l'on se met à dire: « Oh! la vie chrétienne c'est une vie profonde, mais moi je suis superficiel, je ne serai jamais capable de vivre la vie chrétienne, c'est trop profond pour moi. » 
                 Frères et sœurs en Christ, il n'y a rien de profond au sujet de la vie chrétienne. La vie chrétienne est une histoire d'amour entre vous et le merveilleux Seigneur Jésus, voilà tout ce qu'elle est. Nous, nous faisons de la vie chrétienne une philosophie de vie. Nous faisons de la vie chrétienne un ensemble de doctrines et de credo, et ce genre de choses. Mais ce n'est pas cela. Il s'agit du Seigneur, de Dieu Lui-même et de notre relation avec Lui. J'étais sauvé depuis 7 ans avant que le Seigneur ne commence à me montrer cela. Il a dû y aller particulièrement fort parce que j'étais têtu et obstiné.

L'EGLISE N'A PAS BESOIN DE RÉVEIL MAIS DE VIE

                 La vie chrétienne normale est la vie qui est simplement remplie de Christ. Il ne s'agit pas de mission, d'étude de la Bible, de prière, de gestion des biens, de vie de disciple, de mémorisation de la Bible ou autre chose, mais d'être rempli de Christ Lui-même. Voici la traduction du verset 3:8 de Richard Francis Weymouth's: « Je compte tout comme pure perte pour le privilège sans prix de connaître Jésus-Christ mon Seigneur. » N'est-ce pas une chose incroyable? Une des évidences qui montre que l'Eglise est malheureusement anormale de nos jours, ce sont toutes ces discussions au sujet du réveil. Partout où vous allez, les hommes parlent de réveil. Parfois ils mettent des annonces à l'extérieur de leur église annonçant: « Il va y avoir un réveil ce week-end. » 
                 Dans la plupart des cas, l'église n'a pas besoin d'être réveillée, elle a besoin de vie. Qu'est-ce que le réveil? C'est revenir à la norme. C'est tout ce qu'est le réveil. C'est simplement revenir à la norme, c'est revenir à Christ. Si les chrétiens étaient normaux, ils n'auraient pas besoin de réveil. Vous voyez, le besoin de réveil c'est quelque chose que nous faisons venir nous-mêmes en détournant nos yeux de Jésus. Un bon feu n'a pas besoin qu'on le rallume. Un bon feu ne fait que brûler sans cesse. A un moment donné, nous avons accepté l'idée que la repentance et le fait d'être rétrograde étaient normaux pour le chrétien. C'est totalement faux, c'est anormal. Dieu ne nous a pas destinés à ces choses. Selon Philippiens, la vie chrétienne normale est la vie qui est remplie de Christ. Et la vie qui est remplie de Christ est débordante de joie. Vous voyez, la joie est la clé de ce livre mais uniquement en tant que résultat, en tant que fruit de notre relation avec Christ.
                Une des façons d'avoir la vérité de Philippiens dans votre coeur est de penser à Philippiens, en termes de trois « J. » Le premier « J » est pour « Jail », le second « J » est pour « Joy », le troisième « J » est pour « Jésus. (2) » Paul a écrit ces choses alors qu'il était en prison. Humainement il avait bien des raisons d'avoir de l'amertume. Toutes les choses lui étaient contraires. Il était enchaîné à un garde romain depuis deux ans, jour et nuit, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il sortait tout juste de deux autres années de prison à Césarée. Il savait que Dieu l'avait appelé à prêcher l’Évangile, mais il avait toutes les chances de mourir, d'être exécuté à cause de sa foi. Comment Paul pouvait-il avoir de la joie en prison? La réponse est dans le troisième « J », Jésus. C'est à cause de Jésus qu'il pouvait avoir de la joie en prison. C'est parce que sa vie était remplie de Christ. Certaines personnes ont la fausse idée que Paul supportait la prison. Il ne supportait pas la prison, il ne s'efforçait pas d'arborer un large sourire pour essayer de tout supporter. Il se réjouissait en prison! Vous pouvez voir cela à travers toute la lettre, il se réjouissait continuellement, parce que Christ était sa vie. Ce n'était pas un formulaire ou un credo, c'était une Personne. Lorsque votre vie est remplie de Christ, comme l'était celle de Paul, vous aurez immanquablement de la joie en toutes circonstances.

PAUL ÉTAIT ESCLAVE DE CHRIST ET PAS DE SES CIRCONSTANCES

             Veuillez noter le tout premier verset de l'épître, où Paul se désigne lui-même comme un esclave de Jésus-Christ... Vous voyez, il n'était pas un esclave de Rome, il était un esclave de Christ. Il ne vivait pas dans ses circonstances, il vivait en Christ. Ce que nous, nous appelons l'environnement, Paul l'appelle Christ. Pour lui, toutes ses circonstances étaient Christ. Est-il arrivé à Paul de broyer du noir? La réponse est non! Parce qu'il prenait Christ avec lui dans la prison. C'est comme lorsque vous prenez une lumière avec vous dans une cave. Qu'arrive-t-il aux ténèbres? Elles s'en vont! Paul prenait simplement son environnement avec lui partout où il allait. Savez-vous pourquoi la prison était une joie pour Paul? Parce qu'il avait pris le ciel avec lui. Si vous prenez le ciel avec vous en prison, alors votre expérience de la prison sera l'expérience du ciel. Paul emmenait le ciel, l'environnement de Dieu, la Personne de Christ, partout où il allait. Tous les hommes normaux, tous les chrétiens normaux, les chrétiens dont les vies sont remplies de Christ, sont automatiquement remplis de la joie du Seigneur.
              Parfois il arrive de rencontrer des chrétiens qui sont vraiment moroses, qui ont le cafard. Si vous leur demandez pourquoi ils sont dans cet état, ils vous répondent en disant: « A quoi peut-on s'attendre lorsque l'on est dans un endroit comme celui-ci? A quoi peut-on s'attendre lorsque l'on est dans un environnement comme celui-là? Je travaille avec des païens toute la journée, je dois entendre ce langage toute la journée, j'entends parler de cette philosophie du monde toute la journée, je respire l'air des païens toute la journée. A quoi peut-on s'attendre dans un endroit comme celui-ci? » Ces personnes ont besoin de Philippiens. Elles ont besoin du message de Philippiens, parce que Philippiens nous enseigne comment emmener notre environnement avec nous dans chaque endroit où nous allons. Vous voyez, mon travail n'a pas besoin d'être le ciel, si j'ai le ciel dans mon coeur.                     Mon lit de convalescence n'a pas besoin d'être le ciel si j'ai le ciel dans mon coeur. Mon voisinage n'a pas besoin d'être le ciel si j'ai le ciel dans mon coeur. Ma famille n'a pas besoin d'être le ciel si j'ai le ciel dans mon coeur. Mon église n'a pas besoin d'être le ciel si j'ai le ciel dans mon coeur. Christ est la pierre précieuse du ciel, Il est la gloire du ciel. Si votre coeur est plein de Christ, alors tout votre environnement est sanctifié, et vous pouvez avoir la joie du Seigneur partout! Parce que là où est Christ, là est le chrétien normal. Et là où est Christ, là est la vraie Eglise.
             De nos jours, l'Eglise moyenne, le chrétien moyen, sont malheureusement anormaux. Et c'est l'objectif de Philippiens que de nous rendre normaux. Que Dieu puisse nous amener à être normal, que Dieu puisse faire de nous des chrétiens normaux, pour que nous puissions avoir une vie remplie de Christ et débordante de la joie du Seigneur. Dans ma bibliothèque, j'ai un livre dont le titre est « Les lettres de Samuel Rutherford. » C'est un livre merveilleux. Samuel Rutherford était un écossais qui a vécu au 17ème siècle. Il disait que la douceur de Christ était le slogan de sa vie. Si vous lisez quelques-unes de ses lettres, vous verrez qu'il vivait cela. Il profitait tellement d'être en Christ. 
                Charles Spurgeon a fait ce commentaire: « Parmi les choses qui m'ont le plus inspirées, il y a les lettres de Samuel Rutherford. » Samuel Rutherford fut jeté en prison, à Aberdeen, à cause de sa relation avec Christ. J'ai été si émerveillé lorsque j'ai lu ses lettres. Il n'a jamais pensé que ses lettres seraient publiées. Ce sont de vraies lettres qu'il a écrites à de vraies personnes. Quelqu'un les a réunies après sa mort et les a publiées. Voici comment la plupart d'entre elles commencent: « Je vous écris du palais royal de mon Seigneur ici a Aberdeen. » N'est-ce pas une merveilleuse façon de commencer une lettre? Quel était son palais royal à Aberdeen? C'était le donjon de sa prison. Mais ce n'était pas une prison pour lui, parce qu'il vivait dans une union vivante avec le Seigneur Jésus-Christ. Et cette prison devint le palais royal du Seigneur. Vous voyez lorsque votre coeur est rempli de Christ, du Seigneur, vous avez cette joie.

CHRIST EST L'ENVIRONNEMENT NORMAL DU CHRÉTIEN

               Pourquoi Paul était-il si heureux dans une prison romaine? Parce que Jésus habitait là-bas avec lui. Pourquoi Samuel Rutherford était-il si joyeux dans « son palais royal » avec son Seigneur? Parce que Jésus était là-bas avec lui. Il n'y a rien qui puisse diminuer la joie d'un vrai chrétien, d'un chrétien normal, qui a commencé à goûter au message de Philippiens. Une vie remplie de Christ est indépendante des circonstances, peu importe ce qui arrive. Parce que le résultat de cette vie est la joie dans le Seigneur. Le chrétien normal vit Christ, respire Christ, dort Christ, mange Christ, boit Christ c'est son environnement. Christ est Tout. Paul avait cette joie et ce contentement en toutes circonstances à cause de cette relation avec Christ. Vous voyez, le monde fait des commentaires du genre: « J'ai dû rester couché à cause de la maladie. » Mais savez-vous ce que Dieu dit? « Tu as dû rester couché pour être au calme. » Ce n'est pas du tout la même chose. Si vous avez les yeux sur Christ, tout ce qui vous arrive au moment où cela vous touche, est devenu la volonté de Dieu pour vous. C'est l'environnement de Christ. Là où est Christ, là est le chrétien normal. Que Dieu puisse nous enseigner cela alors que nous avançons dans ce livre de Philippiens. La vie chrétienne normale est la vie qui est remplie de Christ, et la vie remplie de Christ est débordante de joie.
                Dans le cadre de notre vue d'ensemble du livre, laissez moi vous proposer un plan pour ce livre. Il existe plusieurs plans excellents pour ce livre. Sidlow Baxter propose ce plan.




• Chapitre 1: Christ notre vie
• Chapitre 2: Christ notre pensée
• Chapitre 3: Christ notre objectif
• Chapitre 4: Christ notre force

    La plupart des gens suivent cette idée générale. Monsieur Sims propose ce plan:




• Chapitre 1: Christ notre thème
• Chapitre 2: Christ notre modèle
• Chapitre 3: Christ notre objet
• Chapitre 4: Christ notre force

   C.I. Scofield dans sa Bible, propose le plan suivant:




• Chapitre 1: Christ notre vie, nous pouvons donc nous réjouir dans la souffrance
• Chapitre 2: Christ notre modèle, nous pouvons donc nous réjouir dans le service
• Chapitre 3: Christ notre objet, nous pouvons donc nous réjouir même dans notre imperfection
• Chapitre 4: Christ notre force, nous pouvons donc nous réjouir sans être anxieux

            Vous trouverez de bons plans dans la plupart des livres. Pour la discussion que nous aurons en parcourant ce livre, j'utiliserai un plan que j'ai pris de Frank Sells:




• Chapitre 1: Christ la source d'une joyeuse confiance
• Chapitre 2: Christ la source d'une joyeuse humilité
• Chapitre 3: Christ la source d'un joyeux objectif
• Chapitre 4: Christ la source d'une joyeuse force

              C'est ce que nous développerons en détails en parcourant le livre chapitre par chapitre. Dans le chapitre 1, nous verrons Christ, la source d'une joyeuse assurance. Vous rendez-vous compte qu'il n'y a pas de vraie confiance qui ne contienne pas la joie du Seigneur. Si vous dites avoir de la confiance, mais sans la joie du Seigneur, alors je ne sais pas ce que c'est, mais ce n'est pas de la confiance. La même chose est vraie de l'humilité. La vie chrétienne normale est pleine d'humilité. Il n'y a pas d'humilité réelle, si elle n'a pas la joie du Seigneur. De nombreux chrétiens ont un complexe de « martyr » mais pas l'humilité. Ils appellent cela l'humilité mais c'est un complexe de « martyr. » Vous voyez Jésus était un homme de douleur et habitué à la souffrance, mais il n'avait pas un complexe de « martyr. » Un complexe de « martyr » manque totalement de joie.
                 La même chose est vraie au chapitre 3. Christ est la source d'un joyeux objectif. Il est triste de voir une personne sans objectif, sans but, ne sachant pas quoi faire. Mais il est encore plus triste de voir quelqu'un qui pense avoir un objectif mais qui n'en a pas réellement. Aucun objectif n'est réel s'il ne contient pas la joie du Seigneur. De nombreux chrétiens vous rendent moroses dès que vous passez un peu de temps avec eux. Ils gâchent presque votre journée juste en les voyant, à cause de la terrible dépression dans laquelle ils sont constamment. Une vie remplie de Christ est une vie remplie de joie, elle est pleine de confiance, d'humilité, et elle a un objectif, un but. Enfin chapitre 4, elle est pleine de force. Il ne peut pas y avoir de force sans la joie du Seigneur. En lien avec cela, j'aime Néhémie 8:10 qui dit: « La joie de l'Éternel est ma force. » Savez-vous ce que cela veut dire pratiquement? Si la joie de l’Éternel est la force, ne pas avoir la joie de l'Eternel, c'est ne pas avoir de force. Certains chrétiens sont si faibles parce qu'ils n'ont pas la joie du Seigneur. Ainsi en est-il, dans notre vie, si nous n'avons pas la joie du Seigneur, nous n'avons pas de force.
                 Rappelez-vous bien, nous ne parlons pas du bonheur, mais de la joie. Le bonheur prend sa source dans les émotions, la joie prend sa source dans la volonté. La joie affecte les émotions mais elle ne prend pas sa source dans les émotions. Nous verrons cela davantage en parcourant l'épître. Rien n'est plus important, alors que nous considérons ce livre, que le peuple de Seigneur soit rempli de Christ et que son coeur déborde de joie. En étudiant cette épître, j'ai prié pour nous, pour qu'à la fin de cette étude nous puissions être plus proches de la normale que nous ne l'avons jamais été. C'est tout le message de Philippiens.
                   Nous avons dit que la contribution particulière de Philippiens c'est que Dieu veut nous rendre normaux, Dieu veut faire de nous des chrétiens joyeux. Il veut que nous soyons normaux maintenant, que nous vieillissions en louant Jésus et que nous mourions en louant Jésus. Il veut simplement que nous soyons normaux, étant remplis de Christ et donc remplis de la joie du Seigneur. Il ne veut pas que nous ayons une vie remplie de nombreuses choses, et qui part dans toutes les directions. Tant de chrétiens ne se réjouissent pas de la vie chrétienne, ils n'en profitent pas. Ils ne connaissent pas la joie, ils ne tressaillent pas d'être simplement avec Jésus.

LE FARDEAU DE LA PRIÈRE OU LA JOIE DANS LA PRIÈRE

               Laissez-moi illustrer la chose à partir de la première mention de la joie dans Philippiens. On la trouve au verset 1:4, c'est la joie dans la prière. C'est un des grands résultats d'une vie joyeuse, la joie dans la prière. La joie du Seigneur n'est pas la joie de faire ce que je veux, c'est la joie de faire ce que Dieu veut que je fasse. C'est la joie dans la volonté de Dieu. Les gens qui sont sauvés veulent-ils la joie du Seigneur? Le chrétien moyen, celui qui ne se repose pas complètement sur Christ, veut-il la joie du Seigneur? Avant je répondais par l'affirmative, mais ce n'est plus le cas maintenant. Lorsque certains voient des gens aller vers les sectes, ils disent: « Ils doivent vraiment rechercher Christ, regardez comment ils courent vers les sectes. Ils sont si affamés, si seulement quelqu'un pouvait leur apporter Christ. » Non, vous ne recherchez pas Christ si vous courez après les sectes. 
               Vous recherchez Christ si vous courez après Christ. Si quelqu'un ne court pas après Christ, c'est qu'il n'a pas faim de Christ. Parce que ceux qui ont faim seront rassasiés, et ceux qui ont soif seront satisfaits. Il n'est pas vrai que les gens non sauvés ou que les chrétiens moyens désirent la joie du Seigneur. Ils se satisfont d'une imitation mais pas de la réalité. La plupart des chrétiens désirent seulement la joie dans ce qu'ils veulent faire. Manifestez-vous de l'enthousiasme lorsque quelqu'un parle de la volonté de Dieu? Dieu aimerait qu'il en soit ainsi. Lorsqu'un coeur est attaché à Christ alors rien ne sera plus délicieux à son palais spirituel que de faire la volonté de Dieu.
                  La première mention de la joie est donc liée à la prière. Priez-vous pour ceux que vous aimez? Laissez-moi vous posez la question d'une autre façon. Priez-vous pour ceux que vous aimez avec joie, avec la joie du Seigneur? Vous voyez, il y a une différence. La question principale n'est pas de savoir si vous priez pour vos proches, mais si vous priez avec joie pour vos proches. J'ai remarqué que le diable aime accabler les enfants de Dieu avec des sujets de prière. Parfois on entend quelqu'un dire: « Oh! J'ai un fardeau. J'ai plusieurs fardeaux de prière. » Je ne crois pas du tout qu'ils viennent de Dieu. Nous sommes parfois si écrasés par ces fardeaux de prière. Lorsque nous vivons de cette façon, accablés et écrasés, nous perdons la meilleure publicité que Dieu nous ait donnée pour gagner les inconvertis et les attirer à Lui. La meilleure chose que vous puissiez faire pour vos proches c'est de faire de l’Éternel vos délices et Il vous donnera ce que votre coeur désire (cf. Psaumes 37:4). Vous ne pouvez rien faire de mieux pour vos bien-aimés. Vous n'allez pas gagner vos proches en leur plaçant un tract sous leurs yeux, en leur prêchant un sermon de dix minutes. Vous devez vous réjouir dans la présence du Seigneur et cela deviendra un témoignage, et cela seul créera une soif pour tous ceux autour de vous. Nous avons tant de mauvais fardeaux.

MA RESPONSABILITÉ PRINCIPALE EST DE ME RÉJOUIR TOUT LE TEMPS EN JÉSUS

              Ma principale responsabilité est d'être joyeux en Jésus en tout temps, de me réjouir en Jésus en tout temps. Vous me direz: « Mais alors, comment peut-on connaître la différence entre le fardeau de Satan, et le fardeau de Dieu? » Ce n'est pas difficile. Le fardeau de Dieu vous élève, le fardeau de Satan vous écrase. Voilà la différence. Le fardeau de Dieu est léger, Jésus dit: « Venez à moi mon fardeau est léger. » (cf. Matthieu 11:30) Son fardeau n'est pas lourd. Il ne vous donne pas un fardeau en disant: « Oh! Il faut prier pour cette personne, sinon elle va brûler en enfer. » Lorsque Dieu place sur vous un fardeau, c'est aussi une prophétie, parce que Dieu ne nous met jamais à coeur de prier pour quelque chose qu'Il ne va pas accorder. » Il ne joue pas avec vous, Il ne se moque pas de vous. S'Il vous a donné un fardeau pour une chose, c'est aussi qu'Il a prévu de la faire. Dieu pousse toujours les cœurs à prier pour ce qu'Il va aussi donner. Par conséquent, lorsque Dieu place un fardeau sur votre coeur c'est aussi accompagné de joie, parce que vous priez avec assurance. Voilà ce que veut dire prier par l'Esprit.
                Certaines personnes sont accablées parce qu'elles ne reçoivent pas de fardeau. Elles disent: « Oh! Je n'ai pas de fardeau pour mes bien-aimés. » Et alors! Réjouissez-vous dans le Seigneur. Et lorsque Dieu sera prêt à vous donner un fardeau, Il vous le donnera. Mais jusque-là, n'acceptez pas les fardeaux du diable, car cela va vous écraser, cela ne fera que vous rendre morose. Avant, je pensais que cela faisait partie de la vie chrétienne de se sentir presque tout le temps misérable à cause des perdus, des gens qui ne sont pas sauvés. Je pensais que c'était spirituel d'avoir un fardeau pour mes voisins et un fardeau pour mes parents. Je peux vous dire que ce n'est plus le cas. Le chrétien normal a une vie qui est remplie de Christ. Et la vie qui est remplie de Christ a pour résultat d'être débordante de la joie de Christ, en toutes circonstances. Nous verrons cette réalité dans notre vie si nous laissons Dieu y imprimer le message de Philippiens.
               Voilà pour ce qui concerne le thème. Laissez-moi maintenant vous présenter l'arrière-plan historique de ce livre que l'on trouve dans Actes 16:6-40. J'aimerais vous donner quelques indications concernant l'arrière-plan, lesquelles nous aideront à entrer dans les vérités de Philippiens. Premièrement l'arrière-plan met en lumière la vérité de l'obéissance. Vous savez, si Paul n'avait pas obéi, nous n'aurions jamais eu le livre de Philippiens. Tout l'arrière-plan nous parle de l'obéissance de Paul. Ce livre est né à cause de l'obéissance de l'apôtre Paul. En Actes 16, Paul était déjà vieux et il était en route pour son second voyage. Il n'était pas seul car Timothée, Silas et Luc étaient avec lui. Barnabas et Marc étaient allés leur propre chemin, ils s'étaient séparés à cause des problèmes qu'ils avaient eus lors du premier voyage missionnaire. Paul arriva de l'Est et se dit: « Vers où dois-je aller? Je pense que je devrais aller au Sud en Asie. » Mais en Actes 16:6 le Saint-Esprit dit: « Stop! Je ne veux pas que vous alliez en Asie. » Donc Paul se dit: « Comme je ne peux pas aller au Sud, j'irai au Nord. » Par conséquent il commença à aller au Nord. Mais en Actes 16:7 le Saint-Esprit dit: « Non, je ne veux pas que tu ailles au Nord. » Donc Paul se dit: « Ok, je viens de l'Est, je ne peux pas aller au Sud, je ne peux pas aller au Nord, donc je vais aller à l'Ouest. » Il donc partit pour l'Ouest. Il alla aussi loin qu'il le pouvait et arriva à Troas. C'est pendant qu'il attendait à Troas qu'il eut cette vision et qu'il vit un homme macédonien qui priait: « Passe en Macédoine, secours-nous!
                 Il arriva à Philippes et découvrit que cet homme était en fait une femme, Lydie. Et ce fut en fait la première fois que l’Évangile de Christ toucha le sol européen. Vous êtes sauvés parce que Paul est allé en Europe. Vous pouvez vous réjouir en Christ, parce que l’Évangile est allé en Europe, et Actes 16 en est le récit. Non seulement ce fut la première fois où l’Évangile arriva en Europe, mais la ville de Philippes fut le premier endroit en Europe où l’Évangile prit racine lors d'une petite réunion de prière le long d'une rivière. Des femmes tenaient une réunion de prière. Elles ne connaissaient pas Jésus, mais elles cherchaient et le Seigneur utilisa Paul comme Son « canal missionnaire » pour les rencontrer. Le Psaume 37:23 dit: « Les pas de l'homme de bien sont ordonnés par le Seigneur. » Mais les arrêts d'un homme de bien sont aussi ordonnés par le Seigneur. Je suis si reconnaissant que Dieu ait arrêté Paul lorsqu'il voulut aller au Nord et au Sud, et qu'Il l'ait appelé en Europe.
              La ville de Philippes était un endroit tout à fait unique. Elle fut ainsi nommée en référence à Philippe de Macédoine. Lorsque Rome l'a prise, elle s'appelait déjà Philippes. Beaucoup de choses à propos de Philippes sont intéressantes comme les mines d'or et d'argent qui l'ont rendue célèbre, ou le fait que c'était une porte entre l'Ouest et L'Est, entre l'Asie et l'Europe; une des routes principales passait par Philippes. Mais ce qui rend Philippes si intéressante c'est qu'elle était une colonie Romaine. C'était comme une petite Rome. Lorsque Rome a conquis Philippes, ils ont chassé tout le monde, confisqué toutes les terres et les ont données à leurs soldats vétérans, pour qu'ils y prennent leur retraite. La ville devint un grand lieu de repos pour tous les soldats retraités. Philippes était donc une ville militaire; c'est pourquoi, lorsque Paul a été battu de verges, il lui aurait suffi de dire: « Je suis un citoyen romain », pour faire cesser le supplice. La ville de Philippes n'était pas assujettie à Rome, elle était dispensée du paiement des taxes. Ses habitants se gouvernaient eux-mêmes. En introduisant l’Évangile dans cette petite Rome, Dieu veut montrer que lorsque l’Évangile aura été enraciné dans cette petite Rome, cela se produira de même un jour dans la grande Rome, et également dans le monde entier. Le livre de Philippiens est donc un merveilleux petit livre parce qu'il nous donne le message qui se répandra ensuite dans le monde entier.

LE JOIE AU MILIEU DES DIFFICULTÉS, PAS LOIN DES DIFFICULTÉS

              Deuxièmement, l'arrière-plan met aussi la joie en lumière, la vraie joie biblique. La lettre de Philippiens a été écrite 10 ans après que Paul fut venu à Rome. Vous rappelez-vous le miracle que Paul a fait en chassant l'esprit d'une servante possédée? Les maîtres de la servante n'ont pas apprécié et l'ont fait battre de verges et mettre en prison. Bienvenue en Europe! Mais en prison, vers le milieu de la nuit, avec Silas, ils ont commencé à chanter. Pourquoi? Parce qu'ils se sentaient mal, et voulaient se remonter le moral? Non, ils ont chanté parce que leurs cœurs étaient remplis de joie. C'est de cela que les Philippiens se sont rappelés. Lorsque Paul commence à leur parler de la joie, il est de nouveau en prison, dix ans plus tard. Quelle réputation il avait. Il a été quatre fois en prison. D'abord à Philippes, ensuite à Césarée pendant deux ans, puis à Rome pour deux ans. Ensuite il en est sorti, y est retourné et finalement il y est mort. Ici, à Philippes en Actes 16, il commence donc à chanter au milieu de la nuit, puis Dieu envoie un tremblement de terre et au final le geôlier est sauvé.
              En pensant à cette louange qu'ils ont fait monter au milieu de la nuit, je pense au Psaume 119:62 que j'aime. Avant je le comprenais mal, je l'appliquais littéralement: « Au milieu de la nuit je me lève pour te louer. » Lorsque j'étais étudiant à l'école biblique, je réglais mon réveil à minuit à cause de ce verset, je me levais et je louais le Seigneur. Mais lorsqu'il dit: « Au milieu de la nuit je me lève pour te louer », il ne s'agit pas de minuit. La façon dont le mot « nuit » est utilisé dans ce chapitre fait référence aux problèmes, aux douleurs, aux peines, aux afflictions. Au milieu de la nuit veut dire au milieu de mes problèmes. « Au milieu de mes problèmes, je me lève et je te loue. » Je suis content de ne plus avoir à me lever à minuit. Ce n'était là qu'une illustration. Paul n'a pas attendu d'être sorti de prison pour dire: « Maintenant que nous sommes sortis de prison, louons le Seigneur. » Au milieu de la nuit, au milieu de ses circonstances, son coeur était simplement rempli de la joie du Seigneur. Nous voyons donc ici la vraie joie. Il ne s'agit pas d'une joie loin des difficultés, mais au milieu des difficultés. Le Psaume 23:5 ne dit pas: « Je vais te préparer une table en l'absence de tes ennemis », il dit: « Je vais te préparer une table en face de tes ennemis. » C'est là où se trouve la vraie joie.

UNITÉ BIBLIQUE NE VEUT PAS DIRE UNIFORMITÉ

              Troisièmement, l'arrière-plan met aussi en lumière la réelle unité biblique. Il s'agit de l'unité et non de l'uniformité. Pour être des chrétiens, des chrétiens normaux, nous n'avons pas besoin d'être tous pareils. Parfois on dirait que certaines écoles bibliques forment des clones. Lorsque les élèves en sortent, ils sont tous pareils, ils reçoivent le même tampon d'approbation. Ce n'est pas le cas à Philippes. Il est intéressant de voir le premier groupe qui a été sauvé à Philippes. D'abord il y a eu Lydie, la riche femme d'affaire de Thyatire. En passant, c'est une ville d'Asie, là où le Saint-Esprit lui avait défendu d'aller! C'est comme s'Il avait dit: « Ne va pas en Asie, va là-bas en Macédoine et tu rencontreras quelqu'un d'Asie, et conduis-la au Seigneur. » Il y a donc cette riche femme d'affaire, cette marchande de pourpre. La seconde personne que Dieu a sauvée était cette servante possédée qui était au plus bas niveau de l'échelle sociale. 
                Ensuite il y a eu le dur geôlier romain et toute sa famille. Voilà ce qui a constitué la première communauté de chrétiens à Philippes. N'est-ce pas une drôle d'équipe, une étrange mixture? De nos jours, vous pouvez aller dans presque n'importe quelle église, et vous verrez que les gens sont rassemblés selon leur classe sociale. Il y a la haute classe sociale, la classe moyenne, et la basse. Mais la vie chrétienne normale c'est lorsque tout le monde est mélangé. Il n'y a plus de riches et de pauvres, tout le monde est un en Christ Jésus et il y a unité dans la diversité. Il n'y a pas d'uniformité, nous ne sommes pas tous les mêmes, nous sommes tous différents, mais un dans notre union avec Christ.
             Quatrièmement nous voyons la communion que l'apôtre Paul avait avec ces Philippiens. Paul aimait les Philippiens, il aimait l'Eglise de Philippes. Si l'on s'en tient à ce qui nous est rapporté, Paul n'a jamais accepté de dons, d'aide financière de personne, si ce n'est de l'église de Philippes. Il n'avait pas honte de l'accepter de la part des Philippiens. Il est écrit quatre fois qu'ils lui ont envoyé des offrandes et il les a acceptées. En avançant dans le Seigneur de cette façon, selon la vie chrétienne normale, vous verrez que vous serez attirez par des individus et des groupes qui ont la même pensée que vous. Lorsque j'étais à l'école biblique, ils nous a été dit, à nous jeunes étudiants: « Vous allez être pasteurs, c'est pourquoi, n'ayez pas d'amis. » Certains enseignent cela, ils disent qu'un pasteur ne doit pas lier de relation d'amitié, sinon d'autres chrétiens seront offensés. Ils disent que si vous invitez quelqu'un dans votre maison, soyez sûrs d'y inviter aussi tous les autres. Mais ce n'est pas l'enseignement de la Bible. Jésus avait ses « soixante-dix », ses « douze » et ses « trois plus proches. » Vous n'aurez sûrement pas beaucoup d'amis dans votre vie, peut-être une poignée, peut-être deux ou trois. Et si Dieu vous fait une grâce particulière, Il vous donnera un Jonathan parmi eux. Profitez de cela et ne soyez pas embarrassés d'avoir une relation spéciale avec eux.
              Lorsque votre coeur est chaud, lorsque Christ est dans votre coeur, vous serez attirés par certaines personnes, louez Dieu pour elles et ne laissez personne vous empêcher d'avoir cette relation. De la même manière, vous pouvez avoir des relations particulières avec des groupes, louez Dieu pour cela. Personnellement j'ai un groupe de Jonathan. Il y a un groupe de chrétiens dans l'état du Delaware qui donnent leur vie pour moi et je fais la même chose pour eux. Il y a une relation entre nous que Dieu a établie. Paul avait ce genre de relation avec les Philippiens. Nous verrons que cette lettre ne traite pas de problèmes comme dans d'autres lettres, cette église semble être une église sans problème et nous verrons « les problèmes » d'une église sans problème. Cette lettre est une lettre d'amitié. En réalité cette lettre est une lettre de remerciement pour le don qu'ils lui ont envoyé, c'est tout ce qu'est ce livre. C'est juste une lettre pour dire merci pour le don. Nous verrons sa relation avec eux lorsque nous la parcourrons.
               Laissez-moi terminer avec cela. Le lien, l'esclavage le plus fort que vous pourrez avoir dans votre vie chrétienne est essayer d'être heureux. La Bible ne nous enseigne pas comment être heureux. Elle nous enseigne comment connaître Dieu. Si vous connaissez Dieu, un des résultats de cette connaissance, de cette relation, sera un coeur plein de joie. Certains pensent: « Oh! Je traverse plein de difficultés, mais je regarde tout comme de la boue, je vais essayer d'être heureux. » Non, vous ne pouvez pas le faire. Le message de Philippiens vous amène à Christ. Parce que le coeur qui est rempli de Christ est également rempli de joie.

Prions:
             Père, combien nous Te remercions pour ce merveilleux livre de Philippiens. Nous confessons que tant de fois nous sommes des chrétiens moyens et anormaux, si loin de la norme. A travers notre étude de Philippiens, nous Te demandons de nous ramener à la normale. Fais-nous la grâce de pouvoir dire avec l'apôtre Paul: « Pour moi vivre c'est Christ, pour que je puisse Le connaître Lui, la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort. » Enseigne-nous comment Te connaître. Merci parce que Tu as déjà commencé à travailler dans ce sens dans nos coeurs et que tu vas continuer. Fais de Philippiens une réalité brûlante dans nos vies. Nous Te le demandons au nom de Jésus. Amen.

(1)Dans l'original il y a un jeu de mots entre Happiness (Bonheur), Happen (Arriver) et Hap (Heur) (NdT)
(2)Prison, joie, Jésus (NdT)

Copyright - Bible Study Ministries Inc. Distribution (libre) non commerciale possible à condition que cette mention apparaisse


mardi 7 avril 2015

LA PRIÈRE DU ROYAUME par Jean-Christophe Blumhardt

Veuillez partager ce livre numérique avec vos amis. N’hésitez pas à poster un lien sur votre site web ou à envoyer un lien par courriel. Vous êtes également autorisé à imprimer le livre en partie ou dans son ensemble. Toutefois, vous êtes prié de ne pas le modifier de quelque façon que ce soit, ni de poster le fichier pour téléchargement d’un site web ou tel autre service de téléchargement numérique. Si vous désirez distribuer des copies multiples imprimés, ou si vous voulez réimprimer des extraits dans un bulletin ou une revue, veuillez observer les limitations suivantes : 1. Vous êtes formellement interdit de le reproduire à but lucratif ; et 2. Vous êtes exigé d’ajouter la mention de source suivante :

Copyright © 2011 by The Plough Publishing House. Utilisation autorisée. Ce livre numérique est une publication de The Plough Publishing House Rifton, NY 12471 USA (www.plough.com) et Robertsbridge, E. Sussex, TN32 5DR Royaume-Uni

(www.ploughbooks.co.uk). Copyright © 2011 par The Plough Publishing House Rifton, NY 12471 Etats-Unis Tous droits réservés.

Table des matières

Introduction
Jésus dans le Notre-Père
Le Père lui-même
Que ton nom soit sanctifié
Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite
Donne-nous notre pain quotidien
Pardonne-nous nos péchés
Ne nous induis pas en tentation
Délivre-nous du malin .
Le règne, la puissance et la gloire

Introduction

         Après avoir recommandé à ses disciples de se garder, en priant, de toute hypocrisie, mais de prier en secret et de ne pas faire beaucoup de paroles, le Seigneur leur donne une prière modèle : Nous l’appelons le Notre- Père, mais d’après son contenu nous devrions l’appeler la prière du Royaume. Un jour, après que Jésus eut prié dans un lieu, ses disciples lui demandèrent de leur enseigner à prier, comme Jean-Baptiste l’avait fait pour les siens. Il semble que l’homme, dans sa faiblesse, ait besoin d’une formule définie pour que sa prière ne se perde pas en paroles vagues et vides, et puisque le Seigneur a bien voulu enseigner une prière modèle, bien des chrétiens devraient s’en souvenir et dire simplement, avec recueillement, un Notre Père, la prière du Royaume, soit qu’ils prient seuls, soit que plusieurs se trouvent réunis. Elle est si sublime, si divine, qu’elle ne vieillit jamais et ne peut devenir banale. 
          En disant : « Vous donc priez ainsi », Jésus recommande aux disciples de se servir de la prière qu’il leur enseigne, il lui confère une importance et une bénédiction particulières ; et cela doit nous engager à y recourir, surtout dans les moments où nous ne savons comment dire à Dieu ce qui nous agite, parce que souvent nous ne le comprenons pas. En nous présentant devant Dieu avec la prière que Jésus nous a donnée, nous pouvons être certains de la bienveillance du Père et de l’exaucement, même de ce que nous ne savons pas exprimer. 
            Aux heures de graves tentations, lorsqu’on se sent comme harcelé par l’ennemi, faible de corps et d’esprit, en proie au souci, au découragement, à l’irritation, surtout aussi lorsqu’on se trouve avec des malades ou qu’on est troublé par quelque inquiétude mystérieuse, rien ne saurait faire plus de bien qu’un Notre-Père dit simplement et lentement, en méditant surtout les grandes demandes qui concernent le Royaume. 
          Au milieu de toutes nos peines et de notre pauvreté, soyons reconnaissants au Sauveur de ce don inestimable et divin qu’il nous a légué, et en toutes circonstances, tenons-nous au Notre-Père, à la forte prière du Royaume. Quand nous la disons, celui qui nous l’a donnée est présent : fais-en l’expérience ! Jean-Christophe Blumhardt

Jésus dans le Notre-Père

              Notre Père qui est aux cieux » ! Ton esprit doit s’élever jusqu’au ciel où habite le Père, où le Royaume trouve son achèvement. Souvent tes pensées s’arrêtent trop sur la terre et alors il t’est difficile de prier. Pourtant le Père céleste n’est pas loin de toi. Il descend vers toi quand tu pries : c’est comme si tu parlais à un ami à tes côtés. Puisses-tu toujours en être convaincu ! Tu penses peut-être qu’il est plus facile de se représenter le bon Sauveur si proche et qu’en le priant tu es plus à ton aise. Tu es libre de le prier, mais pourquoi ne serais-tu pas tout autant à ton aise en t’adressant au Père, puisqu’il est ton Père ? Il est vrai que nous devons prier au nom de Jésus, mais d’où vient que tu appelles Dieu ton Père ? Si tu as vis-à-vis de lui les droits d’un enfant, n’est-ce pas à Jésus que tu le dois ? Peux-tu prier le Père sans te rappeler qu’il est le Père de Jésus-Christ ? La prière adressée au Père est toujours une prière au nom de Jésus. Comment ton esprit pourrait-il s’élever au ciel sans y trouver le Sauveur, assis à la droite de Dieu ? Réfléchis au Notre-Père tout entier. Tu sanctifies le nom de Dieu quand tu crois en Jésus. C’est Jésus qui fonde le règne qui doit venir. “
              C’est par lui que s’accomplit la volonté de Dieu sur la terre, car c’est lui qui mettra tous les ennemis sous ses pieds, pour que seule subsiste la volonté du Dieu vivant. Tu demandes du pain pour soutenir ta vie, à qui dois-tu la vie, si ce n’est au Sauveur qui en mourant s’est chargé pour toi de la malédiction de la mort ? Qui pardonne les péchés, ou par qui as-tu la possibilité du pardon ? Qui nous secourt dans la tentation, qui nous délivre enfin de tout mal et nous arrache aux griffes du malin ? Tu vois que tu trouves Jésus dans toute la prière du Royaume. Chaque fois que tu en prononces les demandes, tu es en sa présence aussi bien qu’en celle du Père, et c’est Jésus qui a dit : « Quand je serai élevé au-dessus de la terre, je les attirerai tous à moi. » Le Sauveur t’apprend à dire : « Notre Père » cela, signifie que tu ne dois jamais te présenter seul devant le Père, mais toujours en communion avec tous ceux qui, comme toi, ont besoin du secours de Dieu. En priant tu dois être la voix et le représentant de toute la création qui souffre et gémit : c’est ainsi que tu pries en enfant du Royaume. Mais que de fois, quand nous prions, nous ne songeons qu’à nous-mêmes et aux nôtres, et pourtant notre cœur devrait être large comme celui du Sauveur qui a donné sa vie pour tous, afin de nous unir tous en lui. Nous répétons bien quelques formules qui semblent venir d’un cœur plus confiant, mais elles ne font qu’accompagner la prière en boitant, pour ainsi dire : le cœur n’y est pas. Que le Notre-Père nous enseigne à mieux prier ! Si nous savions bien le dire, en y mettant tout notre cœur, combien ne ferions-nous pas progresser la cause du Royaume.
            Le Père lui-même Les trois premières demandes de la prière du Royaume (Matthieu 6.9-10) ont pour objet le Père lui-même, son nom, son règne, sa volonté. Ce qui, en effet, importe le plus pour nous aussi, c’est que tout ce qui est de Dieu acquière chez nous toute sa valeur. En adressant ces demandes au Père, nous prions donc au fond pour nous, puisque c’est nous qui bénéficierons de leur exaucement. Si le nom de Dieu n’est pas reconnu saint, si son règne ne s’édifie pas, si sa volonté est méprisée, nous restons dans une triste situation. C’est d’abord par nous et parmi nous que son nom doit être sanctifié ; c’est chez nous que son règne doit venir, que sa volonté doit s’accomplir. Il serait étrange que nous dussions adresser des demandes à Dieu pour lui-même, comme s’il avait besoin de notre faible prière pour réaliser ce qui est sa chose, ce que lui seul peut faire. 
          Voyons de plus près pourquoi nous devons tant prendre à cœur ces demandes : précisément parce que tout ce qui en fait l’objet est pour notre bien, si nous jugeons inutile de nous en occuper, si nous trouvons qu’il importe peu que son nom soit tenu en honneur dans le monde, que son règne s’établisse sur toutes les créatures, que toutes les volontés qui ne viennent pas de Dieu, si puissantes sur la terre, disparaissent, Dieu n’intervient pas, et laisse les choses suivre leur cours. Ils sont innombrables, ceux qui ne s’inquiètent pas de son nom ni de rien de ce qui a rapport à lui ; d’autres désirent tout autre chose que de vivre sous son règne, et combien ne connaissent que leur propre volonté ou se laissent mener par les ténèbres ! Dieu n’use pas de contrainte pour les sauver, ils sont libres de se précipiter dans l’immense misère qui est leur partage, loin de lui. Il attend que les hommes désirent au moins ce qu’il veut leur donner, et Jésus nous a mis sur les lèvres la prière du Royaume, afin que nous nous y associions intérieurement et que Dieu agisse, pour que tous les êtres créés reconnaissent en lui le Dieu qui seul peut faire leur bonheur. 
             Avant la venue du Christ, presque personne ne priait plus dans l’esprit de ces trois demandes. Pourtant cet esprit n’était pas inconnu en Israël, les psaumes et les prophètes en témoignent, et si on ne l’avait pas oublié de plus en plus, bien des choses eussent été différentes. La voix de l’Eternel, qui autrefois avait parlé par la bouche des prophètes, n’aurait pas cessé de se faire entendre. Au temps de Jésus, quelques rares fidèles qui attendaient le Royaume de Dieu, étaient seuls à représenter les grandes demandes qui devraient sans cesse monter du cœur de l’homme vers Dieu. Ils furent exaucés quand Dieu envoya son Fils par qui seules elles peuvent être réalisées, puisque c’est lui qui est l’annonciateur de l’avènement du Royaume. 
        Le premier de tous les hommes, Jésus a dit parfaitement les trois premières demandes de la prière du Royaume. Toutes ses prières ont certainement eu pour fonds le contenu de ces demandes. Il était la voix et le représentant de toute l’humanité, et si le Fils de l’homme n’avait pas prié au nom de tous, le monde n’aurait pas vu les grandes choses accomplies depuis son apparition pour la sanctification du nom de Dieu, la venue de son règne et la réalisation de sa volonté. Les disciples doivent apprendre à prier comme lui ; c’est en pensant aux trois grandes demandes pour le Royaume qu’il leur dit (Luc 18.1) de prier sans cesse et de ne se lasser jamais. Ils se tiennent ainsi à ses côtés, appuyant pour ainsi dire sa prière, croyant en lui, en son intercession et en son pouvoir. 
            Jésus a révélé et transfiguré le nom de Dieu sur la terre, il a travaillé à l’avancement de son règne, il a fait la volonté du Père en lui obéissant jusqu’à la mort sur la croix ; et quand nous adressons au Père la prière du Royaume, nous devons prier de même le Fils de continuer l’œuvre qu’il a, lui aussi, la puissance d’accomplir au ciel et sur la terre. Par son exemple, Jésus nous enseigne deux choses. 
           Premièrement nous voyons combien lui, qui était seul, a obtenu par ses prières. C’est une consolation et un encouragement dans les temps où ceux qui prient véritablement sont rares. Même s’ils ne sont que deux ou trois, Jésus selon sa promesse, est au milieu d’eux et ils peuvent obtenir beaucoup, aussi pour l’ensemble, pour le commencement d’un renouveau qui gagnera de proche en proche. Ne nous laissons donc pas décourager par le petit nombre de ceux qui veulent faire leur devoir, que chacun fasse le sien pour le bien de tous, comme s’il était le seul fidèle. Tous ceux qui ne disent pas de tout leur cœur les demandes pour le Royaume, sont infidèles. Il faut que les saints combattent pour la cause du Royaume, ainsi qu’il est dit dans Daniel 7.22 : « jusqu’à ce que l’Ancien des jours vint, et que le Jugement fût donné aux saints du Souverain et que le temps vint que les saints entrassent en possession du Royaume, » car Dieu veut rattacher son œuvre sur terre à celles des hommes, pour que le salut de la créature s’accomplisse. Combien peu on songe à cela ! 
          En second lieu, les disciples du Sauveur doivent l’imiter non seulement dans la prière, mais dans le don de toute sa personne à la cause pour laquelle il priait. De même nous devons témoigner par toute notre vie que nous nous considérons comme des instruments de la volonté divine, pour la réaliser, avec l’aide de Jésus, par la patience et la foi. Puissent les disciples qui prient, croient et agissent comme Dieu le commande, devenir plus nombreux en ce temps si grave, dont les besoins sont si grands !

Que ton nom soit sanctifié

               Nous posons d’abord la question : « Où le nom de Dieu doit-il être sanctifié ? » Et nous répondons : « Dans le monde entier, par toutes les créatures qui sont au ciel, sur la terre et sous la terre. » Si celui qui prie sanctifie le nom de Dieu, il souffre de ce qu’il y a encore tant de créatures qui ne le sanctifient pas. En disant : « Notre Père », il se sent en communion avec beaucoup d’autres, mais il sait aussi que la grandeur du nom de Dieu est loin d’être reconnue par toute la création et que pourtant la création ne peut trouver la paix tant que le nom de Dieu n’est pas sanctifié partout. En outre, celui qui prie a conscience de jouir d’un grand privilège et il souhaite à toutes les créatures, et aussi—j’ose le dire—au Père qui les aime, que ce nom qui devrait être vénéré au-dessus de tous les autres, ne soit pas plus longtemps négligé et insulté. On sanctifie ce qu’on met à part, au-dessus de toutes les choses vulgaires. C’est ainsi que le nom de Dieu doit être mis à part et placé si haut par toutes les créatures, que tout le reste n’ait plus de valeur à leurs yeux. Ce nom, avec tout ce qu’il affirme, doit leur signifier tout.
                A la question suivante : « Quel est le nom de Dieu qui doit être sanctifié ? » Nous répondons simplement : «  Son nom de Père ! » En commençant par l’invocation : « Notre Père qui es aux cieux ! » nous soupirons intérieurement : « Puissent tous les hommes t’appeler Père ! » Et nous ajoutons immédiatement : «  Que ton nom soit sanctifié ! » Cela signifie que toutes les créatures devraient retrouver en Dieu leur Père, c’est-à-dire d’une part prendre conscience de son amour paternel envers les hommes, et d’autre part l’aimer finalement, se soumettre à lui comme à un Père à qui on obéit volontiers, en qui on a toute confiance et met tout son espoir.
            Malheureusement l’humanité est loin de reconnaître en Dieu son Père, malgré les bienfaits paternels qu’il lui dispense chaque jour. Elle reçoit tout de sa main, comme les enfants ingrats qui acceptent tout de leurs parents, sans les remercier ni s’inquiéter d’eux. De même les hommes abusent de la bonté de Dieu et leur cœur est loin de lui, quand ils ne vont pas jusqu’à s’opposer à lui. Le disciple qui prie en est douloureusement ému et il songe nuit et jour à toutes les créatures qui devraient revenir au Père et sanctifier son nom. Le sentiment filial de l’homme fut troublé dès l’origine par la question du serpent : « Dieu a-t-il dit réellement : “Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?” » C’est-à-dire : « Peut-il vraiment vous avoir défendu de toucher au meilleur des fruits, qui rend semblable à lui ? Est-ce ainsi qu’il vous témoigne ses sentiments paternels ? »
            Les hommes se laissèrent séduire et depuis lors ils sont soumis au pouvoir étranger, opposé à Dieu. Ils ont cru devenir des dieux : c’est Satan qui est devenu leur dieu et s’est arrogé sur eux les droits qui ne revenaient qu’au Père. Ils se sont, eux aussi, opposés à Dieu, en lui déclarant : « Nous sommes tes égaux. » Plus les ténèbres ont d’empire sur les hommes, plus ils méprisent le nom de Dieu. Pour que ce nom soit de nouveau sanctifié par eux. il faut qu’ils sortent du domaine des ténèbres et reviennent à Dieu. Il faut prier pour que Dieu leur en donne la volonté et la force et que l’humanité cesse d’être partagée entre Dieu et les ténèbres. Christ est venu écraser le serpent et réconcilier les hommes avec Dieu ; il leur donne son esprit qui leur apprend à dire : « Abba, Père ! » Quand toutes les créatures répéteront cette prière, la demande : « Que ton nom soit sanctifié ! » sera complètement exaucée.
               Nous devons encore sanctifier le nom de Dieu en reconnaissant et en vénérant ses attributs sublimes. Mais que font les hommes ? Ne parlons même pas des païens qui « ont changé la gloire du Dieu immortel en une image semblable à celle de l’homme mortel, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles. » (Romains 1. 20-23). Mais jusqu’à aujourd’hui, une multitude d’hommes agissent comme si Dieu ne possédait pas toute puissance et toute science, comme s’il n’était pas partout présent, ni saint, ni juste. Ils ne croient, pas qu’il entende aucune prière, ni qu’il s’occupe en rien des hommes, parce qu’il est trop loin au-dessus d’eux. Ils nient qu’il se manifeste par des grâces particulières et des châtiments exceptionnels, ils attribuent tout au hasard et éliminent Dieu de l’histoire de l’humanité ; beaucoup de ses œuvres et de ses miracles leur sont un scandale. Ils ne s’attachent au monde invisible que par la superstition et souvent ils abusent du nom de Dieu d’une manière abominable.
              Tout cela devrait changer et les enfants du Royaume devraient en faire leur pensée constante et demander à Dieu l’achèvement de l’œuvre du salut commencée par Christ. Mais tout ne changera que lorsque toute l’humanité vénérera Dieu en tous ses attributs et que son nom sera sanctifié par toutes les créatures. Certains chrétiens très croyants sont spécialement exposés à ne pas sanctifier le nom de Dieu comme il doit l’être.
Dieu lui-même s’est défini et a dit à Moïse comment il veut être nommé (Exode 34.6) : « L’Eternel, l’Eternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité. » On sanctifie le nom de Dieu en donnant à ces paroles le sens le plus large, mais si on en diminue la portée, on ne le sanctifie pas. 
            Or il arrive que dans le monde des croyants on ait une tendance à vouloir le sanctifier en opposant la sainteté et la justice de Dieu à sa miséricorde incarnée en Jésus-Christ. On pense que la sainteté exige qu’il se montre dur et sévère envers ceux qui lui désobéissent et se détournent de lui, même si cette sévérité risque de peupler l’enfer plus que le ciel. On ne croit pas que Dieu puisse conserver son amour à des chrétiens dégénérés et les ramener à lui en leur renouvelant ses grâces. Puisqu’ils ont dédaigné les dons du Saint-Esprit, il faut qu’ils deviennent ce qu’ils doivent être, sans le secours de ces dons qui ne peuvent leur être dispensés à nouveau, ou qu’ils sombrent dans l’abîme. Quant aux générations disparues dont la foi n’a pas été entière, une certaine théologie leur dénie tout droit à la miséricorde ; pour elles, il n’y aura au Jugement dernier que la damnation.
                 Ce n’est pas ainsi que le nom de Dieu est sanctifié. On en fait, et aussi du nom de Jésus, un épouvantail pour les pécheurs, en dépit des consolantes assurances données par Dieu et par Jésus, et quoique celui-ci ait incarné dans sa personne la grâce et la bonté du Père, les attestant dans l’amertume de la souffrance et de la mort. Nous ne sanctifions le nom de Dieu et nous n’encourageons la créature malheureuse à recourir à lui que si nous croyons fermement à son extrême miséricorde. Puissent les disciples du Sauveur, en répétant la prière du Royaume, ne pas être de ceux qui, au fond, tiennent fort peu à voir le nom de Dieu sanctifié ; ils veulent bien jouir eux-mêmes de l’amour paternel de Dieu en Christ, mais sont disposés à en exclure d’autres, précisément ceux qui en ont le plus impérieux besoin. Ils oublient qu’ainsi le Sauveur serait mort sur la croix presque en vain. O notre Père qui es aux cieux, puissent ton nom et celui de ton Fils, pleins de grâce et de miséricorde, être sanctifiés en tout lieu ! Puissent-ils l’être bientôt, car la détresse est grande.

Que ton règne vienne

                 La deuxième demande — « Que ton règne vienne » —est la suite de la première. Le règne de Dieu est aussi nommé le Royaume des cieux. Il ne comprend donc pas seulement la terre, mais les cieux. Saint Paul parle du « mystère de la volonté de Dieu » qui est (Ephésiens 1.10) : « de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre. » Le règne de Dieu sera complètement établi quand « Dieu sera tout en tous » et que toute la création sanctifiera son nom. Tant qu’il y aura des créatures qui méprisent le nom de Dieu et ne lui sont pas soumises, il ne régnera pas sans conteste, il est pour ainsi dire en guerre avec des puissances qui voudraient empêcher l’avènement de son règne. Il est tout-puissant et pourrait abattre tous ses ennemis, les livrer à la damnation. S’il ne le fait pas, c’est parce qu’il ne veut pas user de violence envers des êtres libres. Il veut que toutes les créatures reviennent à lui librement, comme le fils prodigue revient à son père, et il patiente.
               Et comme la créature, même si elle est disposée à ce retour, en est incapable sans aide, Dieu lui-même est venu à son secours en incarnant son Verbe dans la personne du Fils de l’homme. Celui-ci s’appelle « le premier-né de toute la création » c’est-à-dire le premier qui, par une soumission absolue, a inauguré le règne de Dieu. C’est ce qui fait écrire à saint Paul (Colossiens 1.19-20) : « Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la perfection et à réconcilier avec soi, par lui, toutes choses, soit celles qui sont sur la terre, soit celles qui sont dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. » 
              Celui qui croit en Jésus se laisse librement ramener par lui à Dieu, ainsi que l’exigent la sainteté et la justice divines. Jésus-Christ Fils de l’homme, Verbe divin et représentant de toute la création, rassemble tous ceux qui se sont détachés de Dieu. Le règne dont nous demandons la venue est donc son règne, en même temps que celui du Père. « Lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera aussi soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. » (1 Corinthiens 15.28). 
              Par son apparition sur la terre, Jésus a inauguré le règne de Dieu ; par son obéissance jusqu’à la mort, il a vaincu les ténèbres, et en le ressuscitant, Dieu lui a donné le pouvoir d’attirer à lui ceux qu’il avait rachetés. Il a donc frayé la voie au règne de Dieu, annoncé par la bonne nouvelle : « Le Royaume des cieux est proche. » Mais ce Royaume a eu d’abord un très petit nombre d’adhérents, il a fallu et il faudra, encore beaucoup de temps pour que toutes les puissances ennemies soient brisées, que toutes les âmes soient arrachées aux ténèbres et s’unissent dans la communion de Jésus et de son Père, en un seul peuple. De là la prière : « Que ton règne vienne ! »
                  Pour que le libre retour à Dieu devienne possible à toute l’humanité, il faut qu’il y ait des hommes qui le de- mandent ardemment dans leurs prières. Les disciples de Jésus doivent se rendre compte des maux qui résultent de ce que Dieu ne règne pas encore uniquement, surtout pour ceux qui vivent dans l’insouciance et l’aveuglement et deviennent ainsi la proie des puissances menteuses dont ils ne peuvent se délivrer eux-mêmes, car ils ne sentent pas les liens qui les enchaînent et ne cherchent pas à les briser. La victoire toujours plus rapide sur tous les pouvoirs opposés à Dieu, jusqu’à ce qu’il règne seul sur toute la création, doit être pour nous tous un constant sujet de prière. Mais il y en a peu qui prient comme ils le devraient. Pour la plupart, l’avancement du règne de Dieu va de soi et ne dépend pas de leur foi ni de leurs prières, et ils vivent à cet égard dans une, tranquille insouciance. Mais nous devons, pour ainsi dire, ressentir la douleur du Père céleste qui voit une foule de ses enfants vivre loin de lui, sans que ses mains puissent les atteindre pour les rassembler dans son Royaume. Pour que ce Royaume croisse, il faut que beaucoup d’âmes croient en Jésus et naissent par la foi à la lumière.
                  Nous pouvons y contribuer, et nous le devons, en joignant l’action à la prière. Ce n’est pas à des anges, c’est à des hommes que l’ordre a été donné de prêcher l’Evangile à toute créature. Il est donc de notre devoir de travailler à répandre toujours plus loin la connaissance de l’Evangile. Le Sauveur a dit : « Quand je serai élevé au-dessus de la terre, je les attirerai tous à moi », mais il faut que par nos prières et notre foi active, nous concourions à la réalisation de sa parole. L’avènement complet du règne de Dieu aura lieu finalement par le retour du Christ et la révélation de la gloire des enfants de Dieu, objet de l’attente de toute la création (Romains 8.19).
                Puissions-nous nous écrier de tout notre cœur, avec un zèle et une ferveur plus qu’habituels : « Que ton règne vienne ! » La prière des élus qui crient jour et nuit sera exaucée à la fin et l’œuvre du Sauveur trouvera son achèvement. Quelle joie sera la nôtre, d’avoir contribué pour notre part, de toute notre âme, par notre zèle et notre abnégation, à la venue du règne de Dieu qui apaisera l’attente de toutes les créatures !

Que ta volonté soit faite

                En nous apprenant à dire : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », le Sauveur nous indique qu’au ciel la volonté de Dieu se fait, et il faut entendre par le ciel le monde bienheureux où Dieu règne uniquement, où toutes les volontés sont en harmonie avec la sienne. De même, sur la terre, aucune volonté contraire à celle de Dieu ne devrait se manifester, et l’harmonie de la volonté divine et de la volonté humaine doit être désirée tout spécialement par les disciples du Sauveur et faire le sujet de leurs prières.
           Il faut remarquer cependant que le mot ciel désigne aussi toute l’étendue de la création au-dessus de la terre, comme le disent déjà ces paroles : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. » D’après certains passages de l’Ecriture, la volonté divine ne règne pas d’une façon absolue dans l’immense univers. Saint-Paul dit (Colossiens 1.20) que toutes choses, celles qui sont sur la terre et celles qui sont dans le ciel, doivent être réconciliées par le sang de Christ. Et aussi qu’au nom de Jésus tout genou doit fléchir au ciel, sur la terre et sous la terre (Philippiens 2.10). Parmi les milliers de mondes que renferme l’univers, il doit en exister où la volonté de Dieu ne règne pas encore sans partage, il est donc nécessaire que partout, aussi bien au ciel que sur la terre et sous la terre, le Rédempteur ramène à l’obéissance ceux qui sont entrés en conflit avec Dieu. Le Seigneur ne nous recommande pas expressément de prier dans ce but, il ne s’explique pas à ce sujet, il se borne à ce qui nous regarde plus directement.
               Mais nous pouvons bien élargir la troisième demande ainsi : « Que ta volonté soit faite par toute la création, au ciel et sur la terre. » D’après cette demande, une autre volonté que celle de Dieu, étrangère à lui, est donc puissante dans la création, mais nous ne pouvons guère le constater que sur la terre. Cette volonté étrangère se manifeste dans l’homme, parce qu’il est libre, sous la forme de sa volonté propre qui se révolte contre celle de Dieu, veut régner elle-même et subsister sans Dieu. Comme Dieu ne veut pas contraindre ses enfants à l’obéissance par la force, ni les livrer sans appel à la damnation, il les laisse agir librement, mais ceux qui s’opposent à lui se jettent dans des maux sans nombre. Pour que la volonté étrangère et mauvaise soit combattue et que les maux qu’elle engendre soient diminués, il faut que du sein de l’humanité encore assujettie aux puissances des ténèbres d’instantes prières montent vers Dieu. Jésus a donné l’exemple à ses disciples, leur vocation est d’invoquer le Père céleste, afin que par l’amour de Jésus et de ceux qui le suivent, la volonté mauvaise perde de son pouvoir. Il nous faut donc prier « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »
            La volonté de Dieu est « que tous les hommes soient sauvés et que tous parviennent à la connaissance de la vérité. » Il veut que ses intentions miséricordieuses se réalisent, ce qui amènerait la soumission à sa volonté. C’est ainsi que Jésus a dit : « C’est ici la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle » (Jean 6.40). Et saint Paul parle (Ephésiens 1.9) du mystère de la volonté : de Dieu qui doit être annoncé. C’est à cette volonté divine que Jésus fait spécialement allusion dans la troisième demande. Il nous met sur le cœur le souci perpétuel du salut de toutes les créatures qui doivent être amenées à lui, selon la volonté miséricordieuse du Père. Nous avons le devoir non seulement de demander par nos prières que cette volonté soit reconnue par tous, mais aussi d’aider à répandre cette connaissance pour autant que cela est en notre pouvoir. C’est une erreur de penser que tout se fait de soi-même, sans que nous nous en occupions ; et c’est une erreur plus grande encore de ne pas croire que Dieu veut sauver tous les hommes, qu’il est plutôt prêt à user de sévérité que de miséricorde envers les pécheurs, dussent un grand nombre d’entre eux courir à leur perte. Ceux qui admettent cela supposent que Dieu leur ressemble, que la perdition de ses créatures le laisse indifférent. Pour eux, la troisième demande est un appel adressé à Dieu pour qu’il se serve de sa toute-puissance pour châtier ses ennemis, plutôt qu’une supplication en faveur des rebelles, afin qu’ils soient amenés par l’amour de Jésus à la vie bienheureuse.
             Mais les vrais disciples de Jésus prient comme lui, d’un cœur sacerdotal, et demandent en son nom, chaque jour avec plus d’insistance, que la volonté de Dieu s’accomplisse sur la terre et que le plus grand nombre possible de pécheurs soient sauvés par la foi en Jésus-Christ. Puissent ceux qui prient ainsi devenir de plus en plus nombreux ! Il importe de ne pas oublier que les croyants eux-mêmes, les disciples du Sauveur, doivent veiller à ce qu’en toutes choses la volonté de Dieu s’accomplisse en eux. Ils sont exposés à bien des tentations et bien des paroles de l’Ecriture nous avertissent de la nécessité de prier le Père de nous aider à accomplir sa volonté. Il est dit (1 Thessaloniciens 4.3) : « Ce que Dieu veut, c’est que vous vous conserviez purs. » Et ailleurs (Romains 12.2) : « Ne vous modelez pas sur le siècle présent, mais qu’il se fasse en vous une métamorphose par le renouvellement de l’esprit, en sorte que vous appréciiez ce qu’est la volonté de Dieu, combien elle est bonne, agréable et parfaite. » Ailleurs encore (Hébreux 10.38) : « Vous avez besoin de persévérance, afin qu’après avoir fait la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. » Et enfin la grave parole du Sauveur : « Ceux qui me disent : Seigneur ! Seigneur ! n’entreront pas tous au Royaume des cieux, mais ceux-là seulement qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » Pour toutes les choses dont ils savent qu’elles sont conformes à la volonté du Père, les disciples de Jésus devraient être obéissants comme les anges, afin que la terre ressemble de plus en plus au ciel où habite le Seigneur. Pensons à cela aussi quand nous disons « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »

Donne-nous notre pain quotidien

         Après les demandes pour le Royaume, voici celles qui concernent plus personnellement celui qui prie. N’oublions pas cependant qu’elles expriment les besoins de tous, et n’oublions pas non plus que c’est au sein du Royaume que les enfants du Royaume recevront toutes choses. La quatrième demande dit : « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ». Le Sauveur pense à ceux qui n’ont pas le nécessaire, même pour la journée d’aujourd’hui. Ceux qui ne sont pas dans cet extrême besoin ont le devoir de se souvenir des autres moins bien partagés, qui ont peut-être des enfants qu’ils ne savent comment nourrir. Il importe beaucoup que celui qui ne manque de rien pense à tous ceux qui, à leur réveil, se demandent d’où leur viendra la nourriture de la journée. Cette pensée l’amènera à songer à bien des choses dont il pourra s’occuper au cours de cette journée. Quand la demande que Jésus met sur nos lèvres éveille dans nos cœurs la compassion pour les autres et le désir de leur venir en aide, nous la disons dans son esprit. Elle doit de plus, chez ceux qui sont bien situés, faire naître la reconnaissance ainsi que la pensée que, pour eux aussi, le jour pourrait venir où ils ne seront plus assurés du pain quotidien.
                  Il faut d’ailleurs remarquer que Jésus a enseigné la quatrième demande d’abord à ses disciples immédiats qui voulaient apprendre à prier. Lorsqu’il les envoyait en mission, leur pain quotidien n’était pas assuré d’avance. Ils ne devaient rien emporter ni se mettre en souci de rien, mais tout attendre chaque jour de la bonté de Dieu. Sans inquiétude, ils devaient prier simplement : « Père bien-aimé qui es au ciel, donne-nous aujourd’hui aussi notre pain quotidien. » Ils priaient avec confiance et ils ne manquaient de rien. Il en était ainsi déjà du vivant de Jésus. Il leur disait (Luc 10.7-8) : « Demeurez dans cette maison (où vous êtes entrés), mangez et buvez ce qu’on vous donnera, car l’ouvrier mérite son salaire. » Et plus tard il leur demanda (Luc 22.35) : « Lorsque je vous ai envoyés, sans bourse, sans sac, ni sandales, avez- vous manqué de quelque chose ? » —« Non, de rien, répondirent-ils. » Donc ce sont surtout les ouvriers du Seigneur qui n’ont pas à s’inquiéter, même lorsqu’il semble que le pain quotidien va leur manquer. C’est pour eux tout spécialement qu’est faite la quatrième demande. Il faut qu’ils aient foi dans la parole (Matthieu 6.34) : « Cherchez premièrement le Royaume et sa justice, et toutes ces choses (la nourriture et le vêtement) vous seront don- nées par-dessus. »
                Cependant, à un point de vue plus général, le Notre Père appartient à tous et dans la pensée du Sauveur, la quatrième demande est la prière de tous ceux qui se trouvent dans le besoin. Il les encourage à lever vers le Père céleste un regard confiant, sachant qu’il ne les laissera pas manquer du nécessaire aujourd’hui, et de même demain, puisqu’ils peuvent prier de même demain. Celui qui dit cette demande avec une filiale confiance ne prie jamais en vain.
                 Mais il arrive souvent qu’on s’imagine être dans le besoin et que, même quand on est assuré du nécessaire pour le lendemain, on se ronge de soucis pour l’avenir plus lointain. Le Sauveur nous défend cela, déjà parce qu’aucun de nous ne sait combien de temps il vivra et que chacun ne peut compter avec quelque certitude que sur la journée commencée. Puisque tu vis et que tu dois vivre aujourd’hui, tu auras ce qu’il te faut ; sur demain ferme les yeux.
                Chez la plupart des hommes le souci du pain va trop loin. Ils veulent pour le moins assurer leur nourriture. Ce n’est pas un mal en soi et le Sauveur ne les condamne pas. Il veut au contraire que l’homme soit fidèle en ceci comme en toutes choses, qu’il ne laisse pas perdre par légèreté, négligence ou paresse, ce que Dieu met dans sa main. Il peut bien se servir de son intelligence pour chercher, en demandant à Dieu de bénir son travail, à bien organiser l’avenir. Mais s’il se tourmente outre mesure et se surmène pour être sûr de réussir, s’il s’absorbe dans ses calculs anxieux et ne sacrifie rien pour aider ceux qui sont dans le dénuement, il agit directement contre l’esprit de la quatrième demande.
          Même quand les ressources semblent devenir insuffisantes, il faut savoir se tranquilliser en se disant : « J’ai ce qu’il faut pour aujourd’hui. » Le Sauveur veut, par la prière pour le pain quotidien, réconforter ceux qui n’ont point de ressources assurées en leur montrant les choses sous leur vrai jour. Il ne faut pas qu’ils craignent de mourir de faim parce qu’ils ne voient pas au-delà d’aujourd’hui. 
               Les plus pauvres sont souvent les moins inquiets, parce qu’ils sont habitués à vivre au jour le jour. Ce sont les gens de moyenne condition qui ont le plus de peine à éviter le souci, surtout ceux qui ont vu des jours meilleurs et qui, dans le besoin, sont plus timides que les pauvres de naissance. Qu’ils se laissent enseigner par le Sauveur la quatrième demande, et que les mieux situés pensent, quand ils prient, à ceux qui sont tombés dans la pauvreté. Car ceux-ci méritent tout particulièrement qu’on se souvienne d’eux, et la prière compatissante ne sera pas dite en vain.
               Les pécheurs aussi peuvent-ils être exaucés en demandant le pain quotidien ? Certainement, car il faut remarquer que la demande pour le pardon des péchés ne précède pas, mais suit la quatrième. Donc il est permis à celui qui n’a pas encore obtenu le pardon, de demander le pain quotidien. Comme nous sommes tous pécheurs et pourrions par suite craindre qu’à cause de nos péchés le pain nous soit refusé, le rang qu’occupe la quatrième demande peut nous faire souvenir de la parole de Jésus (Matthieu 5.45) : « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il répand sa pluie sur les justes et sur les injustes. » Et de cette autre (Luc 6.35) : « Il est bon envers les ingrats et les méchants. »
               Tout homme, quel qu’il soit, peut demander le pain quotidien, et la prière confiante ne fait pas appel en vain à la bienveillance du Père. Son regard paternel s’arrête sur celui qui le supplie, comme sur Agar à qui il montra le puits où elle puisa pour désaltérer Ismaël (Genèse 21.19). Dieu ne manque jamais de moyens pour venir en aide à ceux qui l’implorent. Il a fait nourrir par les corbeaux le prophète Elie (1 Rois 17.4) ; il a fait dire à la veuve : « La farine qui est dans le pot ne manquera point et l’huile qui est dans la cruche ne diminuera point. » (1 Rois 17.14). Avec quelques pains il a nourri des milliers, pour qu’ils ne meurent pas de faim dans le désert. Il a fait tomber du ciel la manne pour donner le pain quotidien aux bons et aux méchants. Il sait faire des miracles quand il le juge nécessaire, il sait en tous cas tout conduire de manière à ce que sa main paternelle soit bien reconnaissable. Qui n’en a vu des exemples ?
              Nous avons déjà dit que le Sauveur nous enseigne à ne demander notre pain que pour aujourd’hui, parce que nous ne savons pas si nous vivrons demain ni plus tard. Sa pensée est plus profonde que la nôtre. Nous avons l’air de croire que nous vivrons ici-bas une éternité, et ce sont souvent les vieillards qui craignent le plus de manquer du nécessaire avant de mourir. Pauvres insensés que nous sommes, de nous mettre en souci du pain de demain, alors que notre vie est si précaire. Pense chaque jour, en demandant ton pain, à ta mort, et n’envisage pas le lendemain ni l’avenir plus lointain avec inquiétude. Aujourd’hui  tu peux encore compter vivre et tu peux dire au Père céleste . « Puisque je vis, donne-moi ce dont j’ai besoin pour vivre. » Il y a des gens qui se désespèrent parce qu’ils ont peur de n’avoir plus de quoi vivre demain ou après-demain, ou dans quelques semaines. Plus d’un qui tient à la main le pain d’aujourd’hui, se laisse entraîner à s’ôter la vie, de peur de ne plus vivre demain. La veuve de Sarepta, païenne pourtant, n’a pas agi ainsi. Elle a voulu préparer et manger ce qui lui restait, et ensuite seulement attendre la mort par la faim.
           Il est arrivé qu’on a trouvé de fortes sommes d’argent chez les désespérés qui s’étaient tués par excès de souci. Ils ne connaissaient pas sans doute la quatrième demande, ou ils n’ont jamais su prier. A la considérer de près, cette demande renferme une prière pour la vie. De même que nous devons persévérer dans la confiance d’obtenir notre pain quotidien, nous devons prier pour que la vie nous soit conservée. Si nous venons à manquer de pain, c’est-à-dire en général de nourriture, notre vie est en danger, et il nous faut tous les jours, en demandant le pain, la demander aussi, même si elle est pénible. Elle doit nous être précieuse.
             Le malade qui ne peut pas manger, peut cependant demander son pain, c’est-à-dire des remèdes qui raniment sa vie. Nous ne devons pas souhaiter de mourir vite pour échapper à toutes les tribulations. Il est vrai que plus d’un peut être las de la vie, en se voyant exposé à manquer de pain, mais il ne doit pas l’être, puisque c’est Dieu qui la lui donne chaque jour. Dieu d’ailleurs ne laisse pas dans l’extrême besoin ceux qui ont confiance en lui. « J’ai été jeune et j’ai vieilli, dit David (Psaume 37.25), et je n’ai point vu le juste abandonné ni sa postérité mendiant son pain. » Il peut arriver que le Seigneur nous tienne court, pour mettre notre foi à l’épreuve, mais l’épreuve ne dure pas toujours. Avec Dieu, il est bien facile de conserver sa vie, sans aucun souci. Car finalement, quand nous ne pouvons plus avoir soin de nous-mêmes, le Seigneur a d’autant plus soin de nous, pourvu que nous sachions le prier.
           Il a, si j’ose dire ainsi, l’ouïe très fine pour tous les affamés, les altérés, les misérables quels qu’ils soient, surtout quand leur détresse est à son comble. Que ne sommes-nous à tous égards les véritables enfants du Père qui est dans les cieux !

Pardonne-nous nos péchés

            Selon Matthieu : « Remets-nous nos dettes, comme nous remettons (ou avons remis) leurs dettes à nos débiteurs ». Selon Luc : « Pardonne-nous nos péchés, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Rappelons-nous que Jésus enseigne à prier à ses disciples qui ne doivent plus, en se présentant devant Dieu, être aussi lourdement chargés de péchés que les inconvertis, ni garder rancune, dans leur cœur, à ceux qui les ont offensés. Ils doivent savoir que leurs péchés sont pardonnés et il ne doit pas arriver que dans leurs prières, après les grandes demandes pour le Royaume, ils aient à s’accuser devant Dieu de péchés très graves. Sous les dettes (selon Matthieu) comme sous les péchés (selon Luc), il faut comprendre plutôt des offenses moins graves, des manquements par inattention ou faiblesse, qui peuvent se produire chez les disciples de Jésus.
          Un vrai disciple ne devrait jamais avoir à se reprocher que des négligences involontaires par rapport à ce qu’il doit à Dieu et à son prochain. Il ne faut pas qu’il se sente accablé par ces fautes, mais il ne doit pas non plus les passer sous silence devant Dieu, car il en augmenterait ainsi la gravité. Les fautes auxquelles nous ne prenons pas garde peuvent devenir très importantes aux yeux de Dieu, tandis qu’il pardonne les mêmes fautes à ceux qui les confessent sincèrement. Si cependant il arrive à un chrétien, à un enfant de Dieu, converti et croyant, de se laisser entraîner à un péché grave, il ne peut pas s’en libérer en disant simplement un Notre Père. Il faut qu’il se repente sérieusement qu’il confesse son péché, pour ne pas en rester intérieurement captif. La cinquième demande renferme une proposition complémentaire qui doit nous enseigner que le pardon ne peut nous être accordé qu’à une condition qui est absolue : « Comme nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. »
                Il ne suffit pas de nous repentir de nos propres fautes, nous ne devons pas garder le moindre reste de rancune contre l’un ou l’autre de ceux qui peuvent avoir commis des fautes envers nous. Souvent nous ne nous rendons compte de nos mauvais sentiments qu’à la vue du débiteur, mais l’amertume n’en réside pas moins au fond de notre cœur. La cinquième demande doit nous empêcher de penser que le pardon va toujours de soi et de prendre nos péchés à la légère. Nous avons besoin de la rémission de toutes nos dettes petites ou grandes, que ce soient de simples erreurs et négligences ou des fautes graves. Mais d’autre part il ne faut pas perdre courage, si dans un monde plein de tentations, nous tombons par manque de vigilance dans quelque faute. Le pardon ne nous est pas refusé, pourvu que nous regardions sincèrement, notre faute en face, que nous en reconnaissions le danger et qu’en disant : « Remets-nous nos dettes, ô notre bon Père céleste, » nous soyons décidés à lutter vaillamment contre elle. Dieu pardonne volontiers aux sincères qui ne veulent pas laisser subsister le mal à côté du bien, car il est miséricordieux. 
                Les mots : « Comme nous avons remis leurs dettes à nos débiteurs », ne sont pas l’expression d’un droit. Ils ne signifient pas que Dieu nous doit le pardon, parce que nous avons pardonné. En les comprenant ainsi, nous aurions l’air de croire que le pardon est dû à nos mérites et nous prierions dans un méprisable sentiment de justice propre. Le sens de ces mots est que nous ne devons pas oser implorer pour nous le pardon de Dieu, si nous-mêmes ne pardonnons pas. Si, avec un cœur plein de rancune nous prions pour que nos autres péchés nous soient pardonnés, Dieu ne serait-il pas forcé de se détourner de nous et de nous infliger un châtiment pour notre impudence de lui demander pour nous ce que nous refusons aux autres.
                Que de fois, tous les jours, le Notre-Père est dit en vain, parce que le dépit, la colère, la soif de vengeance, l’amertume, l’inimitié restent dans nos cœurs, pendant que nous prions ! Garde-toi de dire un Notre Père qui ne peut qu’aggraver tes fautes aux yeux de Dieu ! Remarquons bien encore que le Sauveur ne nous enseigne pas à dire que nous pardonnerons après que Dieu nous aura pardonné, en reconnaissance de son pardon, pour ainsi dire. Le sens de la cinquième demande, tel qu’il ressort d’une traduction exacte, est que nous avons déjà pardonné, que nous nous présentons devant Dieu sans animosité ni amertume, sans rancune contre personne. S’il t’est trop difficile de vaincre tout mauvais sentiment contre ton prochain, si tu ne peux pas dire en toute sincérité : « Comme nous pardonnons, » tu peux prier ainsi : « Aide-moi, ô Père céleste, à bannir de mon cœur toute inimitié, car tel est mon sincère désir. » Si tu lui adresses cette prière avec recueillement, le Père qui est au ciel t’écoutera avec bienveillance et t’exaucera.
              L’importance que le Sauveur met à ce que nous pardonnions, nous est prouvée par ces paroles qui suivent le Notre-Père : « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses. » Il est question ici d’offenses quelconques. Nous ne devons pas regarder comme très graves les fautes des autres envers nous, mais les juger avec indulgence et dire avec le Sauveur : « Ils ne savent ce qu’ils font. » Des péchés graves ne devraient plus se trouver chez les disciples de Jésus, mais quels qu’ils soient, ils ne peuvent être pardonnés si nous nous montrons durs et impitoyables envers nos semblables. Le miséricordieux seul obtiendra miséricorde, et la plus grande miséricorde est d’avoir pitié de ceux qui ont péché contre nous. Souvent ils sentent combien ils sont coupables et ils en sont malheureux. Ne devrions-nous pas les rassurer et les consoler ? Et si notre débiteur ne reconnaît pas sa dette, et que nous lui témoignions de la bonté, nous amasserons sur sa tête des charbons de feu qui feront fondre dans l’amour son cœur que la haine avait rendu dur comme la pierre. Au dernier jour, quand le pécheur se présentera devant Dieu, il lui sera demandé s’il a pardonné à ceux qui l’ont offensé, ou s’il a cherché à se venger d’eux. Puissent tous les hommes, et avant tout les disciples de Jésus, acquérir la sagesse !

Ne nous induis pas en tentation

            Nous considérerons la sixième demande à part de la septième, suivant l’ancien usage. « Et ne nous induis point en tentation ». Le mot et que l’on oublie assez souvent, n’est pas sans importance, il relie cette demande à la précédente. Après avoir sollicité la rémission de nos dettes, nous demandons à ne pas en contracter de nouvelles, car chaque fois que nous avons imploré le pardon, nous devons avoir le désir sincère de ne pas pécher de nouveau, donc d’être préservés de la tentation. Or la tentation est d’autant plus forte qu’on est déjà tombé dans un péché, selon la parole : « Celui qui commet le péché en est l’esclave, » c’est-à-dire qu’il y est en quelque sorte enchaîné et se laisse attirer par lui. Il faut donc qu’en demandant le pardon des péchés habituels en particulier, on se préoccupe de l’avenir. Tenons compte de ce que nous enseigne le petit mot et au début de la demande : « Ne nous induis point en tentation. » Cette demande a d’ailleurs besoin d’être approfondie. Elle nous fait involontairement penser au tentateur ; c’est comme si nous disions : « Ne nous livre pas au pouvoir du tentateur. »
             Elle nous rappelle aussi la tentation de Jésus. « Il fut conduit, est-il dit, par l’esprit dans le désert pour être tenté par le diable. » La preuve devait être faite qu’il ne pouvait, être tenté même par le diable. La tentation n’était pas pour lui dont le cœur était pur, le danger qu’elle est pour nous dont le cœur recèle toujours un fond de perversité. « C’est du cœur que sortent les mauvaises pensées, le libertinage, les vols, les meurtres, les adultères, la rapacité, la malhonnêteté, la fourberie, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la déraison. »
            Les mauvais penchants qui sommeillent en nous n’attendent, que l’occasion de se manifester. Il y a dans l’homme des germes de ténèbres et ce monde démoniaque de la postérité du serpent est appelé à la vie par la tentation. Nous ne devons pas devenir ses esclaves, mais lui résister ainsi que nous y exhorte saint Paul (Romains 6.12-13) : « Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel, de sorte que vous obéissiez à ses passions, et n’abandonnez pas vos membres au péché, comme (les instruments de perversité. Mais donnez-vous vous-mêmes à Dieu, comme étant vivants, de morts que vous étiez, et consacrez-lui vos membres comme des instruments de justice. »
           Si nous sommes des disciples de Jésus, nous pouvons résister au mal qui est en nous, l’empêcher de prendre vie, même s’il nous agite extérieurement. Mais si une tentation extérieure vient réveiller le démon qui sommeille, il est très possible que nous succombions. C’est pourquoi nous prions : « Ne nous induis pas en tentation », demandant ainsi que la tentation ne dépasse pas nos forces. Il n’y a donc pas de contradiction entre la sixième demande et les paroles de saint Jacques, quand il dit (Jacques 1.13-15) : « Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : C’est Dieu qui me tente ; car Dieu ne peut être tenté par le mal et il ne tente lui-même personne. Chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise, puis la convoitise ayant conçu, enfante le péché ; et le péché étant consommé, enfante la mort. »
           La tentation se produit donc lorsque la convoitise qui dort dans l’homme l’attire et l’amorce, ce qui n’arrive pas facilement de soi-même chez un disciple de Jésus, sans occasion extérieure, et nous demandons à Dieu d’éloigner de nous les occasions de chute, de nous empêcher de tomber dans les pièges qui nous sont tendus. Il importe d’envisager ainsi la sixième demande, elle nous avertit de ne pas nous hasarder avec insouciance dans le monde dont nous ne connaissons pas les dangers, sans être bien armés intérieurement et sans nous placer sous la protection de Dieu.
              Pour celui qui est tombé déjà dans le péché, la sixième demande a une importance toute spéciale. Il se laisse tenter d’autant plus facilement qu’il a péché plus souvent, car le germe mauvais une fois vivifié, se développe rapidement. La tentation peut venir par nos semblables, ou bien par des événements qui effrayent ou réjouissent vivement, qui nous émeuvent d’une manière quelconque et nous excitent à la colère, au dépit, à la rapacité, au dérèglement, à la déraison, à toutes sortes de pensées et d’actes mauvais.
            Quand la vie est paisible et unie, le mal reste généralement assoupi dans le cœur de l’homme, mais le tentateur peut très vite attiser le feu qui couve et faire se produire au dehors tous les mauvais instincts. La demande : « Ne nous induis pas en tentation », renferme avec une prière renouvelée et plus instante pour le pardon de nos péchés, l’expression de notre connaissance de nous-mêmes et de notre sincère repentir. Celui qui a déjà péché doit d’autant plus craindre le pé- ché et supplier Dieu de l’en préserver. Il peut compter sur l’exaucement si sa prière est sérieuse, c’est-à-dire si son repentir est assez profond pour qu’il évite lui-même la tentation autant que cela est en son pouvoir.
              Mais beaucoup semblent plutôt la rechercher. Ils vont, pleins d’assurance, dans des endroits dangereux où les tentations foisonnent, et ils en veulent à ceux qui les avertissent, ils sont blessés de ce qu’on n’ait pas confiance en eux. Ils veulent tout voir, lisent les livres les plus éhontés, les plus impudiques, n’évitent pas les mauvaises sociétés et ne veulent pas croire qu’ils puissent être entraînés au péché. Mais ne réveillent-ils pas le démon de la convoitise ? Et ils continuent de prier étourdiment : « Ne nous induis pas en tentation. » La prière peut aussi signifier : « Préserve-nous des situations d’où peuvent naître des tentations. » Etre trop riche, ou trop pauvre, ou trop malade, ou trop malheureux pour n’importe quel motif, ce sont de nombreuses occasions de tentation et de péché.
            On est tenté surtout de s’aider soi-même par de mauvais moyens. On se dit que dans la détresse tout est permis, qu’il faut s’aider comme on peut. Quelques-uns vont jusqu’à recourir à la magie ou à d’autres pratiques défendues. D’autres ont recours à l’imposture, au jeu, à toutes sortes de fourberies. Il y en a qui sont tentés de s’ôter la vie. Mais ce n’est jamais sans raison que la tentation prend tant de force ; on a généralement péché dans le passé, on a mal agi en d’autres occasions, dans des circonstances moins graves, et alors, pour éprouver celui qui se croit converti, Dieu permet la tentation plus forte. En ce sens on peut prendre à la lettre la prière : « Ne nous induis point en tentation. » Nous pouvons demander à Dieu de nous épargner cette épreuve et nous devons être reconnaissants au Sauveur de nous avoir enseigné la sixième demande : nous savons que Dieu exauce les prières sincères. Nous voyons clairement par tout ce qui précède combien il est nécessaire d’obtenir le pardon complet de ses péchés et comment nous devons prier Dieu de ne plus se souvenir de nos fautes passées et de ne pas nous éprouver par des tentations nouvelles. Puissions-nous apprendre à lutter sérieusement contre le péché et nous laisser purifier par le sang de Christ !

Délivre-nous du malin

              Mais délivre-nous du mal ». Nous avons déjà remarqué que cette demande est considérée ailleurs comme faisant partie de la sixième. Il y a cependant entre elles une différence assez notable. En disant : « Ne nous induis pas en tentation », nous prions Dieu de nous préserver des embûches du tentateur, mais la puissance de celui-ci subsiste. Quand nous ajoutons : « Mais délivre-nous du mal », nous demandons la délivrance complète et définitive de la tentation, la destruction de la puissance du tentateur. La forme employée dans le texte grec ne signifie pas une délivrance momentanée, provisoire, mais un acte définitif qui libère une fois pour toutes. Ainsi la septième demande est encore une prière pour le Royaume et doit exprimer notre désir de voir venir le temps où la victoire sur le mal sera décisive et durable. Le mot mal traduit d’ailleurs, décrit imparfaitement le sens de la demande. Elle signifie exactement : « Délivre-nous du malin », c’est-à-dire du tentateur. La dernière demande rappelle encore que finalement Satan qui se pose en prince de ce monde, devra perdre son empire, que toute sa puissance sera anéantie et lui-même écrasé sous nos pieds par la puissance de Dieu (Romains 16.20).
           Tant que le monde restera soumis au malin, le Royaume de Dieu ne sera pas complètement établi sur terre, la création ne connaîtra pas la paix. Le Christ a combattu le malin, il a triomphé de lui, par sa mort même il l’a condamné, mais il ne l’a pas entièrement exclu de ce monde et il faut que ses disciples continuent le combat pour parfaire son œuvre. Il règne à la droite de Dieu, et il mettra tous ses ennemis sous ses pieds (Psaume 110.1). Ainsi que le dit saint Paul (1 Corinthiens 15.24) : « Il se soumettra toute principauté, toute autorité et puissance », en un mot tout ce qui s’élève contre Dieu et ses rachetés.
              Il faut que nos efforts aussi concourent à ce but, que nous ne laissions pas de trêve au règne du malin et que nous ne cessions de supplier Dieu dans nos prières, d’y mettre fin. Mais en outre nous avons aussi le devoir de lui résister nous-mêmes, de le combattre par la foi en Christ le vainqueur, si nous voulons vraiment être délivrés, avec toute la création, du mal et du malin. Si la chrétienté avait toujours été fidèle à ce devoir, l’empire du malin pourrait avoir pris fin déjà, la délivrance définitive pourrait être accomplie. Elle est encore à venir, mais les combats cachés des serviteurs fidèles du Seigneur pré- parent son triomphe final. Il apparaîtra dans toute sa puissance et libérera pour toujours la créature asservie et gémissante. Alors Dieu sera tout en tous, la prière pour la délivrance de tout mal étant complètement exaucée.

Le règne, la puissance et la gloire

             Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, éternellement. Amen. » Les dernières demandes nous ont ramenés à la grande cause du Royaume de Dieu, en nous rappelant la lutte contre l’empire du malin qui est aussi l’auteur des tentations. De même les paroles qui terminent la prière expriment la confiance absolue dans l’appui du Père céleste qui soutient ses enfants dans leur lutte pour le triomphe de cette cause. La conviction de la certitude de la victoire nous donne seule le droit de nous présenter devant Dieu avec les sept demandes, de vivre pour ainsi dire en elles. Pour faire nôtre la prière du Royaume, il faut que nous ayons aperçu par la foi le règne, la puissance et la gloire du Père, comme les disciples les ont vus apparaître en Jésus, les ont connus par lui et reçus dans leur cœur.
            Il n’y a en réalité que lui qui puisse dire cette prière parfaitement. Les sept demandes sont les soupirs du Sauveur qui se tient au milieu des pécheurs et de leur misère et prie avec eux. Ses vrais disciples prient comme lui, avec une ferveur d’autant plus grande que le “Sauveur leur a fait mieux apercevoir le règne, la puissance et la gloire du Père. Ce serait donc se séparer de Jésus si on voulait supprimer le Notre Père. Plus tu es parfait, plus tu dois appeler de tes vœux le règne de Dieu, car toutes les puissances de ce monde te sont ennemies. « A toi le règne, Père bien-aimé qui es aux cieux ! Je suis assuré que nul, hors de toi, n’a le droit de régner sur les hommes, et tant que je verrai régner le monde et le malin et la chair, je prierai pour que ton règne vienne, et je répéterai avec confiance, après le Sauveur, les demandes pour ton Royaume ».
              C’est là ce que pense le disciple de Jésus. Ou bien pouvons-nous entendre avec indifférence mépriser le nom de Dieu, voir les hommes placer plus haut les choses de la terre et d’autres noms ? Ne nous tromperions-nous pas nous-mêmes en nous laissant dominer par une autre puissance que celle du Père céleste, comme si d’autres que lui pouvaient nous dispenser la félicité ? Et si je me sens moi-même sous sa garde, puis-je ne pas m’émouvoir de ce que d’autres hommes soient encore dupes du péché et de la puissance du monde ? Le Royaume de Dieu, notre Père, n’a-t-il pas seul le droit d’exister?            Oui, nous souffrons de voir d’autres puissances régner à côté de lui, et nous apprenons à prier : « Que ton règne vienne ! » « Viens, Seigneur Jésus, toi qui règnes pour la gloire de Dieu le Père, détruis les autres royaumes. » Il faut que Dieu intervienne pour renouveler la terre, et la parole pleine de foi et d’assurance : « C’est à toi qu’appartient le règne », renferme l’ardent désir et l’attente de son règne. Alors aussi la volonté du Père sera faite sur la terre comme au ciel : toutes les volontés des hommes, jusque-là égoïstes et obstinées, se soumettront à la volonté du Père qui régnera par son amour sur tous. Cela sera certainement, car « C’est à toi qu’appartient le règne. » Exauce notre prière, la prière du Sauveur. « A toi appartient aussi la puissance. » Nous savons que nous ne prions pas en vain, car toutes choses sont possibles à notre Père céleste. Il peut nous exaucer magnifiquement, si nous le prions en vrais adhérents du Royaume, en serviteurs de Jésus. Il a la puissance d’établir son règne, comme de nous dispenser ce dont nous avons besoin chaque jour, il peut aussi bien nous donner notre pain quotidien que pardonner nos péchés, nous préserver de la tentation et nous délivrer du mal. En Jésus nous apercevons la puissance du Père révélée sur la terre pour le salut de tous. Jésus n’est-il pas vainqueur en toutes choses ? Douterions-nous qu’il soit victorieux jusqu’au bout et établisse le règne de son Père ? Jamais !
               Nous connaissons la puissance de Dieu, nous l’avons vue à l’œuvre et c’est avec joie que nous nous joignons à la prière du Seigneur et faisons nôtre la grande cause, car nous savons que tout doit et peut s’accomplir par la puissance infinie de Dieu le Père. « A toi appartient aussi la gloire », telle est l’affirmation finale. A lui sont la louange, l’honneur et la gloire, et toutes les créatures qui vivent et se meuvent en lui, annoncent cette gloire de Dieu.
                Mais dans le monde pécheur, beaucoup de créatures ne connaissent plus Dieu et ne glorifient plus son nom, souvent même le déshonorent. Elles n’ont pour lui ni reconnaissance, ni louange, et ne l’implorent jamais. Elles se glorifient elles-mêmes aussi longtemps qu’elles le peuvent, et elles finissent par tomber dans l’opprobre parce que la gloire de Dieu qu’elles n’ont pas reconnue, n’est pas trouvée en elles. Cela peut-il durer ? Oh ! non. « A toi, Père céleste, la gloire. Il faut que tout ce qui vit te glorifie. En toi nous avons la vie, le mouvement et l’être, avec toutes les créatures ». Nous savons que le jour viendra où ceci sera révélé à tous et nous prions avec le Sauveur, le premier-né de toutes les créatures, en qui toutes naîtront de nouveau par la foi, pour que toute la création rayonne à nouveau la gloire de Dieu et que le nom du Père soit répété et glorifié dans le monde entier. Ainsi la parole : « A toi appartient la gloire », exprime notre foi dans la révélation finale de la gloire du Père par toute la création.
               La perspective de cette gloire vers laquelle nous marchons nous rassure au milieu des terribles combats qui nous sont encore imposés, car c’est « éternellement » que tout sera bien. Quelle consolation de se dire, en levant les yeux vers le Père céleste, que son règne, sa puissance et sa gloire, toutes ces choses excellentes dureront éternellement. Tous les royaumes du monde, avec leur grandeur, leur puissance, leur faste, sont bien misérables en comparaison.
            Car de tout temps tout a trouvé sa fin, et parfois une fin d’autant plus terrible que l’on s’était éloignés davantage de la gloire du Dieu paternel. Le monde peut périr, notre Dieu fort demeure. C’est le cœur paisible que nous disons : « Amen », c’est-à-dire : « En vérité, cela sera. » Luther traduit : « Oui, oui, qu’il en soit ainsi ! ». Oui, il en sera ainsi : Ce que les fidèles disciples de Jésus demandent chaque jour d’un cœur fervent, pour la glorification du Père, s’accomplira. Toute la création se réjouit, au milieu de tous ses soupirs, de la gloire à venir que Dieu déploiera et révélera à ses yeux.

----------------------------------------

Textes choisis des écrits de Christophe Blumhardt, fils de Jean-Christophe Blumhardt, Les disciples de Jésus nous indique la voie du disciple en révélant le Roi que nous suivons, la communauté dont nous appartenons et les règles qui gèrent la vie du disciple de Jésus-Christ.

Avec un Avant-propos d’Armand Lederlin.
Dans Jean-Christophe Blumhardt — homme de grande foi nous sommes face-à-face avec un homme qui prenait au sérieux les promesses de l’évangile. A partir du repentir, il réalisait un renouveau dans sa paroisse sans précédant, suivi par des miracles et guérisons. L’influence de cet homme de Dieu retentit jusqu’à nos jours.

Pourquoi nous vivons en communauté (1927) d’Eberhard Arnold et La communauté fraternelle (1650) d’Andreas Ehrenpreis, soulignent l’importance de l’engagement que nous nouons avec nos sœurs et frères en Christ. Selon Ehrenpreis, la vie en communauté est la plus grande exigence de l’amour.

Eberhard Arnold — conférencier, écrivain et pasteur — fut le fondateur du mouvement dit Bruderhof, fondé à Sannerz en Allemagne en 1920. Eberhard Arnold — sa vie, son témoignage contient une brève biographie, écrite par Emmy Arnold, ainsi que des extraits des conférence, écrits et lettres d’Arnold.

Autres œuvres de Plough

The Plough Publishing House Darvell Community Robertsbridge, E. Sussex TN32 5DR, UK +44 (0) 1580-88-33-00 Mél : charrue@ccimail.co.uk Site we