"Nous
ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon
plaisir, qu'il s'est proposé en lui-même pour l'administration de
la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans
le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont
sur la terre en lui, en qui nous avons aussi été faits héritiers,
ayant été prédestinés selon le propos de celui qui opère toutes
choses selon le conseil de sa volonté... Et il a assujetti toutes
choses sous ses pieds, et l'a donné pour être chef sur toutes
choses à l'assemblée."
Éphésiens 1 : 9-11 et 22.
Éphésiens 1 : 9-11 et 22.
Il
y a dans la déclaration de ce passage trois parties principales :
1)
La volonté et le dessein éternels de Dieu.
2) Christ, le centre de ce dessein.
3) L’Église, qui est Son Corps, l'instrument pour la pleine expression de ce dessein – c'est-à-dire de Christ.
2) Christ, le centre de ce dessein.
3) L’Église, qui est Son Corps, l'instrument pour la pleine expression de ce dessein – c'est-à-dire de Christ.
Il
nous est dit que Dieu prit une décision dans les conseils éternels.
En esquissant et en arrêtant Ses intentions de créer et de
constituer « toutes choses » « dans les cieux et sur la terre »
Éphésiens 1 : 10. Il était poussé et gouverné par un dessein
spécial et défini. Ce « dessein » est mentionné plusieurs fois
dans le Nouveau Testament, et il nous est montré que différentes
choses y sont reliées. Il est des plus important que nous
reconnaissions le fait que le dessein de Dieu est un, bien qu'il y
ait plusieurs phases dans l'activité divine. Rien n'est une fin en
soi. La première loi de la plénitude spirituelle (et remarquons que
la plénitude est précisément ce qui est en vue), c'est de saisir
le fait et la nature de ce dessein de Dieu, qui gouverne tout. II est
impressionnant et douloureux de reconnaître que, dans les choses qui
sont associées ici-bas au Seigneur, il y en a si peu, si peu, qui
soient réellement marquées par la plénitude spirituelle.
Médiocrité, faiblesse, limitation, pauvreté, défaite, ignorance,
immaturité et désappointement caractérisent un si grand nombre
d'enfants de Dieu et une si grande part de l'œuvre de Dieu. C’est
une des choses qui causent tant de détresse, de recherche, et
d'efforts dans certains milieux.
N'en
trouverait-on pas l'explication dans le fait que rien de ce qui
n'est qu'une part d'un tout ne peut atteindre ni réaliser le dessein
tout entier ? Pour être dans la voie de la plénitude, il est
essentiel, en premier lieu, de reconnaître et de réaliser le fait
que Dieu n'est pas simplement engagé dans un grand nombre
d'activités bonnes et bienfaisantes, mais qu'Il est toujours et
uniquement occupé par un dessein qui embrasse tout, et auquel tout
est lié! « Dieu opère TOUTES CHOSES selon le conseil de sa volonté
» Éphésiens 1 : 11. La mesure de la valeur suprême de notre
travail correspondra à la compréhension initiale que nous aurons
eue d'un dessein seul et unique. Lorsque cela sera établi, nous
arriverons bientôt à voir ce qu'est le dessein, et comment et par
quels moyens il sera réalisé. Lorsqu'un maître a un seul et unique
plan, auquel il se consacre, il demandera à tous ceux qui
travaillent pour lui, qu'ils ne se contentent pas de faire
différentes choses, si bonnes soient-elles et constituant même une
part de son œuvre entière, mais qu'ils voient, au delà de leur
petite part et de leur propre tâche, le but et l'objet tout entier,
afin d'agir positivement en le gardant en vue. Il sera favorable à
ceux qui viendront travailler pour lui et aux moyens qu’ils
emploieront, dans la mesure où ils auront à cœur le but tout
entier. La mesure de ses ressources et de sa plénitude leur sera
accordée sur cette seule base. Il en est de même pour Dieu. Mais
comprenons bien que c'est la plénitude spirituelle qui est en
vue, et non la gratification personnelle.
Ensuite,
le dessein est de rassembler toutes choses en Christ. C'est une
Personne pleine et entière, agrandie, et embrassant tout. La
grandeur, la magnificence, la plénitude universelle de Christ, voilà
le but de Dieu. Il n'est pas suffisant pour nous de voir le dessein,
si fondamental cela soit-iI, il faut que nous voyons, de manière
toujours grandissante, la plénitude de Christ. Il doit y avoir une
vision initiale de cette grandeur, de cette majesté, de cette
gloire, de cette universalité. C'est à une telle vision que sont
dues la puissance, l'efficacité et la gloire de l’Église des
premiers jours. Telle fut la signification de la « Pentecôte ».
C'est une vision comme celle-là qui fit des apôtres les hommes
qu'ils furent. Paul devait tout à la révélation que Dieu lui donna
de Son Fils en lui. Mais cette vision doit se continuer. Elle doit
devenir de plus en plus importante. Nous ne devons pas simplement
nous fixer à quelque expérience passée la vision que nous avons
aujourd’hui de Christ. La volonté du Seigneur, c'est que nous
vivions et marchions par l'Esprit à un tel point, que nous pouvons
dire que la vision que nous avons de Christ aujourd'hui est
infiniment plus grande et plus merveilleuse qu'elle ne l'a
jamais été. Cela est en ligne avec le dessein de Dieu, et il
en est ainsi pour tous ceux qui sont réellement entrés dans une
compréhension spirituelle de ce dessein.
Nous
arrivons, en troisième lieu, à considérer la méthode et les
moyens dont Dieu se sert pour l'accomplissement de Son dessein
éternel. C’est « l'église, qui est son corps » (le corps de
Christ). La Parole de Dieu nous déclare définitivement que l’Église
est « la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ». Cette
plénitude universelle de Christ doit être révélée et exprimée
dans et par un instrument appelé l’Église. Qu'est-ce que cette
Église?
Il
nous est dit premièrement qu'elle est une compagnie d'élus.
Laissant de côté toutes les théories sur l'élection,
contentons-nous, pour le moment, de voir que Dieu a voulu, de toute
éternité, avoir une telle compagnie, et que l'élection a rapport
au dessein, et non pas, principalement au salut. Dieu connaît, il ne
peut en être autrement, les réactions suprêmes des hommes à
l'égard de l'offre qu'Il leur fait, et c'est selon Sa
pré-connaissance qu' Il a prédestiné à Son dessein. Mais Dieu
n'a jamais dit à une personne non sauvée qu'elle est
prédestinée à l'être. Dieu appelle simplement. L’Église est la
compagnie des appelés qui ont obéi.
Deuxièmement,
l’Église est quelque chose de plus grand que les églises. Selon
ce que nous entendons par celles-ci, l’Église peut se trouver en
elles toutes, ou bien elle peut ne pas être du tout dans beaucoup
d'entre elles. L’Église est essentiellement une chose spirituelle
; elle n'est ni sectaire, ni dénominationelle, ni « ecclésiastique
», ni traditionnelle. Elle est l'union spirituelle des membres d'un
organisme vivant, un corps possédant une vie; elle est une entité,
elle est « tous un en Christ ». La mesure de lumière que nous
avons ne nous rend pas plus ou moins membres de ce Corps, bien
qu'elle puisse en affecter le fonctionnement. Ce n'est pas notre
compréhension de « la vérité quant à l’Église » qui nous
constitue membres de l’Église, bien qu'elle affecte grandement la
question de la plénitude. Ce qui est la base de l'actualité du
Corps, c'est une relation vitale avec Christ.
Mais
cela dit, il nous faut montrer combien il est essentiel de
reconnaître ce qu'est l’Église. Accompagnant une révélation
personnelle de Christ dans Sa grandeur, la révélation de l’Église
est liée à notre avance pratique vers la plénitude. Paul a, dans
ses écrits, une plénitude beaucoup plus grande que n’importe quel
autre apôtre, et cela est dû principalement à la révélation
spéciale de l’Église qui lui avait été donnée. Ce qui ressort
de cette révélation, c'est que Christ et l’Église sont UN, comme
la Tête et les membres d'un même corps.
Il
y a deux ou trois choses dans cette question qu'il nous est
nécessaire de saisir. Il y a premièrement le fait, établi si
clairement et si pleinement dans les Écritures, que Dieu a tout
aussi définitivement choisi et désigné l’Église pour la
réalisation de Son dessein éternel, qu' Il avait choisi et désigné
Son Fils. Dieu s'est lié Lui-même et Sa plénitude autant à Son
Fils qu’à l’Église. Tandis que l’Église est soumise au Fils,
qu'elle en est l'organe et l'instrument, comme la femme l'est à
l' égard de son mari (Éphésiens 5 : 22-24), ils sont un, en ce qui
concerne le dessein. Ce fait entraîne en soi la jalousie de Dieu
pour Son Église, et signifie que, pour arriver à la plénitude,
l'on ne peut ni l'ignorer, ni l'amoindrir, ni l'outrager.
De
plus, en ce qui concerne la plénitude spirituelle, Dieu continuera à
agir strictement par le moyen du Corps, c'est-à-dire qu'il n'est pas
possible pour des individus séparés, de connaître la
plénitude. La plénitude est une question relationnelle. « L’Église
est la plénitude de Christ ». Aucun individu ne peut l’être.
C'est pourquoi l'union spirituelle, la relation des membres, la
communion, la mutualité et la dépendance des uns à l'égard des
autres, sont fondamentales et indispensables pour parvenir à la
maturité spirituelle. « Jusqu'à ce que nous parvenions tous à
l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, l'état
d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ »
Éphésiens 4 : 13.
Dans
l'Ancien Testament, lorsque les chose, eurent été constituées
selon le modèle divin, c'est de la Tente d'Assignation que Dieu
parlait au peuple. Il en est ainsi dans le Nouveau Testament. Avant
d’obtenir la réponse à la demande qu'il fit sur la route de
Damas, Paul dut entrer dans la ville, et ce fut par le moyen de
l’Église qu’il la reçut. Avant d'entreprendre la grande œuvre
de sa vie, l'apôtre dut demeurer dans l’Église d'Antioche pour y
recevoir la confirmation de sa mission (Actes 13). Tout cela ne
signifie pas que Dieu n'ait jamais agi souverainement et dans Sa
grâce à l'égard de ceux qui avaient à cœur Ses intérêts sans
reconnaître cependant celte loi; mais nous parlons de plénitude
spirituelle, et c'est à cela que nous appelle notre ministère. Ce
n'est pas un « Comité général », « exécutif », où «
conseiller », mais le Corps, dans sa représentation et son
fonctionnement spirituels, qui est la voie voulue de Dieu.
Il
nous faudrait plus de place que nous n'en avons à notre disposition,
pour montrer toutes les valeurs et les implications renfermées dans
une compréhension adéquate de la place et du dessein que Dieu a
pour Son Église en toutes choses. C'est précisément l'une des
questions qui a eu une place considérable dans notre ministère
parlé ou écrit durant ces dernières années.
Ceci
nous amène aux églises, c'est-à-dire aux assemblées locales du
peuple de Dieu. Les temps et les conditions ont grandement changé
depuis les jours du Nouveau Testament, tout au moins en ce qui
concerne le monde occidental. Il était simple et naturel, en ces
temps-là, de rassembler ceux 'lui croyaient en Christ. Il n'y avait
alors que des croyants et des non-croyants. Aujourd'hui s'élèvent
quantité d'autres questions, celle des « affiliations », «
organisation », « pratiques », « croyances » etc. Mais il y a
une ou deux choses qui doivent toujours gouverner cette question; ce
sont :
1
- L'église ou l'assemblée locale doit être localement tout ce que l’Église est universellement, dans son ensemble. Elle ne doit être
plus petite, ni dans sa vision, ni dans sa vocation, ni dans sa
relation. Bien que située localement, elle est universelle quant à
sa nature, à son influence, à sa vocation et à sa fonction. Si
elle vit pour elle-même, elle mourra. La plénitude dépend de sa
longueur et de sa largeur, de sa hauteur et de sa profondeur
spirituelles.
2
- L'église locale est l’environnement d'éducation spirituelle, en
vue de l’utilité pour le Seigneur. C'est là que sont apprises
toutes Ies leçons essentielles, non seulement par l'enseignement
mais aussi par la discipline spirituelle. La leçon fondamentale de
la soumission au Seigneur – qui a une si grande importance dans la
question de la croissance spirituelle – est apprise de manière
très pratique dans une assemblée fidèle et dans la vie de
communion. Toute vie indépendante, non relationnelle et simplement
personnelle, est simplement impossible lorsque le Corps est
véritablement reconnu.
La
protection, le support, l'appui et le soutien spirituels du peuple de
Dieu, au delà d’une manière simplement générale, ont une valeur
et une importance très importantes. L'église locale, loin de n'être
qu'une « congrégation », doit être une expression locale de la
famille de Dieu, et remplir toutes les fonctions et pourvoir à
toutes les valeurs de la vraie vie et des vraies relations de famille
3
- La question qui a une importance prééminente, dans l'église
locale comme dans l’Église universelle, c’est celle de la
souveraineté absolue de ChrIst, la Tête. Tout ce qui usurpe Sa
place ou qui est en conflit, d'une manière ou l'autre, avec elle,
aboutira très certainement à une limitation spirituelle et à un
retard proportionné de la croissance. N'est-ce pas pour cette raison
que, dans les églises du Nouveau Testament, aucun homme seul exerçait
l'autorité. Mais que des anciens, et non pas un ancien, étaient
désignés. Le principe du Corps est sauvegardé dans ce qui est
corporatif, et l’autorité individuelle évitée. A Antioche, le
Saint Esprit parla à une compagnie de représentants qui se
trouvaient avoir ensemble une responsabilité spirituelle. Les
anciens sont représentatifs, il s’agit de la mesure spirituelle
et non ecclésiastique. La pluralité des anciens, dans le Nouveau
Testament, signifie que l'église est amenée, en et par ses
représentants, sous la complète souveraineté de Christ, par
le moyen du Saint Esprit.
4
- Il nous faut remarquer ensuite que les apôtres ne partirent jamais
en ayant le projet de fonder des églises. C'était là le résultat
spontané et inévitable de I'œuvre du Saint Esprit dans chaque
lieu. Christ était prêché et accepté, et la relation des croyants
suivait spontanément (voyez Actes 2 : 42). Ce qui détermine
les églises, c'est Christ. Ceci est la solution à beaucoup de
problèmes et la réponse à beaucoup de questions qui se posent,
tout spécialement dans notre monde occidental, en ces temps
particulièrement compliqués. Quel doit être le principe directeur
et décisif qui nous pousse a nous rassembler? Ce doit être Christ!
C'est sur cette base seule que nous nous réunissons là où le but
de Dieu est le plus pleinement en vue, et là où se trouve ce qui
contribue le plus à atteindre ce but – la plénitude de Christ –
c'est cela qui décidera de la place où nous devons être, et
personne ne devrait discuter cela. C'est à cause de notre
dévotion et de notre jalousie pour une « chose » une « Mission »,
une « Dénomination », une « Tradition », une « Communauté »,
un « Mouvement » etc. que jaillissent Ies rivalités et les mauvais
sentiments. Tout ce que l'on entend dire au sujet de « brebis
volées », et d'enfants de Dieu divisés, vient en grande partie
d'un souci – non pas la croissance spirituelle – mais pour
quelque chose ici-bas, sur cette terre. Combien ces choses
deviendraient impossibles si chacun prenait cette attitude à l'égard
des choses: peu importe ce qui survit ou cesse d'exister, pourvu
qu'il y ait spirituellement un accroissement de Christ. Cela entraîne
la nécessité, pour tout le peuple de Seigneur, et particulièrement
pour ceux qui ont des positions « officielles » et des places
d'influence, d'être uniquement et absolument consacré a
l'accroissement de Christ, Christ n'est pas divisé; c'est donc
Christ qui est la base de l'unité, et non les choses mentionnées
plus haut.
A
qui sont les brebis? Sont-elles à vous? Une brebis de Christ
peut-elle lui être volée par ceux qui lui sont consacrés ? Si ce
sont les brebis de quelqu'un ou de quelque chose, nous sommes dans un
autre domaine. Non! Toutes choses de ce genre sont des causes de
faiblesse et de petitesse spirituelles, et il est nécessaire d'avoir
une altitude nouvelle à l’égard de Christ Lui-même pour arriver
à la plénitude.
Nous
dirons encore, à cet égard et pour le moment, que tout ce qui est
donné par le Seigneur doit contribuer à « l'édification du Corps
» de façon directe et positive. C'est ce qui en marque l'objet et
la direction, et c'est là sa loi caractéristique. L'évangélisation,
l'enseignement, les dons personnel, et spirituels, tout doit
définitivement avoir ce but d’édification en vue. L'évangéliste
et l'évangélisation ne sont pas une fin en soi, ni quelque chose à
part. Le Nouveau Testament renverse complètement une idée ou une
procédure de ce genre. Toutes ces fonctions sont des fonctions du
Corps, et elles doivent être maintenues ensemble pour que le Corps
soit bien équilibré; aucune ne doit être accentuée au détriment
des autres ni laissée de côté. Un ministère d'enseignement doit
marcher de pair avec un ministère d'évangélisation et vice versa.
Chacun de ceux qui fonctionnent comme membres du Corps de Christ –
et tous les membres devraient fonctionner – devrait avoir en vue,
non pas le salut des âme, ou l'instruction des saints, mais par leur
moyen et tous les autres, l'accroissement de Christ. Rappelons-nous
que l’Église n'est ni grande ni petite, que le succès de notre
travail n'est pas mesuré selon le nombre de personne,
représentées, mais selon la mesure positive de Christ.
Je
ne saurais terminer ce traité sans rappeler brièvement une ou deux
questions, qui sont fondamentale pour ce ministère.
Il
y a la question de la Croix. Ce ne sera pas dire quelque chose de
nouveau ou d'extraordinaire que de rappeler que la Croix de Christ
est profondément liée à la question de la plénitude divine. Mais
il est nécessaire d'affirmer continuellement ce fait, et d'en avoir
une révélation toujours grandissante. Les Écritures nous
montrent très clairement que, jusqu'à la fin, I’Adversaire
cherchera de toute sa force et par tous les moyens, à soulever la
question de notre acceptation et de notre position en Christ. Il est
désigné, à la lin des temps (Apocalypse 12) comme étant «
I’accusateur de nos frères », et l’un de ses efforts les plus
déterminés a pour but la destruction de notre assurance. Tout ce
qui porte en soi l'idée que nous faisons ou que nous devenons
quelque chose qui mérite la grâce de Dieu et obtient Son
acceptation, porte le sceau du Diable Iui-même. La mort de Christ
pour nous, et notre mort avec Lui, est la seule, mais sûre base de
notre entière acceptation. Luther le dit si pleinement
lorsqu'il s'écrie : « O Christ, je suis Ton péché, Ta
malédiction, Ta colère de Dieu, Ton enfer et au contraire, Tu es ma
justice, ma bénédiction, ma vie, ma grâce de Dieu, mon ciel. » II
ne faut pas s'étonner que le Diable ait haï Martin Luther, et qu'il
I’ait assailli si cruellement.
Mais
il n'y a pas seulement la valeur fondamentale, initiale et parfaite
de la Croix pour notre acceptation entière et incontestable; il y a
une signification de la Croix qui est en relation avec la plénitude
spirituelle et le fruit spirituel. C'est ce que Paul appelle « être
rendu conforme à sa mort » Philippiens 3 : 10.
Ceci,
répétons-Ie, doit être gardé à part de notre justification et de
notre accès auprès de Dieu. Combien de tragédies, de scandales, de
défaites, de faiblesses, de mort, de limitation et d’égoïsme que
nous rencontrons chez beaucoup de chrétiens et dans beaucoup
d'institutions, de communautés et d'églises chrétiennes, sont dues
à la « chair » non crucifiée ou à la vie naturelle ! A quel
point Christ est mis hors de vue par les hommes, les choses et les
méthodes qui se mettent en proéminence! II faut, pour qu'Il arrive
à la place qui Lui est donnée dans l'intention divine, et à nous
avec Lui, que l'œuvre de Ia Croix se fasse continuellement et de
plus en plus profondément en nous. Il nous faut réellement être en
état de dire: « Je suis crucifié avec Christ ». Oui, mais aussi
d'achever Ia déclaration: « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en
moi ». Est-ce vrai? « Je ne vis plus moi »? Plus moi ? C'est bien
ce que Paul entendait, mais qui peut connaître Ia profondeur de
ce « moi » ! Christ seul sait combien entière et profonde est
l'œuvre de Sa Croix, et nous ne pouvons que nous abandonner
pleinement à Lui, pour que le Saint-Esprit accomplisse en nous toute
Sa pensée, en ce qui concerne Ia Croix, afin que la voie soit libre
pour Sa plénitude.
Ainsi
le double aspect et le double message de Ia Croix ont une très
grande part dans ce ministère. Il y a beaucoup d'enfants de Dieu qui
n'aiment pas ce dernier aspect que nous venons de mentionner, et
qui le refusent. Nous dirons seulement que, s'ils représentent plus
qu'une moyenne en richesse spirituelle et dans leur connaissance de
Christ, et que si ce à quoi ils sont liés est affranchi des
résultats ordinaires de la force de la vie naturelle, il y a quelque
chose dans leur antagonisme contre l'aspect subjectif de la
Croix à quoi nous devrons nous soumettre. Mais nous avons été là
nous-mêmes, et nous connaissons maintenant la différence.
Il
nous faut terminer; nous le faisons en touchant à une autre
question. Il y a beaucoup d’enfants de Dieu qui pourront accepter
une grande partie de ce que nous venons d'écrire, mais qui réagiront
en déclarant que c'est « idéaliste », que c'est trop élevé, que
ce n'est pas possible, que, les choses étant ce qu'elles sont
maintenant, nous ne pouvons pas espérer un tel retour à la
Parole de Dieu. Il n'y a qu'une seule réponse à cette attitude. La
Bible a toujours reconnu une position comme celle-là, et elle y a
pourvu. Il n'y eut qu'un petit nombre d'hommes qui, du sein de la
nation d'Israël captive, retournèrent volontairement pour
reconstruire la ville, la muraille, la maison à Jérusalem; et
la parole qui les gouvernait et les caractérisait était : « Que
celui qui a un cœur bien disposé, que son Dieu soit avec lui ».
Il
est clair, que dans le livre de l'Apocalypse, la majorité avait
abandonné Ia pensée entière du Seigneur. L'appel que nous y
trouvons s’adresse à ceux qui ont une oreille pour entendre. Nous
voyons qu’il sont appelés les « vainqueurs »; et cela est
nettement en relation avec les conditions décadentes; c'est une
réaction vers la pensée entière et originelle du Seigneur. L'on
peut difficilement s'attendre à ce que tous les chrétiens répondent
à l'appel et à Ia mesure de Dieu, mais il est clair qu'il, le
peuvent, que le Seigneur le veut, et que ce qu' Il veut n'est pas
hors de d’atteinte. Ce peut être un chemin coûteux; et le prix en
sera surtout amer à cause de l'attitude des autres chrétiens.
C'est
pourquoi nous réalisons que ce ministère passera au cribIe le
peuple de Dieu, et que ceux-là seuls qui veulent réellement marcher
avec le Seigneur, et qui « tendent à ce qui est parfait », lui
feront place. Notre message doit donc toucher les vainqueurs, bien
que nous ne les regardions pas comme des élus d'entre les élus,
comme une aristocratie spirituelle choisie. Ils auront une place
d'honneur spéciale, parce que le Seigneur aura en eux ce à quoi Il
a mis Son cœur dès le commencement. La différence à la fin
sera celle que nous voyons entre Joseph et ses frères.
Un
ministère comme celui dont nous venons de parler sera le résultat
de Son action profonde et sévère à notre égard. Ce n'est pas
quelque chose que l'on puisse étudier et obtenir mentalement. Nous
ne sortirons jamais du tour du potier comme un vase terminé;
mais, d'une manière ou de l'autre, le Seigneur associera le
façonnage et l'usage. Sans aucun doute c'est ce qui devrait être
fait.
«Le
messager du Seigneur dans le message du Seigneur » ; nous
avons ici ce principe fondamental, que l’instrument n'est
jamais en avance sur son histoire spirituelle. Les prophètes
eux-mêmes, qui parlaient des choses à venir et de beaucoup de
choses dont le sens ne leur était pas entièrement clair,
étaient amenés à avoir leur ministère incrusté en eux par
l'expérience pratique. Mais l'action sévère de Dieu a toujours en
vue l'accroissement et le progrès. Un tel ministère ne peut être
ni « entrepris » ni adopté. Nous ne pouvons pas y entrer comme
nous entrons dans un travail quelconque, par un entraînement
technique ou une de part une préparation intellectuelle. C'est en
vérité quelque chose en présence de quoi nous reculons
naturellement, comme Moïse, Jérémie et d'autres. Il est
utile et intéressant, ou bien cela peut nous éclairer, de
remarquer que, lorsque, par le moyen de Jérémie, le Seigneur parle
à Israël du potier et de la maison du potier, Il prend Lui-même la
place du potier; le moulage, la forme, le redressement, l'ajustement,
la purification du vase en vue de Son utilité, se font au moyen
des assauts et des châtiments dus à l'activité de l'ennemi. Il y
avait un rapport entre Ies mains du Potier et l'opposition d'un
souverain étranger faisant le siège de la ville. Ainsi, pour que
nous ayons une utilité plus entière, le Seigneur se sert de l'
ennemi et de son œuvre, et nous ne sommes jamais libérés de sa
pression pour un temps prolongé.
Telles
sont donc les choses principales auxquelles nous avons été appelés
et auxquelles nous nous sommes abandonnées. « Nous voici, nous ne
pouvons faire autrement. Que Dieu nous aide ! »
Que
le Seigneur nous donne à tous un cœur prêt à « suivre l’Agneau
où qu’il aille », et à parvenir à Sa plénitude.
Tiré
du magazine « A Witness & A Testimony » Janvier 1944.
source : http://www.austin-sparks.net/francais/index.html
source : http://www.austin-sparks.net/francais/index.html