mardi 17 octobre 2017

Quelques principes de la Maison de Dieu par T. Austin-Sparks

Lecture: Psaume 132.
« Et Salomon commença de bâtir le temple de l'Éternel à Jérusalem, sur la montagne de Morija, ou l'Éternel était apparu à David, son père, au lieu même que David avait préparé dans l'aire d'Ornan, le Jébusien. » (2 Chroniques 3:1)
                   Il nous faudrait lire ici beaucoup de passage des Écritures, mais nous ne pourrons que les toucher, à mesure que nous avancerons dans notre méditation, à cause de notre espace limité.
                    Il n'est pas nécessaire de rappeler parmi nous, je pense, que le centre de la présence de Dieu parmi les hommes, c'est-à-dire la Maison de Dieu, est une question de première importance. Nous avons dit: le centre de la présence de Dieu, car la Maison de Dieu embrasse tout, et est en relation avec tout ce qui est l’attention et l'intérêt du Seigneur. La Maison de Dieu est au sein des intérêts et des attentions plus larges du Seigneur. Pour finir, elle aura à servir de vastes étendues, auxquelles Dieu se manifestera par elle. Elle est le centre de Sa présence.
                    Par la considération de sa grande représentation, que nous avons ici dans l'An­cien Testament, le temple, nous pou­vons apprendre quelque chose des prin­cipes qui constituent la fondation et la base de cette demeure centrale de Dieu.
Le Triomphe de la Foi et de l'Obéissance
                    Le passage que nous avons cité est une clef à beaucoup de choses, histori­quement et spirituellement. Nous com­mençons par rappeler à nouveau que le principe de la Maison de Dieu, de la demeure du Seigneur, c'est le triomphe de la foi et de l'obéissance, alors que tout semble être réduit en poussière. Tous les espoirs et toutes les espérances d'Abraham, et les promesses de Dieu, et l'alliance que Dieu avait faite avec lui, tout était concentré en Isaac. En dehors et à part d'Isaac, Abraham n'avait rien. Et c'est alors que Dieu lui dit: « Prends ton fils... Isaac... et... offre-le en holo­causte » (Genèse 22:2). Puis, selon les paroles de Job: « Mets l'or avec la poussière » (Job 22:24). Et l'auteur de l'épître aux Hébreux souligne aussi ce fait, que celui en qui étaient concen­trées toute l'alliance et toutes les pro­messes, fut offert par Abraham:
« Par la foi, Abraham, étant éprouvé, a offert Isaac et celui qui avait reçu les promesses offrit son fils unique, à l’égard du­quel il avait été dit: « En Isaac te seras appelée une semence.» (Hébreux 11:17-18).
                    Considéré d'un seul côté, Abraham rompt les artères même de la vie; il se sépare d'avec toute espérance, toute perspective, toute possibilité: tout, de ce point de vue là, fut mis en cendres. Sans l'intervention de Dieu, Isaac eût été bien vite réduit en cendres. En fait, il le fut. En ce qui concerne l'atti­tude de cœur et l'obéissance d' Abraham, Isaac était déjà en cendres. Le bois était là, prêt à être allumé; l'autel et le cou­teau étaient prêts. Mais la foi triompha par l'obéissance et cette montagne mê­me de Morija devint par la suite le site du temple, la maison de Dieu. La Maison de Dieu est édifiée sur des choses de cette nature.
                    Tout cela symbolise le Calvaire. A un point de vue purement terrestre, le Cal­vaire était la fin de tout espoir; c'était des cendres, c'était une fin. Nous savons ce que représenta le Calvaire pour ceux qui entouraient cette Croix; elle leur semblait être la fin de tout. Mais de la part de l’unique figure centrale de ce grand drame universel, c'était l'obéissance de la foi jusqu'à la mort, oui, la mort de la croix et la Maison de Dieu a été et est édifiée sur cette mort. C'est un principe. C'est la grande réalité, la grande doc­trine de Christ. Or, il y a en cela une application pratique, c'est-à-dire que la Maison de Dieu ne peut être basée, et fondée, et édifiée, que dans la mesure où ce principe se perpétue.
L'Abandon de sa Propre Vie
                    Un principe en relation à cela, est le don continuel de l’Église de sa propre âme, l'abandon de sa propre vie dans l'obéissance et dans la foi, lorsque tout est sombre, lorsque tout semble être sans espoir. Il nous est demandé une marche d'obéis­sance, où nous sommes appelés à faire ce qui nous paraît sans perspective, sans espoir, et ce qui signifie, par consé­quent, l'abandon de nos propres vies, de nos âmes. C'est là le chemin de l'édifi­cation. Il en a toujours été ainsi. Lors­que des jeunes gens et des jeunes fem­mes ont abandonné toutes les perspectives de ce monde, et mis leur or dans la poussière, pour partir sur l'ordre du Seigneur, ils ont réduit tout en cendres, en ce qui concerne les espoirs et les perspectives de ce monde. C'est de cette manière que l'Église a été édi­fiée. Et si même cela ne nous est pas demandé dans les grands actes de la vocation d'une vie, c'est cependant une chose quotidienne, un abandon de nos propres intérêts dans l'obéissance au Seigneur, dans la foi au Seigneur. C'est ainsi que l'édification se continue. Nous pourrions illustrer ce principe jusque dans des détails, et rappeler combien souvent la Maison du Seigneur est entravée et arrêtée dans son progrès par quelque chose que nous Lui avons refusé, alors que le Seigneur avait mis Son doigt sur cette chose en nous disant: « Je désire cela ». Cependant, c'est là le principe général, le triom­phe de la foi par l'obéissance, alors que tout est mis dans la poussière.
                    Abraham crut à Dieu, et ce grand triomphe pourvu à Dieu le site de Son temple, le grand modèle et le symbole de cette Maison spirituelle, qui est centrale quand à l'accomplissement de tous Ses desseins. C'est dans cette sorte de maison que Dieu demeure. Mais cette place centrale doit passer par les pro­fondeurs. Ce qui est le cœur même de la présence de Dieu, ce à quoi Il se con­fie, doit connaître plus que tout autre chose le dépouillement. Cela signifie une œuvre profonde, où la foi est ame­née à la perfection par une épreuve très réelle.
Communion avec Dieu dans Son Amour de Sacrifice
                    Il y a, à côté de cela, ce facteur d'une communion parfaite avec Dieu, dans Son amour de sacrifice. Nous avons bien souvent souligné ce point, lorsque nous avons parlé du grand pas que fit Abraham dans le cœur de Celui qui n'épargna point Son Fils, Son Bien­-Aimé, mais qui L'a donné pour nous tous. Ce fut en vérité, de la part d' Abraham, un mouvement qui le fit entrer en communion avec la nature de sacrifice, le don fait à tout prix, de l'amour de Dieu. C'est le seul chemin par lequel puisse être établie la Maison de Dieu. Il doit y avoir, à sa base, ce don apporté à tout prix, ce don de l'amour. Il est tout à fait évident qu' Abraham aimait Dieu plus qu'il n'ai­mait Isaac, si cher et si précieux qu'ait été Isaac pour lui. Abraham vit qu'il était beaucoup plus important d'obéir que de garder ce trésor si immense, et cela, c'est l'amour. C'est ce que la Bible nomme la crainte de l'Éternel. Cet élé­ment de crainte dans l'amour, je suis sûr que nous savons ce que cela signi­fie. Si quelqu'un a une grande valeur pour nous, quelqu'un dont nous esti­mons énormément l'amour, nous serons toujours très sensibles à l'égard de cette personne, et veillerons à ne lui causer aucun désappointement. Telle est la na­ture de la crainte de l'Éternel. Abraham craignait Dieu. La Maison de Dieu est édifiée sur cette sorte de crainte. C'est quelque chose de très pratique, et de signification quotidienne, l'amour de Dieu dans nos cœurs, nous amenant au sacrifice de nous-mêmes, au don de nous-mêmes, à n'importe quel prix.
La Gloire de l'Homme Abaissée
                    Nous passons maintenant d'Abraham à David; cette aire d'Ornan, le site du temple, représentait et signifiait la des­truction de l'œuvre de Satan qui glorifie l'homme, et le profond abaissement de l'homme lui-même. Nous nous souve­nons que Satan avait incité David à faire le dénombrement du peuple d'ls­raël – une chose qu'un homme charnel comme Joab, pouvait discerner, puisqu'il dit:
« Que l'Éternel ajoute à son peuple cent fois autant qu’il y en a! O roi, mon Seigneur, ne sont-ils pas tous serviteurs de mon Seigneur? Pourquoi mon Seigneur cherche-t-il cela? Pour­quoi la coulpe en viendrait-elle sur Israël? » (1 Chroniques 21: 3).
                    « L'Éternel a fait beaucoup de choses; et Il en fera da­vantage encore, mais ne commence pas à compter les têtes, à prendre note de l'immensité de tes ressources, et à te glorifier de la grandeur de ton royau­me. » Joab était un homme charnel, mais il semble que, quelquefois, les hommes charnels voient mieux que les chrétiens ce qui touche aux principes. Cependant, David repoussa la sagesse divine et la bonne sagesse humaine, et il exigea le dénombrement d'Israël. Nous en connaissons les conséquences. Tout cela avait été provoqué par Satan qui avait incité David à faire une chose qui soit à la gloire de l'homme et qui ma­nifeste ses propres ressources et ses accomplissements. Alors l'Éternel se leva pour dé­truire et anéantir cette œuvre de Satan, dont le but était de glorifier l'homme, et l’homme fut profondément abaissé.
                    David est une triste figure lorsqu'il s’approche de l'aire d'Ornan. Oh! cet homme est maintenant humilié jusque dans la poussière! C'est l'expérience nécessaire avant qu'une maison de Dieu ne puisse être édifiée. L 'œuvre de Satan de mettre l'homme en avant, doit être entièrement anéantie. La gloire de l'homme, et le désir de l'homme d'avoir de la gloire pour lui-même, doivent être abaissés. C'est une maison qui doit être édifiée pour le Nom de l'Éternel, et pour aucun autre nom, ni dans les cieux, ni sur la terre, ni en enfer. :« Je ne donnerai pas ma gloire à un au­tre », dit l'Éternel (Isaïe 42:8). Le Sei­gneur veille toujours à cela. Oh! l'hor­rible manifestation de la chair humaine dans les choses divines! Oh! les réputations que l'on cherche pour soi dans le royau­me qui appartient à Dieu! Oh! le délice que l'on éprouve à se faire une place dans l'Église! Oh! combien cette chair est active pour son propre plaisir et pour sa gratification personnelle! Le Seigneur insiste sans cesse contre tout cela; Il porte des coups durs pour assurer à Sa Maison la bonne fondation, là où rien n’est de nous-mêmes. Nous finissons par le comprendre.
                    « Éternel, souviens-toi de David, et de toutes ses humiliations » (Psaume 132:1); Ce dernier mot est plus correct que celui que donnent nos traductions. « peines » , ou « afflictions » , ou encore « pénibles labeurs », tels sont les ter­mes du texte de nos versions, mais ces mots ne rendent pas le vrai sens de l'original, à moins que l'on n'y ajoute un complément, comme, par exemple, « les afflictions par lesquelles il s'est lui-même affligé ». Il dit, « Combien je me suis affligé! Je ne donnais pas de sommeil à mes yeux, je ne voulais pas monter sur le lit où je me repose, je ne voulais pas jouir de ma propre maison; je m'humiliais, je me privais, afin de trouver une demeure pour l'Éternel ». Et le Seigneur a besoin de cette humilia­tion. Il amène l'homme à ce brisement, afin que Sa Maison soit proprement fondée.
                    Cela explique Son action à notre égard. Il ne nous permettra pas d’être quoi que ce soit. Si nous devons réelle­ment être la demeure de Dieu, nous ne pouvons être rien en nous-mêmes. Ne cherchons pas la réputation; n'essayons pas d’impressionner; ne retenons pas notre propre dignité; ne faisons, en aucune manière, aucune de ces choses qui nous donneraient une prééminence et de la valeur aux yeux des autres. Le Seigneur ne saurait accepter cela. Dé­barrassons-nous donc de toute ambition, et reconnais­sons ce que nous sommes aux yeux de Dieu. Il nous amènera à cela; car, si nous essayons de faire impression sur les hommes, afin qu'ils nous jugent meilleurs que nous ne le sommes, et que nous en tirions avantage pour nous­-mêmes, nous contredisons le principe de la Maison de Dieu. Toute importance personnelle doit disparaître, ainsi que tout désir d'être estimé. Toutes ces choses doivent être éliminées. La Maison de Dieu n'est pas fondée sur ce que nous sommes. Dieu ne l’acceptera pas. L'hom­me est abaissé; tout ce qui est autre n'est que l'œuvre du diable. Cela vient de celui dans le cœur duquel l'orgueil était logé.
La Miséricorde et le Jugement se Rencontrent
                    Laissez-moi vous rappeler ensuite que l'aire d'Ornan, le site du temple, fut le lieu où se rencontrèrent le jugement et la miséricorde. Nous chantons:« Avec la miséricorde et de jugement, Il a tissé la toile de mon temps. » Il doit y avoir le jugement. Il en fut ainsi pour David. Mais le jugement n'est que l'un des aspects. En ce jour, le jugement et la miséricorde se rencontrèrent et s'embrassèrent sur cette aire, et l’issue en fut le temple. Le jugement doit commencer à la Maison de Dieu, mais, que Dieu soit loué, ce n'est pas le jugement pour une destruction totale. Car la miséricorde se mêle au jugement, et la fin sera le triomphe de la miséricorde sur le jugement. C'est le Calvaire, c'est la Maison de Dieu. Nous trouverons qu'il en est toujours ainsi. Il y aura le jugement; il doit en être ainsi; nous le savons très bien. Le Seigneur ne laisse pas passer les choses qui sont contraires aux principes de Sa Maison. Si seule­ment nous le reconnaissions, comme Paul a essayé de le faire comprendre aux Corinthiens, il y en a beaucoup qui souffrent aujourd'hui, de nombreu­ses manières, parce qu'ils n'observent pas les principes de la Maison de Dieu: « C'est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre dorment. » (1 Corinthiens 11:30). Il y a ce côté-là; il se continue. Mais Dieu ne permet cela que pour faire preuve de miséricorde. C'est la miséricorde qui triomphe. Et c'est ainsi qu'Il fonde, et qu'Il édifie Sa Maison.
Dieu n'est pas le Débiteur de l'Homme
                    La Maison de Dieu ne saurait repré­senter une dette de Dieu envers l'hom­me. Combien David insiste sur ce point, combien il a désormais à cœur les prin­cipes divins! Les fournaises qui nous épurent, nous éveillent aux principes. Il en avait été de même pour David à une occasion précédente. Nous nous souvenons com­ment l'arche avait été posée sur un char. David avait alors oublié les Écritures. Il eut à traverser un temps de souffrance, jusqu'à ce que, enfin, il en arrivât à comprendre le principe divin dans la parole de Dieu, et à remettre les choses en ordre (1 Chroniques 13 et 15).
                    Maintenant, David est de nouveau éveillé aux principes. Lorsque Ornan veut faire don de son aire à David, celui-ci répond: « Non, je te la paierai intégralement. Personne ne pourra ja­mais dire que la Maison de Dieu repré­sente une dette de Dieu envers l'homme; personne ne pourra jamais dire plus tard: « Oui, j'ai donné cela à Dieu; le site de ce temple est un don que j'ai fait ». Non, Ornan est payé de toute la valeur de l'aire. L'homme en tant que créditeur n’a aucune place dans la Maison de Dieu; il n’y a point de dette envers l'homme; il est totalement racheté. Ce principe doit être appliqué.
Dans l'Aire, le Blé est Battu
                     C'était une aire, le lieu ou tout est purifié devant l'Éternel. Il n'y a plus de balle ici; rien qui ne soit réel, pur, vrai, solide; rien qui ne puisse contribuer à l'édification. Tout doit être du bon grain. Dieu cherche toujours à arriver à cela. La Maison de Dieu est une aire. Toute notre balle, notre vanité, notre vacuité, tout cela doit disparaître, tout ce qui n'a pas de valeur réelle. Dieu désire ce qui édifiera Sa Maison ou, pour changer de métaphore, le Corps. Il recherche le bon grain. La balle doit disparaître. Dans notre relation même avec le Seigneur parmi Son peuple, ceux qui composent Sa Maison, vous Le voyons vanner, cribler, se débarrasser de notre vanité, de notre fausseté, de notre balle. Mais tout en le faisant Il obtient de la réalité, Il obtient ce qui est solide, à ce qui demeura; à ce qui nourrira. C’est là la base de Son édification.
                     Tout ce que nous venons de dire devrait s’accomplir de façon très pratique. Les figures employées ne sont que des images et des symboles, mais les réalités appartiennent à l’Esprit Saint; et Il insistera sans cesse pour que ces choses s’accomplissent parmi le peuple de Dieu. Veillons à ce que, lorsqu’Il agit parmi nous, Il ait notre pleine coopération.


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