lundi 31 octobre 2016

En CHRIST par T. Austin-Sparks chapitre 3

Une Résurrection Semblable à la Sienne (Romains 6 :5)

« Car nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l'amour de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle.» (2 Corinthiens 4 :11)
                   Il est possible qu’au cours des pages qui suivent, la résurrection soit mentionnée dans son sens général, car elle touche parfois à notre sujet ; mais la pensée qui va gouverner notre étude, c'est la signification spirituelle que revêt la résurrection dans la vie présente de l'enfant de Dieu. Nous devons bien comprendre que ce n'est pas de la résurrection future de nos corps dont nous avons l'intention de parler.
                   Le sujet est si vaste qu'il se prête à des développements presque infinis. Mais nous allons limiter notre attention strictement à l'essentiel, considérant uniquement le côté pratique de cette grande vérité. Si, pour illustrer notre pensée, nous faisons intervenir des exemples bibliques d'une portée plus étendue, c'est simplement pour rendre les choses plus claires et souligner par une illustration ce qui nous parait plus important. Ce dont le peuple de Dieu a besoin, nous le sentons bien, ce n'est pas d'un traité complet épuisant le sujet, mais d'une base précise, fournissant des éléments aussi concrets que possible à l'étude personnelle et à la prière. Le temps est court, les devoirs sont nombreux et pressants, les problèmes aigus, et dans le domaine de la vie chrétienne et du service de Dieu, le « don de secourir » n'est pas une chose courante. Il est donc essentiel que nous nous limitions à souligner quelques principes fondamentaux. Ils ne constitueront peut-être pour nous que des poteaux indicateurs, mais le chemin qu'ils montrent est celui d’une vie fructueuse et de la victoire spirituelle.
                   D'emblée, une chose retient notre attention, c'est la place considérable que la Parole de Dieu donne à ce sujet de la résurrection. Du commencement à la fin de la révélation divine, nous rencontrons le principe de la résurrection, soit latent, soit clairement exposé, dépendamment de notre degré de discernement.
                    Il ne fait aucun doute que la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts, a un caractère représentatif et universel, parallèlement au fait historique et objectif. C'est si vrai que depuis la « chute » ce qui est vraiment de Dieu a toujours puisé dans la résurrection de Christ un renouveau de vie, et acquis par elle une valeur inconnue jusque-là.
                     Notons la divine attestation de sa qualité de Fils (Romains 1 :4) au moment de la résurrection. Ni sa naissance à Bethléem, ni sa mort à la croix ne sont l’occasion d'une pareille déclaration du ciel. La chose n'en était pas moins vraie, nous le savons, mais c'est pour le jour de la résurrection que la déclaration formelle a été réservée. « …déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l'Esprit de sainteté, par la résurrection des morts»
                     Le Psaume 2 déjà nous fait prévoir ce qui va se passer, le complot des puissances du mal contre l'Oint du Seigneur, puis l'exécution de ce complot : Il est mis à mort. Dans l'avenir lointain c'est l'héritage des nations qui est en jeu. Mais dans l'avenir immédiat, dans la résurrection, ce qui est en jeu, c'est un décret (Psaume 2 :7) : « Tu es mon Fils; aujourd'hui, je t'ai engendré. » Le « premier-né d'entre les morts », représentant de tous les autres, apparait ici avec une filiation, une qualité de Fils d'une nature toute spéciale et nouvelle.
                       Plus tard, quand les premiers croyants se trouveront à leur tour en face d'un semblable complot des puissances du mal, c'est sur la base de ce même passage du Psaume 2 qu'ils adresseront à Dieu leur prière (Actes 4 :23-31) et recevront immédiatement le gage de son approbation. Le lieu où ils étaient assemblés trembla, ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et il y eut d’autres résultats triomphants.
                    Un témoignage du même genre, et tout aussi efficace, est rendu à Antioche de Pisidie (Actes 13 :33). Dans une prédication qui était également basée sur ce verset du Psaume 2, et qui cherchait manifestement à souligner cette divine prédiction de la résurrection.
                    Plus tard encore, c'est sur la base de ce même passage qu'est affirmée, dans Hébreux 2 :5-15, la supériorité de Christ, comme Fils, sur les anges et toutes les autres formes d'autorité. Nous verrons plus tard qu'il s'agit là de la domination universelle de ceux qui seront en Christ, ainsi que du détrônement final du « seigneur de la mort.» (Hébreux 2 :5-15).
                   Nous avons dit ces choses simplement pour mettre en lumière l'importance que Dieu Lui-même attache à cette vérité, et à quel point Dieu est jaloux qu’un témoignage soit rendu à la résurrection de Christ. Nous sommes maintenant à même de fixer notre attention sur un des principes fondamentaux de l'expérience chrétienne, tel qu'il ressort de la révélation divine.
                    Nous devons remarquer que ce qui a son origine en Dieu, ce qui vient de Dieu, ce qui doit son existence à un acte surnaturel de Dieu, est appelé à passer par la mort, afin de recevoir, par sa résurrection, le sceau suprême de l'acceptation et de la bénédiction divines ?
                    L’Ancien Testament contient beaucoup de figures de cette vérité. Pensez, par exemple, à Isaac. Isaac vient au monde par un miracle. Aucune explication naturelle ne peut rendre compte de sa naissance (voir Romains 4 :19). Pourtant, il doit mourir. Il était comme mort au moment où le couteau fut levé. Mais c’est de la résurrection dont nous devons nous souvenir dans cette histoire. Mais ce que Dieu a voulu mettre en lumière dans cette histoire et plus particulièrement la foi d'Abraham, qui est la source de sa justification.
                    Il y a là, évidemment, une figure de Christ. Comme nous l'avons fait remarquer précédemment, bien que Christ soit un miracle par sa naissance, bien qu'Il soit vraiment le Fils de Dieu venu en chair, il faut la mort pour ouvrir le chemin, par la résurrection, à un témoignage vraiment superlatif de la part de Dieu.
                    Sans chercher d'autres illustrations scripturaires de ce principe — c'est une étude que vous pouvez poursuivre vous-mêmes, — prenons note de l'application qu'il peut avoir dans notre vie personnelle. Nous sommes nés de Dieu. Dans le Fils, nous aussi sommes fils de plein droit, en raison de notre naissance d'En-Haut. Et pourtant, comme c'est vrai : tout le cours de notre expérience spirituelle n'est, au fond, qu'une succession de baptêmes toujours plus profonds dans la mort, — Sa mort — de façon à ce que la puissance de sa résurrection nous devienne toujours plus familière, et soit manifestée en nous toujours davantage. Il semble y avoir comme des marées, une alternance de mort et de vie ; alors que, du côté de la mort, chaque cycle d'expériences semble devoir consommer notre perte plus sûrement que jamais et nous laisser au plus bas de tout, la contrepartie ne tarde pas à se manifester également ; et c'est une plénitude de vie, une marée spirituelle, qui apporte avec elle toutes sortes de ressources insoupçonnées, des connaissances et de capacités spirituelles. Ainsi, alors que la mort détruit « le vieil homme », nous vivons de plus en plus par cette vie, « le nouvel homme » qui n'est pas humaine mais divine. C’est un processus que Dieu choisit pour nous.
                     Ceci s’applique également dans le service de Dieu. Dieu suscite, de temps à autre, une œuvre particulière, qu'Il destine à l'accomplissement d'un certain ministère en rapport avec son plan éternel. N'avez-vous pas remarqué, dans l'histoire du peuple de Dieu, que la plupart de ces œuvres, sinon la totalité, après avoir eu toutes les preuves possibles d'une initiative de Dieu et de son approbation, ont dû traverser plus tard une période de mort, qui ressemble à une désintégration jusqu’à ce qu’il ne semble rien resté ? Ce fut parfois les persécutions, les massacres, ces conseils du mal dont nous avons parlé tout à l'heure. Ou bien, ce fut une série déconcertante de ce que nous appelons humainement des catastrophes, des tragédies, des infortunes diverses. Parfois, les causes sont indiscernables. C'est un mal qui s'insinue et travaille du dedans, sapant les organes les plus vitaux. Parfois encore, c'est un amoncèlement inexplicable de difficultés qui provoque un arrêt complet ; tout se trouve immobilisé, paralysé, et il est difficile de savoir s'il faut en chercher la cause au dedans ou au dehors. Tout ce que nous savons, c'est que la mort règne — en apparence tout au moins. Étudiez l'histoire de telle grande entreprise missionnaire ou de tel mouvement que Dieu a suscité plus près de nous, et vous verrez à quel point ce principe est exact et trouve sa vérification dans nombre d'exemples concrets.
                    Ce qui est vrai pour les œuvres de grande envergure est vrai aussi sur le plan plus modeste d'un groupement local, d'une école du dimanche, ou de n’importe quelle forme d'activité chrétienne. On ne saurait conclure, d'une telle expérience, que la bénédiction de Dieu est absente, — pourvu, naturellement, que l'initiative vienne de Lui, que ce soit Lui qui nous ait appelé, et que l'action se soit toujours maintenue conforme à la pensée et au plan divin. A cette réserve près, il peut, au contraire, y avoir, dans cette expérience-là, une preuve que Dieu cherche à conduire cette œuvre dans des eaux toujours plus profondes, simplement pour pouvoir l'amener là où son sceau, par la résurrection, acquiert le plus de prix.
                    Ce même principe s’applique, en ce qui concerne l’appropriation de vérités. Il arrive que Dieu nous révèle une vérité très importante, qu'Il destine à faire fructifier dans nos vies et dans notre service. Elle se présente à nous avec toute la puissance d'une révélation et pendant un temps, nous sommes rayonnants de joie à cause de toute la lumière qu'elle apporte. Puis, il se passe quelque chose, peu importe ce que c’est ; le fait est que nous sommes emmenés dans la mort à cause d’une vérité. Pour un temps elle semble avoir perdu sa vertu. Le temps passe, et finalement nous devons abandonner tout espoir de retrouver ce qui nous était si précieux. Nous nous demandons si nous n’allons jamais pouvoir sincèrement croire de nouveau à cette vérité et l’annoncer. Puis, par un toucher de vie divine qui nous laisse comme ceux qui font un rêve (Psaume 126), et en dépit de toutes nos craintes passées, cette vérité-même revient au premier plan de notre vie et de notre enseignement, et cela, avec une solennité et une réalité que nous n'avions pas connues auparavant. Bien plus, le ministère de cette vérité, chose que nous n'avions jamais vue à ce degré-là, devient, pour les autres, une véritable dynamique. Et ainsi, dans toute cette affaire, il se trouve que Dieu retire plus de profit du fait de la résurrection qu'Il n'a pu en retirer du fait de la naissance. Il y a là une grande part de mystère, mais ce n'en est pas moins un fait, et l’expérience est là pour l'établir.
                    Ce principe trouve encore son application dans d'autres domaines. Comme par exemple celui de nos relations. Combien souvent n'avons-nous pas fait cette expérience déconcertante. Des liens, très profonds peut-être, nous unissent à quelque frère dans la foi. Puis, pour une raison quelconque, souvent sans aucune raison apparente, survient une période de tension, extrêmement douloureuse. Les bases de notre communion fraternelle se mettent à chanceler et l’unité d'esprit qui faisait notre joie n'est bientôt plus qu'un souvenir. C'est peut-être une crise spirituelle qui a exercé ses effets sur un seul des deux intéressés ; un appel à entrer dans l’œuvre de Dieu ; un besoin unilatéral de marcher plus étroitement avec le Seigneur ; quelque épreuve de foi, ou une question de principe brusquement surgie et mettant en cause les fondements-mêmes de nos relations avec Dieu. Quelle qu'en soit la cause, visible ou invisible, le fait est là, et ce n'est pas une expérience qui soit tellement rare. Il en résulte une perte de la communion que nous avions. Il semble parfois que tout est perdu et qu’une telle communion ne puisse être rétablie.
                      Période critique entre toutes, qui voit se poser bien des questions, à cause de la contradiction apparente entre deux notions du devoir. L'idée que nous nous faisons des exigences de Dieu est incompréhensible aux autres, qui estiment que leur point de vue représente le chemin du devoir sous sa forme la plus évidente et la plus élémentaire. C’est une épreuve difficile et amère pour l’âme. Mais si nous demeurons fidèles au Seigneur malgré l’abattement et la faiblesse, un rétablissement s’opère. La communion est rétablie mais de nature différente : « et quant à ce que tu sèmes, tu ne sèmes pas le corps qui sera », 1 Corinthiens 15 :37 ; c’est identique tout en étant différent. Tout se passe maintenant sur un plan entièrement différent et plus élevé. Tout est plus pur, plus saint, plus fort, plus profond, et promet d'être beaucoup plus fécond spirituellement. Succinctement, une bonne part de ce qui était humain a disparu pendant cette période de mort, et par la résurrection, quelque chose de divin a vu le jour. Les éléments qui étaient simplement temporels et naturels ont été supplantés par les éléments éternels et spirituels.
                    Ayant exposé et illustré le fait, et ayant établi une loi immuable, nous devons dire quelques mots sur la nature de la résurrection.
                    Qu'est-ce que la résurrection ? C'est le pouvoir d’avoir l’ascendant sur la mort. Quelle est la caractéristique première de la résurrection ? C'est une vie qui ne sait pas ce qu'est la mort, qui ne peut pas la connaître ; une vie indestructible. Ainsi en est-il de la nature de la résurrection qui nous occupe ici. Il y a une résurrection qui n'est que la réanimation du corps pour un certain temps, ou pour un jugement. Cette résurrection-là ne rentre pas dans notre présent sujet. La résurrection dont nous parlons, c'est la résurrection de Christ, et notre incorporation à cette résurrection.
                    Par notre nouvelle naissance, notre naissance d'en-haut, nous devenons participants à la vie de Dieu (2 Pierre 1 :4). Ce que les Écritures appellent la « vie éternelle » appartient exclusivement à ceux qui sont nés de nouveau. Aucun homme ne la possède par nature.
                    Or, tout le cours de notre expérience spirituelle, si elle est authentique, a pour but l’accroissement de cette vie, son développement. Et ce développement s'opère essentiellement comme nous l’avons vu, par une succession des agissements de Dieu en nous, par lesquels nous passons comme par des cycles de mort et de résurrection.
                    Quel est l’objectif suprême de Dieu pour ses enfants ? Son objectif sans l’ombre d'un doute est de les amener à ne vivre que de Sa vie à Lui. Quand les saints seront enlevés pour qu'ils ne voient pas la mort (Hébreux 11 :5) et quand éclatera ce glorieux cri de victoire sur la mort et le sépulcre dont parle l’apôtre (1 Corinthiens 15 :54-55), ce ne sera pas simplement le résultat d'un acte externe de la puissance de Dieu, comme si elle n'opérait que du dehors, mais ce sera le triomphe de la vie de résurrection au dedans du corps de Christ.
 
                    Au moment de la nouvelle naissance, c'est la vie de résurrection de Christ qui a été reçue en réponse à la foi. Depuis lors, cette vie de résurrection n'a cesse de prendre dans notre vie, un ascendant toujours plus grand, et l’enlèvement n'est autre que l’expression finale, la consommation de ce processus de croissance.
                    C’est une vérité extrêmement importante à saisir car elle explique tout. Pourquoi faut-il que dans le domaine de notre vie naturelle, nous connaissions la faiblesse, l’impuissance, ce sentiment de ne plus rien valoir, cette impression de néant quant à nous-mêmes ? Il n'y a aucun doute que ce ne soit précisément pour que sa puissance s'accomplisse — ou plus littéralement : devienne parfaite — dans la faiblesse (2 Corinthiens 12 :9). Et qu'est-ce donc que sa puissance ? « L’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ en le ressuscitant d’entre les morts .» (Éphésiens 1 :19-20). C'est une puissance de résurrection ; c'est une vie de résurrection. Plus le croyant devient spirituel, plus il réalise que tout dépend de la vie de Dieu. Il en est ainsi pour la vie physique aussi bien que dans n'importe quel autre domaine.
                    Le principe fondamental de la «guérison par la foi» qui est vraiment de Dieu, a sa raison d'être dans le but spirituel que Dieu cherche à atteindre (Romains 8 :11). C’est une vivification de notre corps mortel par la vie de résurrection. Il ne s'ensuit pas nécessairement et dans tous les cas une guérison physique complète. Ce qui en résulte, c'est un renouveau de vie tel que la faiblesse cesse de faire obstacle à l’accomplissement de notre tâche. Autrement dit, cela signifie que la pleine exécution de la volonté de Dieu, dans notre vie ou dans notre ministère, n'est plus mise en échec du fait de la maladie ou de l’infirmité. C’est une ascendance de la vie divine dans notre esprit, et nous sommes rendus capables de faire infiniment plus qu'il ne nous eut été possible si nous avions été réduits à nos seules ressources humaines et naturelles. C’est une vie sur laquelle il est impossible à la chair de mettre la main pour l’exploiter à des fins personnelles.
                     D'autre part — pour peu que Dieu nous ait conduits dans une vie de foi — aussitôt qu'on se laisse entrainer à nouveau sur le plan inférieur des ressources naturelles, on ne trouve qu'une recrudescence de mort. Un domaine caractérisé par la vie de Dieu est toujours un lieu de renouveau pour celui qui est spirituel ; c’est là où il se ressource, se fortifie et se rafraichit.
                   Si Énoch est un symbole des croyants qui seront enlevés pour qu'ils ne voient pas la mort, alors souvenons-nous que c'est « par la foi qu'Énoch fut enlevé », (Hébreux 11 :5). De quelle foi s'agit-il ici ? II s'agit de cette foi qui nous rend pour toutes choses dépendants de la vie divine, et constitue de ce fait un témoignage permanent à la résurrection de Christ. C'est pourquoi, au fur et à mesure que la venue du Seigneur s'approche, force nous sera de vivre exclusivement de Sa vie, la vie grâce à laquelle Jésus a triomphé de la mort, (Colossiens 2 :15). C'est dans cette vie et nulle part ailleurs, qu'il faut chercher l'explication des triomphes du peuple de Dieu, à toutes les époques de son histoire. Une étude attentive de l’Ancien Testament montre bien que c'était la foi en la vie de résurrection que Dieu finissait toujours par honorer. « Afin d'obtenir une meilleure résurrection » (Hébreux 11 :35), tel était la motivation qui les rendait victorieux jusque dans la mort, et mettait par conséquent sous leurs pieds, impuissante, l’autorité même de la mort.
                       Cet ascendant spirituel, qui est si caractéristique des croyants de l’assemblée primitive, s'explique simplement par le fait qu'il y avait, dans leur esprit, une vie qui ne pouvait pas connaitre la mort, la vie de Celui « qui ne meurt plus ; la mort ne domine plus sur Lui » (Romains 6 :9), car « lequel Dieu a ressuscité, ayant délié les douleurs de la mort, puisqu'il n'était pas possible qu'il fût retenu par elle. », Actes 2 :24.
                    Or, il est important de reconnaitre que la mort n'est pas seulement une loi, ou un principe. Elle est cela, sans doute, mais les Écritures soulignent constamment le fait que, derrière la chose, il y a une personne. De même qu'en nous donnant la vie éternelle, c'est le Seigneur Lui-même qui se donne à nous, — Il a dit, en effet : « Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11 :25) et c'est « Christ en vous » Colossiens 1 :27) qui est « L’espérance de la gloire », — de même, derrière la mort, il y a « celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable » (Hébreux 2 :14) ; le « seigneur de la mort », comme traduit la version anglaise de Conybeare.
                    Jusqu'à l’ère chrétienne, la sortie d'Égypte fut, pour la piété israélite, l'illustration par excellence du déploiement de la souveraine puissance de Dieu. Or, les deux parties qui sont aux prises en Égypte, ne sont pas Jéhovah d'un côté et le Pharaon et son peuple de l'autre. Pharaon et les Égyptiens ne sont qu'impliqués dans la bataille, et s'ils sont, pour finir, anéantis, c'est simplement parce que, en face de la révélation de Dieu et des manifestations de sa puissance, ils persistèrent dans la rébellion. Mais le véritable engagement était entre Jéhovah et « tous les dieux de l’Égypte » (Exode 12 :12). Ces dieux n'étaient autres que la hiérarchie spirituelle de celui qui s'est, de tout temps, proposé comme objectif l’égalité avec Dieu, Satan, qui avait assumé le rôle de « prince de ce monde » (Jean 14 :30). Si nous cherchons à comprendre le vrai caractère de cette histoire, nous nous rendrons très clairement compte qu'il s'agit bien d'un conflit entre le Seigneur de la vie et le seigneur de la mort. Les Hébreux ne furent délivrés du royaume des ténèbres et de l’autorité de la mort que parce qu'un agneau avait eu son sang versé, d'une manière représentative, et avait, par sa mort, anéanti celui qui avait la puissance de la mort. C’est la base de l’œuvre de Christ à la croix.
                    Á la croix, Christ prit sur Lui toute la hiérarchie des puissances du mal. Il se laissa vaincre par elles et entrainer comme une victime jusque dans les abimes les plus profonds de leur sinistre domaine.
                    Puis, en raison de cette vie qui ne pouvait être retenue par les liens de la mort, Il se défit de ces principautés et de ces puissances, se fraya un chemin victorieux et fut leur conquérant. Par sa résurrection, Il est « au-dessus de toute domination et de toute autorité » (Éphésiens 1 :21) — « le Premier-né d'entre les morts » (Colossiens 1 :18), le Premier en même temps que le représentant de tous ceux qui sont appelés à s'identifier avec Lui. Nous nous rendons compte maintenant que le triomphe de son Corps, pour finir, sera la consommation de Apocalypse 12 :11, une victoire sur le système satanique et toute sa puissance, en raison de la vie du Seigneur ressuscité dont, le Corps est précisément animé.
                     S'il est vrai que ce n'est là que l’aboutissement de quelque chose de progressif, l’étape ou nous sommes maintenant est celle qui voit la puissance de Satan, en tant que « prince de ce monde », brisée par la vie de Christ, au fur et à mesure que celle-ci se développe en nous. En d'autres termes, la puissance de Satan ne peut être détruite en nous que dans la mesure où, par la mort, nous apprenons à connaitre le Seigneur dans la puissance de sa résurrection, parce que nous recevons constamment de nouveaux apports de sa vie de résurrection.
                    Soulignons, en guise de conclusion, qu'après sa résurrection, le Seigneur cessa d'être soumis aux limitations matérielles, à cause de la nature particulière de la résurrection. Le temps et l'espace sont incapables désormais de Lui imposer leur sujétion.
                     Il y a là un principe permanent, qui trouve son application en nous, maintenant. Si notre vie ancre ses racines dans la vie de résurrection, si c'est là qu'elle puise sa sève, nous sommes des enfants de l’univers et de l’éternité. La prière nous met en contact avec les extrémités de la terre. Ce que nous sommes et ce que nous faisons a un sens universel et une éternelle portée. Les limitations disparaissent.
                    Ainsi donc, bien-aimés de Dieu, notre vie naturelle n'est plus un critère. Que nous soyons forts, que nous soyons faibles, il n'importe. Qu'il s'agisse de force intellectuelle, ou morale, ou sociale, ou physique, habituelle ou occasionnelle, nos ressources naturelles n'ont aucun rapport avec la fécondité de notre vie spirituelle. Notre faiblesse ne créé pas pour nous un état d'infériorité dans les choses de Dieu. C'est de sa vie que nous sommes appelés à vivre. C'est sur la base de ses ressources à Lui que nous sommes appelés à servir. C'est le seul chemin, mais c'est un chemin sûr, pour arriver à la puissance féconde.
                    Tachons donc de ne pas perdre de vue ce principe essentiel : par toutes ces épreuves qui nous paraissent à première vue, destructrices de notre personnalité, le plan de Dieu est simplement de nous élever à un niveau spirituel, où les lois qui opèrent surpassent infiniment toutes les lois naturelles.
              Enfin, un dernier point : nous devons veiller à utiliser sans ménagement tous les moyens propres à développer et à fortifier cette vie-là. Dans ce domaine, un discernement clair du « Corps de Christ » a une valeur inappréciable. Nous avons affaire là avec une vie qui est celle de tout le Corps, c'est-à-dire à un organisme corporatif qui forme un tout. Un membre individuel ne peut posséder cette vie qu'en rapport avec l'ensemble. Nous avons traité ce sujet ailleurs, mais c'est sur cette pensée que nous devons clore, parce que c'est de notre incorporation à Christ dont nous nous occupons ici : Christ, dans sa plénitude, en tant que Tête, mais pas uniquement en tant que Tête mais « d’un seul Corps ». Ce qui est vrai de la Tête doit être vrai des membres. Ce qui est vrai du Cep doit être vrai des sarments. Ce qui est vrai du dernier Adam doit être vrai de tous les membres de sa descendance.
                    « – identifiés avec Lui dans la ressemblance de sa résurrection », dit l’apôtre (Romains 6 :5) ; et il prie pour qu'en ce qui le concerne la chose devienne toujours plus vraie : « ...pour le connaitre Lui et la puissance de sa résurrection... » (Philippiens 3 :10).
                     C'est là véritablement la prière de l’Esprit Saint dans un serviteur de Christ qui recherche l’accomplissement en lui de cette grande vérité de Jean 5 :21, 25-26: — « L'heure vient, et elle est maintenant ».
à suivre...

T.A.S.

samedi 29 octobre 2016

EN CHRIST par T. Austin-Sparks Chapitre 2

Dans la ressemblance de sa mort

                     On a souvent fait remarquer que la mort de Christ, avait, et a encore, un double aspect. Premièrement, l'aspect substitutif qui est unique, isolé, complet, et définitif. Personne n'y peut rien ajouter, et personne ne peut contribuer en quoi que ce soit à son efficacité rédemptrice et propitiatoire. Nous en recevons le bénéfice par la foi, en pur don, et nous sommes ainsi justifiés.

                     Mais il y a un second aspect, qui est représentatif. C'est ici que nous avons notre place. Nous-mêmes, dans notre nature adamique déchue, sommes inclus dans cette mort. L'aspect substitutif tranche la question de notre péché, l'aspect représentatif tranche la question de notre personne. Bien que ces deux questions soient, l'une et l'autre, en rapport vital avec notre salut, la seconde — celle de notre personne — pourra rester assez longtemps à l'arrière-plan de notre vie spirituelle ; ce n'est que lorsque nous en viendrons à réaliser ce que c'est que de vivre la vie de Christ et d'entrer expérimentalement dans le «dessein éternel », que Dieu mettra l'accent sur ce coté-là de l'œuvre de la croix.

                      Ce second aspect de la croix se trouve souligné partout dans l'Ancien Testament, soit dans les types, soit dans l'enseignement général. Il est indispensable qu'Abraham soit séparé de son « pays » (le monde), de sa « famille » (les relations naturelles) et de la « maison de son père » (le vieil homme). Un auteur chrétien a fait remarquer que la vie d'Abraham tout entière est une illustration de ce principe de mort, dans son application à toutes sortes de domaines de la vie naturelle. Il fait un premier pas en sortant du pays des Chaldéens, mais à Charan, et jusqu'à la mort de son père, sa marche en avant est arrêtée. Le vieil homme ne peut pas être introduit au-delà du Jourdain, c'est-à-dire au-delà de la croix. Les « lieux célestes » sont inaccessibles à la vie naturelle. L'auteur dont nous parlons fait ressortir la signification spirituelle qui s'attache aux différentes relations qu'Abraham a entretenues et aux nombreux incidents de sa vie, en soulignant leur caractère charnel, ainsi que les difficultés, les retards, les tragédies mêmes qui en ont résulté. Il montre enfin comment tous ces éléments doivent, pour finir, être retranchés et abandonnés. En voici quelques-uns :

- L'Égypte : représente le domaine des sens. L'Égypte représente une tentative pour trouver des forces spirituelles grâce à quelque circonstance tangible, apparente, à notre portée.

- Lot : représente « la droiture et l'intégrité de l'homme naturel ». La pensée naturelle et la pensée spirituelle semblent, tout d'abord, tellement unies qu'il est difficile de distinguer entre elles. La différence entre la manière de penser de l’homme spirituel et la manière de penser de l’homme naturel, si intègre soit-il, est facilement discernable dans tout le cours des relations entre Abraham et Lot. Ce n'est qu'après que Lot se fut séparé de lui que Dieu dit à Abraham : — Lève les yeux maintenant...

- Les Cananéens : représentent les fausses religions qui ont une certaine spiritualité, mais qui sont toutes sataniques. Elles ont souvent des manifestations visibles, accompagnées de signes et de prodiges, mais démoniaques.

- Agar et Ismaël : ils représentent ce qui est accommodant et complaisant. Ce sont les moyens employés pour atteindre des fins spirituelles par des moyens naturels. C’est parvenir à des résultats, mais par le biais de l'effort personnel, grâce aux ressources de la chair, et sur le terrain du naturel.
On peut suivre ce principe dans de nombreux autres détails de sa vie, mais nous nous limitons simplement à en montrer le principe. Pour pouvoir entrer dans les conditions de l'alliance éternelle et bénéficier de cette divine fécondité, il faut qu'Abraham soit un homme de l'esprit, un homme spirituel, et cela, sur une base de la foi.

                    Il en est de même pour Moïse. Il doit connaitre, lui aussi, la discipline qui le préparera à son œuvre. Un des passages les plus extraordinaires et — pour beaucoup de lecteurs — les plus obscurs des Écritures, est cette déclaration dans Exode 4 :24 : «L'Éternel vint contre lui et chercha à le faire mourir », et cela après que Moïse eut reçu de Dieu vision et mission.

                   Nous savons par le texte que cet incident est en rapport avec le signe de l'alliance, la circoncision ; mais nous ne devons pas oublier que la circoncision symbolise justement ce dépouillement de tout le corps de la chair, et que ceci se rapporte à notre identification avec Christ dans sa mort (Colossiens 2 :11-12). Quarante ans auparavant, Moïse avait essayé de mettre les ressources de sa vie naturelle au service du peuple de Dieu. Il n'avait réussi, c'était inévitable, qu’à produire un échec et un temps d’arrêt dans le déroulement du propos de Dieu ; sans faire avancer d'un pas la cause qu'il prétendait défendre. Pendant quarante ans, un principe de mort dut se frayer un chemin dans sa personne, jusqu'à ce qu'enfin la perspective du service de Dieu lui arrachât ce cri du cœur : — Je ne puis pas !

                    Délibérément, Dieu avait tout mis en œuvre pour réduire son instrument à rien. Mais il fallait que la vérité fondamentale, qui était sous-jacente, s’exprime sous la forme concrète d'un témoignage extérieur dument reconnu. Le fait spirituel devait revêtir une expression claire et nette, il fallait une ordonnance, une prescription. Mais l’ordonnance en elle-même n'est rien. Elle n'a de valeur que dans la mesure où la réalité spirituelle qu'elle représente est sincèrement reconnue et confessée. Telle était, en Israël, la circoncision, l'ablation sanglante, image de la séparation entre l'homme naturel et l'homme spirituel, entre le vieil homme et le nouvel homme. Ceci explique ce passage d’Exode. La progression de Moïse est soudainement arrêtée. Dans un bouleversement considérable, il dut se résoudre à admettre et à démontrer le principe d’abaissement et de la fin de la chair.

                    Nous pouvons être certains que, si nous essayons d'introduire l’homme naturel, l'incirconcision de la chair, dans le domaine de la vie spirituelle et du service de Dieu, nous serons brisés. Tôt ou tard, l’homme naturel doit faire la dure expérience que la croix représente pour lui un jugement.

                    Ainsi, nous voyons que cette vérité de l'incorporation à Christ dans sa mort représentative se trouve être, dans l'Ancien Testament, à la base même de l’expérience des serviteurs de Dieu. Nous pourrions en suivre le principe à travers toutes les Écritures. Qu'est-ce que l'histoire d'Israël, sinon un long commentaire sur ce sujet ? La Mer Rouge est la mort substitutive, et le désert est une révélation de la nécessité du Jourdain, c'est-à-dire de la mort représentative, de l'identification avec Christ dans sa mort.

                    L'œuvre substitutive de Christ, avec les bénédictions qu'elle nous procure et toutes les satisfactions de la justification par la foi, doit nous conduire plus loin. Si notre vie spirituelle reste pure et se développe, nous ne tarderons pas à nous rendre compte à quel point est profonde la séparation entre l'ancienne création et la nouvelle. Il y a un abîme entre l’homme naturel et l'homme spirituel. Nous ne le réalisons que progressivement, par étapes successives. Mais Dieu voit la chose d'En-Haut, comme une affaire déjà réglée. L'homme naturel et l'homme spirituel ne s’imbriquent pas l'un dans l'autre ; il n'y a, sur aucun point, ni fusion ni superposition. Pour Dieu, ils sont aux antipodes l'un de l'autre. Dans sa pensée, le rapprochement ou la réunion des deux s’apparente à la fornication spirituelle, et les fruits qui en résultent, soit dans la vie personnelle, soit dans le service chrétien, ne trouveront jamais grâce à ses yeux.

                    Son plan, pour nous, est de nous rendre la chose toujours plus claire ; et bien qu'il puisse nous sembler y avoir entre ces deux ordres de choses des mélanges ou des entrelacements, Dieu nous montrera, avec un discernement croissant, qu'entre l'un et l'autre, il y a la croix.

                    Nous avons cité plus haut de nombreux passages des Écritures qui établissent les différences fondamentales qui existent entre ces deux modes d'existence, le naturel et le spirituel. Être un « chrétien », ce n'est pas simplement modifier la direction de nos intérêts. Ce n'est pas orienter nos facultés, nos énergies, nos ressources, nos enthousiasmes, qui étaient, jusque-là, au service du monde ou de nous-mêmes, vers la foi chrétienne, l’évangile, le royaume de Dieu.

                    Dans le domaine des choses de Dieu et de la vie divine, Dieu a prononcé sur l'homme naturel ce double verdict, que les Écritures reproduisent ou reflètent en chacune de ses pages : « ...rien » (Jean 6 :63) et « ...il ne peut pas. » (Rom 8 :7). Ne pas discerner le sens de ces mots, c'est être voué à la stérilité et au désespoir de Romains 7. Une lutte intense n'aboutissant à rien, tel sera immanquablement le résultat, pour peu qu'il y ait de réels besoins spirituels. Du reste, que ces besoins existent ou non, si la notion du service pour Dieu consiste simplement en une réorientation de l'homme naturel vers le « service chrétien », ce service-là n'atteindra jamais l'objectif véritable que Dieu lui a assigné, et restera toujours spirituellement stérile. Nulle chair ne saurait se glorifier en la présence de Dieu, et la chair religieuse n'est pas plus agréable à ses yeux que l'irréligieuse.

                    Que de personnes bien intentionnées s'efforçant d’atteindre un niveau spirituel satisfaisant, ou se donnant courageusement à l'œuvre de Dieu, mais avec les ressources naturelles de leur intelligence, de leur volonté, de leurs sentiments, de leurs raisonnements, de leurs enthousiasmes, défaillent à l’accomplissement de la volonté de Dieu! C’est ce qui explique toutes les organisations, agencements et autres propagandes humaines qui sont employés afin de combler les manquements spirituels.

                    Seul l’homme nouveau peut être agréé par Dieu. Cet homme nouveau a une vie nouvelle, une manière de penser nouvelle, un esprit nouveau, des voies nouvelles, des capacités nouvelles, une conscience des choses nouvelle. En fait, « toutes choses sont devenues nouvelles ». Cet homme nouveau réalisera de plus en plus à quel point la manière divine de faire les choses est différente de la manière humaine ; et à quel point les choses elles-mêmes que Dieu fait sont différentes. Les objectifs de Dieu, les méthodes de Dieu, les moyens employés par Dieu, l'heure de Dieu, représentent, pour cet homme en Christ, toute une éducation, et souvent toute une discipline. Jusqu'à ce que le « vieil homme » soit vraiment crucifié, les voies de Dieu, ses méthodes, son moment, son véritable but sont, pour l'homme nouveau, une épreuve pénible. Soit il se révoltera purement et simplement, et s'égarera dans son propre chemin, ou bien il acceptera de descendre dans les profondeurs des agissements de Dieu dans sa vie. Il devra en venir à comprendre que, dans l'intention de Dieu, lui, l'homme naturel, doit aller à la croix, car c'est là que Dieu l'a placé une fois pour toutes en la personne représentative de l'Homme Jésus — le Christ (1 Corinthiens 1 :30). L'homme naturel touchant aux choses de l'Esprit ne rencontre que mort et désolation. De là vient la nécessité pour le Seigneur, dans sa grâce, de prendre des précautions contre cette vie naturelle chez les siens. Il désire les conduire à un tel point d’affaiblissement que leurs capacités naturelles soient réduites à l’inaction. Il place une écharde dans la chair de Paul, comme précaution contre les sursauts de sa vie naturelle, afin qu’il n’y ait pas d’interruption mais plutôt un accroissement de son utilité spirituelle.

                     Nous avons une connaissance bien imparfaite de nos inclinations naturelles. Nos mobiles, la nature de nos désirs, — même quand il s'agit de bénédictions spirituelles, — les intérêts personnels que nous avons dans le royaume de Dieu, la soif de posséder, d'être satisfaits, d'avoir de l'influence, le désir d'être indépendant, ou considéré ; toutes ces choses, et beaucoup d'autres, sont des éléments constitutifs de notre nature. Dieu seul sait à quel point toutes les sources et expressions de notre vie sont infectées et tronquées. Loin de Lui la pensée de nous voir nous livrer à une introspection maladive et à nous lamenter sur notre état. Ce qu'Il cherche à obtenir de nous, c'est que nous ayons la même appréciation que Lui quant à « l'homme naturel » et que nous acceptions les exigences divines relatives à sa crucifixion. Quand, par la foi en son jugement et en sa parole, nous acceptons ainsi la croix, II entreprend Lui-même d’accomplir et d’effectuer cette mort en nous, et nous aurons la réalisation grandissante, que c'est bien de cela dont nous avons besoin. Nous refusons alors d’agir en dehors de l’Esprit sur la base de cette vérité: « J'ai été crucifié avec Christ... ce n'est plus moi ».

                    De même que, dans l'onction symbolique de l'Ancien Testament, l'huile de l'onction sainte ne devait pas venir sur la chair de l’homme, de même, dans cette économie de l'Esprit, Dieu ne permettra jamais que l’Esprit Saint vienne sur la chair. D'abord, la croix. Dans l'histoire aussi bien que dans l’expérience personnelle, la croix précède la Pentecôte. Aux yeux de Dieu, l’homme naturel est foncièrement incapable et indigne de faire quoi que ce soit pour Lui. Une révélation personnelle de cet état de fait a toujours été un prélude nécessaire à l'onction pour le service. Le Je ne peux pas ! de Moïse, le Malheur à moi ! d'Ésaïe, le Je ne suis qu'un enfant ! de Jérémie, le Je suis un homme pécheur ! de Pierre, le ce qui est bon n’habite pas en moi de Paul, sont des exemples typiques de l'attitude à laquelle furent amenés les grands appelés de Dieu. Ces expressions résultent tout simplement d'une application, dans leur vie personnelle, du vrai sens de la croix. Pourtant, dans le domaine de leur vie naturelle, ils étaient des enthousiastes de la religion, dévoués à la cause de Dieu. C'est toujours l'amour de Dieu qui nous conduit sur le chemin de la croix, quelle que soit l’amertume de la coupe qu'il faille boire quand « l’âme » (et non l'esprit) est vidée jusqu'à la mort ; car ce n'est que par ce chemin que notre vie peut se libérer des limitations de la nature pour entrer dans les possibilités universelles et infinies de l'Esprit.

                    Relisons les Écritures en gardant cette pensée devant nous. Quand nous verrons que vraiment sa mort est notre mort, disons :

Amen !

Et demandons ensuite :

Seigneur, réalise cela dans ma vie !
Nous pourrons alors, avec vérité, emprunter le langage de Paul : « ...connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort. » (Philippiens 3 :10).

à suivre...

T..A.S.

jeudi 27 octobre 2016

EN CHRIST par T. Austin-Sparks chapitre 1

Une Expression Fondamentale : « En Christ »

                 Aucune phrase, aucune expression ne se rencontre dans le Nouveau Testament plus souvent que cette petite locution « en Christ ». Elle se présente sous des formes diverses, du fait de la traduction, suivant les prépositions qui sont employées, par exemple « par Christ » ou « avec Christ ». Quelquefois elle apparait sous une forme différente, même dans l'original. C'est ainsi qu'on aura : « en Christ Jésus », ou « en Lui », ou telle autre forme équivalente. Mais, dans les quelques deux cents passages où cette expression apparait, le principe est le même. Dans tout le domaine de la foi chrétienne, il n'y a rien qui soit plus expressif, mais il n'y a rien non plus qui soit plus mal compris et dont la valeur soit plus méconnue.

                  Dans une déclaration qui est le couronnement de tout ce qu'on peut dire et penser de la question, les Écritures nous apprennent que Dieu a réuni et rassemblé toutes choses « en Christ », et qu'en dehors de Lui, il n'existe rien qui puisse prétendre à une place quelconque dans son dessein éternel. Tout ce qui se rapporte à ce dessein éternel — les déroulements, les méthodes, les ressources, aussi bien que le temps et même l'éternité — sont christocentriques :

La création est en Christ.
La vie est en Christ.
La «gloire de sa grâce » est en Christ, (Éphésiens 1 :6).
La justice est en Christ.
La sanctification est en Christ.
L'espérance est en Christ.
Les bénédictions spirituelles sont en Christ.
La consolation est en Christ.
La paix est en Christ.
La prière efficace est seulement en Christ.
La force et les richesses sont en Christ.
Le dessein éternel est en Christ.
La nouvelle création est en Christ.
Les promesses sont en Christ.
C'est en Christ seulement qu'il n'y a plus de condamnation.
C'est en Christ qu'il y a un seul Corps.
La persévérance est en Christ.
La récapitulation de toutes choses est en Christ.
Les liens dans l'affliction sont en Christ.
La réponse au « qui nous séparera ?... » est en Christ.
C'est en Christ que l'homme est « devenu parfait ».
La collaboration dans le ministère est en Christ, (Romains 16 :9).
Il y a les assemblées qui sont en Christ.
Il y a les morts en Christ.
C'est en Christ qu'il y a un seul homme nouveau.
C'est en Christ que nous avons tout pleinement.

                  Le contexte de cette expression nous conduit jusque dans le passé éternel, et nous fait parcourir tous les siècles, jusque dans l'éternité future.

C'est en Christ, avant la fondation du monde, que Dieu nous a élus (Éphésiens 1:4 ; 1 Pierre 5 :13).

                    A travers le temps et par la croix, ce fait éternel et céleste devient une réalité littérale et une expérience personnelle. La Parole de Dieu exprime la chose en des termes qui, d'une part, représentent toute une face particulière de la vérité, et d'autre part, marquent la progression dans la vie spirituelle ; le principe est toujours le même.

« ...Identifiés avec Lui dans la ressemblance de sa mort. » (Romains 6 :5).
« ...Vivifiés ensemble avec Lui. » (Éphésiens 2 :5).
« ...Ressuscités ensemble dans le Christ Jésus. » (Éphésiens 2 :6).
« ...Assis ensemble… dans le Christ Jésus. » (Éphésiens 2 :6).
« ...Réunir en un. » (Éphésiens 1:10).
« ...Parfaitement unis. » (1 Corinthiens 1:10).
«...Tout l’édifice bien ajusté ensemble… dans le Seigneur. » (Éphésiens 2 :21).
« ...Étant unis ensemble. » (Colossiens 2 :2).
« ...Édifiés » (Éphésiens 2 :20).
« ...que nous vivions ensemble avec Lui. » (1 Thessaloniciens 5 :10).
« ...Travaillant à cette même œuvre (avec Lui). » (2 Corinthiens 6 :1).
« ...Combattant ensemble d'une même âme. » (Philippiens 1 :27).
« ...Assemblés en son Nom. » (Matthieu 18 :20).

                     A la fin de cette économie, quand tout ce qui précède aura eu son accomplissement, nous atteindrons le point culminant en étant « enlevés tous ensemble avec Lui. » (1 Thessaloniciens 4 :17). L'éternité enfin pointe à l'horizon, et nous voyons, dans Romains 8 :17, que nous sommes « glorifiés avec Lui ».

                    Nous nous souvenons de la déclaration de Paul : « En Adam — en Christ », expression qui est, en réalité, non pas de Paul, mais de « l'Esprit de vérité » ; de l'Esprit de Dieu. C'est, d'une part, l'ordre de choses qui nous rattache par nature à Adam et à l'ancienne création ; d'autre part, un ordre de choses nouveau et distinct, qui est la conséquence de notre incorporation à Christ.

«EN ADAM »

« Dieu lui insuffla un souffle de vie. » (Genèse 2 :7).
« Le premier Adam, une âme vivante. » (1 Corinthiens 15 :45).
« Le jour où tu mangeras, certainement tu mourras. » (Genèse 2 :17).
« Tous meurent en Adam. » (1 Corinthiens 15 :22).
« La loi du péché et de la mort. » (Romains 8 :2).
« Il n’est que chair. » (Genèse 6 :3).
« Moi… vendu au péché. » (Romains 7 :14).
« Le vieil homme qui se corrompt. » (Éphésiens 4 :22).
« L'homme naturel...l’affection de la chair» (1 Corinthiens 2 :14 ; Romains 8 :6)
« Dans ma chair... rien de bon. » (Romains 7 :18).
« De la chair... la corruption. » (Galates 6 :8).
« Ce qui est né de la chair est chair. » (Jean 3 :6).
« La fin de ces choses, c'est la mort. » (Romains 6 :21).

«EN CHRIST »

«Il souffla en eux, et leur dit : Recevez l’Esprit Saint.» (Jean 20 :22).
«Le dernier Adam... un esprit vivifiant. » (1 Corinthiens 15 :45).
«Nouveauté de vie. » (Romains 6 :4).
«Tous revivront en Christ. » (1 Corinthiens 15 :22).
«La loi de l’Esprit de Vie. » (Romains 8 :2).
«Non pas selon la chair, mais selon l’Esprit. » (Romains 8 :4).
«Par l’Esprit » est la vie victorieuse. (Romains 8).
«L'homme nouveau, créé dans la justice et la sainteté. » (Éphésiens 4 :24).
«L'homme nouveau. » (Colossiens 3 :10).
«Nouveauté d'Esprit. » (Romains 7 :6).
« ... par la conformité à sa résurrection. » (Romains 6 :5).
« ... ont crucifié la chair. » (Galates 5 :24).
«Notre vieil homme a été crucifié. » (Romains 6 :6).

                    Toutes ces expressions, qui ne sont que de simples citations des Écritures, mettent en lumière le fait que Dieu a établi une séparation absolue entre les deux ordres de choses ; ils s'excluent l’un l’autre. Un examen attentif de ces passages nous aidera en outre à reconnaitre cet autre fait capital : c'est qu'aucun homme ne peut vivre la vie chrétienne. Il n’y en a qu’Un qui puisse vivre cette vie-là, c'est Christ Lui-même. Notre incorporation doit être une expérience si réelle que ce soit Lui, en définitive, qui vive sa vie par nous, membres de son Corps, de telle sorte que les paroles bien connues se vérifient pour nous : «Pour moi, vivre, c'est Christ. » Quand le forgeron a mis un fer dans le brasier, c'est à la fois le feu qui est dans le fer et le fer qui est dans le feu. Il en est de même pour nous, nous devons réaliser premièrement la position qui nous a été réservée à la croix, avant que Christ puisse manifester sa vie à travers nous.

Christ Doit Être Manifesté à Travers les Croyants

                    Il est très important de reconnaître une vérité sur laquelle Christ a placé une importance considérable, c'est que, en fait, Il n'a jamais eu l’intention d’être hors de ce monde à nouveau après y être entré une fois afin d’en faire son héritage légitime. Il est venu pour le racheter, pour y affirmer sa souveraineté, aussi bien que pour initier, continuer et achever de le ramener effectivement sous sa souveraineté. Tout cela doit se faire par sa propre présence, par sa manifestation sous quelque forme que ce soit. S'Il a beaucoup parlé de son départ, de son retour auprès du Père, Il s'est exprimé avec non moins de clarté quand Il a dit par exemple : «Voici, moi je suis avec vous tous les jours avec vous jusqu'à la consommation du siècle» ; (ou « jusqu'à la fin de cette économie ») (Matthieu 28 :20). Plus tard, parlant de «ce mystère caché de tout temps et dans tous les âges » (Colossiens 1 :26), Paul dira que sa grande caractéristique c'est «Christ en vous, l’espérance de la gloire » (verset 27).

                    La présence physique de Christ dans le monde avait un double but. Dans un avenir assez rapproché, — à la Pentecôte — Il allait manifester sa présence au milieu des siens d'une façon permanente et définitive, il s'agissait donc premièrement d'expliquer à ses disciples quelles seraient, après les jours de sa chair, la nature, les méthodes et les ressources de sa présence permanente au milieu des siens, aussi bien que les lois qui régleraient leurs rapports avec Lui. Il importait aussi qu'ils comprissent la raison d'être de cette divine présence et la puissance qu'elle représenterait pour eux.

                     La présence physique personnelle de Christ dans le monde a été tout d'abord pour manifester la nature, la méthode, les moyens, les lois, le but et la puissance de sa présence permanente au-delà des jours de sa chair, et d'autre part pour rendre cela possible et effectif par l’œuvre de sa Croix.

                    Celui qui était venu de Dieu fait voir la nécessité d'être « de l'Esprit » si la volonté de Dieu doit être faite sur la terre comme elle est faite dans les cieux. Il montre en même temps quelle est la nature de cette nouvelle naissance. D'autre part, au seuil-même de son ministère, Il place la croix sous la forme imagée du baptême. A partir de ce moment-là, toutes ses paroles et tous ses actes s'éclairent de la lumière de la croix et jaillissent de sa puissance. L'enseignement de Christ ne sera efficace et les œuvres faites en son Nom ne seront durables que si c'est la croix qui en est le fondement. Essayer de propager « la doctrine de Jésus » ou d'accomplir ses œuvres en méconnaissant tout ce que ce fondement de la croix représentait pour Lui, c'est travailler en vain ; jamais le Père n'agréera de tels efforts.

                    Nous aurons à reprendre cette pensée plus tard. Qu'il nous suffise maintenant de comprendre ceci, c'est que, ayant, par sa présence personnelle et physique, posé les bases de son œuvre à venir et montré quelle en serait la nature, Jésus a, par la croix, accompli quelque chose qui a permis aux hommes d'atteindre le même plan sur lequel Il était Lui-même et de se mouvoir dans le même domaine. Il a ensuite échangé sa présence individuelle et séparée contre une présence corporative et universelle. C'est ainsi qu'a vu le jour « l'Église qui est son corps », instrument permanent de son incarnation universelle. C'est la seule sorte d'Église qu'Il reconnait : ceux qui sont attachés au Seigneur et un seul esprit avec Lui. La nature de cette union fera également l'objet de nos considérations ultérieures. Le terme « corps » employé ici n'est pas une simple métaphore. Les membres de son corps sont, pour Christ, exactement ce que nos corps physiques sont pour nous-mêmes : des moyens d'action, ou d’expression, des organes servant à la manifestation extérieure de notre personnalité. Cette vérité-là jette un jour tout nouveau sur bien des choses et va nous permettre de les apprécier à leur vraie valeur. Elle établit d'emblée des différences fondamentales et va jusqu'à la racine de notre vie et de notre service. Les expressions si courantes « travailler pour le Seigneur » — « prier le Seigneur », représentent des formes de ministère qui sont, en apparence, très communes. En réalité, leur rendement est gouverné par une loi beaucoup plus profonde. Il ne faut pas croire qu'il suffise d'entrer dans l'œuvre de Dieu, d’accomplir ses plans, d'établir son programme, d'organiser son temps, de mettre sur pied une entreprise chrétienne pour que, nécessairement, le sceau et la bénédiction de Dieu viennent couronner nos efforts. Prier comme bon nous semble, fut-ce avec une ferveur qui nous arrache des larmes est loin de suffire pour nous assurer la réponse divine. Faute de réaliser cela, des quantités de personnes en sont venues à désespérer de tout, parce qu'elles ne reçoivent aucune réponse à leurs prières, ou voient leurs labeurs les plus assidus demeurer stériles.

                    En révélant les lois qui gouvernaient sa propre vie et qui en expliquaient l’efficacité, le Maître a attribué une importance considérable au fait que ses paroles et ses œuvres n'étaient pas de Lui-même, mais du Père ; c'est le Père qui parlait, c'est le Père qui faisait les œuvres. Une étude approfondie de l'évangile selon Jean ne laisse subsister aucun doute à cet égard. Jésus dit : «Le Fils ne peut rien faire de Lui-même, II ne fait que ce qu'Il voit faire au Père. » Cette connaissance se rapporte aussi bien à la chose à faire qu'à la manière de la faire, et au moment où il fallait la faire. Car le quand et le comment ont autant d'importance que la chose elle-même. Jésus a établi très clairement que, s'il pouvait en être ainsi pour Lui, c'était parce qu'Il demeurait dans le Père. C'est pour cela qu'en pensant à l’avenir de son œuvre, Il pria que ses disciples demeurassent en Lui.

                    A la base d'une existence féconde, d'un ministère béni, d'une vie de prière efficace, on trouve toujours cette loi : notre union avec Christ doit être telle que nous ne ferons rien d'autre que ce qu'Il fait, Lui, — mais que nous le ferons sans y manquer. Nous devons, dans notre esprit, savoir ce que Christ fait. Comment Il le fait, quels sont les moyens qu'Il emploie, et quel est son moment à Lui pour cela. De plus, nos prières doivent être les prières du Seigneur Lui-même, formulées en nous et par nous par le Saint-Esprit. Il ressort très clairement des Écritures que c'est sur cette base que se mouvait les assemblées des temps apostoliques. Nous ne pourrons y atteindre nous-mêmes que si nous acceptons de passer au crible, même au prix de remettre entièrement en cause, tout ce qui prétend se faire au nom de Jésus. Ensuite, il s'agira pour nous de ne plus rien entreprendre du tout, tant que la pensée du Seigneur ne se sera pas fait connaitre. Le résultat, alors, manifestera un rendement de cent pour cent, avec des fruits qui ne périront jamais. Pour l'exécution des plans de Dieu dans cette économie il y a un seul organe, un seul Corps, avec un seul Chef, une seule Tête : Christ. Il appartient à chaque membre de réaliser, d'une façon toujours plus complète, la vraie portée de son incorporation à Christ, le vrai sens de cette identité de nature.

                     Il nous est dit expressément, dans la Parole de Dieu, de «revêtir l'homme nouveau », et il nous est dit que cet «homme nouveau », c'est Christ. Ce n'est là qu'une manière différente d'exprimer la grande vérité dont nous nous occupons, «en Christ ». Vérité qui porte avec elle toute une révélation en ce qui concerne les ressources pratiques qui entrent en jeu.

                     Christ est notre rédemption, «Il a été fait pour nous... rédemption. » (1 Corinthiens 1:30 ; Romains 3:24 ; Éphésiens 1:7 ; Colossiens 1:14). Christ est notre justice, (1 Corinthiens 1 :30; Éphésiens 4 :24; Philippiens 3 :9). Christ est notre sanctification, (1 Corinthiens 1 :2, 30). Christ est notre foi, (Marc 11 :22 – litt. : «Ayez la foi de Dieu ») ; Actes 26 :18 ; Galates 2 :20 litt. : « – dans la foi du Fils de Dieu » ; Éphésiens 1 :15 ; Philippiens 3 :9 ; Colossiens 1 :4).

                    On peut faire la même observation pour beaucoup d'autres éléments essentiels de la vie chrétienne : L'amour, l'espérance, la sagesse, la pensée (ou plus exactement la « manière de penser »), la puissance, l'autorité, la gloire. Ceux qui désirent voir la chose de plus près examineront avec profit les références dans les différentes traductions, ou, mieux encore, l’original, pour ceux qui le peuvent. Le fait essentiel auquel nous voulons en venir, c'est que, dans toutes ces choses, pour peu que certaines conditions soient réunies, nos ressources humaines se révéleront absolument insuffisantes et devront fatalement être abandonnées. Mais nous avons en Christ un moyen nouveau capable de nous rendre vainqueurs, de nous faire triompher sur tous les points. Qu'il survienne, par exemple, un temps d'adversité, notre foi ne résistera pas longtemps aux assauts de l’épreuve et à la constante pression de toutes sortes de choses. Tandis que, si nous vivons « par la foi du Fils de Dieu », le résultat sera tout autre. Des pierres de touche de toutes sortes manifesteront au grand jour si nous vivons par sa foi devenue nôtre, ou s'il y a un point faible dans notre union avec Lui. Il en est de même dans tous les autres domaines. Quelle bénédiction de réaliser que nous avons « EN CHRIST » toute une réserve de vertus et de grâces à notre disposition et parfaitement aptes à nous sauver de notre médiocrité ! C'est à cela que l'apôtre fait allusion quand il nous exhorte à « nous dépouiller du vieil homme, et à revêtir l’homme nouveau, qui est créé à l'image de Dieu ».

QUELQUES PRÉPOSITIONS SIGNIFICATIVES

                    Nous avons, jusqu'ici, été guidés, à travers notre sujet, par trois petites prépositions grecques : ek = hors de, en dehors de ; en = en, dans ; et sun = avec, ensemble. En fait, cette grande vérité de notre union corporative avec Christ tourne tout entière autour de ces trois prépositions. Ce sont elles qui en expriment la nature, et qui représentent les lois fondamentales d'une vie spirituelle vraiment féconde. Peut-être ferions-nous bien de les examiner de plus près avant d'aller plus loin. Christ a prononcé certaines paroles et accompli certains actes qui étaient tout à fait caractéristiques de sa mission comme «Fils de l'Homme ». Mais Il a pris grand soin d'écarter de l'esprit de ses disciples la pensée que ces paroles et ces actes fussent de son propre fonds. Il a formellement répudié toute suggestion qu'il put en être ainsi.

1. Ek

Quant à sa personne, Il affirme à plusieurs reprises : « Je suis venu de Dieu. » (Jean 7 :29 ; 8 :42 ; 17 :8 etc.).

Quant à son apostolat (Hébreux 3 :1) ; Il se dit « envoyé de Dieu » (Gr.Apostello) : Jean 3 :17, 34 ; 5 :36 ; 6 :29, 57 ; 7 :29 ; 8 :42 ; 10 :36; 11 :42; 17 :3, 8, 18, 21, 23, 25 ; 20 :21).

Quant à sa vision : «Le Fils ne fait que ce qu'Il voit faire au Père. » (Jean 5 :19).

Quant à ses œuvres : «Les œuvres de mon Père. » (Jean 5 :36, 37 ; 9 :3, 4 ; 10 :25, 32, 37 ; 14 :10).

Quant à ses paroles : «Je ne parle pas de moi-même. » (Jean 8 :28, 38; 12 :49; 14 :10; 17 :8, 14).

Quant au Royaume : «Mon Royaume n'est pas de ce monde. » (ek, hors de, dans le sens de l'origine, la provenance). (Jean 18 :36).

Qu'il en soit de même pour tout le reste, c'est ce qu'atteste Jean 17 :7: «Maintenant, ils ont connu que toutes choses viennent de Toi... »

                     Le principe fondamental, ainsi mis en lumière par cette déclaration générale, c'est que seul ce qui vient de Dieu est reconnu par Dieu, accomplit le dessein de Dieu, atteint l'objectif divin, et finalement, retourne à Dieu. Ce qui suppose donc qu'il y a d'autres sources que Dieu. Par opposition aux déclarations qui précèdent, au sujet de ce qui vient de Dieu, le Maître a prononcé des paroles comme celles-ci :

                    1. « Vous êtes de (ek, exprimant l'origine) votre père le Diable. » — «Vous faites les œuvres de votre père. » (Jean 8 :41, 44).

                    2. «Pas de moi-même. » (Jean 8 :28). Cette parole, naturellement, ne se rapporte pas à Jésus en tant que Fils de Dieu, mais en tant que représentant de l’homme, envoyé par Dieu «dans une chair semblable à celle du péché ». Sa divinité est hors de cause ici. C'est là justement que porta l'effort constant de l'ennemi : tâcher de l'amener à agir « selon la chair », comme agirait un homme. S'il avait réussi à Lui faire violer le principe de sa dépendance de Dieu, il aurait pu avoir raison de Lui. Mais Jésus a toujours refusé d'agir sur le principe de la chair. Il ressort donc clairement, et les Écritures tout entières s'accordent sur ce point — que le produit de la chair ne peut pas trouver grâce devant Dieu, même quand il se manifeste sous des formes religieuses, et par l'organe d'entreprises « chrétiennes ».

                    3. Enfin, il y a « le monde », dont il est constamment question dans le même sens. Une bonne part de ce qu'il produit est rejetée de Dieu et livrée au jugement. Voyez l'expression « du monde » (indiquant l'origine) dans le chapitre 17 de Jean, et poursuivez cet examen dans les épitres de Jean. Un rapprochement avec l'enseignement de Pierre et de Paul vous montrera assez clairement ce qu'il faut penser du monde et de ce qui vient de lui.

                    Nous sommes donc amenés peu à peu à constater qu'une signification toute spéciale s'attache à «ce qui vient de Dieu ». Il y a là un ordre de choses absolument étranger à la terre.

                    Or, ce qui est vrai de Christ doit avoir sa contrepartie chez tous ceux que Dieu reconnaît pour siens, ou qu'Il emploie, à quelque titre que ce soit, à l'accomplissement de son dessein éternel.
Ils doivent :

1. Êtres nés de Dieu.
2. Être envoyés de Dieu.
3. Avoir reçu de Dieu (révélation spirituelle et vision).
4. Dire les paroles de Dieu.
5. Faire les œuvres de Dieu, et celles-là seulement.
6. Chercher premièrement le Royaume qui est de Dieu.
7. Être bien sûrs qu'en ce qui les concerne «toutes choses sont de Dieu. » (2 Corinthiens 5 :18).

                      Telle était la base sur laquelle les apôtres travaillaient. L’Esprit Saint était venu pour rendre tout cela, non seulement possible, mais réel et actuel. Il ne faut pas chercher ailleurs l'explication du succès de leurs œuvres et de leur témoignage. Ils savaient ce que c'était que d'être «baptisés par un seul Esprit pour former un seul Corps ». C'est Christ qui est la Tête de ce Corps, de sorte qu'en réalité, la Tête souveraine ne fait que poursuivre Son œuvre par le moyen des membres qu'Il s'est ainsi incorporés. Ces premiers chrétiens étaient tous solidaires les uns des autres dans leur activité ; ils n'avaient pas de plans personnels ; toutes ces organisations, ces entreprises, ces initiatives qui, même lorsqu'elles sont « pour Christ » ou « pour le Royaume de Dieu », ou « en son Nom », ne sont, après tout, que le fruit de la pensée de l’homme ou de son raisonnement, ou de son enthousiasme, ils les ignoraient, car, pour eux, tout devait venir directement de la Tête, par une révélation de l'Esprit.

2. En

                    La seconde préposition fait ressortir qu'il en était bien ainsi dans le cas de Christ Lui-même, et qu'il doit de même en être ainsi pour nous. Pour Christ, « en » (en ou dans), représentait une position spirituelle dans laquelle Il demeurait constamment. Cette position spirituelle est sous-entendue dans un grand nombre de passages, tels que les suivants :

« Le Fils unique qui est dans le sein du Père. » (– non pas : « qui était »), (Jean 1 :18).
«Je suis dans le Père. », (Jean 14 :10).
«Je vis par le Père. », (Jean 6 :57).

                    Il faut reconnaître naturellement que cette relation était l'œuvre de l’Esprit Saint. Depuis le moment où l’Esprit Saint descendit sur Christ au Jourdain, chacun de ses pas fut gouverné par l'Esprit. Même à la Croix, c'est « par l'Esprit éternel » qu'il s'offrira en sacrifice. Il demeurait en Dieu, et comme homme, dans son humanité, c'est par l'Esprit que cette attitude était maintenue. Il était, bien entendu, à la merci de tentations, de suggestions, de provocations, d'émotions sans nombre ; comme nous, Il était exposé à des réactions personnelles impliquant des possibilités néfastes et pouvant conduire à l’emploi de méthodes et de ressources purement humaines ; comme nous, Il était soumis aux multiples activités de son intelligence, de son âme, de son corps. Mais son attitude constante fut de maintenir toutes ces choses sous le gouvernement de l'Esprit de Dieu, en se gardant bien de les prendre comme des bases ou des directives de sa conduite. Jamais Il ne se serait fié à ces éléments, pas plus qu'à un homme, du reste, à moins qu'Il n'eut le témoignage de l'Esprit que la chose vint de Dieu. C'est grâce à cette attitude qu'Il s'épargna les échecs, les désappointements, la confusion et le désordre qui s'ensuivent immanquablement aussitôt que « l'homme naturel » (litt. « L’homme de l'âme », par opposition à «l'homme de l'esprit », l'homme spirituel) cherche à s'immiscer dans le monde spirituel. Ainsi, ayant été oint de l’Esprit Saint, Il demeura en Dieu et refusa d'abandonner cette position. C’est ce qui est primordial quant à la plénitude de vie et quant à l’efficacité du service de Dieu.

                   Nous avons exposé le principe général représenté par l'expression « en Christ »,mais nous devons souligner cette contrepartie essentielle que nous trouvons dans la vie de Christ. Comme le Père est, pour ainsi dire, la Tête du Fils, de même le Fils est la Tête du Corps, - l'Église. De même que Lui demeurait dans le Père, ainsi, déclare-t-il, nous devons demeurer en Lui.

3. Sun

                    Nous ne pouvons pas dans ce court exposé traiter de tous les aspects de cette préposition. Elle concerne particulièrement le caractère corporatif du Corps de Christ. Son importance est immense, mais nous sommes obligés de nous limiter à quelques brefs aspects. Nous notons simplement que son utilisation démontre que dans la pensée de Dieu, ceux qui sont « nés d’en haut » ne sont pas autant d’individus séparés et isolés mais qu’ils sont effectivement liés les uns aux autres comme étant membres d’un seul Corps. Ils sont « ensembles », associés les uns aux autres, liés à Christ qui est la Tête du Corps et ainsi nous sommes considérés par Dieu comme associés à l’œuvre rédemptrice de son Fils. Les paroles du psalmiste nous parlent de ce mystère : « Mes os ne t'ont point été cachés lorsque j'ai été fait dans le secret, façonné comme une broderie dans les lieux bas de la terre. Tes yeux ont vu ma substance informe, et dans ton livre mes membres étaient tous écrits; de jour en jour ils se formaient, lorsqu'il n'y en avait encore aucun. », Psaume 139 :15-16. Le développement pratique de cette vérité est exposé à travers tout le Nouveau Testament.

                     L’aspect général de l’expression « en Christ » a été présenté, mais nous devons souligner le caractère corporatif de la vie de Christ. Comme que le Père est la Tête du Fils, ainsi le Fils est la Tête du Corps ; comme Il demeurait dans le Père, nous devons aussi demeurer en Christ. Nous devons nous garder d’agir de façon naturelle, ou de nous laisser influencer par les choses extérieures ; à moins que nous ne les ayons jugées par l’esprit. Ceci s’applique tout particulièrement aux choses spirituelles, car c’est dans ces choses que nous risquons de commettre les plus grandes erreurs. Nos réactions aux sentiments naturels, à notre raison ou encore à notre volonté, à toutes sortes de suggestions, peuvent nous conduire à prendre les mauvaises décisions. Le danger de l’évangélisation, de l’enseignement, et des diverses missions est cette tendance à faire appel aux émotions et à offrir des bénédictions spirituelles, au lieu de mettre en avant les impératifs de Christ et des apôtres.

                    Nombre de décisions ont été prises dans ces conditions, ceci a pour effet une efficacité médiocre lorsque des circonstances difficiles surgissent ; ceci prouve qu’il ne s’agissait pas d’une œuvre de l’Esprit Saint.

                    Nous vivons à une époque où nous entendons parler très souvent de « service chrétien », où il existe un grand nombre d’organisations, de campagnes diverses, d’annonces en tout genre ; beaucoup de temps, d’argent, d’énergie et de moyens variés au nom de la foi chrétienne. Mais comparativement les résultats sont médiocres, et l’ampleur de tous ces moyens utilisés demeure inefficace. La question principale, que chacun devrait se poser, est celle de la source de toute cette activité. Combien de ces actions sont issues de Dieu par la révélation de l’Esprit Saint ? De combien de ces œuvres il peut être affirmé qu’elles sont le résultat de l’initiative de l’Esprit de Dieu ? Est-ce que « l’Esprit Saint dit », « il a semblé bon au Saint Esprit » ? A contrario combien de ce travail est la conséquence de discussions, de planifications, d’impulsions, d’enthousiasme, d’imagination, de philanthropie, d’intérêt pour de bonnes causes ? A la mesure que nous nous identifions en tant que Corps avec Christ, l’œuvre de Dieu sera accomplie d’autant. Beaucoup de choses semblent être des réussites et laissent un sentiment d’un devoir accompli, mais lorsque « le feu » aura fait son œuvre alors il restera que peu de choses qui auront vraiment compté pour Dieu. Cette vérité demeure : « la chair ne profite de rien », nous sommes souvent trompés par les apparences. Ce n’est pas ce qui est fait pour Dieu qui demeurera, mais ce qui est fait par Lui. Notre appel est de demeurer en Christ et de vivre par l’Esprit ; toutes les autres choses découleront de ces positions. Il ne peut y avoir de vie en Christ avant que nous ne demeurions en Lui.

à suivre....

T.A.S.