Une
Résurrection Semblable à la Sienne (Romains 6 :5)
« Car nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l'amour de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle.» (2 Corinthiens 4 :11)
Il
est possible qu’au cours des pages qui suivent, la résurrection
soit mentionnée dans son sens général, car elle touche parfois à
notre sujet ; mais la pensée qui va gouverner notre étude, c'est la
signification spirituelle que revêt la résurrection dans la
vie présente de l'enfant de Dieu. Nous devons bien comprendre que ce
n'est pas de la résurrection future de nos corps dont nous avons
l'intention de parler.
Le
sujet est si vaste qu'il se prête à des développements presque
infinis. Mais nous allons limiter notre attention strictement à
l'essentiel, considérant uniquement le côté pratique de cette
grande vérité. Si, pour illustrer notre pensée, nous faisons
intervenir des exemples bibliques d'une portée plus étendue, c'est
simplement pour rendre les choses plus claires et souligner par une
illustration ce qui nous parait plus important. Ce dont le peuple de
Dieu a besoin, nous le sentons bien, ce n'est pas d'un traité
complet épuisant le sujet, mais d'une base précise, fournissant des
éléments aussi concrets que possible à l'étude personnelle et à
la prière. Le temps est court, les devoirs sont nombreux et
pressants, les problèmes aigus, et dans le domaine de la vie
chrétienne et du service de Dieu, le « don de secourir » n'est pas
une chose courante. Il est donc essentiel que nous nous limitions à
souligner quelques principes fondamentaux. Ils ne constitueront
peut-être pour nous que des poteaux indicateurs, mais le chemin
qu'ils montrent est celui d’une vie fructueuse et de la victoire
spirituelle.
D'emblée,
une chose retient notre attention, c'est la place considérable que
la Parole de Dieu donne à ce sujet de la résurrection. Du
commencement à la fin de la révélation divine, nous rencontrons le
principe de la résurrection, soit latent, soit clairement exposé,
dépendamment de notre degré de discernement.
Il
ne fait aucun doute que la résurrection de Jésus-Christ d'entre les
morts, a un caractère représentatif et universel, parallèlement au
fait historique et objectif. C'est si vrai que depuis la « chute »
ce qui est vraiment de Dieu a toujours puisé dans la résurrection
de Christ un renouveau de vie, et acquis par elle une valeur inconnue
jusque-là.
Notons
la divine attestation de sa qualité de Fils (Romains 1 :4) au moment
de la résurrection. Ni sa naissance à Bethléem, ni sa mort à la
croix ne sont l’occasion d'une pareille déclaration du ciel. La
chose n'en était pas moins vraie, nous le savons, mais c'est pour le
jour de la résurrection que la déclaration formelle a été
réservée. « …déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon
l'Esprit de sainteté, par la résurrection des morts»
Le
Psaume 2 déjà nous fait prévoir ce qui va se passer, le complot
des puissances du mal contre l'Oint du Seigneur, puis l'exécution de
ce complot : Il est mis à mort. Dans l'avenir lointain c'est
l'héritage des nations qui est en jeu. Mais dans l'avenir immédiat,
dans la résurrection, ce qui est en jeu, c'est un décret (Psaume 2
:7) : « Tu es mon Fils; aujourd'hui, je t'ai engendré. » Le
« premier-né d'entre les morts », représentant de tous les
autres, apparait ici avec une filiation, une qualité de Fils d'une
nature toute spéciale et nouvelle.
Plus
tard, quand les premiers croyants se trouveront à leur tour en face
d'un semblable complot des puissances du mal, c'est sur la base de ce
même passage du Psaume 2 qu'ils adresseront à Dieu leur prière
(Actes 4 :23-31) et recevront immédiatement le gage de son
approbation. Le lieu où ils étaient assemblés trembla, ils furent
tous remplis du Saint-Esprit, et il y eut d’autres résultats
triomphants.
Un
témoignage du même genre, et tout aussi efficace, est rendu à
Antioche de Pisidie (Actes 13 :33). Dans une prédication qui était
également basée sur ce verset du Psaume 2, et qui cherchait
manifestement à souligner cette divine prédiction de la
résurrection.
Plus
tard encore, c'est sur la base de ce même passage qu'est affirmée,
dans Hébreux 2 :5-15, la supériorité de Christ, comme Fils, sur
les anges et toutes les autres formes d'autorité. Nous verrons plus
tard qu'il s'agit là de la domination universelle de ceux qui seront
en Christ, ainsi que du détrônement final du « seigneur de la
mort.» (Hébreux 2 :5-15).
Nous
avons dit ces choses simplement pour mettre en lumière l'importance
que Dieu Lui-même attache à cette vérité, et à quel point Dieu
est jaloux qu’un témoignage soit rendu à la résurrection de
Christ. Nous sommes maintenant à même de fixer notre attention sur
un des principes fondamentaux de l'expérience chrétienne, tel qu'il
ressort de la révélation divine.
Nous
devons remarquer que ce qui a son origine en Dieu, ce qui vient de
Dieu, ce qui doit son existence à un acte surnaturel de Dieu, est
appelé à passer par la mort, afin de recevoir, par sa résurrection,
le sceau suprême de l'acceptation et de la bénédiction divines ?
L’Ancien
Testament contient beaucoup de figures de cette vérité. Pensez, par
exemple, à Isaac. Isaac vient au monde par un miracle. Aucune
explication naturelle ne peut rendre compte de sa naissance (voir
Romains 4 :19). Pourtant, il doit mourir. Il était comme mort au
moment où le couteau fut levé. Mais c’est de la résurrection
dont nous devons nous souvenir dans cette histoire. Mais ce que Dieu
a voulu mettre en lumière dans cette histoire et plus
particulièrement la foi d'Abraham, qui est la source de sa
justification.
Il
y a là, évidemment, une figure de Christ. Comme nous l'avons fait
remarquer précédemment, bien que Christ soit un miracle par sa
naissance, bien qu'Il soit vraiment le Fils de Dieu venu en chair, il
faut la mort pour ouvrir le chemin, par la résurrection, à un
témoignage vraiment superlatif de la part de Dieu.
Sans
chercher d'autres illustrations scripturaires de ce principe —
c'est une étude que vous pouvez poursuivre vous-mêmes, — prenons
note de l'application qu'il peut avoir dans notre vie personnelle.
Nous sommes nés de Dieu. Dans le Fils, nous aussi sommes fils de
plein droit, en raison de notre naissance d'En-Haut. Et pourtant,
comme c'est vrai : tout le cours de notre expérience spirituelle
n'est, au fond, qu'une succession de baptêmes toujours plus profonds
dans la mort, — Sa mort — de façon à ce que la puissance de sa
résurrection nous devienne toujours plus familière, et soit
manifestée en nous toujours davantage. Il semble y avoir comme des
marées, une alternance de mort et de vie ; alors que, du côté de
la mort, chaque cycle d'expériences semble devoir consommer notre
perte plus sûrement que jamais et nous laisser au plus bas de tout,
la contrepartie ne tarde pas à se manifester également ; et c'est
une plénitude de vie, une marée spirituelle, qui apporte avec elle
toutes sortes de ressources insoupçonnées, des connaissances et de
capacités spirituelles. Ainsi, alors que la mort détruit « le
vieil homme », nous vivons de plus en plus par cette vie, « le
nouvel homme » qui n'est pas humaine mais divine. C’est un
processus que Dieu choisit pour nous.
Ceci
s’applique également dans le service de Dieu. Dieu suscite, de
temps à autre, une œuvre particulière, qu'Il destine à
l'accomplissement d'un certain ministère en rapport avec son plan
éternel. N'avez-vous pas remarqué, dans l'histoire du peuple de
Dieu, que la plupart de ces œuvres, sinon la totalité, après avoir
eu toutes les preuves possibles d'une initiative de Dieu et de son
approbation, ont dû traverser plus tard une période de mort, qui
ressemble à une désintégration jusqu’à ce qu’il ne semble
rien resté ? Ce fut parfois les persécutions, les massacres, ces
conseils du mal dont nous avons parlé tout à l'heure. Ou bien, ce
fut une série déconcertante de ce que nous appelons humainement des
catastrophes, des tragédies, des infortunes diverses. Parfois, les
causes sont indiscernables. C'est un mal qui s'insinue et travaille
du dedans, sapant les organes les plus vitaux. Parfois encore, c'est
un amoncèlement inexplicable de difficultés qui provoque un arrêt
complet ; tout se trouve immobilisé, paralysé, et il est difficile
de savoir s'il faut en chercher la cause au dedans ou au dehors. Tout
ce que nous savons, c'est que la mort règne — en apparence tout au
moins. Étudiez l'histoire de telle grande entreprise missionnaire ou
de tel mouvement que Dieu a suscité plus près de nous, et vous
verrez à quel point ce principe est exact et trouve sa vérification
dans nombre d'exemples concrets.
Ce
qui est vrai pour les œuvres de grande envergure est vrai aussi sur
le plan plus modeste d'un groupement local, d'une école du dimanche,
ou de n’importe quelle forme d'activité chrétienne. On ne saurait
conclure, d'une telle expérience, que la bénédiction de Dieu est
absente, — pourvu, naturellement, que l'initiative vienne de Lui,
que ce soit Lui qui nous ait appelé, et que l'action se soit
toujours maintenue conforme à la pensée et au plan divin. A cette
réserve près, il peut, au contraire, y avoir, dans cette
expérience-là, une preuve que Dieu cherche à conduire cette œuvre
dans des eaux toujours plus profondes, simplement pour pouvoir
l'amener là où son sceau, par la résurrection, acquiert le plus de
prix.
Ce
même principe s’applique, en ce qui concerne l’appropriation de
vérités. Il arrive que Dieu nous révèle une vérité très
importante, qu'Il destine à faire fructifier dans nos vies et dans
notre service. Elle se présente à nous avec toute la puissance
d'une révélation et pendant un temps, nous sommes rayonnants de
joie à cause de toute la lumière qu'elle apporte. Puis, il se passe
quelque chose, peu importe ce que c’est ; le fait est que nous
sommes emmenés dans la mort à cause d’une vérité. Pour un temps
elle semble avoir perdu sa vertu. Le temps passe, et finalement nous
devons abandonner tout espoir de retrouver ce qui nous était si
précieux. Nous nous demandons si nous n’allons jamais pouvoir
sincèrement croire de nouveau à cette vérité et l’annoncer.
Puis, par un toucher de vie divine qui nous laisse comme ceux qui
font un rêve (Psaume 126), et en dépit de toutes nos craintes
passées, cette vérité-même revient au premier plan de notre vie
et de notre enseignement, et cela, avec une solennité et une réalité
que nous n'avions pas connues auparavant. Bien plus, le ministère de
cette vérité, chose que nous n'avions jamais vue à ce degré-là,
devient, pour les autres, une véritable dynamique. Et ainsi, dans
toute cette affaire, il se trouve que Dieu retire plus de profit du
fait de la résurrection qu'Il n'a pu en retirer du fait de la
naissance. Il y a là une grande part de mystère, mais ce n'en est
pas moins un fait, et l’expérience est là pour l'établir.
Ce
principe trouve encore son application dans d'autres domaines. Comme
par exemple celui de nos relations. Combien souvent n'avons-nous pas
fait cette expérience déconcertante. Des liens, très profonds
peut-être, nous unissent à quelque frère dans la foi. Puis, pour
une raison quelconque, souvent sans aucune raison apparente, survient
une période de tension, extrêmement douloureuse. Les bases de notre
communion fraternelle se mettent à chanceler et l’unité d'esprit
qui faisait notre joie n'est bientôt plus qu'un souvenir. C'est
peut-être une crise spirituelle qui a exercé ses effets sur un seul
des deux intéressés ; un appel à entrer dans l’œuvre de Dieu ;
un besoin unilatéral de marcher plus étroitement avec le Seigneur ;
quelque épreuve de foi, ou une question de principe brusquement
surgie et mettant en cause les fondements-mêmes de nos relations
avec Dieu. Quelle qu'en soit la cause, visible ou invisible, le fait
est là, et ce n'est pas une expérience qui soit tellement rare. Il
en résulte une perte de la communion que nous avions. Il semble
parfois que tout est perdu et qu’une telle communion ne puisse être
rétablie.
Période
critique entre toutes, qui voit se poser bien des questions, à cause
de la contradiction apparente entre deux notions du devoir. L'idée
que nous nous faisons des exigences de Dieu est incompréhensible aux
autres, qui estiment que leur point de vue représente le chemin du
devoir sous sa forme la plus évidente et la plus élémentaire.
C’est une épreuve difficile et amère pour l’âme. Mais si nous
demeurons fidèles au Seigneur malgré l’abattement et la
faiblesse, un rétablissement s’opère. La communion est rétablie
mais de nature différente : « et quant à ce que tu sèmes, tu
ne sèmes pas le corps qui sera », 1 Corinthiens 15 :37 ; c’est
identique tout en étant différent. Tout se passe maintenant sur un
plan entièrement différent et plus élevé. Tout est plus pur, plus
saint, plus fort, plus profond, et promet d'être beaucoup plus
fécond spirituellement. Succinctement, une bonne part de ce qui
était humain a disparu pendant cette période de mort, et par la
résurrection, quelque chose de divin a vu le jour. Les éléments
qui étaient simplement temporels et naturels ont été supplantés
par les éléments éternels et spirituels.
Ayant
exposé et illustré le fait, et ayant établi une loi immuable, nous
devons dire quelques mots sur la nature de la résurrection.
Qu'est-ce
que la résurrection ? C'est le pouvoir d’avoir l’ascendant sur
la mort. Quelle est la caractéristique première de la résurrection
? C'est une vie qui ne sait pas ce qu'est la mort, qui ne peut pas la
connaître ; une vie indestructible. Ainsi en est-il de la nature de
la résurrection qui nous occupe ici. Il y a une résurrection qui
n'est que la réanimation du corps pour un certain temps, ou pour un
jugement. Cette résurrection-là ne rentre pas dans notre présent
sujet. La résurrection dont nous parlons, c'est la résurrection de
Christ, et notre incorporation à cette résurrection.
Par
notre nouvelle naissance, notre naissance d'en-haut, nous devenons
participants à la vie de Dieu (2 Pierre 1 :4). Ce que les Écritures
appellent la « vie éternelle » appartient exclusivement à ceux
qui sont nés de nouveau. Aucun homme ne la possède par nature.
Or,
tout le cours de notre expérience spirituelle, si elle est
authentique, a pour but l’accroissement de cette vie, son
développement. Et ce développement s'opère essentiellement comme
nous l’avons vu, par une succession des agissements de Dieu en
nous, par lesquels nous passons comme par des cycles de mort et de
résurrection.
Quel
est l’objectif suprême de Dieu pour ses enfants ? Son objectif
sans l’ombre d'un doute est de les amener à ne vivre que de Sa vie
à Lui. Quand les saints seront enlevés pour qu'ils ne voient pas la
mort (Hébreux 11 :5) et quand éclatera ce glorieux cri de victoire
sur la mort et le sépulcre dont parle l’apôtre (1 Corinthiens 15
:54-55), ce ne sera pas simplement le résultat d'un acte externe de
la puissance de Dieu, comme si elle n'opérait que du dehors, mais ce
sera le triomphe de la vie de résurrection au dedans du corps de
Christ.
Au moment de la nouvelle naissance, c'est la vie de
résurrection de Christ qui a été reçue en réponse à la foi.
Depuis lors, cette vie de résurrection n'a cesse de prendre dans
notre vie, un ascendant toujours plus grand, et l’enlèvement n'est
autre que l’expression finale, la consommation de ce processus de
croissance.
C’est
une vérité extrêmement importante à saisir car elle explique
tout. Pourquoi faut-il que dans le domaine de notre vie naturelle,
nous connaissions la faiblesse, l’impuissance, ce sentiment de ne
plus rien valoir, cette impression de néant quant à nous-mêmes ?
Il n'y a aucun doute que ce ne soit précisément pour que sa
puissance s'accomplisse — ou plus littéralement : devienne
parfaite — dans la faiblesse (2 Corinthiens 12 :9). Et qu'est-ce
donc que sa puissance ? « L’excellente grandeur de sa puissance
envers nous qui croyons, selon l’opération de la puissance de sa
force, qu’il a opérée dans le Christ en le ressuscitant
d’entre les morts .» (Éphésiens 1 :19-20). C'est une
puissance de résurrection ; c'est une vie de résurrection. Plus le
croyant devient spirituel, plus il réalise que tout dépend de la
vie de Dieu. Il en est ainsi pour la vie physique aussi bien que dans
n'importe quel autre domaine.
Le
principe fondamental de la «guérison par la foi» qui est vraiment
de Dieu, a sa raison d'être dans le but spirituel que Dieu cherche à
atteindre (Romains 8 :11). C’est une vivification de notre corps
mortel par la vie de résurrection. Il ne s'ensuit pas nécessairement
et dans tous les cas une guérison physique complète. Ce qui en
résulte, c'est un renouveau de vie tel que la faiblesse cesse de
faire obstacle à l’accomplissement de notre tâche. Autrement dit,
cela signifie que la pleine exécution de la volonté de Dieu, dans
notre vie ou dans notre ministère, n'est plus mise en échec du fait
de la maladie ou de l’infirmité. C’est une ascendance de la vie
divine dans notre esprit, et nous sommes rendus capables de faire
infiniment plus qu'il ne nous eut été possible si nous avions été
réduits à nos seules ressources humaines et naturelles. C’est une
vie sur laquelle il est impossible à la chair de mettre la main pour
l’exploiter à des fins personnelles.
D'autre
part — pour peu que Dieu nous ait conduits dans une vie de foi —
aussitôt qu'on se laisse entrainer à nouveau sur le plan inférieur
des ressources naturelles, on ne trouve qu'une recrudescence de mort.
Un domaine caractérisé par la vie de Dieu est toujours un lieu de
renouveau pour celui qui est spirituel ; c’est là où il se
ressource, se fortifie et se rafraichit.
Si
Énoch est un symbole des croyants qui seront enlevés pour qu'ils ne
voient pas la mort, alors souvenons-nous que c'est « par la foi
qu'Énoch fut enlevé », (Hébreux 11 :5). De quelle foi s'agit-il
ici ? II s'agit de cette foi qui nous rend pour toutes choses
dépendants de la vie divine, et constitue de ce fait un témoignage
permanent à la résurrection de Christ. C'est pourquoi, au fur et à
mesure que la venue du Seigneur s'approche, force nous sera de vivre
exclusivement de Sa vie, la vie grâce à laquelle Jésus a triomphé
de la mort, (Colossiens 2 :15). C'est dans cette vie et nulle part
ailleurs, qu'il faut chercher l'explication des triomphes du peuple
de Dieu, à toutes les époques de son histoire. Une étude attentive
de l’Ancien Testament montre bien que c'était la foi en la vie de
résurrection que Dieu finissait toujours par honorer. « Afin
d'obtenir une meilleure résurrection » (Hébreux 11 :35), tel
était la motivation qui les rendait victorieux jusque dans la mort,
et mettait par conséquent sous leurs pieds, impuissante, l’autorité
même de la mort.
Cet
ascendant spirituel, qui est si caractéristique des croyants de
l’assemblée primitive, s'explique simplement par le fait qu'il y
avait, dans leur esprit, une vie qui ne pouvait pas connaitre
la mort, la vie de Celui « qui ne meurt plus ; la mort ne domine
plus sur Lui » (Romains 6 :9), car « lequel Dieu a
ressuscité, ayant délié les douleurs de la mort, puisqu'il n'était
pas possible qu'il fût retenu par elle. », Actes 2 :24.
Or,
il est important de reconnaitre que la mort n'est pas seulement une
loi, ou un principe. Elle est cela, sans doute, mais les Écritures
soulignent constamment le fait que, derrière la chose, il y a une
personne. De même qu'en nous donnant la vie éternelle, c'est le
Seigneur Lui-même qui se donne à nous, — Il a dit, en effet : «
Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11 :25) et c'est «
Christ en vous » Colossiens 1 :27) qui est « L’espérance
de la gloire », — de même, derrière la mort, il y a « celui
qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable » (Hébreux 2
:14) ; le « seigneur de la mort », comme traduit la version
anglaise de Conybeare.
Jusqu'à
l’ère chrétienne, la sortie d'Égypte fut, pour la piété
israélite, l'illustration par excellence du déploiement de la
souveraine puissance de Dieu. Or, les deux parties qui sont aux
prises en Égypte, ne sont pas Jéhovah d'un côté et le Pharaon et
son peuple de l'autre. Pharaon et les Égyptiens ne sont qu'impliqués
dans la bataille, et s'ils sont, pour finir, anéantis, c'est
simplement parce que, en face de la révélation de Dieu et des
manifestations de sa puissance, ils persistèrent dans la rébellion.
Mais le véritable engagement était entre Jéhovah et « tous les
dieux de l’Égypte » (Exode 12 :12). Ces dieux n'étaient autres
que la hiérarchie spirituelle de celui qui s'est, de tout temps,
proposé comme objectif l’égalité avec Dieu, Satan, qui avait
assumé le rôle de « prince de ce monde » (Jean 14 :30). Si nous
cherchons à comprendre le vrai caractère de cette histoire, nous
nous rendrons très clairement compte qu'il s'agit bien d'un conflit
entre le Seigneur de la vie et le seigneur de la mort. Les Hébreux
ne furent délivrés du royaume des ténèbres et de l’autorité de
la mort que parce qu'un agneau avait eu son sang versé, d'une
manière représentative, et avait, par sa mort, anéanti celui qui
avait la puissance de la mort. C’est la base de l’œuvre de
Christ à la croix.
Á
la croix, Christ prit sur Lui toute la hiérarchie des puissances du
mal. Il se laissa vaincre par elles et entrainer comme une victime
jusque dans les abimes les plus profonds de leur sinistre domaine.
Puis,
en raison de cette vie qui ne pouvait être retenue par les liens de
la mort, Il se défit de ces principautés et de ces puissances, se
fraya un chemin victorieux et fut leur conquérant. Par sa
résurrection, Il est « au-dessus de toute domination et de toute
autorité » (Éphésiens 1 :21) — « le Premier-né d'entre
les morts » (Colossiens 1 :18), le Premier en même temps que le
représentant de tous ceux qui sont appelés à s'identifier avec
Lui. Nous nous rendons compte maintenant que le triomphe de son
Corps, pour finir, sera la consommation de Apocalypse 12 :11, une
victoire sur le système satanique et toute sa puissance, en raison
de la vie du Seigneur ressuscité dont, le Corps est précisément
animé.
S'il
est vrai que ce n'est là que l’aboutissement de quelque chose de
progressif, l’étape ou nous sommes maintenant est celle qui voit
la puissance de Satan, en tant que « prince de ce monde », brisée
par la vie de Christ, au fur et à mesure que celle-ci se développe
en nous. En d'autres termes, la puissance de Satan ne peut être
détruite en nous que dans la mesure où, par la mort, nous apprenons
à connaitre le Seigneur dans la puissance de sa résurrection, parce
que nous recevons constamment de nouveaux apports de sa vie de
résurrection.
Soulignons,
en guise de conclusion, qu'après sa résurrection, le Seigneur cessa
d'être soumis aux limitations matérielles, à cause de la nature
particulière de la résurrection. Le temps et l'espace sont
incapables désormais de Lui imposer leur sujétion.
Il
y a là un principe permanent, qui trouve son application en nous,
maintenant. Si notre vie ancre ses racines dans la vie de
résurrection, si c'est là qu'elle puise sa sève, nous sommes des
enfants de l’univers et de l’éternité. La prière nous met en
contact avec les extrémités de la terre. Ce que nous sommes et ce
que nous faisons a un sens universel et une éternelle portée. Les
limitations disparaissent.
Ainsi
donc, bien-aimés de Dieu, notre vie naturelle n'est plus un critère.
Que nous soyons forts, que nous soyons faibles, il n'importe. Qu'il
s'agisse de force intellectuelle, ou morale, ou sociale, ou physique,
habituelle ou occasionnelle, nos ressources naturelles n'ont aucun
rapport avec la fécondité de notre vie spirituelle. Notre faiblesse
ne créé pas pour nous un état d'infériorité dans les choses de
Dieu. C'est de sa vie que nous sommes appelés à vivre. C'est sur la
base de ses ressources à Lui que nous sommes appelés à servir.
C'est le seul chemin, mais c'est un chemin sûr, pour arriver à la
puissance féconde.
Tachons
donc de ne pas perdre de vue ce principe essentiel : par toutes ces
épreuves qui nous paraissent à première vue, destructrices de
notre personnalité, le plan de Dieu est simplement de nous élever à
un niveau spirituel, où les lois qui opèrent surpassent infiniment
toutes les lois naturelles.
Enfin,
un dernier point : nous devons veiller à utiliser sans ménagement
tous les moyens propres à développer et à fortifier cette vie-là.
Dans ce domaine, un discernement clair du « Corps de Christ » a une
valeur inappréciable. Nous avons affaire là avec une vie qui est
celle de tout le Corps, c'est-à-dire à un organisme corporatif qui
forme un tout. Un membre individuel ne peut posséder cette vie qu'en
rapport avec l'ensemble. Nous avons traité ce sujet ailleurs, mais
c'est sur cette pensée que nous devons clore, parce que c'est de
notre incorporation à Christ dont nous nous occupons ici : Christ,
dans sa plénitude, en tant que Tête, mais pas uniquement en tant
que Tête mais « d’un seul Corps ». Ce qui est vrai de la Tête
doit être vrai des membres. Ce qui est vrai du Cep doit être vrai
des sarments. Ce qui est vrai du dernier Adam doit être vrai de tous
les membres de sa descendance.
«
– identifiés avec Lui dans la ressemblance de sa résurrection
», dit l’apôtre (Romains 6 :5) ; et il prie pour qu'en ce qui le
concerne la chose devienne toujours plus vraie : « ...pour le
connaitre Lui et la puissance de sa résurrection... » (Philippiens
3 :10).
C'est
là véritablement la prière de l’Esprit Saint dans un serviteur
de Christ qui recherche l’accomplissement en lui de cette grande
vérité de Jean 5 :21, 25-26: — « L'heure vient, et elle est
maintenant ».
à suivre...
T.A.S.
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