CHAPITRE NEUF (20, 21)
Interruption de Tsophar et réponse de Job
"L' Éternel a son feu dans Sion, et sa fournaise à Jérusalem." (Esaïe 31.9)
"Mes
pensées me forcent à répondre, proteste Tsophar, et mon agitation ne
peut se contenir. J'ai entendu des reproches qui m'outragent."
Job a parlé avec une pleine assurance d'un Rédempteur vivant qui
prendra sa défense, qui soutiendra sa cause, lorsqu'il viendra pour
juger le monde. "Et craignez son jugement" a-t-il dit à ceux qui le
condamnent. Tsophar en est indigné et n'attend même pas que Job achève ce
qu'il a à dire. "Ne sais-tu pas que le triomphe des méchants est de
courte durée et la joie de l'impie momentanée ?" dit-il
Il a probablement discerné la note de victoire dans la voix de Job,
ainsi que la joie qui a inondé son âme, même au sein de la souffrance,
quand la lumière céleste y a brillé. Est-ce possible que Tsophar se soit
mépris à ce point sur la pensée de Job, jusqu'à ne voir ici, qu'une
émotion ou une exaltation passagère ?
Job avait donné libre à sa douleur, à ses plaintes. Bildad lui avait
dit : "Tu te déchires dans ta fureur." Mais Dieu a répondu à Job en
versant un peu de lumière dans son cœur, et ce qu'il a dit maintenant a
un accent de triomphe. Alors Tsophar proteste et dit que la joie du
méchant est de courte durée, momentanée. Il prétend que ses pensées, son
bon sens, l'obligent à parler. Or, le seul bon sens devrait suffire
pour faire comprendre à Tsophar, l'innocence de celui qui se réjouit à
la pensée de voir Dieu, à la pensée de son jugement.
Nous disons de ceux qui manquent de sens pratique qu'ils ont la tête
dans les nuages. Tsophar semble faire ce reproche à son ami, lorsqu'il
dit : "Quand il s'élèverait jusqu'aux cieux, et que sa tête toucherait
aux nues, il périra pour toujours." (v. 1-7) Est-ce que déjà, avant son
épreuve, considérait-il Job comme un illuminé ?
Il n'est pas nécessaire de suivre Tsophar dans sa description du lot
des méchants et de l'héritage que Dieu leur destine. C'est toujours le
même thème qu'a introduit Bildad (ch. 8.13) et sur lequel Eliphaz et
Tsophar brodent de leur mieux.
Retenons seulement que d'après Tsophar, le méchant reçoit un
châtiment dès ici-bas. Il s'évanouit comme une vision dans la nuit, ses
enfants sont opprimés. A-t-il des richesses ? Il en sera dépouillé. Il
ne gardera pas ce qu'il a de plus cher. Sa prospérité ne durera pas.
Tous se dresseront contre lui. Il est en proie aux terreurs de la mort.
Il sera dévoré par un feu que n'allume point l'homme. Les cieux, même,
dévoileront son iniquité, et la terre s'élèvera contre lui (v. 8-27)
"Écoutez, écoutez mes paroles demande alors Job, donnez-moi seulement cette consolation : laissez-moi parler, je vous prie. Et quand j'aurai
parlé, tu pourras te moquer."
Il semble bien que l'aiguillon de l'angoisse ait disparu du cœur de
Job. Par la foi en la résurrection, son esprit a passé dans une sphère
où les pauvres raisonnements de ses amis ne l'atteignent plus. Et dans
ce qu'il dit, apparaissent de nouveau la courtoisie et la mesure de
l'homme qui marche avec Dieu. Certes, il avait regimbé contre les
accusations de Tsophar, mais le calme est revenu dans son cœur dès
l'instant qu'il a discerné la main de Dieu derrière la conduite de ses
amis. (19.13) Puisqu'il a au ciel pour défendre sa cause, un Rédempteur
vivant, il peut bien tout lui remettre avec une tranquille assurance.
Désormais, son discours laisse apparaître de la considération pour ses
visiteurs. Il est comme marqué d'un sceau d'une tranquille dignité. Job
n'implore plus leur pitié et il ne leur demande pas de s'en aller. Ils
sont venus avec l'intention de l'aider. Aussi longtemps qu'ils
resteront, il leur parlera.
Peut-être bien, aussi, que dans son for intérieur, Job se reprochait d'avoir discuter avec ceux qui, manifestement, ne comprenaient rien à son épreuve, ceux qui ne pouvaient soupçonner ni discerner la fournaise dans laquelle Dieu avait plongé son serviteur. Si seulement il avait gardé le silence, et remis sa cause à Dieu. "Dans le passé, mes amis regardaient à moi. Ils croyaient que je marchais si fidèlement avec Dieu, que l'épreuve ne m'atteindrait jamais. Pourquoi ai-je permis à leurs discours de me toucher ? Pourquoi ai-je laissé mon esprit s'aigrir, et ai-je essayé de les amener à comprendre mon cas ?"
Cependant, il est maintenant engagé dans ce tournoi de paroles. La courtoisie veut qu'il réponde à Tsophar qui s'est tu. Mais il le fera sans aigreur. "Souffre que je parle, lui dit-il. Et il se met à examiner les affirmations de son ami, comme si lui, Job, n'était pas en cause.''Pour moi, est-ce contre un homme que se dirige ma plainte ? Et s'il en était ainsi, pourquoi mon esprit n'en serait pas troublé ?" (v3-4) Mais il veut oublier son cas. Il s'attache à dresser un tableau du méchant, dans lequel il démontre que le châtiment ne l'atteint pas toujours dès cette vie. ''Les méchants vivent, ils vieillissent et accroissent leurs forces. Leur postérité s'affermit avec eux, en leur présence. Leur bétail augmente. Leurs enfants prennent leurs ébats, dansent et chantent. Ils passent leurs jours dans le bonheur, sans grandes souffrances, bien qu'ils aient dit à Dieu délibérément: Retire-toi de nous. Nous ne voulons pas connaître tes voies. Qu'est-ce que le Tout-Puissant pour que nous le servions ?" (Chapitre 21.7-15)
Vous dites que le bonheur est incertain ? Mais, arrive-t-il souvent que leur lampe s'éteignent? Que la misère fonde sur eux ? Il est vrai que Dieu distribue l'affliction dans sa colère... et punit le péché jusqu'à la troisième et quatrième génération. Cependant, pour ce qui est des choses de cette vie, le méchant en jouit souvent à satiété, autant que son cœur le désire... Mais l'homme mortel pourra-t-il donner des conseils dans le gouvernement du monde, à celui qui juge les esprits célestes : les anges ? ( v. 16-22)
"De fait, nous ne pouvons discerner les voies de Dieu, ou les comprendre. Certains hommes meurent paisiblement, encore pleins de force, d'autres meurent abreuvés d'amertume, sans avoir jamais joui d'aucun bien. Tous deux reposent dans la poussière. Tous deux deviennent la pâture des vers. Impossible d'expliquer ces choses, d'affirmer que le juste prospère toujours et que le méchant est invariablement châtié en ce monde : à la face de faits qui donnent le démenti à cette affirmation." (v. 26)
Après cette réponse à Tsophar, sur le sort du méchant en cette vie, Job en revient à son cas en particulier et à la condamnation de ses amis : "Je sais quelles sont vos pensées à mon endroit. Je sais qu'à présent, je n'ai plus de tente. Celui qui était, autrefois, un prince puissant n'a point d'autres lieux où se reposer que ce tas d'immondices. Mais comment ne discernez-vous pas, vous des sages, que le méchant est épargné au jour du malheur, et réservé pour le jour de la colère ?"
"Vous avez essayé de me consoler avec des raisonnements qui ne sont basés ni sur des faits, ni sur l'expérience. Ce qui reste de vos réponses, c'est un manque de foi, infidélité vis-à-vis de Dieu pour ses enfants, et manque de confiance dans l'intégrité de ma vie avec Dieu. C'est pourquoi vous ne m'avez été d'aucun réconfort et vous ne m'avez apporté aucune consolation."
Peut-être bien, aussi, que dans son for intérieur, Job se reprochait d'avoir discuter avec ceux qui, manifestement, ne comprenaient rien à son épreuve, ceux qui ne pouvaient soupçonner ni discerner la fournaise dans laquelle Dieu avait plongé son serviteur. Si seulement il avait gardé le silence, et remis sa cause à Dieu. "Dans le passé, mes amis regardaient à moi. Ils croyaient que je marchais si fidèlement avec Dieu, que l'épreuve ne m'atteindrait jamais. Pourquoi ai-je permis à leurs discours de me toucher ? Pourquoi ai-je laissé mon esprit s'aigrir, et ai-je essayé de les amener à comprendre mon cas ?"
Cependant, il est maintenant engagé dans ce tournoi de paroles. La courtoisie veut qu'il réponde à Tsophar qui s'est tu. Mais il le fera sans aigreur. "Souffre que je parle, lui dit-il. Et il se met à examiner les affirmations de son ami, comme si lui, Job, n'était pas en cause.''Pour moi, est-ce contre un homme que se dirige ma plainte ? Et s'il en était ainsi, pourquoi mon esprit n'en serait pas troublé ?" (v3-4) Mais il veut oublier son cas. Il s'attache à dresser un tableau du méchant, dans lequel il démontre que le châtiment ne l'atteint pas toujours dès cette vie. ''Les méchants vivent, ils vieillissent et accroissent leurs forces. Leur postérité s'affermit avec eux, en leur présence. Leur bétail augmente. Leurs enfants prennent leurs ébats, dansent et chantent. Ils passent leurs jours dans le bonheur, sans grandes souffrances, bien qu'ils aient dit à Dieu délibérément: Retire-toi de nous. Nous ne voulons pas connaître tes voies. Qu'est-ce que le Tout-Puissant pour que nous le servions ?" (Chapitre 21.7-15)
Vous dites que le bonheur est incertain ? Mais, arrive-t-il souvent que leur lampe s'éteignent? Que la misère fonde sur eux ? Il est vrai que Dieu distribue l'affliction dans sa colère... et punit le péché jusqu'à la troisième et quatrième génération. Cependant, pour ce qui est des choses de cette vie, le méchant en jouit souvent à satiété, autant que son cœur le désire... Mais l'homme mortel pourra-t-il donner des conseils dans le gouvernement du monde, à celui qui juge les esprits célestes : les anges ? ( v. 16-22)
"De fait, nous ne pouvons discerner les voies de Dieu, ou les comprendre. Certains hommes meurent paisiblement, encore pleins de force, d'autres meurent abreuvés d'amertume, sans avoir jamais joui d'aucun bien. Tous deux reposent dans la poussière. Tous deux deviennent la pâture des vers. Impossible d'expliquer ces choses, d'affirmer que le juste prospère toujours et que le méchant est invariablement châtié en ce monde : à la face de faits qui donnent le démenti à cette affirmation." (v. 26)
Après cette réponse à Tsophar, sur le sort du méchant en cette vie, Job en revient à son cas en particulier et à la condamnation de ses amis : "Je sais quelles sont vos pensées à mon endroit. Je sais qu'à présent, je n'ai plus de tente. Celui qui était, autrefois, un prince puissant n'a point d'autres lieux où se reposer que ce tas d'immondices. Mais comment ne discernez-vous pas, vous des sages, que le méchant est épargné au jour du malheur, et réservé pour le jour de la colère ?"
"Vous avez essayé de me consoler avec des raisonnements qui ne sont basés ni sur des faits, ni sur l'expérience. Ce qui reste de vos réponses, c'est un manque de foi, infidélité vis-à-vis de Dieu pour ses enfants, et manque de confiance dans l'intégrité de ma vie avec Dieu. C'est pourquoi vous ne m'avez été d'aucun réconfort et vous ne m'avez apporté aucune consolation."
CHAPITRE DIX (22, 23, 24)
Dernière exhortation d'Eliphaz
"Je mettrais ce tiers dans le feu et le purifierai, comme on purifie l'argent ; je l'éprouverai comme on éprouve l'or." (Zacharie 13.9)
Alors, Eliphaz de Théman prit la parole
pour une troisième censure. Il n'a pas dit son dernier mot et prétend
convaincre son ami de transgression. Puisque celui-ci continue de se
draper dans son intégrité, il peut être utile de lui parler plus
ouvertement, d'exposer devant lui quelques-unes des manières dont il est
possible d'offenser Dieu.
Ces pauvres consolateurs exhibent leur lamentable ignorance des voies
de Dieu et de son caractère. Ils pensent l'honorer en glorifiant sa
grandeur et sa sainteté. Et voici Eliphaz qui conseille à Job de
chercher une connaissance personnelle de Dieu, connaissance qu'il n'a
manifestement pas lui-même.
"Un homme peut-il être utile à Dieu?" dit-il "Si tu es intègre dans tes voies qu'y gagnera-t-il?" Eliphaz ignorait que Dieu prend son plaisir en ceux qui le craignent.
"Est-ce que c'est parce que tu le crains qu'il te châtie ?
demande-t-il, non sans ironie. "Si l'on juge par la grandeur du
châtiment, tes iniquités doivent être bien grandes."
L'arme favorite d'Eliphaz est le sarcasme. Il apparaît presque avec les premiers mots prononcés. Voyant
que les feintes sont inutiles, il a décidé d'employer l'attaque directe
pour convaincre Job de péché. D'ailleurs, celui-ci ne vient-il pas de
dire que leurs discours sur le sort des méchants le visaient, de façon
plus ou moins déguisée ? Ainsi donc, autant parler franc.
"Job,
ta méchanceté n'est-elle pas grande ? Après tout, tu récoltes seulement
ce que tu mérites. La souffrance qui t'atteint est un châtiment de tes
péchés.
Tu as probablement volé tes frères, tu dépouillais les pauvres, tu
refusais de l'eau à celui qui était altéré et du pain à l'affamé, tu
renvoyais les veuves à vide, les bras de l'orphelin étaient brisés. C'est
pour cela que tu es entouré de pièges et que la terreur t'a saisi tout à
coup. Ne vois-tu donc pas ces ténèbres ? Ces eaux débordées qui menacent
de te submerger ?
Ce qui est encore plus grave, c'est que tu t'imagines que Dieu ignore
tout cela. Dieu est élevé, les nuées l'environnent, il parcourt la voûte
céleste. Et tu dis : "comment s'inquièterait-t-il de ce que fait Job ?"
Telles sont tes pensées !
Ainsi, plein de lui-même et s'imaginant qu'il connaît Dieu, Eliphaz
prend Job en pitié et il n'hésite pas à l'accuser de péché.
Eh quoi, dit-il encore, tu voudrais prendre l'ancienne route qu'ont pris les hommes d'iniquité? Que la fin de ceux qui disaient à Dieu : "retire-toi de nous", te serve d'avertissement.
Eliphaz termine en suppliant son ami affligé de retourner à Dieu, car
il veut sincèrement son bien : "Attache-toi donc à Dieu et tu auras la
paix et tu jouiras du bonheur." (v. 21-22) Reçois de sa bouche
instruction et mets dans ton cœur ses paroles. Tu seras rétabli, si tu
reviens au Tout-Puissant. Quelle douleur que de constater les ruines
accumulées dans la vie de Job, parce qu'il persévère dans son
endurcissement et refuse d'écouter les conseils de ses amis. Qu'il
éloigne l'iniquité de sa tente et qu'il jette l'or dans la poussière. Alors El-Shaddaï sera son or, son
argent, sa richesse. Job fera de Dieu ses délices, il élèvera vers lui
sa face sans éprouver ces terreurs dont il a parlé. Dieu l'exaucera. Job
accomplira ses vœux et Dieu lui rendra la puissance et l'autorité. Ce
qu'il décrétera s'accomplira. La lumière brillera sur son sentier.
Alors, Dieu t'emploiera encore pour que tu puisses secourir les autres
et leur être en bénédiction. Oui, des âme seront sauvées, lorsqu'il aura
éloigné l'injustice, confessé ses transgressions et purifié ses mains.
(v. 22-30)
Quand Eliphaz se tait et arrête ce flot de paroles cruelles, c'est à Dieu que Job regarde : "Encore maintenant, dit-il, ma
plainte est considéré comme une révolte. Sa mais sur moi est plus
lourde que mon gémissement. Oh ! Si je savais où le trouver !" (23.1-3)
Cette
brutale accusation, cette exhortation à rejeter tout péché pour
chercher Dieu, l'ont accablé momentanément. Le fer est entré dans son
âme. C'est en Dieu qu'il déverse le trop-plein de son cœur.
Oh ! Voir Dieu ! Exposer sa cause devant lui ! Entendre son verdict, ce
qu'il aurait à dire, comprendre sa volonté, cela lui suffirait et lui
donnerait entière satisfaction. Dieu l'écouterait malgré la grandeur de sa Puissance. Il le blanchirait des cruelles accusations de ses amis. "Je serai pour toujours absous par mon Juge. (v. 7)
"Mais si je vais à l'orient, il n'y est pas,
L'épreuve de la foi
"Mais si je vais à l'orient, il n'y est pas,
Si je vais à l'occident, je ne le trouve pas
Se cache-t-il au Midi, je ne puis le découvrir" (versets 8,9)
Job
est obligé de confesser qu'il n'a point de message, point de
consolations de Dieu, en sa grande affliction. Où qu'il cherche, en
avant, en arrière, à gauche, à droite, il ne peut trouver trace de sa
Présence.
Certes,
c'est bien lorsque Dieu se cache, que l'âme connaît la souffrance la
plus amère. Mais combien inutile de vouloir le chercher, lorsque, pour
quelque raison, il s'est retiré. Ni la prière ardente qui côtoie
l'agonie, ni aucun effort humain ne l'amèneront à ôter le voile qui
couvre sa Face, lorsqu'il s'entoure d'épaisses ténèbres.
Bien que dise Eliphaz, qu'il nomme ou non rébellion la plainte de Job,
celui-ci est bien obligé de reconnaître le silence de Dieu à son
endroit. Or, Dieu l'a brisé de toutes parts. "Il a brisé mon courage. Sa
toute Puissance m'a rempli d'effroi."
L'ancre de la foi
"Mais, il connaît le chemin que j'ai suivi.
Quand j'aurai été éprouvé,
J'en sortirai pur comme l'or." (verset 10)
En dépit de ses souffrances, en dépit de ses jugements, et bien qu'il
endure une souffrance physique qui dépasse presque ce qui est
supportable, nous voyons, à nouveau, Job discerner sa position devant
Dieu, sous l'influence du Saint-Esprit. Nous pouvons différencier dans
ses discours, ce qui provient de l'homme naturel de ce qui procède de
l'homme intérieur, influencé par l'Esprit de Dieu.
Lorsque nous l'entendons décrire ses souffrances, les souffrances de
son corps périssable, il semble presque que l'homme intérieur en soit
détruit ! Mais à nouveau, l'esprit jaillit, manifeste la persévérance de
sa foi, la ténacité de la foi. Celle-ci : c'est qu'en dépit des
apparences, il est toujours dans les mains de Dieu.
Lorsqu'il semblait toucher au fond du désespoir et qu'il implorait la
pitié de ses amis, c'est alors que sa foi s'éleva triomphante, en un
Rédempteur vivant. Il est, comme à nouveau, ancré sur le Rocher des
siècles. Quand Eliphaz l'accuse en face, d'être un transgresseur, s'il
reste muet en songeant à l'impossibilité de lui répondre utilement, il
n'en demeure pas moins comme enraciné dans la fidélité de Dieu. Il a
compris qu'il était entre les mains du Tout-Puissant.
Job se souviens maintenant que l'or a besoin de passer au creuset
pour être purifié. Autrefois, il puisait son assurance dans le
sacrifice, pour la rémission des péchés. A présent, la pensée qu'il y a
une épreuve par le feu pour l'or, les élus de Dieu, celle-ci a abordé
son esprit. L'or supporte l'épreuve du feu, celui-ci n'enlève que les
scories.
Job a
discerné que Dieu le mettait à l'épreuve, une épreuve et non un
châtiment, comme l'affirmaient ses amis. Son esprit demeure donc dans
une calme assurance, et dans la dépendance de Dieu.
L'assurance de la foi
"Mon pied s'est attaché à ses pas ;
J'ai gardé ses voies et ne m'en suis pas détourné.
Je n'ai pas abandonné les commandements de ses lèvres
J'ai fais plié ma volonté aux paroles de sa bouche." (chapitre 23.11-12)
"Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l'assurance devant Dieu
(1Jean 3.21)
Job sait qu'il a marché avec Dieu sans se détourner. Sa foi l'a mené
dans le sentier où l'Éternel le conduisait, car l'Éternel a été sa
force. Il a rendu ses pieds semblables à ceux des biches, pour le rendre
capable de marcher dans les lieux élevés.
Bien plus, en toute conscience, il pouvait dire qu'il ne s'était point détourné de ce qu'il avait connu de la volonté de Dieu. Il avait serré dans son cœur ses paroles, les estimant bien plus que la nourriture du corps (version autorisée anglaise)
Nous avons, ici, le secret de la vie intègre de Job et nous
comprenons pourquoi il redoutait à ce point de pécher. Il savait ce que
c'était que de recevoir des paroles de la bouche de Dieu. Ces paroles
demeurent dans le cœur. Elles y sont comme gravées en lettres de feu.
Rien ne peut les effacer. Elles ont pour l'esprit, l'âme et le corps,
une valeur bien supérieure à celle de la nourriture périssable.
"L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort
de la bouche de Dieu", répond Jésus au tentateur, lorsque celui-ci lui
conseille de satisfaire sa faim en changeant des pierres en pain.
Ceci peut-il aussi s'appliquer aux Écritures ? Certainement, ce sont
elles que cite le Seigneur. Lorsque l'Esprit de Dieu nous parle par
elles, il les grave en notre cœur, comme si elles procédaient, tout à
nouveau, et pour nous spécialement, de la bouche même de Dieu. Hors cela, la lettre tue. Seul le Saint-Esprit, qui parle par la lettre, vivifie et donne la vie.
Le discernement de la foi
"Mais sa résolution est arrêtée, qui s'y opposera ?
"Ce que son âme désire, il l'exécute.
"Il accomplira donc ses desseins à mon égard,
"Et il en concevra bien d'autres encore." (chapitre 23.13-14)
Ces paroles de Job nous montrent qu'il connaît Dieu comme celui qui ne change pas, celui en qui il n'y a ni variation, ni ombre de changement. Ce que l'Éternel a résolu en son cœur pour Job, pensées de bénédictions, il l'accomplira.
Oh ! Repos béni en Dieu ! En celui qui est immuable, celui qui ne change pas. Depuis qu'il s'est réfugié en l'Éternel, Job a vraiment jeté l'ancre à l'intérieur du voile, car il a reçu que son Rédempteur est vivant, et que celui-ci le justifiera au jour de son Avènement.
Cependant, elle viendra. Alors, en un instant les méchants ne sont plus. Ils sont retranchés comme la tête des épis."Ce que son âme désire, il l'exécute.
"Il accomplira donc ses desseins à mon égard,
"Et il en concevra bien d'autres encore." (chapitre 23.13-14)
Ces paroles de Job nous montrent qu'il connaît Dieu comme celui qui ne change pas, celui en qui il n'y a ni variation, ni ombre de changement. Ce que l'Éternel a résolu en son cœur pour Job, pensées de bénédictions, il l'accomplira.
Oh ! Repos béni en Dieu ! En celui qui est immuable, celui qui ne change pas. Depuis qu'il s'est réfugié en l'Éternel, Job a vraiment jeté l'ancre à l'intérieur du voile, car il a reçu que son Rédempteur est vivant, et que celui-ci le justifiera au jour de son Avènement.
La crainte de la foi
"Voilà pourquoi sa présence m'épouvante,
"Quand j'y pense, j'ai peur de lui.
"Dieu a brisé mon cœur,
"Le Tout-Puissant m'a rempli d'effroi." (Chapitre 23.15-16)
Ces
paroles peuvent sembler étranges, après ce que Job vient de déclarer.
Mais, dans l'expérience, elles sont facilement comprises. Les hauts et
les bas de la foi !
L'homme extérieur, ce corps périssable, a été brisé jusqu'à l'extrême
limite de ce qu'il peut endurer. De sorte que Job n'a pas pu cacher sa
souffrance derrière les barrières qu'élève une certaine réserve. Il a connu
l'humiliation jusqu'à implorer la pitié d'amis qui le croient coupable.
Il a pleuré comme un enfant.
Il sait que Dieu l'a mis dans la fournaise pour le purifier comme
l'or et que l'épreuve du temps présent est en vue de bénédictions
futures. Mais, l'angoisse de son âme et l'amertume des jours passés
reviennent en lui, quand il dit que l'Éternel concevra à son endroit
bien d'autres choses. D'y penser l'épouvante. Que sera-ce encore ?
"Dieu a brisé mon cœur, dit-il. Ce ne sont pas les ténèbres qui
m'anéantissent, ce n'est pas l'obscurité dont je suis couvert." (17)
Job n'a pas encore compris l'action du feu. Un cœur brisé, humble, malléable ne s'obtient que sous l'action du feu.
"Je vous rassemblerai, je soufflerai sur vous avec du feu... et vous
serez fondus." (Ézéchiel 22.21) Tel est le message de Dieu pour Israël.
Le prophète Esaïe nous dit aussi que la présence manifestée de Dieu est
comme un feu qui fond, qui transforme.
Un cœur brisé est malléable entre les mains de Dieu, il est doux. Il ne
s'agit pas seulement , ici,de la volonté, car celle-ci peut avoir été
donnée depuis longtemps. Il existe une certaine dureté involontaire qui
diminue le cœur, et produit l'étroitesse.
"Élargissez vos cœurs", écrit l'apôtre Paul aux Corinthiens. Le cœur ne
peut être élargi que lorsqu'il a été fondu, transformé, amolli par le
feu.
Job a conscience que son cœur se brise en la présence de Dieu. Il sait
aussi qu'il ne redoute plus les épaisses ténèbres par lesquelles Dieu le
fait passer. Il ne s'explique pas cependant, l'expérience qu'il est
amené à faire, et il sent que son cœur défaille.
Le miracle de la foi
"Pourquoi,
puisque les temps ne sont point cachés à El-Shaddaï, pourquoi ceux qui
le connaissent ne discernent-ils pas ses jours ?" (chapitre 24.1)
Si mes amis connaissent Dieu, pense Job, comment se fait-il qu'ils ne
sachent pas que l'Éternel a son heure pour besogner dans les âmes, et
les affiner au creuset de l'épreuve ? Pour toutes ces choses, il a son
heure.
Ainsi, il laissera longtemps subsister les méchants, les égoïstes,
qui ignorent la misère et les besoins des autres, qui dépouillent, même,
la veuve et l'orphelin et renvoient à vide les indigents. Il semblera
ignorer que des malheureux sont opprimés et affamés tout en portant les
gerbes de l'impie, qu'ils font l'huile et le vin, et cependant ils ont
soif... et que malgré leur travail, ils n'ont pas de couvertures pour le
froid. Dans les cités, on entend le gémissements et les cris des âmes
opprimées. Dieu semble-t-il, ne prend pas garde à ces infamies, car
l'heure de l'action n'est pas encore là. Son temps n'est point venu.
(versets 1-12)
Voici
les assassins, les voleurs, les adultères, amis des ténèbres et qui
détestent la lumière, vous affirmez qu'ici bas leur héritage est maudit
(v. 18) et que le séjour des morts engloutit soudainement ceux qui
pèchent (v. 19) Mais en réalité, Dieu prolonge les jours des violents...
il leur donne de la sécurité et de la confiance (v; 23), car l'heure de
leur jugement n'a pas sonné.
N'en est-il pas ainsi, Eliphaz ? Dieu n'a-t-il pas un temps en réserve pour toutes choses ? Et ceux qui le connaissent devraient aussi discerner ses jours. (v. 25)
CHAPITRE ONZE (25,26,27,28)
Dernières paroles de Bildad et réponse de Job
Bildad semble ignorer tout ce qui a été dit : les arguments de ses amis
et les réponses de Job. Il en revient encore à ce qu'un esprit a dit à
Eliphaz dans une vision de la nuit. "Certes, la puissance de Dieu est
infinie, ses armées sont innombrables. Il fait luire son soleil sur les
méchants comme sur les bons. Cependant, comment l'homme serait-il juste
devant lui ? Comment serait-il pur ? lorsque, même les étoiles ne sont
pas pures à ses yeux. Combien moins l'homme qui n'est qu'un ver !" (v.
1-6)
Alors Job reproche à Bildad, son incompréhension : "Comme tu sais bien
venir en aide à celui qui est faible ! Comme tu prêtes secours au bras
sans force ! Comme tu as bien conseillé celui qui manque de sagesse !...
Qui est-ce qui t'inspire ?" (26.1-4)
Il est évident que si Bildad ne savait pas encore comment l'homme
pouvait s'approcher de Dieu, et lui rendre un culte qui lui soit
agréable, il eût mieux fait de rester chez lui, que de venir chez son
ami dans l'affliction avec ses dénégations. Tout ce qu'il a pu dire, ce
sont toutes ses calamités qui fondent sur l'homme sans Dieu.
Job pense que les "comment" de Bildad trouvent leur réponse dans
l'omnipotence de Dieu. Et il décrit sa puissance infinie, illimitée.
Devant Dieu, les ombres tremblent au-dessous des eaux. Devant lui, le
séjour des morts est nu. L'abîme n'a point de voile. Il suspend la terre
sur le néant... Il renferme les eaux dans les nuages et couvre la face
de son trône... Les colonnes du ciel tremblent à sa menace. Il apaise la
mer et en brise l'orgueil. Son Esprit donne au ciel sa beauté. Sa main
transperce même le serpent fuyard.
Ce ne sont là que les bords de ses voies, c'est le bruit léger qui nous
en parvient. Il agit dans le calme, dans le silence. Si nous ne
discernons que les bords de ses voies, combien moins pouvons-nous
comprendre le tonnerre de sa Toute Puissance. (26.1-4)
Si sa puissance créatrice a fait toutes ces merveilles, serait-il
possible que son œuvre la plus noble, l'homme, échappât à sa puissance ?
Assurément, par comparaison avec son Créateur, l'homme n'est qu'un
ver. Il est déchu de son premier état, et il est devenu l'esclave de ce
monde sur lequel il devait régner. Mais l'infinie sagesse de Dieu peut
trouver un moyen de ramener à lui, de rencontrer à nouveau, celui que le
péché a séparé. Il a pourvu à ce moyen.
Job, qui avait été interrompu par Bildad, a repris son discours
sentencieux : "L'Éternel est vivant...jusqu'à mon dernier soupir, je
défendrai mon innocence." Bien des années plus tard, le prophète Elie,
déclarant à Israël, le châtiment de Dieu, s'exprime ainsi : "L'Éternel
est vivant devant qui je me tiens et que je sers"
En la présence du Vivant, les amis, je ne puis vous donner raison, ma
langue ne dira rien de faux. Je ne puis, non plus, rien changer à ce que
j'ai dit de ma vie et de mes relations avec Dieu. Mon cœur ne me fait
de reproches sur aucun de mes jours. (27.1-6) Je retiens avec force ma
confiance et mon espérance, malgré la fournaise dans laquelle je suis.
Ceux qui s'élèvent contre moi, et faussement me condamnent, alors que
je suis innocent de leur accusations, ne sont point des amis, mais des
ennemis, eux, recevront la portion du méchant. L'hypocrite ne fait pas
du Tout-Puissant ses délices, il ne lui adresse pas ses prières en tout
temps, comme vous savez que je fais. (v. 7-10)
C'est au tour de Tsophar de parler. Mais il garde le silence et Job,
reprenant la parole, dit : "Je ne vous cacherai pas les desseins du
Tout-Puissant", car, lui aussi, Job a discerné l'autre aspect du sort
des méchants.
Il est faux de dire que la souffrance est invariablement le fruit du
péché. Mais il est vrai, terriblement vrai, qu'une vie passée loin de
Dieu et dans le mépris de ses commandements, entraîne son châtiment en
ce monde, et dans celui à venir.
Il était vrai de dire que si les enfants de l'impie étaient nombreux,
c'était souvent pour l'épée. Inquiets, agités, mécontents, ils sont
comme possédés par l'esprit qui règne à leur foyer. Que le méchant
amasse des richesses, il devra tout laisser. Il se couche riche et il
meurt dépouillé. Il ouvre les yeux et tout a disparu. Dieu le frappe
soudain et lui dit : "Insensé ! Cette nuit même, ton âme te sera
redemandée." Il voudrai fuir, mais il ne le peut. D'accord avec le
jugement de Dieu, les hommes battent des mains à sa chute et sifflent à
son départ.
Telle est la fin du méchant, même si, au cours des années écoulées, les châtiments de Dieu ne l'ont pas atteint.
Après avoir rappelé le lot des méchants et montré la folie qu'il y a de
s'attacher aux choses qui passent, Job décrit le travail incessant de
l'homme dans la recherche des biens terrestres et met en contraste la
sagesse déployée pour atteindre jusqu'aux richesses cachées du sous-sol,
avec la sagesse qui vient d'En Haut.
Il faut creuser le sol pour y trouver l'argent. Et l'or qu'on recueilli, doit être mis au creuset pour être affiné. Le fer doit être extrait de la poussière, on fonde la pierre pour y trouver l'airain
Avec quelle persévérance les hommes recherchent ces trésors, ouvrant
des galeries dans les entrailles de la terre, loin des endroits
habités.
De la terre qui donne le blé, sortent aussi des pierres merveilleuses :
des saphirs d'un bleu transparent, et de la poussière d'or.
L'oiseau de proie ne peut suivre le chemin du mineur, malgré l'acuité
de son regard, et les plus fiers animaux ne l'ont pas foulé. L'homme
porte sa main sur le rocher et renverse les montagnes depuis leurs
racines. Il s'ouvre un passage dans le roc et son œil contemple tout ce
qu'il y a de précieux. Il change même l'écoulement des eaux pour amener à
la lumière les trésors cachés. (28.1-11)
Tel est le travail de l'homme à la recherche des biens terrestres.
Mais, connaît-il la valeur infiniment supérieure, infiniment plus
précieuse, de la Sagesse et de la connaissance ?
S'il le sait, si son cœur s'applique à les chercher, sait-il où les
trouver ? On ne les trouve ni au sein de la terre, ni au fond des mers.
Ni l'or, ni l'argent ne peuvent acheter la Sagesse. On ne peut même pas
la comparer à l'or d'Ophir ou aux pierres précieuses. Oui, son prix
dépasse celui des rubis et des perles (v. 12-19)
D'où vient donc la Sagesse ? Puisqu'on ne peut l'acheter et qu'elle est cachée aux yeux des vivants ? (v. 20-21)
Dieu seul connaît la source de la Sagesse, seul, il peut enseigner
comment on l'obtient. Toute sagesse se trouve en Dieu lui-même. Il voit
jusqu'aux extrémités de la terre et tout ce qui se passe sous les cieux,
tout le travail d'un homme pour ces trésors d'un jour. Il a mesuré les
eaux, réglé le poids du vent lui seul connaît la place de la Sagesse, et
il dit :
voici la crainte du Seigneur, c'est la Sagesse, s'éloigner du mal, c'est l'intelligence (28)
Bref,
les hommes associent la sagesse à la science des choses d'ici-bas, et
au moyen d'acquérir des richesses. Mais Dieu dit que la plus haute Sagesse,
c'est de le connaître, d'accomplir sa volonté, et de se séparer de mal.
CHAPITRE DOUZE (24)
Job évoque son passé
"Oh ! Que ne puis-je être comme au temps d'autrefois ! Comme aux jours où Dieu me gardait !"
Après avoir dit qu'il conservera jusqu'au bout son intégrité, après
avoir déclaré bien clairement à ses amis qu'il refusait de prendre cette
place du pécheur et de l'impie à laquelle ils l'invitaient, Job
s'accorde la joie de regarder en arrière, de retourner en pensée aux
jours d'autrefois, qu'il met en contraste avec l'amertume et la douleur
du temps présent.
Il nous livre ainsi une vivante peinture de sa vie intérieure et extérieure, dans sa marche avec Dieu. Il nous révèle, aussi, sans s'en douter, la raison pour laquelle Dieu l'a mis au creuset de l'affliction.
Ses
premiers montrent qu'il y a un degré de soumission à Dieu que Job
n'avait jamais atteint. Épreuve sur épreuve l'avait frappé, et il
s'était incliné sous la volonté de Dieu. Mais il ne semble pas se rendre
compte que ses retours en arrière, ce désir de retrouver sa postérité
passée, ne sont point d'accord avec un abandon total de soi à Dieu, une
acceptation entière de la volonté de Dieu.
Comme l'a écrit un auteur profondément instruit des voies de Dieu, il
faut que dans la fournaise de l'épreuve, la soumission à Dieu soit
parfaite, afin qu'il n'y ait jamais de regrets en regardant au passé, et
jamais de désirs en regardant vers l'avenir. Car il est évident que
regrets ou désirs ne sont point en harmonie avec le complet abandon de
soi à Dieu.
L' Adversaire le sait. Aussi, combien il essaie de ramener la pensée à
ce que nous étions et qu'en apparence nous ne sommes plus, ou à ce que
nous devrions être et que, apparemment nous ne sommes pas. Ces
comparaisons de soi-même élèvent un obstacle fatal au repos de l'âme en
Dieu, dans toute la volonté de Dieu.
"Oh ! Que ne puis-je être comme au temps d'autrefois !" Job ne s'étend
pas sur sa prospérité perdue car son cœur ne s'était pas attaché à ces
richesses. Il remémore surtout le temps de communion avec Dieu et de
service en faveur des autres.
La vie de Job à la lumière de Dieu
A tous les points de son récit, nous voyons l'intégrité du cœur de Job.
En rappelant le passé, il n'énumère pas la perte de ses biens, il ne
rappelle pas d'abord la mort de tous ses enfants, il se lamente surtout
sur l'épaisse nuée qui lui dérobe Dieu. Il remonte aux jours de sa
communion avec l'Éternel, lorsqu'il marchait à sa lumière, que sa lampe
brillait sur sa tête. Que lui importait les ténèbres puisque Dieu le
conduisait pas à pas.
Job avait bien la conviction qu'il était entre les mains de Dieu, mais
il est troublé par sa nouvelle manière d'être à son endroit. Oh ! La
douleur d'avoir à marcher dans les ténèbres, sans la moindre lumière,
sans la moindre preuve d'être conduit par Dieu.
Nous connaissons cette souffrance quand le Saint-Esprit nous conduit
hors du chemin que Dieu éclaire, pour nous amener à marcher uniquement
par la foi. Job savait ce qu'il avait perdu. Il ne discernait pas encore
ce qu'il allait gagner. Il ne savait qu'il s'était reposé sur la
lumière que Dieu communiquait plutôt que sur Dieu lui-même, qu'il avait
presque marché par la vue, au lieu de marcher par la foi.
Job avait perdu tout ce qui, autrefois, faisait son bonheur. Mais
c'était pour parvenir à une plus grande connaissance de Dieu,
connaissance possible pour la foi qui s'appuie uniquement sur le caractère
de Dieu
"Que ne suis-je aux jours de ma vigueur, quand Dieu veillait en ami sur ma tente." (v. 4-5)
Le temps de la vigueur de la jeunesse est splendide, merveilleux, qu'il
s'agisse du domaine de la nature ou de celui de la Grâce. Le printemps
de la vie spirituelle est délicieux avec sa ferveur, l'ardeur de son
amour. Mais il a sa verdeur, il est impulsif, partial. Il croit savoir
et souvent ne voit qu'un côté des choses. Beauté de la ferveur, de la
piété, de l'énergie, de la vie, Beautés de toutes les possibilités, et
pas nécessairement de leur accomplissement, beauté de la fleur qui
pourra donner un fruit, lorsque les pétales seront tombés.
Plus tard, Job pensera avec reconnaissance aux joies de son merveilleux
matin. Mais il discernera plus de beauté dans la foi qui a atteint son
ultime développement et qui marche avec Dieu dans une confiance
paisible. Il verra plus de beauté dans la douceur d'un esprit exercé par
la souffrance, qui se repose en l'Éternel, confiant dans la sagesse de
son action et dans les desseins de sa volonté bénie.
Job regrette le temps où Dieu veillait sur sa tente. Il ne sait pas que
Dieu ne s'est jamais autant occupé de lui qu'à l'heure de l'épreuve.
Dieu ne perd jamais des yeux le creuset, où l'or précieux que
constituent ses rachetés est affiné par le feu.
...Puis, Jacob rappelle les ressources infinies qu'il avait en Dieu, lorsque ses pieds étaient comme baignés dans la crème, et que les rochers de difficultés qui barraient sa route déversaient, pour lui, des ruisseaux d'huile. Bref, il s'était réjoui de tout nouvel obstacle sur son chemin, lequel obstacle s'était transformé en nouvelle occasion de bénédiction.
..."Si je sortais, les jeunes gens se retiraient à mon approche, les vieillards se levaient et se tenaient debout, les princes arrêtaient leurs discours... la voix des chefs se taisait."
Ces détails nous révèlent en quelle estime vivait Job parmi ses contemporains. Les jeunes se cachaient, peut-être de crainte de n'être point compris ? ou bien parce qu'ils redoutaient le regard de l'homme qui vivait avec Dieu ? Tous montraient le respect qu'ils avaient pour l'homme de Dieu.
Quel honneur d'être ainsi respecté, et pour cette raison, de la marche avec l'Éternel ! Inconsciemment, c'est à l'Éternel lui-même que s'adressent ces marques de déférence.Il en va toujours ainsi avec l'homme que le Saint-Esprit a marqué de son sceau. Il est conduit devant les grands. Mais si ceux qui honorent le serviteur de Dieu se glorifient en l'homme, s'ils lui attribuent la puissance, l'Éternel, qui est un Dieu jaloux, met son serviteur à l'écart. Ou bien, comme dans le cas de Job, il permet la fournaise de l'épreuve, de sorte qu'il est manifeste pour tous que l'homme n'a quoi que se soit qui lui appartienne en propre. Rien de plus que ce qu'il a reçu de Dieu. En lui-même, il ne possède rien.
"La bénédiction du malheureux venait sur moi;
"L'oreille qui m'entendait me disait heureux...
Car le sauvais le pauvre qui implore du secours, Et l'orphelin qui manquait d'appui.
Je remplissais de joie le cœur de la veuve..." (24.11-13)
Job dit maintenant les joies du service, fruit spontané de la communion avec Dieu. Des voix s'élevaient pour le bénir, ceux qui le voyaient rendaient témoignage à la grâce et la puissance de Dieu qui étaient sur lui. On l'aimait à cause de son dévouement au service du prochain. Tous ceux qui étaient dans la peine allait à lui, et n'était jamais déçus. "La sagesse qui vient d'En-Haut est pure, paisible, douce, traitable, pleine de compassion...Elle n'est pas envieuse ni hypocrite."
L'esquisse que Job trace de sa vie atteint ici sa suprême beauté. Après la joie de satisfaire le cœur de Christ, il n'y a point de joie plus douce ici bas que celle de secourir ceux qui sont prêts à périr, et de faire que le cœur de la veuve chante de joie.
Job regrette ce temps-là. Quand donc ce service lui sera confié à nouveau ? Mais qui donc viendrait à lui, maintenant ? Lui, le malheureux sur le tas de cendres.
"Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement.
J'avais ma droiture pour manteau et pour turban.
J'étais l'œil de l'aveugle,
J'étais le père des misérables,
Je brisais la mâchoire de l'injuste,
Et j'arrachais, de ses dents, la proie." (v. 14-17)
L'intimité qu'il y avait entre Job et Dieu nous permet de croire qu'existait en lui cette justice, cette droiture de vie, que nous trouvons en ceux qui ont compris que Jésus-Christ a été fait péché à notre place, pour que nous devinssions justice de Dieu en Lui.
"Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement." dit-il, pour décrire ce qui faisait sa force. Ceci nous montre qu'il était vraiment revêtu de la puissance d'En-Haut.
On pourrait presque décrire avec les mêmes mots le revêtement du Saint-Esprit que reçurent les disciples à la Pentecôte. La justice de Dieu ne fut-elle pas manifestée dans l'apôtre Pierre, lorsqu'il dévoila et jugea le péché d'Ananias et de Saphira ?
Ainsi, Job instrument dans la main de Dieu, au milieu de ses contemporains, fut revêtu de justice comme d'une cotte de maille pour la bataille contre le péché. Sa justice, son jugement impartial dans les différents entre familles ou tribu avaient été comme un précieux diadème sur sa tête. Sans peur, dans sa lutte pour le droit, il ne s'était pas mis en peine des conséquences, lorsqu'il s'opposait aux méchants, et qu'il leur arrachait leurs victimes, comme on arrache des mâchoires du fauve, la proie qu'il s'apprête à dévorer.
"Je me disais, je mourrai dans mon nid ;
Mes jours seront abondants comme le sable..."
On suppose que Job avait atteint la centième année à l'époque de sa grande épreuve. Il pouvait, certes, penser qu'il avait atteint la maturité, et qu'aucun changement de situation ne surviendrait en sa vie. Il est évident que sa communion avec Dieu, sa connaissance des ressources qu'il possédait en Lui, son jugement sûr, son courage indomptable au service des autres, tout ceci ne pouvait résulter que de longues années d'obéissance et de marche avec Dieu.
D'autre part, Job savait que sa vie intérieure était profondément enracinée en Dieu. Elle était donc accessible aux "eaux vives". La rosée de l'Esprit reposait constamment sur lui, le gardait de la sécheresse, et le faisait reverdir comme l'arbre planté près des eaux courantes. "Alors je disais : ma gloire se renouvellera sans cesse..."Que veut-il dire ? S'agissait-il de cette puissance de Dieu qui l'équipait constamment dans sa bataille contre le péché et contre la puissance des ténèbres ? Tout aussitôt, il parle de son arc qui, au lieu de s'user, "rajeunissait", ou était renouvelé entre ses mains. (v. 20)
"On m'écoutait.... on gardait le silence.
Après mes discours, nul ne répliquait.
Mes paroles étaient pour tous une bienfaisante rosée;" (v. 21-23)
Non seulement Job était revêtu de la justice de Dieu, mais il avait reçu ce que l'on a nommé au jour de la Pentecôte le don d'expression, l'éloquence.
L'autorité pour se faire écouter. Ce silence profond, intense qui accompagne les paroles prononcées selon l'Esprit. La conviction qu'elles entraînent dans le cœur des auditeurs, pour y détruire toute opposition, l'influence rafraîchissante, comparable à celle de la rosée, du discours selon l'Esprit ; la soif éveillée ; l'attente des auditeurs ; la réceptivité du cœur et de l'être tout entier, comparable à celle de la terre recevant la pluie de l'arrière-saison ; la confiance des auditeurs dans le message envoyé par Dieu ; tous ces signes, tous ces traits, marquent Job comme un véritable prophète de l' Éternel.
C'est là, une charge redoutable. Ce désir d'agir sur les cœurs par la parole ne va pas sans périls. Les Sainte Écritures ne manquent pas de nous en avertir. C'est un grand privilège que d'être l'un des serviteurs que Dieu honore ainsi. Ce privilège a sa contre partie de dangers.
Moïse pécha par ses lèvres ; Eli fut puni à perpétuité, lui et sa descendance, parce qu'il n'avait pas réprimandé ses fils ; David fut sévèrement châtié, pour n'avoir pas su garder ses yeux ; Jérémie fut repris parce que son esprit défaillait. Toutes ces choses sont écrites pour notre instruction.
Dans le récit que Job fait de sa vie passée, il est aisé de discerner la satisfaction qu'il avait éprouvée de sa haute situation, situation qu'il devait à la confiance des ses contemporains et surtout à la faveur que Dieu lui témoignait.
"Je m'asseyais à leur tête,
J'étais comme un roi au milieu de sa troupe." dit-il dans sa conclusion.
Le défi de Satan a été conçu de façon machiavélique. Il a discerné le péril qui menace Job, sur ce piédestal où son intégrité, sa droiture, son amour pour Dieu et le prochain et la confiance de son peuple l'ont comme élevé. Péril bien connu de l'apôtre Paul, lorsqu'il écrivait aux Corinthiens qu'il lui avait été mis une écharde dans la chair, pour qu'il ne s'enflât pas d'orgueil à cause de l'excellence des révélations qu'il avait reçues. Se laisser gagner par l'orgueil, c'est perdre sa couronne.
D'autre part, ce récit de sa vie par Job confirme ce que Dieu dit de lui devant l'assemblée céleste, et démontre suffisamment que ni le péché, ni la désobéissance ne sont en cause dans l'épreuve qui l'a atteint. Il y a la seule volonté de Dieu qui a en vue l'accroissement de la foi chez son serviteur. Accroissement possible pour celui-là seul qui connaît la plénitude de l'Esprit et la marche par la foi. Cette foi qui est plus précieuse aux yeux de Dieu que l'or périssable et qui recevra honneur et louange lorsque le Seigneur apparaîtra.
Dans le Nouveau Testament, il est question du grain de blé qui tombe en terre et meurt pour porter du fruit; de la conformité de Christ en sa mort, laquelle conformité succède à l'identification avec Lui, sur la Croix du Calvaire ; de la sentence de mort qui tomba sur tout ce que Paul avait, sur tout ce qu'il était par lui-même, afin qu'il ne reposât plus qu'en la puissance de résurrection de Dieu. Ces choses, ces expériences, correspondent à l'époque de dépouillement dans la vie de Job.
Dans le creuset
"Ils ont perdu toute retenue, dit Job, ils poussent mes pieds..."
"Des chiens m'environnent, une bande de scélérats rodent autour de moi."
est-il écrit du Seigneur (Psaume 22.16)
"Ma gloire est emportée comme le vent", s'écrie Job.
"Tu connais mon opprobre et ma honte, mon ignominie..." dit le Seigneur (Psaume 69.16)
"Mon âme s'épanche en mon sein", dit Job (v. 16) Et le prophète Esaïe annonçant les souffrances du Christ dit : "Il a livré son âme à la mort" (53.12)
"Au cours de la nuit, mes os me transpercent. La douleur qui me ronge ne se donne aucun repos. Dieu m'a jeté dans la boue, et je ressemble à la poussière et à la cendre", gémit Job
(v. 17-19)
"Ils ont percé mes mains et mon côté... Tu me réduis à la poussière de la mort."
(Psaume 22.15,16)
''Je crie vers toi et tu ne me réponds pas." (Psaume 22.2-3)
"Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné ?" dit le Seigneur au Golgotha, celui qui fut frappé à notre place.
Ainsi, nous retrouvons de nombreux traits de la tragédie du Calvaire, dans la terrible épreuve où Job fut plongé.
La méchanceté relève la tête. Il est abreuvé d'ignominie et de douleur. Mais pour lui, l'épreuve suprême, et la cause de l'angoisse terrible qui le tenaille, c'est le silence de Dieu. Quoi ! Dieu voyait tout cela, Dieu savait ! Et il ne venait pas au secours de son serviteur ! En pensant à cela, Job s'écrie : "Tu es devenu cruel pour moi (v. 21) Tu m'anéantis au bruit de la tempête, car je le sais, tu me mènes à la mort."
Alors Job, est repris en sa conscience. N'as-t-il pas dit à ses amis son absolue confiance en Dieu : "Même s'il me tuait je ne cesserais d'espérer en lui." N'as-t-il pas dit son assurance de sortir de l'épreuve comme l'or purifié par le feu. Or, il vient d'accuser Dieu de cruauté !
A peine ses paroles ont passé ses lèvres que Job sait qu'il a péché. Mais il étouffe la voix douce et subtile qui se fait entendre et il s'excuse en disant : "Celui qui va périr, n'étend-il pas les mains ? Celui qui est dans le malheur, n'implore-t-il pas du secours ?"
Job avait atteint le moment crucial de son épreuve et il n'en savait rien. Sa confiance en Dieu, était restée, jusque là, inébranlable. Les accusations plus ou moins ouvertes de ses amis n'avaient fait que mieux enraciner sa foi en Dieu. Mais lorsqu'il s'offrit le luxe de s'étendre sur les joies des années passées, qu'il comparaît sa vie avec celle d'aujourd'hui, ses regrets, son désespoir, prirent le dessus. Il s'oublia au point de formuler d'amers reproches à l'adresse de son Tout-Puissant Ami. Au lieu de s'humilier aussitôt, et de confesser sa faute, il se donna une excuse, puis il se prit en pitié. Son intégrité ne l'autorisait-elle pas à espérer le bonheur ? Et le voici qui se lamente et pleure sur lui-même (versets 24-31)
Le prophète Jérémie traversa un moment de dépression identique :
"Malheur à moi, ma mère, de ce que tu m'as fait naître...
Je n'emprunte ni ne prête,
Et cependant, tous me maudissent... (15.10)
A cause de ta puissance, je me suis assis, solitaire,.
Pourquoi ma souffrance est-elle continuelle ?
Serais-tu pour moi comme une source trompeuse ?
Comme quelque chose qui vient à manquer ?" (Jérémie 15.19)
Et Dieu répondit à son prophète, en danger de sombrer dans la tempête de l'épreuve :
"Si tu retires ces paroles, je te répondrai, et tu pourras encore te tenir en ma présence." (15.19 Version suédoise )
Si Job avait écouté la voix intérieure, s'il était retourné à Dieu aussitôt,, il ne se serait pas laissé aller au désespoir, ni à cette justification de ses voies, et à ce plaidoyer en faveur de ce qui va suivre. Ce qui fit penser aux amis de Job qu'après tout, ils ne se trompaient guère, car celui-ci se considérait juste devant Dieu.
A présent l'esprit de Job a été touché. Il a comme lâché l'ancre intérieure et il enfonce sous la main de Dieu.
"L'esprit de l'homme le soutient dans la maladie, mais l'esprit abattu, qui le relèvera ?" (Proverbes 18.14)
Le Dieu fidèle veille toujours. Il ne permettra pas que Job reste dans le creuset de la souffrance une seconde de trop. Même en cet instant, Job n'a pas rejeté Dieu. Sa volonté de lui rester fidèle demeure. Dans son angoisse, il s'est laissé aller à faire des reproches à Dieu, mais il ne se sépare pas de lui, il n'a pas refusé de se confier en lui.
"Je ne me sens coupable de rien, écrit-il aux Corinthiens. Cependant je ne suis pas justifié pour cela ; mais celui qui me juge, c'est le Seigneur. (1Corinthiens 4.4)
Un jeune homme était là, qui avait entendu tout ce qui avait été dit. Il n'a pas été nommé jusqu'ici. Sans doute jugeait-on inutile de prendre garde à la présence d'Elihu, à cause de la jeunesse de celui-ci. Cependant, les paroles qu'il prononça révèle un discernement spirituel que n'avaient pas ses aînés.
Elihu résume les discours de Job : celui-ci affirme son innocence et prétend que Dieu le traite en ennemi. "Quelle erreur est la tienne, dit Elihu. Comment la créature discuterai-t-elle avec son Créateur ? En ceci, Job, tu n'as pas raison. Dieu ne rend pas compte de ses actes."
Ce jeune homme est manifestement sous l'influence de l'Esprit de Dieu. Le Seigneur révèle rapidement et clairement l'état des âmes dans l'angoisse aux messagers qu'il leur envoie. Elihu est aussitôt au cœur du sujet. Quelle différence entre son discours et celui des vieillards dont la multitude des paroles est passée à côté de la question...
"En somme tout revient à ceci, dit-il à Job : tu es innocent et c'est Dieu qui a tort. S'il y a quelqu'un à blâmer, tu dis que c'est lui !"
Où est ton sens de la justice ? Vois dans quelle impossible situation tu mets le Dieu trois fois saint. Tu ne peux pas le combattre et tu le sommes de te rendre des comptes ! Il ne t'en donnera pas. Tu dis qu'il est ton ennemi et toi même tu prends la place de cet ennemi !
Toutefois, Dieu n'est pas sans faire connaître sa volonté. Le malheur, c'est que les hommes ne comprenaient pas son langage et ne prêtaient point une attention suffisante à sa voix. Elihu indique deux des méthodes que Dieu emploie : Il parle directement au cœur par le Saint-Esprit et il parle par des songes et des visions pendant la nuit, lorsque les choses de cette vie sont comme effacées momentanément et que les devoirs quotidiens ne s'imposent plus à la pensée. Alors, l'Esprit grave dans le cœur les instructions de l'Éternel, comme le cachet imprime sa gravure sur de la cire molle.
Quel contraste, nous avons ici avec le message de l'esprit qui visita Eliphaz, et jeta dans sa pensée des doutes sur le caractère de Dieu !
Les anciens auteurs nommaient ces instructions que le Saint-Esprit grave dans le cœur : "une connaissance diffusée de Dieu." Celle-ci marque un degré de croissance spirituelle, désignée comme le chemin unitif de la communion avec Dieu. Tandis qu'au début la lumière est surtout communiquée à la pensée. Il s'agit alors du chemin de l'illumination.
Ces instructions du Saint-Esprit dans le cœur ne sont possibles que pour ceux qui se sont complètement donnés à Dieu. Toute résistance doit avoir cessé. La volonté doit être amenée à une harmonie parfaite avec la sienne. L'atmosphère doit restée transparente entre l'âme et Dieu, au cours de l'activité journalière.
Pourquoi Dieu parle-t-il ? "Pour détourner l'homme du mal, pour l'avertir, pour le préserver de l'orgueil, afin de garantir son âme de la fosse et des coups du glaive." (33.17-18)
La volonté propre et l'orgueil sont les deux caractéristiques de ceux qui ne se sont pas donnés à Dieu. Ce sont les signes distinctifs de l'héritage des fils d'Adam.
Le second Adam, le Seigneur du ciel, nous a acquis un salut parfait au Calvaire. Mais quelle patience est nécessaire avec chaque âme rachetée, avant que celle-ci soit recréée et conforme à l'image du Fils. Combien de temps il faut, avant que soit conquise la citadelle de la volonté et que celle-ci soit satisfaite de faire la volonté de son Rédempteur.
L'âme purifiée par le précieux sang de Jésus peut choisir la grâce de la véritable humilité. Mais il faut l'action toujours plus profonde de Dieu pour amener l'homme à renoncer à soi-même et à sa propre vie, afin de devenir participant de la vie abondante du Seigneur. Ainsi, il est gardé d'une existence perdue et inutile.
Dieu parle encore à ses enfants par l'épreuve de la souffrance. "Avec Dieu, dire c'est agir ; et il explique ses desseins en plaçant l'âme dans le creuset." (Madame Guyon)
"Son âme s'approche de la fosse et sa vie des messagers de la mort."
Combien sérieuses, alors, les réprimandes du Tout-Puissant, combien profonde, la conviction, quand les leçons du Père céleste sont comme burinées dans la conscience, avec une pointe rougie au feu.
Afin que l'homme abandonne ses projets ou ses plans, Dieu le met à l'écart, pose sa main sur lui, le dépouille de sa vigueur. Alors l'homme prend en dégoût sa nourriture et sa chair se détruit. Sa vie ne tient qu'à un fil.
Devant l'éternité, l'œuvre accomplie s'éloigne, s'efface. Le don de soi à Dieu est mis à l'épreuve. La volonté de Dieu est-elle plus que le travail pour Dieu ? Le serviteur est-il prêt à n'être plus qu'un vase brisé pour qu'il soit manifeste que la puissance agissant en lui vient de Dieu ?
Heureuse l'âme qui peut répondre aussitôt "Avec joie Seigneur." L'apôtre Paul écrit : "Je me glorifierai donc bien plus de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi." (2Corinthiens 12.10)
Il ne faut pas s'imaginer que tous ces détails de l'action de Dieu dans l'âme s'accomplissent nécessairement en chacun des rachetés. Elihu dresse un tableau général. Mais la Sagesse éternelle agit selon le caractère et les besoins de chacun.
Il y a des profondeurs dans le cœur que, seule, la souffrance peut atteindre.Ceux qui refusent d'apprendre l'obéissance par les choses qu'ils souffrent, garderont une certaine dureté de cœur et ignoreront la plus riche, la plus profonde connaissance de Dieu.
Enfin, c'est aussi dans le domaine spirituel que peut s'effectuer le dépouillement dont parle Elihu : dépouillement de force, de vigueur, avec une inappétence totale pour le Pain de vie, un détachement de l'œuvre confiée et de toutes les choses d'ici-bas. L'âme s'approche de la mort au sein même de l'activité.
De façon ou d'autre, il faut apprendre les leçons du creuset. Le serviteur de Dieu doit se réjouir de la volonté de l'Éternel quelle qu'elle soit, plus que de son service. Il doit se réjouir de sa faiblesse, ce qui est l'une des conditions nécessaire pour connaître la puissance au maximum.
Oui, le serviteur fidèle doit être prêt à souffrir de bien des manières, pour être rendu capable de soutenir, de fortifier les âmes. Il est écrit du Seigneur qu'il peut compatir à nos faiblesses, car il a été tenté comme nous en toutes choses. (Hébreux 4.15)
...Puis, Jacob rappelle les ressources infinies qu'il avait en Dieu, lorsque ses pieds étaient comme baignés dans la crème, et que les rochers de difficultés qui barraient sa route déversaient, pour lui, des ruisseaux d'huile. Bref, il s'était réjoui de tout nouvel obstacle sur son chemin, lequel obstacle s'était transformé en nouvelle occasion de bénédiction.
..."Si je sortais, les jeunes gens se retiraient à mon approche, les vieillards se levaient et se tenaient debout, les princes arrêtaient leurs discours... la voix des chefs se taisait."
Ces détails nous révèlent en quelle estime vivait Job parmi ses contemporains. Les jeunes se cachaient, peut-être de crainte de n'être point compris ? ou bien parce qu'ils redoutaient le regard de l'homme qui vivait avec Dieu ? Tous montraient le respect qu'ils avaient pour l'homme de Dieu.
Quel honneur d'être ainsi respecté, et pour cette raison, de la marche avec l'Éternel ! Inconsciemment, c'est à l'Éternel lui-même que s'adressent ces marques de déférence.Il en va toujours ainsi avec l'homme que le Saint-Esprit a marqué de son sceau. Il est conduit devant les grands. Mais si ceux qui honorent le serviteur de Dieu se glorifient en l'homme, s'ils lui attribuent la puissance, l'Éternel, qui est un Dieu jaloux, met son serviteur à l'écart. Ou bien, comme dans le cas de Job, il permet la fournaise de l'épreuve, de sorte qu'il est manifeste pour tous que l'homme n'a quoi que se soit qui lui appartienne en propre. Rien de plus que ce qu'il a reçu de Dieu. En lui-même, il ne possède rien.
"La bénédiction du malheureux venait sur moi;
"L'oreille qui m'entendait me disait heureux...
Car le sauvais le pauvre qui implore du secours, Et l'orphelin qui manquait d'appui.
Je remplissais de joie le cœur de la veuve..." (24.11-13)
Job dit maintenant les joies du service, fruit spontané de la communion avec Dieu. Des voix s'élevaient pour le bénir, ceux qui le voyaient rendaient témoignage à la grâce et la puissance de Dieu qui étaient sur lui. On l'aimait à cause de son dévouement au service du prochain. Tous ceux qui étaient dans la peine allait à lui, et n'était jamais déçus. "La sagesse qui vient d'En-Haut est pure, paisible, douce, traitable, pleine de compassion...Elle n'est pas envieuse ni hypocrite."
L'esquisse que Job trace de sa vie atteint ici sa suprême beauté. Après la joie de satisfaire le cœur de Christ, il n'y a point de joie plus douce ici bas que celle de secourir ceux qui sont prêts à périr, et de faire que le cœur de la veuve chante de joie.
Job regrette ce temps-là. Quand donc ce service lui sera confié à nouveau ? Mais qui donc viendrait à lui, maintenant ? Lui, le malheureux sur le tas de cendres.
"Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement.
J'avais ma droiture pour manteau et pour turban.
J'étais l'œil de l'aveugle,
J'étais le père des misérables,
Je brisais la mâchoire de l'injuste,
Et j'arrachais, de ses dents, la proie." (v. 14-17)
L'intimité qu'il y avait entre Job et Dieu nous permet de croire qu'existait en lui cette justice, cette droiture de vie, que nous trouvons en ceux qui ont compris que Jésus-Christ a été fait péché à notre place, pour que nous devinssions justice de Dieu en Lui.
"Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement." dit-il, pour décrire ce qui faisait sa force. Ceci nous montre qu'il était vraiment revêtu de la puissance d'En-Haut.
On pourrait presque décrire avec les mêmes mots le revêtement du Saint-Esprit que reçurent les disciples à la Pentecôte. La justice de Dieu ne fut-elle pas manifestée dans l'apôtre Pierre, lorsqu'il dévoila et jugea le péché d'Ananias et de Saphira ?
Ainsi, Job instrument dans la main de Dieu, au milieu de ses contemporains, fut revêtu de justice comme d'une cotte de maille pour la bataille contre le péché. Sa justice, son jugement impartial dans les différents entre familles ou tribu avaient été comme un précieux diadème sur sa tête. Sans peur, dans sa lutte pour le droit, il ne s'était pas mis en peine des conséquences, lorsqu'il s'opposait aux méchants, et qu'il leur arrachait leurs victimes, comme on arrache des mâchoires du fauve, la proie qu'il s'apprête à dévorer.
"Je me disais, je mourrai dans mon nid ;
Mes jours seront abondants comme le sable..."
On suppose que Job avait atteint la centième année à l'époque de sa grande épreuve. Il pouvait, certes, penser qu'il avait atteint la maturité, et qu'aucun changement de situation ne surviendrait en sa vie. Il est évident que sa communion avec Dieu, sa connaissance des ressources qu'il possédait en Lui, son jugement sûr, son courage indomptable au service des autres, tout ceci ne pouvait résulter que de longues années d'obéissance et de marche avec Dieu.
D'autre part, Job savait que sa vie intérieure était profondément enracinée en Dieu. Elle était donc accessible aux "eaux vives". La rosée de l'Esprit reposait constamment sur lui, le gardait de la sécheresse, et le faisait reverdir comme l'arbre planté près des eaux courantes. "Alors je disais : ma gloire se renouvellera sans cesse..."Que veut-il dire ? S'agissait-il de cette puissance de Dieu qui l'équipait constamment dans sa bataille contre le péché et contre la puissance des ténèbres ? Tout aussitôt, il parle de son arc qui, au lieu de s'user, "rajeunissait", ou était renouvelé entre ses mains. (v. 20)
"On m'écoutait.... on gardait le silence.
Après mes discours, nul ne répliquait.
Mes paroles étaient pour tous une bienfaisante rosée;" (v. 21-23)
Non seulement Job était revêtu de la justice de Dieu, mais il avait reçu ce que l'on a nommé au jour de la Pentecôte le don d'expression, l'éloquence.
L'autorité pour se faire écouter. Ce silence profond, intense qui accompagne les paroles prononcées selon l'Esprit. La conviction qu'elles entraînent dans le cœur des auditeurs, pour y détruire toute opposition, l'influence rafraîchissante, comparable à celle de la rosée, du discours selon l'Esprit ; la soif éveillée ; l'attente des auditeurs ; la réceptivité du cœur et de l'être tout entier, comparable à celle de la terre recevant la pluie de l'arrière-saison ; la confiance des auditeurs dans le message envoyé par Dieu ; tous ces signes, tous ces traits, marquent Job comme un véritable prophète de l' Éternel.
C'est là, une charge redoutable. Ce désir d'agir sur les cœurs par la parole ne va pas sans périls. Les Sainte Écritures ne manquent pas de nous en avertir. C'est un grand privilège que d'être l'un des serviteurs que Dieu honore ainsi. Ce privilège a sa contre partie de dangers.
Moïse pécha par ses lèvres ; Eli fut puni à perpétuité, lui et sa descendance, parce qu'il n'avait pas réprimandé ses fils ; David fut sévèrement châtié, pour n'avoir pas su garder ses yeux ; Jérémie fut repris parce que son esprit défaillait. Toutes ces choses sont écrites pour notre instruction.
Dans le récit que Job fait de sa vie passée, il est aisé de discerner la satisfaction qu'il avait éprouvée de sa haute situation, situation qu'il devait à la confiance des ses contemporains et surtout à la faveur que Dieu lui témoignait.
"Je m'asseyais à leur tête,
J'étais comme un roi au milieu de sa troupe." dit-il dans sa conclusion.
Le défi de Satan a été conçu de façon machiavélique. Il a discerné le péril qui menace Job, sur ce piédestal où son intégrité, sa droiture, son amour pour Dieu et le prochain et la confiance de son peuple l'ont comme élevé. Péril bien connu de l'apôtre Paul, lorsqu'il écrivait aux Corinthiens qu'il lui avait été mis une écharde dans la chair, pour qu'il ne s'enflât pas d'orgueil à cause de l'excellence des révélations qu'il avait reçues. Se laisser gagner par l'orgueil, c'est perdre sa couronne.
D'autre part, ce récit de sa vie par Job confirme ce que Dieu dit de lui devant l'assemblée céleste, et démontre suffisamment que ni le péché, ni la désobéissance ne sont en cause dans l'épreuve qui l'a atteint. Il y a la seule volonté de Dieu qui a en vue l'accroissement de la foi chez son serviteur. Accroissement possible pour celui-là seul qui connaît la plénitude de l'Esprit et la marche par la foi. Cette foi qui est plus précieuse aux yeux de Dieu que l'or périssable et qui recevra honneur et louange lorsque le Seigneur apparaîtra.
Dans le Nouveau Testament, il est question du grain de blé qui tombe en terre et meurt pour porter du fruit; de la conformité de Christ en sa mort, laquelle conformité succède à l'identification avec Lui, sur la Croix du Calvaire ; de la sentence de mort qui tomba sur tout ce que Paul avait, sur tout ce qu'il était par lui-même, afin qu'il ne reposât plus qu'en la puissance de résurrection de Dieu. Ces choses, ces expériences, correspondent à l'époque de dépouillement dans la vie de Job.
CHAPITRE TREIZE
Dans le creuset
"Sous
sa magnificence, éclatera un embrasement... Il en sera comme d'un
porte-étendard qui tombe en défaillance..." (Esaïe 10.16,18)
Après avoir rappelé les bénédictions de son heureux passé, Job décrit
les douleurs du présent. Son récit n'est pas sans rappeler, par plus
d'un côté, le chemin que suivit jusqu'au Calvaire le Saint de Dieu,
lorsqu'il devint obéissant, obéissant jusqu'à la mort de la Croix.
L'histoire de Job ne serait-elle pas un enseignement des voies de
Dieu envers ses enfants dans tous les temps ? Préfigurerait-elle
aussi l'œuvre de Christ ? De même qu'Esaïe 53 décrit les souffrances du
Messie, la vie de Job ne fut-elle pas pour ses contemporains, et par
certains côtés, annonciatrice du Calvaire ?
De toute façon, l'harmonie interne des Saintes Écritures est
soulignée de façon frappante par la vie de Job. La lettre de la Parole a
été donnée en divers temps et de plusieurs manières et nous y
discernons le même Esprit, une même vérité. De la Genèse à l'Apocalypse,
nous avons ce même enseignement de mort et de résurrection, non
seulement dans la vie du Seigneur, mais aussi dans celle de tout fils
d'Adam ramené à Dieu par Christ.
Le chemin qu'a suivi le Christ, dans son pèlerinage terrestre, est
celui de la vie abondante. "Si le grain de blé ne meurt, il demeure seul.
S'il meurt, il porte beaucoup de fruit." Longtemps auparavant, Job fut
amené à mourir à lui-même dans la fournaise de la souffrance. En ces
derniers jours de l'âge, le chemin est le même, pour toute âme qui
attend l'apparition du Seigneur glorifié.
De tous jeunes gens riaient du malheur de Job. Même des gens de rien, les plus vils, la lie du peuple, se moquaient de lui et lui crachaient au visage.
C'est un fait, hélas! Que la nature déchue se réjouit du malheur qui atteint le prochain. S'agit-il d'un enfant de Dieu, très aimé et estimé à cause de son service ? Il se trouvera toujours autour de lui quelques âmes jalouses ou envieuses, même parmi les frères, pour se réjouir qu'il soit mis à l'écart.
Oh ! Enfant de Dieu, pourquoi ne point te réjouir de ce qu'un autre est apprécié, recherché, même si d'être laissé dans l'ombre t'humilie ? Ne peux-tu pas te réjouir de ce que Dieu envoie un autre que toi pour sauver des âmes ? Qu'un autre soit appelé pour un service qui, autrefois, te fut confié ? Ne peux-tu te glorifier du privilège de l'intercession, ce service caché auprès du Trône de la Grâce ?
Ou bien, souffrirais-tu d'être jugé durement, toi qui a supporté le labeur et la chaleur du jour au service du Maître ? Quelque jeune ouvrier sans culture , mais plein de zèle, te méprise, peut-être, à cause d'un manque de bénédiction sur la vigne confiée à tes soins ? Ne veux-tu pas accepter d'être traité d'incapable, et te retirer d'une œuvre qui a été comme ta vie ?
"Non seulement les jeunes gens se moquent de moi, dit Job, mais je suis la risée des gens méprisables, des personnes qu'on repousse la nuit, qu'on repousse de partout, et qui fuient dans les lieux arides. Maintenant, je suis l'objet de leurs chansons, je suis en bute à leurs propos. Ils me crachent au visage. Ces misérables se lèvent à ma droite, ils me repoussent les pieds. Ils arrivent comme par une large brèche et se précipitent sur ma ruine." (30.1-14)
Il semble, d'après ces paroles, qu'une foule de gens méprisables soient accourus pour insulter Job, sur le tas d'immondices, où à présent , il demeure. Lorsque, bien des siècles plus tard, le Seigneur Jésus fut crucifié sur le Mont Golgotha, une foule de misérables s'assembla aussi contre lui. Des hommes vils l'accusèrent. Des brigands furent crucifiés avec lui. Ils avaient certainement des gens de leur bande mêlés à la foule pour voir mourir les suppliciés.
Job avait passé sa vie à faire le bien, à secourir les affligés, les pauvres, les misérables. Maintenant, ceux-là même qu'il a secourus le considèrent avec horreur et l'injurient.
Il est écrit du Christ, au Psaume 22 :
"Et moi je suis un ver et non un homme,
L'opprobre des hommes et le méprisé du peuple.
Tous ceux qui me voient se moquent de moi,
Ils ouvrent la bouche et secouent la tête."
De tous jeunes gens riaient du malheur de Job. Même des gens de rien, les plus vils, la lie du peuple, se moquaient de lui et lui crachaient au visage.
C'est un fait, hélas! Que la nature déchue se réjouit du malheur qui atteint le prochain. S'agit-il d'un enfant de Dieu, très aimé et estimé à cause de son service ? Il se trouvera toujours autour de lui quelques âmes jalouses ou envieuses, même parmi les frères, pour se réjouir qu'il soit mis à l'écart.
Oh ! Enfant de Dieu, pourquoi ne point te réjouir de ce qu'un autre est apprécié, recherché, même si d'être laissé dans l'ombre t'humilie ? Ne peux-tu pas te réjouir de ce que Dieu envoie un autre que toi pour sauver des âmes ? Qu'un autre soit appelé pour un service qui, autrefois, te fut confié ? Ne peux-tu te glorifier du privilège de l'intercession, ce service caché auprès du Trône de la Grâce ?
Ou bien, souffrirais-tu d'être jugé durement, toi qui a supporté le labeur et la chaleur du jour au service du Maître ? Quelque jeune ouvrier sans culture , mais plein de zèle, te méprise, peut-être, à cause d'un manque de bénédiction sur la vigne confiée à tes soins ? Ne veux-tu pas accepter d'être traité d'incapable, et te retirer d'une œuvre qui a été comme ta vie ?
"Non seulement les jeunes gens se moquent de moi, dit Job, mais je suis la risée des gens méprisables, des personnes qu'on repousse la nuit, qu'on repousse de partout, et qui fuient dans les lieux arides. Maintenant, je suis l'objet de leurs chansons, je suis en bute à leurs propos. Ils me crachent au visage. Ces misérables se lèvent à ma droite, ils me repoussent les pieds. Ils arrivent comme par une large brèche et se précipitent sur ma ruine." (30.1-14)
Il semble, d'après ces paroles, qu'une foule de gens méprisables soient accourus pour insulter Job, sur le tas d'immondices, où à présent , il demeure. Lorsque, bien des siècles plus tard, le Seigneur Jésus fut crucifié sur le Mont Golgotha, une foule de misérables s'assembla aussi contre lui. Des hommes vils l'accusèrent. Des brigands furent crucifiés avec lui. Ils avaient certainement des gens de leur bande mêlés à la foule pour voir mourir les suppliciés.
Job avait passé sa vie à faire le bien, à secourir les affligés, les pauvres, les misérables. Maintenant, ceux-là même qu'il a secourus le considèrent avec horreur et l'injurient.
Il est écrit du Christ, au Psaume 22 :
"Et moi je suis un ver et non un homme,
L'opprobre des hommes et le méprisé du peuple.
Tous ceux qui me voient se moquent de moi,
Ils ouvrent la bouche et secouent la tête."
"Ils ont perdu toute retenue, dit Job, ils poussent mes pieds..."
"Des chiens m'environnent, une bande de scélérats rodent autour de moi."
est-il écrit du Seigneur (Psaume 22.16)
"Ma gloire est emportée comme le vent", s'écrie Job.
"Tu connais mon opprobre et ma honte, mon ignominie..." dit le Seigneur (Psaume 69.16)
"Mon âme s'épanche en mon sein", dit Job (v. 16) Et le prophète Esaïe annonçant les souffrances du Christ dit : "Il a livré son âme à la mort" (53.12)
"Au cours de la nuit, mes os me transpercent. La douleur qui me ronge ne se donne aucun repos. Dieu m'a jeté dans la boue, et je ressemble à la poussière et à la cendre", gémit Job
(v. 17-19)
"Ils ont percé mes mains et mon côté... Tu me réduis à la poussière de la mort."
(Psaume 22.15,16)
''Je crie vers toi et tu ne me réponds pas." (Psaume 22.2-3)
"Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné ?" dit le Seigneur au Golgotha, celui qui fut frappé à notre place.
Ainsi, nous retrouvons de nombreux traits de la tragédie du Calvaire, dans la terrible épreuve où Job fut plongé.
La méchanceté relève la tête. Il est abreuvé d'ignominie et de douleur. Mais pour lui, l'épreuve suprême, et la cause de l'angoisse terrible qui le tenaille, c'est le silence de Dieu. Quoi ! Dieu voyait tout cela, Dieu savait ! Et il ne venait pas au secours de son serviteur ! En pensant à cela, Job s'écrie : "Tu es devenu cruel pour moi (v. 21) Tu m'anéantis au bruit de la tempête, car je le sais, tu me mènes à la mort."
Alors Job, est repris en sa conscience. N'as-t-il pas dit à ses amis son absolue confiance en Dieu : "Même s'il me tuait je ne cesserais d'espérer en lui." N'as-t-il pas dit son assurance de sortir de l'épreuve comme l'or purifié par le feu. Or, il vient d'accuser Dieu de cruauté !
A peine ses paroles ont passé ses lèvres que Job sait qu'il a péché. Mais il étouffe la voix douce et subtile qui se fait entendre et il s'excuse en disant : "Celui qui va périr, n'étend-il pas les mains ? Celui qui est dans le malheur, n'implore-t-il pas du secours ?"
Job avait atteint le moment crucial de son épreuve et il n'en savait rien. Sa confiance en Dieu, était restée, jusque là, inébranlable. Les accusations plus ou moins ouvertes de ses amis n'avaient fait que mieux enraciner sa foi en Dieu. Mais lorsqu'il s'offrit le luxe de s'étendre sur les joies des années passées, qu'il comparaît sa vie avec celle d'aujourd'hui, ses regrets, son désespoir, prirent le dessus. Il s'oublia au point de formuler d'amers reproches à l'adresse de son Tout-Puissant Ami. Au lieu de s'humilier aussitôt, et de confesser sa faute, il se donna une excuse, puis il se prit en pitié. Son intégrité ne l'autorisait-elle pas à espérer le bonheur ? Et le voici qui se lamente et pleure sur lui-même (versets 24-31)
Le prophète Jérémie traversa un moment de dépression identique :
"Malheur à moi, ma mère, de ce que tu m'as fait naître...
Je n'emprunte ni ne prête,
Et cependant, tous me maudissent... (15.10)
A cause de ta puissance, je me suis assis, solitaire,.
Pourquoi ma souffrance est-elle continuelle ?
Serais-tu pour moi comme une source trompeuse ?
Comme quelque chose qui vient à manquer ?" (Jérémie 15.19)
Et Dieu répondit à son prophète, en danger de sombrer dans la tempête de l'épreuve :
"Si tu retires ces paroles, je te répondrai, et tu pourras encore te tenir en ma présence." (15.19 Version suédoise )
Si Job avait écouté la voix intérieure, s'il était retourné à Dieu aussitôt,, il ne se serait pas laissé aller au désespoir, ni à cette justification de ses voies, et à ce plaidoyer en faveur de ce qui va suivre. Ce qui fit penser aux amis de Job qu'après tout, ils ne se trompaient guère, car celui-ci se considérait juste devant Dieu.
A présent l'esprit de Job a été touché. Il a comme lâché l'ancre intérieure et il enfonce sous la main de Dieu.
"L'esprit de l'homme le soutient dans la maladie, mais l'esprit abattu, qui le relèvera ?" (Proverbes 18.14)
Le Dieu fidèle veille toujours. Il ne permettra pas que Job reste dans le creuset de la souffrance une seconde de trop. Même en cet instant, Job n'a pas rejeté Dieu. Sa volonté de lui rester fidèle demeure. Dans son angoisse, il s'est laissé aller à faire des reproches à Dieu, mais il ne se sépare pas de lui, il n'a pas refusé de se confier en lui.
Contraste
Nous avons signalé les points de ressemblance qu'il y a entre Job,
serviteur de Dieu, et le Seigneur, le Fils de Dieu. Mais ici, nous
constatons la grande différence qu'il y a entre l'un et l'autre.
On l'a dit : "De par notre nature nous redoutons davantage la
souffrance que le péché." Il semble que cette crainte de la souffrance
soit profondément enracinée dans notre être, comme, aussi, la tendance à
condamner notre prochain, même injustement. Mais lorsque nous regardons
au Seigneur, au Christ, quel calme ! Quelle acceptation délibérée,
persévérante de la souffrance ! Il s'humilie, non pas une fois, en
prenant la forme d'un serviteur, mais à tout instant, à tous les pas du
chemin douloureux, il de rend obéissant jusqu'à la mort de la croix !
Dans le prétoire, le Christ est entouré de personnes qui ont de
fortes ressemblances avec les amis de Job. Hommes religieux qui font
profession de connaître Dieu et se croient qualifiés pour conduire les
aveugles.
Bien plus ! Bien mieux que Job, le Seigneur avait fait le bien,
remplissant de joie le cœur de la veuve, prononçant des paroles qu'aucun
homme n'avaient prononcées. Toute sa vie fut un ministère d'amour en
faveur de ceux qui étaient dans la tristesse et l'affliction. Accusé de
blasphèmes par ceux qui auraient dû être ses amis, condamné comme
pécheur et séducteur, à l'inverse de Job, le Seigneur ne répondait rien
: "Injurié, il ne rendit point d'injures, maltraité, il ne fit point de menaces, mais il s'en remit à celui qui juge justement." (1Pierre 2.23)
A l'heure suprême et bien qu'il eût crié : "Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné, le Seigneur dit : "Mon Père, je remets mon esprit entre tes mains."
Job, lui, proteste en disant à Dieu : "Tu es devenu cruel pour moi !" Il perd pied sous la puissante main de l'Éternel.
CHAPITRE QUATORZE (Chapitres 31 et 32)
Je ! Je ! Je ! Moi ! Mon ! Mes !
"Il n'est pas honorable de rechercher sa propre gloire (Proverbes 22.27)
On
suppose que Job se dressa alors sur le tas de cendres, et que levant
les mains vers le ciel, il fit un serment à la mode orientale, le
serment qu'il était innocent de tout ce qu'on l'accusait. Vu l'état
d'accablement où il s'était comme délibérément plongé, cela ne surprend
pas.
A un moment donné, complètement brisé, il avait imploré la pitié de
ses amis. Mais son esprit prenant le dessus il avait affirmé sa foi
triomphante en son Rédempteur, et son cœur était resté comme ancré en
Dieu, jusqu'au moment où il avait évoqué les jours heureux de son passé.
Alors, le contraste avec l'état misérable et abject où il est tombé, ce
contraste est tel, que Job ne voit plus la fidélité de Dieu. Il descend
en lui-même, il se laisse absorbé par son épreuve et se prend en pitié.
Dans ce plaidoyer, cette justification de soi, Job déclare
solennellement ce qu'a été sa conduite concernant le péché, le monde, la
prochain, la fortune, l'idolâtrie, les ennemis.
1-- J'avais fait un pacte avec mes yeux (30.1)
C'est ici, l'une de premières conditions pour marcher avec Dieu. Et
dans le sermon sur la montagne qui donne les lois Royaume, le Seigneur
Jésus déclare que le regard de convoitise, le désir, sont comme le péché
lui-même aux yeux de Dieu.
"Quelle part, dit Job, Dieu m'eût-il réservé d'en haut ?
Quel héritage le Tout-Puissant m'eût-il envoyé des cieux ? ..si
j'avais commis cette iniquité ! Dieu n'as-t-il pas connu mes voies,
n'as-t-il pas compter tous mes pas ? (1-4)
2-- Si j'ai marché dans la vanité, si mes pieds se sont détournés du droit chemin, si mon cœur a suivi mes yeux, (au cours des journées, que de choses mauvaises frappent les regards, même de celui qui s'est mis à part pour Dieu) si quelque souillure s'est attachée à mes mains... Sur tous ces points, Job est prêt à être pesé dans la balance de Dieu, afin que son innocence soit manifestée.
3-- Si j'ai méprisé le droit de mon serviteur ou de ma servante... Si j'ai refusé aux pauvres ce qu'ils désiraient... Si j'ai vu le malheureux manquer de vêtements... Si j'ai levé la main contre l'orphelin... Que mes bras tombent et qu'ils se brisent. (13-23)
En toutes ces choses, Job a agi en fidèle dispensateur des biens que Dieu lui avait confiés. Il a marché en sa présence et dans la crainte.
4-- Si j'ai dit à l'or, tu es mon espoir, si je me suis réjoui de la grandeur de mes biens, de la qualité des richesses que j'avais acquises...
Il ne s'est pas glorifié de ses richesses. Il reconnaît qu'il les tient de Dieu. Il ne s'est pas confié en elles. La fortune n'est pas devenue son maître.
5-- Si j'ai regardé le ciel quand il brillait... Si mon coeur s'est laissé séduire en secret, si ma main s'est portée sur ma bouche...
Vivant au sein du paganisme, Job peut se rendre le témoignage que son cœur est resté droit devant Dieu. Il ne s'est point laissé entraîner aux coutumes idolâtres. Il n'a point laissé sa main regardant les astres, ce qui est la manière païenne de leur rendre hommage. Pour lui, cet acte aurait été un crime et ainsi, il aurait renié le Tout-Puissant.
6-- Si j'ai été joyeux du malheur de mon ennemi... Quelle grâce, quelle force, lorsque la conscience ne reproche rien, lorsque le cœur n'a pas été touché par le ressentiment, la rancune, l'esprit de vengeance.
Bref, Job peut se rendre le témoignage d'avoir marché devant Dieu avec un cœur loyal et intègre. Il avait exercé une large hospitalité, ouvert sa porte aux voyageurs. Il n'avait pas caché ses fautes par crainte de la multitude, ou du mépris des familles.
Dans ce long discours, on peut compter quelque quatre-vingt, Je Me Moi Mes et Job l'achève ainsi :
Voilà ma défense toute signée, que le Tout-Puissant me réponde !
Cependant si quelqu'un présentait une plainte écrite contre lui, il l'attacherait sur son front comme une couronne, et rendrait compte de tous ses pas. Il s'approcherait de son adversaire comme un prince et lui démontrerait que sa conduite fut selon Dieu.
Enfin, pour ce qui est de la possession du sol, laquelle donne souvent matière à procès, il dit
Si ma terre crie contre moi... Si j'en ai mangé le produit sans l'avoir payé, et si j'ai attristé l'âme de ses anciens maîtres, qu'il croissent des épines au lieu du froment, et de l'ivraie au lieu de l'orge ! (Fin des paroles de Job)
Les amis de Job sont réduits au silence sans être pour autant convaincus. Ils ne voient là, qu'une manifestation de propre justice, de contentement de soi, ce qui n'est pas honorable pour Job et ne glorifie pas Dieu.
Job a certainement marché en toute bonne conscience devant Dieu et les hommes, jusque là. Seulement, les accusations persistances de ses amis jointes à d'atroces souffrances physiques, morales aussi bien que spirituelles, (il a l'impression que Dieu l'a oublié) tout cela l'a blessé à vif, provoquant ce plaidoyer en sa faveur, nettement contraire à l'oubli de soi et d'humilité.
L'enfant de Dieu ne peut, sans danger, défendre sa propre cause. Dieu seul peut rendre ce témoignage à celui qui a remis toutes choses entre ses mains. Le discours de Job montre qu'il avait besoin de passer par la fournaise. Ses paroles révèlent un côté bien subtil de sa vie du moi, lequel ne peut se manifester qu'après un temps de puissance et de service fécond pour le Maître. Car tous les degrés du développement spirituel ont leurs tentations et leurs périls.
A l'heure des grandes épreuves, des longues épreuves, les replis cachés, les profondeurs du cœur humain sont comme mis à nu.
La soumission de Job, sa foi en Dieu, furent splendides. Sa conscience droite, son endurance dans la maladie, furent admirables. Mais, à son insu, il laisse voir que les dons de Dieu sont, pour lui, plus que la volonté de Dieu. Il était en danger de s'attribuer la santé, les talents que Dieu lui avait confiés. De sorte qu'il donne l'impression d'être juste à ses yeux.
L'apôtre Paul vécut aussi près de Dieu que le fit Job, mais comme il s'exprime différemment!
Cependant, sa vie fut, dès l'instant de sa conversion, une vie de souffrances et de multiples épreuves. 2-- Si j'ai marché dans la vanité, si mes pieds se sont détournés du droit chemin, si mon cœur a suivi mes yeux, (au cours des journées, que de choses mauvaises frappent les regards, même de celui qui s'est mis à part pour Dieu) si quelque souillure s'est attachée à mes mains... Sur tous ces points, Job est prêt à être pesé dans la balance de Dieu, afin que son innocence soit manifestée.
3-- Si j'ai méprisé le droit de mon serviteur ou de ma servante... Si j'ai refusé aux pauvres ce qu'ils désiraient... Si j'ai vu le malheureux manquer de vêtements... Si j'ai levé la main contre l'orphelin... Que mes bras tombent et qu'ils se brisent. (13-23)
En toutes ces choses, Job a agi en fidèle dispensateur des biens que Dieu lui avait confiés. Il a marché en sa présence et dans la crainte.
4-- Si j'ai dit à l'or, tu es mon espoir, si je me suis réjoui de la grandeur de mes biens, de la qualité des richesses que j'avais acquises...
Il ne s'est pas glorifié de ses richesses. Il reconnaît qu'il les tient de Dieu. Il ne s'est pas confié en elles. La fortune n'est pas devenue son maître.
5-- Si j'ai regardé le ciel quand il brillait... Si mon coeur s'est laissé séduire en secret, si ma main s'est portée sur ma bouche...
Vivant au sein du paganisme, Job peut se rendre le témoignage que son cœur est resté droit devant Dieu. Il ne s'est point laissé entraîner aux coutumes idolâtres. Il n'a point laissé sa main regardant les astres, ce qui est la manière païenne de leur rendre hommage. Pour lui, cet acte aurait été un crime et ainsi, il aurait renié le Tout-Puissant.
6-- Si j'ai été joyeux du malheur de mon ennemi... Quelle grâce, quelle force, lorsque la conscience ne reproche rien, lorsque le cœur n'a pas été touché par le ressentiment, la rancune, l'esprit de vengeance.
Bref, Job peut se rendre le témoignage d'avoir marché devant Dieu avec un cœur loyal et intègre. Il avait exercé une large hospitalité, ouvert sa porte aux voyageurs. Il n'avait pas caché ses fautes par crainte de la multitude, ou du mépris des familles.
Dans ce long discours, on peut compter quelque quatre-vingt, Je Me Moi Mes et Job l'achève ainsi :
Voilà ma défense toute signée, que le Tout-Puissant me réponde !
Cependant si quelqu'un présentait une plainte écrite contre lui, il l'attacherait sur son front comme une couronne, et rendrait compte de tous ses pas. Il s'approcherait de son adversaire comme un prince et lui démontrerait que sa conduite fut selon Dieu.
Enfin, pour ce qui est de la possession du sol, laquelle donne souvent matière à procès, il dit
Si ma terre crie contre moi... Si j'en ai mangé le produit sans l'avoir payé, et si j'ai attristé l'âme de ses anciens maîtres, qu'il croissent des épines au lieu du froment, et de l'ivraie au lieu de l'orge ! (Fin des paroles de Job)
Les amis de Job sont réduits au silence sans être pour autant convaincus. Ils ne voient là, qu'une manifestation de propre justice, de contentement de soi, ce qui n'est pas honorable pour Job et ne glorifie pas Dieu.
Job a certainement marché en toute bonne conscience devant Dieu et les hommes, jusque là. Seulement, les accusations persistances de ses amis jointes à d'atroces souffrances physiques, morales aussi bien que spirituelles, (il a l'impression que Dieu l'a oublié) tout cela l'a blessé à vif, provoquant ce plaidoyer en sa faveur, nettement contraire à l'oubli de soi et d'humilité.
L'enfant de Dieu ne peut, sans danger, défendre sa propre cause. Dieu seul peut rendre ce témoignage à celui qui a remis toutes choses entre ses mains. Le discours de Job montre qu'il avait besoin de passer par la fournaise. Ses paroles révèlent un côté bien subtil de sa vie du moi, lequel ne peut se manifester qu'après un temps de puissance et de service fécond pour le Maître. Car tous les degrés du développement spirituel ont leurs tentations et leurs périls.
A l'heure des grandes épreuves, des longues épreuves, les replis cachés, les profondeurs du cœur humain sont comme mis à nu.
La soumission de Job, sa foi en Dieu, furent splendides. Sa conscience droite, son endurance dans la maladie, furent admirables. Mais, à son insu, il laisse voir que les dons de Dieu sont, pour lui, plus que la volonté de Dieu. Il était en danger de s'attribuer la santé, les talents que Dieu lui avait confiés. De sorte qu'il donne l'impression d'être juste à ses yeux.
L'apôtre Paul vécut aussi près de Dieu que le fit Job, mais comme il s'exprime différemment!
"Je ne me sens coupable de rien, écrit-il aux Corinthiens. Cependant je ne suis pas justifié pour cela ; mais celui qui me juge, c'est le Seigneur. (1Corinthiens 4.4)
CHAPITRE QUINZE (32, 33)
Elihu, le messager de Dieu
"Je répondis : Ah ! Seigneur Éternel ! Je ne sais point parler. Je ne suis qu'un enfant." Jérémie 1.6-7)
Un jeune homme était là, qui avait entendu tout ce qui avait été dit. Il n'a pas été nommé jusqu'ici. Sans doute jugeait-on inutile de prendre garde à la présence d'Elihu, à cause de la jeunesse de celui-ci. Cependant, les paroles qu'il prononça révèle un discernement spirituel que n'avaient pas ses aînés.
Nous sommes bien lents à apprendre les leçons répétées de l'Écriture :
c'est que Dieu cache ses secrets aux sages et aux intelligents pour les
révéler aux enfants. Il choisit les faibles, les petits qu'on méprise,
pour qu'aucune chair ne se glorifie devant lui.
Dieu choisit Joseph, et par la souffrance, il le conduisit au trône,
alors que ses frères aînés continuèrent de s'occuper des troupeaux au
pays de Goshen.
Les enfants traversèrent le Jourdain et entrèrent dans la Terre promise, alors que leurs parents moururent dans le désert.
David fut choisi, reçut l'onction comme roi d'Israël, par dessus la
tête des autres fils d'Isaïe, ses frères, plus âgés que lui.
Lorsque Job eut cessé de parler, ses amis gardèrent le silence, parce qu'il se croyait juste. C'est alors qu'Elihu (Elihu signifie : "Dieu est l'Éternel -YAHWEH"- Fils de Barakeel de Buz, Barakeel : "celui que Dieu bénit" Buz deuxième fils de Nachor, le frère d'Abraham. (Genèse 22.20-21) se
sentit poussé à prendre la parole. Sa colère s'enflamma contre Job,
parce qu'il se justifiait plutôt que Dieu, et contre ses trois amis parce
qu'ils ne trouvaient rien à répondre et que, cependant, ils
condamnaient Job. Il dit :
"Je suis jeune et vous êtres très âgés, c'est pourquoi j'ai craint, j'ai redouté de vous faire connaître mon sentiment. Je disais en moi-même, les jours parleront" (32.6-7)
Il est agréable de regarder avec quelle modestie et quel tact, Elihu entre dans la discussion dont il a été, jusqu'ici, un témoin muet.
"Je suis plein de paroles, dit-il, L'esprit me presse au-dedans de moi. Mon intérieur est comme un vin qui n'a pas d'issue, comme des outres neuves qui vont éclater. Je parlerai pour respirer à l'aise."
La main de Dieu est sur lui. Il sent qu'il ne doit pas réprimer les paroles qui bouillonnent en son esprit. Après un temps d'attente, il profite donc du silence qui s'est établi entre Job et ses amis pour dire ce que Dieu lui met au cœur de prononcer...
"Maintenant,
donc, Job écoute mes paroles ! C'est avec droiture de cœur que je vais
parler. Défends ta cause, tiens toi prêt. Devant Dieu je suis ton
semblable. J'ai été comme toi, formé de la boue. Mes terreurs ne te
troubleront pas." (33.1-8)"Je suis jeune et vous êtres très âgés, c'est pourquoi j'ai craint, j'ai redouté de vous faire connaître mon sentiment. Je disais en moi-même, les jours parleront" (32.6-7)
Il est agréable de regarder avec quelle modestie et quel tact, Elihu entre dans la discussion dont il a été, jusqu'ici, un témoin muet.
"Je suis plein de paroles, dit-il, L'esprit me presse au-dedans de moi. Mon intérieur est comme un vin qui n'a pas d'issue, comme des outres neuves qui vont éclater. Je parlerai pour respirer à l'aise."
La main de Dieu est sur lui. Il sent qu'il ne doit pas réprimer les paroles qui bouillonnent en son esprit. Après un temps d'attente, il profite donc du silence qui s'est établi entre Job et ses amis pour dire ce que Dieu lui met au cœur de prononcer...
Elihu résume les discours de Job : celui-ci affirme son innocence et prétend que Dieu le traite en ennemi. "Quelle erreur est la tienne, dit Elihu. Comment la créature discuterai-t-elle avec son Créateur ? En ceci, Job, tu n'as pas raison. Dieu ne rend pas compte de ses actes."
Ce jeune homme est manifestement sous l'influence de l'Esprit de Dieu. Le Seigneur révèle rapidement et clairement l'état des âmes dans l'angoisse aux messagers qu'il leur envoie. Elihu est aussitôt au cœur du sujet. Quelle différence entre son discours et celui des vieillards dont la multitude des paroles est passée à côté de la question...
"En somme tout revient à ceci, dit-il à Job : tu es innocent et c'est Dieu qui a tort. S'il y a quelqu'un à blâmer, tu dis que c'est lui !"
Où est ton sens de la justice ? Vois dans quelle impossible situation tu mets le Dieu trois fois saint. Tu ne peux pas le combattre et tu le sommes de te rendre des comptes ! Il ne t'en donnera pas. Tu dis qu'il est ton ennemi et toi même tu prends la place de cet ennemi !
Toutefois, Dieu n'est pas sans faire connaître sa volonté. Le malheur, c'est que les hommes ne comprenaient pas son langage et ne prêtaient point une attention suffisante à sa voix. Elihu indique deux des méthodes que Dieu emploie : Il parle directement au cœur par le Saint-Esprit et il parle par des songes et des visions pendant la nuit, lorsque les choses de cette vie sont comme effacées momentanément et que les devoirs quotidiens ne s'imposent plus à la pensée. Alors, l'Esprit grave dans le cœur les instructions de l'Éternel, comme le cachet imprime sa gravure sur de la cire molle.
Quel contraste, nous avons ici avec le message de l'esprit qui visita Eliphaz, et jeta dans sa pensée des doutes sur le caractère de Dieu !
Les anciens auteurs nommaient ces instructions que le Saint-Esprit grave dans le cœur : "une connaissance diffusée de Dieu." Celle-ci marque un degré de croissance spirituelle, désignée comme le chemin unitif de la communion avec Dieu. Tandis qu'au début la lumière est surtout communiquée à la pensée. Il s'agit alors du chemin de l'illumination.
Ces instructions du Saint-Esprit dans le cœur ne sont possibles que pour ceux qui se sont complètement donnés à Dieu. Toute résistance doit avoir cessé. La volonté doit être amenée à une harmonie parfaite avec la sienne. L'atmosphère doit restée transparente entre l'âme et Dieu, au cours de l'activité journalière.
Pourquoi Dieu parle-t-il ? "Pour détourner l'homme du mal, pour l'avertir, pour le préserver de l'orgueil, afin de garantir son âme de la fosse et des coups du glaive." (33.17-18)
La volonté propre et l'orgueil sont les deux caractéristiques de ceux qui ne se sont pas donnés à Dieu. Ce sont les signes distinctifs de l'héritage des fils d'Adam.
Le second Adam, le Seigneur du ciel, nous a acquis un salut parfait au Calvaire. Mais quelle patience est nécessaire avec chaque âme rachetée, avant que celle-ci soit recréée et conforme à l'image du Fils. Combien de temps il faut, avant que soit conquise la citadelle de la volonté et que celle-ci soit satisfaite de faire la volonté de son Rédempteur.
L'âme purifiée par le précieux sang de Jésus peut choisir la grâce de la véritable humilité. Mais il faut l'action toujours plus profonde de Dieu pour amener l'homme à renoncer à soi-même et à sa propre vie, afin de devenir participant de la vie abondante du Seigneur. Ainsi, il est gardé d'une existence perdue et inutile.
Dieu parle encore à ses enfants par l'épreuve de la souffrance. "Avec Dieu, dire c'est agir ; et il explique ses desseins en plaçant l'âme dans le creuset." (Madame Guyon)
"Son âme s'approche de la fosse et sa vie des messagers de la mort."
Combien sérieuses, alors, les réprimandes du Tout-Puissant, combien profonde, la conviction, quand les leçons du Père céleste sont comme burinées dans la conscience, avec une pointe rougie au feu.
Afin que l'homme abandonne ses projets ou ses plans, Dieu le met à l'écart, pose sa main sur lui, le dépouille de sa vigueur. Alors l'homme prend en dégoût sa nourriture et sa chair se détruit. Sa vie ne tient qu'à un fil.
Devant l'éternité, l'œuvre accomplie s'éloigne, s'efface. Le don de soi à Dieu est mis à l'épreuve. La volonté de Dieu est-elle plus que le travail pour Dieu ? Le serviteur est-il prêt à n'être plus qu'un vase brisé pour qu'il soit manifeste que la puissance agissant en lui vient de Dieu ?
Heureuse l'âme qui peut répondre aussitôt "Avec joie Seigneur." L'apôtre Paul écrit : "Je me glorifierai donc bien plus de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi." (2Corinthiens 12.10)
Il ne faut pas s'imaginer que tous ces détails de l'action de Dieu dans l'âme s'accomplissent nécessairement en chacun des rachetés. Elihu dresse un tableau général. Mais la Sagesse éternelle agit selon le caractère et les besoins de chacun.
Il y a des profondeurs dans le cœur que, seule, la souffrance peut atteindre.Ceux qui refusent d'apprendre l'obéissance par les choses qu'ils souffrent, garderont une certaine dureté de cœur et ignoreront la plus riche, la plus profonde connaissance de Dieu.
Enfin, c'est aussi dans le domaine spirituel que peut s'effectuer le dépouillement dont parle Elihu : dépouillement de force, de vigueur, avec une inappétence totale pour le Pain de vie, un détachement de l'œuvre confiée et de toutes les choses d'ici-bas. L'âme s'approche de la mort au sein même de l'activité.
De façon ou d'autre, il faut apprendre les leçons du creuset. Le serviteur de Dieu doit se réjouir de la volonté de l'Éternel quelle qu'elle soit, plus que de son service. Il doit se réjouir de sa faiblesse, ce qui est l'une des conditions nécessaire pour connaître la puissance au maximum.
Oui, le serviteur fidèle doit être prêt à souffrir de bien des manières, pour être rendu capable de soutenir, de fortifier les âmes. Il est écrit du Seigneur qu'il peut compatir à nos faiblesses, car il a été tenté comme nous en toutes choses. (Hébreux 4.15)
CHAPITRE SEIZE (33.23-32)
La rançon
"Bien-aimés, ne trouvez pas étrange la fournaise de l'épreuve où vous êtes." (1Pierre 4.12)
"Elihu a décrit les fonctions de l'âme qui, à l'école de la souffrance, est amenée jusqu'aux portes de la mort.
Parfois les portes s'ouvrent, et celui qui a été ainsi exercé est appelé à un service plus haut sans avoir vu la mort. Car pour lui, la mort a été engloutie dans la victoire, et le corps mortel dans la Vie. D'autres n'ont fait que regarder à l'intérieur des portes, et à la lumière de Celui qui a vaincu la mort ils sont envoyés de nouveau pour quelque service ici-bas.
"Mais s'il se trouve pour lui, un ange intercesseur" dit Elihu :c'est-à-dire un interprète, quelqu'un qui peut lui expliquer les leçons du creuset où il a été placé. (Le même mot est traduit ambassadeur et berger -voir Esaïe 44.28) "un d'entre mille..." Ils sont rares en effet, et peu nombreux, ceux qui peuvent guider, éclairer la pensée des affligés et les fortifier. Les amis de Job en ont été absolument incapables. Au contraire, Elihu a discerné l'épreuve dans laquelle il se trouve. Que Job abandonne le certitude de ne pas avoir offensé Dieu, dit-il. Son attitude, son accusation de Dieu, sont coupables. Qu'il se repente ! Qu'il cesse de se débattre pour se reposer uniquement sur la fidélité de Dieu. Point d'espoir que Dieu lui réponde ou lui communique la lumière sur le sentier de la rébellion !
"Alors Dieu aura compassion de lui et dira : Délivre-le, j'ai trouvé une rançon."
L' Ancien Testament contient en germe le Nouveau. L’apôtre Paul nous dit que nous avons été élus avant la fondation du monde en Christ. Nul doute que par la foi, Elihu n'est pressenti et salué la Rançon. L’Esprit de Christ dans les prophètes, rendait témoignage à l'avance, de ses souffrances écrit l'apôtre Pierre. L’Esprit de Christ en Elihu annonce à Job, la délivrance, grâce à la Rançon. Nous avons donc, en germe, dans le plus ancien des livres, le message du Calvaire
Elihu, envoyé de Dieu à Job, lui a expliqué sa situation et lui a donné le message qui montre le chemin de la vie.
Dieu désire faire monter Job plus haut, l'amener à une plus haute compréhension de ses voies, le faire passer, pour ainsi dire, d'une classe à une autre. Tel est le but de l'épreuve. Dieu l'a comme enlevé à une existence qu'il aimait, afin de le garder de l'orgueil spirituel, pour que rien en sa vie devienne la proie de la corruption, et ne périsse sous la condamnation divine.
Dieu l'a fait descendre de sa haute situation et il lui a fait comprendre sa complète dépendance. Maintenant, réduit à l'extrémité, il doit cesser de se complaire en son intégrité, pour se tourner vers son Rédempteur.
Job avait salué le Rédempteur qui le justifierait au dernier jour. Qu'il discerne à présent en Lui, la Rançon. Celui qui délivre de l'abîme et de la mort, à cause du sacrifice en faveur de l'homme déchu.
Jeté dans la fournaise, sous l'emprise de la souffrance, Job a laissé voir une certaine vie du moi : il s'est complu en sa justice. Qu'il se tourne donc maintenant vers la Rançon pour être délivré de lui-même, et recevoir la grâce de la vie.
Alors seulement, la grâce, la miséricorde et la paix pourront inonder l'âme dépouillée et souffrante. Alors, seulement, le Tout-Puissant pourra prononcer les paroles "Délivre-le à cause de la Rançon." Et la vie jaillira de la mort.
La vie du Christ Jésus est communiqué à celui qui est mort à lui-même : sa Vie dont la fraîcheur et la douceur sont comparables à celle du petit enfant.
Il nous est dit de Naaman, après s'être lavé sept fois dans le Jourdain, que sa chair redevint comme celle d'un petit enfant. (2Roi 5.14)
La rançon annoncée à Job, les eaux du Jourdain pour Naaman, préfigurent la mort sur la croix du Calvaire. En l'un et l'autre cas, les résultats sont les mêmes.
Par la foi, nous sommes un avec Christ, en sa mort. Pour Dieu, nous sommes morts avec lui. C'est ici le côté objectif de l’œuvre du Seigneur, celui qui est annoncé à Job. Il est notre Rançon.
Le côté subjectif de la mort de Christ nous apparaît plus clairement dans l'histoire de Naaman, lequel dut se plonger sept fois dans le Jourdain, avant que sa chair redevint saine. Nous avons, par cet exemple, cette leçon qu'il nous faut souvent être plongé dans le Jourdain, avant de perdre cet orgueil de la vie concernant la puissance. Ainsi, nous pouvons devenir comme ces petits enfants qui sont les plus grands dans le royaume des cieux.
Il est certain que la longue épreuve de Job, a été pour lui comme un réel passage par les eaux du Jourdain.
Il avait été si grand, si haut en dignité ! Pouvait-il devenir un petit enfant, aussi longtemps qu'il était prince et chef parmi son peuple, comme un roi à la tête de son armée ?
Quand l'épreuve, ayant porté ses fruits, le racheté est redevenu comme un enfant.
"Il adresse à Dieu sa prière et Dieu lui est propice, lui laisse voir sa face avec joie, et lui rend son innocence."
Par l'épreuve, Job est conduit à une communion enfantine avec le Père Céleste, communion qui surpassera celle qu'il a précédemment connue. Dans la vie plus riche, plus féconde où Dieu l'appelle, il aura accès dans le Sanctuaire. Il verra sa face. Il saura que Dieu lui accorde toutes ses demandes.
"Il chante devant les hommes et dit : 'j'ai péché, j'ai violé la justice et je n'ai pas été puni comme je le méritais. Dieu a délivré mon âme pour qu'elle n'entrât pas dans la fosse, et ma vie s'épanouit à la lumière."
Conscient de son intégrité, Job avait très vivement ressenti les accusations plus ou moins déguisées de ses amis. "Dis-moi si j'ai péché, avait-il crié à Dieu, Et si j'ai péché que ne pardonnes-tu ?..."
Elihu, qui a compris l'action de Dieu en Job, n'essaie pas de le convaincre de péché comme l'ont fait ses trois amis. Il dit seulement que celui qui a appris à se connaître dans la fournaise de l'affliction, celui qui s'est mis au bénéfice de la Rançon, sort de l'épreuve avec un esprit nouveau comme celui d'un petit enfant, une nouvelle fraîcheur de vie, une jeunesse céleste, une nouvelle puissance dans la prière, et la joyeuse connaissance de la face de Dieu. Il a une nouvelle certitude de justice dans l'union avec le Juste, une nouvelle attitude vis-à-vis du péché, et il ne redoute pas une honnête confession de péché.
Avec un inexprimable soulagement, celui qui a revêtu cet esprit nouveau, sait qu'il peut laisser à son Père le soin de sa propre réputation. Il sait qu'il n'a pas besoin de rendre témoignage à sa puissance de délivrance (craignant que s'il ne le fait pas de reconnaître tacitement que quelque chose est intervenu entre Dieu et lui) lorsqu'il garde le silence. Il ne redoute pas de dire quand il est tombé en quelque faute : "j'ai péché, je n'ai pas été puni comme je le méritais."
Si, regardant au passé, il repasse en son cœur les dispensations de Dieu à son endroit, il chante de joie voyant de quels abîmes il a été retiré ou gardé. Joyeux dans l'espérance, le passé garantissant l'avenir, il s'écrie : "Ma vie verra la lumière."
"Voilà ce que Dieu fait, deux fois, trois fois avec l'homme, pour ramener son âme de la fosse, pour l'éclairer de lumière des vivants..."
"...Pour délivrer son âme de la fosse." L'âme, la vie, la fosse. Ces mots reviennent souvent dans le discours d'Elihu.
Ne confondons point les choses qui diffèrent, ne prenons pas l'âme pour l'esprit et vice-versa. L'apôtre Paul explique la différence entre l'une et l'autre dans sa lettre aux Corinthiens. "Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante. Le dernier Adam a été fait un esprit vivifiant." (1Corinthiens 15.45,46)
Et nous lisons dans l'épître aux Hébreux: "La Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu'à partager âme et esprit, jointures et moelles." (Hébreux 4.12)
Le Seigneur Jésus nous dit que celui qui aimera sa vie ( âme) la perdra, mais celui qui hait sa vie (âme) en ce monde, la conservera pour la vie éternelle. (Jean 12.25)
La vie de l'âme est donc celle que nous tenons du premier Adam. C'est une vie corrompue par la chute. Le dernier Adam, le Seigneur, vivifie l'esprit humain et l'unit au sien. C'est l'Esprit qui donne la vie. Demeurant dans le sanctuaire de l'esprit, le Seigneur divise l'âme de l'esprit par sa Parole. Il révèle l'âme. Il la place sous son vraie jour afin qu'elle puisse être haïe, conduite à la croix pour y mourir. Là, en échange, le Seigneur ressuscité communique constamment sa vie (la vie éternelle) à son racheté.
Ces passages du Nouveau Testament jettent une vive lumière sur le message d'Elihu à Job, à ce moment de son histoire.
L'intégrité de Job, sa marche avec Dieu, ne peuvent être mises en doute. L' Esprit de Dieu était en lui (?) et lui communiquait la vie. Mais dans la fournaise de l'épreuve, l'âme fut séparée de l'esprit. Le mélange de l'un et de l'autre fut mis en lumière. La propre justice de Job a été dévoilée dans cette fournaise. (j'ai mis un point d'interrogation car je ne crois pas que Job était toujours avec l'Esprit en lui, car il a été donné à la Pentecôte, comme l'avait promis le Seigneur -Jean 7.39 ; 14.17 jcb)
Après l'interprétation de l'épreuve de Job, qu'il a donnée, et où il a été le message de Dieu, Elihu s'adressa à Job, sollicitant de lui une réponse, quelques mots d'approbation. "Parle, dit-il, car je voudrai te donner raison." Mais Job garda le silence.
(fin de la deuxième partie)
Parfois les portes s'ouvrent, et celui qui a été ainsi exercé est appelé à un service plus haut sans avoir vu la mort. Car pour lui, la mort a été engloutie dans la victoire, et le corps mortel dans la Vie. D'autres n'ont fait que regarder à l'intérieur des portes, et à la lumière de Celui qui a vaincu la mort ils sont envoyés de nouveau pour quelque service ici-bas.
"Mais s'il se trouve pour lui, un ange intercesseur" dit Elihu :c'est-à-dire un interprète, quelqu'un qui peut lui expliquer les leçons du creuset où il a été placé. (Le même mot est traduit ambassadeur et berger -voir Esaïe 44.28) "un d'entre mille..." Ils sont rares en effet, et peu nombreux, ceux qui peuvent guider, éclairer la pensée des affligés et les fortifier. Les amis de Job en ont été absolument incapables. Au contraire, Elihu a discerné l'épreuve dans laquelle il se trouve. Que Job abandonne le certitude de ne pas avoir offensé Dieu, dit-il. Son attitude, son accusation de Dieu, sont coupables. Qu'il se repente ! Qu'il cesse de se débattre pour se reposer uniquement sur la fidélité de Dieu. Point d'espoir que Dieu lui réponde ou lui communique la lumière sur le sentier de la rébellion !
"Alors Dieu aura compassion de lui et dira : Délivre-le, j'ai trouvé une rançon."
L' Ancien Testament contient en germe le Nouveau. L’apôtre Paul nous dit que nous avons été élus avant la fondation du monde en Christ. Nul doute que par la foi, Elihu n'est pressenti et salué la Rançon. L’Esprit de Christ dans les prophètes, rendait témoignage à l'avance, de ses souffrances écrit l'apôtre Pierre. L’Esprit de Christ en Elihu annonce à Job, la délivrance, grâce à la Rançon. Nous avons donc, en germe, dans le plus ancien des livres, le message du Calvaire
Elihu, envoyé de Dieu à Job, lui a expliqué sa situation et lui a donné le message qui montre le chemin de la vie.
Dieu désire faire monter Job plus haut, l'amener à une plus haute compréhension de ses voies, le faire passer, pour ainsi dire, d'une classe à une autre. Tel est le but de l'épreuve. Dieu l'a comme enlevé à une existence qu'il aimait, afin de le garder de l'orgueil spirituel, pour que rien en sa vie devienne la proie de la corruption, et ne périsse sous la condamnation divine.
Dieu l'a fait descendre de sa haute situation et il lui a fait comprendre sa complète dépendance. Maintenant, réduit à l'extrémité, il doit cesser de se complaire en son intégrité, pour se tourner vers son Rédempteur.
Job avait salué le Rédempteur qui le justifierait au dernier jour. Qu'il discerne à présent en Lui, la Rançon. Celui qui délivre de l'abîme et de la mort, à cause du sacrifice en faveur de l'homme déchu.
Jeté dans la fournaise, sous l'emprise de la souffrance, Job a laissé voir une certaine vie du moi : il s'est complu en sa justice. Qu'il se tourne donc maintenant vers la Rançon pour être délivré de lui-même, et recevoir la grâce de la vie.
Alors seulement, la grâce, la miséricorde et la paix pourront inonder l'âme dépouillée et souffrante. Alors, seulement, le Tout-Puissant pourra prononcer les paroles "Délivre-le à cause de la Rançon." Et la vie jaillira de la mort.
La vie du Christ Jésus est communiqué à celui qui est mort à lui-même : sa Vie dont la fraîcheur et la douceur sont comparables à celle du petit enfant.
Il nous est dit de Naaman, après s'être lavé sept fois dans le Jourdain, que sa chair redevint comme celle d'un petit enfant. (2Roi 5.14)
La rançon annoncée à Job, les eaux du Jourdain pour Naaman, préfigurent la mort sur la croix du Calvaire. En l'un et l'autre cas, les résultats sont les mêmes.
Par la foi, nous sommes un avec Christ, en sa mort. Pour Dieu, nous sommes morts avec lui. C'est ici le côté objectif de l’œuvre du Seigneur, celui qui est annoncé à Job. Il est notre Rançon.
Le côté subjectif de la mort de Christ nous apparaît plus clairement dans l'histoire de Naaman, lequel dut se plonger sept fois dans le Jourdain, avant que sa chair redevint saine. Nous avons, par cet exemple, cette leçon qu'il nous faut souvent être plongé dans le Jourdain, avant de perdre cet orgueil de la vie concernant la puissance. Ainsi, nous pouvons devenir comme ces petits enfants qui sont les plus grands dans le royaume des cieux.
Il est certain que la longue épreuve de Job, a été pour lui comme un réel passage par les eaux du Jourdain.
Il avait été si grand, si haut en dignité ! Pouvait-il devenir un petit enfant, aussi longtemps qu'il était prince et chef parmi son peuple, comme un roi à la tête de son armée ?
Quand l'épreuve, ayant porté ses fruits, le racheté est redevenu comme un enfant.
"Il adresse à Dieu sa prière et Dieu lui est propice, lui laisse voir sa face avec joie, et lui rend son innocence."
Par l'épreuve, Job est conduit à une communion enfantine avec le Père Céleste, communion qui surpassera celle qu'il a précédemment connue. Dans la vie plus riche, plus féconde où Dieu l'appelle, il aura accès dans le Sanctuaire. Il verra sa face. Il saura que Dieu lui accorde toutes ses demandes.
"Il chante devant les hommes et dit : 'j'ai péché, j'ai violé la justice et je n'ai pas été puni comme je le méritais. Dieu a délivré mon âme pour qu'elle n'entrât pas dans la fosse, et ma vie s'épanouit à la lumière."
Conscient de son intégrité, Job avait très vivement ressenti les accusations plus ou moins déguisées de ses amis. "Dis-moi si j'ai péché, avait-il crié à Dieu, Et si j'ai péché que ne pardonnes-tu ?..."
Elihu, qui a compris l'action de Dieu en Job, n'essaie pas de le convaincre de péché comme l'ont fait ses trois amis. Il dit seulement que celui qui a appris à se connaître dans la fournaise de l'affliction, celui qui s'est mis au bénéfice de la Rançon, sort de l'épreuve avec un esprit nouveau comme celui d'un petit enfant, une nouvelle fraîcheur de vie, une jeunesse céleste, une nouvelle puissance dans la prière, et la joyeuse connaissance de la face de Dieu. Il a une nouvelle certitude de justice dans l'union avec le Juste, une nouvelle attitude vis-à-vis du péché, et il ne redoute pas une honnête confession de péché.
Avec un inexprimable soulagement, celui qui a revêtu cet esprit nouveau, sait qu'il peut laisser à son Père le soin de sa propre réputation. Il sait qu'il n'a pas besoin de rendre témoignage à sa puissance de délivrance (craignant que s'il ne le fait pas de reconnaître tacitement que quelque chose est intervenu entre Dieu et lui) lorsqu'il garde le silence. Il ne redoute pas de dire quand il est tombé en quelque faute : "j'ai péché, je n'ai pas été puni comme je le méritais."
Si, regardant au passé, il repasse en son cœur les dispensations de Dieu à son endroit, il chante de joie voyant de quels abîmes il a été retiré ou gardé. Joyeux dans l'espérance, le passé garantissant l'avenir, il s'écrie : "Ma vie verra la lumière."
"Voilà ce que Dieu fait, deux fois, trois fois avec l'homme, pour ramener son âme de la fosse, pour l'éclairer de lumière des vivants..."
"...Pour délivrer son âme de la fosse." L'âme, la vie, la fosse. Ces mots reviennent souvent dans le discours d'Elihu.
Ne confondons point les choses qui diffèrent, ne prenons pas l'âme pour l'esprit et vice-versa. L'apôtre Paul explique la différence entre l'une et l'autre dans sa lettre aux Corinthiens. "Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante. Le dernier Adam a été fait un esprit vivifiant." (1Corinthiens 15.45,46)
Et nous lisons dans l'épître aux Hébreux: "La Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu'à partager âme et esprit, jointures et moelles." (Hébreux 4.12)
Le Seigneur Jésus nous dit que celui qui aimera sa vie ( âme) la perdra, mais celui qui hait sa vie (âme) en ce monde, la conservera pour la vie éternelle. (Jean 12.25)
La vie de l'âme est donc celle que nous tenons du premier Adam. C'est une vie corrompue par la chute. Le dernier Adam, le Seigneur, vivifie l'esprit humain et l'unit au sien. C'est l'Esprit qui donne la vie. Demeurant dans le sanctuaire de l'esprit, le Seigneur divise l'âme de l'esprit par sa Parole. Il révèle l'âme. Il la place sous son vraie jour afin qu'elle puisse être haïe, conduite à la croix pour y mourir. Là, en échange, le Seigneur ressuscité communique constamment sa vie (la vie éternelle) à son racheté.
Ces passages du Nouveau Testament jettent une vive lumière sur le message d'Elihu à Job, à ce moment de son histoire.
L'intégrité de Job, sa marche avec Dieu, ne peuvent être mises en doute. L' Esprit de Dieu était en lui (?) et lui communiquait la vie. Mais dans la fournaise de l'épreuve, l'âme fut séparée de l'esprit. Le mélange de l'un et de l'autre fut mis en lumière. La propre justice de Job a été dévoilée dans cette fournaise. (j'ai mis un point d'interrogation car je ne crois pas que Job était toujours avec l'Esprit en lui, car il a été donné à la Pentecôte, comme l'avait promis le Seigneur -Jean 7.39 ; 14.17 jcb)
Après l'interprétation de l'épreuve de Job, qu'il a donnée, et où il a été le message de Dieu, Elihu s'adressa à Job, sollicitant de lui une réponse, quelques mots d'approbation. "Parle, dit-il, car je voudrai te donner raison." Mais Job garda le silence.
(fin de la deuxième partie)