lundi 2 avril 2018

(6) COMME CHRIST Andrew Murray Crucifié avec lui.

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG 
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 6 crucifié avec Lui

« Je suis crucifié avec Christ, et je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi. Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ par laquelle le monde est crucifié à mon égard, et moi je suis crucifié au monde. » Galates 2 : 20 ; 6 : 14.

                       Se charger de la croix. Voilà le mot de ralliement donné par Christ à ses disciples. Dans trois occasions différentes, ces paroles sont répétées : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive ». (Mathieu 10 : 38 et 16 : 24 ; Luc 14 : 27).
     
                    Pendant que le Seigneur était encore sur le chemin de la croix, cette expression « se charger de sa croix » était la plus propre à bien rendre la conformité avec Christ à laquelle est appelé son disciple. Mais à présent que Christ a été crucifié, le Saint-Esprit emploie d'autres termes pour nous parler avec plus de force de notre entière conformité avec Christ ([1]). Il nous dit que le croyant est crucifié avec Christ. La croix est le signe distinctif du chrétien, aussi bien que de Christ. Le Christ crucifié et le chrétien crucifié s'appartiennent mutuellement. Le principal trait de ressemblance avec Christ consiste à être crucifié avec lui. Aussi quiconque veut lui ressembler doit avant tout chercher à comprendre le mystère de cette union avec Christ sur la croix. Au premier moment, ce mot « crucifié avec Christ » effraye le chrétien qui cherche à ressembler à Jésus. Il recule à la pensée de la croix, à la pensée des souffrances et de la mort .qui s'y rattachent, mais à mesure que sa vie spirituelle s'éclaire, cette parole fait toujours plus son espérance et sa joie, et il se glorifie de la croix, parce qu'elle le fait participer à la mort et à la victoire qui ont déjà été accomplies et qui l'affranchissent de la domination de la chair et du monde. Pour comprendre ces choses, il faut étudier avec soin ce que nous en dit l’Écriture. « Je suis crucifié avec Christ », dit Paul « et je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi ». Par la foi en Christ nous sommes amenés à participer à la vie de Christ, et cette vie-là a passé par la mort de la croix. Elle possède la puissance divine que lui a acquise la mort de la croix. Quand donc je reçois en moi la vie de Christ, je reçois par là-même toute la puissance qui résulte de sa mort sur la croix, puissance qui agit constamment en moi. J'ai été crucifié avec Christ, et pourtant je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ en moi ; ma vie est celle de Christ crucifié, celle qu'il a obtenue par la croix. Le fait d'avoir été crucifié est au nombre des choses passées et accomplies. « Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui ». (Rom. 6:6). « Ceux qui sont à Christ ont crucifié la chair ». (Galates 5 : 34). « Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est crucifié à mon égard et moi au monde ». (Galates 6 : 14). Tous ces textes parlent de quelque chose qui a été fait en Christ, et dont je suis participant par la foi.

                    Il est très important de comprendre cette vérité et de la proclamer hautement. J'ai été crucifié avec Christ. J'ai crucifié ma chair. J'apprends ainsi à quel point je participe à l’œuvre accomplie par Christ, car si je suis crucifié et mort avec lui, j'ai part aussi à sa vie et à sa victoire. J'apprends ainsi à laisser mortifier mon vieil homme par la vertu de cette croix.

                    Il me reste encore beaucoup à faire, mais non à me crucifier, puisque j'ai déjà été crucifié, « Mon vieil homme, dit l’Écriture, a été crucifié ». (Rom. 6 : 6). Je n'ai donc plus qu'à le tenir pour crucifié, et le traiter comme tel sans lui permettre de descendre de la croix. Il faut que je maintienne ma position de crucifié, que « ma chair » reste sur la croix. Pour réaliser la force de ce que nous disons là, il y a encore une importante distinction à faire : le vieil Adam en moi a bien été crucifié, mais il n'est pas encore mort. Quand je me suis donné à mon Sauveur crucifié, péché, chair et tout, il m'a reçu tout entier. Tout mon être avec sa vieille nature fut alors réuni à lui sur la croix, mais là se fit une séparation. Par ma réunion à Christ j'ai été libéré de la vie de la chair, je suis mort avec lui et l'essence intime de mon être a reçu une vie nouvelle : Christ vit en moi; mais la chair que j'habite encore, ce vieil homme crucifié avec lui, bien que condamné à mort, n'est pas encore mort. Et maintenant, par mon union avec Christ et par sa force en moi, je dois avoir l’œil à ce que ma vieille nature reste clouée à la croix jusqu'au moment où elle sera entièrement détruite. Tous ses instincts, tous ses désirs crient ensemble : Descends de la croix. « Sauve-toi toi-même et nous aussi ! » (Luc 23 : 89). Mais mon devoir, à moi, est de me glorifier en la croix, de maintenir de tout mon cœur la prééminence de la croix, d'apposer mon sceau à la sentence prononcée contre la chair, de tenir le péché pour crucifié, et ainsi de ne lui permettre aucune domination. C'est là ce qu'entend l’Écriture quand elle dit : « Si par l'Esprit vous mortifiez les œuvres du corps, vous vivrez ». (Romains 8 : 18). «Faites donc mourir ce qui compose en vous l'homme terrestre ». (Col. 8:5). Par là je reconnais que « le bien n'habite point en moi, dans ma chair » (Romains 7 : 18), par là je reconnais que Christ, le Crucifié, est mon Seigneur; je me souviens que j'ai été crucifié, que je suis mort en lui, et que ma chair a été à jamais livrée à la mort de la croix. C'est ainsi que je vis comme Christ, crucifié avec lui.
     
                    Pour se rendre pleinement compte du sens et de la portée de cette participation à la croix de notre Seigneur, voici ce que doivent bien saisir ceux qui veulent suivre Christ : qu'ils sachent, avant tout, que par la foi, ils sont unis au Christ crucifié. C'est à leur conversion qu'a commencé cette union, mais alors ils ne l'ont pas bien comprise ; et combien de chrétiens restent toute leur vie dans l'ignorance à cet égard, faute de développement spirituel. Mon frère, demandez que le Saint-Esprit vous révèle votre union avec le Crucifié et vous éclaire sur le sens de ces mots : « J'ai été crucifié avec Christ ». « Je me glorifie en la croix de Christ par laquelle le monde est crucifié à mon égard et moi au monde ». Saisissez-vous de ces paroles de l’Écriture, cherchant par la prière et la méditation à vous les approprier entièrement. D'un cœur avide de recevoir, demandez que le Saint-Esprit les fasse vivre en vous. A la lumière de Dieu, comprenez ce que vous êtes bien réellement : « crucifié avec Christ ».

                    Quand vous serez au clair sur ce premier point, vous recevrez par là-même la grâce et la force de vivre comme quelqu'un qui a été crucifié et en qui Christ vit. Vous pourrez alors, tenir la chair et le monde pour cloués à la croix, et les traiter comme tels. Votre vieille nature cherche sans cesse à vous faire croire que c'est trop prétendre d'exiger de vous que vous viviez toujours de cette vie de crucifié, mais vous le pouvez par votre union avec Christ. C'est en lui et en sa croix que saint Paul peut dire : « J'ai été crucifié au monde ». En Jésus cette crucifixion est un fait accompli; en Jésus vous avez passé par la mort, en lui vous avez été rendu vivant. Christ vit en vous. Que cette participation à la croix de Christ s'implante toujours mieux en vous, car elle vous fera participer toujours mieux à sa vie et à son amour. Être crucifié avec Christ, c'est être affranchi de la domination du péché, c'est être racheté et vainqueur. Souvenez-vous que le Saint-Esprit est spécialement chargé de glorifier Christ en vous, de vous révéler et de vous approprier tout ce qu'il y a en Christ pour vous. Ne vous contentez pas, comme tant d'autres, de ne voir dans la croix que l'expiation.
     
                    La gloire de la croix est non seulement d'avoir été pour Jésus l'entrée dans la vie du ciel, mais d'être continuellement pour nous le moyen de vaincre le péché et d'entretenir en nous la vie divine. Apprenez de votre Sauveur à saisir tout ce que la croix vous donne là. La foi en la puissance victorieuse de la croix fera mourir de jour en jour « les désirs de la chair » ; elle vous fera trouver votre bonheur, dans la mort continuelle du moi, car vous regarderez la croix, non plus comme si vous étiez encore sur le chemin qui mène à la crucifixion, avec la perspective d'une mort douloureuse, mais comme ayant déjà subi la mort de la croix en Christ et comme vivant en Christ. La croix vous sera ainsi le moyen béni par lequel « le corps du péché est détruit » (Romains 6 :6), le drapeau sous lequel il faut s'enrôler pour obtenir pleine victoire sur le péché et sur le monde.
     
                   Enfin, souvenez-vous de ce qui est ici l'essentiel. Souvenez-vous que c'est Jésus lui-même, votre Sauveur, qui vous rendra capable d'être semblable à lui en toutes choses. Sa douce communion, son tendre amour, sa divine puissance font de la participation à sa croix et de la vie de crucifixion une vie de joyeuse résurrection, de bénédiction et de victoire sur le péché. En lui vous pouvez chanter cet hymne de victoire : « Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est crucifié à mon égard, et moi je suis crucifié au monde !»

                    Ô mon Sauveur, je te demande humblement de me révéler la gloire que recèle pour moi ta croix lorsque je m'y place avec toi. La croix, c'était là ma place, lieu de mort et de malédiction ; et toi, tu t'es fait homme comme nous, et tu as été crucifié avec nous. A présent la croix est la place dont tu fais un lieu de bénédiction et de vie; et tu m'appelles à devenir comme toi, crucifié avec toi, pour que je sache par ma propre expérience que la croix m'a entièrement affranchi du péché. Seigneur, fais-moi connaître toute la puissance de la croix. Depuis longtemps je connais sa vertu efficace pour racheter de la malédiction. Mais qu'il y a longtemps aussi que, racheté, je lutte en vain contre le péché, pour obéir au Père comme toi tu lui as obéi. Il m'était impossible de me soustraire à la domination du péché. A présent je vois que nul ne le peut, à moins de s'abandonner à la direction du Saint-Esprit en la communion de ta croix. Alors tu fais voir à ton disciple que la croix a mis fin à la domination du péché et l'en a affranchi. Alors toi, le Crucifié, tu viens vivre en lui, lui communiquer ton esprit de volontaire sacrifice, expulser et vaincre le péché.

                   Ô mon Dieu ! Fais-moi mieux comprendre ces choses. C'est avec la confiance que tu le feras, que je puis dire : «J'ai été crucifié avec Christ ». Toi, qui m'as aimé jusqu'à mourir pour moi, ce n'est pas ta croix, c'est toi-même, toi, le Crucifié, que je cherche et en qui j'espère. Prends-moi, garde-moi, enseigne-moi d'instant en instant que tout ce qui compose mon vieil homme, mon moi terrestre, est condamné, mérite la croix et a été crucifié ; enseigne-moi d'instant en instant qu'en toi j'ai tout ce qui m'est nécessaire pour vivre d'une vie sainte et bénie. Amen. On perd de vue le véritable sens de ce commandement, quand on ne voit là que les croix ou épreuves de la vie. La croix signifie la mort. Se charger de sa croix c'est mourir, et c'est surtout dans la prospérité qu'on en a besoin. Se charger de la croix et suivre Christ, c'est vivre chaque jour en abandonnant à la mort toute volonté et toute vie propres.


  (1)  Aujourd'hui il est encore assez de personnes qui soupirent après la gloire du royaume de Jésus-Christ; mais il en est bien peu qui désirent porter sa croix. Jésus trouve beaucoup de gens qui aiment ses joies, mais peu qui veulent ses afflictions. Que de compagnons pour l'abondance de sa table, mais que de déserteurs dans les temps d'abstinence ! Chacun veut se réjouir avec lui, personne ou très peu veulent souffrir quelque chose avec lui, ou pour l'amour de lui. Il s'en trouve assez avec Jésus-Christ lorsqu'il rompt le pain, mais peu lorsqu'il s'agit de boire la coupe de sa passion...
    Cette parole semble bien rude à beaucoup de gens et choque leurs oreilles : renoncez à vous-mêmes, chargez votre croix et suivez Jésus (Mathieu 16 : 24) ; mais en voici une autre beaucoup plus terrible : Allez, maudits, au feu éternel (Mathieu 25 : 41). Ceux qui aiment maintenant entendre parler de la croix, et qui l'embrassent de tout leur cœur, ne craindront point alors de s'entendre condamner au feu éternel. Lorsque le Seigneur viendra juger les hommes, la croix sera le signe auguste qui les discernera. Alors ceux qui se seront soumis à elle, qui se seront conformés pendant leur vie au Dieu crucifié, s'approcheront avec une grande confiance de ce souverain Juge du monde.
    Pourquoi donc crains-tu de porter ta croix, vu que c'est par elle qu'on va au royaume céleste? Le salut est dans la croix; la vie est dans la croix; on ne peut se défendre contre les ennemis que par la croix. Dieu joint à la croix et à la souffrance ses divines douceurs, la force de l'âme et la joie de l'esprit. L'abrégé de toutes les vertus et la perfection de la sainteté se trouvent dans la croix et dans les afflictions. Hors de cette croix il n'y a ni salut ni espérance de vie éternelle. Prends donc ta croix et suis Jésus et tu parviendras à la vie éternelle.
    Si tu portes la croix de bon cœur elle te portera aussi et te portera au port désiré, lorsque le terme de tes souffrances sera venu, quoi qu'il ne doive pas venir pendant que nous vivons sur cette terre. Mais si tu la portes malgré toi, tu la rends plus pesante et plus insupportable et toutefois il faudra que tu la portes. Si tu rejettes une croix, tu en trouveras infailliblement une autre, peut-être plus pesante que la première. Crois-tu donc pouvoir éviter ce que nul homme n'a pu éviter? Qui d'entre les saints a été sans croix et sans adversité dans ce monde? Notre Seigneur Jésus-Christ même n'a pas été une heure sans elles pendant qu'il a vécu sur la terre. Comment donc cherches-tu une autre voie que cette voie royale, cette voie de la croix?
    Plus la chair est abattue par l'affliction, plus l'esprit est fortifié par une grâce ultérieure qui l'affermit... Il ne faut pas attribuer ces effets à la vertu de l'homme; ce n'est que la grâce de Jésus- Christ qui peut et qui fait tout cela dans la faiblesse de la nature; c'est elle qui fait qu'on embrasse avec ardeur la croix et qu'on l'aime. Si tu ne jettes les yeux que sur toi, tu te verras dans l'impuissance à rien faire de tout cela, mais si tu t'appuies sur le Seigneur, il t'enverra du ciel une force si puissante qu'elle assujettira à l'esprit le monde et la chair... Consacre-toi donc comme un bon et fidèle serviteur à porter courageusement la croix de ton maître qui a bien voulu être crucifié pour l'amour de toi...
    Tiens pour certain que tu dois mener une vie mourante, et que plus on meurt à soi, plus on vit à Dieu. S'il y avait eu quelque chose de meilleur et de plus utile pour le salut des hommes que la souffrance, sans doute Jésus l'aurait enseigné par ses paroles et par son exemple. Cependant il se borne à exhorter hautement ses disciples et tous ceux qui veulent le suivre, à porter la croix.

Thomas à Kempis : Imitation de Jésus-Christ II, 12.

 à suivre........

samedi 31 mars 2018

(5) COMME CHRIST Andrew Murray cinquième jour En souffrant injustement.

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG 
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5  En souffrant injustement.

« Car cela est agréable à Dieu, lorsque quelqu'un, par un motif de conscience, endure de mauvais traitements en souffrant injustement. Autrement quelle gloire serait-ce pour vous, si, étant battus pour avoir mal fait, vous l'enduriez? Mais si, en faisant bien, vous êtes maltraités, et que vous le souffriez patiemment, c'est à cela que Dieu prend plaisir. » 1 Pierre 2 : 19, 20.

                    C'est à propos de choses tout ordinaires que Pierre prononce ces paroles importantes, nous présentant Christ comme notre Garant et notre Modèle. Il écrit à des serviteurs qui dans ce temps-là étaient pour la plupart des esclaves. Il les exhorte à être « soumis à leurs maîtres avec toute sorte de crainte, non seulement à ceux qui sont bons et équitables, mais aussi à ceux qui sont fâcheux, car, dit-il, si quelqu'un fait mal et en est puni, quelle gloire lui serait-ce de le supporter patiemment? » Non, mais si quelqu'un fait bien, et en souffre et le supporte patiemment, voilà ce qui est agréable à Dieu. Supporter ainsi l'injustice, c'est faire comme Christ. En portant nos péchés à notre place, Christ a souffert injustement ; d'après son exemple, nous devons être prêts aussi à souffrir injustement.

                   Il n'est guère de chose qui nous soit plus dure et plus difficile à supporter que de souffrir injustement de la part de nos semblables. Il y a là non seulement préjudice et douleur, mais encore un sentiment d'humiliation et d'injustice qui réveille la conscience de nos droits. Dans ce qui nous arrive par l'entremise des hommes, il n'est pas toujours facile de discerner la volonté de Dieu et de nous dire aussitôt qu'il permet cette épreuve pour voir si nous avons réellement pris Christ pour notre modèle. Étudions ce modèle ; il nous apprendra ce qui lui donnait la force de supporter patiemment l'injustice.
     
                    Christ voyait dans la souffrance la volonté de Dieu. Il avait trouvé dans l’Écriture que le serviteur de Dieu doit souffrir. Cette pensée lui était devenue familière, en sorte qu'à l'arrivée de la souffrance, il n'en fut pas surpris. Il l'attendait, il savait qu'elle devait contribuer à sa perfection. Il n'eut donc pas l'idée de chercher comment il pourrait s'en délivrer mais plutôt comment il pourrait glorifier Dieu par là-même. Ceci le rendit capable de supporter tranquillement la plus grande injustice. Il voyait là la main de Dieu.

                    Chrétien! Auriez-vous la force de souffrir injustement dans le même esprit que Christ? Accoutumez-vous à reconnaître la main de Dieu dans tout ce qui vous arrive. Ce que Jésus vous enseigne là est plus important que vous ne le pensez. Qu'il s'agisse de quelque injustice dans des choses graves, ou de quelque petite offense du courant de chaque jour, avant d'arrêter votre pensée sur la personne qui en est l'occasion, recueillez-vous et rappelez-vous ceci: Dieu permet cette épreuve sur ma route pour voir si je le glorifierai par là. Cette épreuve, grande ou petite, me vient de Dieu, elle est sa volonté à mon égard. Avant tout puissé-je y voir la volonté de Dieu et m'y soumettre. Alors, dans la tranquillité d'âme que donne ce regard en haut, je recevrai aussi la sagesse nécessaire pour me conduire en cette circonstance. Quand on regarde, non plus à l'homme, mais à Dieu, souffrir injustement n'est pas si difficile qu'il semble d'abord.
     
                    Christ aussi croyait que Dieu prendrait soin de ses droits et de son honneur. Nous avons en nous un sentiment inné de justice qui vient de Dieu; mais l'homme qui vit encore selon le monde visible veut avoir son honneur vengé dès ici-bas, tandis que celui qui vit déjà dans le monde éternel et « comme voyant celui qui est invisible » (Hébreux 11 : 27), se contente de laisser à Dieu le soin de venger son honneur et ses droits ; il les sait en sûreté dans la main de Dieu. Ainsi faisait notre Seigneur Jésus. Pierre nous dit « qu'il s'en remettait à celui qui juge justement » (1 Pierre 2 : 23). C'était une chose entendue entre le Père et le Fils que le Fils n'avait pas à prendre soin de son honneur à lui, mais seulement de celui du Père, et que le Père pourvoirait à la gloire du Fils. Qu'en ceci le chrétien suive l'exemple de Christ et il en retirera beaucoup de paix et de repos d'esprit.
     
                    Placez sous la garde de Dieu vos droits et votre honneur ; recevez chaque offense avec la ferme confiance que Dieu veille sur vous et prend soin de vous, « vous en remettant à celui qui juge justement ».

                   En outre, Christ croyait à la puissance de l'amour qui sait souffrir. Nous reconnaissons tous qu'il n'est pas de plus grande puissance que celle de l'amour. C'est par là que Christ a vaincu l'inimitié du monde. Toute autre victoire n'obtient qu'une soumission forcée, l'amour seul opère la véritable victoire qui change l'ennemi en ami. Nous admettons tous cette vérité en théorie, mais nous reculons devant l'application, tandis que Christ l'a mise en pratique. Lui aussi a voulu se venger, mais il l'a fait avec amour, amenant à ses pieds ses ennemis devenus ses amis. Il a cru que, par le silence, la soumission, la souffrance et le support des offenses, il gagnerait sa cause, parce que c'est ainsi que l'amour obtient la victoire.

                    Et voilà ce qu'il veut aussi de nous. Notre nature pécheresse aime mieux compter sur sa propre force et son droit que sur le pouvoir divin de l'amour, mais celui qui veut ressembler à Christ doit le suivre là aussi et surmonter le mal par le bien. Plus il sera traité injustement par un autre, plus il se sentira appelé à l’aimer. Et même, s'il faut pour la sécurité publique que la justice punisse l'offenseur, il prendra garde à ce qu'il ne s'y mêle de sa part aucun ressentiment personnel, mais en tout ce qui le concerne il pardonnera, il aimera.
     
                  Ah! que tout serait différent dans le monde chrétien et dans nos Églises, si l'exemple de Christ était suivi ! Que tout serait différent si chacun de ceux qui « reçoivent des outragea n'en rendaient point », si chacun de ceux qui sont «maltraités ne faisaient point de menaces, mais s'en remettaient à celui qui juge justement ». Frères chrétiens, voilà littéralement ce que le Père demande de nous.
     
                    Lisons et relisons les paroles de Pierre jusqu'à ce que notre âme soit pénétrée de cette pensée : «Si en faisant bien vous êtes maltraités et que vous le souffriez patiemment, c'est à cela que Dieu prend plaisir ».
     
                    Dans la vie chrétienne, comme on la comprend ordinairement, où chacun cherche à remplir par ses propres efforts sa vocation de racheté, il est impossible de parvenir à une semblable conformité à l'image du Seigneur ; mais dans la vie de celui qui renonce à soi-même pour s'abandonner au Seigneur, qui remet tout entre ses mains avec la confiance qu'il fera tout, renaît l'espérance de pouvoir ressembler à Christ en ceci aussi. Pour lui le commandement de souffrir comme Christ se lie étroitement à ces mots : « Christ a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu'étant morts au péché, nous vivions à la justice ». (1 Pierre 2 : 24).
     
                    Frère chrétien, ne voudrais-tu pas ressembler à Jésus et faire, en supportant les offenses, ce que lui-même eût fait à ta place? N'est-elle pas belle la perspective d'être en toutes choses, même en ceci, conforme à Jésus? Avec tes propres forces, c'est impossible, mais avec sa force à lui, c'est possible. Abandonne-toi donc à lui jour après jour pour qu'il opère en toi tout ce qu'il veut que tu sois. Crois qu'il vit dans les cieux pour être la vie et la force de chacun de ceux qui cherchent à marcher sur ses traces. Renonce à toi-même pour devenir un avec le Christ crucifié, si tu veux savoir ce que c'est d'être mort au péché et de vivre à la justice. Alors tu éprouveras avec joie quelle puissance résulte de la mort de Jésus, non seulement pour effacer le péché, mais encore pour en briser les liens; alors tu participeras aussi à sa vie de résurrection qui te fera « vivre à la justice », et tu trouveras tout autant de bonheur à suivre les traces du Sauveur dans la souffrance que tu en as trouvé à te confier pleinement et uniquement en sa passion pour ton expiation et ta rédemption. Alors Christ te sera aussi précieux comme Modèle qu'il te l'a été comme Garant. C'est parce qu'il a pris sur lui ton châtiment en souffrant pour toi, que tu souffriras, toi aussi, volontiers pour lui. Souffrir injustement deviendra ainsi pour toi une participation honorable à ses souffrances, le sceau de la conformité à sa sainte ressemblance, le fruit béni de la véritable vie de foi.
     
                          Ô Seigneur, mon Dieu, je viens d'entendre ce que dit ta Parole : « Lorsque quelqu'un, par un motif de conscience, endure de mauvais traitements en souffrant injustement, cela est agréable à Dieu ». Voilà donc, Seigneur, le sacrifice qui t’est agréable, l’œuvre que ta grâce seule peut faire en nous. 

                      C'est là le fruit des souffrances de ton Fils bien-aimé, le fruit de l'exemple qu'il a laissé et de la force qu'il donne parce qu'il a détruit la domination du péché.

                   Ô mon Père, enseigne-moi, enseigne à tous tes enfants, à rechercher une entière conformité avec ton Fils dans ce trait de son image. Seigneur, je veux une fois pour toutes te confier la garde de mes droits et de mon honneur, et ne plus m'en charger moi-même. Tu sauras parfaitement en prendre soin. Et quant à moi, que ma seule préoccupation soit désormais l'honneur et les droits de mon Dieu.

                   Je te demande surtout de me remplir de foi en la puissance victorieuse de l'amour qui sait souffrir. Fais-moi saisir pleinement que l'Agneau de Dieu qui a souffert pour nous, nous enseigne par là-même que la patience, le silence et le support ont plus de prix aux yeux de Dieu et plus d'influence sur les hommes que la force et le droit. O mon Père, je dois marcher et je voudrais marcher sur les traces de Jésus, mon Sauveur. Que ton Saint-Esprit, que ta lumière, ton amour et ta présence me guident et me fortifient. Amen.


    Ne cesseras-tu pas de te plaindre en considérant mes souffrances et celles de mes saints?... Ne dis jamais : Il m'est impossible de souffrir cela d'un tel homme. S'il m'avait attaqué d'une autre manière, je l'aurais enduré, mais de m'avoir fait ce tort, c'est ce que je ne puis supporter. Voyez quel dommage il m'a fait, quelle injure, quel déshonneur ! Il me noircit en m'imputant des choses dont je n'ai jamais eu la moindre pensée. Encore pourrais-je bien souffrir de quelque autre certaines choses que l'on peut raisonnablement souffrir.

    Ces pensées, mon fils, sont insensées : elles, marquent qu'on ne regarde que l'offense et la personne qui l'a commise, et que l'on ne considère pas en quoi consiste la vraie patience, ni qui doit la couronner. Ce n'est pas la posséder que de prétendre ne souffrir qu'autant qu'on veut, et de qui l'on veut. Un homme vraiment patient ne jette point les yeux sur celui qui le fait souffrir ; il ne regarde point si c'est un supérieur, ou un égal, ou un inférieur; si c'est un homme qui soit en réputation de probité et de sainteté, ou un infâme et un méchant. Mais toutes les fois qu'il lui arrive quoi que ce soit de fâcheux, il le reçoit également de toutes les créatures, comme si ce fût Dieu lui-même qui le lui présentât de sa main paternelle, et il croit y trouver un grand avantage, puisqu'on ne saurait souffrir la moindre chose du monde pour l'amour de Dieu, que Dieu n'en tienne compte.

    Seigneur, mon Dieu! Toutes ces choses paraissent impossibles à la faiblesse de ma nature ; fais, s'il te plaît, que ta grâce me les rende possibles. Que ta grâce me dispose tellement à souffrir injustement que ce soit là l'objet de mes vœux et de ma joie, convaincu qu'il m'est très salutaire de souffrir pour l'amour de toi et de ta divine bonté.

Thomas à Kempis : Imitation de Jésus-Christ III, 19.


à suivre.......

mercredi 28 mars 2018

(4) COMME CHRIST Andrew Murray quatrième jour Notre Tête.

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 « C'est aussi à quoi vous êtes appelés, puisque Christ lui-même a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces... lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu'étant morts au péché, nous vivions à la justice. » 1 Pierre 2 : 21, 24.

                       Être appelé à suivre l'exemple de Christ et à marcher sur ses traces ! C'est si grand, c'est si élevé, qu'il y a là toute raison de s'étonner et de s'écrier : Comment attendre d'hommes pécheurs qu'ils marchent comme le Fils de Dieu? Aussi la plupart s'écrient que c'est impossible, que c'est là un idéal admirable, mais hors d'atteinte
   
                  L’Écriture parle autrement. Elle nous montre l'admirable union qui nous relie à Christ et qui nous remplit de sa vie divine avec toute sa puissance d'action. Elle nous montre que par là même il est tout naturel d'attendre de nous que nous vivions comme Christ. Pour suivre l'exemple de Christ il faut donc avant tout réaliser l'union de Christ avec ses disciples.
    
                  Et quelle est cette union? Dans notre texte, Pierre nous présente Christ comme notre Garant, notre Modèle et notre Tête.
     
                   Christ est notre Garant. Christ a souffert pour nous, lorsqu'il « a porté nos péchés en son corps sur le bois ». Comme notre Garant, il a souffert et il est mort à notre place. En portant nos péchés, il nous a affranchis de la malédiction et de la domination du péché. Comme notre Garant, il a fait ce que nous ne pouvions pas faire, ce qu'à présent nous n'avons pas besoin de faire.
     
                  Christ est aussi notre Modèle. Dans un sens son œuvre est unique sans doute, et pourtant nous avons à le suivre dans cette œuvre même, nous devons faire ce qu'il a fait, vivre et souffrir comme lui. Christ nous a laissé un exemple afin que nous suivions ses traces. Ses souffrances comme mon Garant m'appellent à des souffrances semblables, puisqu'il est aussi mon Modèle. Mais ceci est-il équitable? Lorsque Jésus a souffert comme Garant du pécheur, il avait en lui la puissance de sa nature divine, et comment peut-il attendre de moi, dans la faiblesse de la chair, que je souffre comme lui? N'y a-t-il pas un abîme béant entre ces deux choses que Pierre réunit si étroitement : la souffrance comme Garant et la souffrance comme Modèle? Non, l’œuvre de Christ présente une troisième face qui jette un pont sur l'abîme, et qui nous rend possible de prendre le Garant pour notre Modèle, de vivre, de souffrir et de mourir comme lui.
     
                    Christ est aussi notre Tête. Voilà ce qui relie le Garant au Modèle: Christ est le second Adam. Comme croyant, je suis spirituellement un avec lui, membre du corps dont il est la tête. (Éphésiens 1 : 23). Par cette unité en lui, il vit en moi et me fait avoir part à la vertu de son œuvre accomplie, à la vertu de ses souffrances, de sa mort et de sa résurrection. C'est sur cette base-là qu'il nous est dit dans Romains 6, et ailleurs, que le chrétien est réellement mort au péché et vivant à Dieu. La vie même dont Christ vit, cette vie qui a passé par la mort et par la puissance de cette mort, devient la vie du croyant, et par ce fait il est mort et ressuscité avec Christ. C'est la même pensée qu'exprime Pierre, quand il dit : « qui a porté nos péchés en son corps sur le bois ». Il l'a fait, non seulement afin que nous soyons pardonnés par sa mort, mais afin « qu'étant morts au péché, nous vivions à la justice ». Comme nous avons part à la mort spirituelle du premier Adam, étant réellement morts à Dieu en lui, nous avons de même part au second' Adam, étant réellement morts au péché en lui, et ayant repris vie en lui pour être à Dieu. Christ n'est pas seulement le Garant qui a vécu et qui est mort pour nous, il n'est pas seulement le Modèle qui nous a montré comment nous devons vivre et mourir, il est encore notre Tête. En lui, nous sommes un; en sa mort, nous sommes morts, et sa vie est à présent nôtre vie. Voilà ce qui nous donne la force de marcher d'après le Modèle dans tout ce qu'a fait le Garant. Christ comme notre Tête est le lien qui rend inséparables la foi au Garant et la conformité au Modèle.
     
                    Ces trois choses n'en font qu'une. Ces trois vérités ne peuvent se séparer l'une de l'autre. Et pourtant on les sépare trop souvent.

                    - Quelques-uns veulent suivre l'exemple de Christ sans foi en son expiation. Ils cherchent en eux-mêmes la force de vivre comme lui, et leurs efforts ne peuvent être que vains.

                    - D'autres saisissent bien l’œuvre du Garant, mais ils négligent le Modèle. Ils croient à la rédemption par le sang versé sur la croix, mais ils négligent de suivre les traces de celui qui a souffert la croix. La foi à l'expiation est bien la base de l'édifice, mais ce n'est pas tout. Leur christianisme est défectueux aussi, il manque de lumière sur la sanctification, parce qu'ils ne comprennent pas que la foi à l'expiation impose l'obligation de suivre l'exemple de Christ.

                     - D'autres croyants ont bien saisi ces deux vérités : Christ leur Garant, et Christ leur modèle ; et pourtant il leur manque encore quelque chose. Ils sentent bien le besoin de suivre Christ comme leur Modèle dans ce qu'il a fait comme leur Garant, mais ils manquent de force pour le faire. Ils ne comprennent pas comment on peut arriver à suivre cet exemple. Ce qu'il leur faut, c'est une vue claire de ce que l’Écriture nous dit de Christ comme notre Tête.
    
                    C'est parce que le Garant n'est pas séparé de moi, mais que je suis en lui, et qu'il est en moi, que je puis devenir comme lui. Sa vie même devient ma vie. Lui-même vient habiter en moi qu'il a racheté par son sang. Suivre ses traces est mon devoir, parce que cela m'est possible par l'union qui existe entre la Tête et les membres. Ce n'est que lorsque ceci sera bien compris, que l'exemple de Christ sera suivi, et qu'il aura la place qu'il doit avoir dans la vie chrétienne. Si Jésus lui-même veut, en me communiquant sa vie, agir en moi et rendre ainsi ma vie conforme à la sienne, mon devoir en devient simple et d'un accomplissement assuré. Je n'ai plus qu'à regarder à l'exemple donné par Jésus pour savoir ce que j'ai à faire, puis à demeurer en lui, et ouvrir mon cœur à l'action bénie de sa vie en moi. Aussi certainement qu'il a vaincu le péché et la condamnation pour moi, il vaincra de même la domination du péché en moi. Ce qu'il a commencé pour moi par sa mort, il le perfectionnera par sa vie en moi. C'est donc parce que mon Garant est aussi ma Tête, que l'exemple qu'il me donne comme mon Modèle doit être et sera la règle de ma vie.
     
                    On cite souvent cette parole de saint Augustin : « Seigneur donne-moi ce que tu commandes, et commande alors ce que tu voudras ». Ce qu'il a dit trouve ici sa confirmation : Si le Seigneur, qui vit en moi, me donne ce qu'il demande de moi, il ne me demandera jamais rien de trop élevé pour moi. J'ai le courage alors de considérer son saint exemple en long et en large et de le recevoir comme la règle à suivre. Ce n'est plus seulement le commandement qui me dit ce que je dois être, c'est aussi la promesse de ce que je serai. Rien n'affaiblit plus la force de l'exemple de Christ que la pensée de ne pas pouvoir marcher comme lui. N'accueillez jamais cette pensée-là. C'est déjà sur cette terre que doit commencer la parfaite ressemblance avec Christ que nous obtiendrons plus tard au ciel. Dès ici-bas elle peut s'accentuer chaque jour et devenir plus visible à mesure que la vie suit son cours. Comme Christ, votre Tête, a accompli une fois pour toutes l’œuvre de votre salut, il accomplira peu à peu en vous avec sa même puissance cette œuvre de renouvellement à son image.  
     
                    Que ceci nous rende la croix doublement précieuse ! Jésus, notre Tête, a souffert comme notre Garant, afin de pouvoir, par son union avec nous, porter nos péchés à notre place. Jésus, notre Tête, a souffert comme notre Modèle, afin de pouvoir nous guider dans la voie, qui par notre union avec lui, nous conduit à la victoire et à la gloire. Le Christ qui a souffert est donc à la fois notre Tête, notre Garant et notre Modèle.
     
                    Il en résulte que c'est précisément la voie de souffrance où Jésus a opéré notre union avec lui, qui nous conduit à la victoire et à la gloire. Le Christ qui a souffert est donc à la fois notre Tête, notre Garant et notre Modèle.
    
                   Il en résulte que c'est précisément dans la voie de souffrance où Jésus a opéré notre expiation et notre rédemption, que nous devons suivre ses traces, et que nous ne réaliserons ce qu'est pour nous cette rédemption qu'à proportion de la part personnelle que nous prendrons à cette souffrance. « Christ a souffert pour nous, nous laissant un exemple ». Veuille le Saint-Esprit nous révéler ce que signifie cette parole.
     
                   Ô mon Sauveur ! Comment te rendre grâce de l’œuvre que tu as accomplie comme mon Garant? Te mettant à ma place comme un coupable, tu as porté mes péchés en ton corps sur le bois, sur cette croix que j'avais méritée. Toi, tu l'as subie, tu t'es fait semblable à moi, afin que la croix fut pour moi bénédiction et vie.
     
                    Et à présent tu m'appelles à être crucifié, afin d'être fait semblable à toi, et de trouver en toi la force de souffrir et de ne plus pécher. Toi, ma Tête, tu as été mon Garant, tu as souffert et tu es mort avec moi. Toi, ma Tête, tu es mon Modèle, afin que je puisse souffrir et mourir avec toi.
     
                  Ô mon Sauveur! Je reconnais que j'ai trop peu compris ces choses. Ton œuvre comme Garant tenait plus de place à mes yeux que ton œuvre comme Modèle. J'étais heureux de savoir que tu avais souffert la croix pour moi, mais je ne pensais guère que je dusse, moi aussi, souffrir la croix comme toi et avec toi. J'attachais plus d'importance à l'expiation de la croix qu'à ma participation à la croix, plus d'importance à me savoir racheté qu'à être personnellement uni à toi
    
                  Pardonne-le-moi, Seigneur ! et apprends-moi à trouver ma joie dans mon union avec toi, ma Tête, tout autant que dans ma confiance en toi comme Garant et comme Modèle. Et quand je me demande comment je puis suivre l'exemple que tu m'as donné, puisse ma foi devenir plus ferme et plus joyeuse à la pensée que si Jésus est mon modèle, c'est parce qu'il est aussi ma vie. Puisque je suis un avec lui, je dois et je puis être comme lui. Accorde-le-moi, Seigneur, dans ton amour! Amen.


    Thomas à Kempis a dit : « Tous les hommes désirent être à Christ et faire partie de son peuple, mais peu d'entre eux veulent réellement mener la vie du Christ! » Plusieurs se figurent que, pour imiter Jésus-Christ, il faut un certain degré d'avancement, auquel un petit nombre seulement peut atteindre. Ils pensent que, pour être un vrai chrétien, il suffit de confesser sa faiblesse et ses péchés et de rester attaché à la Bible et aux sacrements, sans viser à aucune réelle conformité à la vie de Christ. Ils taxent même d'orgueil et de fanatisme quiconque ose soutenir qu'une vie conforme à celle de Christ est la conséquence indispensable de tout vrai christianisme. Et pourtant notre Seigneur dit à tous sans exception : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n'est pas digne de moi » (Mathieu 10 : 38). Jésus parle ici de ce qu'il y avait de plus pénible dans sa vie, de sa croix, qui résume tout le reste. C'est à toute l’Église, et non à quelques-uns seulement, que Pierre adresse ces mots : « Christ nous a laissé un exemple, afin que nous suivions ses traces ». (1 Pierre 2 : 21). La négligence à l'égard de ces commandements irréfutables est un mauvais symptôme de notre christianisme moderne.

à suivre........ 

lundi 26 mars 2018

(3) COMME CHRIST Andrew Murray troisième jour Comme celui qui sert.

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG 
Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source :  
http://yves.petrakian.free.fr/456-bible/livres1.htm
 Disponible gratuitement au format Bible Online sur http://123-bible.com
 
3 Comme celui qui sert.

« Si donc je vous ai lavé les pieds, moi qui suis le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres. » Jean 13 : 14.

« Je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » Luc 22 : 27.

                    Hier nous nous sommes occupés du droit qu'a le Seigneur de demander et d'attendre de ses rachetés qu'ils suivent son exemple. Aujourd'hui nous allons chercher en quoi nous devons le suivre. « Vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ». Voilà le texte dont il nous importe de bien saisir le sens. Il nous offre trois principaux sujets à méditer : le rôle de serviteur que prend ici Jésus ; la purification qui était le but de ce service ; l'amour qui en était le mobile.
 
                    En premier lieu le rôle de serviteur. Tout est prêt pour le dernier souper, tout, jusqu'à l'eau pour laver, selon la coutume, les pieds des convives, mais il n'y a pas là d'esclave pour ce service.
 
                    Chacun l'attend des autres ; aucun des douze ne songe à s'abaisser jusque là. Même à table, ils ne sont préoccupés que de savoir qui sera le plus grand dans le royaume qu'ils attendent. (Luc 22 : 26,27). Soudain Jésus se lève, pose sa robe, se ceint d'un linge et se met à leur laver les pieds.
     
                    Ô merveille ! Les anges mêmes ne le voient-ils pas avec étonnement et adoration! Christ, lui, le Créateur et le Roi de l'univers, lui que des légions d'anges sont prêtes à servir au moindre signe, lui qui d'un mot affectueux aurait pu désigner l'un des douze pour ce service, il prend lui-même la place d'un esclave, et de ses mains il lave les pieds poudreux de ses disciples. Il le fait avec la pleine connaissance de sa gloire divine, car Jean dit : « Jésus, sachant que le Père lui avait remis toutes choses entre les mains, et qu'il était venu de Dieu, et qu'il s'en allait à Dieu, i1 se leva... » (Jean 13 : 3). Pour les mains entre lesquelles Dieu a remis toutes choses, il n'est rien de vulgaire ni de souillé. Ce n'est pas le travail le plus vil qui abaisse le travailleur, mais c'est le travailleur qui honore et relève le travail, revêtant de sa propre valeur le plus humble service ; aussi est-ce dans ce que nous appelons l'abaissement, selon nos vues humaines, que notre Seigneur trouve sa gloire divine, et qu'il met ainsi son Église sur la voie de toute vraie bénédiction. C'est précisément parce qu'il est le bien-aimé du Père qui lui a remis toutes choses, qu'il ne lui est pas difficile de s'abaisser aussi bas. En prenant ainsi la place de serviteur, Jésus proclame la loi du rang dans l’Église chrétienne. Plus un de ses membres veut être en faveur, plus il doit trouver sa joie à être le serviteur de tous. « Quiconque voudra être le premier entre vous, qu'il soit votre esclave ». (Mathieu. 20 : 27). « Que le plus grand d'entre vous soit votre serviteur ». (Mathieu 23 : 11).
 
                    Un serviteur est sans cesse occupé de l'ouvrage et de l'intérêt de son maître ; il est toujours prêt à montrer à son maître qu'il ne cherche en toutes choses qu'à lui plaire, ou à lui être utile. Ainsi a vécu Jésus, « car le Fils de l'homme lui-même est venu, non pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie pour la rançon de plusieurs ». (Marc 10 : 45) « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert ». Et moi, disciple de Christ, c'est ainsi que je dois vivre aussi, ainsi que je dois être, au milieu des enfants de Dieu, le serviteur de tous. Si je veux être en bénédiction à d'autres, ce sera par mon empressement à les servir avec humilité et avec amour, sans égard à ma propre gloire, ni à mon propre intérêt, mais en cherchant à leur faire du bien. C'est en lavant les pieds des disciples que je dois suivre l'exemple de Christ, car un serviteur n'a pas honte d'être tenu pour un inférieur; sa place et son travail sont de servir les autres. Souvent, nous ne sommes pas en bénédiction aux autres, parce que nous nous adressons à eux comme leur étant supérieurs par les grâces et les dons que nous avons reçus. Si nous apprenions d'abord du Seigneur à apporter dans nos relations avec le prochain l'esprit de serviteur, quelle bénédiction ne serions-nous pas pour le monde ! Quand cet exemple sera suivi et tiendra la place qu'il doit tenir dans l’Église de Christ, on sentira bientôt la présence du Maître et sa puissance.
     
                    Et à quel travail est appelé le disciple dans cet esprit d'humble service? Laver les pieds représente ici un double travail : l'un en vue de nettoyer et rafraîchir le corps, l'autre de purifier et sauver l'âme.   Ces deux buts ont toujours été réunis dans tout le cours de la vie terrestre de notre Seigneur. Les malades étaient guéris et l’Évangile était prêché aux pauvres. Pour le paralytique, comme pour beaucoup d'autres, la guérison du corps était la figure et la promesse de la vie de l'esprit.
     
                    Le disciple de Jésus ne doit pas perdre de vue ceci quand il reçoit l'ordre de laver les pieds aux autres. Se souvenant que par la vie extérieure et matérielle il peut trouver accès à la vie intérieure et spirituelle, il fait du salut de l'âme le premier but de son ministère, mais il cherche aussi le chemin des cœurs par sa promptitude à rendre service dans les menus détails de la vie de chaque jour. Ce ne sera pas par des reproches et par des censures qu'il remplira l'office de serviteur, ce sera bien plutôt par sa bienveillance et son affection, par son empressement à aider et à rendre service, qu'il témoignera de ce que doit être le disciple de Jésus. Sa parole aura de la force alors, elle sera bien accueillie, et s'il rencontre chez autrui péché, perversité et opposition, loin d'en être découragé, il persévérera en pensant à toute la patience avec laquelle Jésus l'a supporté lui-même, et continue chaque jour à le laver et à le purifier. Il se sait au nombre des serviteurs destinés de Dieu à s'abaisser aussi bas que possible pour servir et sauver les hommes, même jusqu'à se mettre à leurs pieds s'il le faut.
     
                    L'esprit qui doit animer cette vie d'amour et d'humble service ne peut venir que de Jésus seul. Jean dit de lui : «Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin ». (Jean 13 : 1). Pour l'amour, rien n'est trop difficile. L'amour ne parle pas de sacrifice. Pour rendre heureux celui qu'il aime, l'amour est prêt à renoncer à tout. C'est l'amour qui a fait de Jésus un serviteur. C'est l'amour seul qui nous fera trouver tant de bonheur à être serviteur, qu'à tout prix nous voudrons continuer à servir notre Maître. Nous pourrons, comme Jésus, avoir à laver les pieds de quelque Judas qui nous paiera d'ingratitude et de trahison. Nous rencontrerons probablement plus d'un Pierre qui nous repoussera d'abord par son : « Jamais tu ne me laveras les pieds », et qui ensuite exhalera son mécontentement si nous ne pouvons complaire à l'impatience de son : « Non seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ». L'amour seul, un amour divin, inépuisable, peut donner la patience, le courage et la sagesse nécessaires pour le vaste service dont le Seigneur nous a donné l'exemple : « Vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ».
     
                     Ô mon âme, ton amour ne saurait atteindre si haut. C'est pourquoi, écoute celui qui te dit: « Demeurez dans mon amour ». (Jean 15 : 9).
 
                     Apprenez de Jésus combien il vous aime, et que lui seul peut vous faire « demeurer dans son amour » .Vivez chaque jour comme le bien-aimé du Seigneur, faisant l'expérience que son amour vous purifie, vous sanctifie, vous soutient et vous bénit tout le long de la journée. Son amour se répandant ainsi en vous, débordera aussi de vous, et vous fera trouver votre plus grande joie à suivre son exemple en lavant les pieds aux autres. Ne vous plaignez pas trop du manque d'amour et d'humilité chez les autres, mais priez beaucoup le Seigneur de rendre les siens attentifs à leur véritable vocation, celle de suivre ses traces, afin que le monde voie que Christ est réellement leur modèle. Et si vous ne voyez pas de changement aussi vite que vous le voudriez chez ceux qui vous entourent, demandez d'autant plus au Seigneur que vous puissiez, vous au moins, témoigner de la joie qu'il y a à aimer et à servir comme Jésus, que vous puissiez montrer que c'est aussi là le moyen d'être, comme Jésus, en bénédiction aux autres.
     
                     Mon Dieu ! Je m'abandonne à toi, te priant de me faire entrer dans cette heureuse vie de service. En toi, Seigneur, j'ai vu que l'esprit de serviteur est l'esprit qui vient du ciel et qui conduit au ciel. Que ton amour éternel demeure en moi, et ma vie sera, comme la tienne, l'accomplissement de ces mots : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert ».
     
                     Ô toi, Fils glorifié du Père, tu sais que ce n'est pas toujours ton Esprit qui nous anime, tu sais que cette vie de serviteur est le contraire de ce que le monde tient pour honorable, mais tu es venu nous donner d'autres notions là-dessus, tu es venu nous enseigner ce qu'on pense au ciel de la gloire d'être le dernier, et du bonheur qu'on peut trouver à servir. O toi, qui donnes, non seulement de nouvelles pensées, mais encore de nouveaux sentiments» donne-moi un cœur comme le tien, un cœur rempli du Saint-Esprit, un cœur qui puisse aimer comme toi.
 
                    Ô Seigneur, ton Saint-Esprit demeure déjà en moi; mais le recevoir avec plénitude est l'héritage que tu m'as promis. Dans la joie que donne ton Saint-Esprit, je pourrai être ce que tu es. Je me consacre donc à une vie de service comme la tienne. Donne-moi le même esprit qui t'animait quand tu t'es abaissé au point de revêtir un corps d'homme, et sans égard à l'opinion du monde, de prendre la place de serviteur. Oui, Seigneur, que par ta grâce ce même esprit vienne m'animer, moi aussi. Amen.

à suivre......


samedi 24 mars 2018

(2) COMME CHRIST Andrew Murray deuxième jour Lui-même nous y appelle.

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG 
Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source :  
http://yves.petrakian.free.fr/456-bible/livres1.htm
 Disponible gratuitement au format Bible Online sur http://123-bible.com
 
2 Lui-même nous y appelle.

« Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. » Jean 13 : 15.
     
                    C'est Jésus-Christ, le Rédempteur de notre âme, qui parle ainsi. Il venait de s'abaisser à faire le service d'un esclave, il venait de laver les pieds de ses disciples. Par là, dans sa charité, il avait rendu au corps le service voulu pour que chacun d'eux pût prendre place à la table du souper. Par là il avait aussi symbolisé son œuvre de purification pour l'âme. Par là, il avait résumé, à la veille de les quitter, toute l’œuvre de sa vie, tout ce qu'avait été son ministère et pour le corps et pour l'âme. Puis en se remettant à table il leur dit : « Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait ». Tout ce qu'ils lui ont vu faire, tout ce qu'ils ont reçu de lui, devient ainsi la règle de leur vie : comme je vous ai fait, faites-le, vous aussi.

                    Cette parole de notre adorable Sauveur s'adresse à nous. A chacun de ceux qui se savent lavés par Jésus, s'adresse ce même commandement, d'autant plus impressif et plus touchant qu'il est une des dernières paroles de celui qui allait mourir pour nous. Faites comme je vous ai fait. Jésus-Christ demande réellement à chacun de nous de l'imiter. Ce qu'il a fait pour nous, ce qu'il fait encore chaque jour pour nous, nous devons le faire aux autres. Son amour plein de support, de pardon et du désir de sauver les hommes est notre modèle, et chacun de nous doit être la fidèle image du Maître.
     
                    Aussitôt nous éprouvons ce regret : Hélas! que j'ai peu vécu ainsi ! Que j'ai même peu compris que je devais vivre ainsi ! Et pourtant Jésus est mon Seigneur et mon Dieu, il m'aime et je l'aime. Je ne puis donc admettre la pensée de vivre autrement qu'il ne l'attend de moi. Que puis-je faire, sinon ouvrir mon cœur à sa parole, et regarder à lui comme à mon modèle, jusqu'à ce que sa puissance divine m'amène à m'écrier : Seigneur, je veux, moi aussi, faire ce que tu as fait!

                 La puissance de l'exemple dépend soit de l'attrait même de cet exemple, soit de l'influence individuelle de celui qui donne l'exemple. De quelle puissance est ici l'exemple de notre Seigneur !
     
                    Et pourtant y a-t-il vraiment un si grand attrait dans l'exemple de notre Seigneur ? Je le demande sérieusement, parce «qu'à en juger par la conduite d'un grand nombre de ses disciples, on pourrait croire que non. Oh ! veuille le Saint-Esprit nous ouvrir les yeux et nous faire voir toute la céleste beauté du Fils de Dieu!
     
                    Nous savons qui est le Seigneur Jésus. Il est le Fils du Dieu de gloire, il est un avec le Père, soit par sa nature même, soit par sa gloire et sa perfection. Quand il était sur la terre, on pouvait dire de lui : « Nous vous annonçons la vie éternelle qui était avec le Père et qui s'est manifestée à nous ». (1 Jean 1:2). En lui, nous voyons Dieu. En lui, nous voyons comment Dieu agirait à notre place sur la terre. En lui, tout ce qui est beau, aimable et parfait dans le monde céleste nous est révélé dans l'exemple d'une vie terrestre. Si nous voulons savoir ce qui est noble et glorieux dans le ciel, si nous voulons voir ce qui est réellement divin, nous n'avons qu'à contempler Jésus, car dans tout ce qu'il fait se révèle la gloire de Dieu.

                    Mais quel aveuglement chez les enfants de Dieu ! Pour plusieurs d'entre eux, cette beauté céleste n'a aucun attrait : « Il n'y a rien en lui à le voir qui le leur fasse désirer ». (Ésaïe. 53 : 2).

                    L'influence d'un roi de la terre et de sa cour se fait sentir dans tout son royaume. Tous ceux qui appartiennent à la noblesse et aux classes élevées s'empressent d'imiter l'exemple donné en si haut lieu, mais pour l'exemple du roi des cieux qui est venu habiter un corps de chair et nous enseigner à vivre ici-bas d'une vie divine, hélas, qu'il trouve peu d'imitateurs ! Quand nous considérons Jésus, son obéissance à la volonté du Père, son abaissement jusqu'à se faire le serviteur de tous, son amour allant jusqu'au plus entier dévouement, jusqu'au, sacrifice de lui-même, nous voyons là ce que le ciel a de plus merveilleux, de plus glorieux à nous montrer. Dans le ciel même nous ne verrons rien de plus grand, de plus resplendissant. Un exemple aussi attrayant ne devrait-il pas nous engager à le suivre? N'y a-t-il pas là de quoi émouvoir à sainte jalousie tout ce qui a vie en nous, et nous faire accueillir avec joie cette parole de Jésus : « Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait ! »

                    Ce n'est pas tout. La force de l'exemple ne dépend pas seulement de son excellence intrinsèque, mais aussi des rapports personnels qui s'établissent entre celui qui le donne et celui qui le reçoit. Jésus n'avait pas lavé les pieds à d'autres devant ses disciples. C'est après leur avoir lavé les pieds à eux-mêmes qu'il dit: « Comme je vous ai fait, vous devez aussi faire de même ». C'est donc la certitude d'être en relation directe avec Christ qui m'impose l'obligation de faire ce qu'il a fait.

                    C'est l'expérience de ce que Jésus a fait pour moi qui me donne la force de faire de même aux autres. Jésus ne me demande pas de faire plus qu'il n'a fait pour moi, mais je ne dois pas faire moins non plus : « Comme je vous ai fait ». Il ne me demande pas de m'abaisser plus bas que lui comme serviteur, et pourtant il n'eût pas été étrange qu'il le demandât d'un pauvre ver comme moi ; mais non, il veut seulement que je sois et que je fasse précisément ce que lui, le roi, a été et a fait. Il s'est abaissé aussi bas que possible pour m'aimer et me bénir, et il a trouvé là son plus grand honneur, son plus grand bonheur. Maintenant il m'invite à prendre part à ce même honneur, à ce même bonheur, en aimant et en servant comme lui. En vérité, si je comprends bien de quel amour il m'enveloppe, et par quelle humiliation cet amour a dû passer pour m'atteindre, si je comprends quelle est la puissance de purification qui m'a lavé, rien ne saurait m'empêcher de m'écrier : Oui, mon Sauveur ! Ce que tu as fait pour moi, je veux le faire aussi ! La céleste beauté de l'exemple donné, la divine beauté de celui qui donne l'exemple se réunissent ici pour donner à cet exemple un attrait irrésistible.

                    N'oublions pas qu'il ne s'agit pas seulement ici du souvenir de ce que Jésus a fait une fois pour nous, mais que c'est l'expérience de ce qu'il est à présent même pour nous qui nous donnera la force d'agir comme lui. Ce n'est qu'en réalisant moi-même par le secours du Saint-Esprit ce que Jésus fait pour moi, et comment il le fait, et que c'est bien lui qui le fait, qu'il me devient possible de faire pour les autres ce qu'il fait pour moi. « Que vous fassiez comme je vous ai fait ». 
     
                    Quelle précieuse parole! Quelle glorieuse perspective ! Jésus veut manifester en moi le divin pouvoir de son amour pour que je puisse à mon tour le manifester à d'autres. Il me bénit pour que je puisse être en bénédiction à d'autres. Il m'aime pour que je puisse aimer les autres. Il se fait mon serviteur pour que je devienne le serviteur des autres. Il me sauve et me sanctifie, pour que je puisse en amener d'autres à être également sauvés et sanctifiés. Il se donne entièrement pour moi et à moi, pour que je puisse me donner entièrement aussi pour d'autres et à d'autres. Je n'ai qu'à faire pour les autres ce qu'il fait pour moi, rien de plus, et c'est précisément parce qu'il le fait en moi que je puis le faire aussi. Ce que je fais n'est donc pas autre chose que le reflet, que la manifestation de ce que je reçois de lui.
     
                   Quelle grâce d'être appelé à suivre le Seigneur dans ce qui constitue sa plus grande gloire ! Quelle grâce que celle qui, en nous appelant à faire ces choses, nous donne en même temps le nécessaire pour les accomplir, puisque c'est Jésus qui opère avant tout en nous ce que nous devons être à notre tour pour les autres! De tout notre cœur ne répondrons-nous pas à son appel par un joyeux : Oui, Seigneur, ce que tu as fait pour moi, je veux aussi le faire pour d'autres. Dieu de grâce, que puis-je faire sinon te louer et t'adorer? Mon cœur ne peut suffire à saisir l'offre merveilleuse que tu me fais de me révéler tout ton amour, toute ta puissance, si je veux consentir à les faire passer de moi à d'autres. J'en suis écrasé, et si c'est avec crainte et tremblement, c'est pourtant aussi avec gratitude et adoration, avec joie et confiance que je voudrais accepter ton offre et te dire : Me voici. Montre-moi combien tu m'aimes et je le montrerai aux autres en les aimant de même.
     
                    Mais pour que je le puisse, ô mon Dieu, accorde-moi par ton Saint-Esprit une plus ample connaissance de ton amour pour moi. Oui, que je puisse savoir combien tu m'aimes, savoir que tu prends plaisir à m'aimer et à faire en moi tout ce que je devrais faire. Accorde-le moi, Seigneur. Je saurai alors comment aimer les autres, et vivre pour les autres, ainsi que tu le fais pour moi.
     
                    Accorde-moi encore, chaque fois que je me sens si peu d'amour pour mes semblables, de bien comprendre que ce n'est pas par le faible amour de mon misérable cœur que je puis accomplir ton commandement d'aimer comme toi, mais uniquement par ton amour venant en moi. Ne suis-je pas ton sarment, ô mon divin Cep? C'est donc la plénitude de ta vie et de ton amour qui doit se répandre en amour et en bénédiction sur ceux qui m'entourent. C'est ton Esprit qui me révèle ce que tu es pour moi, et qui me donne la force d'être pour les autres ce que je dois, être en ton nom.

                    Voilà ce qui me permet de dire : Amen, Seigneur, ce que tu fais pour moi, je le ferai aussi. Oui, amen.

à suivre.....