samedi 5 novembre 2016

La Maturité – Le Désir du Seigneur pour Son Peuple par T. Austin-Sparks

                     Le grand aspect de la dispensation dans laquelle nous vivons est le rassemblement, parmi toutes les nations, des membres du Corps de Christ ; et de les amener ensuite à la plus grande mesure de maturité possible. Le dessein de Dieu n’est pas uniquement le salut des âmes, ni même le rassemblement de croyants dans un Corps spirituel. Mais c’est ce qui suit le salut - leur accession à la pleine maturité - qui représente l’intérêt suprême du Seigneur dans cette présente dispensation.

               Il n’y a aucun doute, et il est parfaitement clair que c’est là la caractéristique marquante du temps présent - la pleine croissance, être « parfaitement accompli » - c’est ici le désir du Seigneur pour Son peuple. C’est ce qui ressort indubitablement lorsque nous lisons la Parole de Dieu à cette lumière. Et la surabondance d’immaturité est tout aussi établie. Que le Seigneur se meut au milieu de Son peuple afin de les amener à la plénitude, autant que ceux-ci veuillent bien Le suivre dans cette plénitude, est un fait tout aussi incontestable.

                     Nous savons tous que l’immaturité domine, nous savons qu’il existe une multitude de croyants - ceux qui sont du Seigneur, qui vivent malgré tout dans la pénombre de l’immaturité - qui ne paieront pas le prix de suivre le Seigneur ; et nous serions tentés de dire, comme l’avait fait quelqu’un il y a bien longtemps : « Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? ». Et le Seigneur de répondre : « Il ne t’appartient pas de faire de l’immaturité des autres ton critère, mais ce que je désire doit être la chose qui gouverne toute ta pensée et qui t’occupe entièrement. »

                     Ainsi, l’accomplissement et la plénitude étant le dessein et la volonté de Dieu, nous reconnaissons la signification de tout ce que fait le Seigneur. Si le Seigneur est vraiment déterminé à amener les croyants à la pleine croissance - à la maturité spirituelle - si c’est ici vraiment l’un de Ses objectifs suprêmes de la présente dispensation, alors Il ne considérera aucun sacrifice trop élevé pour parvenir à Ses fins. Et cette vérité expliquera toutes Ses voies mystérieuses envers les Siens et toutes les choses singulières qui semblent parfois être Ses œuvres agissant contre Ses propres intérêts. Très souvent, il nous semble que le Seigneur œuvre contre nos propres intérêts et que tout ce qu’Il fait est malencontreux. Mais, le Seigneur est prêt à prendre des risques, (ce qui est pris pour des risques par ceux dont l’entendement est si limité), et à s’investir dans ce qui semble être des malentendus, si seulement, par ces moyens, Il peut atteindre Son but.

                    Le croyant est devenu le possesseur de facultés spirituelles entièrement nouvelles et est une nouvelle création spirituelle - un être d’une nature différente, une création totalement distincte. Ces facultés spirituelles, seules par lesquelles les choses de Dieu peuvent être connues et vécues, doivent être développées - doivent croître - doivent parvenir à une position d’efficacité spirituelle ; tout comme pour un enfant naturel, qui a certaines facultés à la naissance, mais qui doit avoir une croissance régulière de celles-ci. Le croyant né d’en haut a, en lui, une panoplie entièrement différente et nouvelle de facultés de ce qu’il avait lorsqu’il est né naturellement et qu’il a par nature. Ce sont ces facultés et aptitudes spirituelles qui doivent être développées afin qu’il devienne mature - spirituellement efficace - dans le Seigneur.

                   L’auteur de l’épître aux Hébreux dit que la nourriture solide est la provision appropriée pour ceux qui « ont les sens exercés », et il déplore le fait que - après des années - ces croyants étaient toujours incapables d’assimiler de la nourriture solide; parce que leurs sens et leurs facultés n’avaient pas été développés  
                   Les voies du seigneur sont insondables, et elles ne doivent jamais être jugées selon nos critères naturels. Le Seigneur permet que des calamités nous assaillent, mais avec un but en vue - des choses qui, lorsqu’elles surviennent, Le légitimera totalement. Nous découvrirons alors que, ce qui nous semblait être la faiblesse de Dieu s’est prouvée être en fait Sa force ; Son infériorisation - Sa puissance ; Sa folie - Sa sagesse ; ainsi Il sera justifié à la fin. Dans ces principes paradoxaux, nous avons la clef de la croissance par l’expérience.

                   Si nous considérons le passage où il est question d’ « être exercé », nous découvrirons que cet exercice prend place en nous par des expériences produites par Dieu : « Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur…»; «Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle.  
                   Comment ce fruit est-il produit? Par la discipline qui nous est administrée par Dieu. Dieu agit envers nous comme envers des fils, si du moins nous supportons la discipline. Son désir est d’amener Ses fils à la maturité. La façon dont Il nous discipline - c’est cela l’ « exercice ».

                   Le Seigneur peut vous faire cesser toute activité, et vous empêcher d’être actif. Vous traversez un mauvais moment et vous dites que le Seigneur vous a rejeté, et que tout va mal. Mais qu’en est-il vraiment ? Ce ne sont en fait que les douleurs de la croissance ! A la longue, rien n’allait mal, tout concourait pour le bien. Vous êtes arrivés à connaître le Seigneur, alors qu’avant votre vie entière était occupée par des choses. Vous avez été limité, mais vous êtes venu à connaître le Seigneur intérieurement, vous êtes parvenu à une position d’efficacité spirituelle qui est bien plus importante qu’auparavant ; vous pouvez maintenant faire face aux situations extérieures. Le Seigneur avait été mal compris, mais en fait Il œuvrait pour l’accroissement - vous exerçant en vue de l’accroissement. Ces douleurs de croissances peuvent être douloureuses, mais personne ne peut venir en aide à quelqu’un qui en souffre ; nous ne pouvons qu’observer ce qui se passe.

                    Ainsi, à travers des expériences nombreuses et variées, cette croissance prend place par les exercices douloureux à travers lesquels le Seigneur nous fait passer. Nous apprenons par les souffrances. Même le Seigneur Jésus « a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes. » C’est le chemin que nous devons prendre pour atteindre la pleine croissance. Il s’agit de discipline et d’apprendre par les expériences. La discipline a pour but de faire de nous, qui sommes des enfants, des fils ; des hommes faits.

                    Je pense, en ce qui concerne ces choses, que nous devrions avoir plus de foi dans les agissements de Dieu envers nous ; c’est parfois douloureux et même agonisant. Que fait donc le Seigneur ? Pourquoi ces difficultés se succèdent-elles si intensément ? Il semble que le Seigneur recherche à nous presser vers la maturité - à nous amener à la position où nous apprenons quelque chose.

                  La bonne attitude à adopter envers chaque épreuve que le Seigneur permet - chaque chose nouvelle et difficile - est : Quel est donc le but auquel le Seigneur recherche à nous amener par cette expérience ? Ce n’est pas pour détruire, mais pour édifier ; non pas pour appauvrir mais pour accroître ; non pas pour limiter mais pour élargir. Ce sont dans « les vallées de l’ombre de la mort », que le Seigneur a quelque trésor que nous devons découvrir. Quelques uns d’entre nous peuvent dire : « Oui, c’est ce que nous avons découvert ; les choses sont ainsi. » Nous avons traversé ces sombres vallées, et nous y avons trouvé la plénitude - nous y avons acquis une plus grande connaissance du Seigneur.

                     Avez-vous remarqué la chose qui est en vue dans ce passage qui traite d’être « exercé » ? C’est être à même de « discerner », il s’agit de l’intelligence spirituelle - de Le connaître Lui personnellement. Il désire que Ses enfants soient individuellement le centre de Sa propre connaissance spirituelle. Ensuite, nous amenant ensemble dans un seul Esprit, afin d’œuvrer une seule œuvre et de penser une seule pensée ; Il s’obtiendra un instrument pour gouverner les Nations dans les siècles à venir, un instrument intelligent qui est parvenu à la connaissance du cœur du Seigneur par l’expérience.

                     Cette faculté d’intelligence spirituelle, de connaissance spirituelle - cette compréhension intérieure de toutes choses - doit être développée, afin que nous connaissions le Seigneur dans l’homme intérieur. Chaque expérience plus profonde que la précédente signifie que nous ne sommes pas « suffisant pour ces choses ». Ainsi, à chaque fois, nous entrons dans une expérience profonde - par la nécessité même de la situation - nous nous devons de saisir quelque aspect nouveau de Christ pour nous ; et dans la proportion que nous avons reçu cet ajout spirituel, nous avons crû autant.

                    Nous pouvons choisir l’une de deux attitudes envers les voies de Dieu: soit nous devenons amers, acerbes, endurcis ; ou bien nous pouvons être spirituellement élargis par ce que nous vivons - agrandis par les exercices - afin d’augmenter notre capacité, de nous acheminer à une position d’élargissement. Une fois cette position atteinte, nous pouvons devenir Son instrument pour gouverner intelligemment , sous Sa tutelle, dans les siècles à venir. Nous ne pouvons pas toujours sonder les choses qui forgent notre histoire personnelle. Mais, l’explication que nous pouvons en donner est celle-ci : le Seigneur est souverain sur tout ce qui nous touche de près ou de loin ; et Il considère parfois comme nécessaire ce que le monde juge comme étant les choses les plus terribles qui puissent arriver à quelqu’un. Alors qu’il semblerait que Son Nom et Ses intérêts soient mis en péril à travers ces expériences, Il conduit les Siens, à travers celles-ci, à une position de maturité - ils parviennent à une connaissance personnelle du Seigneur. A travers toutes ces choses difficiles, nous voyons que le Seigneur produit, dans la vie de ceux qui Lui appartiennent, quelque chose qui est bien plus digne de Son Nom. C’est là Sa justification - Sa légitimation, s’Il pouvait accomplir ces choses d’une autre façon, Il le ferait. A terme, Il obtient la maturité parmi Son peuple - Il les amène là où ils Le connaissent.

                    Le Seigneur veut nous amener à une position où nous le connaissons - là où nous avons « les sens exercés » pour Le connaître. Que le Seigneur nous donne la grâce d’accepter tous Ses agissements envers nous, à la lumière de Son propos éternel.

T.A.S.


mercredi 2 novembre 2016

En CHRIST par T. Austin-Sparks chapitre 4

Ascension et Gloire

                   On met beaucoup l'accent, à juste titre, sur la mort de Jésus et sur sa résurrection. On parle peu de son ascension. Elle représente pourtant, elle aussi, une vérité spirituelle, et on a grand tort d'en méconnaître l'importance. Tout autant que la mort et la résurrection, elle est à la base de notre vie en Christ, et essentielle à l'accomplissement du dessein éternel de Dieu. Dans la révélation scripturaire de la vie spirituelle en Christ, qui vint progressivement par l’onction de l’Esprit-Saint, nous voyons les choses clairement exposées. Il y a deux vérités auxquelles il est fait fréquemment allusion. La première, est que Dieu nous a fait asseoir dans les lieux célestes en Christ, la seconde, est que nous sommes sur la terre des étrangers, des pèlerins. Ces deux affirmations sont utiles pour une bonne interprétation de la Parole de Dieu. Notre vocation en Christ a son origine dans les cieux, son développement est dans les cieux, son aboutissement est dans les cieux, le modèle auquel nous devons être conformes est dans les cieux. La raison d'être de notre appel, toute notre vie et tout notre service, toutes les ressources dont nous pouvons avoir besoin, tout est vrai dans les cieux.

                    À cet égard, deux mots représentent les deux moitiés d'une seule et même vérité : ce sont les mots ascension et translation. Ces deux termes sont complémentaires. L'ascension rend possible la translation. La translation ne peut pas avoir lieu, si l'ascension n'a pas eu sa place. L'ascension est un acte, un acte unique, un acte précis. La translation au contraire est un mouvement progressif, et l'enlèvement n'est autre que la dernière étape, l’étape triomphale, de ce mouvement « translationnel ».

                    Quand le Seigneur Jésus monta au ciel et fut reçu dans la gloire, son ascension avait un caractère représentatif et relatif, exactement au même litre que sa mort et sa résurrection. C'est comme représentant de ces nombreux fils que Dieu voulait conduire à la gloire (Hébreux 2 :10) qu'il transfère de la terre au ciel, par son ascension, la source de toute vie spirituelle, la réserve de toutes les forces vitales de notre être intérieur. En fait, tout ce qui touche à notre salut, notre sanctification, notre service, notre gloire chrétienne se trouve maintenant dans les cieux, et n'existe plus nulle part sur la terre.

                    À partir de la « naissance d'en-haut », tout, dans une vie chrétienne véritable, vient d'en-haut, depuis les motivations les plus secrètes de notre activité jusqu'à ses développements les plus lointains ; toutes les initiatives, tous les objectifs à atteindre, tous les détails d'exécution, tout doit venir d'en-haut.

                     Le cri du cœur de tous les citoyens des cieux reste pour toujours celui-ci : « Toutes mes sources sont en toi ! » (Psaume 87 :7). Leur vocation est une vocation céleste, leur vie tout entière, leur vision, leur marche, leur espérance, aussi bien que leur origine, leur demeure, leur royaume ; tout est céleste pour eux.

                    Quand les enfants de Dieu en sont à cette étape de la vie spirituelle où l’on n'a pas encore réalisé ce que c'est que l'ascension avec Christ, ils font constamment l'expérience que rien sur cette terre — même si c'est Dieu qui l'a donné — ne correspond à leur vision et ne réussit vraiment à les satisfaire.

                    Abraham ? Un pays et une cité lui sont promis. Il obéit. Il part. Il marche avec Dieu. Mais il est bien clair qu'au fur et à mesure que sa foi se développe, aucune réalisation terrestre de la promesse divine ne parvient à satisfaire son espérance, et à passer à ses yeux pour un accomplissement. Quand il arrive dans le pays de Canaan, il n'a pas du tout l'attitude d'un homme qui jouit d'une promesse enfin réalisée. Il a été béni de Dieu, c'est vrai ; du point de vue humain, sa situation s'est améliorée. Mais au fond, il est loin, bien loin d'être satisfait. Pourquoi ?

                    Simplement parce qu'avec l'élargissement et l'approfondissement de sa vie spirituelle, sa foi réclame constamment quelque chose de plus que ce que la terre peut donner.

                    Il s'était fait une certaine idée de la promesse divine, et il se réjouissait d'en voir la réalisation. Mais sa communion croissante avec Dieu lui fait considérer peu à peu ses perspectives premières comme insuffisantes, et représentant d'une façon bien imparfaite ce dont son cœur à vraiment soif. Aussi le voyons-nous rejeter ou refuser, les uns après les autres, les privilèges qui n'apportent avec eux qu'une gloire terrestre. Le « pays de la promesse », pour finir, cesse d'être pour lui une chose de cette terre. Les auteurs sacrés, éclairés par ce même Esprit qui avait conduit Abraham, nous disent que c'est une patrie céleste qu'il désirait (Hébreux 11 :4-16) et une cité dont Dieu est l'architecte et le bâtisseur (verset 10). Si nous mettons ces passages en parallèle avec d'autres comme Matthieu 3 :9 ; Jean 8 :56 ; Galates 3 :7, 4 :26 ; Hébreux 12 :22, nous sommes bien obligés de conclure que la vision d'Abraham s'est portée toujours davantage vers un autre monde, à mesure que sa foi s'éclairait.

                    Conjointement avec ce recul constant de son horizon, et comme pour l'obliger à porter ses yeux plus loin, Abraham voit les choses de la terre sombrer dans la mort, pour revivre après d'une vie nouvelle, d'une vie de résurrection. Elles ne seront plus pour lui des choses de la terre, désormais, elles seront du ciel, car c'est par un acte de Dieu qu'il les a retrouvées. Il en fut ainsi non seulement de ses biens matériels, mais de ses relations, de ses perspectives d'avenir, de sa vision, de la promesse de Dieu, de sa foi, de son service, de ses capacités.

                    C'est ici un principe important qui nous est révélé. Il est à la base de tout ce que Dieu fait et de tout ce que l'homme peut être appelé à faire de vraiment fructueux et durable. Ce principe, c'est que notre collaboration avec Dieu, notre participation aux choses de Dieu, doit être d'initiative divine, et non pas le produit naturel d'un simple changement de direction dans notre vie.

                   Les expressions telles que « entrer dans le ministère » — « se préparer au service de Dieu », renferment une idée tout à fait fausse et représentent une notion extrêmement dangereuse de l'œuvre de Dieu. À moins que de tels candidats ne sachent ce que c'est que de voir leurs propres œuvres — même bien intentionnées — prendre le chemin de la mort, et eux avec elles, leur intrusion dans le royaume de Dieu aura pour effet, de trois choses l’une : ou bien ils seront brisés ; ou bien ils se trouveront tôt ou tard dans une impasse, dans une situation absolument sans issue ; ou bien ils iront de l'avant avec un semblant d’être vivant et d’avoir une apparence de succès, mais sans rien accomplir qui soit réellement de Dieu, leur ministère restant quelque chose de terrestre, quoique religieux, sincère, et plein de bonnes intentions.

                    Nous avons, dans le cas de Moïse, une illustration frappante de ce principe de droit divin.

                    Il n'y a aucun doute que Moïse n'ait eu, en Égypte, une véritable révélation. Dans ce ramassis de Sémites opprimés, avilis, excédés par le régime qu'on leur inflige, une intuition céleste lui fait reconnaître les élus de Dieu (Hébreux 11 :25). Il discerne même quelque chose de plus : ce qu’est la croix.

                  L'opprobre de Christ, qui va être entre les mains de Dieu l'instrument de leur rédemption (verset 26). Enfin, il se rend compte qu'en ce qui le concerne personnellement, le péché consisterait à préférer tous les avantages terrestres dont il jouit à la cour, pour tourner le dos à la croix et à tout ce qu'elle représente. Il pèse le pour et le contre, et prend sa décision : Il répudie son adoption royale, il choisit l'opprobre, il quitte le palais.

                     Or, après avoir adopté une telle attitude, il semblerait qu'il pût s'attendre à voir le sceau de Dieu sur ses efforts. Eh bien, non. Il lui reste encore à apprendre la grande leçon de sa vie. C'est que, pour qu'une vision céleste devienne une réalité, il faut que ce soit Dieu qui prenne l'initiative de son accomplissement. À Lui, et à Lui seul, le choix des méthodes et la préparation des instruments.

                    Pour donner corps à sa révélation, pour mettre ses plans à exécution, Moïse fait une première tentative, en se plaçant sur le terrain d'une certaine supériorité personnelle, qui lui semble mettre les atouts de son coté. Mais le résultat montre bien que le résultat est contraire à ce qu’il avait envisagé. Tout est compromis ; il ne récolte que la confusion et l’ajournement de ses desseins. Il prend peur et s'enfuit.

                      Il faut qu'il sorte ainsi de la lice, qu'il se fasse à la dure discipline de l'inaction, et qu'il en vienne, pour finir, à son fameux « Je ne peux pas » ! Alors, — mais alors seulement, — il retrouve, sur une injonction formelle de Dieu, sa mission de libérateur.

                    Que s’est-il passé ? Ceci simplement, il fallait que Moïse mourût à sa propre conception des choses, disparût de son propre programme, et rentrât en scène par une voie céleste, par une initiative divine. Mais désormais, Moïse aura partie liée avec le trône de Dieu. Il en a toujours été ainsi.

                  Un programme divin exige, pour son accomplissement, un instrument revêtu d'une autorité divine. Dieu a toujours estimé nécessaire d'accréditer Lui-même ceux qu'Il chargeait d'un mandat particulier. Tant qu'il ne s'agit que de « l'image des choses célestes » (Hébreux 8 :5), une montagne pourra suffire pour conférer à l'envoyé de Dieu l'ascendant spirituel dont il a besoin. Mais quand il s'agit des choses célestes elles-mêmes, comme c'est le cas dans la nouvelle alliance, il faut plus que cela, il faut une union personnelle avec le Seigneur glorifié.

                    On peut observer le même principe dans la vie de David, d'Ésaïe, d'Ézéchiel, de Paul et d'autres. « L'Esprit m'enleva entre la terre et le ciel », raconte Ézéchiel. Procédé étrange mais qui représente une loi spirituelle que Dieu respecte toujours. Car, quand l'Esprit nous ramène là où Il a besoin de nous, c'est toujours avec un mandat d'origine céleste et d'autorité divine.

                    Il ne s'agit pas ici des divagations d'une âme qui se laisserait enfler par un idéalisme extatique ou par des produits de sa propre imagination. Réelles ou imaginaires, des « visions » de ce genre peuvent fort bien nous être présentées par le diable. Parce que des perspectives engageantes semblent s'ouvrir devant nous, cela ne veut pas dire nécessairement qu'elles soient de Dieu. Le Maître s'est toujours détourné résolument des promesses de succès et des perspectives de gloire que l'ennemi faisait miroiter devant Lui. Il savait bien que la croix était le seul chemin capable de le conduire à son but.

                    Nous retrouvons ce même principe dans la vie de l'apôtre Paul. Il s'appelle « un sage architecte », par quoi il veut simplement dire qu'il lui a été donné de voir les plans du divin Architecte, et que maintenant, il travaille d'après ces plans. Il dut être « enlevé jusqu'au troisième ciel » pour contempler ces choses ineffables.

                    Mais on ne peut pas « >être dans l'esprit » sans savoir quelque chose de cela. Car la vie selon l'Esprit comporte toujours un élément de « ravissement ». Le Seigneur Jésus a fait de fréquentes allusions à cette possibilité d'être au ciel quoique sur la terre. N'a-t-Il pas dit : « Le Fils unique qui est dans le sein du Père. » — « Il (le Fils) ne fait que ce qu'il voit faire au Père » ? Par le Saint-Esprit, son esprit était uni à Dieu, et cette union céleste se reflétait dans toute son activité.

                    C'est peut-être très bien de faire appel à la Bible comme à un manuel d'enseignement, de vie pratique, un ensemble de vérités, une mine inépuisable de textes où tout est divinement ordonné, mais c'est une toute autre chose de voir les principes spirituels, les éternels principes spirituels qui sont cachés derrière les textes, derrière la morale, derrière tout cet ensemble de vérités. De l’un à l'autre, il y a toute la distance qui sépare deux genres de vie absolument différents. L'un se conforme à la vérité telle qu'il la voit transmise par l'organe d'une intelligence humaine, une vérité, infinie, pour se mettre à la portée des hommes, s'est pliée au moule imparfait des mots et des phrases ; et il y a des gens qui ne voient que cela, et qui vivent de cette transmission de la vérité. Mais c'est autre chose que Dieu veut pour nous, Il veut que notre esprit, renouvelé et vivifié par le Saint-Esprit, saisisse et s'assimile, par-delà des limitations de la langue humaine, la signification infinie de la révélation. La transmission représente le coté humain; mais la révélation spirituelle dépasse infiniment cette transmission en langage humain ; ce qu'il faut pour assimiler la révélation spirituelle, c'est un entendement céleste, ce que le Nouveau Testament appelle « >la pensée de l'esprit » par opposition à « la pensée de la chair » (Romains 8 :6).

                     S'il n'y a pas d'union vivante et personnelle entre nous et le Seigneur glorifié, nous ne pouvons ni connaître sa pensée, ni le servir comme Il veut être servi.

                    Que cette union vivante avec Christ dans la gloire soit nécessaire, et possible, c'est ce que la Bible tout entière souligne maintes et maintes fois, surtout dans le Nouveau Testament; et une étude attentive des textes ne laisse subsister aucun doute sur la vraie nature de cette union.

                  Quand Christ remonta au ciel, Il y fut reçu en triomphateur ; désormais l'autorité Lui appartient en propre. C'est comme Fils de l'homme qu'Il a arraché au prince de ce monde le sceptre du pouvoir, et c'est pour l’homme qu'Il l'a fait. Ce retour triomphal dans la gloire, le psalmiste semble l'avoir contemplé de loin, quand il chante au Psaume 24 :

« Portes, élevez vos têtes! Et élevez-vous, portails éternels, et le roi de gloire entrera.
Qui est-il ce roi de gloire? L'Éternel des armées, lui, est le roi de gloire
. »

                    S'il est vrai qu’à ce moment-là Christ a paru devant le trône-même de Dieu avec notre propre humanité, rachetée, purifiée, sanctifiée et s'il est vrai que son Corps — l'Église — manifeste l'union organique qui nous unit à Lui, il s'ensuit qu'en esprit nous avons maintenant notre place à ses cotés dans la gloire, pour partager avec Lui sa souveraineté, pour dominer avec Lui, même sur les puissances des ténèbres.

                    En d'autres termes, nous pouvons dire plus sobrement que sa souveraineté s'exerce par l'organe de son Corps et des membres de son Corps.
                    Dans cet ordre d'idées, il y a d'autres portes qui sont mentionnées à coté des portes éternelles. Il y a « les portes du séjour des morts ». Aux temps bibliques les portes étaient le lieu où se rendait la justice et où se prenaient les décisions officielles. Les portes du séjour des morts représentent donc les conseils de l'enfer, ses complots ténébreux, ses jugements, qui sont tous — d'après le contexte — dirigés contre l’Église. La promesse de Jésus (Matthieu 16 :18), s'explique comme suit : à cause du lien céleste qui nous unit à celui qui a franchi triomphalement les portes éternelles, ces autres « portes » ne prévaudront pas. Car Sa souveraineté a son siège dans l’Église ; l’Église est le lieu de sa souveraineté.
                     Quand Il parle de cette Église qu'Il veut bâtir et de sa supériorité sur les puissances des ténèbres, Il ne fait pas allusion simplement à un petit groupe de croyants juifs, pas plus qu'au noyau initial de je ne sais quelle puissante organisation terrestre, il adresse cette parole à ceux qui vont être le commencement de son Église. C'est à son Église à Lui qu'Il promet l’ascendant spirituel. C'est aux représentants de son Église qu'Il déclarera également : « Voici je vous ai donné le pouvoir de marcher... sur toute la puissance de l’ennemi. », Luc 10 :19.

                     Tout cela doit être compris et interprété à la lumière de la croix, qui est à l'arrière-plan de toutes les paroles de Jésus et de toutes ses actions. Le Saint-Esprit ne peut venir sur nous et en nous que dans la mesure où nous avons été incorporés à Christ, non seulement dans Sa mort, mais dans sa mise au tombeau, dans sa résurrection et dans son ascension dans la gloire céleste. Pour recevoir une double portion de l’esprit de son maitre, il faut qu'Élisée passe le Jourdain avec lui, — « le baptême en sa mort » — et se trouve avec lui encore quand le ciel s'ouvre pour le recevoir.

                     Il en est toujours ainsi. C'est en faveur du Corps et par l’organe du Corps, que le Saint-Esprit manifeste la souveraineté de la Tête, du Chef. Et lui ne peut « s'attacher à la tête » s'il ne connait par expérience cette union céleste avec Lui.

                   L'Église n'est pas une société terrestre, une institution ou une organisation d'ici-bas, elle est un corps céleste. Les systèmes ecclésiastiques de ce monde, qu'on les appelle « l’Église » ou « les églises », n'en sont trop souvent qu'une grotesque caricature. Dieu ne sait pas ce que c'est que les sectes ou les « églises », au sens où l’on entend ce mot en général. Dans la pensée et les préoccupations de Dieu, il n'y a jamais eu qu'une Église. C'est cette « assemblée des premiers-nés » dont parle l’épître aux Hébreux et dont nous venons de décrire quelques-uns des traits essentiels. Toute la confusion dont nous sommes les témoins dans ce domaine, est due à cet eternel vouloir de l’homme de constituer sur la terre, et de river à la terre quelque chose qui soit de Dieu. Dieu ne se mêle pas de cette affaire-là, Il laisse tranquillement les entreprises humaines s'épuiser dans leurs efforts, ou se perpétuer dans leurs illusions. Pendant ce temps, tranquillement, sans que « ni marteau, ni hache » ne soient entendus, Il superpose les pierres et édifie en un temple spirituel, en un édifice céleste, ceux qu'Il a élus dès la fondation du monde. Ceux-là seulement qui auront l’avantage d'une vision céleste, pourront voir la chose se détourner de ce qui a cessé de répondre à leurs besoins, et trouver leur joie et leur bénédiction à faire eux-mêmes, comme Jésus, ce qu'ils voient faire au Père.

                    Quelques mots maintenant sur la seconde moitié de cette grande vérité : la translation.

                    Nous avons dit au début que la translation est un mouvement ascensionnel progressif qui atteint son point culminant et son triomphe dans un acte précis. Cet acte, naturellement, c'est l’apparition de notre Seigneur Jésus-Christ. Le cycle complet de l’expérience chrétienne, tel que Dieu cherche à le réaliser en nous, comporte une transition — ou une translation — progressive, du terrestre au céleste. Le principe de la translation, c'est la foi. Et la foi exige, de par sa nature-même une base spirituelle, quelque chose qui soit absolument en dehors du domaine des sens ; elle ne peut pas reposer sur un fondement terrestre ; un fondement céleste lui est absolument indispensable. Or, précisément, les voies de Dieu avec ses enfants ont toujours eu pour but de leur faire perdre leurs points d'appuis terrestres, pour les rendre absolument dépendants de Lui-même, et de Lui seul.

                    La foi nous conduit toujours dans des situations précaires et embarrassées. Elle réclame toujours de nous l’abandon de ce qui est visible et temporel. Dans un certain sens, on peut dire que la foi est une perpétuelle menace ; elle nous expose toujours à être décontenancés. On peut même dire que c'est une menace qui est mise à exécution. Car la foi confond toujours notre jugement naturel, notre sagesse, notre savoir-faire, nos prévisions, nos certitudes, notre sécurité. La foi ne manque jamais de nous couper tous les ponts qui peuvent nous relier encore a quelque chose de solide ; et, au point de vue des ressources humaines, elle tarit, l’une après l’autre, toutes les fontaines ou nous avions l’habitude de venir puiser.

                    II faut qu'il en soit ainsi, car c'est le seul moyen qui permette à Dieu de nous révéler les ressources célestes dans leur merveilleuse plénitude. Dieu fait en sorte de rendre une révélation indispensable, et Il prend ses mesures pour que les grandes réalités célestes deviennent peu à peu, absolument essentielles à notre existence.

                    Un beau jour, nous le rencontrons sur notre chemin, et nous expérimentons comme une mise en demeure, discrète mais certaine, qui va décider de la suite de notre vie : encore une fois, il va falloir choisir ; c'est un pas dans l’obéissance de la foi qu'Il nous demande, et, quand nous l’avons fait, ce pas, nous découvrons, non seulement que nous avons avancé, mais que nous sommes montés, et que nous occupons maintenant un point de vue spirituel beaucoup plus avantageux, d'où nous voyons des choses qui nous étaient tout à fait inconnues auparavant.

                     Ainsi, par une succession d'actes de foi qui déterminent chaque fois pour nous un mouvement ascensionnel, Dieu forge en nous cette foi des élus qui nous prépare à l’enlèvement, dernière étape de la translation.

                    C'est une foi corporative, une foi devenue générale dans le Corps de Christ, qui provoquera, pour finir, la venue du Seigneur ; ainsi se trouvera confirmée, du même coup, la nature céleste de ce Corps dont nous sommes membres.

                    Il ne faut pas considérer la seconde venue de Christ simplement comme un événement futur qui a sa place marquée d'avance dans l’horaire des prophéties. La seconde venue, c'est, dans le Corps de Christ, la foi parvenue au point terminus de son développement. Cette foi a creusé un abime entre le Corps de Christ, d'une part, et d'autre part, le monde, les choses d'ici-bas, — même lorsqu'elles affectent un extérieur religieux. 

L'enlèvement est le point culminant, l’aboutissement normal.

                   Le dessein éternel de Dieu est gouverné par des principes spirituels, éternels, invisibles ; ces principes, il faut les comprendre. Or, c'est précisément l’obéissance de la foi qui nous en donne la clé, et plus l’obéissance de la foi se développe, plus se développent aussi notre intelligence spirituelle et notre capacité de collaborer avec Dieu pour la réalisation de son grand dessein. Dans le chapitre 11 de la lettre aux Hébreux — cette admirable description de la foi, de sa nature et du chemin qu'elle nous trace — on peut partout voir ce principe entre les lignes. Or, « il y a une seule foi », — celle-là, précisément. Paul l’appelle « la foi du Fils de Dieu » (Galates 2 :20).

                        Cette foi-là, elle est une puissance intérieure, une vraie force de combat, spirituellement parlant. Dans les grandes batailles qui se sont livrées au nom de Dieu, c'est elle qui a toujours été l’élément de premier plan. Aussi bien, dans le conflit suprême qui nous mettra aux prises avec la hiérarchie satanique, ce sera, là encore, cette foi du Christ triomphant qui fera pencher, en notre faveur, la balance de la victoire (Apocalypse 12 :11). Ainsi sera dûment établie, par l’organe de l’Église, cette souveraineté du ciel sur « les portes du séjour des morts [le Hadès] », — les complots de l’enfer ; la terre tout entière sentira le contrecoup de ce triomphe de la foi.

                  Malheureusement, la foi nécessaire à ce mouvement ascensionnel, à cette « translation », est rare ; il y en a peu qui soient prêts à en payer le prix. Le Seigneur était bien fondé à demander s'Il la trouverait sur la terre à sa venue.
                     Insistons-y. Il doit y avoir un transfert progressif et général, de la terre au ciel, de tous nos intérêts. Nous sommes appelés à avoir de plus en plus, vis-à-vis de toutes choses, ce sentiment d'être des étrangers là où nous sommes, des pèlerins, des voyageurs, sans feu ni lieu. Du même coup, si nous répondons à cet appel, nous sentirons l’attraction croissante de ce qui est spirituel et céleste, et nous réaliserons qu'après tout, c'est bien là le cours normal d'une vraie vie en Dieu. Quand nous passerons définitivement de l’autre coté, ou quand aura lieu l’acte culminant et final de notre translation, nous constaterons que la nouvelle situation qui nous est faite ne représente rien de bien nouveau pour notre homme intérieur ; au contraire, il se sentira tout à fait à sa place. L'enlèvement n'est que la dernière étape du voyage spirituel, la gloire qui nous inonde soudain. Un simple pas. Comme Énoch « nous ne serons plus, parce que Dieu nous aura pris ».

                    Il ne reste plus qu'une chose à signaler. C'est que ce chemin-là est le chemin de la gloire. Il l’est dans deux sens différents : déjà glorieux en lui-même, et conduisant, en outre, à une gloire encore supérieure.

                   Ce n'est jamais que d'une gloire céleste qu'il peut s'agir. Elle sera manifestée, pour finir, dans une humanité devenue parfaite. Pour le moment, elle n'est là qu'en secret, dans l’être intime du croyant dans son esprit. Chaque fois que l’obéissance de la foi nous fait monter d'un degré, il se passe en nous quelque chose qui ne peut pas être décrit, qui est comme un avant-goût de la gloire céleste.

                  Incorruption, incorruptibilité, compréhension parfaite, capacités parfaites, grâce, harmonie et beauté parfaites — il y a de tout cela dans la gloire divine. Mais ce serait donner d'elle une bien pauvre idée que de la limiter à ces éléments-là. Imperceptiblement, ou presque imperceptiblement, le mouvement ascensionnel de la foi et l’action de la grâce nous conduisent là.
La semence incorruptible, qui est la promesse d'un corps incorruptible, se trouve déjà en nous par la foi.

                   Quant à la compréhension, les yeux de notre entendement s'ouvrent toujours plus grand, et les choses célestes deviennent pour nous plus réelles et plus familières que les choses visibles.

                    Dans les crises les plus douloureuses, il y a une paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, et qui n'a d'autre cause que l’harmonie de notre volonté avec la volonté de Dieu. Dans la Bible, ce mot paix pourrait, dans presque tous les cas, être avantageusement remplacé par le mot harmonie.

                De même, la capacité spirituelle, cet autre élément de la gloire céleste, c'est ce qui, en nous, passe outre aux limitations du temps et de l’espace, et tient en respect toutes les forces de l’univers.

                    Quant à tout ce qu'il y a de beauté dans la compassion, dans la délicatesse, dans l’humilité, dans l’amour divins, il est superflu de démontrer que la gloire de Dieu, c'est cela.

                    Toutes ces choses cependant n'épuisent pas les éléments qui constituent sa gloire. La perfection dans le caractère, dans les capacités, dans le service, engendre une autre perfection : la perfection dans la satisfaction. Ce ne sont pourtant là que les fondements de sa gloire... Que sera le reste !

                    Ici, nous ne pouvons que nous taire. Car cette gloire ne peut être connue qu'en esprit. Les mots ne sauraient la décrire. Souvenons-nous seulement qu'il est écrit de nous que nous sommes « appelés à sa gloire éternelle », que nous obtenons le salut « avec la gloire éternelle », et que nos légères afflictions produisent pour nous « un poids éternel de gloire ».

                 Ainsi, comme nous avons été « crucifiés avec Lui », « ensevelis avec Lui », « rendus à la vie avec Lui », nous sommes de même, enlevés et glorifiés avec Lui.

                   Par toutes sortes d'initiatives dont nous sommes les objets de sa part, Il cherche à rendre expérimentale, pour nous, cette union avec Lui dans son ascension.

                     Que Dieu nous donne de répondre Amen ! Á ces mouvements de sa grâce, quoi qu'il en coûte, même s'ils représentent, pour notre vie terrestre, un déracinement.

                    Ce n'est pas seulement pour Nathanaël et ses condisciples (Jean 1 :51), c'est aussi pour nous que Dieu veut un ciel ouvert, qui laisse constamment apparaître à nos yeux le Fils de l’Homme dans la gloire. Car c'est pour nous qu'il est là-haut. Tandis que nous sommes encore sur la terre, Il est dans les cieux notre représentant, les prémices de cette humanité qui est encore la nôtre, mais qui est à la veille d'être glorifiée avec Lui.

                    Ainsi tout, dans notre ministère terrestre, doit venir du ciel, comme aussi tout doit y retourner.

               Si nous réfléchissons devant Dieu à toutes ces choses, nous trouverons une actualité toute nouvelle, un sens tout nouveau dans ces exhortations de la Parole de Dieu, qui nous sont si familières :

« Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez, les choses qui sont en haut, où le Christ est... », Colossiens 3 :1

« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre... mais amassez-vous des trésors dans le ciel. », Matthieu 6 :19-20


«Pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre. », Colossiens 3 :2


                    Si nous voulons paraître avec Christ dans la gloire, il faut que, déjà maintenant, notre vie soit cachée avec Christ en Dieu, et que nous-mêmes nous soyons morts aux choses de la terre (Colossiens 3 :2-3).

fin

T.A.S.

lundi 31 octobre 2016

En CHRIST par T. Austin-Sparks chapitre 3

Une Résurrection Semblable à la Sienne (Romains 6 :5)

« Car nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l'amour de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle.» (2 Corinthiens 4 :11)
                   Il est possible qu’au cours des pages qui suivent, la résurrection soit mentionnée dans son sens général, car elle touche parfois à notre sujet ; mais la pensée qui va gouverner notre étude, c'est la signification spirituelle que revêt la résurrection dans la vie présente de l'enfant de Dieu. Nous devons bien comprendre que ce n'est pas de la résurrection future de nos corps dont nous avons l'intention de parler.
                   Le sujet est si vaste qu'il se prête à des développements presque infinis. Mais nous allons limiter notre attention strictement à l'essentiel, considérant uniquement le côté pratique de cette grande vérité. Si, pour illustrer notre pensée, nous faisons intervenir des exemples bibliques d'une portée plus étendue, c'est simplement pour rendre les choses plus claires et souligner par une illustration ce qui nous parait plus important. Ce dont le peuple de Dieu a besoin, nous le sentons bien, ce n'est pas d'un traité complet épuisant le sujet, mais d'une base précise, fournissant des éléments aussi concrets que possible à l'étude personnelle et à la prière. Le temps est court, les devoirs sont nombreux et pressants, les problèmes aigus, et dans le domaine de la vie chrétienne et du service de Dieu, le « don de secourir » n'est pas une chose courante. Il est donc essentiel que nous nous limitions à souligner quelques principes fondamentaux. Ils ne constitueront peut-être pour nous que des poteaux indicateurs, mais le chemin qu'ils montrent est celui d’une vie fructueuse et de la victoire spirituelle.
                   D'emblée, une chose retient notre attention, c'est la place considérable que la Parole de Dieu donne à ce sujet de la résurrection. Du commencement à la fin de la révélation divine, nous rencontrons le principe de la résurrection, soit latent, soit clairement exposé, dépendamment de notre degré de discernement.
                    Il ne fait aucun doute que la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts, a un caractère représentatif et universel, parallèlement au fait historique et objectif. C'est si vrai que depuis la « chute » ce qui est vraiment de Dieu a toujours puisé dans la résurrection de Christ un renouveau de vie, et acquis par elle une valeur inconnue jusque-là.
                     Notons la divine attestation de sa qualité de Fils (Romains 1 :4) au moment de la résurrection. Ni sa naissance à Bethléem, ni sa mort à la croix ne sont l’occasion d'une pareille déclaration du ciel. La chose n'en était pas moins vraie, nous le savons, mais c'est pour le jour de la résurrection que la déclaration formelle a été réservée. « …déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l'Esprit de sainteté, par la résurrection des morts»
                     Le Psaume 2 déjà nous fait prévoir ce qui va se passer, le complot des puissances du mal contre l'Oint du Seigneur, puis l'exécution de ce complot : Il est mis à mort. Dans l'avenir lointain c'est l'héritage des nations qui est en jeu. Mais dans l'avenir immédiat, dans la résurrection, ce qui est en jeu, c'est un décret (Psaume 2 :7) : « Tu es mon Fils; aujourd'hui, je t'ai engendré. » Le « premier-né d'entre les morts », représentant de tous les autres, apparait ici avec une filiation, une qualité de Fils d'une nature toute spéciale et nouvelle.
                       Plus tard, quand les premiers croyants se trouveront à leur tour en face d'un semblable complot des puissances du mal, c'est sur la base de ce même passage du Psaume 2 qu'ils adresseront à Dieu leur prière (Actes 4 :23-31) et recevront immédiatement le gage de son approbation. Le lieu où ils étaient assemblés trembla, ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et il y eut d’autres résultats triomphants.
                    Un témoignage du même genre, et tout aussi efficace, est rendu à Antioche de Pisidie (Actes 13 :33). Dans une prédication qui était également basée sur ce verset du Psaume 2, et qui cherchait manifestement à souligner cette divine prédiction de la résurrection.
                    Plus tard encore, c'est sur la base de ce même passage qu'est affirmée, dans Hébreux 2 :5-15, la supériorité de Christ, comme Fils, sur les anges et toutes les autres formes d'autorité. Nous verrons plus tard qu'il s'agit là de la domination universelle de ceux qui seront en Christ, ainsi que du détrônement final du « seigneur de la mort.» (Hébreux 2 :5-15).
                   Nous avons dit ces choses simplement pour mettre en lumière l'importance que Dieu Lui-même attache à cette vérité, et à quel point Dieu est jaloux qu’un témoignage soit rendu à la résurrection de Christ. Nous sommes maintenant à même de fixer notre attention sur un des principes fondamentaux de l'expérience chrétienne, tel qu'il ressort de la révélation divine.
                    Nous devons remarquer que ce qui a son origine en Dieu, ce qui vient de Dieu, ce qui doit son existence à un acte surnaturel de Dieu, est appelé à passer par la mort, afin de recevoir, par sa résurrection, le sceau suprême de l'acceptation et de la bénédiction divines ?
                    L’Ancien Testament contient beaucoup de figures de cette vérité. Pensez, par exemple, à Isaac. Isaac vient au monde par un miracle. Aucune explication naturelle ne peut rendre compte de sa naissance (voir Romains 4 :19). Pourtant, il doit mourir. Il était comme mort au moment où le couteau fut levé. Mais c’est de la résurrection dont nous devons nous souvenir dans cette histoire. Mais ce que Dieu a voulu mettre en lumière dans cette histoire et plus particulièrement la foi d'Abraham, qui est la source de sa justification.
                    Il y a là, évidemment, une figure de Christ. Comme nous l'avons fait remarquer précédemment, bien que Christ soit un miracle par sa naissance, bien qu'Il soit vraiment le Fils de Dieu venu en chair, il faut la mort pour ouvrir le chemin, par la résurrection, à un témoignage vraiment superlatif de la part de Dieu.
                    Sans chercher d'autres illustrations scripturaires de ce principe — c'est une étude que vous pouvez poursuivre vous-mêmes, — prenons note de l'application qu'il peut avoir dans notre vie personnelle. Nous sommes nés de Dieu. Dans le Fils, nous aussi sommes fils de plein droit, en raison de notre naissance d'En-Haut. Et pourtant, comme c'est vrai : tout le cours de notre expérience spirituelle n'est, au fond, qu'une succession de baptêmes toujours plus profonds dans la mort, — Sa mort — de façon à ce que la puissance de sa résurrection nous devienne toujours plus familière, et soit manifestée en nous toujours davantage. Il semble y avoir comme des marées, une alternance de mort et de vie ; alors que, du côté de la mort, chaque cycle d'expériences semble devoir consommer notre perte plus sûrement que jamais et nous laisser au plus bas de tout, la contrepartie ne tarde pas à se manifester également ; et c'est une plénitude de vie, une marée spirituelle, qui apporte avec elle toutes sortes de ressources insoupçonnées, des connaissances et de capacités spirituelles. Ainsi, alors que la mort détruit « le vieil homme », nous vivons de plus en plus par cette vie, « le nouvel homme » qui n'est pas humaine mais divine. C’est un processus que Dieu choisit pour nous.
                     Ceci s’applique également dans le service de Dieu. Dieu suscite, de temps à autre, une œuvre particulière, qu'Il destine à l'accomplissement d'un certain ministère en rapport avec son plan éternel. N'avez-vous pas remarqué, dans l'histoire du peuple de Dieu, que la plupart de ces œuvres, sinon la totalité, après avoir eu toutes les preuves possibles d'une initiative de Dieu et de son approbation, ont dû traverser plus tard une période de mort, qui ressemble à une désintégration jusqu’à ce qu’il ne semble rien resté ? Ce fut parfois les persécutions, les massacres, ces conseils du mal dont nous avons parlé tout à l'heure. Ou bien, ce fut une série déconcertante de ce que nous appelons humainement des catastrophes, des tragédies, des infortunes diverses. Parfois, les causes sont indiscernables. C'est un mal qui s'insinue et travaille du dedans, sapant les organes les plus vitaux. Parfois encore, c'est un amoncèlement inexplicable de difficultés qui provoque un arrêt complet ; tout se trouve immobilisé, paralysé, et il est difficile de savoir s'il faut en chercher la cause au dedans ou au dehors. Tout ce que nous savons, c'est que la mort règne — en apparence tout au moins. Étudiez l'histoire de telle grande entreprise missionnaire ou de tel mouvement que Dieu a suscité plus près de nous, et vous verrez à quel point ce principe est exact et trouve sa vérification dans nombre d'exemples concrets.
                    Ce qui est vrai pour les œuvres de grande envergure est vrai aussi sur le plan plus modeste d'un groupement local, d'une école du dimanche, ou de n’importe quelle forme d'activité chrétienne. On ne saurait conclure, d'une telle expérience, que la bénédiction de Dieu est absente, — pourvu, naturellement, que l'initiative vienne de Lui, que ce soit Lui qui nous ait appelé, et que l'action se soit toujours maintenue conforme à la pensée et au plan divin. A cette réserve près, il peut, au contraire, y avoir, dans cette expérience-là, une preuve que Dieu cherche à conduire cette œuvre dans des eaux toujours plus profondes, simplement pour pouvoir l'amener là où son sceau, par la résurrection, acquiert le plus de prix.
                    Ce même principe s’applique, en ce qui concerne l’appropriation de vérités. Il arrive que Dieu nous révèle une vérité très importante, qu'Il destine à faire fructifier dans nos vies et dans notre service. Elle se présente à nous avec toute la puissance d'une révélation et pendant un temps, nous sommes rayonnants de joie à cause de toute la lumière qu'elle apporte. Puis, il se passe quelque chose, peu importe ce que c’est ; le fait est que nous sommes emmenés dans la mort à cause d’une vérité. Pour un temps elle semble avoir perdu sa vertu. Le temps passe, et finalement nous devons abandonner tout espoir de retrouver ce qui nous était si précieux. Nous nous demandons si nous n’allons jamais pouvoir sincèrement croire de nouveau à cette vérité et l’annoncer. Puis, par un toucher de vie divine qui nous laisse comme ceux qui font un rêve (Psaume 126), et en dépit de toutes nos craintes passées, cette vérité-même revient au premier plan de notre vie et de notre enseignement, et cela, avec une solennité et une réalité que nous n'avions pas connues auparavant. Bien plus, le ministère de cette vérité, chose que nous n'avions jamais vue à ce degré-là, devient, pour les autres, une véritable dynamique. Et ainsi, dans toute cette affaire, il se trouve que Dieu retire plus de profit du fait de la résurrection qu'Il n'a pu en retirer du fait de la naissance. Il y a là une grande part de mystère, mais ce n'en est pas moins un fait, et l’expérience est là pour l'établir.
                    Ce principe trouve encore son application dans d'autres domaines. Comme par exemple celui de nos relations. Combien souvent n'avons-nous pas fait cette expérience déconcertante. Des liens, très profonds peut-être, nous unissent à quelque frère dans la foi. Puis, pour une raison quelconque, souvent sans aucune raison apparente, survient une période de tension, extrêmement douloureuse. Les bases de notre communion fraternelle se mettent à chanceler et l’unité d'esprit qui faisait notre joie n'est bientôt plus qu'un souvenir. C'est peut-être une crise spirituelle qui a exercé ses effets sur un seul des deux intéressés ; un appel à entrer dans l’œuvre de Dieu ; un besoin unilatéral de marcher plus étroitement avec le Seigneur ; quelque épreuve de foi, ou une question de principe brusquement surgie et mettant en cause les fondements-mêmes de nos relations avec Dieu. Quelle qu'en soit la cause, visible ou invisible, le fait est là, et ce n'est pas une expérience qui soit tellement rare. Il en résulte une perte de la communion que nous avions. Il semble parfois que tout est perdu et qu’une telle communion ne puisse être rétablie.
                      Période critique entre toutes, qui voit se poser bien des questions, à cause de la contradiction apparente entre deux notions du devoir. L'idée que nous nous faisons des exigences de Dieu est incompréhensible aux autres, qui estiment que leur point de vue représente le chemin du devoir sous sa forme la plus évidente et la plus élémentaire. C’est une épreuve difficile et amère pour l’âme. Mais si nous demeurons fidèles au Seigneur malgré l’abattement et la faiblesse, un rétablissement s’opère. La communion est rétablie mais de nature différente : « et quant à ce que tu sèmes, tu ne sèmes pas le corps qui sera », 1 Corinthiens 15 :37 ; c’est identique tout en étant différent. Tout se passe maintenant sur un plan entièrement différent et plus élevé. Tout est plus pur, plus saint, plus fort, plus profond, et promet d'être beaucoup plus fécond spirituellement. Succinctement, une bonne part de ce qui était humain a disparu pendant cette période de mort, et par la résurrection, quelque chose de divin a vu le jour. Les éléments qui étaient simplement temporels et naturels ont été supplantés par les éléments éternels et spirituels.
                    Ayant exposé et illustré le fait, et ayant établi une loi immuable, nous devons dire quelques mots sur la nature de la résurrection.
                    Qu'est-ce que la résurrection ? C'est le pouvoir d’avoir l’ascendant sur la mort. Quelle est la caractéristique première de la résurrection ? C'est une vie qui ne sait pas ce qu'est la mort, qui ne peut pas la connaître ; une vie indestructible. Ainsi en est-il de la nature de la résurrection qui nous occupe ici. Il y a une résurrection qui n'est que la réanimation du corps pour un certain temps, ou pour un jugement. Cette résurrection-là ne rentre pas dans notre présent sujet. La résurrection dont nous parlons, c'est la résurrection de Christ, et notre incorporation à cette résurrection.
                    Par notre nouvelle naissance, notre naissance d'en-haut, nous devenons participants à la vie de Dieu (2 Pierre 1 :4). Ce que les Écritures appellent la « vie éternelle » appartient exclusivement à ceux qui sont nés de nouveau. Aucun homme ne la possède par nature.
                    Or, tout le cours de notre expérience spirituelle, si elle est authentique, a pour but l’accroissement de cette vie, son développement. Et ce développement s'opère essentiellement comme nous l’avons vu, par une succession des agissements de Dieu en nous, par lesquels nous passons comme par des cycles de mort et de résurrection.
                    Quel est l’objectif suprême de Dieu pour ses enfants ? Son objectif sans l’ombre d'un doute est de les amener à ne vivre que de Sa vie à Lui. Quand les saints seront enlevés pour qu'ils ne voient pas la mort (Hébreux 11 :5) et quand éclatera ce glorieux cri de victoire sur la mort et le sépulcre dont parle l’apôtre (1 Corinthiens 15 :54-55), ce ne sera pas simplement le résultat d'un acte externe de la puissance de Dieu, comme si elle n'opérait que du dehors, mais ce sera le triomphe de la vie de résurrection au dedans du corps de Christ.
 
                    Au moment de la nouvelle naissance, c'est la vie de résurrection de Christ qui a été reçue en réponse à la foi. Depuis lors, cette vie de résurrection n'a cesse de prendre dans notre vie, un ascendant toujours plus grand, et l’enlèvement n'est autre que l’expression finale, la consommation de ce processus de croissance.
                    C’est une vérité extrêmement importante à saisir car elle explique tout. Pourquoi faut-il que dans le domaine de notre vie naturelle, nous connaissions la faiblesse, l’impuissance, ce sentiment de ne plus rien valoir, cette impression de néant quant à nous-mêmes ? Il n'y a aucun doute que ce ne soit précisément pour que sa puissance s'accomplisse — ou plus littéralement : devienne parfaite — dans la faiblesse (2 Corinthiens 12 :9). Et qu'est-ce donc que sa puissance ? « L’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ en le ressuscitant d’entre les morts .» (Éphésiens 1 :19-20). C'est une puissance de résurrection ; c'est une vie de résurrection. Plus le croyant devient spirituel, plus il réalise que tout dépend de la vie de Dieu. Il en est ainsi pour la vie physique aussi bien que dans n'importe quel autre domaine.
                    Le principe fondamental de la «guérison par la foi» qui est vraiment de Dieu, a sa raison d'être dans le but spirituel que Dieu cherche à atteindre (Romains 8 :11). C’est une vivification de notre corps mortel par la vie de résurrection. Il ne s'ensuit pas nécessairement et dans tous les cas une guérison physique complète. Ce qui en résulte, c'est un renouveau de vie tel que la faiblesse cesse de faire obstacle à l’accomplissement de notre tâche. Autrement dit, cela signifie que la pleine exécution de la volonté de Dieu, dans notre vie ou dans notre ministère, n'est plus mise en échec du fait de la maladie ou de l’infirmité. C’est une ascendance de la vie divine dans notre esprit, et nous sommes rendus capables de faire infiniment plus qu'il ne nous eut été possible si nous avions été réduits à nos seules ressources humaines et naturelles. C’est une vie sur laquelle il est impossible à la chair de mettre la main pour l’exploiter à des fins personnelles.
                     D'autre part — pour peu que Dieu nous ait conduits dans une vie de foi — aussitôt qu'on se laisse entrainer à nouveau sur le plan inférieur des ressources naturelles, on ne trouve qu'une recrudescence de mort. Un domaine caractérisé par la vie de Dieu est toujours un lieu de renouveau pour celui qui est spirituel ; c’est là où il se ressource, se fortifie et se rafraichit.
                   Si Énoch est un symbole des croyants qui seront enlevés pour qu'ils ne voient pas la mort, alors souvenons-nous que c'est « par la foi qu'Énoch fut enlevé », (Hébreux 11 :5). De quelle foi s'agit-il ici ? II s'agit de cette foi qui nous rend pour toutes choses dépendants de la vie divine, et constitue de ce fait un témoignage permanent à la résurrection de Christ. C'est pourquoi, au fur et à mesure que la venue du Seigneur s'approche, force nous sera de vivre exclusivement de Sa vie, la vie grâce à laquelle Jésus a triomphé de la mort, (Colossiens 2 :15). C'est dans cette vie et nulle part ailleurs, qu'il faut chercher l'explication des triomphes du peuple de Dieu, à toutes les époques de son histoire. Une étude attentive de l’Ancien Testament montre bien que c'était la foi en la vie de résurrection que Dieu finissait toujours par honorer. « Afin d'obtenir une meilleure résurrection » (Hébreux 11 :35), tel était la motivation qui les rendait victorieux jusque dans la mort, et mettait par conséquent sous leurs pieds, impuissante, l’autorité même de la mort.
                       Cet ascendant spirituel, qui est si caractéristique des croyants de l’assemblée primitive, s'explique simplement par le fait qu'il y avait, dans leur esprit, une vie qui ne pouvait pas connaitre la mort, la vie de Celui « qui ne meurt plus ; la mort ne domine plus sur Lui » (Romains 6 :9), car « lequel Dieu a ressuscité, ayant délié les douleurs de la mort, puisqu'il n'était pas possible qu'il fût retenu par elle. », Actes 2 :24.
                    Or, il est important de reconnaitre que la mort n'est pas seulement une loi, ou un principe. Elle est cela, sans doute, mais les Écritures soulignent constamment le fait que, derrière la chose, il y a une personne. De même qu'en nous donnant la vie éternelle, c'est le Seigneur Lui-même qui se donne à nous, — Il a dit, en effet : « Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11 :25) et c'est « Christ en vous » Colossiens 1 :27) qui est « L’espérance de la gloire », — de même, derrière la mort, il y a « celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable » (Hébreux 2 :14) ; le « seigneur de la mort », comme traduit la version anglaise de Conybeare.
                    Jusqu'à l’ère chrétienne, la sortie d'Égypte fut, pour la piété israélite, l'illustration par excellence du déploiement de la souveraine puissance de Dieu. Or, les deux parties qui sont aux prises en Égypte, ne sont pas Jéhovah d'un côté et le Pharaon et son peuple de l'autre. Pharaon et les Égyptiens ne sont qu'impliqués dans la bataille, et s'ils sont, pour finir, anéantis, c'est simplement parce que, en face de la révélation de Dieu et des manifestations de sa puissance, ils persistèrent dans la rébellion. Mais le véritable engagement était entre Jéhovah et « tous les dieux de l’Égypte » (Exode 12 :12). Ces dieux n'étaient autres que la hiérarchie spirituelle de celui qui s'est, de tout temps, proposé comme objectif l’égalité avec Dieu, Satan, qui avait assumé le rôle de « prince de ce monde » (Jean 14 :30). Si nous cherchons à comprendre le vrai caractère de cette histoire, nous nous rendrons très clairement compte qu'il s'agit bien d'un conflit entre le Seigneur de la vie et le seigneur de la mort. Les Hébreux ne furent délivrés du royaume des ténèbres et de l’autorité de la mort que parce qu'un agneau avait eu son sang versé, d'une manière représentative, et avait, par sa mort, anéanti celui qui avait la puissance de la mort. C’est la base de l’œuvre de Christ à la croix.
                    Á la croix, Christ prit sur Lui toute la hiérarchie des puissances du mal. Il se laissa vaincre par elles et entrainer comme une victime jusque dans les abimes les plus profonds de leur sinistre domaine.
                    Puis, en raison de cette vie qui ne pouvait être retenue par les liens de la mort, Il se défit de ces principautés et de ces puissances, se fraya un chemin victorieux et fut leur conquérant. Par sa résurrection, Il est « au-dessus de toute domination et de toute autorité » (Éphésiens 1 :21) — « le Premier-né d'entre les morts » (Colossiens 1 :18), le Premier en même temps que le représentant de tous ceux qui sont appelés à s'identifier avec Lui. Nous nous rendons compte maintenant que le triomphe de son Corps, pour finir, sera la consommation de Apocalypse 12 :11, une victoire sur le système satanique et toute sa puissance, en raison de la vie du Seigneur ressuscité dont, le Corps est précisément animé.
                     S'il est vrai que ce n'est là que l’aboutissement de quelque chose de progressif, l’étape ou nous sommes maintenant est celle qui voit la puissance de Satan, en tant que « prince de ce monde », brisée par la vie de Christ, au fur et à mesure que celle-ci se développe en nous. En d'autres termes, la puissance de Satan ne peut être détruite en nous que dans la mesure où, par la mort, nous apprenons à connaitre le Seigneur dans la puissance de sa résurrection, parce que nous recevons constamment de nouveaux apports de sa vie de résurrection.
                    Soulignons, en guise de conclusion, qu'après sa résurrection, le Seigneur cessa d'être soumis aux limitations matérielles, à cause de la nature particulière de la résurrection. Le temps et l'espace sont incapables désormais de Lui imposer leur sujétion.
                     Il y a là un principe permanent, qui trouve son application en nous, maintenant. Si notre vie ancre ses racines dans la vie de résurrection, si c'est là qu'elle puise sa sève, nous sommes des enfants de l’univers et de l’éternité. La prière nous met en contact avec les extrémités de la terre. Ce que nous sommes et ce que nous faisons a un sens universel et une éternelle portée. Les limitations disparaissent.
                    Ainsi donc, bien-aimés de Dieu, notre vie naturelle n'est plus un critère. Que nous soyons forts, que nous soyons faibles, il n'importe. Qu'il s'agisse de force intellectuelle, ou morale, ou sociale, ou physique, habituelle ou occasionnelle, nos ressources naturelles n'ont aucun rapport avec la fécondité de notre vie spirituelle. Notre faiblesse ne créé pas pour nous un état d'infériorité dans les choses de Dieu. C'est de sa vie que nous sommes appelés à vivre. C'est sur la base de ses ressources à Lui que nous sommes appelés à servir. C'est le seul chemin, mais c'est un chemin sûr, pour arriver à la puissance féconde.
                    Tachons donc de ne pas perdre de vue ce principe essentiel : par toutes ces épreuves qui nous paraissent à première vue, destructrices de notre personnalité, le plan de Dieu est simplement de nous élever à un niveau spirituel, où les lois qui opèrent surpassent infiniment toutes les lois naturelles.
              Enfin, un dernier point : nous devons veiller à utiliser sans ménagement tous les moyens propres à développer et à fortifier cette vie-là. Dans ce domaine, un discernement clair du « Corps de Christ » a une valeur inappréciable. Nous avons affaire là avec une vie qui est celle de tout le Corps, c'est-à-dire à un organisme corporatif qui forme un tout. Un membre individuel ne peut posséder cette vie qu'en rapport avec l'ensemble. Nous avons traité ce sujet ailleurs, mais c'est sur cette pensée que nous devons clore, parce que c'est de notre incorporation à Christ dont nous nous occupons ici : Christ, dans sa plénitude, en tant que Tête, mais pas uniquement en tant que Tête mais « d’un seul Corps ». Ce qui est vrai de la Tête doit être vrai des membres. Ce qui est vrai du Cep doit être vrai des sarments. Ce qui est vrai du dernier Adam doit être vrai de tous les membres de sa descendance.
                    « – identifiés avec Lui dans la ressemblance de sa résurrection », dit l’apôtre (Romains 6 :5) ; et il prie pour qu'en ce qui le concerne la chose devienne toujours plus vraie : « ...pour le connaitre Lui et la puissance de sa résurrection... » (Philippiens 3 :10).
                     C'est là véritablement la prière de l’Esprit Saint dans un serviteur de Christ qui recherche l’accomplissement en lui de cette grande vérité de Jean 5 :21, 25-26: — « L'heure vient, et elle est maintenant ».
à suivre...

T.A.S.