Ascension
et Gloire
On
met beaucoup l'accent, à juste titre, sur la mort de Jésus et sur
sa résurrection. On parle peu de son ascension. Elle représente
pourtant, elle aussi, une vérité spirituelle, et on a grand tort
d'en méconnaître l'importance. Tout autant que la mort et la
résurrection, elle est à la base de notre vie en Christ, et
essentielle à l'accomplissement du dessein éternel de Dieu. Dans la
révélation scripturaire de la vie spirituelle en Christ, qui vint
progressivement par l’onction de l’Esprit-Saint, nous voyons les
choses clairement exposées. Il y a deux vérités auxquelles il est
fait fréquemment allusion. La première, est que Dieu nous a fait
asseoir dans les lieux célestes en Christ, la seconde, est que nous
sommes sur la terre des étrangers, des pèlerins. Ces deux
affirmations sont utiles pour une bonne interprétation de la Parole
de Dieu. Notre vocation en Christ a son origine dans les cieux, son
développement est dans les cieux, son aboutissement est dans les
cieux, le modèle auquel nous devons être conformes est dans les
cieux. La raison d'être de notre appel, toute notre vie et tout
notre service, toutes les ressources dont nous pouvons avoir besoin,
tout est vrai dans les cieux.
À
cet égard, deux mots représentent les deux moitiés d'une seule et
même vérité : ce sont les mots ascension et translation.
Ces deux termes sont complémentaires. L'ascension rend possible la
translation. La translation ne peut pas avoir lieu, si l'ascension
n'a pas eu sa place. L'ascension est un acte, un acte unique, un acte
précis. La translation au contraire est un mouvement progressif, et
l'enlèvement n'est autre que la dernière étape, l’étape
triomphale, de ce mouvement « translationnel ».
Quand
le Seigneur Jésus monta au ciel et fut reçu dans la gloire, son
ascension avait un caractère représentatif et relatif, exactement
au même litre que sa mort et sa résurrection. C'est comme
représentant de ces nombreux fils que Dieu voulait conduire à la
gloire (Hébreux 2 :10) qu'il transfère de la terre au ciel, par son
ascension, la source de toute vie spirituelle, la réserve de toutes
les forces vitales de notre être intérieur. En fait, tout ce qui
touche à notre salut, notre sanctification, notre service, notre
gloire chrétienne se trouve maintenant dans les cieux, et n'existe
plus nulle part sur la terre.
À
partir de la « naissance d'en-haut », tout, dans une vie
chrétienne véritable, vient d'en-haut, depuis les motivations les
plus secrètes de notre activité jusqu'à ses développements les
plus lointains ; toutes les initiatives, tous les objectifs à
atteindre, tous les détails d'exécution, tout doit venir d'en-haut.
Le
cri du cœur de tous les citoyens des cieux reste pour toujours
celui-ci : « Toutes mes sources sont en toi ! » (Psaume 87
:7). Leur vocation est une vocation céleste, leur vie tout entière,
leur vision, leur marche, leur espérance, aussi bien que leur
origine, leur demeure, leur royaume ; tout est céleste pour eux.
Quand
les enfants de Dieu en sont à cette étape de la vie spirituelle où
l’on n'a pas encore réalisé ce que c'est que l'ascension avec
Christ, ils font constamment l'expérience que rien sur cette terre —
même si c'est Dieu qui l'a donné — ne correspond à leur vision
et ne réussit vraiment à les satisfaire.
Abraham
? Un pays et une cité lui sont promis. Il obéit. Il part. Il marche
avec Dieu. Mais il est bien clair qu'au fur et à mesure que sa foi
se développe, aucune réalisation terrestre de la promesse
divine ne parvient à satisfaire son espérance, et à passer à ses
yeux pour un accomplissement. Quand il arrive dans le pays de Canaan,
il n'a pas du tout l'attitude d'un homme qui jouit d'une promesse
enfin réalisée. Il a été béni de Dieu, c'est vrai ; du point de
vue humain, sa situation s'est améliorée. Mais au fond, il est
loin, bien loin d'être satisfait. Pourquoi ?
Simplement
parce qu'avec l'élargissement et l'approfondissement de sa vie
spirituelle, sa foi réclame constamment quelque chose de plus que ce
que la terre peut donner.
Il
s'était fait une certaine idée de la promesse divine, et il se
réjouissait d'en voir la réalisation. Mais sa communion croissante
avec Dieu lui fait considérer peu à peu ses perspectives premières
comme insuffisantes, et représentant d'une façon bien imparfaite ce
dont son cœur à vraiment soif. Aussi le voyons-nous rejeter ou
refuser, les uns après les autres, les privilèges qui n'apportent
avec eux qu'une gloire terrestre. Le « pays de la promesse »,
pour finir, cesse d'être pour lui une chose de cette terre. Les
auteurs sacrés, éclairés par ce même Esprit qui avait conduit
Abraham, nous disent que c'est une patrie céleste qu'il
désirait (Hébreux 11 :4-16) et une cité dont Dieu est
l'architecte et le bâtisseur (verset 10). Si nous mettons ces
passages en parallèle avec d'autres comme Matthieu 3 :9 ; Jean 8 :56
; Galates 3 :7, 4 :26 ; Hébreux 12 :22, nous sommes bien obligés de
conclure que la vision d'Abraham s'est portée toujours davantage
vers un autre monde, à mesure que sa foi s'éclairait.
Conjointement
avec ce recul constant de son horizon, et comme pour l'obliger à
porter ses yeux plus loin, Abraham voit les choses de la terre
sombrer dans la mort, pour revivre après d'une vie nouvelle, d'une
vie de résurrection. Elles ne seront plus pour lui des choses de la
terre, désormais, elles seront du ciel, car c'est par un acte de
Dieu qu'il les a retrouvées. Il en fut ainsi non seulement de ses
biens matériels, mais de ses relations, de ses perspectives
d'avenir, de sa vision, de la promesse de Dieu, de sa foi, de son
service, de ses capacités.
C'est
ici un principe important qui nous est révélé. Il est à la base
de tout ce que Dieu fait et de tout ce que l'homme peut être appelé
à faire de vraiment fructueux et durable. Ce principe, c'est que
notre collaboration avec Dieu, notre participation aux choses de
Dieu, doit être d'initiative divine, et non pas le produit naturel
d'un simple changement de direction dans notre vie.
Les
expressions telles que « entrer dans le ministère » — « se
préparer au service de Dieu », renferment une idée tout à fait
fausse et représentent une notion extrêmement dangereuse de l'œuvre
de Dieu. À moins que de tels candidats ne sachent ce que c'est que
de voir leurs propres œuvres — même bien intentionnées —
prendre le chemin de la mort, et eux avec elles, leur intrusion dans
le royaume de Dieu aura pour effet, de trois choses l’une : ou bien
ils seront brisés ; ou bien ils se trouveront tôt ou tard dans une
impasse, dans une situation absolument sans issue ; ou bien ils iront
de l'avant avec un semblant d’être vivant et d’avoir une
apparence de succès, mais sans rien accomplir qui soit réellement
de Dieu, leur ministère restant quelque chose de terrestre, quoique
religieux, sincère, et plein de bonnes intentions.
Nous
avons, dans le cas de Moïse, une illustration frappante de ce
principe de droit divin.
Il
n'y a aucun doute que Moïse n'ait eu, en Égypte, une véritable
révélation. Dans ce ramassis de Sémites opprimés, avilis, excédés
par le régime qu'on leur inflige, une intuition céleste lui fait
reconnaître les élus de Dieu (Hébreux 11 :25). Il discerne même
quelque chose de plus : ce qu’est la croix.
L'opprobre
de Christ, qui va être entre les mains de Dieu l'instrument de leur
rédemption (verset 26). Enfin, il se rend compte qu'en ce qui le
concerne personnellement, le péché consisterait à préférer tous
les avantages terrestres dont il jouit à la cour, pour tourner le
dos à la croix et à tout ce qu'elle représente. Il pèse le pour
et le contre, et prend sa décision : Il répudie son adoption
royale, il choisit l'opprobre, il quitte le palais.
Or,
après avoir adopté une telle attitude, il semblerait qu'il pût
s'attendre à voir le sceau de Dieu sur ses efforts. Eh bien, non. Il
lui reste encore à apprendre la grande leçon de sa vie. C'est que,
pour qu'une vision céleste devienne une réalité, il faut que ce
soit Dieu qui prenne l'initiative de son accomplissement. À Lui, et
à Lui seul, le choix des méthodes et la préparation des
instruments.
Pour
donner corps à sa révélation, pour mettre ses plans à exécution,
Moïse fait une première tentative, en se plaçant sur le terrain
d'une certaine supériorité personnelle, qui lui semble mettre les
atouts de son coté. Mais le résultat montre bien que le résultat
est contraire à ce qu’il avait envisagé. Tout est compromis ; il
ne récolte que la confusion et l’ajournement de ses desseins. Il
prend peur et s'enfuit.
Il
faut qu'il sorte ainsi de la lice, qu'il se fasse à la dure
discipline de l'inaction, et qu'il en vienne, pour finir, à son
fameux « Je ne peux pas » ! Alors, — mais alors seulement, — il
retrouve, sur une injonction formelle de Dieu, sa mission de
libérateur.
Que
s’est-il passé ? Ceci simplement, il fallait que Moïse mourût à
sa propre conception des choses, disparût de son propre programme,
et rentrât en scène par une voie céleste, par une initiative
divine. Mais désormais, Moïse aura partie liée avec le trône de
Dieu. Il en a toujours été ainsi.
Un
programme divin exige, pour son accomplissement, un instrument revêtu
d'une autorité divine. Dieu a toujours estimé nécessaire
d'accréditer Lui-même ceux qu'Il chargeait d'un mandat particulier.
Tant qu'il ne s'agit que de « l'image des choses célestes »
(Hébreux 8 :5), une montagne pourra suffire pour conférer à
l'envoyé de Dieu l'ascendant spirituel dont il a besoin. Mais quand
il s'agit des choses célestes elles-mêmes, comme c'est le cas dans
la nouvelle alliance, il faut plus que cela, il faut une union
personnelle avec le Seigneur glorifié.
On
peut observer le même principe dans la vie de David, d'Ésaïe,
d'Ézéchiel, de Paul et d'autres. « L'Esprit m'enleva entre la
terre et le ciel », raconte Ézéchiel. Procédé étrange mais
qui représente une loi spirituelle que Dieu respecte toujours. Car,
quand l'Esprit nous ramène là où Il a besoin de nous, c'est
toujours avec un mandat d'origine céleste et d'autorité divine.
Il
ne s'agit pas ici des divagations d'une âme qui se laisserait enfler
par un idéalisme extatique ou par des produits de sa propre
imagination. Réelles ou imaginaires, des « visions » de ce genre
peuvent fort bien nous être présentées par le diable. Parce que
des perspectives engageantes semblent s'ouvrir devant nous, cela ne
veut pas dire nécessairement qu'elles soient de Dieu. Le Maître
s'est toujours détourné résolument des promesses de succès et des
perspectives de gloire que l'ennemi faisait miroiter devant Lui. Il
savait bien que la croix était le seul chemin capable de le conduire
à son but.
Nous
retrouvons ce même principe dans la vie de l'apôtre Paul. Il
s'appelle « un sage architecte », par quoi il veut
simplement dire qu'il lui a été donné de voir les plans du divin
Architecte, et que maintenant, il travaille d'après ces plans. Il
dut être « enlevé jusqu'au troisième ciel » pour
contempler ces choses ineffables.
Mais
on ne peut pas « >être dans l'esprit » sans savoir
quelque chose de cela. Car la vie selon l'Esprit comporte toujours un
élément de « ravissement ». Le Seigneur Jésus a fait de
fréquentes allusions à cette possibilité d'être au ciel quoique
sur la terre. N'a-t-Il pas dit : « Le Fils unique qui est dans le
sein du Père. » — « Il (le Fils) ne fait que ce qu'il
voit faire au Père » ? Par le Saint-Esprit, son esprit était
uni à Dieu, et cette union céleste se reflétait dans toute son
activité.
C'est
peut-être très bien de faire appel à la Bible comme à un manuel
d'enseignement, de vie pratique, un ensemble de vérités, une mine
inépuisable de textes où tout est divinement ordonné, mais c'est
une toute autre chose de voir les principes spirituels, les éternels
principes spirituels qui sont cachés derrière les textes, derrière
la morale, derrière tout cet ensemble de vérités. De l’un à
l'autre, il y a toute la distance qui sépare deux genres de vie
absolument différents. L'un se conforme à la vérité telle qu'il
la voit transmise par l'organe d'une intelligence humaine, une
vérité, infinie, pour se mettre à la portée des hommes, s'est
pliée au moule imparfait des mots et des phrases ; et il y a des
gens qui ne voient que cela, et qui vivent de cette transmission de
la vérité. Mais c'est autre chose que Dieu veut pour nous, Il veut
que notre esprit, renouvelé et vivifié par le Saint-Esprit,
saisisse et s'assimile, par-delà des limitations de la langue
humaine, la signification infinie de la révélation. La transmission
représente le coté humain; mais la révélation spirituelle dépasse
infiniment cette transmission en langage humain ; ce qu'il faut pour
assimiler la révélation spirituelle, c'est un entendement céleste,
ce que le Nouveau Testament appelle « >la pensée de l'esprit
» par opposition à « la pensée de la chair » (Romains 8
:6).
S'il
n'y a pas d'union vivante et personnelle entre nous et le Seigneur
glorifié, nous ne pouvons ni connaître sa pensée, ni le servir
comme Il veut être servi.
Que
cette union vivante avec Christ dans la gloire soit nécessaire, et
possible, c'est ce que la Bible tout entière souligne maintes et
maintes fois, surtout dans le Nouveau Testament; et une étude
attentive des textes ne laisse subsister aucun doute sur la vraie
nature de cette union.
Quand
Christ remonta au ciel, Il y fut reçu en triomphateur ; désormais
l'autorité Lui appartient en propre. C'est comme Fils de l'homme
qu'Il a arraché au prince de ce monde le sceptre du pouvoir, et
c'est pour l’homme qu'Il l'a fait. Ce retour triomphal dans la
gloire, le psalmiste semble l'avoir contemplé de loin, quand il
chante au Psaume 24 :
«
Portes, élevez vos têtes! Et élevez-vous, portails éternels,
et le roi de gloire entrera.
Qui est-il ce roi de gloire? L'Éternel des armées, lui, est le roi de gloire. »
Qui est-il ce roi de gloire? L'Éternel des armées, lui, est le roi de gloire. »
S'il
est vrai qu’à ce moment-là Christ a paru devant le trône-même
de Dieu avec notre propre humanité, rachetée, purifiée, sanctifiée
et s'il est vrai que son Corps — l'Église — manifeste l'union
organique qui nous unit à Lui, il s'ensuit qu'en esprit nous
avons maintenant notre place à ses cotés dans la gloire, pour
partager avec Lui sa souveraineté, pour dominer avec Lui, même sur
les puissances des ténèbres.
En
d'autres termes, nous pouvons dire plus sobrement que sa souveraineté
s'exerce par l'organe de son Corps et des membres de son Corps.
Dans
cet ordre d'idées, il y a d'autres portes qui sont mentionnées à
coté des portes éternelles. Il y a « les portes du séjour des
morts ». Aux temps bibliques les portes étaient le lieu où se
rendait la justice et où se prenaient les décisions officielles.
Les portes du séjour des morts représentent donc les conseils de
l'enfer, ses complots ténébreux, ses jugements, qui sont tous —
d'après le contexte — dirigés contre l’Église. La promesse de
Jésus (Matthieu 16 :18), s'explique comme suit : à cause du lien
céleste qui nous unit à celui qui a franchi triomphalement les
portes éternelles, ces autres « portes » ne prévaudront pas. Car
Sa souveraineté a son siège dans l’Église ; l’Église est le
lieu de sa souveraineté.
Quand
Il parle de cette Église qu'Il veut bâtir et de sa supériorité
sur les puissances des ténèbres, Il ne fait pas allusion simplement
à un petit groupe de croyants juifs, pas plus qu'au noyau initial de
je ne sais quelle puissante organisation terrestre, il adresse cette
parole à ceux qui vont être le commencement de son Église. C'est à
son Église à Lui qu'Il promet l’ascendant spirituel. C'est aux
représentants de son Église qu'Il déclarera également : « Voici
je vous ai donné le pouvoir de marcher... sur toute la puissance de
l’ennemi. », Luc 10 :19.
Tout
cela doit être compris et interprété à la lumière de la croix,
qui est à l'arrière-plan de toutes les paroles de Jésus et de
toutes ses actions. Le Saint-Esprit ne peut venir sur nous et en nous
que dans la mesure où nous avons été incorporés à Christ, non
seulement dans Sa mort, mais dans sa mise au tombeau, dans sa
résurrection et dans son ascension dans la gloire céleste. Pour
recevoir une double portion de l’esprit de son maitre, il faut
qu'Élisée passe le Jourdain avec lui, — « le baptême en sa
mort » — et se trouve avec lui encore quand le ciel s'ouvre
pour le recevoir.
Il
en est toujours ainsi. C'est en faveur du Corps et par l’organe du
Corps, que le Saint-Esprit manifeste la souveraineté de la Tête, du
Chef. Et lui ne peut « s'attacher à la tête » s'il ne
connait par expérience cette union céleste avec Lui.
L'Église
n'est pas une société terrestre, une institution ou une
organisation d'ici-bas, elle est un corps céleste. Les systèmes
ecclésiastiques de ce monde, qu'on les appelle « l’Église » ou
« les églises », n'en sont trop souvent qu'une grotesque
caricature. Dieu ne sait pas ce que c'est que les sectes ou les «
églises », au sens où l’on entend ce mot en général. Dans la
pensée et les préoccupations de Dieu, il n'y a jamais eu qu'une
Église. C'est cette « assemblée des premiers-nés » dont
parle l’épître aux Hébreux et dont nous venons de décrire
quelques-uns des traits essentiels. Toute la confusion dont nous
sommes les témoins dans ce domaine, est due à cet eternel vouloir
de l’homme de constituer sur la terre, et de river à la terre
quelque chose qui soit de Dieu. Dieu ne se mêle pas de cette
affaire-là, Il laisse tranquillement les entreprises humaines
s'épuiser dans leurs efforts, ou se perpétuer dans leurs illusions.
Pendant ce temps, tranquillement, sans que « ni marteau, ni hache »
ne soient entendus, Il superpose les pierres et édifie en un temple
spirituel, en un édifice céleste, ceux qu'Il a élus dès la
fondation du monde. Ceux-là seulement qui auront l’avantage d'une
vision céleste, pourront voir la chose se détourner de ce qui a
cessé de répondre à leurs besoins, et trouver leur joie et leur
bénédiction à faire eux-mêmes, comme Jésus, ce qu'ils voient
faire au Père.
Quelques
mots maintenant sur la seconde moitié de cette grande vérité : la
translation.
Nous
avons dit au début que la translation est un mouvement ascensionnel
progressif qui atteint son point culminant et son triomphe dans un
acte précis. Cet acte, naturellement, c'est l’apparition de notre
Seigneur Jésus-Christ. Le cycle complet de l’expérience
chrétienne, tel que Dieu cherche à le réaliser en nous, comporte
une transition — ou une translation — progressive, du terrestre
au céleste. Le principe de la translation, c'est la foi. Et la foi
exige, de par sa nature-même une base spirituelle, quelque chose qui
soit absolument en dehors du domaine des sens ; elle ne peut pas
reposer sur un fondement terrestre ; un fondement céleste lui est
absolument indispensable. Or, précisément, les voies de Dieu avec
ses enfants ont toujours eu pour but de leur faire perdre leurs
points d'appuis terrestres, pour les rendre absolument dépendants de
Lui-même, et de Lui seul.
La
foi nous conduit toujours dans des situations précaires et
embarrassées. Elle réclame toujours de nous l’abandon de ce qui
est visible et temporel. Dans un certain sens, on peut dire que la
foi est une perpétuelle menace ; elle nous expose toujours à être
décontenancés. On peut même dire que c'est une menace qui est mise
à exécution. Car la foi confond toujours notre jugement naturel,
notre sagesse, notre savoir-faire, nos prévisions, nos certitudes,
notre sécurité. La foi ne manque jamais de nous couper tous les
ponts qui peuvent nous relier encore a quelque chose de solide ; et,
au point de vue des ressources humaines, elle tarit, l’une après
l’autre, toutes les fontaines ou nous avions l’habitude de venir
puiser.
II
faut qu'il en soit ainsi, car c'est le seul moyen qui permette à
Dieu de nous révéler les ressources célestes dans leur
merveilleuse plénitude. Dieu fait en sorte de rendre une révélation
indispensable, et Il prend ses mesures pour que les grandes réalités
célestes deviennent peu à peu, absolument essentielles à notre
existence.
Un
beau jour, nous le rencontrons sur notre chemin, et nous
expérimentons comme une mise en demeure, discrète mais certaine,
qui va décider de la suite de notre vie : encore une fois, il va
falloir choisir ; c'est un pas dans l’obéissance de la foi qu'Il
nous demande, et, quand nous l’avons fait, ce pas, nous découvrons,
non seulement que nous avons avancé, mais que nous sommes montés,
et que nous occupons maintenant un point de vue spirituel beaucoup
plus avantageux, d'où nous voyons des choses qui nous étaient tout
à fait inconnues auparavant.
Ainsi,
par une succession d'actes de foi qui déterminent chaque fois pour
nous un mouvement ascensionnel, Dieu forge en nous cette foi des élus
qui nous prépare à l’enlèvement, dernière étape de la
translation.
C'est
une foi corporative, une foi devenue générale dans le Corps
de Christ, qui provoquera, pour finir, la venue du Seigneur ; ainsi
se trouvera confirmée, du même coup, la nature céleste de ce Corps
dont nous sommes membres.
Il
ne faut pas considérer la seconde venue de Christ simplement comme
un événement futur qui a sa place marquée d'avance dans l’horaire
des prophéties. La seconde venue, c'est, dans le Corps de Christ, la
foi parvenue au point terminus de son développement. Cette foi a
creusé un abime entre le Corps de Christ, d'une part, et d'autre
part, le monde, les choses d'ici-bas, — même lorsqu'elles
affectent un extérieur religieux.
L'enlèvement est le point
culminant, l’aboutissement normal.
Le
dessein éternel de Dieu est gouverné par des principes spirituels,
éternels, invisibles ; ces principes, il faut les comprendre. Or,
c'est précisément l’obéissance de la foi qui nous en donne la
clé, et plus l’obéissance de la foi se développe, plus se
développent aussi notre intelligence spirituelle et notre capacité
de collaborer avec Dieu pour la réalisation de son grand dessein.
Dans le chapitre 11 de la lettre aux Hébreux — cette admirable
description de la foi, de sa nature et du chemin qu'elle nous trace —
on peut partout voir ce principe entre les lignes. Or, « il y a
une seule foi », — celle-là, précisément. Paul l’appelle
« la foi du Fils de Dieu » (Galates 2 :20).
Cette
foi-là, elle est une puissance intérieure, une vraie force de
combat, spirituellement parlant. Dans les grandes batailles qui se
sont livrées au nom de Dieu, c'est elle qui a toujours été
l’élément de premier plan. Aussi bien, dans le conflit suprême
qui nous mettra aux prises avec la hiérarchie satanique, ce sera, là
encore, cette foi du Christ triomphant qui fera pencher, en notre
faveur, la balance de la victoire (Apocalypse 12 :11). Ainsi sera
dûment établie, par l’organe de l’Église, cette souveraineté
du ciel sur « les portes du séjour des morts [le Hadès] »,
— les complots de l’enfer ; la terre tout entière sentira le
contrecoup de ce triomphe de la foi.
Malheureusement,
la foi nécessaire à ce mouvement ascensionnel, à cette «
translation », est rare ; il y en a peu qui soient prêts à en
payer le prix. Le Seigneur était bien fondé à demander s'Il la
trouverait sur la terre à sa venue.
Insistons-y.
Il doit y avoir un transfert progressif et général, de la terre au
ciel, de tous nos intérêts. Nous sommes appelés à avoir de plus
en plus, vis-à-vis de toutes choses, ce sentiment d'être des
étrangers là où nous sommes, des pèlerins, des voyageurs, sans
feu ni lieu. Du même coup, si nous répondons à cet appel, nous
sentirons l’attraction croissante de ce qui est spirituel et
céleste, et nous réaliserons qu'après tout, c'est bien là le
cours normal d'une vraie vie en Dieu. Quand nous passerons
définitivement de l’autre coté, ou quand aura lieu l’acte
culminant et final de notre translation, nous constaterons que la
nouvelle situation qui nous est faite ne représente rien de bien
nouveau pour notre homme intérieur ; au contraire, il se sentira
tout à fait à sa place. L'enlèvement n'est que la dernière étape
du voyage spirituel, la gloire qui nous inonde soudain. Un simple
pas. Comme Énoch « nous ne serons plus, parce que Dieu nous aura
pris ».
Il
ne reste plus qu'une chose à signaler. C'est que ce chemin-là est
le chemin de la gloire. Il l’est dans deux sens différents : déjà
glorieux en lui-même, et conduisant, en outre, à une gloire encore
supérieure.
Ce
n'est jamais que d'une gloire céleste qu'il peut s'agir. Elle sera
manifestée, pour finir, dans une humanité devenue parfaite. Pour le
moment, elle n'est là qu'en secret, dans l’être intime du croyant
dans son esprit. Chaque fois que l’obéissance de la foi nous fait
monter d'un degré, il se passe en nous quelque chose qui ne peut pas
être décrit, qui est comme un avant-goût de la gloire céleste.
Incorruption,
incorruptibilité, compréhension parfaite, capacités parfaites,
grâce, harmonie et beauté parfaites — il y a de tout cela dans la
gloire divine. Mais ce serait donner d'elle une bien pauvre idée que
de la limiter à ces éléments-là. Imperceptiblement, ou presque
imperceptiblement, le mouvement ascensionnel de la foi et l’action
de la grâce nous conduisent là.
La
semence incorruptible, qui est la promesse d'un corps incorruptible,
se trouve déjà en nous par la foi.
Quant
à la compréhension, les yeux de notre entendement s'ouvrent
toujours plus grand, et les choses célestes deviennent pour nous
plus réelles et plus familières que les choses visibles.
Dans
les crises les plus douloureuses, il y a une paix de Dieu qui
surpasse toute intelligence, et qui n'a d'autre cause que l’harmonie
de notre volonté avec la volonté de Dieu. Dans la Bible, ce mot
paix pourrait, dans presque tous les cas, être avantageusement
remplacé par le mot harmonie.
De
même, la capacité spirituelle, cet autre élément de la
gloire céleste, c'est ce qui, en nous, passe outre aux limitations
du temps et de l’espace, et tient en respect toutes les forces de
l’univers.
Quant
à tout ce qu'il y a de beauté dans la compassion, dans la
délicatesse, dans l’humilité, dans l’amour divins, il est
superflu de démontrer que la gloire de Dieu, c'est cela.
Toutes
ces choses cependant n'épuisent pas les éléments qui constituent
sa gloire. La perfection dans le caractère, dans les capacités,
dans le service, engendre une autre perfection : la perfection dans
la satisfaction. Ce
ne sont pourtant là que les fondements de sa gloire... Que sera le
reste !
Ici,
nous ne pouvons que nous taire. Car cette gloire ne peut être connue
qu'en esprit. Les mots ne sauraient la décrire. Souvenons-nous
seulement qu'il est écrit de nous que nous sommes « appelés à
sa gloire éternelle », que nous obtenons le salut « avec la
gloire éternelle », et que nos légères afflictions produisent
pour nous « un poids éternel de gloire ».
Ainsi,
comme nous avons été « crucifiés avec Lui », « ensevelis avec
Lui », « rendus à la vie avec Lui », nous sommes de même,
enlevés et glorifiés avec Lui.
Par
toutes sortes d'initiatives dont nous sommes les objets de sa part,
Il cherche à rendre expérimentale, pour nous, cette union avec Lui
dans son ascension.
Que
Dieu nous donne de répondre Amen ! Á ces mouvements de sa grâce,
quoi qu'il en coûte, même s'ils représentent, pour notre vie
terrestre, un déracinement.
Ce
n'est pas seulement pour Nathanaël et ses condisciples (Jean 1 :51),
c'est aussi pour nous que Dieu veut un ciel ouvert, qui laisse
constamment apparaître à nos yeux le Fils de l’Homme dans la
gloire. Car c'est pour nous qu'il est là-haut. Tandis que nous
sommes encore sur la terre, Il est dans les cieux notre représentant,
les prémices de cette humanité qui est encore la nôtre, mais qui
est à la veille d'être glorifiée avec Lui.
Ainsi
tout, dans notre ministère terrestre, doit venir du ciel, comme
aussi tout doit y retourner.
Si
nous réfléchissons devant Dieu à toutes ces choses, nous
trouverons une actualité toute nouvelle, un sens tout nouveau dans
ces exhortations de la Parole de Dieu, qui nous sont si familières :
«
Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez, les
choses qui sont en haut, où le Christ est... », Colossiens 3 :1
«
Ne vous amassez pas des trésors sur la terre... mais amassez-vous
des trésors dans le ciel. », Matthieu 6 :19-20
«Pensez
aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre.
», Colossiens 3 :2
Si
nous voulons paraître avec Christ dans la gloire, il faut que, déjà
maintenant, notre vie soit cachée avec Christ en Dieu, et que
nous-mêmes nous soyons morts aux choses de la terre (Colossiens 3
:2-3).
fin
T.A.S.
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