Préface de la deuxième édition
Durant l'année 1939, nous avons publié deux volumes sur La dispensation du mystère. Le volume 1, le plus important des deux, a couvert un domaine plus large sous le titre Toutes choses en Christ. Ce
dernier a été réimprimé et réédité et est toujours disponible. Le
volume 2 fut plus spécifique en ce qui concerne le ministère de Paul et
l’Église. Ce second volume était épuisé depuis un certain temps, et bien
que nous ayons eu beaucoup de demande à son sujet, il y a eu une
retenue inhabituelle à le réimprimer sous sa forme originale. Mais il y a
eu un fardeau croissant de mettre par écrit l'essence de
ce ministère particulier du "Mystère" et, sous cette pression que nous
estimons de Dieu nous avons rédigé le présent volume qui, bien que
modifié à plusieurs égards par rapport au précédent volume 2, est une
focalisation de cette "Révélation" accordée à l'apôtre. Dans la présence
irrésistible d'un si grand dévoilement, ce serait une chose impossible
de donner une présentation adéquate et, bien que tellement chargés et
pressés, nous éprouvons finalement un profond sentiment d'échec. Nous ne
pouvons faire que "jeter à la surface des eaux" et croire qu'en tant
que message de Dieu en un temps opportun, il peut toucher quelques cœurs
préparés. Ce n'est pas une exposition dont on a besoin, mais d'une révolution semblable
à celle qui a eu lieu chez l'apôtre quand "il plut à Dieu de révéler en
lui son Fils." Que la prière contenue dans Ephésiens 1:17-21 soit
exaucée dans la cas de beaucoup de lecteurs.
Forest Hill, Londres
T. Austin-Sparks 1966
Chapitre 7
LE SECRET RÉVÉLÉ
LE SECRET RÉVÉLÉ
3...Il a été révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes par l'Esprit";
"...selon le propos des siècles, lequel il a établi dans le christ Jésus notre Seigneur" (Éphésiens 3:5, selon la version Darby)
Comme nous arrivons maintenant au cœur même de toute la question, il
est nécessaire de répéter, premièrement, que l’apôtre Paul ne revendique
pas l'exclusivité de la révélation du mystère longtemps caché. Tandis
qu'il revendique assurément et positivement que cela lui fut révélé
d'une manière spécifique et particulière, et que cette révélation a fait
de lui un "dispensateur" particulier, et qu'il a été choisi et traité
par le Seigneur d'une façon qui a spécialement trait à ce dessein,
cependant il inclut "Ses saints apôtres et prophètes" dans la
connaissance de ce secret longtemps caché mais maintenant dévoilé. Il
est évident que Paul avait une plus pleine "compréhension" et peut-être
une intelligence unique de ce secret, mais il n'est pas difficile de
découvrir au moins des traces partielles de cette connaissance dans
Pierre et Jean, comme cela est également vrai dans Étienne.
Nous devons souligner que l’Évangile de Paul n'est pas différent
de celui prêché par les autres, et qu'assurément Paul n'avait pas deux
Évangiles, un concernant le "salut" et l'autre concernant le "mystère.
Combien souvent nous avons des chrétiens dire qu'ils étaient seulement
intéressés par le "simple Évangile", "l'Évangile du salut", et qu'ils
n'étaient pas intéressés par une "vérité ou un enseignement plus
profond". Paul aurait été à la fois surpris et peiné d'entendre de
telles paroles, car son Évangile était un. Et il aurait dit que la
révélation la plus pleine et la plus profonde est l’Évangile. Il ne peut
y avoir qu'une perte et une faiblesse tragique et grave comme résultat
du fait de ne pas voir que "tout le conseil de Dieu" est l’Évangile. La
position qui doit être tellement déplorée dans un grand nombre de
chrétiens, est très largement due à une erreur : l'erreur de croire que
ce n'est pas sage, sinon vain, de faire part de la grandeur et et de
l'immensité de la révélation de Dieu en Christ à celui qui n'est pas
sauvé ou aux jeunes chrétiens. Qu'ils soient mis au courant de la vaste
étendue de ce à quoi ils sont appelés ! Un petit Christ et un petit
christianisme produiront de petits chrétiens ! Quelques-uns des
chrétiens les meilleurs et les plus forts que nous avons connus vinrent
au Seigneur dans des rassemblements où la grandeur de Christ était
exposé aux chrétiens, et des chrétiens placés dans des
responsabilités. "Soutenir le simple Évangile" peut être un piège pour
ceux qui ne sont pas réellement sérieux avec Dieu, et une concession
pour leur plaire !
Au moment d'écrire ceci, nous sommes en plein
chantier dans notre demeure actuelle. Les marteaux et les perceuses font
un bruit à nous rendre presque sourds. Les ouvriers déclarent : "Cette
maison est bien bâtie. Les briques ne sont pas simplement bien liées
entre elles par du ciment ordinaire à base de sable, mais il s'agit du
béton, et faire un trou est une tâche très ardue." L'édifice de Dieu
ressemble à cela, tandis que les hommes bâtissent -- non pas pour
l'éternité -- mais pour le temps présent. Mais, remarquez, ce n'est pas
simplement un enseignement profond que nous soutenons, mais un
dévoilement de Christ par le Saint-Esprit.
Cela nous amène au message et à la substance
de cette épitre en particulier. En nous tenant devant elle, nous nous
trouvons confrontés à quelques-unes des plus grandes questions et à
certains problèmes parmi les plus grands auxquels les hommes se sont
attaqués, et se trouvent encore en face, dans le domaine du
christianisme. Cette épitre leur apporte la réponse, mais combien peu
sont ceux qui voient la réponse, et encore moins nombreux sont ceux qui
-- s'ils l'ont entrevue -- sont prêts à la suivre. En un temps de guerre
quasi mondiale, il y a ces pays qui ne prennent aucune part dans le
conflit et ils ont raté les honneurs parce "qu'ils n'étaient pas libres
d'y participer". Des complications, des divisions internes et des
engagements ont lié leurs mains et les ont rendus neutres. La peur,
l'intérêt personnel et le défaut de reconnaître les grands intérêts
moraux les ont maintenus comme "isolationnistes". Affirmons
immédiatement que "l'épitre aux Éphésiens" représente la plus grande
crise religieuse de l'histoire de ce monde. Elle nous dit que : de
l'éternité passée est sortie la révélation d'un secret que Dieu avait
tenu caché pendant tous les âges précédents. La révélation a introduit
et inauguré une dispensation d'une importance et d'une signification
plus grandes que celles de n'importe quel âge auparavant. Elle nous
informe que pour la transmission de cette révélation, Dieu a choisi,
préparé et désigné un instrument d'un genre particulier : quelqu'un
formé par Dieu d'une manière particulière. Cet instrument -- Paul -- n'a
jamais été ordonné ou désigné pour cet œuvre par des hommes, quoiqu'il
fût reconnu et "envoyé" par l’Église. Il n'a jamais été enseigné ou
préparé pour cette œuvre, par l'homme. Il a tout reçu du ciel
directement et de première main. Il a été traité par le Seigneur d'une
manière qui correspondait entièrement au dessein pour lequel il a été
choisi. L'épitre qui se trouve devant nous va au cœur d'une question qui
a occupé de façon grandissante la plus sérieuse réflexion de toute la
chrétienté, et qui est peut-être davantage au premier plan aujourd'hui
qu'en tout autre temps. C'est une question d'une très réelle importance
pour tous les chrétiens mais, malheureusement, elle a été amenée à un
niveau au-dessus de la personne ordinaire par un terme savant qui est
très largement employé. Le mot ou le terme qui a été tellement utilisé
depuis 1900 environ est "œcuménique", un mot d'une autre langue. Bien
sûr, quelque chose qui fait impression est perdu si sa signification,
qui est "universel", est employée; et son instrument actuel est ce qui
est connu comme "le Concile mondial". Ce "Concile" s'applique
péniblement à découvrir une solution au chaos et aux complications des
divisions dans la chrétienté. Pendant des siècles, les divers groupes de
la chrétienté -- appelés dénominations ou églises -- sont restés, avec
ténacité, attachés au point de vue qu'ils tiraient chacun de leur
origine d'une base d'autorité scripturaire et qu'ils étaient fondés sur
cette base. Chaque division a fait cette revendication et trouve sa
force dans cette conviction. Maintenant le slogan du "Concile mondial",
ou du mouvement œcuménique, est qu'il faut se débarrasser de "ces
divisions produites par les hommes". Pour l'une de ces grandes
convocations, le sujet choisi était : "L'ordre de Dieu, le désordre des
hommes". Celui-ci, par la suite, fut changé en : "le désordre de
l'homme et le dessein de Dieu". Mais chaque tentative pour résoudre ce
problème, qu'elle soit d'ordre général, ou même restreinte aux
évangéliques, rencontre des difficultés insolubles, et le seul recours
est d'être tolérant ou de transiger sur des questions d'une grande
importance. Ainsi un nombre de compromis doit être introduit dans
un programme pour l'unité. Le grand problème des divisions au sein du
christianisme, est aussi désespéré quant à le résoudre par des recours humains, que les nombreux problèmes entre des races différentes.
C'est donc, la situation terrible que cette épitre traite et à laquelle
elle répond. Nous avons déjà vu que ce grand esprit de schisme a eu son
origine bien loin en arrière, à un moment sans date, dans le ciel, en
divisant les armées angéliques en deux camps irréconciliables. Plus
tard, il a entraîné la terre et a eu une longue, très longue histoire,
en gagnant de la force et en prenant de l'ampleur dans des guerres qui
toujours se multiplient et s'intensifient. Puis il a envahit le
christianisme et l'héritage inéluctable est vraiment affligeant. Ainsi,
ce n'est pas une petite affaire que cette épitre traite et à laquelle
elle donne la réponse.
Nous avons également vu que le cœur de toute cette affaire est atteint et touché par une seule phrase qui résume l'intention de Dieu à la fin. Cette phrase est : "...pour l'administration de la plénitude des temps (savoir) de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux, et les choses qui sur la terre, en lui..." (Éphésiens 1:10, version Darby) Mais, tandis que nous pouvons envisager cela comme la finalité, au-delà de cet âge, notre souci concerne cet âge. N'y a-t-il aucune issue ou aucun espoir pour au moins une approche de cela, maintenant ? L'épitre nous laisserait sûrement dans notre embarras si elle ne montrait du doigt qu'un âge futur sans aucune réponse à la tragédie présente. Mais, elle a la réponse. Cette réponse est fournie par différents moyens et de plusieurs manières. Peut-être la manière la plus simple, la plus directe et la plus utile sera de laisser Paul donner lui-même la réponse. Vu que l'apôtre fait de telles revendications fortes et catégoriques quant à sa propre révélation personnelle, le mieux sera d'examiner cette révélation et ce qu'elle produit dans la vie de cet homme. A la fin du chapitre quatre nous avons remarqué que le nom de la personne de Jésus-Christ est mentionné quelque quarante fois dans cette courte épitre, plus tous les pronoms et adjectifs possessifs : "Il", "Celui", "Lui", "Son". Ceci en soi, est une grande clef. Dans son épitre aux Galates, Paul a fait une déclaration en ces termes :
"...apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père...,"
"...je ne l'ai reçu... d'un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ",
"...lorsqu'il plut à celui (Dieu)... de révéler en moi son Fils..."
(Galates 1:1, 12, 15, 16)
Nous avons également vu que le cœur de toute cette affaire est atteint et touché par une seule phrase qui résume l'intention de Dieu à la fin. Cette phrase est : "...pour l'administration de la plénitude des temps (savoir) de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux, et les choses qui sur la terre, en lui..." (Éphésiens 1:10, version Darby) Mais, tandis que nous pouvons envisager cela comme la finalité, au-delà de cet âge, notre souci concerne cet âge. N'y a-t-il aucune issue ou aucun espoir pour au moins une approche de cela, maintenant ? L'épitre nous laisserait sûrement dans notre embarras si elle ne montrait du doigt qu'un âge futur sans aucune réponse à la tragédie présente. Mais, elle a la réponse. Cette réponse est fournie par différents moyens et de plusieurs manières. Peut-être la manière la plus simple, la plus directe et la plus utile sera de laisser Paul donner lui-même la réponse. Vu que l'apôtre fait de telles revendications fortes et catégoriques quant à sa propre révélation personnelle, le mieux sera d'examiner cette révélation et ce qu'elle produit dans la vie de cet homme. A la fin du chapitre quatre nous avons remarqué que le nom de la personne de Jésus-Christ est mentionné quelque quarante fois dans cette courte épitre, plus tous les pronoms et adjectifs possessifs : "Il", "Celui", "Lui", "Son". Ceci en soi, est une grande clef. Dans son épitre aux Galates, Paul a fait une déclaration en ces termes :
"...apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père...,"
"...je ne l'ai reçu... d'un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ",
"...lorsqu'il plut à celui (Dieu)... de révéler en moi son Fils..."
(Galates 1:1, 12, 15, 16)
Le genre de vision auquel nous faisons allusion représente une époque, une rencontre, une révélation, une crise. Il n'y a aucun pouvoir sur cette terre, qui aurait pu changer ce Saul de Tarse violent, fanatique, sectaire, ce "pharisien, fils de pharisien", en "l'apôtre des Gentils" (Romains 11:13). Le persécuteur redoutable et intolérant et le destructeur de toutes choses et de toute personne liées à Jésus de Nazareth, fut changé en Son plus grand ami, avocat et dévoué ! Le raisonnement n'aurait pas pu produire cela. Ni la persuasion, ni la persécution, ni le martyr n'aurait pu réaliser cela ! Mais c’est arrivé ! Cette "conversion" a soutenu l'épreuve de toutes les persécutions, les souffrances et les adversités les plus terribles possibles à l'homme pour le restant de sa vie. Qui plus est, cela a fourni la substance du plus grand de tous les ministères apostoliques; d'une valeur intrinsèque telle que d'avoir poussé au maximum tous les efforts et de les avoir épuisés, à travers de nombreux siècles, pour sonder, expliquer, comprendre. Qu'est-ce qui a pu produire cela ? Paul répondrait : "...il plut à celui (Dieu) ... de révéler en moi son Fils..." , ou, en d'autres termes : "J'ai vu Jésus-Christ".
Juste à la base et à la source de la vie de cet homme s'est trouvée une "vision" qui a scindé sa vie en deux et l'a émancipé des chaînes étroitement serrées d'une puissante tradition. Il a dit : "Le Dieu de la grande parole créatrice, qui a dit : "Que la lumière soit, et la lumière fut, a brillé dans mon cœur, et par cet acte et cette lumière, j'ai vu la gloire de Dieu sur la face de Jésus-Christ" (2 Corinthiens 4:6). Sur cette face, Paul a vu le dessein éternel de Dieu quant à l'homme. Il a vu la méthode de Dieu pour réaliser Son dessein. Il a vu l'immense importance du Fils de Dieu dans la création et dans l'univers. Il a vu -- en Celui-ci -- l’Église comme Son Corps.
Nous ne pouvons pas attacher trop d'importance à cette question de révélation, d'illumination, de vision. Elle est basique dans le salut (Actes 26:18). Elle est essentielle pour un ministère efficace (2 Corinthiens 4:6) et elle est indispensable pour une pleine connaissance et une peine croissance (Éphésiens 1:17). Jésus a attaché une immense valeur à la vue spirituelle , comme une lecture de l’Évangile de Jean nous le montrera. "Les yeux" ont été -- dans Son enseignement -- un critère de la vie ou de la mort. En effet, une œuvre fondamentale et prééminente du Saint-Esprit a un rapport avec une illumination spirituelle, et cela, de façon suprême quant à l'importance du Fils de Dieu, Jésus-Christ. Tout est contenu dans les Écritures, mais cependant nos yeux peuvent être retenus. Soyons tout à fait catégorique en affirmant que nous ne pourrons jamais voir l’Église jusqu'à ce que nous ayons vu le Fils de Dieu, et nous ne pouvons pas vraiment voir le Fils de Dieu sans voir l’Église. C'est bien de ceci qu'il s'agit dans l’incident qui se produisit à Césarée de Philippe (Matthieu 16:16-18). Oubliez tout votre débat, à savoir, si Pierre est le Roc sur lequel l’Église est bâtie et trouvez la véritable clé quant à ce que Jésus dit : "...ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais c'est mon Père qui est dans les cieux." "Mon Père dans les cieux a révélé cela" ; a révélé quoi ? "...tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant". Puis quoi ? "...sur ce roc, je bâtirai mon Église, et ...les portes du séjour des morts ne prévaudront pont contre elle". Est-ce que quelque chose bâti sur Pierre, même Pierre converti, peut résister à la puissance de l'enfer et de la mort ? C'est ce que Jésus-Christ est, la Personne révélée du ciel qui est fondamental pour l’Église, et "...personne ne peut poser un autre fondement..." (1 Corinthiens 3:11)
L'épitre "aux Éphésiens" est formidablement contemporaine, c'est-à-dire actuelle. A notre époque, il est d'usage, de façon pratiquement instinctive, pour des chrétiens qui se rencontrent pour la première fois, de demander : "A quelle domination ou mission ou société appartenez-vous ?" Une question de ce genre est presque inévitable. L’Église (?) est désignée par un titre national, doctrinal, avec comme qualificatif une couleur de peau, une appartenance à un "État", le fait d'être "libre", d'être dotée d'un nom propre (ex Wesley, Luther, Calvin, Mennonite, etc, etc...) Si l'apôtre Paul devait revenir aujourd'hui au milieu de la chrétienté et que l'on devait lui poser une telle question quant à "l'association", "son adhésion en tant que membre", il ouvrirait de grands yeux et regarderait avec un étonnement mêlé de tristesse. Je pense qu'il dirait : " Oh frères, j'ai vu Jésus le Fils de Dieu, et en le voyant j'ai vu l’Église, et dans cette unique Église véritable il n'y a pas cet embrouillement de nationalités, de couleurs de peau, de nom, de différence et de distinctions sociales ou culturelles". "En Jésus-Christ ...il n'y a ni Juif, ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ" (Galates 3:28) "Il n'y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni libre, mais Christ est tout et en tous" (Colossiens 3:11) Il ajouterait : 'il ne peut y avoir Paul, Apollos, Céphas ou quelque autre nom." La moindre vision de Christ comme telle, devrait révolutionner notre phraséologie, notre façon de parler.
Un petit incident pourrait servir au sujet présent. L'auteur a entendu raconter cela par une servante de Dieu bien connue. Dans un des états du sud de l'Amérique (U.S.A.), les tramways étaient partagés en deux pour les voyageurs de "couleur" et les voyageurs "blancs". La réglementation au sujet de cette séparation était très stricte (cette loi n'existe plus). Un tramway allait partir de son point d'arrêt et le compartiment pour les gens de "couleur" était entièrement plein. Le compartiment pour les "blanc" était également plein, il ne restait qu'une place. Cette place se trouvait à côté d'une dame bien habillée et apparemment fortunée. Un vieil homme de couleur, infirme et très pauvre, s'approcha du tramway en boitillant et pria le conducteur de le laisser monter parce que son fils était sérieusement malade et il devait aller rapidement le visiter. Le conducteur repoussa le vieil homme, disant qu'il n'y avait pas de place. Le vieil homme supplia encore pour être admis et fut durement traité par le conducteur. La dame se tourna vers le conducteur et lui dit : "Laissez-le monter et prendre ce siège à côté de moi". Le conducteur objecta en disant que c'était contraire à la loi. Mais la dame insista et fit valoir son souhait. Quand le vieil homme descendit, une autre femme dit d'un ton indigné à la dame : "Pourquoi avez-vous permis à cet homme de couleur de venir dans notre compartiment ?" La dame répondit : "Je suis servante de Jésus-Christ et mon Maître est daltonien" (daltonien en anglais se dit : aveugle aux couleurs). Une histoire simple et touchante mais une profonde présentation de la doctrine du Corps de Christ du Nouveau Testament.
La révélation de Christ accordée à Paul est : "il ne peut y avoir..." Non, "tous ceux-ci sont dans le Corps quel qu'ils soient sur cette terre". Étant donné que tous sont nés de nouveau et "baptisés dans un seul Esprit pour former un seul Corps", il y a là le fondement pour se rassembler, surmontant les problèmes très réels liés à ce qui est naturel. Bien sûr, il n'y a réellement aucune autre Église véritable. Nous vous rappelons encore la très grande place que Christ tient dans l'être même de Paul et dans ses lettres, et, bien sûr, ceci déterminera tout.
Combien de choses auxquelles nous attachons une telle importance perdraient cette importance-là et descendraient précisément d'une première ou même d'une seconde place, si nous avions vraiment vu le Seigneur ! Quel changement dans la manière de parler et de se comporter, se produirait simplement et sans effort, si nous L'avions vraiment vu par l'Esprit ! C'est coûteux, oui, ça l'est ! Toute lumière véritable coûte. Ce fut ce qu'éprouva l'homme dans Jean neuf, mais demandez-lui s'il échangerait sa vue récente pour l'ancienne situation. Lisez encore l'évaluation de Paul de sa révélation de Christ, dans Philippiens trois.
Mais insistons et soulignons très fortement que, bien que Christ, dans toute Sa plénitude, fut révélé et présenté dans le Nouveau Testament, ce même Nouveau Testament rend très clair que, par le moyen de la Parole, et par le Saint-Esprit, cette présentation objective doit avoir une contrepartie subjective dans le cœur -- l'esprit -- du croyant. Il veut nous dire que c'est en vue de cette intention que le Saint-Esprit est venu. Nous avons l'Esprit habitant en nous en vue de ce dessein même. Paul priait ardemment pour des croyants déjà bien enseignés, afin qu'ils leur soit donné un esprit de révélation dans la pleine connaissance de Christ. Ce don d'un ciel ouvert et d'une faculté spirituelle, est destiné à tous les croyants. Mais souvenez-vous, il faut un esprit absolument pur et honnête et être prêt à accepter d'aller jusqu'au bout et d'endurer tout ce qui y est impliqué. Ici, la Croix, c'est-à-dire Christ crucifié, dans sa plus profonde application à l'intérêt personnel, sous toutes ses formes, est le rocher de scandale, ou la pierre principale de l'angle : sur lequel on trébuche et on tombe ou sur lequel on bâtit et on s'élève. Tout orgueil tout préjugé ou toute réserve nous prendra en défaut tôt ou tard dans ce à quoi nous aurons été déviés de la plus pleine intention de Dieu en nous appelant. Ce sera une tragédie si, à la fin, on nous trouve dans une "décharge", un cul de sac. Peut-être nous serons à notre aise et libre de toutes les tensions de la bataille, mais -- du point de vue du ciel -- éliminé ! Une telle possibilité était une crainte de Paul toujours présente. "...de peur d'être moi-même désapprouvé pour avoir prêché aux autres..." ; et il y a beaucoup plus de déclarations comme celle-là "...si je puis..." , dit-il.
Nous devons retourner à la grande question du "mystère", car il y a,dans notre épitre, des choses liées à cela, qui ont besoin d’être clarifiées. Dans toutes ses épitres, Paul utilise ce terme vingt fois :
1. Le mystère (le secret) de l'aveuglement qui est arrivé à Israël. Romains 12:25
2. Le mystère de la sagesse de Dieu 1 Corinthiens 2:7
3. Le mystère de Dieu 1 Corinthiens 4:1
4. Les mystères en parlant en langues 1 Corinthiens 14:2
5. Le mystère de l'enlèvement et du changement du corps 1 Corinthiens 15:51
6. "...le mystère de sa volonté.." Éphésiens 1:9
7. Le mystère révélé à Paul Éphésiens 3:3, 4
8. La dispensation du mystère Éphésiens 3:9
9. Le mystère de l'union de Christ et de l’Église Éphésiens 5:32
10. Le mystère de l’Évangile Éphésiens 6:19
11. Le mystère caché Colossiens 1:26
12. Le mystère de Christ en nous ou au milieu de nous Colossiens 1:27
13. Le mystère de Dieu -- Christ Colossiens 2:2 ; 4:3
14. Le mystère de l'iniquité 2 Thessaloniciens 2:7
15. Le mystère de la foi 1 Timothée 3:9
16. Le mystère de la piété 1 Timothée 3:16
Quelques-uns de ces mystères qui se trouve ci-dessus sont en double
Il semble qu'il y ait beaucoup de mystères, mais si nous regardons de nouveau, nous constaterons que, au moins dans la plupart des cas, le mystère se rapporte -- en quelque manière -- à Christ et à l’Église. Il y a très peu d'exceptions à ceci, et lorsqu'il est question de la conception particulière de Paul, ce n'est pas au pluriel, mais "le mystère", et invariablement c'est en relation avec Christ en personne et Christ corporatif.
La chose suivante dont nous devons tenir compte, à ce propos, est le point de vue particulier de Paul. C'est d'en haut. Cinq fois dans cette épitre aux Éphésiens, il utilise l'expression "dans les lieux célestes"(1:3, 20; 2:6; 3:10; 6:12) et sous cette forme cela ne se trouve nulle par ailleurs. C'est l'une des expression de Paul les plus difficiles à comprendre pour quiconque d'entre nous. Nous ne sommes pas tout à fait aidés par d'autres expressions se rapportant au ciel, telle que : "...tout genou fléchisse dans les cieux..." (Philippiens 2:10). La traduction "dans les lieux célestes" n'est pas très heureuse. Mais examinons les diverses références :
1. Le domaine présent et la nature des bénédictions se trouvent dans les lieux célestes. 1:3
2. Christ est présentement assis dans les lieux célestes "au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité' et de tout nom. 1:20,21
3. La position de Christ est présentée comme étant celle aussi de l’Église. 2:6
4. Il y a des dominations et des autorités dans les lieux célestes, à qui il leur ait donné de connaître, par l’Église, la sagesse infiniment variée de Dieu. 3:10
5. La guerre de l'Église ne se situe pas présentement dans le domaine de la chair et du sang, mais dans les lieux célestes, contre des dominations et des autorités, etc 6:12
Très bien, alors, de quoi s'agit-il ? Simplement de ceci : il y a un domaine, ou une sphère, située au-dessus et autour du domaine matériel, sensible et tangible, où les intérêts spirituels sont suprêmes, où les activités rivales se poursuivent. De grandes forces sont à l’œuvre dans ce domaine, et elles son dotées d'une constitution, d'un système, ou d'une organisation appropriée à cette intention. C'est un domaine divisé entre des principautés célestes et d'autres démoniaques. D'un côté, il y a à la fois de l'intérêt pour ceux de Christ et une coopération avec les intérêts de Christ dans l’Église. De l'autre côté, il y a non seulement une hostilité aigüe et implacable à l'égard de ces intérêts, mais un impact sur ce monde, "ces ténèbres", dont l'intention est de détruire à la fois les gens et la terre, en tant qu'héritage du Fils de Dieu. Nous savons que les éléments naturels situés au-dessus de la terre ont une influence puissante sur la vie physique ici-bas. De la même façon, il y a des intelligences et des forces spirituelles qui exercent une influence terrible sur la vie morale et spirituelle de ce monde. C'est dans ce domaine que Paul voit plusieurs choses appartenant au "mystère". L'une étant, qu'au sein de la lutte, de la confusion et de tout ce qui semble le contraire, Dieu œuvre à la réalisation d'un "Dessein" qui, parce qu'Il est le Maître absolu, ne devra pas simplement combattre des forces adverses, mais qui, à la fois, manifestera Sa supériorité et amènera les forces adverses à servir à l'avancement de ce Dessein. C'est la perspective à long terme et la vue de dessus des lieux célestes.
Donc, parce que Christ ressuscité et exalté est "assis à la droite de Dieu", Il représente inclusivement l’Église dans cette position. L’Église, donc, "est assise ensemble avec Lui dans les lieux célestes", c'est-à-dire, pour le bien présent et final de Sa souveraineté.
D'ailleurs, les bénédictions des croyants sont présentement, non comme sous l'ancienne économie, temporelles, matérielles, sensibles mais "spirituelles". La "richesse de sa grâce", "la richesse de Son héritage", "la richesse de Sa gloire", "les richesses incompréhensible de Christ", etc -- ce sont toutes des expressions qui se trouvent dans "les Éphésiens". Ces bénédictions sont pour une Église et ses membres qui, --par l'union avec Christ dans Sa mort et Sa résurrection -- sont spirituellement délivrés et émancipés de "ce présent siècle mauvais", en tant que sphère de leur vie naturelle de leur ambition et de leurs ressources, et dont les cœurs "sont attachés aux choses d'en haut" (Colossiens 3:1-3). Si vous êtes réellement entré au bénéfice de telles "richesses", alors vous êtes entrés proportionnellement dans les lieux célestes. Tandis que nous avons raison de concevoir mentalement "les lieux célestes" comme un domaine, nous ne devons pas confiner l'idée à la géographie. Comme le "royaume des cieux", il s'agit d'une sphère ou d'un domaine dans lequel des facteurs spirituels, des principes ou des lois spirituels et des conditions spirituelles ont cours et prévalent. C'est pour cette raison que nous avons employé le mot "proportionnellement". Géographiquement parlant, nous sommes ou nous ne sommes pas dans un domaine, dans un pays. Mais spirituellement, nous pouvons être plus ou moins dans la nature, le caractère et au bénéfice de ce domaine-là. Ce n'est pas une question de définition de termes, mais d'accord, d'harmonie, d'ajustement, de conformités spirituels. Dans un temps de grande bénédiction nous pouvons simplement dire : "c'était comme si nous étions au ciel !" Il s'agit d'une position spirituelle en accord avec des réalités spirituelles. Bien que cela semble tellement difficile à expliquer, il ne s'agit réellement que du fait et du développement de ce que chaque croyant réellement né de nouveau connaît sans explication, à savoir, que quelque chose s'est produit par cette nouvelle naissance, qui a changé leur conscience d'appartenance et de gravitation, de sorte qu'une rupture a eu lieu en eux à l'égard d'un domaine et de ce qui lui appartient, et une union s'est produite avec un domaine entièrement nouveau et ce qu'il contient. Ils perçoivent qu'ils sont d'ailleurs et qu'il y a en eux un esprit qui gravite là et vers ces choses. Le Nouveau Testament possède tout le langage et tous les mots pour exprimer ceci, mais c'est la conscience intérieure qui est le terrain pour apprendre la signification. Le développement de cette "loi de 'Esprit de vie en Jésus-Christ" (Romains 8:2) par la discipline --l'épreuve peut-être ou l'erreur -- ou par le triomphe, est la voie de la "transformation par le renouvellement de l'intelligence (en la reformant)" (Romains 12:2) C'est l'évolution normale de l’Église et du croyant.
Mais nous n'avons pas encore mis en relief, d'une manière suffisamment claire, l'aspect présent de la révélation de Paul. Aussi, pour ne pas surcharger ce chapitre, nous le scinderons et nous continuerons dans un chapitre séparé.
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