vendredi 8 avril 2016

(5)La dispensation du mystère T. Austin-Sparks (volume 2)

Préface de la deuxième édition

                 Durant l'année 1939, nous avons publié deux volumes sur La dispensation du mystère. Le volume 1, le plus important des deux, a couvert un domaine plus large sous le titre Toutes choses en Christ. Ce dernier a été réimprimé et réédité et est toujours disponible. Le volume 2 fut plus spécifique en ce qui concerne le ministère de Paul et l’Église. Ce second volume était épuisé depuis un certain temps, et bien que nous ayons eu beaucoup de demande à son sujet, il y a eu une retenue inhabituelle à le réimprimer sous sa forme originale. Mais il y a eu un fardeau croissant de mettre par écrit l'essence de ce ministère particulier du "Mystère" et, sous cette pression que nous estimons de Dieu nous avons rédigé le présent volume qui, bien que modifié à plusieurs égards par rapport au précédent volume 2, est une focalisation de cette "Révélation" accordée à l'apôtre. Dans la présence irrésistible d'un si grand dévoilement, ce serait une chose impossible de donner une présentation adéquate et, bien que tellement chargés et pressés, nous éprouvons finalement un profond sentiment d'échec. Nous ne pouvons faire que "jeter à la surface des eaux" et croire qu'en tant que message de Dieu en un temps opportun, il peut toucher quelques cœurs préparés. Ce n'est pas une exposition dont on a besoin, mais d'une révolution semblable à celle qui a eu lieu chez l'apôtre quand "il plut à Dieu de révéler en lui son Fils." Que la prière contenue dans Éphésiens 1:17-21 soit exaucée dans la cas de beaucoup de lecteurs.

Forest Hill, Londres
T. Austin-Sparks  1966


Chapitre 5

L’INTERMÈDE TRAGIQUE

                    Nous avons mentionné qu'entre "avant les temps éternels" et la première ère du temps, quelque chose a eu lieu, qui a affecté tout le cours des évènements, d'une manière tragique. La Bible a beaucoup à dire à cet égard, mais Paul, dans ses trois derniers épitres (en excluant celles à Timothée, à Tite et à Philémon) accorde à cet évènement une place et un sens fort. Nous faisons allusion à l'intrusion dans l'univers.


DU GRAND SCHISME

                    Quant à l'épitre particulière dont nous sommes occupés, il y a trois allusions à cette interruption cosmique.

                    La première allusion, et c'est un facteur suprême dans l'importance de Christ, se trouve dans une expression très brève. Le contexte plus complet est le suivant (chapitre 1:9-10) "nous faisant connaître le mystère de sa volonté, selon le bienveillant dessein qu’il avait formé en lui-même, (Christ) pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre." La clause dont nous avons besoin : "réunir toutes choses en Christ".


                    Le mot "réunir", (un long mot composé grec) signifie "ramener et rassembler autour d'un point principal c'est-à-dire, "en Christ". Il s'agit de ré-rassembler "toutes choses". Dans l'épitre sœur, celle aux Colossiens, Paul dit : "Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre" (1:16). Ceci signifie qu'à l'origine toutes choses se trouvaient dans le Fils de Dieu. Et s'il fut nécessaire de préciser que dans la plénitude des temps toutes choses seraient ré-rassemblées, ou ramenées, ou réintroduites en Lui, cela signifie clairement que quelque chose s'est produit en vue de saisir les choses et de les Lui enlever, ou de les éloigner de Lui. Oh, que de choses il y a, qui indique cela ! Jésus a dit qu'Il était venu "chercher et sauver ce qui était perdu". Il a donné une parabole des méchants vignerons qui ont tué l'héritier afin de s'approprier l'héritage. Il a dit que : "Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et de brigands..." (Jean 10:8). C'est un aspect de la vérité qui a une immense somme d'enseignements dans les Écritures. Quelque chose fut accompli en vue de voler au Fils de Dieu Sa place et Ses droits dans le dessein éternel de Dieu, rendant nécessaire de -rassembler, de recouvrer, de unir. Nous y reviendrons plus tard.

                   La deuxième chose indiquant ce grand évènement et l'introduction de la rupture, est l'état, la condition contre laquelle se dresse le dessein révélé de cette épitre. C'est une situation horrible.

                    "...morts par vos offenses et vos péchés," "...vous marchiez... selon le prince de la puissance de l'air, de l'esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion... selon les convoitises de notre chair... par nature des enfants de colère" (Éphésiens 2:1-3) "...en ce temps-là sans Christ (notez cela; en anglais : séparés de Christ) ...sans espérance et sans Dieu dans le monde" (2:12) "...comme les païens qui marchent selon la vanité de leurs pensées. Ils ont l'intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu... ayant perdu tout sentiment...livrés au dérèglement pour commettre toute espèce d'impureté..." (4:17-19). Comment tout ceci s'est produit, quand, à l'origine, toutes choses se trouvaient dans le Fils de Dieu ? Tout ceci se trouve en dehors de Christ et séparé de Lui ! Assurément, nous pouvons dire ceci : "C'est un ennemi qui a fait cela".

                    Très bien : passons à la troisième chose qui, dans cette épitre, indique le grand schisme. Combien les paroles sont bien connues, mais combien peu connaissent leur vaste contexte sinistre : "Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes...résister...tenir ferme après avoir tout surmonté. Tenez donc ferme..." (Éphésiens 6: 12-14) 

                    Les relations entre le Fils de Dieu et une certaine puissance méchante et ses armées ont été rompues et interrompues à tel point qu'il ne peut y avoir aucune conciliation, aucun compromis, aucune association, jusqu'à ce que ce système du mal ait été détruit sans remède. Ce grand schisme a commencé quelque part en dehors de cette terre. Il a ensuite envahi la terre, et il a été la source et la cause de tous les schismes et les ruptures dans l'histoire. La Bible qualifie du nom de Satan, le diable.

                    Depuis un certain temps, le rationalisme, la théologie libérale, la psychologie et certains philosophes ont tourné en dérision l'existence de la personne du diable. Et ce que la Bible lui attribue, a été interprété comme étant simplement des névroses et des complexes. Ce qui revient à dire que le mal n'est pas quelque chose qui est en relation avec des esprits mauvais ou un "Satan". C'est un désordre nerveux ou au mieux, un désordre qui est en train de se réaliser. La démonologie est simplement une forme de mythologie. Ainsi, Satan a réussi un coup de maître en persuadant les hommes à croire qu'il n'existe pas. Mais le monde a reçu quelques chocs durant l'histoire récente et il y a eu un dévoilement absolument terrible de la malignité la plus abominable dans ce monde et dans la conduite des êtres humains. Non seulement dans ces domaines qui sont appelés "sauvages", "non civilisés", "arriérés", mais en ce qui concerne la pure méchanceté, l'atrocité et la cruauté calculée, rien n'a jamais été pire que ce qui s'est fait parmi ceux qui ont été considérés comme des peuples "cultivé" et évolué. Leur progrès (?) très scientifique a été utilisé pour les horreurs les plus exécrables. Nous pourrions écrire de nombreuses pages sur ce thème, mais nous nous en abstenons. La Bible est terriblement prouvée tandis que le cours de ce monde se poursuit, et pas de la moindre façon, dans son dévoilement d'une puissance personnelle mauvaise, malveillante à l'égard du genre humain et particulièrement de ceux qui sont alliés au Fils de Dieu.Le combat pour l'unité est un conflit douloureux à fendre le cœur. La rupture des nations se poursuit rapidement, et parmi le peuple de Dieu, il n'y a rien de trop sacré pour échapper à cette détermination cosmique de désorganiser la plus petite approximation de communion fraternelle divine. Bien sûr, il y a de nombreuses "sociétés" et "confréries"  qui sont laissées en paix, mais ce n'est pas un compliment si Satan n'est pas inquiété. Ne commettons pas d'erreur à ce sujet. La Bible ne nous laisse dans aucun doute, quant à la fin de cet âge, chaque élément de l'univers revêtira des traits caractéristiques manifestes d'intensification. Ceci, bien sûr, n'est logique que si la fin est plénitude à tous égards. Quelle que soit votre interprétation du chapitre douze de l'Apocalypse, nous devons noter que le raccourcissement de l'exercice du pouvoir de Satan est marqué par sa venue en bas sur cette terre, étant animé d'une grande colère (12:12)

                   Mais retournons aux "Éphésiens", le grand sommaire de l'histoire spirituelle. Nous devons noter en particulier que l'apôtre fait ressortir, dans un exposé complet et précis, que l’Église -- le Corps de Christ -- est impliquée dans une guerre des âges, et il introduit tout ce qu'il a écrit en ceci. C'est comme s'il disait : "Tout ce que j'étais en train de dire en ce qui concerne les conseils éternels de Dieu : la place et le but des élus -- le Corps de Christ; la rédemption de ce Corps et son union avec sa Tête; sa vie, son caractère, sa marche et son œuvre dans cette dispensation; et le grand but et le dessein établi de Dieu de réunir finalement toutes choses en Christ est l'objet et l'occasion d'un conflit cosmique immense, inlassable et allant toujours en s'intensifiant. Dans ce conflit des forces mauvaises invisibles et innombrables s'opposent farouchement au dessein et à tout ce qui est lié à celui-ci". Paul déclare que c'est à cause de ce ministères qui lui est confié : de faire connaître tout ceci, qu'il se trouve dans les liens et en prison. Il montre que cet antagonisme de la part des intelligences spirituelles, sera dirigé contre tout ce qui est lié à cette dispensation. Et il donne à entendre que si les ministères ne sont pas simplement des "départements" ou des aspects du christianisme, mais font entièrement partie d'un tout corporatif, solidement déterminé à poursuivre un seul but (Éphésiens 4:13), ce caractère corporatif constituera la plus sérieuse menace à ce royaume du mal, de manière à provoquer son effort envenimé --aux multiples aspects -- pour le morceler et le neutraliser. L'apôtre définit cette opposition comme des "ruses du diable". Puis il dresse l'un face à l'autre l'armure de Dieu et les ruses du diable. C'est la provision de Dieu pour affronter les "ruses" du diable. Par un moyen symbolique, il montre la nature des ruses. Du côté positif, divin, les points d'attaque sont montrés comme étant la "vérité", la "justice", la "paix", la "foi", le "salut", la "parole de Dieu". Contre toute forme de mensonge subtil, Dieu fournit la ceinture de l'Esprit de VÉRITÉ. Contre les accusations et les condamnations du cœur, Il fournit "la JUSTICE de Dieu qui est par la foi en Jésus-Christ". Contre la peur qui rend la marche chancelante et incertain -- la tête -- Il fournit le SALUT par grâce, les pieds peu assurés, Il fournit "la PAIX de Dieu qui surpasse toute intelligence". Contre les suggestions, les pensées, les idées, les imaginations et les raisonnements qui assaillent l'intelligence -- la tête, Il fournit le SALUT par grâce. Contre les attaques sur la véracité des promesses de Dieu, Il pourvoit le Saint-Esprit de répliquer et de riposter avec la sûre PAROLE. "Par-dessus tout" , et relié à tout, Il dit : "dans tout le lot de choses que vous prenez, prenez le grand bouclier de la FOI". Mais, remarquez, Dieu ne met pas toute cette provision sur Son peuple. Il y pourvoit et et lui dit ensuite : "Prenez". Il doit y avoir un acte de la part des croyants, car l'élément de passivité n'est pas compatible avec une telle guerre. Plaise à Dieu que, lorsque ces traits enflammés commencent à voler, nous saisissions instinctivement l'arme de défense appropriée ! Peut-être devrions-nous délibérément les avoir toujours sur nous.

                   Comme nous avons dit que Paul, dans ses dernières épitresa apporté une place importante à ce conflit des âges, nous ne pouvons pas terminer ce chapitre sans une référence aux "Philippiens". Dans les "Colossiens", c'est évident  (voir 1:3, 20; 2:15), mais dans les "Philippiens" c'est davantage par déduction et allusion. Nous croyons que lorsque Paul, écrivant à propos du dépouillement délibéré du Fils de Dieu, a dit que : "existant en forme d Dieu, il n'a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher, mais il s'est dépouillé lui-même..." (2:6), l'apôtre faisait allusion à l'orgueil et au désir ambitieux de "Lucifer" d'être semblable au Très-Haut (Esaïe 14:14; Luc 10:18). Si ceci est une interprétation juste, (cf 2 Pierre 2:4 et Jude 6), alors la scène de Philippiens 2, en restant fidèle à tant d'autres enseignements dans le Nouveau Testament, est celle du Fils de Dieu devenant le Fils de l'homme, prenant la forme d'un homme pour régler cette bataille avec l’usurpateur.

                    Et dans la même épitre (Philippiens 3), Paul, un "bon soldat de Jésus-Christ, se met à montrer que le chemin de la victoire est celui dans lequel on "regarde toutes choses comme une perte".

                  Résumons : "Avant la fondation du monde" des conseils divins ont lieu. Ils sont appelés "le bon plaisir de Sa volonté", "le mystère de Sa volonté", "le plan de Celui qui opèrent toutes choses d'après le conseil de Sa volonté", "le dessein éternel.  (Éphésiens 1:4, 5,9,11; 3:11). Durant ces délibérations, certaines décisions très précises furent prises. Ces décisions étaient doubles.

                  1. Le Fils de Dieu fut "établi héritier de toutes choses", et comme étant la sphère et le domaine de toutes choses. (Hébreux 1:2; Éphésiens 1:10, 11)


                 2. Un peuple fut "élu" en Lui (le Fils) pour être le complément de Lui-même, le vase corporatif de Son expression et de Son administration, et fut désigné par les termes : Son Corps, Son Épouse, Son Église, etc; une vocation exprimant la conception de cette élection e de cette prédestination. (Éphésiens 1:4; 5:25-32; 4:1) 

                   3. A la suite de cette double désignation et élection, une révolte eut lieu parmi un grand nombre d'êtres célestes, conduite par un seul être se trouvant dans une très position, située probablement très près du sommet. L'orgueil et la jalousie à l'égard de l'établissement du Fils furent les causes de cette révolte, "l'égalité avec Dieu" étant la place aspirée par cet être haut placé. Cet être et les armées complices avec lui furent chassés du ciel et "n'ont pas gardé leur première condition" (Jude 6 selon une version anglaise). Le schisme, la rupture et la division dans le ciel, accompagnés de la colère de Dieu demeurant sur eux, ont inspiré une inimitié impérissable et éternelle chez ce chef, contre le Fils de Dieu et le genre humain, en tant que vase intentionnel et potentiel de Sa gloire. Ainsi, le genre humain fut attaqué peu de temps après la création, et une inimitié particulière fut concentrée contre la lignée de ceux qui ont maintenu la foi en Dieu et ont manifesté quelques traits caractéristiques du Fils de Dieu. Comme primitivement, ainsi à travers tous les âges, l'unique objectif et l'activité de cet adversaire funeste ont été de désorganiser, de diviser, de désintégrer l'humanité, et plus particulièrement les "élus", le peuple de Dieu. Par un tel objectif, l'intention est de neutraliser le dessein de Dieu et son vase choisi et établi. Dans cette bataille qui s'intensifie, la véritable Église est exposée à se trouver grandement impliquée. Dieu a pourvu à une pleine provision pour que l’Église affronte et résiste à ce grand ennemi. C'est un résumé général de l'enseignement effectif des implications d'un aspect de cette "épitre aux Éphésiens".





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