lundi 12 octobre 2015

(6) LE RÉTABLISSEMENT DU TÉMOIGNAGE DU SEIGNEUR DANS SA PLÉNITUDE T. AUSTINS SPARKS

Chapitre 6

L'OUVRAGE ET LES OUVRIERS 
    
                    Quand l'écrivain de la lettre aux Hébreux eût dit un grand nombre de choses, il eût manifestement le sentiment que tout cela avait besoin d'être résumé en une déclaration claire et précise, et ainsi il écrivit : "Le point capital de ce qui vient d’être dit." En marge il est écrit : "Donc pour résumer ce que nous disons" (Hébreux 8:1) Arrivés à ce point, une telle nécessité est actuelle pour nous. Aussi, essayons de rassembler et de faire converger ce que nous avons dit jusqu'à présent.

RÉACTIONS DIVINES 

                    L'histoire de l’œuvre de Dieu est celle des mouvements et des contre mouvements, d'actions et de réactions, de progrès et de déclins, d'avancements et d'arrêts ou de reculs. Dans l'un des tout premiers livres que nous avons publiés, ces mots se trouvaient au commencement : "Il y a deux choses qu'il est important que nous ayons très clairement devant nous. Ces deux choses, tandis que nous les citons, peuvent sembler se contredire ou être paradoxales. L'une est :  tout au long des âges Dieu a constamment fait une chose nouvelle. L'autre est : ce qui a toujours été la chose nouvelle de Dieu d'un point de vue humain, n'a pas été nouvelle de Son point de vue."

                    Et puis nous avons continué à faire remarquer que Dieu a toujours pour point de départ l'état complet. Il possède tout en Lui-même de façon pleine et finale avant qu'Il opère un commencement. Et toutes Ses activités subséquentes sont réellement menées en direction de l'arrière-plan qui est la plénitude, bien qu'elles semblent être pour l'homme les chose nouvelles de Dieu. L'ordre des choses a donc été que Dieu commence par la plénitude. L'homme tombe et perd cette plénitude. Alors Dieu réagit et se met fermement en mouvement pour un recouvrement progressif et graduel de cette plénitude.

                    Et tout mouvement nouveau de Dieu est marqué par deux traits distinctifs. En premier lieu, une plénitude intrinsèque, c'est-à-dire quoiqu'il soit pour le moment une chose partielle seulement, il a en lui des valeurs intrinsèques. C'est quelque chose qui possède toutes les potentialités de l’ensemble, parce que tout ce que Dieu fait si petit soit-il au moment considéré, possède en lui tout l'arrière-plan de Sa pensée. Dieu n'est pas simplement occupé avec des fragments comme s'ils constituaient le tout, mais avec des parties en lesquelles le tout se trouve potentiellement contenu. 

                    Et puis, en second lieu, Ses mouvements représentent toujours un avancement par rapport à ceux qui les ont précédés. C'est-à-dire, chaque mouvement de Dieu est un surplus par rapport à ce qu'Il a accompli auparavant. Bien qu'Il ait fait ces pas de temps en temps dans la voie du établissement, cela a été progressif, et maintenant le prochain pas représentera un ajout, quelque chose de plus, une étape qui va plus loin dans Son œuvre de rétablissement de la plénitude originelle. J'espère que c'est clair. Il est très important d'avoir cet arrière-plan et ce fondement.  

                    Puis nous constatons qu'il y a dans ces mouvements de Dieu quelques facteurs majeurs ou qui englobent tout, ce que nous avons appelé: "Les réactions divines" dans le titre du livre cité juste avant. L'un de ces facteurs majeurs est un instrument suscité par Dieu dans Sa souveraineté, ayant la passion et la vision de Dieu. Un instrument suscité par Dieu dans Sa souveraineté signifie que c'est un acte de Dieu, et étant un acte souverain, il peut n'avoir absolument rien qui l'explique d'un tout autre point de vue. Ce n'est pas que l'instrument en soit un dont tous les observateurs diraient qu'il est l'instrument approprié, non pas que l'homme ou le vase soit tel qu'il gagnerait l'approbation de l'opinion du monde. Dieu agit souverainement, et très souvent dans ces réactions. Il a choisi des instruments qui, selon leur propre jugement et celui des autres à la fois, ne devaient pas être choisis. Ils étaient eux-mêmes très conscients de leur manque de qualification quant à leur appel, et très souvent, d'autres gens avaient le même genre de pensée à leur égard, savoir qu'ils pouvaient faire mieux, qu'ils n’accomplissaient pas ce qu'on attendait d'eux, ni de la façon dont ils auraient du agir. Mais Dieu les a choisis souverainement, dans Sa propre sagesse, Il s'est tenu à côté d'eux, et a prouvé que ceci venait de Lui. 

UN VASE MARQUÉ PAR LA VISION ET LA PASSION

                    Mais un tel vase, qu'il soit individuel ou collectifs'est toujours trouvé en possession de la vision de Dieu. Un tel instrument avait vu la pensée du Seigneur, la pensée de Dieu, le dessein de Dieu. Il était devenu captif et captivé par cette chose que Dieu avait eu comme intention depuis l'éternité. Il l'avait vue dans une dimension de loin bien plus grande que d'autres. Il était non seulement voyant, étant en principe un "voyant" de la pensé de la volonté et de l’intention de Dieu, mais aussi dominé de la passion de Dieu pour cette chose, et introduit dans ce que nous avons appelé auparavant, dans ces méditations, le travail d'enfantement de Dieu pour Son but.  Ces choses sont des facteurs majeurs dans tous les mouvements divins. Tout nouveau pas que Dieu a fait a été marqué par ces deux choses. Puisse ce principe être reconnu, car il est l'explication de tellement de choses.

LE TRAITEMENT PARTICULIER DU VASE

                    Puis ce vase, qui a vu le dessein de Dieu, cette vocation, ce "grand ouvrage" incorporé dans tout mouvement de Dieu que l'on a devant soi a sa propre histoire très particulière sous Sa main divine. Il est une chose dont il faut très soigneusement prendre note, savoir que Dieu traite un tel instrument comme nul autre. Je le répète, Il traite cet instrument (qui peut être individuel ou collectif, une compagnie) appelé pour ce but spécifique qui est le Sien, d'une manière particulière et étrange. Il le traite différemment de toutes Ses façons d'agir à l'égard d'autres personnes et d'autres choses. Pour tous ceux qui sont appelés au plein dessein de Dieu, il n'est jamais sans danger de juger la manière d'agir de Dieu envers eux, en les comparant à celles dont Il agit à l'égard d'autres. Ce sera toujours dangereux. Ses voies avec une telle œuvre ou un te instrument sont Ses propres voies particulières, et donc des vases pour une telle intention, des instruments pour un tel but, ont leurs propres périls particuliers. Ils se trouvent impliqués dans un conflit particulier, soumis à une pression étrange, introduits dans des événements et les voies étranges de Dieu. Il les traite par rapport à des intentions spécifiques.

                    Or, le livre de Néhémie, duquel nous nous sommes occupés, le dernier livre de l'histoire de l'Ancien Testament, est une représentation instructive qui inspire tout ce que nous venons de partager. Nous avons dit que les divisions naturelles de ce livre sont en relation avec, premièrement la muraille, la reconstruction de la muraille de Jérusalem, deuxièmement l'ouvrage et les ouvriers, troisièmement la guerre qui s'y trouve impliquée. Jusqu'à présent, nous avons passé la plupart de notre temps avec la muraille. Permettez-moi de reprendre rapidement cette question, peut-être d'une façon légèrement différente de celle que nous l'avons fait jusqu'ici.

LA MURAILLE DE JÉRUSALEM :
UNE FIGURE DE CHRIST    

                    Que représente la muraille ? La muraille de Jérusalem est une figure de Christ, tout d'abord à la vue du ciel, à la lumière du Ciel, aux yeux du ciel, comment est Christ vu du Ciel. C'est toujours là le point de départ de toute évaluation ou de tout jugement. La muraille est également une figure de Christ tel qu'Il est présenté au monde, et puis au royaume de Satan, aux forces hostiles. C'est Christ dans ces trois aspects extérieurs : à l'égard du ciel, à l'égard du monde, à l'égard des forces du mal. Ils sont tous intéressés par cette muraille. Vous pouvez le constater dans le livre de Néhémie.

                    Le Ciel est très intéressé par cette muraille. C'est là où nous commençons. Dieu agit, et c'est une grande chose quand la muraille est achevée. Et toutes ces forces hostiles étaient tellement furieuses que Néhémie puisse dire que cette œuvre était de Dieu, et elles furent contraintes de l'admettre. Dieu était intéressé, le Ciel était intéressé. C'était une réalisation considérée à la lumière du Ciel. Puis, quant au monde, la muraille avait son témoignage propre, sa propre déclaration. Nous ne nous arrêtons pas sur cela pour l'instant. En ce qui concerne le royaume de Satan, il est clair que celui-ci était intensément intéressé. Nous nous occuperons probablement plus tard de cet aspect, quand nous en viendrons à la guerre. 
         
                     Mais il y a aussi un quatrième aspect, à savoir, ce que signifie la muraille pour le peuple même du Seigneur. En d'autres termes, ce que Christ représente pour le peuple de Dieu comme forteresse, grande, défensive, englobant tout, et ce qu'Il signifie par la communication glorieuse de Ses excellences et de Ses perfections à Son propre peuple. La dernière mention de muraille dans la Bible est celle d'une muraille de magnificence, de pierres précieuses. Il s'agit des perfections, des gloires de Christ et du peuple de Dieu qui, devant Dieu, se trouve au bénéfice de ces choses.

                    Ainsi donc, la muraille est une figure de Christ sous ce quadruple aspect

                   Rétrospectivement, vous vous souvenez qu'Abraham ou Abram, comme il se nommait alors, se sépara de Babylone, de la Chaldée et de tout ce que cela signifiait, et il nous est dit "qu'il attendait la cité qui a de soldes fondements" (Hébreux 11:10), le type de cette cité céleste, cette nouvelle Jérusalem, qui finalement, dans son parachèvement, descendra "du ciel d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu." (Apocalypse 21:10) La vision d'Abraham d'une cité était le type de cette Jérusalem céleste. Ces deux cités, Babylone et Jérusalem, ont toujours été en conflit. Quand le peuple du Seigneur a décliné de Ses conceptions et intentions glorieuses concernant Jérusalem, la seule alternative pour eux fut Babylone. La ville fausse de laquelle Dieu les avait appelés à sortir dans la personne de leur père Abraham. Comme nous l'avons fait remarquer, le Seigneur leur permit de goûter cela, et pour beaucoup parmi eux, le goût fut amer. Ils furent heureux de retourner à Jérusalem à n'importe quel prix, quoi qu'ait pu être Jérusalem à l'époque.

                    Or, quand le Seigneur Jésus vint, il fit deux choses. Il répudia le monde comme étant représenté par Babylone, le faux royaume, et Il répudia la Jérusalem terrestre, parce qu'elle n'exprimait plus la pensée divine. Et Il rassembla en Lui-même toutes ces pensées divines quant à ce que la cité était destinée à représenter. Personnellement, Il ne prit pas seulement la place du temple, mais aussi celle de Jérusalem, de façon spirituelle. Il était l'incarnation de toutes les pensées de Dieu à l'égard de cette cité, entourée et déclinée par la muraille. De sorte que si nous faisons des recherches sur ce que signifie cette muraille, et cette cité, nous n'étudierons pas simplement un thème, ou quelque objet, nous serons appelés à contempler le Seigneur Jésus Lui-même.

                   Il est très important que nous oubliions parfois nos illustrations, que nous allions derrière nos types et nos figures et regardions directement ce qu'ils représentent, que dis-je, Celui qu'ils représentent. Un critique de Francis Thompson, le poète qui écrivit "The Hound of Heaven", disait que vous ne pourriez pas voir son paysage à cause de sa mer écumante de métaphores. Parfois notre symbolisme voile, cache, obscurcit ce qui est typifié. J'espère que tandis que nous parlons de la muraille et de Néhémie nous ne tomberons pas dans ce piège, mais que nos yeux verrons constamment à travers Néhémie et la muraille, Celui qui est réellement le Seul en vue. 

LA CORRESPONDANCE ENTRE
NÉHÉMIE ET LE LIVRE DES ACTES 

                    Eh bien, nous devons avancer encore plus, parce que Dieu a vraiment rétabli Son témoignage en plénitude le jour de la Pentecôte. Il est utile de voir la concordance qui existe entre le livre de Néhémie et celui des Actes des apôtres. Le témoignage du Seigneur, "le témoignage de Jésus" est parvenu à un état complet et de plénitude au jour de la Pentecôte, et tous les traits distinctifs du livre de Néhémie se trouvent dans le livre des Actes, spécialement dans les premiers chapitres. Nous verrons cela de plus près dans un moment. Je les mentionne car cela peut être utile : en lisant le livre de Néhémie, non pas simplement comme un livre d'histoire de l'Ancien Testament, ni même comme le dernier livre historique de l'Ancien Testament, mais avec le livre des Actes constamment devant nous, observez simplement comment ces deux livres se correspondent tout du long.

                     Mais ce je que désire dire ici, avant d'aller plus loin dans ce sujet, c'est ceci : bien que le Seigneur ait rétabli, le jour de la Pentecôte, Son témoignage dans une plénitude plus grande que jamais auparavant (hormis Son intention originelle, qui était dans Son dessein, avant toutes ces choses), il ne s'écoula pas un long temps avant que l'action contraire ne s'introduise à nouveau : le déclin. Avant d’avoir terminé notre Nouveau Testament nous commençons à constater des brèches dans la muraille, des faiblesses dans le témoignage. Nous pouvons nous avancer beaucoup plus loin encore, car quand nous lisons la première lettre aux Corinthiens, et voyions là tous les décombres, nous dirions que le témoignage semble avoir été presque complètement détruit. Quel délabrement est révélé dans cette première lettre aux Corinthiens ! Quel état de décombres et de ruines ! Et quand nous parvenons aux lettres de la fin du Nouveau Testament et lisons le livre de l’Apocalypse, avec ses messages aux sept Églises en Asie, nous avons assurément une image d'un état encore plus avancé d'une muraille en ruines : le témoignage est à nouveau interrompu, il n'y a plus rien d'intact : "Je n'ai pas trouvé tes œuvres parfaites" (Apocalypse 3:2). Le témoignage est ruiné, de grandes brèches y sont présentes, et c'est là l'état du témoignage tandis que le Nouveau Testament se termine.

                    Depuis lors, non pas une fois ou deux fois, mais à maintes reprises, Dieu a réagi pour ramener à la fois Son dessein et Son témoignage originels. Je ne vais pas examiner d'un bout à l'autre l'histoire de ces siècles passés. Vous trouverez le témoignage sous des formes variées, mais vous savez que Dieu ne l'a pas abandonné. Il ne l'a pas délaissé, Il est revenu et encore revenu, cherchant à rétablir maintenant ceci, maintenant cela, ou quelque chose d'autre. Il se met toujours en mouvement dans la direction de la plénitude originelle, en vue de l'avoir en perfection. Grâces soient rendues à Dieu qu'il y ait aujourd'hui une mesure beaucoup plus grande de Son témoignage qu'il y avait durant le haut Moyen-Âge. Aujourd'hui, beaucoup de choses importantes du Nouveau Testament sont établies dans l’Église. Ce sont de grands facteurs. Il n'est pas nécessaire que je les mentionne, mais Dieu a progressé fermement avec Ses "restes", en ramenant toujours quelque chose.

                    La question qui nous concerne est celle-ci : aujourd'hui, n'y a-t-il pas besoin de ce grand rétablissement et de s'y livrer ? Et puisse-t-il être, que dans Sa souveraineté et dans Sa grâce, nous soyons rattachés au présent mouvement de Dieu, en vue du rétablissement de la muraille en plénitude et en perfection ? Il se peut que ce ne soit pas à nous de l'édifier, qu'il ne soit accordé de l'amener dans sa plénitude. Mais c'est peut-être notre vocation de pouvoir ajouter quelque chose, de réaliser quelque chose en vue du parachèvement du témoignage de Jésus. Et si ce temps correspond au livre et à l'ouvrage de Néhémie, c'est-à-dire, à la fin de la dispensation, nous pouvons ressentir que nous nous  trouvons dans les dernières étapes et les dernières phases du témoignage de Jésus. Nous ne sommes pas, en vérité, sans aucune raison de penser qu'il en est ainsi.


                    Maintenant revenons en arrière et regardons de plus près cette question de concordance entre le livre de Néhémie et le livre des Actes, car présentement, nous ne serons pas autant occupés de la muraille que de l'ouvrage et des ouvriers.


UN MOUVEMENT DANS LE CIEL

                    En premier lieu, tandis que vous prenez ces deux livres, (Néhémie et Actes), vous devenez conscient du fait qu'il y a un mouvement des cieux, que l'Esprit qui plane et se répand partout, est en marche. Dans le livre de Néhémie cela a commencé la-bas à Babylone. L'Esprit de Dieu a agi. Tout d'abord, Il réveille l'esprit de Cyrus, roi de Perse, et l'incite à promulguer ce décret et à prendre cette mesure avantageuse qui facilite la situation. Il y a un mouvement du Ciel. Ensuite il y a eu un mouvement dans le cœur de cet homme, Néhémie qui a créé un profond souci et cette absence de repos, ce grand mécontentement à l'égard de la situation telle qu'elle est. L'Esprit de Dieu est en marche. Et puis grâce à des facilités, Néhémie parvient à Jérusalem. L'esprit qui est en lui, cette impulsion qui se trouve en lui, se propage, premièrement dans quelques frères, puis, à très peu d'exceptions, dans tout le peuple. Il est écrit de quelques-uns qu'ils "ne se soumirent pas au service" (Néhémie 3:5), mais ce sont des exceptions. L'Esprit est en marche, créant tout d'abord cette insatisfaction à l'égard des choses telles qu'elles sont, cette absence de repos concernant la situation, ce sentiment que les choses devraient différentes. Comme je l'ai dit auparavant, ce n'est pas purement et simplement un esprit de mécontentement et de critique. C'est l’œuvre du Saint Esprit. C'est positif, non pas négatif. C'est constructif dans son but et non pas destructif. L'Esprit de Dieu est de nouveau en marche, comme Il l'était lors de la première création terrestre, planant et se mouvant pour amener l'ordre au sein du chaos. Il en est de même ici, au début du livre de Néhémie.
                    Vous passez au livre des Actes, et vous savez parfaitement bien que le Ciel est en marche. Une action est en cours, la nuit semble se terminer, des traits de lumière parcourent l'horizon, il y a une impression de réveil et de mouvement, et un grand jour ça éclate. Le Ciel se fend, l'Esprit descend, et le mouvement de l'Esprit commence. Il débute par un noyau, mais ensuite par l'intermédiaire de ce noyau, l'Esprit se déplace, met la main sur d'autres et les introduit dans l'unique vision et l’unique passion du cœur de Dieu. Dans Néhémie c'est dit ainsi : "et le peuple avait le cœur au travail" (Néhémie 4:6 version Darby). A présent, regardez le livre des Actes et voyez ces gens même ! C'est là l'unique façon dont vous pouvez décrire ces premiers chapitres : "le peuple avait le cœur au travail".

LE MOBILE DOMINANT
DU PLEIN TÉMOIGNAGE DU SEIGNEUR  

                    Le dessein, à savoir, le témoignage plein et complet du Seigneur, est commun à Néhémie et au livre des Actes. Nous pourrions même nous attarder sur cela, mais je pense qu'il n'est que trop manifeste que, dès les premiers chapitres, ces proclamations du début, cette première prédication de l'Esprit, des apôtres et des évangélistes, représentaient un témoignage à l'absolue suprématie, à la plénitude, à la perfection, à la suffisance et à la finalité de Christ. C'était à cela en figure et en type, que Néhémie et le peuple s'étaient consacrés en leur temps. 

                    Mais que cette chose s'empare de nous. Ne pensons pas à des siècles en arrière, mais introduisons ceci en plein dans notre propre temps présent. Sommes-nous de ceux ayant à cœur qu'il y ait un témoignage plein, sans limite et ininterrompu du Seigneur par des gens dominés par le dessein de Dieu et aussi mus par la passion de Dieu ? En sommes -nous là ? 

                    A présent, considérons quelques-uns des facteurs impliqués. Premièrement, c'est un constat impressionnant de voir comment chacun se soumettait à Néhémie. Cela en dit plus que vous ne le réalisez à moins que vous n'ayez lu méticuleusement les livres d'Esdras et de Néhémie. Si vous lisez le livre d'Esdras, vous découvrirez qu'il y avait un très grand nombre de personnes, des chefs et des sacrificateurs récalcitrants ayant leur propre pensée au sujet des choses ainsi que leur propre volonté et leur propre voie. Simplement, ils ne voulaient ni d'Esdras, ni de ses idées. Il y a beaucoup de choses personnelles et égoïstes qui se révèlent et qui s'imposent. Mais quand vous arrivez à Néhémie, tout cela s'en est allé. Quand cet homme fait son entrée chacun semble lui accorder sa place, reconnaît qu'il est l'homme : ils agissent tous selon ce qu'il leur est dit, ils s'alignent, il peut faire avec eux ce qu'il veut. Voyez-vous, quelques-uns de ces chefs ont acheté les biens et les terres du peuple : ils se sont enrichis au dépens du peuple, et à cause d'eux, les pauvres sont dans un malheureux état. Et Néhémie dit : Maintenant donc, rendez tout cela, jusqu'au moindre bout, remboursez tout centime ! Faites cette proposition à un homme quelconque du monde et voyez ce que vous obtiendrez ! Mais ceux-ci obéissent : il semble que peu importe ce que Néhémie réclame, ils le font.

                    Passez au livre des Actes. Ici tous reconnaissent que Jésus est Seigneur et se soumettent à Lui. Il n'y a purement et simplement que l'unique élément rebelle en Ananias et Saphira. Mais il ne fut pas avantageux pour eux de briser le régime de la Seigneurie de Christ, Il les brisa. Mais quant aux autres, ils cédaient tout : biens, argent, terres, eux- mêmes, tout. Tous, ils s'engageaient dans une merveilleuse soumission au Seigneur Jésus. Et vous n'aboutirez nulle à l'égard de Son plein témoignage jusqu'à ce qu'Il ait la prééminence, et la prééminence sur toute vie et sur tout ce qu'elle contient.

                    Il y a un facteur correspondant qui est parfaitement clair. Le peuple, les sacrificateurs, les chefs, tous accordèrent à Néhémie la place de direction. Dans cet autre mouvement de Dieu, tous accordèrent à Jésus-Christ Sa place comme Tête. En vérité, il fut non seulement prêché comme Seigneur, mais tout lui fut accordé en tant que Seigneur.

UNE GRANDE PASSION EN FAVEUR DU TÉMOIGNAGE

                    Et puis une autre chose commune à ces deux livres est la façon dont tout et tous ont été régis par le témoignage. Ce n'était pas seulement Néhémie, mais la chose que Néhémie soutenait. Ceci se voit sous deux rapports.

                     Premièrement la muraille : comment la muraille devint l'objet et l'intérêt dominant de tous. Si la muraille est un type ou une figure du témoignage du Seigneur Jésus, cela signifie simplement que le témoignage du Seigneur Jésus en plénitude devint pour tous le souci principal. Ils n'avaient rien d'autre, pour le temps présent, que Son témoignage comme objectif en vue duquel ils vivaient. La muraille éclipsait tout et tous. Et il en fut ainsi durant les premiers jour de cette dispensation. Le témoignage de Jésus éclipsait aussi tout autre chose en sorte qu'ils vivaient pour son progrès. Ils vivaient juste pour l'avancement de ce témoignage et c'est simplement à cela qu'ils pensaient et songeaient et c'est ce qu'ils projetaient. 

LA VOIX DE L'ESPRIT

                    Remarquez qu'il y avait un autre acteur en Néhémie. C'était la trompette. L'homme qui avait la trompette était posté près de Néhémie, et souvenez-vous des mots : "Au son de la trompette, rassemblez-vous après de nous, vers le lieu d'où vous l'entendrez sonner." (Néhémie 4:20) La trompette était en fonction. Que représente-t-elle ? Je pense que les trompettes de l'Ancien Testament sont toujours des types de la voix du Saint-Esprit. En d'autres termes : "ce que l'Esprit dit aux Églises." C'était au son de la trompette qu'Israël se déplaçait dans le désert. Toutes les fois où il devait se déplacer, la trompette retentissait. En figure, ils se déplaçaient par l'Esprit et dans l'Esprit, sous le gouvernement de l' Esprit.

                    Cela est, bien entendu, plus qu'évident dans les Actes : le gouvernement de la voix de l'Esprit. Nous ne pouvons pas trop fortement insister sur cela. Peut-être suis-je en danger d'essayer de trop condenser sans accorder à chaque point la considération requise. Mais faites bien attention à ceci. J'énonce à présent, une chose très terrible, mais je suis parfaitement conscient de ce que je dis. Je l'ai éprouvée sur une vaste partie de ce monde. En vérité, il y a bien peu de chrétiens qui connaissent la signification de la vie dans l'Esprit. Des multitudes savent ce qu'est la vie dans l'âme du chrétien avec toutes ses émotions, ses impressions, ses impulsions. Savoir "ce que dit l'Esprit" , connaître la vie de l'Esprit, être assuré par l'Esprit, l'Esprit disant au-dedans d'eux "Non" ou "Oui". Ils ne savent à ce sujet que très peu de choses. Très peu connaissent quelque chose à cet égard. Ils sont, soit guidés par la tradition et cherchent à savoir de quelle façon telle ou telle chose a toujours été réalisée. Ou alors, ils sont guidés par quelque système de vérité ou de doctrine fixé et établi, par ce qui est la chose établie. Ou encore, ils sont guidés par la présente forme du christianisme cristallisée et organisée, qui est tellement rigide et établi que rien d'autre ne peut être autorisé à avoir une place : s'ils devaient dévier de l'épaisseur d'un cheveu de la tradition dont on agit dans ce "christianisme", ils seraient dans l'erreur, des hérétiques. Ils sont gouvernés et guidés ainsi. Ils ne connaissent pas la vie dans l'Esprit.

                    Je ne dis pas que la vie dans l'Esprit soit un démenti de la vérité, ou de la Parole de Dieu, ou de tout ce qui est vital pour Dieu, mais je dis qu'il y a quelque chose de plus que simplement un système traditionnel établi. Être conduit par l'Esprit de Dieu, et le livre des Actes en est une démonstration, signifie que vous n'êtes pas autorisés à vous installer dans une position immuable, irrévocable qui est fixée et définitive.

                    C'est là un des grands mouvements du livre des Actes. Les apôtres étaient tout disposés à faire de Jérusalem le "quartier général" du Christianisme. Jérusalem, pour le monde allait être le centre de tout, et ainsi la chose s'édifierait et se consoliderait à Jérusalem. Mais, le Saint-Esprit s'est interposé et a dit "Non, le Q.G. se trouve dans le Ciel et non pas sur la terre, sûrement non!" Il les a simplement déracinés, et chassés de Jérusalem. Ils furent dispersés en touts lieux. Les apôtres restèrent là pour demeurer fidèles à quelque chose pour  le Seigneur, mais ce ne fut pas le quartier général, bien qu'ils aient lutté en ce sens. Pendant tout un temps ils ont essayé de tout régir à partir de Jérusalem, mais le Saint-Esprit était contre eux. Ce grand travail mondial ne fut jamais, par la suite, centré à Jérusalem.

                    Non, le Saint-Esprit est un grand facteur "décentralisateur" quand les hommes essaient d'établir quelque chose sur cette terre. Entrez dans la vie de l'Esprit et vous ne saurez pas ce qui surviendra après ni où vous serez par la suite. Vous ne pourrez pas dire : je serai ici ou là. Le Saint-Esprit a Sa propre voie :"Il souffle où il veut" (Jean 3:8). C'est la grande vérité ici. La vie dans l'Esprit est ainsi. Vous ne pouvez jamais dire : "Eh bien, je serai en tel et tel lieu pendant tant d'années et puis j'irai ailleurs." Il se peut que vous soyez tout surpris de ce que le Seigneur fera. Même aux hommes les plus spirituels du Nouveau Testament, leur programme ne leur été pas dévoilé par avance. Il leur été seulement de suivre la même direction jusqu'à un certain point, et puis ils étaient arrêtés par la Saint-Esprit. Quand ils tentaient de poursuivre, le Saint-Esprit ne le leur permettait pas. Ces hommes étaient sous l'autorité du Saint-Esprit. Il avait les choses en main. Le Q.G. se trouve au Ciel. Il en était ainsi. Ainsi toutes choses se trouvaient sous le gouvernement de la trompette, la voix du Saint-Esprit.

LA RELATION CORPORATIVE
DE TOUS DANS LE TÉMOIGNAGE

                         Puis plus loin, toutes les autres choses furent amenées en ligne avec cette unique chose et furent soumises à elle seule, savoir le témoignage. Je suis impressionné tandis que j'y réfléchis -et si vous relisez avec soin le livre de Néhémie, vous le serez aussi- par ce merveilleux mouvement. Il y avait tous les métiers, toute les vocations, les professions et les positions. Il y avait des sacrificateurs, des orfèvres, des parfumeurs et des chefs. Et il est question d'un homme et de ses filles, qui, tous devinrent maçons ! Le sacrificateur n'a pas dit : "Oh ! C'est au dessous de ma dignité de prendre une truelle et du mortier." L'orfèvre n'a pas dit : "J'abimerais mes mains qui servent à mon ouvrage raffiné en or si je vais soulever des pierres." Les chefs ne disaient pas : "Eh bien, vous devriez m'accorder une place de contremaître, je peux me tenir là et veiller à ce que tout, soit exécuté  convenablement plutôt que de m'abaisser à le faire moi-même !" Non aucun d'entre eux n'a eu cette attitude. Tous les sacrificateurs, (et j'ai été impressionné par le fait qu'un dignitaire a bâti la porte du fumier !) les orfèvres, les parfumeurs, les chefs, des hommes et leurs filles, tous participèrent à l'ouvrage. Tout, position, vocation, qualification, était soumis à ce seul intérêt, le témoignage.

                    Je pense que lorsque la muraille fut achevée, ils retournèrent à leurs occupations. J'espère qu'il le firent. Si le Seigneur ne remplit vos mains de ce plein ministère dans Son témoignage qui réclame votre séparation pour le temps présent, ne pensez pas que vous commettez une erreur en retournant à votre occupation. Vous demeurez toujours un parfumeur ou un orfèvre, ou tout ce que vous pouvez être. Paul resta jusqu'à la fin un homme qui fabriquait des tentes. Dans le compte-rendu de sa vie, on ne trouve aucun moment précis à partir duquel il aurait renoncé à fabriquer des tentes. Apparemment, il en fabriquait toujours, à côté du témoignage et en faveur d celui-ci. Soyez au clair à ce propos. N'ayez pas cet fausse idée à propos du "ministère à plein temps". Soyez ce que vous êtes. Tirez-en partie pour le Seigneur, en soumettant cela à l'intérêt dominant de Son témoignage. C'est ce qui est arrivé ici.

                    Dans les Actes, il semble qu'il en a été ainsi. Bien que tous leurs métiers et toutes leurs positions ne soient détaillées, vous trouvez une mention tout à fait considérable dans les lettres de Paul, à savoir ce qu'ils étaient et ainsi de suite. Mais tous ces gens étaient rassemblés, pourrait-on dire, à l'intérieur de la "muraille" : ils étaient tous gouvernés par le témoignage et tout était fait pour le servir. Personne ne dit : "Non je suis supérieur, ce n'est pas digne de moi", ou "Ce n'est pas ma vocation, je suis appelé à autre chose". Chacun considère que, peu importe ce qu'ils sont ou quelles sont leurs qualifications dans ce monde, la chose qui primait plus que tout était ce témoignage. Dans Néhémie 3, vous voyez ressortir ce beau trait distinctif, la relation corporative de tous dans le témoignage. Remarquez la petite expression, constamment répétée dans ce chapitre : "à côté de lui", "à côté de lui", "à côté de lui". Or c'est là simplement la déclaration répétée d'un fait, mais il vous est permis d'user de votre imagination lorsque vous lisez la Bible, et ce sera toujours une bonne chose si vous le faites. Nous avons le fait établi, pur et simple, mais j'ose suggérer qu'il y a eu probablement une part importante d'histoires spirituelles derrière ces faits, l'histoire de plus d'une victoire personnelle. "Je n'aime pas travailler à côté de lui, mettez-moi à côté de quelqu'un de plus plaisant, avec qui je puisse mieux m'entendre!" Le fait est simplement spécifié : "à côté de lui", "à côté de lui". Car nous le savons tous, de façon naturelle ils peuvent avoir été des gens qui, au grand jamais, ne puissent s'entendre ni travailler ensemble. Mais ils ont continué de travailler dans cette relation corporative. Ceci parle sûrement d'une grande victoire pour eux, victoire que la muraille devait représenter à son achèvement.

                    Car ce fut une grande victoire à l’achèvement de sa construction, grande victoire sur tous les intérêts personnels, sur toutes les dispositions naturelles, préférences et antipathies. Quelle victoire ce fut dans tous les domaines ! Cette victoire devint le témoignage des victoires dans la vie personnelle, dans les questions de relations :  "à côté de lui", "à côté de lui" et à côté de lui." Et il se peut, si vous permettez à votre imagination quelque liberté, que vous trouviez de réelles contradictions dans les positions, les qualifications et les vocations de ces gens qui étaient l'un à côté de l'autre. On pourrait dire bien des choses concernant les personnes qui étaient côte à côte, considéré du point de vue du monde, c'était un superbe méli-mélo. Il n'y avait rien qui concordait : sacrificateurs, orfèvres, parfumeurs, etc, nobles et roturiers, tous travaillant ensemble l'un à côté de l'autre. Mais ce n'était pas du tout un méli-mélo, mais une glorieuse harmonie, due à la victoire sur leurs propres cœurs. Quel grand témoignage !

                    Passez au Nouveau Testament. Combien cela fut vrai en ces premiers jours relatés au début du livre des Actes ! Les intérêts personnels mis de côté, des gens de différentes positions, qualifications, perspectives de vie, constitutions, et de différents tempéraments étaient tous rassemblés. Cette bande de douze hommes, le noyau, n'est-elle pas une preuve merveilleuse et glorieuse d'une puissante victoire au-dedans d’eux ? Quand vous réfléchissez à ce qu'ils étaient naturellement et comment ils avaient été auparavant ! (comme ils s'étaient plaints l'un l'autre, avaient discuté et s'étaient disputés pour savoir qui serait le premier et ainsi de suite) A présent, ils se tiennent ensemble, ils sont comme un seul homme.Quelque chose s'est passé, il y a eu une victoire au-dedans, pour rendre cette vraie relation du type "à côté de lui". Quand l'apôtre Paul place devant nous la plénitude de la pensée de Dieu quant à Son Église, il présente si admirablement cette relation par son image du Corps de Christ, avec la dépendance et l'interdépendance de ses membres. Toute partie se trouve à la place désignée par le Seigneur, fonctionnant en relation avec toute autre partie. Cela à cause de cette victoire dans le peuple du Seigneur ! Ce sera un témoignage, plus de jalousies, de rivalités, de critiques, de méchancetés, de considérations ou d'impressions personnelles, plus rien de tout cela. Les intérêts du Seigneur viennent en tête. Le témoignage du Seigneur Jésus élimine toutes ces choses. Demandons au Seigneur de nous accorder une mentalité comme celle-ci, de venir sous l'influence pénétrante du Saint-Esprit, cette passion de Dieu pour un tel témoignage. Et prenons sérieusement à cœur ces aspects pratiques. C'est la conclusion de tout ce que nous avons dit. De nouveau, je fais appel à vous pour que vous vous éloigniez des types, des figures, des illustrations et en veniez aux réalités spirituelles et pratiques. Par la grâce de Dieu, nous sommes appelés à ajouter au moins quelque chose à ce qui a été le souci du Seigneur durant les siècles : amener le témoignage plus près de l'état complet. Mais en chaque siècle les mêmes principes sont introduits, les mêmes traits distinctifs doivent être la caractéristique. Toutes ces choses doivent être vraies.

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