lundi 30 octobre 2017

Le Bon Combat par T. Austin-Sparks

« Je te confie cette ordonnance, mon enfant Timothée, selon les prophéties qui ont été précédemment faites à ton sujet, afin que par elles tu combattes le bon combat », 1 Timothée 1 :18.
« Combats le bon combat de la foi; saisis la vie éternelle, pour laquelle tu as été appelé et tu as fait la belle confession devant beaucoup de témoins », 1 Timothée 6 :12.
« Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ », 2 Timothée 2 : 3.
                     Si nous devions retenir un seul fragment représentatif de ces deux lettres, je pense que ce serait le dix-huitième verset du premier chapitre de la première lettre de Paul à Timothée : « Je te confie cette ordonnance, mon enfant Timothée … que tu combattes le bon combat. » Méditons un instant sur ces deux lettres.
                    Tout d’abord, rappelons que Timothée était un jeune homme. Comparé à des hommes considérés comme forts, il était apparemment de frêle constitution. Paul met ceci en évidence en l’exhortant à être fort de corps et d’esprit. Dans ce contexte, nous devons nous souvenir de toutes ces choses pour lesquelles l’apôtre Paul mandate et responsabilise ce jeune homme. Ces deux épîtres contiennent certaines des plus grandes choses jamais confiées à un homme, qu’il soit jeune ou âgé. Aussi, Paul ne tient pas entièrement compte de la jeunesse de Timothée. Au contraire, il élève ce jeune frère à un très haut niveau, cherchant à lui faire comprendre que la grâce et la puissance de Christ peuvent faire de lui un homme d’une grande envergure spirituelle.
                    L’idée répandue parmi les hommes, est de tout ramener aux capacités naturelles. Or, la Parole de Dieu démontre que le Seigneur cherche toujours à élever les hommes, au-delà de leurs aptitudes naturelles, vers quelque chose de bien plus haut. Ainsi, Timothée n’est pas considéré comme quelqu’un de faible, qui importe peu dans les choses de Dieu. Au contraire, Paul s’adresse à lui de façon à nous faire réaliser combien l’appel de tout serviteur de Dieu est transcendant ! Combien une telle vocation est suréminente !
                    Ceci s’applique non seulement à ceux qui sont jeunes dans la foi, mais également à tous ceux qui appartiennent au Seigneur. Ces épîtres sont un grand appel à la maturité, à s’élever au-dessus de tout, car c’est le Seigneur qui nous y convie. Ayant présenté les choses telles quelles sont, examinons cet appel de plus près. Nous allons maintenant considérer la signification dominante de ces lettres et non pas nous arrêter à tous les détails qui s’y trouvent. Il ne s’agit pas d’étudier ces épîtres méthodiquement, verset par verset, ni même d’en considérer les principaux passages. Nous chercherons plutôt à voir ce qu’elles signifient pour nous dans leur ensemble. A cette fin, nous devons commencer par contempler l’auteur lui-même, l’apôtre Paul.
                    Nous savons que Paul écrivit ces lettres en prison. C’était ici son ultime emprisonnement après plusieurs autres. Pour ainsi dire, la seconde épître nous amène au point où le bourreau tient le glaive en main. Paul écrit : « Je sers déjà de libation, et le temps de mon départ est arrivé », (2 Timothée 4 :6). Lorsqu’il écrit sa seconde lettre à Timothée, sa vie est arrivée à son terme. Il est généralement admis qu’un certain laps de temps s’est écoulé entre ces deux lettres. Après avoir écrit la première, alors qu’il était en prison à Rome, Paul fut relâché pour un temps. Puis, il fut arrêté de nouveau et condamné à mort. Quoi qu’il en soit, Paul, au moment de cette deuxième épître, est arrivé à la fin de son séjour ici-bas. Il est emprisonné et, comme l’indique cette lettre, il demeure presque seul.
                    Ces lettres sont caractérisées de façon frappante par le fait que l’apôtre Paul reste constamment dans l’ardeur et l’effervescence du combat de la foi. Quelles que soient la situation et les circonstances, la ferveur habite toujours dans son cœur. C’est la flamme du combattant. Remarquons les termes militaires employés par l’apôtre, tels que « soldat » et « combat » par exemple. Ces deux lettres sont pleines de l’esprit battant et combatif de cet apôtre héroïque. Nullement refroidi, il cherche à stimuler et à dynamiser le feu intérieur dans le cœur de ce jeune homme.
                     Quelle dette de l’Église, à travers les siècles, envers cet esprit vaillant et intrépide de l’apôtre ! Il ne capitula jamais ni ne déposa jamais les armes. Il fut parfois blessé, éraflé et abattu, portant sur lui les marques d’un très long combat. Jusqu’à la fin, il ne désarme pas, ni ne se laisse dominer. Je répète que l’Église a contracté une immense dette envers cet apôtre. Ce genre d’esprit combatif jusqu’à la fin placera toujours les autres dans une position de responsabilité et d’exigence – sous une grande obligation.
                     Si vous et moi, nous sommes tentés de battre en retraite, de fléchir ou d’abdiquer, si nous avons l’impression que ce combat est perdu d’avance, nous perdons beaucoup nous-mêmes. En outre, nous privons nombre de frères et de sœurs d’obtenir ce à quoi ils auraient pu prétendre si seulement nous avions combattu jusqu’à notre dernier souffle.
Le Facteur Temps
                    Le temps et le facteur temps sont déterminants dans ces épîtres. Nous savons que Paul avait laissé Timothée à Éphèse, et qu’il y exerçait des responsabilités au sein de l’assemblée. En quelque sorte, Éphèse était la porte de toutes les assemblées d’Asie Mineure. Depuis Éphèse, la Parole de Dieu se répandit dans toute cette région. Dans le livre de l’Apocalypse, la toute première assemblée nommée parmi les sept églises est Éphèse. Il est important de nous rappeler ces faits lorsque nous considérons ces deux épîtres à Timothée, car ils en éclairent le contenu. Ce temps d’alors était d’une extrême importance.
                    Paul fut exécuté en l’an 68. Jean écrivit l’Apocalypse - donc ces lettres aux sept assemblées d’Asie - en l’an 96. Ainsi, vingt-huit ans séparent les conditions spirituelles évoquées dans les épîtres à Timothée puis dans le livre de l’Apocalypse – et quelles conditions ! Pensons à tout ce que le Seigneur accorda à ces assemblées d’Asie au travers de Paul. Combien cet homme s’est investi et sacrifié pour ces assemblées. Nous pensons à ces merveilleuses lettres aux Éphésiens et aux Colossiens, et aux autres qui circulaient alors parmi ces assemblées. Considérons une seule de ces lettres, celle aux Éphésiens par exemple. La profondeur des choses qui y sont écrites est telle que jamais nous ne pourrons l’épuiser même avec la plus longue des vies. Tant de sagesse, tant de révélation et de connaissance, tout ceci se trouve pratiquement éteint en l’espace de vingt-huit ans. Nous lisons ces lettres de Paul aux assemblées d’Asie, puis celles du livre de l’Apocalypse. Vingt-huit ans les séparent ! Quelle tragédie ! Un homme avait pu autant se donner, ces assemblées avaient tellement reçu et pourtant moins de trois décennies plus tard, le Seigneur avait dû dire : « Je connais tes œuvres : J’ai contre toi, j’ai quelque chose contre toi, repens-toi. » Dans ces deux chapitres de l’Apocalypse, nous découvrons une situation spirituelle déplorable. Comment ceci fut-il rendu possible ? Voyez-vous, j’appelle cela le facteur « temps » et il est très significatif.
                    Le commencement, ou les commencements de cette triste situation évoquée dans le livre de l’Apocalypse, vingt-huit ans après, figurent déjà dans les lettres à Timothée. Nous y trouvons l’amorce du déclin, ainsi que l’attitude des assemblées envers Paul à la fin de sa vie. Quelle était donc la position de ces assemblées envers l’apôtre et son ministère ? (Bien entendu, l’homme et le ministère ne font qu’un). Paul écrit : « – tous ceux qui sont en Asie … se sont détournés de moi. », (2 Timothée 1 :15).
                    Ceci est très révélateur et démontre à quel point l’attitude de beaucoup changea par rapport à l’homme et à son ministère. Ensuite, Paul nomme en particulier cinq hommes qui s’opposèrent à lui et à sa doctrine. Il y avait Alexandre, l’ouvrier du cuivre, à propos duquel Paul déclare : « [il] a montré beaucoup de méchanceté envers moi », (2 Timothée 4 :14). Il y avait aussi Hyménée et Philète (2 Timothée 2 :17) puis Phygelle et Hermogène (2 Timothée 1 :15). Paul les désigne comme faisant partie de ceux qui s’opposèrent à lui et à son enseignement. Ces cinq hommes lui montrèrent « beaucoup de méchanceté ». Telle fut leur attitude, et, apparemment, ces hommes jouissaient d’une certaine influence dans l’assemblée. Lorsque pour une dernière fois, Paul appela les anciens de l’assemblée qui était à Éphèse, il leur dit : « Il se lèvera d'entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux . » (Actes 20 : 30). Certains étaient opposés à la saine doctrine au sein même de l’assemblée.
                    Paul dit ensuite, comme avec un soupir de tristesse : « Démas m'a abandonné, ayant aimé le présent siècle ; et il s'en est allé à Thessalonique . » (2 Timothée 4 :10). Démas s’en alla à Thessalonique, ce fut sa tragédie. En prenant en compte ce que Paul écrit aux Thessaloniciens, nous comprenons que Démas n’a certainement pas été le bienvenu parmi eux. Les assemblées de cette région étaient d’une grande loyauté envers Paul. Lorsque Démas parvint à Thessalonique, je ne pense pas qu’il y soit resté longtemps. Paul rappelle : « Démas m’a abandonné », « Tous ceux qui sont en Asie se sont détournés de moi », « Luc seul est avec moi ». Nous percevons un changement radical d’attitude de la plupart envers l’apôtre et son ministère, celui à qui ils devaient tant.
                    A l’évidence, Timothée a besoin d’être encouragé et fortifié : « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus … Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ . » Ces deux lettres abondent de ce genre de recommandations. Timothée faisait face à de grandes difficultés, peut être en raison de ce changement d’attitude envers Paul, et peut être aussi en raison de son association avec lui. Le verset suivant semble l’indiquer : « N'aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier. » (2 Timothée 1 :8). Vous connaissez le principe : si quelqu’un est objet de la défiance et se trouve placé sous un nuage de suspicion, les plus faibles éviteront de révéler leur association avec un tel individu. Pour essayer de garder la face, ils chercheront à cacher une telle relation et ils tairont leur association avec celui qui est placé sous la suspicion. Il semble clair que Timothée devait faire face à une semblable situation « … ni de moi son prisonnier », écrit l’apôtre.
                    Tant d’éléments font ici référence au combat, à la bataille. Timothée devait être fortifié, exhorté et encouragé à tenir ferme. Il était sous la menace d’être découragé, d’être pris au dépourvu. Il devait affronter l’influence de ces hommes puissants tel Alexandre, l’ouvrier du cuivre, et de tous les autres aussi. C’est pourquoi Paul l’exhorte ainsi : « Que personne ne méprise ta jeunesse. » (1 Timothée 4 :12). Voyons-nous la situation critique à laquelle Timothée devait faire face ? Il avait bien besoin de lire ces paroles de l’apôtre Paul.
Le Comportement dans la Maison de Dieu
                    Nous voyons, surtout dans la seconde lettre à Timothée, que Paul met l’accent sur une deuxième chose à savoir le comportement dans la maison de Dieu : « Afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu. » (1 Timothée 3 :15). Plusieurs autres sujets viennent en complément : les anciens et les serviteurs, les questions concernant la conduite, les positions, les services et les comportements dans la maison de Dieu. Pourquoi autant de sujets, de conseils, d’informations ? Parce que les choses commençaient déjà à se dégrader. De toute évidence, l’ensemble de ce qui concernait l’assemblée et son fonctionnement devait être le sujet de corrections, de remises en question, de renforcement spirituel, d’exhortations diverses. Ces lettres de Paul signifient que les conditions spirituelles évoquées dans le livre de l’Apocalypse avaient déjà commencé à arriver dès la fin de la vie de l’apôtre. Le déclin durera les vingt-huit années qui séparent les lettres à Timothée et le livre de l’Apocalypse. Paul savait ce qui était en jeu et comment les choses évolueraient si rien n’était fait.
                    A cause du déclin se développant et des ennemis internes et externes aux assemblées, nous trouvons ces appels répétés au combat : « – que tu combattes le bon combat … combats le bon combat de la foi … comme un bon soldat de Jésus Christ ». Il ne doit exister aucun sentimentalisme dans la foi chrétienne, aucune complaisance. L’Église n’est pas un lieu de divertissement, c’est un camp d’entraînement pour les soldats de la foi. C’est un lieu de préparation pour le combat et s’il y a des blessés, c’est aussi un lieu où ceux-ci sont guéris afin de les relancer dans la bataille. C’est ce que ces épîtres enseignent au sujet de l’Église. Les assemblées n’existent pas pour que nous y trouvions toutes sortes de divertissements. Nous devons prendre conscience que nous sommes engagés dans un des plus âpres combats. Tout ce que Paul et Jean ont écrit à propos des assemblées d’alors est toujours valable aujourd’hui. Ne nous voilons pas la face quant à ces choses qui demeurent d’une extrême importance.
                     Quelles étaient donc les circonstances et les forces en jeu, pour que Paul lance un tel défi à Timothée ?
Le Combat Céleste
                    Nous devons préciser ici, comme le dit Paul dans son épître aux Ephésiens, que cette lutte n’est pas « contre le sang et la chair » ; c'est-à-dire ni contre l’homme, ni contre des choses. Avez-vous remarqué que Paul dit au sujet d’Alexandre : « Alexandre, l'ouvrier en cuivre, a montré envers moi beaucoup de méchanceté ; le Seigneur lui rendra selon ses œuvres ». Il est possible que Paul se soit montré vindicatif et amer envers cet homme. Peut-être a-t-il sorti son épée contre lui ? Car Paul était fort capable d’utiliser des paroles puissantes lorsqu’il le désirait. C’est ainsi qu’il s’oppose contre les imposteurs en Galatie : qu’ils soient « anathème », autrement dit, que la malédiction divine soient sur eux (Galates 1 : 8, 9). Mais bien qu’Alexandre ait usé de beaucoup de méchanceté envers Paul, celui-ci écrit : « le Seigneur lui rendra selon ses œuvres ». Je le laisse aux mains du Seigneur. Il ajoute même : « que cela ne leur soit pas imputé » (2 Timothée 4 :16). Paul ne combat pas contre les hommes, contre le sang et la chair. Il s’agit d’un combat spirituel. C’est ce que nous devons retenir tandis que nous examinons quelques aspects de ce conflit.
1. Contre l’Affaiblissement du Niveau Spirituel
                      De toute évidence, l’apôtre Paul lance un appel déterminé contre le déclin et la régression spirituels, contre l’amoindrissement de la vie spirituelle. La vie spirituelle de l’Église est toujours en danger d’affaiblissement, de régression, d’obscurcissement spirituels. Parfois ces choses sont exprimées de façon convaincante : « Retournons au simple Evangile ! » C’est une autre façon d’exprimer : « Ne nous élevons pas trop haut dans les choses spirituelles. Contentons-nous de ce qui est facile et plaisant ! »
                    Dans ce contexte, l’apôtre enseigne : « Car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s'amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises. » (2 Timothée 4 :3). Autrement dit : « S’il vous plaît dites-nous des choses agréables, des choses divertissantes, apaisez-nous avec votre langage et enlevez-nous ce désagrément de cet incessant appel à quelque chose de plus haut et de plus grand. Changez les choses pour nous, ramenez-les à notre niveau. » Cette attitude, précisément, fit faire naufrage aux assemblées de l’Apocalypse et leur valurent d’être blâmées par le Seigneur vingt-huit ans plus tard. Paul désire mettre ceci en avant : « Timothée n’aies rien à voir avec ces choses. Ressaisis-toi ! La lutte n’est pas avec la chair et le sang. Elle se situe en fait contre cette tendance persistante à affaiblir la vie spirituelle, à sans cesse régresser. Ne considère même pas cette perspective – à aucun prix ! Maintiens le niveau spirituel auquel tu as été appelé. »
2. Contre la Perte de la Mesure Spirituelle
                    « Timothée, sois en garde contre toute perte éventuelle de la plénitude qui t’a été révélée et à laquelle tu as été appelé. » Sans aucun doute, l’apôtre Paul a toujours présenté la plénitude de l’appel céleste en Christ à tous ses auditeurs, aux assemblées et à ses collaborateurs, vocation qui demeure très riche et élevée.
                    Dans ces épîtres de Paul, nous constatons la tendance - déjà généralisée - à la dégradation et à la dévalorisation de cette vocation ; d’où son encouragement : « Combats le bon combat de la foi. » Ce que Paul entendait par « la foi » est expliqué dans toutes ses lettres : la foi représentait quelque chose d’immense et rempli de signification. Le danger toujours présent, à cette époque comme aujourd’hui, est d’abandonner quelque aspect de la foi, d’en sacrifier une partie, de concéder certains aspects de la grande plénitude de Christ à laquelle nous sommes tous appelés.
3. Contre Toutes les Formalités
                    Timothée doit aussi affronter toute possibilité de rituels et de cérémonials qui auraient pour effet l’extinction de la spiritualité et de la vie.
                    Il apparaît clairement que Paul a beaucoup à dire au sujet des anciens : sur leur comportement, leurs aptitudes et capacités, leurs critères de vies, leurs dons. De même à propos des serviteurs : ceux qui servent l’assemblée, qui s’adonnent à toute sorte de service. Alors qu’il met en avant tant de choses en rapport avec le peuple de Dieu et la vie d’assemblée, il tend à corriger certaines conditions qui commençaient à prévaloir. Quelles étaient ces conditions ? Tout ce qui se résumait à des coutumes, des usages, des traditions. Par exemple, que la vocation d’ancien ne soit réduite à une simple fonction, idem pour les serviteurs ou, à l’inverse, que ces hommes élèvent la position et le prestige au-dessus du service sacrificiel. L’apôtre cherche à arrêter une tendance qui sacrifie la vie et la spiritualité au profit de la médiocrité des usages et des traditions. Si nous le comprenons bien, Paul s’exprime de la façon suivante : « Un ancien n’est pas un officiel. Il n’est pas élevé à cette position en vertu d’un certain savoir ou de certaines ressources, d’une place sociale ou d’une relative popularité. Le danger serait d’accorder certaines responsabilités à des hommes tout en s’appuyant sur ce genre de critère. Appartenant à une certaine classe sociale, ils sont aisés, ils disposent de reconnaissance parmi les hommes et ainsi une position leur est octroyée. » Paul dit « Non ! » à ce genre de raisonnement. Un ancien est un homme spirituel ou alors il n’est rien. Ces fonctions doivent être préservées par des moyens spirituels, il n’est pas concevable de les laisser se métamorphoser en autre chose. Ces principes s’appliquent à tous ceux qui exercent des responsabilités dans l’assemblée. L’assemblée n’est pas une quelconque entité organisée et tenue par des rituels, des usages ou traditions. L’assemblée est un corps vivant – une expression vivante du Seigneur Jésus – sinon, elle n’est rien.
                    J’aimerais ajouter plusieurs choses à propos de l’Eglise du Nouveau Testament. Comme vous le savez, beaucoup a été dit et écrit au sujet des assemblées du Nouveau Testament. Je me demande quelles sont ces idées et ces vues. Personnellement, j’ai étudié ce sujet pendant plusieurs décennies, et aujourd’hui je suis obligé de dire : « Je me demande à quoi ressemble une assemblée du Nouveau Testament ! » En fait, nous ignorons ce qui se passait vraiment dans ces assemblées. Nous disposons de certains éléments, de certains principes spirituels et de certaines lignes de conduite, des choses qui doivent être maintenues. Mais je désire faire remarquer que la caractéristique principale des assemblées du Nouveau Testament était la spiritualité. Au commencement, il n’y avait rien de cérémonieux, rien de traditionnel : seule la vie prévalait.
                    Dans ses lettres adressées à Timothée, l’apôtre laisse entendre que tout ce qui touche les assemblées a commencé de dégénérer par le formalisme, le légalisme, l’autocratisme. Le cri de Paul était : « Timothée, tiens ferme contre ces choses ! Fais barrage contre elles ! Combats pour la spiritualité, pour la vie » ; « saisis la vie éternelle, pour laquelle tu as été appelé ».
4. Contre la Perte de la Ferveur Spirituelle
                    Timothée se devait de combattre la perte de cette ferveur, de cette vigueur, de cet enthousiasme spirituels qui étaient le vrai caractère du Seigneur et de Ses serviteurs. Ici Paul encourage : « je te rappelle de ranimer le don de grâce de Dieu qui est en toi ». Il exhortait Timothée à attiser le feu de la foi, à le raviver car les éléments spirituels périclitaient rapidement, ils s’étiolaient. La flamme de la vie se trouvait menacée. Vous savez, lorsque les choses deviennent formelles, la ferveur spirituelle disparaît. Un tel état des choses prouve que ce qui était grand, louable et digne n’est plus. Combien Paul exhorte Timothée à maintenir un haut niveau de spiritualité ! Il souhaite que cette attitude de Timothée soit communicative et transmissible : « Ranime Timothée, ranime la ferveur spirituelle ; combats contre la perte de la vigueur de la foi ! » Dans une autre lettre, Paul exprime cette pensée : « Quant à l'activité, pas paresseux ; fervents en esprit ; servant le Seigneur » (Romains 12 :11). Le sens de cette phrase est en fait : « Maintenir la ferveur spirituelle ». Paul insiste auprès de Timothée précisément sur ce point : « Ranime le feu ! Ne perds aucune ferveur, maintiens la vigueur spirituelle et résiste à tout ce qui la menace ! »
5. Contre la Perte des Responsabilités
                      Enfin, Timothée se doit de combattre contre toute tendance qui provoquerait la diminution de la responsabilité et de la vocation spirituelles. C’est ce qui est indiqué par Paul lorsqu’il écrit : « O Timothée, garde ce qui t'a été confié ». Le sens du propos de Paul est : « Timothée préserve à tout prix la charge, l’obligation qui t’ont été confiées. Conserve cette administration qui t’a été conférée et défends-la contre toute tendance à la régression. Maintiens et protège ta vocation. »
                      Tout ce que Paul dit alors à Timothée, il l’adresse aussi à nous aujourd’hui encore. Du plus jeune au plus âgé parmi nous, nous devrions tous avoir un sens de vocation élevé et fort. Ceci n’est pas du tout optionnel : que nous le désirions ou pas, que cette position nous convienne ou pas, ceci ne change en rien la réalité des choses auxquelles nous avons été appelés. Nous ne pouvons pas choisir lorsque le Seigneur nous appelle. Nous sommes contraints d’aller de l’avant ; c’est notre responsabilité. C’est une charge qui nous a été confiée.
                     En nous souvenant d’Esdras, nous nous rappelons que lorsqu’ils se mirent en route pour reconstruire la ville, ils emmenèrent avec eux des biens précieux pris à Babylone, de l’or et de l’argent. Ils durent apporter l’ensemble à Jérusalem, sans aucune perte, dans sa totalité et ils réussirent à le faire. Ils invoquèrent l’Eternel afin qu’Il les protège en route et qu’ils puissent ramener ce trésor à destination. Il est écrit qu’ils rapportèrent tout ce qui leur avait été confié et ils le déposèrent dans la maison de Dieu. Rien ne fut ni perdu ni égaré. C’était une charge, un dépôt, une administration qu’ils gardèrent jusqu’au bout.
                     Chers amis, le témoignage de Jésus nous a été confié dans sa plénitude à vous et moi. Il nous a été confié une grande révélation de Christ. Nous constatons que, pour une majorité, la chrétienté se limite au domaine des sens : les gens y recherchent ce qu’ils désirent obtenir pour eux-mêmes. Nous sommes donc confrontés à un défi : maintenir coûte que coûte la vérité de la foi et de la vie spirituelle, même au prix de notre vie. Nous devons nous assurer que rien de tout ce qui nous a été confié ne soit perdu. La question n’est pas de savoir si cela nous convient ou non, d’y trouver quelque satisfaction personnelle, d’obtenir un certain loisir. Non ! Nous sommes engagés dans un combat ! La question demeure la suivante : sommes-nous prêts et déterminés à rapporter au but ce trésor, ces richesses qui nous ont été confiés, c'est-à-dire aux pieds du Seigneur et ce, en dépit de toutes les adversités ? Serons-nous capables de dire en ce jour-là : « Voici Seigneur, je te rends ce que tu m’avais confié, rien n’a été perdu. Tu m’as donné abondamment, je te restitue tout. » En référence à la parabole des talents, ce qui est rendu l’est avec intérêts, avec une multiplication.
                     En considérant ces lettres à Timothée, nous voyons clairement l’appel et le défi qui lui sont adressés en tant que membre représentatif de l’assemblée : il ne doit rien perdre de sa vocation céleste. L’exhortation s’adresse à la responsabilité envers Christ et envers Son Assemblée qui est Son Corps. Nous ne sommes pas ni des observateurs passifs, ni des passagers oisifs qui attendent d’être choyés, portés et nourris. Nous devons faire partie de ceux qui endossent des responsabilités dans une perspective de vocation. A chacun d’entre nous, le Seigneur Jésus Christ a confié un dépôt, une charge. Au dernier jour, Il contemplera ce que nous en avons fait.
                      Voyez-vous, c’est ici la signification de ces lettres adressées à Timothée. Aujourd’hui, nous sommes malheureusement devenus familiers avec la médiocrité au niveau spirituel. Nous sommes habitués à cette tendance constante à la détérioration, à l’avilissement, à la corruption du domaine spirituel. C’est un combat incessant que d’essayer de garder les critères du Seigneur, de maintenir les choses spirituelles à leur niveau, de préserver la plénitude spirituelle. Nous devons faire face à toutes sortes d’adversités : les pressions diverses, les influences néfastes, les découragements multiples, les déceptions amères, les frères déloyaux et perfides – il y a des Alexandre, ouvriers du cuivre.
                    C’est pourquoi le conflit et le combat ne cesseront jamais. Nous y serons engagés jusqu’à la fin. Depuis sa conversion jusqu’à son exécution, la vie de Paul fut marquée par les conflits et il n’y eût point de relâche jusqu’au terme de son existence. Si, de fait, le témoignage de Jésus est inextricablement lié à un instrument, qu’il soit individuel ou collectif, il est alors inéluctable que Satan et ses forces maléfiques s’acharnent dans une grande opposition. Car un tel instrument est suscité, en partie, pour tenir ferme contre ces puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes. Que ce soit individuellement ou collectivement, si nous sommes appelés en réalité selon l’appel céleste du Christ Jésus, alors nous n’échapperons pas à cette antipathie et à cette opposition des forces mauvaises. Ainsi, le combat durera jusqu’à ce que nous ayons résisté : « et, après avoir tout surmonté, tenir ferme. » Que le Seigneur nous fortifie et nous affermisse jusqu’à la victoire finale !

samedi 28 octobre 2017

Simulation Exagération Prédominance par T. Austin-Sparks

                   Pour beaucoup, les paroles adressées au « roi de Babylone » dans Esaïe 14, ont une application bien plus large qu’il n’y paraît. Si nous discernons que ces paroles font référence à un être angélique d’antan, elles seront alors pleinement comprises. Des déclarations autres ainsi que des allusions trouvées dans la Bible, comme par exemple Jude 6 ; 2 Pierre 2 : 4 et Luc 10 : 18, corroborent fortement cette assertion.
                     Si ce qui précède est vrai, nous sommes alors éclairés au sujet des trois étapes qui ont conduit Satan à sa chute. Ces situations évoquent également le déclin de nombreuses autres choses qui ont pourtant bien commencé. Le sujet n’est certes pas plaisant, toutefois cette leçon comporte nombre d’enseignements utiles et solennels, que nous pouvons apprendre.
SIMULATION
« Je serai semblable au Très-haut », Esaïe 14 : 14
                     Les Ecritures renferment suffisamment d’exemples démontrant que l’une des méthodes les plus utilisées par Satan est l’imitation de Dieu et l’imitation de la vérité de Dieu. L’évidence de cette vérité conduit la Parole à insister très fortement sur le besoin de posséder le discernement spirituel en tant que don, ce dernier étant une marque de l’onction. Ceci caractérise « celui qui est spirituel » –l’homme spirituel. Nous pouvons affirmer que l’une des fonctions fondamentales de l’Esprit Saint est le discernement. L’Esprit de Dieu est dénommé, ou représenté, comme Celui qui a « sept yeux », ce qui signifie la perfection de la vision spirituelle. Dans ce contexte, la citation d’un paragraphe évocateur de Mr. Tozer paraît ici appropriée :
Ne serait-ce pas ici notre plus grand besoin ?
                   « Lorsque nous observons la scène religieuse aujourd’hui, focalisés sur quelque faiblesse, nous sommes enclins à exprimer : « C’est ceci qui ne va pas dans l’Eglise. Si cette chose pouvait être corrigée, nous pourrions alors retrouver la gloire de l’Eglise primitive. Nous connaîtrions à nouveau des temps bénis de l’Esprit. » Cette tendance à trop simplifier la condition actuelle est en elle-même une faiblesse et devrait être évitée avec soin. Pour cette raison, j’hésite à évoquer même un seul défaut du Christianisme contemporain, et à contingenter tous nos problèmes à une cause unique. Sans aucun doute, ce qui est appelé la foi chrétienne souffre d’un déclin rapide ; cependant, en découvrir la cause n’est pas chose aisée. Néanmoins, je peux dire que j’ai observé une lacune de taille parmi les chrétiens évangéliques, peut-être est-ce la raison principale de l’ensemble de nos troubles spirituels ? Si ceci est vrai, alors la correction de ce manque pourrait s’avérer être ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui.
                    La grande déficience à laquelle je fais référence est le manque de discernement spirituel, surtout en ce qui concerne nos conducteurs. Comment est-il possible d’avoir autant d’enseignements bibliques tout en ayant si peu de lumière et si peu de conséquence morale ? C’est l’une des plus déroutante énigme d’aujourd’hui. Sans doute y a-t-il beaucoup de livres chrétiens publiés aujourd’hui, plus qu’à n’importe quelle autre époque ; et jamais les écoles bibliques n’ont-elles eu autant d’influence que présentement. Si la connaissance de doctrines bibliques était une garantie de spiritualité, notre époque serait indubitablement la plus pieuse de toute l’histoire de l’Eglise. Bien au contraire, notre époque peut être considérée comme étant celle de la captivité babylonienne de l’Eglise ; ou encore celle de la mondanité, où l’Epouse de Christ s’est laissée courtiser par les hommes déchus. Les chrétiens évangéliques, sous des influences issues du diable, se sont laissés emporter par le monde. Indéniablement, ils s’y sont totalement abandonnés.
                   Que cette disgracieuse infidélité se soit produite aux yeux de tous, avec l’accord tacite de nos conducteurs et docteurs évangéliques, est l’une des plus tragiques affaires de l’histoire de l’Eglise. Malgré tout, je ne peux croire que cette grande reddition fut faite par des hommes fondamentalement mauvais et qui s’engagèrent consciemment dans la destruction de la foi de nos pères. De nombreuses personnes, dévouées et bienveillantes, ont collaboré avec les traîtres qui nous ont trompé. Pour quelle raison ? Une seule réponse possible : par manque de vision spirituelle. Quelque chose de semblable à une nébulosité s’est abattue sur l’Eglise comme « le voile qui couvre tous les peuples, et la couverture qui est étendue sur toutes les nations. » Un tel voile est tombé jadis sur Israël, ce fut un temps tragique pour cette nation. Dieu suscita l’Eglise et délaissa temporairement Israël, Il ne pouvait confier Son témoignage à un peuple aveugle. Nous avons assurément besoin de recouvrer notre vue spirituelle si nous espérons échapper au même fléau qu’Israël. Aucun doute n’est possible : l’un des plus importants impératifs pour aujourd’hui est d’obtenir des conducteurs possédant une vision prophétique. Nous avons désespérément besoin d’hommes dotés d’une vision spirituelle pénétrant la brume épaisse qui s’est abattue sur nous. A moins que le Seigneur ne les suscite rapidement, il sera trop tard pour cette génération. S’ils venaient, sans doute en crucifierions-nous quelques uns au nom de notre orthodoxie mondaine. Mais la croix est toujours l’annonce de la résurrection. L’évangélisation n’est pas ce dont nous avons besoin, car elle ne fait que répandre de la religiosité, quelle qu’en soit la nature. Au détriment de la qualité de ce que nous prêchons, c’est le plus grand nombre de gens qui est constamment recherché. La tragédie évangélique actuelle réside dans l’acceptation d’une forme dégénérée de la foi chrétienne, annoncée comme étant celle des apôtres. Nous y introduisons de nouveaux convertis sans que ceux-ci ne se posent la moindre question. Pendant ce temps, nous nous éloignons de plus en plus du modèle du Nouveau Testament. Nous devons connaître un renouveau spirituel. Une coupure intransigeante et sans compromis avec cette pseudo religion s’avère nécessaire. De façon totalement irresponsable, elle ne fait que satisfaire les chercheurs de divertissement profane présenté comme chrétien. Cette fausse foi chrétienne s’étend par tout le monde, encouragée par des hommes charnels employant des méthodes contraires aux Ecritures pour parvenir à l’accomplissement de leurs ambitions. »
                    Dans le Nouveau Testament bien des choses avaient pour but d’établir le témoignage de Christ, d’édifier le Corps de Christ, de glorifier Christ. Pour ces raisons mêmes, elles ont été usurpées par Satan. Elles ont été imitées, simulées, puis ont été présentées comme étant la vérité. Ces méthodes de l’ennemi n’ont servi qu’à discréditer le Seigneur. Ces choses ressemblent tant à ce qui est vrai, que beaucoup parmi le peuple de Dieu se retrouvent trompés, perplexes et conduits dans l’erreur. Depuis le commencement, le mélange du vrai et du faux a toujours été une méthode efficace de séduction. Dieu est imité par l’idolâtrie, par la fausse adoration. Christ est imité par les anti-christs. L’Esprit Saint est imité par des « dons » et des « prophéties ». L’homme est séduit par le psychique en imitation du spirituel. Des chrétiens se trouvant dans des situations difficiles, accablés par le stress, par des traumatismes divers, par des accusations et suspicions en tout genre se ruent chez les psychiatres. Les méthodes employées pour les « libérer » de leur condition, est de les laisser s’exprimer, révélant des choses personnelles, parfois même par l’hypnotisme. Tout ceci a des effets psychologiques et les patients se sentent soulagés. Ce qui est recherché avant tout est l’expression du Moi. Certains témoignent même que les remèdes des psychiatres sont parfois plus révolutionnaires que la nouvelle naissance elle-même ! Mais la situation de ces mêmes personnes, quelque temps plus tard, est plus désastreuse que jamais.
                     La psychologie – la science de l’âme – peut être le moyen le plus efficace employé par Satan pour imiter le spirituel, plongeant ensuite l’âme dans une détresse profonde et souvent inextricable.
                     Une certaine libération de l’esprit peut être obtenue dans la prière et la louange, parfois l’esprit ne peut être soulagé que par ces moyens-là. Ajoutons que la communion fraternelle peut être tout autant une panacée en vue d’une telle bénédiction. En revanche, il existe une contrefaçon, une falsification, qui se manifeste par des activités de l’âme au travers de ce qui est bruyant, extravagant et répétitif. Par exemple, la musique peut se révéler à la fois une grande bénédiction et un grand danger. « En esprit » est le critère divin.
EXAGERATION
« Je monterai sur les hauteurs des nues. »
                     Tout ce passage du prophète Esaïe 14 est une exagération. Ce qui est insinué ici et exprimé par des superlatifs, sont l’excès, la démesure et l’outrance.
                    « Je monterai… J’élèverai… Je m’assiérai… », signifie en fait « Je surpasserai » ; c’est l’ambition intarissable poussée jusqu’à la folie. C’est l’orgueil effréné et démesuré, c’est une attitude qui ne connaît ni la modestie, ni l’humilité ou la dépendance. C’est la mégalomanie parvenue à son paroxysme. C’est l’amplification, comme si c’était possible, de ce qui est louable et vrai. C’est aller au-delà de tout critère, c’est le surenchérissement absolu. C’est ici le péril de l’âme, ambitieuse, orgueilleuse, sans frein. Si Satan ne peut pas retenir et entraver l’œuvre de Dieu, il incitera aux excès et aux errements. Si jamais il trouve une consécration sincère, il tentera de la pousser jusqu’à l’aberration. S’il décèle une âme dévouée, il essaiera d’ajouter à la vérité de façon à ce que la vérité devienne une erreur.
                   Toutes les démesures de la personnalité, du « Moi » se trouvent dans l’appellation : « le roi de Babylone », « N'est-ce pas ici Babylone la grande, que j'ai bâtie ? ». Le « Je », l’ego, le Moi, s’affirment, se mettent en avant et prédominent. L’autorité, l’habilité naturelle et le don de conduire deviennent alors autocratiques, dictatoriaux voire tyranniques. Bien souvent, il existe une subtile différence entre l’autocratie et l’autorité spirituelle ; c’est précisément ici que le discernement spirituel est essentiel. Les forces naturelles, celles de l’âme, contraignent et imposent leurs lois. La conduite spirituelle, au contraire, est issue de la souffrance, d’une relation étroite avec Dieu. Elle établit un niveau de critère élevé et le préserve. Une telle autorité peut être difficile à accepter par la chair, et sera souvent mal interprétée. L’autorité et la conduite spirituelles sont un don de très grande importance, personne n’ira loin sans elles. C’est pourquoi Satan a toujours suivi de près ces hommes afin d’exagérer ce don et, si possible, de détourner son but. L’attachement et l’intimité envers le Seigneur sont le refuge du conducteur spirituel, et le Seigneur veille à ce qu’il en soit ainsi.
                    Il existe actuellement beaucoup de mouvements extrêmes parmi les chrétiens. L’enseignement est souvent poussé au delà de la vérité : s’il contient des choses bonnes et vraies, il débouche sur des excès. Apparemment, de tels enseignements sont très spirituels et profonds, mais la vérité étant altérée, il s’ensuit la confusion aujourd’hui si fréquente. Ceci à bien souvent mené des groupes à devenir excentriques, farfelus et même sectaires. La tendance à Athènes était sans cesse d’« ouïr quelque nouvelle », ce qui impliquait le plus souvent de nouvelles sensations. Combien Satan attise de telles exagérations et donne aux erreurs des proportions extravagantes ! C’est à dessein que l’ennemi agit de la sorte : il veut remplir le monde de personnes désillusionnées ne croyant plus en rien, y compris en la vérité. Cet état de chose poussait ardemment l’apôtre Jean, presque avec véhémence, à démontrer la vérité en répétant constamment cette petite phrase « c’est ici… ». Relisez ses lettres, et notez son insistance sur « [l’]onction vous enseigne à l’égard de toutes choses ». Le contexte de ces épîtres traduit les déceptions des anti-christs.
PREDOMINANCE
« J’élèverai mon trône au-dessus…. »
                    Les mots « j’élèverai » et « au-dessus » expriment l’objet et le but des aspirations de Satan. Tout ceci semble bien rocambolesque et insensé, or ce ne l’est pas autant qu’il y paraît à première vue. N’est-ce pas ici la motivation et le stimulus de toute force politique ? Si nous considérons bien ces choses, elles sont la raison de l’incarnation parce que tous les péchés proviennent de la même source. La naissance, l’enfance, l’humanité, l’enseignement et la croix de Jésus Christ étaient un renversement manifeste et effectif de toutes les puissances et gloires de ce monde. Jamais le Seigneur n’a cherché à impressionner, ni à rallier qui que ce soit à Sa cause par le prestige, les raffinements, les détours mal intentionnés, ni par une démonstration de gloire naturelle.
                     Il s’« est anéanti lui-même » jusque dans ses légitimes gloire et statut célestes. Son Royaume et sa Royauté ne sont pas de ce monde. Son avènement se produisit afin de défaire ce qui avait été corrompu. L’homme rend un culte à ce qui est populaire et à ce qu’il considère comme la réussite. Nous nourrissons une idée fausse au sujet de la force, la puissance et l’importance ; Jésus est venu remédier à ces choses par sa propre Personne. « Tu l'as fait dominer », oui mais sans dimension égocentrique : « amenant plusieurs fils à la gloire ». C’est la gloire de sa Grâce infinie, une faveur sans aucun mérite ! « Nous régnerons aussi avec lui », oui mais en tant qu’adorateurs de l’Agneau !
                       Le test de toutes choses est : Est-ce que ceci exalte et glorifie vraiment Christ ? Pas en paroles uniquement, car ceci peut être une forme de simulation et d’exagération. A Philippe, la servante possédée par un démon promouvait et annonçait l’Evangile, mais ce n’était qu’une des « profondeurs de Satan » ; et l’apôtre n’était pas prêt à présenter un Evangile au rabais afin de gagner la popularité ! La sainteté de Christ est le seul critère.
                     Ainsi, nous avons très brièvement noté, les voies de Satan ; celles-là mêmes qui l’ont conduit à sa chute. Le jugement de sa simulation, exagération et prédominance fut exprimé ainsi : « On t’a fait descendre dans le shéol, au fond de la fosse ».
                    Face à toute fausseté, que le Seigneur produise ce qui est conforme à la vérité, ce qui magnifie Christ ; ce qui promeut la véritable exaltation et suprématie de Christ. 

jeudi 26 octobre 2017

Le Dieu de l’Amen par T. Austin-Sparks

« Et à l'ange de l'assemblée qui est à Laodicée, écris: Voici ce que dit l'Amen, le témoin fidèle et véritable. » Apocalypse 3:14
« Celui qui se bénira dans le pays, se bénira par le Dieu de vérité (le Dieu de l’Amen), et celui qui jugera dans le pays, jurera par le Dieu de vérité (le Dieu de l’Amen). » Esaïe 65:16
« Car autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l'amen, à la gloire de Dieu par nous. » 2 Corinthiens 1:20
                    Nous voyons, d’après les passages tirés de l’Apocalypse et du livre d’Esaïe, que « Amen » est un titre, une désignation, une description de Dieu. Son Nom est « l'Amen » , le Dieu de « l'Amen » . Nous savons toute la valeur qu'a ce mot, lorsque nous l'employons. Nous exprimons une note d'affirmation, qui signifie que nous ne désapprouvons rien, et que nous sommes en accord avec tout ce qui vient d'être dit. Nous appuyons, – « Qu'il en soit ainsi - Amen! » Et c'est là une description de Dieu; c'est Son Nom. La description peut être résumée par un passage des Écritures: « Le Père des lumières, en qui il n'y a pas de variation ou d'ombre de changement » (Jacques 1:17. Il est toujours le même, absolument digne de notre confiance, positif, défini, sûr, car Il est le Dieu de « l'Amen ».
Esaïe regarde au-delà de la Captivité et de la Croix
                    Maintenant, les contextes de ces deux passages nous donnent beaucoup de lumière sur l'emploi qui est fait de ce titre dans chacune de ces occasions.
                    Nous voyons, dans le chapitre 65 d'Esaïe, que nous approchons de la fin des prophéties : nous sommes de l'autre côté du jugement d'Israël, c'est-à-dire, au-delà de l'exil et de la captivité. Nous sommes maintenant avec le reste, qui est retourné dans le pays. Le nouveau jour nous est présenté dans des passages comme ceux-ci :
« Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue, et la gloire de l'Éternel s'est levée sur toi. » Esaïe 60:1
« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son temps de détresse est accompli, que son iniquité est acquittée; car elle a reçu de la main de l'Éternel le double pour tous ses péchés. » Esaïe 40:1-2.
                    Et, dans le chapitre d’où nous avons tiré notre texte, le Seigneur dit encore: « Car voici, je crée de nouveaux cieux et une nouvelle terre » Esaïe 65:17. Un nouveau jour est en vue, et c'est sur cette base, dans ce cadre et ce contexte, que paraissent ces paroles. Il y a dans ces paroles, nous le voyons, une perspective: « Celui qui, sur cette base, en ce jour-là, se bénira... celui qui jurera ... en ce jour-là, sur cette base nouvelle... ». Ces paroles regardent dans l'avenir, et nous pouvons aussitôt dire ici, que c'est du jour qui est maintenant venu, du jour dans lequel nous vivons, dont parlent si clairement ces prophéties. Les prophéties qui suivent le chapitre 53 d'Esaïe, le chapitre de la Croix et des souffrances, nous conduisent si clairement vers ce jour au-delà de la Croix, le jour de Sa résurrection, le jour de l'Esprit; c'est le jour – notre jour – dans lequel Dieu nous est montré comme le Dieu de « l'Amen » – c’est Dieu qui se réaffirme, et Dieu réaffirmé.
                  Mais, pour en revenir à l'histoire d'Israël: il avait semblé, durant soixante-dix longues années, des années accablantes, tragiques, stériles, que tout espoir s'était évanoui; tout semblait perdu. Regardons Jérusalem durant ces soixante-dix années; voyons le pays dans sa désolation et sa ruine: toute sa gloire a disparu, tout a été détruit, la tragédie est écrite partout en grandes lettres. Ceux qui visitaient ce pays, disaient en branlant la tête: « Ah! ah! eh! bien, eh! bien, regardez cela! » Et tandis que ce cri, comme un sanglot, jaillit du cœur du prophète: « N'est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin? Contemplez, et voyez s'il est une douleur comme ma douleur qui m'est survenue...» Lamentations 1:12, – et qu’il pourrait vraiment être mis dans la bouche du Seigneur Jésus, sur la Croix; il est, en fait, littéralement lié à cette situation même. C'était le cri du pays.
                    Nous dirions aujourd'hui d'une situation comme celle-là, – « Eh! bien, c'est la fin! Il n'y a plus d'espoir là. » Mais c'est précisément dans de telles circonstances c'est dans une situation comme celle-là, que ces paroles sont prononcées. Il est le Dieu de « l'Amen » . Dieu réaffirme le fait que, malgré tout, Il n'a pas changé, Il n'a pas abandonné, Il n'est pas dans le désespoir. Il est le Dieu dont les décisions et les déterminations sont absolues et finales, et rien ne peut altérer ces décisions; Il reste le Dieu de « l'Amen» . Il réaffirme donc dans ce titre, le fait que, malgré tout ce qui est arrivé, un reste reviendra. Il y aura encore ce qui « poussera encore des racines en bas et produira du fruit en haut » Esaïe 37:31. Dieu ne peut pas, définitivement, être privé de l’accomplissement de Son dessein; Il est le Dieu de « l'Amen ».
Confiance dans le Dieu de l'Espérance
                    Ainsi nous avons donc ici cette réaffirmation puissante, ou cette déclaration qui, pour ainsi dire, jaillit des cendres. Oui, il y a des cendres, et de la désolation, et des pleurs, et un esprit d'inquiétude, et toutes ces choses, et cependant, du sein de tout cela, se lève un Dieu qui n'a pas changé, et qui ne peut changer.
                    Et c'est ainsi que nous arrivons à ces mots: « Celui qui se bénira dans le pays, se bénira par le Dieu de ‘l'Amen’. » Qu'est-ce que cela signifie? Cela semble si étrange, n'est-ce pas ? Cela paraît un peu embarrassant; mais quel en est le sens? Eh! bien, je pense que cela signifie tout simplement que la base de notre espérance, de notre bénédiction, de notre espérance, et de notre joie nouvelle, c'est que Dieu est, pour toujours, le Même. Nous pouvons compter sur Lui. Il n'y avait jamais eu de menace si terrible pour Son dessein; il n'y avait jamais eu de désolation si apparente dans le royaume de l'élection de Dieu. Et cependant, et cependant, Dieu n'a pas accepté cette situation comme une fin; Il n'a pas accepté tout cela comme la défaite de ce qu'Il avait résolu d'accomplir de Sa main. Il reste toujours ferme, fidèle, puissant; Il est à jamais le Dieu de « l'Amen » . Quelle bénédiction si nous pouvons nous saisir de cela. Nous ne voudrons certainement pas être bénis pour une chose ou l'autre, ou encore une autre, c'est-à-dire nous ne nous glorifions pas à cause des choses. Il nous arrivera très souvent de faire une expérience comme celle-ci : il n'y aura rien, dans l'apparence ou l'état des choses, en raison de quoi nous puissions être bénis, mais nous pouvons toujours être bénis dans le Dieu de « l'Amen » .
                    Ensuite, le passage continue, « celui qui jugera dans le pays, jurera par le Dieu de vérité le Dieu de ‘l’Amen’. » Que signifient ces paroles? Eh! bien, le serment était toujours lié à l'alliance, n'est-ce pas? Et tandis que cela nous ouvrirait un champ beaucoup trop vaste pour cette brève considération, la chose importante est simplement celle-ci: nous pouvons nous confier à ce Dieu, nous pouvons dépendre de Lui, qui est le Dieu qui garde Son alliance, et nous pouvons prêter serment par Lui. Il n'y a rien, dans le monde tout entier par quoi nous puissions prêter serment, ni aucune personne; tout homme et toute chose peuvent nous abandonner, mais nous pouvons prêter serment par Lui – le Dieu « Amen ». Lui, ne nous abandonnera jamais.
La Demande Insistante du Seigneur pour la Réalité
                    Prenons maintenant le passage du livre de l'Apocalypse, et remarquons quel est son contexte. Christ, l'Amen, parle à l'église de Laodicée. Laodicée – oui, ce mot même, ce nom, est le synonyme de ce qui est indéfini, indistinct, faible et mélangé! « Tu n'es ni froid ni bouillant » Apocalypse 3:15; il n'y a rien de distinct, ni de défini en toi. Tu n'es ni ceci ni cela. Et il y a beaucoup d'autres choses qui nous sont dites au sujet de Laodicée et qui, toutes, représentent une situation indigne de confiance, une position absolument incapable de satisfaire; en un mot, une situation fausse. « Je suis riche, et je me suis enrichi » Apocalypse 3:17, et tu ne sais pas que cela est entièrement faux, que « tu es... pauvre » – tu es... pauvre! Tu penses être capable de voir, et tu ne sais pas que tu es aveugle. Tu dis: « Je suis vêtu; j’ai des vêtements; j'ai tout ce dont j'ai besoin »; et tu ne sais pas que tu es nue devant Dieu. Quelle image de fausseté. Et là où il y a fausseté, la catastrophe viendra certainement, tôt ou tard; un mensonge sera toujours découvert. C'est une position très dangereuse.
                    « Voici ce que dit l'Amen, le témoin fidèle et véritable » Apocalypse 3:14. Voyez-vous, le contexte lui-même interprète et explique le titre du Seigneur. Il appelle ici Laodicée à revenir à ce qui est représenté par Son propre Nom et Sa nature. Il n 'y a rien de mélangé, ni de confus, ni de contradictoire, en Lui. Il n'y a point de fausseté en Lui, rien de tout cela en Lui; l'appel qu'Il adresse est en vue d’un rétablissement à la fin. C'est la dernière phase. A la fin, Il appelle Son Église à revenir à une distinction complète, afin qu'il ne reste aucun doute au sujet de notre position, et du but que nous poursuivons. C'est une grande chose, en ces jours, que de rencontrer des personnes qui savent exactement ce qu'elles veulent, qui n'ont pas une attitude double; elles sont établies; elles sont fixées; il n'y a point de variation en elles. C'est une grande chose, en notre temps, que de rencontrer des personnes comme celles-là. Et le Seigneur dit: Ce sera une grande chose, si l'Église peut être comme cela, à la fin, s'il peut y avoir un tel témoignage. C'est là sûrement la signification du « vainqueur » en ce qui concerne Laodicée. « Être vainqueur » signifie que toute incertitude, tout ce qui est indéfini, tout ce qui est faiblesse, hésitation, duplicité, que tout ce qui porte ce caractère, a été éliminé. Les vainqueurs sont ceux qui savent où ils sont, où ils vont, ce qu'ils veulent, ce sont ceux qui ont la vie parmi eux, l'Amen, la note de certitude.
                    Et c'est le dernier mot que l'Esprit adresse à l'Église dans cette dispensation. « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux assemblées.» Apocalypse 3:22. La dernière parole de l'Esprit à l'Église dans cette dispensation (si nous devons accepter l'interprétation dispensationnelle de ces messages adressés aux sept assemblées) – une parole qui paraît avoir été donnée de par les conditions elles-mêmes – c'est celle-ci: « Abandonnons toute opacité dans notre témoignage, toute incertitude dans notre position, toute indécision dans notre marche, et ayons de la certitude, de la réalité, de la confiance et de l'assurance; n'ayons aucune hésitation, mais tendons sans cesse vers le but ». C'est là, la parole de l'Esprit.
Les Grands « Amen » de Christ
                    Remarquons maintenant que ce titre n'est pas seulement donné à Dieu dans Ancien Testament, mais qu'il est aussi l’un des titres du Seigneur Jésus dans le Nouveau Testament. C'est Jésus qui dit: « Voici ce que dit l'Amen, le témoin fidèle et véritable », l'Amen, le JE SUIS.
                    Maintenant, je suis tout à fait certain que nous sommes parfaitement familiers avec les passages où Jésus répète par deux fois : « En vérité, en vérité... », selon nos versions et nos traductions, le mot grec de l'original est « Amen », de sorte que nous pouvons lire, « Amen, Amen, je vous dis... ». Et en réalisant ce qu'implique cette affirmation puissante, nous pouvons mieux comprendre les paroles qui suivent. Si Jésus dit, « En vérité, en vérité », « Amen, Amen... Je suis la porte... », Il donne une très grande importance à ces paroles: en d'autres termes, l'on ne peut entrer par aucun autre chemin (Jean 10:7). Nous ne nous étendrons pas sur cela, mais nous en saisissons toute l’importance. Jésus affirme ici qu'il est « l'Amen ». C'est ainsi qu'il parle de Lui-même, dans toutes ces occasions différentes. Il est « l'Amen » .
Le Double Aspect de l’Œuvre de l'Amen
                    En outre, Son œuvre aussi était l'œuvre de « l'Amen ». Et cette œuvre a deux aspects: la mort et la résurrection. Afin de voir quelque chose de la signification de Sa mort, retournons au livre du Deutéronome, au chapitre 27, où nous trouvons toutes les malédictions qui affligeraient le peuple, s'il était désobéissant à l'Éternel, et s'il se détournait de Lui pour servir d'autres dieux; nous avons là une longue liste des malédictions qui viendraient. Nous remarquons deux choses: les Lévites, qui représentaient le peuple, devaient affirmer les malédictions, et à la fin, « Et tout le peuple dira: Amen! », Deutéronome 27:26. En ceci tout le peuple confirmait la malédiction: « Oui, si nous nous détournons, si nous sommes infidèles, si nous rejetons l'Éternel, qu'il en soit ainsi, que toutes les malédictions soient sur nous ». Le peuple devait l'accepter.
                    Mes chers amis, dans la mort du Seigneur Jésus, il y a cet Amen immense, qui embrasse toutes les malédictions. Pensée terrible! Il a été fait malédiction pour nous. « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous (car il est écrit: "Maudit est quiconque est pendu au bois"). » Galates 3:13. Alors qu'il était suspendu là, considérant le péché de l'homme, son éloignement de Dieu, son infidélité et son incrédulité, et tout ce que l'homme avait fait contre Dieu, Il entra dans toutes les conséquences de la malédiction. Il prit sur Lui-même toute la malédiction et dit: « Amen, il doit en être ainsi ». Il donna Son Amen à la malédiction! Mais c'était final! Il engloutit toute la malédiction dans Sa mort, par une affirmation puissante: « Dieu est juste et Son jugement est juste – Amen! ».
                     Mais dans la résurrection, nous avons l'autre aspect de Son œuvre en tant que « l'Amen ». C'est comme le Ressuscité qu'Il apparaît à Laodicée; comme nous le lisons: « Je suis... le Vivant... Je suis vivant aux siècles des siècles... » Apocalypse 1: 17-18. Nous sommes ici du côté de la résurrection, et dans la résurrection, nous dit Paul, nous sommes justifiés par Sa vie. « Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification. » Romains 4:24-25. Nous avons ici l'Amen de la justification! Sa mort, comme nous l'avons vu, est l'affirmation que Dieu est juste. En ce qui nous concerne, nous ne connaîtrons jamais la victoire avant d'être arrivés à cette position où, nous aussi, nous dirons: « Dans ce jugement du Seigneur Jésus à la Croix, Dieu était juste en ce qui me concerne. J'étais là, et Dieu était juste! ». Mais jusqu’à ce que nous en arrivions à dire: « Oui, Amen, Dieu était juste en me jugeant comme un pécheur, comme un infidèle; Dieu était juste », nous ne pourrons jamais parvenir de l'autre côté. Lorsque nous en sommes là, à ce terrible Amen du jugement et de la mort, par la foi, nous arrivons à la place où nous pouvons nous trouver de l'autre côté de l'Amen, l'Amen de la justification par Sa Vie. Oui, l'affirmation puissante de Dieu déclare que nous sommes justifiés par Sa vie! Nous sommes justifiés par la foi en Jésus-Christ. Nous voyons donc que Dieu s'est engagé Lui-même. Dieu a mis Son sceau et Son cachet sur cet Amen! Tout aussi réellement que nous avons été condamnés au jugement dans Sa mort, tout aussi réellement nous sommes ressuscités à la justification dans Sa vie, car « Il a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » Romains 4:25. Amen! Dieu dit: Amen! Il s'est engagé en cela.
La Foi dans le Dieu de l'Amen
                    Il nous faut maintenant terminer. Cette parole n'est-elle pas nécessaire aujourd’hui? Y eu-t-il jamais un temps de plus grande incertitude, peut-être même parmi beaucoup d'enfants de Dieu? De tous les côtés, il y a des questions et des doutes, des vies qui faiblissent, se relâchent et se désintègrent, dans le découragement et le désappointement, ces choses qui affaiblissent le cœur et qui ébranlent les fondements de la confiance et de la foi. Il y a aujourd'hui tant de raisons de remettre toutes choses en question. N'est-ce pas ce que vous ressentez? Nous sommes tous tentés de poser d’importantes questions au sujet des plus grandes choses, n'est-ce pas? Lorsque nous regardons au-dedans et au-dehors, nos cœurs pourraient bien souvent perdre leur assurance.
                     En des temps comme ceux-ci, il nous est bon de revenir à Lui, et de L'entendre nous dire, au sujet du but auquel Il s'est donné: « Je suis l'Amen ». Il s'est donné à Son dessein éternel en tant que « l'Amen », Celui qui ne change pas, Celui qui est inaltérable, en Lequel il n'y a point de variation. Il poursuit Son but à travers tout et malgré tout. Amen est inscrit sur Son dessein. Dieu est le Dieu Amen. Christ est sur le Trône, et Son Nom est « l'Amen »; Son gouvernement est le gouvernement de « l'Amen » : Il a le dernier mot en toutes choses.
                    Il nous faut voir aussi que c'est le Saint-Esprit qui dit les paroles de « l'Amen », « Voici ce que dit l'Amen... Que celui qui a des oreilles écoute ce que dit l'Esprit... » L'esprit est la puissance qui accomplit le dessein et qui exerce le gouvernement. Les Trois Personnes de la Trinité sont un seul Dieu. Elles portent ce Nom, ce titre, cette description, « l 'Amen » , « l 'Amen » . Que le Seigneur fortifie notre foi en Lui.


mardi 24 octobre 2017

Le Scandale de la Croix par T. Austin-Sparks

« Mais moi, frères, si je prêche encore la circoncision, pourquoi suis-je encore persécuté? – alors le scandale de la croix est anéanti. » Galates 5:11
                    Le verset duquel est tiré le titre de ce message, suggère que si Paul avait seulement continué à annoncer la circoncision, il aurait pu éviter la persécution et être libéré de l'inévitable scandale généré par le message de la croix. Il est d'un fait évident que, quelque soit le lieu où la croix du seigneur Jésus Christ ai été annoncée avec fidélité, cela n'a pas amené que de l'espérance et une vie nouvelle à quelques uns, cela a apporté aussi beaucoup de troubles à bien d'autres. Où que ce message soit annoncé, il a provoqué de l'antagonisme. Comme ce message était une pierre d'achoppement aux juifs et une absurdité aux grecs au début, il est demeuré, depuis ces premiers jours, inacceptable, non pas seulement aux impies, mais également aux gens  religieux.
                     Cela est vrai, malgré le fait, que la croix, est le symbole le plus populaire. Il n'existe pratiquement aucune ville dans la chrétienté où l'architecture, les galeries d'art, les collections de littérature et les conservatoires de musique, qui ne donnent au signe sacré de la croix une place proéminente. Il est donc regrettable, qu'autant de prédications et d'enseignements dans l'Église chrétienne, se limite au ‘Jésus de l'histoire’, qui présente un Christ sans croix, ou à une interprétation de la croix qui est bien inférieure à celle des Écritures.
                    Malgré cela, le message consistent de toute la Bible est que la croix est l'instrument de Dieu pour le salut, elle en est Son moyen unique et pleinement suffisant. Il est tout aussi clair que cela a été le message béni de Dieu pour le salut des hommes. Il prédominait au temps du Nouveau Testament, et le recouvrement, et la remise en valeur de certains aspects essentiels et vitaux de cette croix, ont provoqué certains mouvements caractérisés par des noms tels que Luther, les Wesleys, Whitefield, Moody, Spurgeon et beaucoup d'autres hommes encore, honorés par Dieu Lui-même.
                   Avant que nous n'expliquions pourquoi la croix a toujours été la source de troubles et de scandales, nous devons affirmer qu'aucune place n'est accordée au coté héroïque et esthétique de la croix. Le sacrifice, la souffrance, la dévotion dénuée de tout égoïsme, le service sacrificiel pour le bien des autres, le fait d’endurer le tort en se positionnant contre les choses mauvaises actuelles; tous ceux-ci sont des éléments romantiques qui sont populairement appréciés. Mais c'est la plus profonde signification de la croix qu'en donne la Bible qui provoque l'opposition des hommes; et il serait profitable d'examiner quelques uns de ces aspects plus minutieusement.
1. La Croix Condamne le Monde
                   En la croix, Christ a créé un grand gouffre entre l'ancien monde et le nouveau, un gouffre qui ne peut pas être comblé. Deux systèmes distinctement différents, deux échelles de valeur, deux critères de jugement, deux codes de lois, se tiennent en contraste total de chaque coté de la croix. Chaque système n'est pas seulement entièrement différent l’un de l'autre, mais ils sont irréconciliables et sont pour toujours mutuellement antagonistes. La croix exige, en ce qui concerne les intérêts et les objectifs, les relations et les ressources, une distinction absolue. Elle impose la distinction finale entre ceux qui sont sauvés et ceux qui ne le sont pas, entre les vivants et les morts.
                    L'apôtre Paul a dit que, par la croix : « le monde m’est crucifié, et moi au monde ». La Parole de Dieu déclare sans ambiguïté aucune que ce siècle est mauvais et que « le monde entier gît dans le méchant ». Elle dit aussi que les voies du monde ainsi que ses motivations, ses buts, ses idées et imaginations, sont tous opposés à Dieu. Elle assure également que le monde est rendu totalement incapable de recevoir la révélation de la pensée divine, de ressembler à l'image divine, de jouir de et d'apprécier une vraie communion avec Dieu; ou même d'être investit des privilèges de co-opération avec Dieu.
                     De telles capacités et relations n'appartient qu'a ceux dont la nouvelle naissance les a délivrés de ce monde présent. Il est compréhensible que le monde trouve la condamnation de la croix abrasive et inacceptable, et il est à craindre que la présence de ‘mondanité’ dans la vie chrétienne individuelle et dans l'Église ne soit directement en contradiction avec les buts essentiels de la croix. Le seigneur Jésus a décrit Sa croix comme étant « le jugement du monde » (Jean 12:31). Ceux qui Le suivent doivent accepter ce verdict, et devront en conséquence souffrir du scandale de la croix.
2. La Croix Crucifie la Chair
                   La Parole de Dieu déclare que « notre vieil homme a été crucifié avec lui » (Romains 6:6), et que « Un est mort pour tous, tous sont donc morts; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort » (2 Corinthiens 5:14-15). En ce qui concerne Dieu la race déchue s'est terminée au calvaire. A partir de ce point, l'attention toute entière de Dieu a été pour la nouvelle création. Il n'y a aucune utilité à ce que nous essayions d'apporter quoi que ce soit de l'ancienne création dans la nouvelle, car Dieu ne l'acceptera pas. Nos capacités humaines ainsi que nos infirmités, ce que nous appelons notre bon coté ainsi que ce que nous reconnaissons comme étant notre plus mauvais coté, notre bonté ainsi que notre méchanceté, tout a été inclus dans cette mort. Ainsi nous sommes appelés a vivre, non pas selon un critère humain mais en accord avec ce qui est divin. En nous-mêmes, nous ne possédons rien qui ne soit acceptable à Dieu.
                     Bien souvent c'est l'assertion d'un élément humain, d'un goût pour une chose ou une autre, d'une ambition ou d'un intérêt tout personnel, qui paralyse l’œuvre de Dieu en nous et à travers nous. De considérer, non pas seulement nos péchés, mais nous-mêmes comme ayant été portés à la croix par Christ, est le seul moyen par lequel les propos de Dieu peuvent être accomplis à travers nos vies. Il peut sembler étrange, qu'alors que nous déplorons si souvent notre manque de spiritualité, nous sommes si lents a accepter le verdict de la croix sur nos vies naturelles. Nous trouvons humiliant d'accepter le même jugement sur nous-mêmes que celui qui a été passé sur le monde, c'est à dire la mort par crucifixion.
                     Néanmoins, il n'y a pas d'autre base pour une véritable vie spirituelle et le témoignage: la croix doit produire la mort en nous afin que la vie de Christ soit libérée en pleine manifestation à travers nous. Ainsi il peut y avoir un sens de par lequel le chrétien aussi doit faire face au scandale de la croix. Il ne peut connaître la bénédiction de la nouvelle vie uniquement en venant à connaître toute la signification de la réalité de sa crucifixion avec Christ. Lorsque c'est véritablement « je ne vis plus, moi », alors la voie est ouverte pour affirmer: « mais Christ vit en moi ». L'issue est glorieuse, mais le chemin qui y mène est le douloureux chemin de la croix.
3. La Croix Exclut le Diable
                    Ici nous touchons la cause la plus profonde du scandale, car le monde et la chair ne sont que les instruments et les armes par lesquels la grande hiérarchie de Satan maintient son emprise et son existence en tant que force dominatrice. En arrivant à la croix, Christ dit; « maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors » (Jean12:31). Alors que Paul méditait sur la signification profonde de la croix, il dit que par elle Christ: « ayant dépouillé les principautés et les autorités, il les a produite en public, triomphant d’elles en la Croix » (Colossiens 2:15).
                    Il est donc alors parfaitement normal que la grande hiérarchie du mal recherche par tous les moyens et utilise toutes les ressources afin de rendre la croix inefficace. Par « l’imagination des pensées » l'ennemi diluera le message de la croix; en imposant les méthodes et l'esprit du monde il assèchera la vitalité spirituelle de l'Église. En excitant la chair, le moi et le vieil Adam, il provoquera des divisions, des tensions et des destructions; ou en mettant en avant les éléments humains dans leurs aspects artistiques, esthétiques, héroïques, il aveuglera ceux qui not besoin de la régénération. La
réputation, la popularité, le critères mondains du succès, sont tous contraires à l'esprit de Christ, mais ils sont les instruments que l'ennemi utilise afin de confondre les pensées de beaucoup; parfois même celles des serviteurs du Seigneur.
                    Ainsi, si la croix est annoncée selon la pleine victoire qui est la sienne sur le monde, la chair et le Diable, nous devons nous attendre à ce que les forces intelligentes du mal fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre un terme à cette proclamation; tout en provoquant toutes causes de scandales qui puissent être imputées à la croix. Il n'est pas surprenant que ce message soit rejeté ou discrédité puisqu'il est la solution divine aux problèmes de l'homme déchu. La crucifixion est une brusque fin, car elle révèle la plus totale répudiation divine de tout ce qui appartient à l'ancienne création. Néanmoins, pour le croyant, la croix telle qu'elle présentée dans l'Évangile est la puissance de Dieu pour le salut.
                    En conclusion, n'oublions pas que félicité de l'entier propos de Dieu, l'expérience de la victoire, et de l'association en vie avec Celui qui est assis sur le trône dans la gloire, sont nôtres aussi longtemps que nous sommes un avec la réalité de la croix telle qu'elle est présentée dans la Parole de Dieu. Peut-être cela est-il résumé au mieux dans ce passage: « Eux l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage ; et ils n’ont pas aimé leur vie, même jusqu’à la mort » (Apocalypse 12:11).


samedi 21 octobre 2017

Le but de Dieu et la voie de Dieu par T. Austin-Sparks

"Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, qu'il s'est proposé en lui-même pour l'administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre en lui, en qui nous avons aussi été faits héritiers, ayant été prédestinés selon le propos de celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté... Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'assemblée."
Éphésiens 1 : 9-11 et 22.
Il y a dans la déclaration de ce passage trois parties principales :
1) La volonté et le dessein éternels de Dieu.
2) Christ, le centre de ce dessein.
3) L’Église, qui est Son Corps, l'instrument pour la pleine expression de ce dessein – c'est-à-dire de Christ.
                    Il nous est dit que Dieu prit une décision dans les conseils éternels. En esquissant et en arrêtant Ses intentions de créer et de constituer « toutes choses » « dans les cieux et sur la terre » Éphésiens 1 : 10. Il était poussé et gouverné par un dessein spécial et défini. Ce « dessein » est mentionné plusieurs fois dans le Nouveau Testament, et il nous est montré que différentes choses y sont reliées. Il est des plus important que nous reconnaissions le fait que le dessein de Dieu est un, bien qu'il y ait plusieurs phases dans l'activité divine. Rien n'est une fin en soi. La première loi de la plénitude spirituelle (et remarquons que la plénitude est précisément ce qui est en vue), c'est de saisir le fait et la nature de ce dessein de Dieu, qui gouverne tout. II est impressionnant et douloureux de reconnaître que, dans les choses qui sont associées ici-bas au Seigneur, il y en a si peu, si peu, qui soient réellement mar­quées par la plénitude spirituelle. Médiocrité, faiblesse, limitation, pauvreté, défaite, ignorance, immaturité et désappointement caractérisent un si grand nombre d'enfants de Dieu et une si grande part de l'œuvre de Dieu. C’est une des choses qui causent tant de détresse, de recherche, et d'efforts dans certains milieux.
                     N'en trouverait-on pas l'explication dans le fait que rien de ce qui n'est qu'une part d'un tout ne peut atteindre ni réaliser le dessein tout entier ? Pour être dans la voie de la plénitude, il est essentiel, en premier lieu, de reconnaître et de réaliser le fait que Dieu n'est pas simplement engagé dans un grand nombre d'activités bonnes et bienfaisantes, mais qu'Il est toujours et uniquement occupé par un dessein qui embrasse tout, et auquel tout est lié! « Dieu opère TOUTES CHOSES selon le conseil de sa volonté » Éphésiens 1 : 11. La mesure de la valeur suprême de notre travail correspondra à la compréhension initiale que nous aurons eue d'un dessein seul et unique. Lorsque cela sera établi, nous arriverons bientôt à voir ce qu'est le dessein, et comment et par quels moyens il sera réalisé. Lorsqu'un maître a un seul et unique plan, auquel il se consacre, il demandera à tous ceux qui travaillent pour lui, qu'ils ne se contentent pas de faire différentes choses, si bonnes soient-elles et constituant même une part de son œuvre entière, mais qu'ils voient, au delà de leur petite part et de leur propre tâche, le but et l'objet tout entier, afin d'agir positivement en le gardant en vue. Il sera favorable à ceux qui viendront travailler pour lui et aux moyens qu’ils emploieront, dans la mesure où ils auront à cœur le but tout entier. La mesure de ses ressources et de sa plénitude leur sera accordée sur cette seule base. Il en est de même pour Dieu. Mais comprenons bien que c'est la plénitude spirituelle qui est en vue, et non la gratification personnelle.
                     Ensuite, le dessein est de rassembler toutes choses en Christ. C'est une Personne pleine et entière, agrandie, et embrassant tout. La grandeur, la magnificence, la plénitude universelle de Christ, voilà le but de Dieu. Il n'est pas suffisant pour nous de voir le dessein, si fondamental cela soit-iI, il faut que nous voyons, de manière toujours grandissante, la plénitude de Christ. Il doit y avoir une vision initiale de cette grandeur, de cette majesté, de cette gloire, de cette universalité. C'est à une telle vision que sont dues la puissance, l'efficacité et la gloire de l’Église des premiers jours. Telle fut la signification de la « Pentecôte ». C'est une vision comme celle-là qui fit des apôtres les hommes qu'ils furent. Paul devait tout à la révélation que Dieu lui donna de Son Fils en lui. Mais cette vision doit se continuer. Elle doit devenir de plus en plus importante. Nous ne devons pas simplement nous fixer à quelque expérience passée la vision que nous avons aujourd’hui de Christ. La volonté du Seigneur, c'est que nous vivions et marchions par l'Esprit à un tel point, que nous pouvons dire que la vision que nous avons de Christ aujourd'hui est infiniment plus grande et plus merveil­leuse qu'elle ne l'a jamais été. Cela est en ligne avec le dessein de Dieu, et il en est ainsi pour tous ceux qui sont réellement entrés dans une compréhension spirituelle de ce dessein.
                     Nous arrivons, en troisième lieu, à considérer la méthode et les moyens dont Dieu se sert pour l'accomplissement de Son dessein éternel. C’est « l'église, qui est son corps » (le corps de Christ). La Parole de Dieu nous déclare définitivement que l’Église est « la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ». Cette plénitude universelle de Christ doit être révélée et exprimée dans et par un instrument appelé l’Église. Qu'est-ce que cette Église?
                     Il nous est dit premièrement qu'elle est une compagnie d'élus. Laissant de côté toutes les théories sur l'élection, contentons-nous, pour le moment, de voir que Dieu a voulu, de toute éternité, avoir une telle compagnie, et que l'élection a rapport au dessein, et non pas, principalement au salut. Dieu connaît, il ne peut en être autrement, les réactions suprêmes des hommes à l'égard de l'offre qu'Il leur fait, et c'est selon Sa pré-connaissance qu' Il a prédestiné à Son dessein. Mais Dieu n'a jamais dit à une personne non sauvée qu'elle est prédestinée à l'être. Dieu appelle simplement. L’Église est la compagnie des appelés qui ont obéi.
                     Deuxièmement, l’Église est quelque chose de plus grand que les églises. Selon ce que nous entendons par celles-ci, l’Église peut se trouver en elles toutes, ou bien elle peut ne pas être du tout dans beaucoup d'entre elles. L’Église est essentiellement une chose spirituelle ; elle n'est ni sectaire, ni dénominationelle, ni « ecclésiastique », ni traditionnelle. Elle est l'union spirituelle des membres d'un organisme vivant, un corps possédant une vie; elle est une entité, elle est « tous un en Christ ». La mesure de lumière que nous avons ne nous rend pas plus ou moins membres de ce Corps, bien qu'elle puisse en affecter le fonctionnement. Ce n'est pas notre compréhension de « la vérité quant à l’Église » qui nous constitue membres de l’Église, bien qu'elle affecte grandement la question de la plénitude. Ce qui est la base de l'actualité du Corps, c'est une relation vitale avec Christ.
                     Mais cela dit, il nous faut montrer combien il est essentiel de reconnaître ce qu'est l’Église. Accompagnant une révélation personnelle de Christ dans Sa grandeur, la révélation de l’Église est liée à notre avance pratique vers la plénitude. Paul a, dans ses écrits, une plénitude beaucoup plus grande que n’importe quel autre apôtre, et cela est dû principalement à la révélation spéciale de l’Église qui lui avait été donnée. Ce qui ressort de cette révélation, c'est que Christ et l’Église sont UN, comme la Tête et les membres d'un même corps.
                     Il y a deux ou trois choses dans cette question qu'il nous est nécessaire de saisir. Il y a premièrement le fait, établi si clairement et si pleinement dans les Écritures, que Dieu a tout aussi définitivement choisi et désigné l’Église pour la réalisation de Son dessein éternel, qu' Il avait choisi et désigné Son Fils. Dieu s'est lié Lui-même et Sa plénitude autant à Son Fils qu’à l’Église. Tandis que l’Église est soumise au Fils, qu'elle en est l'organe et l'instru­ment, comme la femme l'est à l' égard de son mari (Éphésiens 5 : 22-24), ils sont un, en ce qui concerne le dessein. Ce fait entraîne en soi la jalousie de Dieu pour Son Église, et signifie que, pour arriver à la plénitude, l'on ne peut ni l'ignorer, ni l'amoindrir, ni l'outrager.
                   De plus, en ce qui concerne la plénitude spirituelle, Dieu continuera à agir strictement par le moyen du Corps, c'est-à-dire qu'il n'est pas possible pour des individus séparés, de connaître la plénitude. La plénitude est une question relationnelle. « L’Église est la plé­nitude de Christ ». Aucun individu ne peut l’être. C'est pourquoi l'union spirituelle, la relation des membres, la communion, la mutualité et la dépendance des uns à l'égard des autres, sont fondamentales et indispensables pour parvenir à la maturité spirituelle. « Jusqu'à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ » Éphésiens 4 : 13.
                     Dans l'Ancien Testament, lorsque les chose, eurent été constituées selon le modèle divin, c'est de la Tente d'Assignation que Dieu parlait au peuple. Il en est ainsi dans le Nouveau Testament. Avant d’obtenir la réponse à la demande qu'il fit sur la route de Damas, Paul dut entrer dans la ville, et ce fut par le moyen de l’Église qu’il la reçut. Avant d'entreprendre la grande œuvre de sa vie, l'apôtre dut demeurer dans l’Église d'Antioche pour y recevoir la confirmation de sa mission (Actes 13). Tout cela ne signifie pas que Dieu n'ait jamais agi souverainement et dans Sa grâce à l'égard de ceux qui avaient à cœur Ses intérêts sans reconnaître cependant celte loi; mais nous parlons de plénitude spirituelle, et c'est à cela que nous appelle notre ministère. Ce n'est pas un « Comité général », « exécutif », où « conseiller », mais le Corps, dans sa représentation et son fonctionnement spirituels, qui est la voie voulue de Dieu.
                    Il nous faudrait plus de place que nous n'en avons à notre disposition, pour montrer toutes les valeurs et les implications renfermées dans une compréhension adéquate de la place et du dessein que Dieu a pour Son Église en toutes choses. C'est précisément l'une des questions qui a eu une place considérable dans notre ministère parlé ou écrit durant ces dernières années.
                    Ceci nous amène aux églises, c'est-à-dire aux assemblées locales du peuple de Dieu. Les temps et les conditions ont grandement changé depuis les jours du Nou­veau Testament, tout au moins en ce qui concerne le monde occidental. Il était simple et naturel, en ces temps-là, de rassembler ceux 'lui croyaient en Christ. Il n'y avait alors que des croyants et des non-croyants. Aujourd'hui s'élèvent quantité d'autres questions, celle des « affiliations », « organisation », « pratiques », « croyances » etc. Mais il y a une ou deux choses qui doivent toujours gouverner cette question; ce sont :
                     1 - L'église ou l'assemblée locale doit être localement tout ce que l’Église est universellement, dans son ensemble. Elle ne doit être plus petite, ni dans sa vision, ni dans sa vocation, ni dans sa relation. Bien que située localement, elle est universelle quant à sa nature, à son influence, à sa vocation et à sa fonction. Si elle vit pour elle-même, elle mourra. La plénitude dépend de sa longueur et de sa largeur, de sa hauteur et de sa profondeur spirituelles.
                     2 - L'église locale est l’environnement d'éducation spirituelle, en vue de l’utilité pour le Seigneur. C'est là que sont apprises toutes Ies leçons essentielles, non seulement par l'enseignement mais aussi par la discipline spirituelle. La leçon fondamentale de la soumission au Seigneur – qui a une si grande importance dans la question de la croissance spirituelle – est apprise de manière très pratique dans une assemblée fidèle et dans la vie de communion. Toute vie indépendante, non relationnelle et simplement personnelle, est simplement impossible lorsque le Corps est véritablement reconnu.
                    La protection, le support, l'appui et le soutien spirituels du peuple de Dieu, au delà d’une manière simplement générale, ont une valeur et une importance très importantes. L'église locale, loin de n'être qu'une « congrégation », doit être une expression locale de la famille de Dieu, et remplir toutes les fonctions et pourvoir à toutes les valeurs de la vraie vie et des vraies relations de famille
                     3 - La question qui a une importance prééminente, dans l'église locale comme dans l’Église universelle, c’est celle de la souveraineté absolue de ChrIst, la Tête. Tout ce qui usurpe Sa place ou qui est en conflit, d'une manière ou l'autre, avec elle, aboutira très certainement à une limitation spirituelle et à un retard proportionné de la croissance. N'est-ce pas pour cette raison que, dans les églises du Nouveau Testament, aucun homme seul exerçait l'autorité. Mais que des anciens, et non pas un ancien, étaient désignés. Le principe du Corps est sauvegardé dans ce qui est corporatif, et l’autorité individuelle évitée. A Antioche, le Saint Esprit parla à une compagnie de représentants qui se trouvaient avoir ensemble une responsabilité spirituelle. Les anciens sont représentatifs, il s’agit de la mesure spirituelle et non ecclésiastique. La pluralité des anciens, dans le Nouveau Testament, signifie que l'église est amenée, en et par ses repré­sentants, sous la complète souveraineté de Christ, par le moyen du Saint Esprit.
                    4 - Il nous faut remarquer ensuite que les apôtres ne partirent jamais en ayant le projet de fonder des églises. C'était là le résultat spontané et inévitable de I'œuvre du Saint Esprit dans chaque lieu. Christ était prêché et accepté, et la relation des croyants suivait spontanément (voyez Actes 2 : 42). Ce qui déter­mine les églises, c'est Christ. Ceci est la solution à beaucoup de problèmes et la réponse à beaucoup de questions qui se posent, tout spécialement dans notre monde occidental, en ces temps particulièrement compliqués. Quel doit être le principe directeur et décisif qui nous pousse a nous rassembler? Ce doit être Christ! C'est sur cette base seule que nous nous réunissons là où le but de Dieu est le plus pleinement en vue, et là où se trouve ce qui contribue le plus à atteindre ce but – la plénitude de Christ – c'est cela qui décidera de la place où nous devons être, et per­sonne ne devrait discuter cela. C'est à cause de notre dévotion et de notre jalousie pour une « chose » une « Mission », une « Dénomination », une « Tradition », une « Communauté », un « Mouvement » etc. que jaillissent Ies rivalités et les mauvais sentiments. Tout ce que l'on entend dire au sujet de « brebis volées », et d'enfants de Dieu divisés, vient en grande partie d'un souci – non pas la croissance spirituelle – mais pour quelque chose ici-bas, sur cette terre. Combien ces choses deviendraient impossibles si chacun prenait cette attitude à l'égard des choses: peu importe ce qui survit ou cesse d'exister, pourvu qu'il y ait spirituellement un accroissement de Christ. Cela entraîne la nécessité, pour tout le peuple de Seigneur, et parti­culièrement pour ceux qui ont des positions « officielles » et des places d'influence, d'être uniquement et absolument consacré a l'accroissement de Christ, Christ n'est pas divisé; c'est donc Christ qui est la base de l'unité, et non les choses mentionnées plus haut.
                   A qui sont les brebis? Sont-elles à vous? Une brebis de Christ peut-elle lui être volée par ceux qui lui sont consacrés ? Si ce sont les brebis de quelqu'un ou de quelque chose, nous sommes dans un autre domaine. Non! Toutes choses de ce genre sont des causes de faiblesse et de petitesse spirituelles, et il est nécessaire d'avoir une altitude nouvelle à l’égard de Christ Lui-même pour arriver à la plénitude.
                    Nous dirons encore, à cet égard et pour le moment, que tout ce qui est donné par le Seigneur doit contribuer à « l'édification du Corps » de façon directe et positive. C'est ce qui en marque l'objet et la direction, et c'est là sa loi caractéristique. L'évangélisation, l'enseignement, les dons personnel, et spirituels, tout doit définitivement avoir ce but d’édification en vue. L'évangéliste et l'évangélisation ne sont pas une fin en soi, ni quelque chose à part. Le Nouveau Testament renverse complètement une idée ou une procédure de ce genre. Toutes ces fonctions sont des fonctions du Corps, et elles doivent être maintenues ensemble pour que le Corps soit bien équilibré; aucune ne doit être accentuée au détriment des autres ni laissée de côté. Un ministère d'enseignement doit marcher de pair avec un ministère d'évangélisation et vice versa. Chacun de ceux qui fonctionnent comme membres du Corps de Christ – et tous les membres devraient fonctionner – devrait avoir en vue, non pas le salut des âme, ou l'instruction des saints, mais par leur moyen et tous les autres, l'accroissement de Christ. Rappelons-nous que l’Église n'est ni grande ni petite, que le succès de notre travail n'est pas mesuré selon le nombre de personne, représentées, mais selon la mesure positive de Christ.
                     Je ne saurais terminer ce traité sans rappeler brièvement une ou deux questions, qui sont fondamentale pour ce ministère.
                     Il y a la question de la Croix. Ce ne sera pas dire quelque chose de nouveau ou d'extraordinaire que de rappeler que la Croix de Christ est profondément liée à la question de la plénitude divine. Mais il est nécessaire d'affirmer continuellement ce fait, et d'en avoir une révélation toujours grandissante. Les Écritures nous montrent très clairement que, jusqu'à la fin, I’Adversaire cherchera de toute sa force et par tous les moyens, à soulever la question de notre acceptation et de notre position en Christ. Il est désigné, à la lin des temps (Apocalypse 12) comme étant « I’accusateur de nos frères », et l’un de ses efforts les plus déterminés a pour but la destruction de notre assurance. Tout ce qui porte en soi l'idée que nous faisons ou que nous devenons quelque chose qui mérite la grâce de Dieu et obtient Son acceptation, porte le sceau du Diable Iui-même. La mort de Christ pour nous, et notre mort avec Lui, est la seule, mais sûre base de notre entière accep­tation. Luther le dit si pleinement lorsqu'il s'écrie : « O Christ, je suis Ton péché, Ta malédiction, Ta colère de Dieu, Ton enfer et au contraire, Tu es ma justice, ma bénédiction, ma vie, ma grâce de Dieu, mon ciel. » II ne faut pas s'étonner que le Diable ait haï Martin Luther, et qu'il I’ait assailli si cruellement.
                     Mais il n'y a pas seulement la valeur fondamentale, initiale et parfaite de la Croix pour notre acceptation entière et incontestable; il y a une signification de la Croix qui est en relation avec la plénitude spirituelle et le fruit spirituel. C'est ce que Paul appelle « être rendu conforme à sa mort » Philip­piens 3 : 10.
                    Ceci, répétons-Ie, doit être gardé à part de notre justification et de notre accès auprès de Dieu. Combien de tragédies, de scandales, de défaites, de faiblesses, de mort, de limitation et d’égoïsme que nous ren­controns chez beaucoup de chrétiens et dans beaucoup d'institutions, de communautés et d'églises chrétiennes, sont dues à la « chair » non crucifiée ou à la vie natu­relle ! A quel point Christ est mis hors de vue par les hommes, les choses et les méthodes qui se mettent en proéminence! II faut, pour qu'Il arrive à la place qui Lui est donnée dans l'intention divine, et à nous avec Lui, que l'œuvre de Ia Croix se fasse continuellement et de plus en plus profondément en nous. Il nous faut réellement être en état de dire: « Je suis crucifié avec Christ ». Oui, mais aussi d'achever Ia déclaration: « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ». Est-ce vrai? « Je ne vis plus moi »? Plus moi ? C'est bien ce que Paul entendait, mais qui peut connaître Ia pro­fondeur de ce « moi » ! Christ seul sait combien entière et profonde est l'œuvre de Sa Croix, et nous ne pouvons que nous abandonner pleinement à Lui, pour que le Saint-Esprit accomplisse en nous toute Sa pensée, en ce qui concerne Ia Croix, afin que la voie soit libre pour Sa plénitude.
                    Ainsi le double aspect et le double message de Ia Croix ont une très grande part dans ce ministère. Il y a beaucoup d'enfants de Dieu qui n'aiment pas ce der­nier aspect que nous venons de mentionner, et qui le refusent. Nous dirons seulement que, s'ils représentent plus qu'une moyenne en richesse spirituelle et dans leur connaissance de Christ, et que si ce à quoi ils sont liés est affranchi des résultats ordinaires de la force de la vie naturelle, il y a quelque chose dans leur antago­nisme contre l'aspect subjectif de la Croix à quoi nous devrons nous soumettre. Mais nous avons été là nous-mêmes, et nous connaissons maintenant la diffé­rence.
                    Il nous faut terminer; nous le faisons en touchant à une autre question. Il y a beaucoup d’enfants de Dieu qui pourront accepter une grande partie de ce que nous venons d'écrire, mais qui réagiront en déclarant que c'est « idéaliste », que c'est trop élevé, que ce n'est pas possible, que, les choses étant ce qu'elles sont main­tenant, nous ne pouvons pas espérer un tel retour à la Parole de Dieu. Il n'y a qu'une seule réponse à cette attitude. La Bible a toujours reconnu une position comme celle-là, et elle y a pourvu. Il n'y eut qu'un petit nombre d'hommes qui, du sein de la nation d'Israël captive, retournèrent volontairement pour recons­truire la ville, la muraille, la maison à Jérusalem; et la parole qui les gouvernait et les caractérisait était : « Que celui qui a un cœur bien disposé, que son Dieu soit avec lui ».
                    Il est clair, que dans le livre de l'Apocalypse, la majo­rité avait abandonné Ia pensée entière du Seigneur. L'appel que nous y trouvons s’adresse à ceux qui ont une oreille pour entendre. Nous voyons qu’il sont appelés les « vainqueurs »; et cela est nettement en relation avec les conditions décadentes; c'est une réaction vers la pensée entière et originelle du Seigneur. L'on peut difficilement s'attendre à ce que tous les chrétiens répondent à l'appel et à Ia mesure de Dieu, mais il est clair qu'il, le peuvent, que le Seigneur le veut, et que ce qu' Il veut n'est pas hors de d’atteinte. Ce peut être un chemin coûteux; et le prix en sera surtout amer à cause de l'attitude des autres chrétiens.
                     C'est pourquoi nous réalisons que ce ministère passera au cri­bIe le peuple de Dieu, et que ceux-là seuls qui veulent réellement marcher avec le Seigneur, et qui « tendent à ce qui est parfait », lui feront place. Notre message doit donc toucher les vainqueurs, bien que nous ne les regardions pas comme des élus d'entre les élus, comme une aristocratie spirituelle choisie. Ils auront une place d'honneur spéciale, parce que le Seigneur aura en eux ce à quoi Il a mis Son cœur dès le com­mencement. La différence à la fin sera celle que nous voyons entre Joseph et ses frères.
                      Un ministère comme celui dont nous venons de parler sera le résultat de Son action profonde et sévère à notre égard. Ce n'est pas quelque chose que l'on puisse étudier et obtenir mentalement. Nous ne sor­tirons jamais du tour du potier comme un vase ter­miné; mais, d'une manière ou de l'autre, le Seigneur associera le façonnage et l'usage. Sans aucun doute c'est ce qui devrait être fait.
                      «Le messager du Seigneur dans le message du Seigneur » ; nous avons ici ce principe fondamental, que l’ins­trument n'est jamais en avance sur son histoire spiri­tuelle. Les prophètes eux-mêmes, qui parlaient des choses à venir et de beaucoup de choses dont le sens ne leur était pas entièrement clair, étaient amenés à avoir leur ministère incrusté en eux par l'expérience pratique. Mais l'action sévère de Dieu a toujours en vue l'accroissement et le progrès. Un tel ministère ne peut être ni « entrepris » ni adopté. Nous ne pouvons pas y entrer comme nous entrons dans un travail quelconque, par un entraînement technique ou une de part une préparation intellectuelle. C'est en vérité quelque chose en présence de quoi nous reculons naturellement, comme Moïse, Jérémie et d'autres. Il est utile et inté­ressant, ou bien cela peut nous éclairer, de remarquer que, lorsque, par le moyen de Jérémie, le Seigneur parle à Israël du potier et de la maison du potier, Il prend Lui-même la place du potier; le moulage, la forme, le redressement, l'ajustement, la purifica­tion du vase en vue de Son utilité, se font au moyen des assauts et des châtiments dus à l'activité de l'ennemi. Il y avait un rapport entre Ies mains du Potier et l'opposition d'un souverain étranger faisant le siège de la ville. Ainsi, pour que nous ayons une utilité plus entière, le Seigneur se sert de l' ennemi et de son œuvre, et nous ne sommes jamais libérés de sa pression pour un temps prolongé.
                    Telles sont donc les choses principales auxquelles nous avons été appelés et auxquelles nous nous sommes abandonnées. « Nous voici, nous ne pouvons faire autrement. Que Dieu nous aide ! »
                    Que le Seigneur nous donne à tous un cœur prêt à « suivre l’Agneau où qu’il aille », et à parvenir à Sa plénitude.
Tiré du magazine « A Witness & A Testimony » Janvier 1944. 

source :  http://www.austin-sparks.net/francais/index.html