samedi 28 octobre 2017

Simulation Exagération Prédominance par T. Austin-Sparks

                   Pour beaucoup, les paroles adressées au « roi de Babylone » dans Esaïe 14, ont une application bien plus large qu’il n’y paraît. Si nous discernons que ces paroles font référence à un être angélique d’antan, elles seront alors pleinement comprises. Des déclarations autres ainsi que des allusions trouvées dans la Bible, comme par exemple Jude 6 ; 2 Pierre 2 : 4 et Luc 10 : 18, corroborent fortement cette assertion.
                     Si ce qui précède est vrai, nous sommes alors éclairés au sujet des trois étapes qui ont conduit Satan à sa chute. Ces situations évoquent également le déclin de nombreuses autres choses qui ont pourtant bien commencé. Le sujet n’est certes pas plaisant, toutefois cette leçon comporte nombre d’enseignements utiles et solennels, que nous pouvons apprendre.
SIMULATION
« Je serai semblable au Très-haut », Esaïe 14 : 14
                     Les Ecritures renferment suffisamment d’exemples démontrant que l’une des méthodes les plus utilisées par Satan est l’imitation de Dieu et l’imitation de la vérité de Dieu. L’évidence de cette vérité conduit la Parole à insister très fortement sur le besoin de posséder le discernement spirituel en tant que don, ce dernier étant une marque de l’onction. Ceci caractérise « celui qui est spirituel » –l’homme spirituel. Nous pouvons affirmer que l’une des fonctions fondamentales de l’Esprit Saint est le discernement. L’Esprit de Dieu est dénommé, ou représenté, comme Celui qui a « sept yeux », ce qui signifie la perfection de la vision spirituelle. Dans ce contexte, la citation d’un paragraphe évocateur de Mr. Tozer paraît ici appropriée :
Ne serait-ce pas ici notre plus grand besoin ?
                   « Lorsque nous observons la scène religieuse aujourd’hui, focalisés sur quelque faiblesse, nous sommes enclins à exprimer : « C’est ceci qui ne va pas dans l’Eglise. Si cette chose pouvait être corrigée, nous pourrions alors retrouver la gloire de l’Eglise primitive. Nous connaîtrions à nouveau des temps bénis de l’Esprit. » Cette tendance à trop simplifier la condition actuelle est en elle-même une faiblesse et devrait être évitée avec soin. Pour cette raison, j’hésite à évoquer même un seul défaut du Christianisme contemporain, et à contingenter tous nos problèmes à une cause unique. Sans aucun doute, ce qui est appelé la foi chrétienne souffre d’un déclin rapide ; cependant, en découvrir la cause n’est pas chose aisée. Néanmoins, je peux dire que j’ai observé une lacune de taille parmi les chrétiens évangéliques, peut-être est-ce la raison principale de l’ensemble de nos troubles spirituels ? Si ceci est vrai, alors la correction de ce manque pourrait s’avérer être ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui.
                    La grande déficience à laquelle je fais référence est le manque de discernement spirituel, surtout en ce qui concerne nos conducteurs. Comment est-il possible d’avoir autant d’enseignements bibliques tout en ayant si peu de lumière et si peu de conséquence morale ? C’est l’une des plus déroutante énigme d’aujourd’hui. Sans doute y a-t-il beaucoup de livres chrétiens publiés aujourd’hui, plus qu’à n’importe quelle autre époque ; et jamais les écoles bibliques n’ont-elles eu autant d’influence que présentement. Si la connaissance de doctrines bibliques était une garantie de spiritualité, notre époque serait indubitablement la plus pieuse de toute l’histoire de l’Eglise. Bien au contraire, notre époque peut être considérée comme étant celle de la captivité babylonienne de l’Eglise ; ou encore celle de la mondanité, où l’Epouse de Christ s’est laissée courtiser par les hommes déchus. Les chrétiens évangéliques, sous des influences issues du diable, se sont laissés emporter par le monde. Indéniablement, ils s’y sont totalement abandonnés.
                   Que cette disgracieuse infidélité se soit produite aux yeux de tous, avec l’accord tacite de nos conducteurs et docteurs évangéliques, est l’une des plus tragiques affaires de l’histoire de l’Eglise. Malgré tout, je ne peux croire que cette grande reddition fut faite par des hommes fondamentalement mauvais et qui s’engagèrent consciemment dans la destruction de la foi de nos pères. De nombreuses personnes, dévouées et bienveillantes, ont collaboré avec les traîtres qui nous ont trompé. Pour quelle raison ? Une seule réponse possible : par manque de vision spirituelle. Quelque chose de semblable à une nébulosité s’est abattue sur l’Eglise comme « le voile qui couvre tous les peuples, et la couverture qui est étendue sur toutes les nations. » Un tel voile est tombé jadis sur Israël, ce fut un temps tragique pour cette nation. Dieu suscita l’Eglise et délaissa temporairement Israël, Il ne pouvait confier Son témoignage à un peuple aveugle. Nous avons assurément besoin de recouvrer notre vue spirituelle si nous espérons échapper au même fléau qu’Israël. Aucun doute n’est possible : l’un des plus importants impératifs pour aujourd’hui est d’obtenir des conducteurs possédant une vision prophétique. Nous avons désespérément besoin d’hommes dotés d’une vision spirituelle pénétrant la brume épaisse qui s’est abattue sur nous. A moins que le Seigneur ne les suscite rapidement, il sera trop tard pour cette génération. S’ils venaient, sans doute en crucifierions-nous quelques uns au nom de notre orthodoxie mondaine. Mais la croix est toujours l’annonce de la résurrection. L’évangélisation n’est pas ce dont nous avons besoin, car elle ne fait que répandre de la religiosité, quelle qu’en soit la nature. Au détriment de la qualité de ce que nous prêchons, c’est le plus grand nombre de gens qui est constamment recherché. La tragédie évangélique actuelle réside dans l’acceptation d’une forme dégénérée de la foi chrétienne, annoncée comme étant celle des apôtres. Nous y introduisons de nouveaux convertis sans que ceux-ci ne se posent la moindre question. Pendant ce temps, nous nous éloignons de plus en plus du modèle du Nouveau Testament. Nous devons connaître un renouveau spirituel. Une coupure intransigeante et sans compromis avec cette pseudo religion s’avère nécessaire. De façon totalement irresponsable, elle ne fait que satisfaire les chercheurs de divertissement profane présenté comme chrétien. Cette fausse foi chrétienne s’étend par tout le monde, encouragée par des hommes charnels employant des méthodes contraires aux Ecritures pour parvenir à l’accomplissement de leurs ambitions. »
                    Dans le Nouveau Testament bien des choses avaient pour but d’établir le témoignage de Christ, d’édifier le Corps de Christ, de glorifier Christ. Pour ces raisons mêmes, elles ont été usurpées par Satan. Elles ont été imitées, simulées, puis ont été présentées comme étant la vérité. Ces méthodes de l’ennemi n’ont servi qu’à discréditer le Seigneur. Ces choses ressemblent tant à ce qui est vrai, que beaucoup parmi le peuple de Dieu se retrouvent trompés, perplexes et conduits dans l’erreur. Depuis le commencement, le mélange du vrai et du faux a toujours été une méthode efficace de séduction. Dieu est imité par l’idolâtrie, par la fausse adoration. Christ est imité par les anti-christs. L’Esprit Saint est imité par des « dons » et des « prophéties ». L’homme est séduit par le psychique en imitation du spirituel. Des chrétiens se trouvant dans des situations difficiles, accablés par le stress, par des traumatismes divers, par des accusations et suspicions en tout genre se ruent chez les psychiatres. Les méthodes employées pour les « libérer » de leur condition, est de les laisser s’exprimer, révélant des choses personnelles, parfois même par l’hypnotisme. Tout ceci a des effets psychologiques et les patients se sentent soulagés. Ce qui est recherché avant tout est l’expression du Moi. Certains témoignent même que les remèdes des psychiatres sont parfois plus révolutionnaires que la nouvelle naissance elle-même ! Mais la situation de ces mêmes personnes, quelque temps plus tard, est plus désastreuse que jamais.
                     La psychologie – la science de l’âme – peut être le moyen le plus efficace employé par Satan pour imiter le spirituel, plongeant ensuite l’âme dans une détresse profonde et souvent inextricable.
                     Une certaine libération de l’esprit peut être obtenue dans la prière et la louange, parfois l’esprit ne peut être soulagé que par ces moyens-là. Ajoutons que la communion fraternelle peut être tout autant une panacée en vue d’une telle bénédiction. En revanche, il existe une contrefaçon, une falsification, qui se manifeste par des activités de l’âme au travers de ce qui est bruyant, extravagant et répétitif. Par exemple, la musique peut se révéler à la fois une grande bénédiction et un grand danger. « En esprit » est le critère divin.
EXAGERATION
« Je monterai sur les hauteurs des nues. »
                     Tout ce passage du prophète Esaïe 14 est une exagération. Ce qui est insinué ici et exprimé par des superlatifs, sont l’excès, la démesure et l’outrance.
                    « Je monterai… J’élèverai… Je m’assiérai… », signifie en fait « Je surpasserai » ; c’est l’ambition intarissable poussée jusqu’à la folie. C’est l’orgueil effréné et démesuré, c’est une attitude qui ne connaît ni la modestie, ni l’humilité ou la dépendance. C’est la mégalomanie parvenue à son paroxysme. C’est l’amplification, comme si c’était possible, de ce qui est louable et vrai. C’est aller au-delà de tout critère, c’est le surenchérissement absolu. C’est ici le péril de l’âme, ambitieuse, orgueilleuse, sans frein. Si Satan ne peut pas retenir et entraver l’œuvre de Dieu, il incitera aux excès et aux errements. Si jamais il trouve une consécration sincère, il tentera de la pousser jusqu’à l’aberration. S’il décèle une âme dévouée, il essaiera d’ajouter à la vérité de façon à ce que la vérité devienne une erreur.
                   Toutes les démesures de la personnalité, du « Moi » se trouvent dans l’appellation : « le roi de Babylone », « N'est-ce pas ici Babylone la grande, que j'ai bâtie ? ». Le « Je », l’ego, le Moi, s’affirment, se mettent en avant et prédominent. L’autorité, l’habilité naturelle et le don de conduire deviennent alors autocratiques, dictatoriaux voire tyranniques. Bien souvent, il existe une subtile différence entre l’autocratie et l’autorité spirituelle ; c’est précisément ici que le discernement spirituel est essentiel. Les forces naturelles, celles de l’âme, contraignent et imposent leurs lois. La conduite spirituelle, au contraire, est issue de la souffrance, d’une relation étroite avec Dieu. Elle établit un niveau de critère élevé et le préserve. Une telle autorité peut être difficile à accepter par la chair, et sera souvent mal interprétée. L’autorité et la conduite spirituelles sont un don de très grande importance, personne n’ira loin sans elles. C’est pourquoi Satan a toujours suivi de près ces hommes afin d’exagérer ce don et, si possible, de détourner son but. L’attachement et l’intimité envers le Seigneur sont le refuge du conducteur spirituel, et le Seigneur veille à ce qu’il en soit ainsi.
                    Il existe actuellement beaucoup de mouvements extrêmes parmi les chrétiens. L’enseignement est souvent poussé au delà de la vérité : s’il contient des choses bonnes et vraies, il débouche sur des excès. Apparemment, de tels enseignements sont très spirituels et profonds, mais la vérité étant altérée, il s’ensuit la confusion aujourd’hui si fréquente. Ceci à bien souvent mené des groupes à devenir excentriques, farfelus et même sectaires. La tendance à Athènes était sans cesse d’« ouïr quelque nouvelle », ce qui impliquait le plus souvent de nouvelles sensations. Combien Satan attise de telles exagérations et donne aux erreurs des proportions extravagantes ! C’est à dessein que l’ennemi agit de la sorte : il veut remplir le monde de personnes désillusionnées ne croyant plus en rien, y compris en la vérité. Cet état de chose poussait ardemment l’apôtre Jean, presque avec véhémence, à démontrer la vérité en répétant constamment cette petite phrase « c’est ici… ». Relisez ses lettres, et notez son insistance sur « [l’]onction vous enseigne à l’égard de toutes choses ». Le contexte de ces épîtres traduit les déceptions des anti-christs.
PREDOMINANCE
« J’élèverai mon trône au-dessus…. »
                    Les mots « j’élèverai » et « au-dessus » expriment l’objet et le but des aspirations de Satan. Tout ceci semble bien rocambolesque et insensé, or ce ne l’est pas autant qu’il y paraît à première vue. N’est-ce pas ici la motivation et le stimulus de toute force politique ? Si nous considérons bien ces choses, elles sont la raison de l’incarnation parce que tous les péchés proviennent de la même source. La naissance, l’enfance, l’humanité, l’enseignement et la croix de Jésus Christ étaient un renversement manifeste et effectif de toutes les puissances et gloires de ce monde. Jamais le Seigneur n’a cherché à impressionner, ni à rallier qui que ce soit à Sa cause par le prestige, les raffinements, les détours mal intentionnés, ni par une démonstration de gloire naturelle.
                     Il s’« est anéanti lui-même » jusque dans ses légitimes gloire et statut célestes. Son Royaume et sa Royauté ne sont pas de ce monde. Son avènement se produisit afin de défaire ce qui avait été corrompu. L’homme rend un culte à ce qui est populaire et à ce qu’il considère comme la réussite. Nous nourrissons une idée fausse au sujet de la force, la puissance et l’importance ; Jésus est venu remédier à ces choses par sa propre Personne. « Tu l'as fait dominer », oui mais sans dimension égocentrique : « amenant plusieurs fils à la gloire ». C’est la gloire de sa Grâce infinie, une faveur sans aucun mérite ! « Nous régnerons aussi avec lui », oui mais en tant qu’adorateurs de l’Agneau !
                       Le test de toutes choses est : Est-ce que ceci exalte et glorifie vraiment Christ ? Pas en paroles uniquement, car ceci peut être une forme de simulation et d’exagération. A Philippe, la servante possédée par un démon promouvait et annonçait l’Evangile, mais ce n’était qu’une des « profondeurs de Satan » ; et l’apôtre n’était pas prêt à présenter un Evangile au rabais afin de gagner la popularité ! La sainteté de Christ est le seul critère.
                     Ainsi, nous avons très brièvement noté, les voies de Satan ; celles-là mêmes qui l’ont conduit à sa chute. Le jugement de sa simulation, exagération et prédominance fut exprimé ainsi : « On t’a fait descendre dans le shéol, au fond de la fosse ».
                    Face à toute fausseté, que le Seigneur produise ce qui est conforme à la vérité, ce qui magnifie Christ ; ce qui promeut la véritable exaltation et suprématie de Christ. 

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