samedi 26 mars 2016

(1) La dispensation du mystère T. Austin-Sparks (volume 2)

Préface de la deuxième édition

                 Durant l'année 1939, nous avons publié deux volumes sur La dispensation du mystère. Le volume 1, le plus important des deux, a couvert un domaine plus large sous le titre Toutes choses en Christ. Ce dernier a été réimprimé et réédité et est toujours disponible. Le volume 2 fut plus spécifique en ce qui concerne le ministère de Paul et l’Église. Ce second volume était épuisé depuis un certain temps, et bien que nous ayons eu beaucoup de demande à son sujet, il y a eu une retenue inhabituelle à le réimprimer sous sa forme originale. Mais il y a eu un fardeau croissant de mettre par écrit l'essence de ce ministère particulier du "Mystère" et, sous cette pression que nous estimons de Dieu nous avons rédigé le présent volume qui, bien que modifié à plusieurs égards par rapport au précédent volume 2, est une focalisation de cette "Révélation" accordée à l'apôtre. Dans la présence irrésistible d'un si grand dévoilement, ce serait une chose impossible de donner une présentation adéquate et, bien que tellement chargés et pressés, nous éprouvons finalement un profond sentiment d'échec. Nous ne pouvons faire que "jeter à la surface des eaux" et croire qu'en tant que message de Dieu en un temps opportun, il peut toucher quelques cœurs préparés. Ce n'est pas une exposition dont on a besoin, mais d'une révolution semblable à celle qui a eu lieu chez l'apôtre quand "il plut à Dieu de révéler en lui son Fils." Que la prière contenue dans Ephésiens 1:17-21 soit exaucée dans la cas de beaucoup de lecteurs.

Forest Hill, Londres
T. Austin-Sparks  1966


Chapitre 1

A L'APPROCHE DE LA FIN DU VOYAGE

                     La dernière phase de son voyage est arrivée. La fin du voyage est en vue. La course est presque terminée, et quelle course, en effet ! Le fidèle serviteur, le soldat portant les stigmates de la guerre, le plus grand des missionnaires du Christ, le plus grand bâtisseur d'églises et des dispensateurs des richesses célestes, va bientôt recevoir "la couronne de vie" mise en réserve pour lui.Ses "voyages fréquents" doivent bientôt céder la place au "repos qui demeure". Son "travail plus abondant" est pratiquement terminé. Il donne expression à un espoir de pouvoir encore visiter quelques-uns de ses convertis bien- aimés (Philippiens 2:24). ( Certains pensent que cet espoir a été réalisé, et que, pendant une courte période de mise en liberté, il voyagé encore plus loin. Mais nous n'avons aucun rapport précis de ce fait dans le Nouveau Testament). Il est maintenant emprisonné à Rome, et Luc achève son récit par la période en ce lieu, dans sa "maison qu'il avait louée". Cet homme, qui a vu la souveraineté de Dieu dans toutes les vicissitudes de sa vie, n'a pas manqué de le faire lors de cette arrivée à Rome et en y séjournant, un séjour tellement différent de ce qu'il avait espéré et attendu. (Romains 1:15)

DÉCEPTION ET AFFECTATION DE DIEU

                    Faisant le bilan de sa situation, il ne tarda pas à parvenir à la conclusion que, dans cette souveraineté divine, cette situation rendait possible la réalisation d'un autre fort désir qui se trouvait dans son cœur, mais qui n'avait pu être accompli tandis qu'il était occupé par ses nombreux voyages. Chacune des lettres plus ou moins longues qu'il avait écrites, l'avait été en relation avec quelque situation et besoin particuliers. Aucune d'entre elles n'allait au-delà de cette demande spéciale, si ce n'est que par l'intermédiaire d'une information passagère. Au cours de ses longs voyages, il exerçait son métier pour subvenir à ses besoins et pour rendre impossible à des critiques, à juste titre, d'affirmer qu'il vivait aux dépens de ses convertis. Il a vécu des expériences spéciales et extraordinaires, comme "être ravi jusqu'au troisième ciel" (dans une vision ou un songe) et entendre "des paroles ineffables" (2 Corinthiens 12:1-4), sans oublier ces deux années dans le désert d'Arabie, ni plusieurs années de solitude à Tarse peu de temps après sa conversion, et un long emprisonnement à Césarée. Tout ceci lui a donné beaucoup de temps pour la méditation et pour permettre au Seigneur de lui parler. De cette manière, une immense accumulation de connaissance spirituelle fut mise en réserve dans son cœur. Étant tout à fait assuré, comme il l'a souvent dit, que cette "révélation était une "dispensation" pour "le Corps de Christ", il voulait sans aucun doute attendre un temps où il aurait suffisamment de loisir et de détachement pour soulager son esprit par écrit. Nous savons maintenant qu'un tel temps et qu'une telle opportunité devaient précisément survenir pour le succès de ce qui a été une bénédiction indicible pour l’Église au cours de ces nombreux siècles.

                     Comme nous venons de le dire, aussi étrange que la Providence ait pu lui sembler lorsque d'un regard, il fit pour la première fois le tour de son appartement, et non des moindres, considéra son garde romain et sa chaîne, il a vite réalisé que ce pourrait être la grande opportunité qu'il avait attendue. Il semblerait très fortement qu'au moment même où cette réalisation se présentait à lui, et peut-être dans les longues nuits, alors qu'il se retrouvait seul, sans visiteurs, il devint presque submergé par l'afflux de cette provision de révélations. Nous concluons de la sorte par la façon de présenter et le style, aussi bien que par la substance de ce qu'il avait alors couché par écrit. Il avait immédiatement à l'esprit ces église en Asie (bien que le Seigneur eût des intentions bien plus grandes) et ce qu'il a écrit était destiné à circuler parmi eux - probablement un espace blanc était laissé pour être complété et y inscrire le nom particulier, sous la forme : "aux saints qui sont à..." (le nom Éphèse ne figure pas sur les plus anciens manuscrits) Il y a, cependant, peu de doute que ce débordement de cœur n'eût une direction spéciale en faveur de cette église à Éphèse, tellement importante et tellement influente spirituellement. Ce détail peut être d'importance secondaire dans la perspective de l'intention divine tellement plus grande par le moyen de cette inspiration.


LE CŒUR DÉBORDANT  

                    En tant que première impression, c'est son style qui a une très grande importance. Notre sous-titre est un exemple de ce style. L’épître, (aux Éphésiens ainsi appelé) est écrite en termes superlatifs. Regardez certains de ceux-ci : "l'infinie grandeur de sa puissance" (1:19); "la plénitude de celui qui remplit tout en tous" (1:23); "l'infinie richesse de sa grâce" (2:7); "les richesses incompréhensibles de Christ (3:8); "la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur", ", "toute la plénitude de Dieu", "l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance" , "toute la plénitude de Dieu" (3:18,19); "infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons" (3:20); "au dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses" (4:10); "la stature parfaite de Christ" (4:13); "cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable" (5:27)

                    N'avons-nous pas raison de dire que l'homme était vraiment incapable de contenir la plénitude qui était la sienne ? Cela transparaît non seulement par ses expressions, mais aussi par sa forme grammaticale. Il débutera sur un sujet, puis ensuite, lorsqu'une pensée supplémentaire lui viendra à l'esprit, il divergera et changera de sujet, sans reprendre le fil précédent de sa pensée jusqu'à ce qu'il arrive à un certain pont. Dans le Nouveau Testament la plus longue phrase, sans un point, se trouve dans cet épître. Il est trop rempli, trop empressé pour s'arrêter à des considérations techniques littéraires. Les vannes des masses d'eaux sont ouvertes, et, comme un torrent, il déverse cette plénitude si longtemps contenue. Quand nous en arrivons à considérer la nature de sa révélation, nous comprendrons mieux pourquoi il s'exprimait tant en superlatif. Pour le moment nous ne faisons que signaler la force de son désir de faire connaître, enfin, cette révélation. Attardons-nous un peu plus sur cet épître

                   Certains peuvent ne pas être d'accord avec nous, et d'autres peuvent penser que nous exagérons quand nous disons que cette épître est :

Le plus grand document jamais écrit

                  Nous devons établir le bien-fondé de cette opinion, mais nous n'aurons pas entièrement échoué lorsque nous aurons terminé. Quand nous disons "le plus grand", bien sûr, nous ne voulons pas dire en longueur, mais en valeur intrinsèque et en contenu. 

                      Cette épître est la couronne et l'essence consommée du ministère de Paul. C'est le point culminant de sa mission. Voici quelques commentaires d'érudits chrétiens éminents :

Pour l'un d'eux c'est :  

"L'exposé le plus complet et le plus vaste que le Nouveau Testament contient à propos de la signification de la religion chrétienne, fusionnant comme nulle part ailleurs ses aspects évangéliques, spirituels, moraux et universels."

Ou de la part d'un autre :

"La communication la plus sublime jamais faite aux hommes fut transmise à partir d'une prison romaine par quelqu'un qui, selon sa propre estimation, état le "moindre de tous les saints".

"Cette épître est l'une des plus nobles du Nouveau Testament"

""Une épître divine qui rayonne par la flamme de l'amour chrétien et la splendeur de la lumière sainte, et d'où découlent des fontaines d'eau vive."

"L’œuvre la plus céleste de quelqu'un dont l'imagination même est meublée des choses qui sont dans les cieux."

"Dans cette épître qui est la composition de l'homme la plus divine, se trouve toute doctrine du christianisme; d'abord, ces doctrines particulières au christianisme, etc..."

"C'est clairement l’épître de l'Ascension. Par elle, nous nous élevons, comme sur les ailes de l'inspiration, sur les hauteurs les plus divines. Mot après mot - et pensée après pensée - ici "les lieux célestes"  là" toute bénédiction spirituelle"  puis "les richesses", puis "la gloire", puis "le mystère", puis "la plénitude", puis "la lumière", puis "l'amour", tout semble, pour ainsi dire, laisser derrière soi "une traînée lumineuse" dans ce ciel profond et rayonnant."

"C'est l'expression la plus avancée, la plus sublime, la plus profonde, la plus définitive de l’Évangile de Paul."

                    Hâtons-nous de dire que notre propre appréciation n'est pas le résultat de la lecture d'appréciations comme celles qui se trouvent ci-dessus, car ces dernières ont été découvertes beaucoup plus tard. Nous sommes arrivés à notre propre conclusion après bien des années de lecture et de méditation de cette épître et sur le ministère de Paul en général. Mais nous sommes tellement heureux d'avoir notre jugement confirmé ou entériné par des hommes qui ont une connaissance tellement plus grande que la nôtre.

                    Jusqu'à présent, nous avons simplement introduit l’épître. Son contenu, son enseignement et son message occuperont la majeur partie de notre préoccupation, bien que cela reste encore très largement au-delà de notre compréhension. Avant de nous plonger dans ces profondeurs, sans jamais aller beaucoup plus loin que la surface, nous devrons nécessairement prêter attention à l'homme lui-même et au fait que l'homme et son ministère sont une seule et même chose. Avant de procéder ainsi, rappelons à nos lecteurs un ou deux faits évidents mais impressionnants.

                    Lorsque l'apôtre Paul se mit à écrire cette épître, il n'avait pas la moindre idée qu'il était en train d'écrire les Saintes Écritures - la Bible (en partie). Sa seule pensée et son unique désir étaient de confirmer et de compléter "tout le conseil de Dieu" qu'il avait annoncé "sans rien cacher" à Éphèse et d'un bout à l'autre de l'Asie Mineure pendant les deux années où il s'y trouvait (Actes 19). Dans sa propre pensée, c'était une lettre qu'il écrivait et cela en vue d'un lieu et d'un besoin. Il ne lui est jamais venu à l'esprit que ce qu'il écrivait serait lu par un nombre croissant de personnes à travers près de vingt siècles; que cela irait dans un monde dont il ne connaissait rien de la dimension; que des gens de toute race sous le ciel aurait cette lettre traduite dans leur propre langue ou dialecte; qu'elle diviserait la chrétienté dans le monde entier selon les plus grandes écoles de théologie et d'interprétation, qui s'opposent; que le peuple de Dieu, de tout temps et sous tout régime se nourrirait d'elle avec avidité; que les libraires de tous les pays auraient leurs rayons infléchis de façon croissante par les "exposés", "les commentaires", "les sermons", etc, sur cette lettre; et que, finalement, des appréciations comme celles que nous avons citées ci-dessus seraient assignées à ce document de correspondance personnel ! Non seulement il n'aurait jamais pu imaginer cela possible, mais aurait été frappé d'étonnement s'il avait pu prévoir cela. Quelle apologie de son témoignage ! Quelle justification de ses souffrances ! Quel dévoilement de la souveraineté et de la grâce de Dieu ! Quelle inspiration et quelle force devrait être ceci pour quiconque souffre en communion avec Christ, et quelle preuve de la véracité de ses propres paroles : "votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur !"

T.A.S.


Aucun commentaire: