Le
récit de Zacharie et de l'ange (Luc 1:8-11) suggère que les gens
d'aujourd'hui voient la vie d'une drôle de façon. Cela nécessite
un effort considérable pour se libérer des fausses philosophies qui
tiennent en leur pouvoir le commun des mortel.
En
limitant notre considération aux États-Unis simplement, on peut
dire avec un grand degré d'exactitude que la population toute
entière pense la même chose sur à peu près tous les sujets. Notre
liberté de pensée tant chérie est une blague pour quiconque
possède le discernement de voir au delà du bout de son nez. Mis à
part la poignée de rebelles parmi nous, le peuple américain réagit
de façon uniforme face aux différents stimuli sociaux. Nous sommes
soigneusement conditionnés, comme l'étaient les allemands sous
Hitler, ou les russes sous Staline. La différence est que notre
conditionnement s'accomplit non pas par la violence mais par le biais
de la publicité et les autres outils d'éducation des masses. La
presse, la radio, et les différents arts dramatiques, parmi lesquels
le film est le plus puissant, ont opéré un lavage de cerveau envers
l'américain moyen au moins aussi efficace que n'importe quelle
machine de propagande totalitaire n'a jamais pu le faire par le
passé. Bien entendu, il n'y a pas de menaces, de camps de
concentration ni de police secrète, mais la tâche se voit néanmoins
accomplir. Et la preuve de son efficacité se trouve justement dans
le fait que ceux qui sont ainsi lavés ne sont pas conscients de ce
qui leur est arrivé, et ils reçoivent de telles notions avec des
éclats de rire. Mais que la victime rie ou qu'elle pleure, elle
demeure néanmoins victime.
Un
signe fatidique de nos concepts tordus est notre attitude envers le
quotidien. L'idée s'est développée parmi nous que le banal est
vieux-jeu et démodé. On ne permet plus à rien de nos jours d'être
ce que c'est – tout doit être « traité. » Parmi certaines
couches de la société par exemple, la vue d'une mère qui allaite
son bébé provoquerait des exclamations voire des froncements de
sourcils. Les industries n'ont-elles pas inventé de meilleurs
aliments que le lait maternel ? Et de toute façon, cette nourriture
n'a pas été « traitée, » et elle n'est pas produite dans une
usine homologuée. Comment Mme Amérique peut-elle faire resplendir
son éclat quand elle s'engage dans une activité si commune et
banale ?
La
quête du « glamour » et le mépris du quotidien sont des signes et
des présages au sein de la société américaine. Même la religion
a pris un certain éclat. Et au cas où vous ne sauriez pas ce que
signifie le « glamour, » je peux expliquer que c'est un mélange de
sexe, de peinture, de rembourrage et de lumières artificielles. Il
est arrivé en Amérique à travers le bastringue et les films et a
d'abord été accepté dans le monde, puis l'église l'a accueilli
les bras ouverts, pleine de vanité, d'orgueil et de mépris. Au lieu
d'avoir l'Esprit de Dieu parmi nous, nous avons maintenant l'esprit
de « glamour, » aussi artificiel que la mort enguirlandée et aussi
vide que le crâne, qui est son symbole.
Dire
que nous avons aujourd'hui affaire à un nouvel esprit dans le monde
chrétien n'est pas simplement une figure de style. Le nouveau
christianisme a clairement introduit de nouveaux concepts qui nous
affrontent de manière éhontée à chaque détour du christianisme
évangélique. Les simples vertus, qui étaient si chères au
prophète comme à l'apôtre et la substance des sermons solennels et
puissants de nos antécédents protestants ont été mis au rebut
avec le cheval du pompier et le soufflet du forgeron. Le nouveau
chrétien n'a plus envie d'être bon, saint, ou vertueux. Il veut
être heureux et libre, avoir la « liberté d'esprit » et par
dessus tout, il veut jouir de l'enthousiasme de la religion sans
subir aucun de ses périls. Il aborde le Nouveau Testament avec un
concept paganisé de la voie chrétienne et fait dire aux Écritures
précisément ce qu'il ou elle souhaite leur faire dire. Et le
comble, c'est que le nouveau chrétien fait cela, bizarrement, en
insistant lourdement sur l'idée que c'est un descendant direct des
apôtres et un authentique enfant de la Réforme. Les modèles
spirituels de cette personne ne sont pas des hommes saints mais des
joueurs de foot, des héros du ring et des stars sentimentales mais
non-régénérées.
Le
véritable christianisme est bâti sur la Bible, et la Bible est
l'ennemi de toute prétention. La simplicité, la sincérité et
l'humilité demeurent des vertus cardinales dans le royaume de Dieu.
L'ange est apparu à Zacharie alors qu'il accomplissait son travail
quotidien. Il n'y avait rien d'éclatant dans le travail de ce vieux
saint. Il n'y avait pas de fanfare, pas de lumières – simplement
un vieillard qui accomplissait fidèlement ce qu'il avait appris à
faire. Il ne cherchait pas à se faire connaître. Les gens à
l'extérieur étaient occupés à d'autres tâches et ils ne
s'occupaient pas de lui. A notre époque effrénée peut-on espérer
que quelques chrétiens puissent encore croire à l'ange du quotidien
?
Éteignons
les lumières multi-colores un instant et voyons ce qui se passe.
Peut-être que nos yeux s'habitueront à la lumière de Dieu. Et qui
sait ? Peut-être que quelqu'un verra à nouveau un ange.
à suivre....
à suivre....