vendredi 12 octobre 2018

(12) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer

Transcrit, traduit et mis en ligne par : http:www.eglisedemaison.com


Le chrétien est le véritable réaliste

                    Certains penseurs superficiels rejettent les chrétiens comme étant des personnes irréalistes qui vivent dans un monde imaginaire. "La religion", disent-ils, "est une échappatoire, une négation de la réalité. Y adhérer, c'est se réfugier dans des rêves." 
                    En argumentant de cette manière, ils ont réussi au fil des années à perturber un grand nombre de personnes et à créer dans l'esprit des gens un affreux doute concernant la sagesse de la position chrétienne. Mais il n'y a pas de quoi être perturbé -- une meilleure analyse des faits permettra de dissiper tous les doutes et de convaincre les croyants que leurs attentes sont valables et que leur foi est basée sur un fondement sûr.

                    Si on comprend le réalisme comme étant la reconnaissance des choses telles qu'elles sont réellement, les chrétiens, d'entre tous les humains, doivent être les plus réalistes. Parmi tous les penseurs intelligents, ce sont eux qui s'intéressent plus à la réalité. Ils insistent que leurs croyances correspondent aux faits. Ils réduisent les choses à leur essence primitive et rejettent de leur esprit tout ce qui enfle leur raisonnement. Ils demandent à connaître l'entière vérité concernant Dieu, le péché, la vie, la mort, la responsabilité morale et le monde à venir. Ils veulent connaître tout ce qu'il y a de mal en eux-mêmes afin qu'ils puissent y remédier. Il y a quelque chose en eux qui refuse d'être dupé, même si l'aveuglement leur permettrait de maintenir leur amour-propre et leur dignité personnelle. Ils tiennent compte du fait indéniable qu'ils ont péché. Ils reconnaissent la brévité de leur vie et la certitude de la mort. Ils ne tentent pas d'éviter ces choses, ni de les modifier pour qu'elles leur conviennent mieux. Ce sont des faits, et ils les regardent en face. Ce sont des réalistes. 
                    Nous qui adhérons à la foi chrétienne n'avons pas besoin de nous justifier. La charge de la preuve se tient avec l'adversaire. L'accusation d'irréalisme peut être portée à l'incroyant avec une logique imparable.

                    Ce sont les hommes ou les femmes de ce monde qui sont les songeurs, pas les chrétiens. Un pécheur ne peut jamais vraiment être lui-même. Il doit faire semblant toute sa vie. Il doit vivre comme s'il n'allait jamais mourir, tout en sachant pertinemment qu'il doit mourir. Il doit agir comme s'il n'avait jamais péché, tout en sachant, au plus profond de cœur, à chaque fois qu'il commet un péché. Il doit faire semblant de ne pas s'intéresser à Dieu et au jugement et à la vie future, mais dans son cœur il est profondément perturbé par sa condition irrégulière. Il doit maintenir une façade de nonchalance tout en reculant devant les faits et en souffrant des accusations de sa conscience. Les nouvelles d'un ami proche qui est décédé le laissent perturbé, avec l'hypothèse que ce sera lui le suivant -- mais il n'ose pas montrer son angoisse, il doit masquer sa terreur de son mieux et continuer de jouer son rôle. Durant toute leur vie adulte, il doit esquiver, masquer et cacher. Lorsque enfin arrêtent de faire semblant soit ils perdent la tête, soit ils se tournent vers Christ, soit ils se suicident.

Prier jusqu'à prier

                    Le Dr. Moody Stuart, un grand homme de prière d'une génération passée, avait dressé une liste de règles pour le guider dans ses prières. Parmi ces règles se trouvait celle-ci : « Prie jusqu'à ce que tu pries ».

                    La différence entre prier jusqu'à s'arrêter et prier jusqu'à prier est illustrée par l'évangéliste américain John Wesley Lee. Il comparait souvent une session de prière à un culte, et il insistait que bon nombre d'entre nous arrêtons la réunion avant la fin du culte. Il a avoué qu'à une occasion, il s'était levé trop tôt d'une session de prière et il avait commencé à marcher dans la rue pour s'occuper d'une affaire pressante. Il n'avait parcourue qu'une courte distance quand une voix intérieure l'a repris. « Mon fils, » semblait dire la voix, « n'as-tu pas prononcé la bénédiction avant que la réunion soit terminée? » Il a compris, et il s'est empressé aussitôt de retourner à son lieu de prière, où il est resté jusqu'à ce que le fardeau se lève et la bénédiction tombe.

                 L'habitude de couper court nos prières avant que nous ayons réellement prié est aussi courante qu'elle est malheureuse. Bien souvent, les dix dernières minutes peuvent être plus significatives que la première demi-heure, car il nous faut assez longtemps avant de se mettre dans l'état d'esprit nécessaire pour prier efficacement. Nous devrons peut-être lutter avec nos pensées pour les empêcher de se dissiper à cause des multitudes de distractions qui résultent de notre vie dans un monde désordonné.

                    Ici, comme partout dans les choses spirituelles, nous devons nous efforcer de distinguer l'idéal du réel. Dans l'idéal, nous devrions vivre à chaque instant dans un tel état de parfaite union avec Dieu qu'aucune préparation particulière ne soit nécessaire. Mais en réalité, rares sont ceux qui peuvent honnêtement dire que telle soit leur expérience. La candeur nous oblige pour la plupart à admettre que nous devons souvent lutter avant de pouvoir échapper à l'aliénation et au sentiment d'irréalité qui reposent parfois sur nous comme une sorte d'humeur générale.

                    Quoi qu'en puisse dire un idéalisme rêveur, nous sommes obligés de traiter les choses au niveau de la réalité concrète. Si lorsque nous venons prier nos cœurs sont apathiques et sans sens spirituel, il ne sert à rien d'essayer de se convaincre que ce n'est pas le cas. Il vaut bien mieux l'admettre franchement et le surmonter par la prière. Certains chrétiens sourissent à l'idée de « surmonter par la prière, » mais on retrouve des pensées similaires dans les écrits de pratiquement tous les grands saints prieurs depuis Daniel jusqu'à nos jours. Nous ne pouvons pas nous permettre d'arrêter nos prières avant que nous ayons réellement prié.  

à suivre...

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