mardi 23 octobre 2018

(18) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer

Transcrit, traduit et mis en ligne par : http:www.eglisedemaison.com

L'ange du quotidien

                    Le récit de Zacharie et de l'ange (Luc 1:8-11) suggère que les gens d'aujourd'hui voient la vie d'une drôle de façon. Cela nécessite un effort considérable pour se libérer des fausses philosophies qui tiennent en leur pouvoir le commun des mortel. 

                    En limitant notre considération aux États-Unis simplement, on peut dire avec un grand degré d'exactitude que la population toute entière pense la même chose sur à peu près tous les sujets. Notre liberté de pensée tant chérie est une blague pour quiconque possède le discernement de voir au delà du bout de son nez. Mis à part la poignée de rebelles parmi nous, le peuple américain réagit de façon uniforme face aux différents stimuli sociaux. Nous sommes soigneusement conditionnés, comme l'étaient les allemands sous Hitler, ou les russes sous Staline. La différence est que notre conditionnement s'accomplit non pas par la violence mais par le biais de la publicité et les autres outils d'éducation des masses. La presse, la radio, et les différents arts dramatiques, parmi lesquels le film est le plus puissant, ont opéré un lavage de cerveau envers l'américain moyen au moins aussi efficace que n'importe quelle machine de propagande totalitaire n'a jamais pu le faire par le passé. Bien entendu, il n'y a pas de menaces, de camps de concentration ni de police secrète, mais la tâche se voit néanmoins accomplir. Et la preuve de son efficacité se trouve justement dans le fait que ceux qui sont ainsi lavés ne sont pas conscients de ce qui leur est arrivé, et ils reçoivent de telles notions avec des éclats de rire. Mais que la victime rie ou qu'elle pleure, elle demeure néanmoins victime.  

                   Un signe fatidique de nos concepts tordus est notre attitude envers le quotidien. L'idée s'est développée parmi nous que le banal est vieux-jeu et démodé. On ne permet plus à rien de nos jours d'être ce que c'est – tout doit être « traité. » Parmi certaines couches de la société par exemple, la vue d'une mère qui allaite son bébé provoquerait des exclamations voire des froncements de sourcils. Les industries n'ont-elles pas inventé de meilleurs aliments que le lait maternel ? Et de toute façon, cette nourriture n'a pas été « traitée, » et elle n'est pas produite dans une usine homologuée. Comment Mme Amérique peut-elle faire resplendir son éclat quand elle s'engage dans une activité si commune et banale ?

                    La quête du « glamour » et le mépris du quotidien sont des signes et des présages au sein de la société américaine. Même la religion a pris un certain éclat. Et au cas où vous ne sauriez pas ce que signifie le « glamour, » je peux expliquer que c'est un mélange de sexe, de peinture, de rembourrage et de lumières artificielles. Il est arrivé en Amérique à travers le bastringue et les films et a d'abord été accepté dans le monde, puis l'église l'a accueilli les bras ouverts, pleine de vanité, d'orgueil et de mépris. Au lieu d'avoir l'Esprit de Dieu parmi nous, nous avons maintenant l'esprit de « glamour, » aussi artificiel que la mort enguirlandée et aussi vide que le crâne, qui est son symbole.

                    Dire que nous avons aujourd'hui affaire à un nouvel esprit dans le monde chrétien n'est pas simplement une figure de style. Le nouveau christianisme a clairement introduit de nouveaux concepts qui nous affrontent de manière éhontée à chaque détour du christianisme évangélique. Les simples vertus, qui étaient si chères au prophète comme à l'apôtre et la substance des sermons solennels et puissants de nos antécédents protestants ont été mis au rebut avec le cheval du pompier et le soufflet du forgeron. Le nouveau chrétien n'a plus envie d'être bon, saint, ou vertueux. Il veut être heureux et libre, avoir la « liberté d'esprit » et par dessus tout, il veut jouir de l'enthousiasme de la religion sans subir aucun de ses périls. Il aborde le Nouveau Testament avec un concept paganisé de la voie chrétienne et fait dire aux Écritures précisément ce qu'il ou elle souhaite leur faire dire. Et le comble, c'est que le nouveau chrétien fait cela, bizarrement, en insistant lourdement sur l'idée que c'est un descendant direct des apôtres et un authentique enfant de la Réforme. Les modèles spirituels de cette personne ne sont pas des hommes saints mais des joueurs de foot, des héros du ring et des stars sentimentales mais non-régénérées.

                    Le véritable christianisme est bâti sur la Bible, et la Bible est l'ennemi de toute prétention. La simplicité, la sincérité et l'humilité demeurent des vertus cardinales dans le royaume de Dieu. L'ange est apparu à Zacharie alors qu'il accomplissait son travail quotidien. Il n'y avait rien d'éclatant dans le travail de ce vieux saint. Il n'y avait pas de fanfare, pas de lumières – simplement un vieillard qui accomplissait fidèlement ce qu'il avait appris à faire. Il ne cherchait pas à se faire connaître. Les gens à l'extérieur étaient occupés à d'autres tâches et ils ne s'occupaient pas de lui. A notre époque effrénée peut-on espérer que quelques chrétiens puissent encore croire à l'ange du quotidien ? 
                    Éteignons les lumières multi-colores un instant et voyons ce qui se passe. Peut-être que nos yeux s'habitueront à la lumière de Dieu. Et qui sait ? Peut-être que quelqu'un verra à nouveau un ange.

à suivre.... 

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