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Sermon 52 : LA RÉFORME DES MŒURS
Psaume
94,16
1763
Qui se lèvera pour moi contre les méchants ? (Psaume 94 : 16)
Qui se lèvera pour moi contre les méchants ? (Psaume 94 : 16)
Sermon
prêché devant les membres de la Société pour la réforme des
mœurs, le dimanche 30 janvier 1763. Cette société exista pendant
plusieurs années et fit un bien incalculable. Mais elle a été
complètement ruinée par un arrêt de la Cour royale, qui la frappa
d'une amende de sept mille cinq cents francs. Ma conviction est que
les témoins, le jury et tous ceux qui furent impliqués dans ce
procès inique, auront à rendre un compte bien sérieux devant Dieu.
(Note de J. Wesley.)
On
a vu dans tous les temps des hommes « qui ne craignaient point
Dieu, et qui n'avaient aucun égard pour personne (Luc 18 : 2) »,
s'associer et se liguer pour mieux accomplir leurs œuvres de
ténèbres. En agissant ainsi, ils se sont montrés « prudents
dans leur génération (Luc 16 : 8) ; » car ces
associations ont contribué à l'extension du règne de leur père
qui était le diable, plus que tous les autres moyens qu'ils auraient
pu employer.
Mais,
d'un autre côté, ceux qui craignent Dieu et veulent le bonheur de
leurs semblables, ont aussi dans tous les siècles compris la
nécessité de s'unir pour lutter ensemble contre ces œuvres de
ténèbres, pour répandre la connaissance de Dieu leur Sauveur, et
pour propager son royaume sur la terre. A la vérité, c'est Dieu
lui-même qui leur a enseigné à faire cela. Depuis que la terre est
habituée, il a prescrit à ses enfants de s'associer pour le servir,
et par son Esprit il les a réunis en un seul corps. Et s'il les a
ainsi groupés ensemble, c'est « pour détruire les œuvres du
diable (1Jean 3 : 8) », d'abord en ceux qui sont ainsi
associés, et puis, par eux, en tous ceux qui les entourent.
Tel
fut le but primitif de l'Eglise de Christ. C'est une société
d'hommes qui s'unissent, premièrement en vue de travailler chacun
d'eux à son propre salut. Ensuite, pour s’entraider dans ce
saint travail du salut, de leurs âmes ; et enfin, autant qu'ils
le pourront, pour sauver tous les hommes du malheur présent et à
venir, pour renverser le règne de Satan et établir celui de
Jésus-Christ. Telles doivent être aussi la grande préoccupation et
la continuelle occupation de tous les membres de l'Eglise chrétienne,
sans quoi ils ne méritent pas de porter ce titre, attendu qu'ils ne
sont pas des membres vivants de Jésus-Christ.
Cela
devrait donc être l'objet constant des pensées et des efforts de
tous ceux qui, dans ce pays, constituent par leur union ce qu'on
appelle l'Église anglicane. Ils sont associés en vue de résister
au diable et à toutes ses œuvres, de faire la guerre à la chair et
au monde, ces alliés permanents et fidèles de Satan. Mais en est-il
effectivement ainsi ? Tous ceux qui se nomment membres de
l'Église d'Angleterre sont-ils engagés de tout cœur dans la lutte
contre les œuvres du diable, dans le combat contre le monde et la
chair ? Hélas ! nous n'osons l'affirmer. Il serait, plutôt
vrai de dire qu'une grande partie de ces personnes (et je crains que
ce ne soit la majorité), forme elle-même ce qu'on appelle le monde,
c'est-à-dire ce peuple qui ne connaît point Dieu d'une manière
salutaire ; qu'au lieu de faire mourir la chair avec ses
passions et ses convoitises, ils les satisfont et accomplissent
eux-mêmes ces œuvres du diable qu'ils étaient tout spécialement
appelés à détruire.
Il
est donc encore nécessaire, même dans ce pays chrétien (comme on
nomme par complaisance la Grande-Bretagne), même dans cette Église
chrétienne (s'il est permis de désigner ainsi la masse de nos
compatriotes), qu'il se trouve des hommes qui se lèvent contre les
méchants et se liguent contre les ouvriers d'iniquité. Aujourd'hui
plus que jamais, il est urgent que « ceux qui craignent
l’Éternel parlent l'un à l'autre (Malachie 3 : 16) » sur ce
sujet, pour essayer de lever l'étendard contre l'iniquité qui
inonde le pays. Oui certes, il y a lieu, pour tous ceux qui servent
Dieu, de se liguer contre les œuvres du diable, de prendre le parti
du Seigneur en unissant leurs cœurs, leurs projets et leurs efforts,
pour contenir, autant que cela dépend d'eux, ces « torrents
des méchants (Psaume 18 : 5) ».
C'est,
dans ce but que, vers la fin du siècle dernier (Le dix-septième),
quelques personnes s'associèrent à Londres et bientôt reçurent la
qualification de Société pour la réforme des mœurs. Pendant près
de quarante années, cette société fit un bien incroyable. Mais,
les fondateurs étant morts, ceux qui les remplacèrent se laissèrent
décourager et abandonnèrent la tâche. C'est pourquoi cette société
disparut, il y a quelques années, et, rien d'analogue n'existait
plus dans notre pays.
C'est
une association du même genre qui s'est constituée récemment. Je
me propose aujourd'hui d'indiquer : premièrement, la nature de
cette entreprise, et ce qu'ont déjà fait les membres de la
Société ; en second lieu, l'excellence de cette œuvre, en
mentionnant les diverses objections qu'on a dirigées contre elle ;
en troisième lieu, ce que doivent être les hommes qui s'en
occupent ; et, enfin, dans quel esprit et de quelle manière ils
doivent travailler à l'accomplissement de leur dessein. Je
terminerai par des exhortations s'appliquant aux membres de la
Société et, en général, à tous ceux qui craignent Dieu.
I
Je
veux, d'abord, indiquer la nature de l'entreprise et ce qui a déjà
été fait.
Ce
fut un dimanche, au mois d'août 1757, que, dans une petite réunion
dont le but était la prière et un entretien. religieux, on vint à
parler de la profanation publique et scandaleuse du saint jour qui
avait lieu dans cette ville, du fait de gens qui vendaient et
achetaient, tenaient boutique ouverte, s'enivraient dans les
brasseries, ou débitaient leurs denrées comme les autres jours de
la semaine, debout ou assis dans les rues, le long des routes et par
les champs, surtout à Moorfields qui, d'un bout à l'autre, en était
plein chaque dimanche. On se demanda ce qu'il y aurait à faire pour
arrêter ces désordres ; et il fut convenu que six des
personnes présentes se rendraient, le lundi matin, chez Sir John
Fielding pour le consulter. Cela fut fait : il approuva cette
idée, et indiqua comment il fallait. s'y prendre pour la réaliser.
On
commença par adresser des pétitions à Son Excellence le
lord-maire, et, au conseil des aldermen, aux juges qui siègent à
Hick's-Hall, et à ceux de Westminster. De ces divers corps de
magistrats on reçut des encouragements chaleureux.
Il
parut convenable ensuite de porter ce projet à la connaissance de
divers personnages de distinction, et du clergé tout entier, y
compris les pasteurs de diverses dénominations se rattachant aux
Eglises et congrégations des cités de Londres et de Westminster
aussi bien que des environs. On eut la satisfaction de rencontrer
chez eux tous une adhésion et une approbation cordiales.
Après
cela, la Société fit imprimer et répandre, à ses frais, plusieurs
milliers d'exemplaires d'un ouvrage renfermant des instructions
adressées aux constables (Sergents de ville) et aux autres agents
municipaux, pour leur expliquer et leur enjoindre leurs devoirs
respectifs. De plus, pour éviter, autant que possible, d'avoir à
recourir aux tribunaux pour assurer l'exécution des lois, la Société
fit imprimer et répandre dans tous les quartiers de la capitale des
invitations à ne plus profaner le jour du repos, ainsi que des
extraits des Actes du Parlement se rapportant à cette question, et
enfin, des avertissements à ceux qui se mettraient en contravention.
Après
avoir pris ces précautions et ouvert ainsi la voie, après avoir
fois sur fois envoyé des avertissements dont nul compte n'était
tenu, la Société, au commencement de l'année 1755, se décida à
porter plainte auprès des magistrats contre les individus qui
violaient publiquement le jour du Seigneur. Le premier fruit de cette
mesure fut d'obtenir que les rues et la campagne fussent. délivrées
de la présence de ces gens qui, ne respectant ni Dieu, ni le roi, y
vendaient habituellement leurs denrées du matin au soir. On
rencontra plus de difficultés dans la réalisation de la seconde
partie du programme, qui était d'empêcher la population de se
livrer aux excès de boisson le dimanche et de passer dans les
brasseries le temps qu'on eût dû consacrer au culte divin. En
poursuivant ce but, les membres de la Société se virent exposés à
beaucoup d'opprobres, d'outrages et d'insultes de tout genre. Ils
avaient à lutter non seulement contre les buveurs, mais aussi contre
les cabaretiers qui les recevaient, et contre des gens riches et
honorés, les uns propriétaires de ces brasseries, les autres
fournisseurs des boissons qu'on y consommait, contre tous ceux enfin
qui retiraient quelque profit de ces transgressions. Parmi ces
derniers, il y avait des hommes qui non seulement étaient riches,
mais exerçaient des fonctions publiques, de telle sorte que, dans
plus d'un cas, ce fut précisément devant eux que comparurent les
délinquants. Le mauvais accueil que ces hommes firent à ceux qui
portaient plainte, encourageai la lie de la population à suivre leur
exemple, et à traiter les membres de la Société comme des gens
indignes de vivre. On ne se gêna plus, non seulement pour les
injurier de la façon la plus grossière, non seulement pour leur
jeter de la boue, des pierres on tout autre projectile qu'on avait
sous la main, mais encore et plusieurs fois pour les battre
cruellement et les traîner sur le pavé et dans les ruisseaux des
rues. Si on ne les tua pas, ce ne fut pas faute de l'avoir voulu,
mais parce que les méchants furent contenus, par un frein.
Dieu
soutint les membres de la Société en question, et ils entreprirent
encore d'empêcher les boulangers de consacrer une si grande portion
du dimanche au travail de leur métier. Beaucoup de ceux-ci se
conduisirent plus honorablement que les cabaretiers. Au lieu d'en
vouloir à ceux qui faisaient ces démarches et de considérer leurs
efforts comme des provocations, plusieurs qui avaient été
entraînés, par le courant des exigences de la clientèle, à agir
contrairement aux inspirations de leur conscience, remercièrent les
membres de la Société pour leur intervention qu'ils considéraient
comme un acte de bienveillance.
En
expulsant des rues, de la banlieue et des brasseries ceux qui
profanaient le jour du repos, les membres de la Société
rencontrèrent une autre catégorie de malfaiteurs non moins
nuisibles que les autres, les joueurs de toutes sortes. Il s'en
trouvait parmi eux qui appartenaient à l'espèce la plus vile, celle
qu'on appelle des grecs, gens qui se font une profession d'attirer
les jeunes gens sans expérience et de les dépouiller de tout leur
argent en trichant au jeu : parfois après les avoir ruinés,
ils les initient à leurs mystères d'iniquité. Les agents de la
Société ont déniché plusieurs de ces industriels, et en ont
réduit quelques-uns à gagner leur pain à la sueur de leur front et
par le travail de leurs mains.
Le
nombre des membres et les ressources de la Société avaient
augmenté ; ils en profitèrent pour élargir leur programme,
et, non contents de réprimer les jurons blasphématoires, ils
entreprirent de débarrasser nos rues de ce qui est à la fois un
fléau public et un scandale pour le nom chrétien : je veux
parler des femmes publiques. Plusieurs d'entre elles furent arrêtées
au milieu de leur carrière de dissipation et de vice. Pour couper le
mal à fa racine, on s'attacha à découvrir les maisons où ces
femmes étaient reçues et, à la suite de poursuites légales, on
les fît fermer absolument. Quelques-unes de ces pauvres créatures
déchues, déjà arrivées au degré le plus bas de l'infamie, ont
depuis reconnu que c'était la grâce de Dieu qui avait dirigé cette
intervention, et elles ont renoncé au péché par une repentante qui
n'a point été passagère. Un certain nombre ont été mises en
service ; d'autres ont été reçues dans l'hospice de la
Madeleine.
Que
l'on me permette une petite digression. Qui pourrait assez admirer la
sagesse de la Providence qui ajuste les temps et les moments de façon
à faire correspondre les uns avec les autres certains événements ?
Par exemple, dans ce cas où beaucoup de ces infortunées, se voyant
tout à coup arrêtées dans leur carrière coupable, éprouvèrent
le désir de changer de vie et se firent peut-être cette question
lamentable : « Que ferai-je pour vivre si je renonce à
l'existence que je mène actuellement ? Car je ne sais pas
travailler, et je n'ai pas d'amis pour me recevoir ! »
Mais ce fut précisément pour ce moment que Dieu avait préparé
l'ouverture de cet hospice de la Madeleine. Là, ces femmes qui n'ont
pas de gagne-pain, qui n'ont point d'amis pour les recueillir, sont
reçues de la façon la plus charitable. On pourvoit à leurs besoins
et même très convenablement ; on leur fournit « tout ce
qui regarde la vie et la piété (2 Pierre 1 : 3) ».
Revenons
à notre sujet.
Le
nombre des individus poursuivis, d'août 1757 à août 1762, s'éleva
à 9596.
Voici
ceux qui l'ont été depuis et à ce jour :
Pour
jeux non autorisés ou pour jurons blasphématoires : 40
Pour
profanation du dimanche : 400
Prostituées
et teneurs de maisons de débauche : 550
Pour
avoir mis en vente des gravures obscènes : 2
Total :
10588
Quand
il s'agit d'admettre de nouveaux membres, la Société pour la
réforme des mœurs ne s'inquiète pas de savoir à quelle secte ou à
quel parti ils appartiennent. L'essentiel est que les renseignements
qu'on reçoit prouvent qu'on a affaire à des hommes de bien.
D'ailleurs, des égoïstes ou des gens intéressés dans les
questions d'argent ne resteraient pas longtemps membres de la
Société, non seulement parce qu'ils n'y gagneraient rien, mais
aussi parce qu'ils auraient bientôt à débourser, attendu qu'en
devenant membre on devient, souscripteur. On a répandu le bruit que
c'étaient tous des disciples de Whitefield. Mais c'est une erreur.
Une vingtaine seulement des souscripteurs réguliers de la Société
sont liés avec M. Whitefield ; une cinquantaine avec M.
Wesley ; une vingtaine sont membres de l'Eglise nationale et
n'ont aucun rapport avec l'un ou l'autre, et, enfin, soixante et dix
environ sont des dissidents, ce qui donne un total de cent soixante
membres. Il est vrai qu'il y a, en outre, beaucoup de personnes qui
aident l'œuvre par des dons non réguliers.
II
Tels
sont les efforts déjà accomplis en vue de l'œuvre dont nous nous
entretenons. Mais je veux, en second lieu, en démontrer le caractère
excellent, et cela malgré les objections que l'on a fait entendre à
l'encontre. L'excellence de cette œuvre résulte des considérations
suivantes. D'abord, que cette guerre ouverte déclarée à toutes les
impiétés et les iniquités qui, semblables à un déluge, inondent
notre pays, est bien un des plus nobles témoignages qu'on puisse
rendre à Jésus-Christ en face de ses ennemis. C'est là glorifier
Dieu et montrer au genre humain que, même en nos jours mauvais, il
se trouve des âmes, peu nombreuses, hélas ! qui conservent
fidèlement leur foi et leur piété devant Dieu. Peut-on imaginer un
but plus excellent que celui-là : rendre à Dieu l'honneur dû
à son nom, adhérer non par des paroles, mais par des souffrances
endurées et par des périls encourus, à cette déclaration :
« Quoi qu'il en soit, il y a du fruit (ou : une
récompense) pour le juste ; quoi qu'il en soit, il y a un Dieu
qui juge sur la terre (Psaume 58 : 12) ? »
N'est-ce
pas une entreprise bien excellente que celle qui tend à empêcher,
autant que possible, que le glorieux nom du Seigneur soit profané,
que l'autorité des lois divines soit foulée aux pieds, que notre
sainte religion soit déshonorée par la conduite coupable et
scandaleuse de gens qui portent, encore le nom de chrétiens ?
Oui, chercher à refouler le courant des vices, à contenir « les
torrents des méchants Ps 18 : 5 » , supprimer en quelque
mesure tout ce qui peut souiller le beau nom que nous portons, ce
sont là des pensées nobles entre toutes celles qu'une âme humaine
peut concevoir.
Mais
si cette entreprise tend manifestement à ce résultat :
« Gloire à Dieu dans les plus hauts cieux (Luc 2 : 14) »
, elle ne contribuera pas moins à réaliser cette autre parole :
« Paix sur la terre ! (Luc 2 : 14) » Car puisque
tout péché a pour effet direct de détruire notre paix avec Dieu
que nos transgressions provoquent, mais aussi de bannir toute paix de
notre âme et d'armer chaque homme contre son frère, il se trouvera
que toute œuvre qui empêche ou fait disparaître le péché
favorise, dans une mesure correspondante, l'établissement de la
paix, soit dans notre propre cœur, soit entre Dieu et nous, soit
entre nous et nos semblables. Voilà quels sont les fruits que porte
cette œuvre dès à présent et dans ce monde-ci. Mais pourquoi nous
laisserions-nous arrêter dans nos réflexions par les étroites
limites du temps et de l'espace ? Franchissons-les et entrons
dans le domaine de l'éternité. Quels fruits de cette œuvre y
constaterons-nous ? Voici la réponse d'un apôtre :
« Frères, si quelqu'un d'entre vous s'écarte de la vérité,
et que quelqu'un le redresse (le ramène, le convertisse, non pas à
telle ou telle opinion, mais à Dieu) ; qu'il sache que celui qui
aura ramené un pécheur de son égarement, sauvera une âme de la
mort, et couvrira une multitude de péchés (Jaacques 5 : 19,20).
Mais
ce n'est pas seulement au bonheur des individus que cette œuvre
contribue, tant de ceux qui peuvent entraîner les autres à la
transgression que de ceux qui peuvent s'y laisser entraîner et y
succomber ; elle a aussi en vue la prospérité de la communauté
tout entière à laquelle nous appartenons. C'est ici, en effet, une
vérité reconnue : « La justice élève une nation (Proverbe 14 : 34) ; » mais celle-ci n'est pas moins certaine :
« Le péché est la honte des nations (Proverbe 14 : 34) ».
Oui, le péché attire sur elles la malédiction de Dieu. En
soutenant les intérêts de ta justice, de la piété, on soutient
les intérêts de la nation. Et dans la mesure où l'on peut contenir
le péché et le vice, on éloigne d'elle une honte et une
malédiction. Tous ceux donc qui participent à cette œuvre sont les
bienfaiteurs de leurs semblables, et les meilleurs soutiens de leur
roi et de leur patrie. Et il n'y a pas lieu de douter que, dans la
proportion où cette entreprise réussira, Dieu accordera au pays, la
prospérité, et accomplira ainsi fidèlement sa parole :
« J'honorerai ceux qui m'honorent » (1 Samuel 2 : 30)
Mais
voici une critique qu'on a adressée à cette Société : « Vos
intentions sont excellentes ; mais ce sont là des choses qui ne
vous pas. N'y a-t-il pas des personnes dont c'est l'affaire spéciale
de constater ces délits et de faire châtier les délinquants ?
N'y a-t-il pas des constables et d'autres agents municipaux qui ont
prêté serment de veiller à cela ? » C'est vrai. Les
constables et les représentants de paroisse sont tout
particulièrement obligés, par le serment solennel qu'ils ont prêté,
de porter plainte contre tous ceux qui violent le jour du repos et
contre tous ceux qui commettent des actes scandaleux. Mais s'ils ne
font pas leur devoir, si, malgré leur serment, ils ne se mettent
point en peine de ces choses, il convient alors que tous ceux qui
craignent Dieu, qui aiment leurs semblables et veulent servir leur
roi et leur pays, s'appliquent à cette tâche tout comme sil n'y
avait pas d'agents désignés pour cela ; car, s'ils n'agissent
pas, c'est absolument comme s'ils n'existaient pas.
Autre
critique : « Ce n'est là qu'un prétexte ; Le but
réel de ces gens est de se faire payer comme dénonciateurs ».
On a affirmé cela fréquemment et carrément, mais sans qu'il y eût
ombre de vérité dans cette accusation. Nous pourrions prouver par
mille exemples que c'est tout le contraire. Aucun membre de la
Société ne touche quoi que ce soit des indemnités accordées par
la loi aux dénonciateurs. C'a été ainsi dès le début ; et
ils n'acceptent, pas davantage les sommes qui leur sont offertes en
vue d'empêcher ou d'arrêter les poursuites. C'est donc là une
erreur sans fondement, si toutefois ce n'est une calomnie volontaire.
— « Mais, dit-on encore, la chose est impraticable. Le vice est arrivé à un tel point qu'il est impossible de l'arrêter ; surtout avec de pareils moyens. Que peut une poignée de gens coutre la population tout entière ? » - « Quant aux hommes, cela est impossible, mais non pas quant à Dieu (Marc 10 : 27) ». Et ce n'est pas en eux-mêmes, mais en Dieu que se confient les membres de cette association. Ceux qui protègent le vice ont beau être forts, ils ne sont devant lui que des sauterelles. Il peut se servir de toutes sortes de moyens ; il peut également « délivrer, soit avec beaucoup, soit avec peu de gens (1 Samuel 14 : 6) ». Il importe peu que le petit nombre soit pour lui et le grand nombre contre lui ; car il peut faire tout ce qui lui plaît ; « il n'y a ni sagesse, ni intelligence, ni conseil, pour résister à l'Éternel (Proverbe 21 : 30) ».
—
« Mais,
dira-t-on peut-être, si vous visez réellement à convertir les
pécheurs, vous ne devriez pas employer ces moyens. Ce ne sont pas
les lois humaines, c'est la parole de Dieu qui peut accomplir cette
œuvre. C'est l'affaire des pasteurs, et non celle des magistrats ;
et, en vous adressant à ces derniers, vous obtiendrez une réforme
extérieure, mais les cœurs ne seront pas changés ».
Il
est vrai que Dieu se sert habituellement et surtout de sa parole pour
changer le cœur et la vie des pécheurs, et que c'est principalement
par le moyen des ministres de l'Évangile qu'il accomplit cette
œuvre. Mais il est également vrai que le magistrat est « le
ministre de Dieu, et vengeur pour punir celui qui fait mal (Romains 13 :
4) », et cela de la part de Dieu, en veillant à l'exécution
des lois humaines. Il est vrai que cela ne change pas les cœurs ;
mais c'est bien quelque chose d'empêcher que le péché se commette.
Cela diminue d'autant l'outrage fait au Seigneur, l'opprobre jeté
sur notre sainte religion, la honte et la malédiction tombant sur
notre peuple, les tentations offertes aux âmes, enfin la colère
amassée par les transgresseurs eux-mêmes pour le jour de la colère.
—
« C'est
le contraire pour ces derniers ; car de beaucoup d'entre eux
vous faites des hypocrites qui font semblant d'être ce qu'ils ne
sont pas. Et y en a d'autres que vous exaspérez et conduisez à une
rage de désespoir dans la carrière du mal, en attirant sur eux la
honte et les frais d'un jugement. Ainsi, ils ne valent pas mieux
qu'auparavant ; peut-être valent-ils moins ».
Rien
de cela n'est exact. Où sont les hypocrites en question ? Nous
ne connaissons aucune personne qui ait fait semblant, ce qu'elle
n'était pas. La honte et les frais auxquels sont exposés les
coupables n'ont pas pour effet de les exaspérer et de les endurcir
dans le mal, mais bien de leur inspirer une crainte salutaire. Il y
en a qui, loin d'avoir empiré, sont, tout compté, meilleurs ;
car le cours de leur vie est changé. Et même il y en a dont le cœur
a été changé, qui sont « passés des ténèbres à la
lumière et, de la puissance de Satan à Dieu (Actes 26 : 18) ».
—
« Mais
il y a bien des gens qui ne sont pas convaincus que ce soit un péché
de vendre ou d'acheter le dimanche ! »
S'ils
n'en sont pas convaincus, ils devraient l'être, et il est grand
temps qu'ils le soient. La chose est bien simple. Si ce n'est pas un
péché que de violer ouvertement et volontairement la loi de Dieu et
celle du pays en même temps, qu'est-ce qui sera péché, je vous le
demande ? Et si on ne doit pas punir cette violation des lois
humaines et divines, simplement parce que le coupable n'est pas
convaincu que ce soit un péché, il faudra donc renoncer à faire
exécuter les lois, et laisser chacun faire ce qu'il voudra !
—
« Mais
il faudrait d'abord essayer des mesures de douceur ! » On
l'a fait, et on le fait encore. On avertit d'une façon bienveillante
ceux qui sont en faute avant de porter plainte contre eux ; on
ne poursuit personne avant de lui avoir fait entendre bien clairement
que, s'il veut éviter des poursuites, il doit renoncer à ce qui les
motive. Dans chaque cas on emploie les moyens les plus conciliants
que comporte la situation, et l'on n'a recours aux mesures
rigoureuses que lorsque les moyens de conciliation ont complètement
échoué.
—
« En
fin de compte, après tout le mouvement que l'on s'est donné pour
réformer, quel bien réel a-t-on fait ? » Cette œuvre a
fait un bien incalculable, beaucoup plus de bien qu'on eût pu en
attendre en peu
de temps, avec si peu d'ouvriers, et en présence de si grandes
difficultés. Elle a empêché beaucoup de mal, elle en a fait
disparaître beaucoup. Chez beaucoup de pécheurs, il y a eu une
réforme extérieure, et chez quelques-uns un changement intérieur.
L'honneur de celui dont nous portons le nom, était insulté
publiquement : il a été publiquement défendu. Il est,
d'ailleurs, impossible de dire toutes les bénédictions, petites et
grandes, que ce faible effort, tenté pour Dieu et pour sa cause et
contre ses ennemis audacieux, a pu attirer sur notre peuple. En
résumé, malgré toutes les objections qu'on a soulevées contre
elle, cette entreprise demeure, tout homme raisonnable en conviendra,
une des plus excellentes qu'une âme d'homme ait jamais conçues.
III
Mais
que doivent-ils être, ceux qui s'associent à cette entreprise ?
Bien des gens ont pu s'imaginer qu'on doit admettre avec empressement
tous ceux qui sont disposés à aider, et que plus il y aura de
membres, plus l'influence de la Société sera grande. Il n'en est
point ainsi : les faits ont prouvé le contraire jusqu'à
l'évidence. Tandis que la première Société pour la réforme des
mœurs ne compta qu'un petit nombre de membres bien triés, bien
qu'ils ne fussent ni riches, ni puissants, elle surmonta toute
opposition et réussit admirablement dans les divers objets qu'elle
avait en vue. Mais lorsqu'on y reçut un plus grand nombre d'hommes
moins soigneusement choisis, l'utilité de l'association commença à
diminuer jusqu'à ce qu'enfin, par une décadence graduelle, les
choses se trouvèrent réduites à rien.
Il
ne faut donc pas davantage compter sur le grand nombre des membres
que sur leur fortune ou sur leur rang.
C'est une œuvre de Dieu : elle a été entreprise en son nom et
pour l'amour de lui. Il suit, de là que ceux qui n'aiment point Dieu
et ne le craignent même pas n'ont « point de part, ni rien à
prétendre dans cette affaire (Actes 8 : 21) ». A ceux-là
le Seigneur pourrait dire : « Est-ce à toi de réciter
mes statuts et de prendre mon alliance en ta bouche, puisque tu hais
la correction, et que tu as jeté mes paroles derrière toi ?
(Psaume 50 : 16,17) » Quiconque vit sciemment dans le péché
est par cela même impropre pour cette œuvre de réforme des
pécheurs ; surtout si cette personne est coupable, même
occasionnellement, même tant soit peu, de profanation du nom de
Dieu, d'acheter, de vendre, ou de faire quelque travail qui n'est pas
indispensable le dimanche ; ou bien encore si elle fait
quelqu'une des choses que la Société a pour but spécial de
combattre. Qu'aucun homme qui a lui-même besoin de se réformer
n'ose donc demander à prendre part à cette œuvre. Qu'il « ôte
premièrement de son œil la poutre (Matthieu 7 : 5) ; » qu'il
commence par être lui-même irréprochable à tous égards.
Je
ne veux pas dire que cela soit suffisant. Il faut que celui qui
s'engage dans cette œuvre soit quelque chose de plus qu'un homme
inoffensif. Il a besoin d'être un homme de foi ; il doit avoir
au moins assez de cette « démonstration des choses qu'on ne
voit point (Hébreux 11 : 1) », pour « ne point regarder
aux choses visibles, mais aux invisibles ; car les choses
visibles ne sont que pour un temps, mais les invisibles sont
éternelles (2 Corinthiens 4 : 18) ». Il doit avoir cette foi qui
produit une crainte sérieuse de Dieu et la détermination durable de
s'abstenir, avec l'aide de sa grâce, de tout ce qu'il défend et de
pratiquer tout ce qu'il commande. Il a tout particulièrement besoin
de cette branche spéciale de la foi qui se nomme la confiance en
Dieu. Car c'est là foi qui « transporte les montagne (1 Corinthiens 8 :
2) », « éteint la force du feu (Hébreux 11 : 34) »,
renverse tous les obstacles, et rend capable d'en combattre et d'en
« poursuivre mille (Deutéronome 32 : 30 » parce qu'on sait où
est la source de la force et parce que, tout en « se regardant
soi-même comme condamné à mort », on a « confiance en
Dieu qui ressuscite les morts (2 Corinthiens 1 : 9) »
L'homme
qui a cette foi, cette confiance en Dieu, ne peut manquer d'être
courageux. Et il faut absolument
l'être quand on s'associe à cette entreprise. Car on est certain
d'y rencontrer dans l'exécution bien des choses qui sont pénibles
pour la nature humaine, si pénibles que quiconque voudra « consulter
la chair et le sang (Galates 1 : 16) » , craindra de s'y
exposer. C'est donc ici le cas de posséder un vrai courage ; il
en faut, et beaucoup. Or, c'est la foi seule qui peut le donner.
C'est le croyant qui peut dire :
Qui
se confie
En
toi, Jésus,
Brave
et défie
Echecs,
refus.
Pour
lui l'épreuve
Est
sans effroi.
Rien
qui l'émeuve :
Il
sert son Roi !
La
patience tient de très près au courage ; celui-ci affronte les
dangers à venir ; elle endure les maux présents. Quiconque
veut prendre part à l'œuvre en question aura grand besoin de
patience. Car il aura beau être irréprochable : il se trouvera
dans la situation d'Ismaël ; « il lèvera sa main contre
tous, et tous lèveront la main contre lui (seulement 16 : 12)
». Rien d'étonnant dans cela ; car si « tous ceux
qui veulent vivre dans la piété selon Jésus-Christ seront
persécutés (2 Timothée 3 : 12) », à plus forte raison ceux
qui, non contents de vivre eux-mêmes dans la piété, ont la
prétention de contraindre les méchants d'en faire autant, ou du
moins de renoncer à leur impiété ouverte ! N'est-ce pas là
se mettre en guerre avec le monde entier ? N'est-ce pas là
jeter un défi à tous les enfants du diable ? Et Satan
lui-même, « prince de ce monde (Jean 14 : 30) »
« prince des ténèbres de ce siècle (Éphésiens 6 : 12) »
ne déploiera-t- il pas toute sa et toute sa force pour soutenir son
trône qui chancelle ? Qui s'imagine que le lion rugissant va se
laisser arracher sa proie sans résister ? Ainsi, « vous
avez besoin de patience, afin qu'après avoir fait la volonté de
lieu, vous remportiez l'effet de sa promesse (Hébreux 10 : 36) ».
Il
vous faut aussi de la constance, pour que vous « reteniez
constamment la profession de votre espérance sans varier (Hébreux 10 :
23) ». Cette qualité est indispensable aux membres de cette
Société ; ce n'est point l'affaire de « l'homme dont le
cœur est partagé et qui est inconstant en toutes ses voies (Jacques 1 :
8 » Celui qui ressemble à un roseau agité par le vent ne vaut
rien pour une pareille lutte : un cœur résolu et inébranlable.
Si quelqu'un « met la main à la charrue » sans avoir ces
qualités-là, il « regardera en arrière (Luc 9 : 62) »
avant longtemps. « Il n'est que pour un temps ; et lorsque
l'affliction ou la persécution (les épreuves particulières ou
publiques) surviendront à cause de la parole (ou de cette œuvre),
il se scandalisera aussitôt (Matthieu 13 : 21) »,
A
vrai dire, il est bien difficile de persévérer dans cette rude
tâche, si l'on n'a pas l'amour qui surmonte et la souffrance et la
crainte. Il importe donc au plus haut point que ceux qui veulent
s'associer à ces efforts aient « l'amour de Dieu qui est
répandu dans nos cœurs (Romains 5 : 5) », et qu'ils puissent
tous dire : « Nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le
premier (1Jean 4 : 19) » Alors la présence de celui qu'aime
leur âme leur rendra le travail facile. Alors ils pourront s'écrier,
non pas dans un élan fougueux de l'imagination, mais en toute vérité
et en toute simplicité :
Quand
je marche avec toi, Seigneur, mon âme oublie
Fatigues
et soucis ;
Mon
devoir semble aisé ; ma tâche est ennoblie ;
Mes
maux sont adoucis.
Ce
qui fait paraître encore plus doux les travaux et même les
souffrances, c'est que le chrétien aime son semblable. Quand on
« aime son prochain » , c'est-à-dire toute âme humaine,
« comme soi-même (Matthieu 22 : 39) », comme sa propre
âme, quand « l'amour de Christ nous presse (2 Corinthiens 5 : 14) »
de nous aimer les uns les autres « de même qu'il nous a aimés
(Éphésiens 5 : 2) ; » quand, à l'exemple de Jésus qui « a
souffert la mort pour tous (Hébreux 2 : 9) », nous sommes
prêts à « mettre notre vie pour nos frères (1 Jean 3 :
16) », pour tout homme, pour toute âme pour qui Jésus est
mort, quelle menace de danger pourrait nous détourner de ces
« travaux de notre charité (1 Timothée 1 : 3) ? » Quelles
souffrances n'endurerait-on pas volontiers pour sauver une âme du
feu éternel ? Quelle série de travaux, de désappointements et
de douleurs ne faudrait-il pas pour venir à bout d'une résolution
si bien trempée ? De pareilles âmes se raidissent contre tous
les mauvais accueils, et ne se laissent décourager ni par des jours
fatigants ni par des nuits sans repos. « La charité espère
tout, et supporte tout : elle ne périt jamais (1 Corinthiens 13 :
7,8) ».
Tous
les membres d'une association comme celle-ci ont besoin de l'amour,
de la charité pour un autre motif encore : c'est que « l'amour
ne s'enfle point d'orgueil (1 Corinthiens 13 : 4) ; » il produit le
courage et la patience, mais aussi l'humilité. Et combien cette
vertu est nécessaire à tous ceux qui s'occupent de cette œuvre !
Rien n'est plus important que ceci, qu'ils soient à leurs propres
yeux petits, faibles, misérables et même vils. Car s'il en était
autrement, s'ils allaient se croire quelque chose, s'ils
s'attribuaient quoi que ce fût à eux-mêmes ; , ou s'ils
glissaient dans des dispositions pharisaïques et « présumaient
d'eux-mêmes comme s'ils étaient justes, et méprisaient les autres
(Luc 18 : 9) », le résultat serait ce qu'il peut y avoir
de plus fatal pour cette entreprise. Car alors ils auraient contre
eux tout le monde, y compris Dieu lui-même, puisque « Dieu
résiste aux orgueilleux, mais fait grâce aux humbles (Jacques 4 :
6) », et aux humbles seuls. Il faut donc que tout membre de
cette Société sente son ignorance, sa faiblesse, son incapacité,
et qu'il dépende absolument de celui qui seul possède sagesse et
force, convaincu, plus qu'il ne pourrait le dire, que c'est Dieu qui
opère tout le bien qui se fait sur la terre, et que « c'est,
lui qui produit en nous et la volonté et l'exécution, selon son bon
plaisir (Philippiens 2 : 13) ».
Il
y a encore un point dont tous ceux qui travaillent à cette œuvre
doivent être persuadés et se souvenir : c'est que « la
colère de l'homme n'accomplit point la justice de Dieu (Éphésiens 4 :
1,2) ». Qu'ils apprennent donc de celui qui n'était pas
seulement humble, mai débonnaire et doux ; et qu'ils
conservent, eux aussi, la douceur avec l'humilité. Qu'ils apprennent
à « se conduire d'une manière digne de leur vocation, avec
toute sorte d'humilité et de douceur (Éphésiens 4 : 1,2) ». Il
faut qu'un homme qui a en vue de faire du bien soit « doux
envers tous (2 Timothée 2 : 24) », qu'ils soient bons ou
méchants, et cela dans son propre intérêt, et pour l'amour des
âmes comme pour l'amour de Christ. Il doit « avoir compassion
de ceux qui pèchent par ignorance et par erreur (non seulement 5 :
2) ». A-t-il même affaire à des gens qui résistent à la
parole et à l'œuvre du Seigneur, qui vont jusqu'à leur déclarer
la guerre ? Raison de plus pour « instruire avec douceur
ceux qui sont d'un sentiment contraire, afin qu'ils se réveillent et
se dégagent du piège du diable, par lequel ils ont été pris pour
faire sa volonté (2 Timothée 2 : 25,26) ».
IV
Après
avoir passé en revue les qualités requises chez ceux qui veulent
s'associer à une entreprise comme celle-ci, je vais essayer de
montrer dans quel esprit et de quelle manière il convient de s'y
livrer. Et d'abord, dans quel esprit ? Ceci a rapport, en
premier lieu, au motif qui doit inspirer toutes les démarches que
l'on fait ; car si, en certains cas, « la lumière qui est
en toi n'est que ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres ? »
Mais « si ton œil est sain, tout ton corps sera éclairé (Matthieu 6 : 22,23) ». Il ne faut jamais oublier ce principe, mais
l'appliquer à chacune de nos paroles, à chacun de nos actes. Il ne
faut rien dire, rien faire, ni petite chose ni grande, en vue de
quelque avantage matériel qui pourrait nous en revenir, rien non
plus en vue de gagner l'approbation, l'estime, l'amour ou les
louanges des hommes. Il faut que l'intention, cet oeil de l'âme,
soit toujours tournée vers ces deux objets, la gloire de Dieu, le
bien de nos semblables.
Mais
l'esprit dans lequel vous devez agir, ce sont les sentiments, aussi
bien que les motifs, qui accompagneront vos actes. Nous avons déjà
décrit ces sentiments. Car ce courage, cette patience, cette
constance que l'on doit avoir pour entrer dans cette œuvre, il faut
les déployer sans cesse pendant l'exécution. Que celui qui veut y
travailler « prenne par-dessus tout le bouclier de la foi, par
le moyen duquel un peut éteindre tous les traits enflammés du malin
(Éphésiens 6 : 16) » Qu'il il mette en exercice, aux heures
difficiles, toute la foi que Dieu lui a donnée. Et que tout ce qu'il
fait soit fait dans l'amour et rien comme par force. Et que cet amour
soit de ceux que beaucoup d'eaux ne sauraient éteindre, qu'un déluge
d'ingratitude ne pourra submerger. Qu'il ait aussi cet esprit humble
qui était en Jésus-Christ ; qu'il soit « orné
d'humilité (1 Pierre 5 : 5) ; » que l'humilité remplisse son
cœur et qu'elle soit la parure de toute sa conduite. Qu'il se revête
également « des entrailles de miséricorde, de bonté,.... de
patience (Colossiens 3 : 12) ; » qu'il évite tout ce qui
pourrait ressembler à de la malice, à de l'aigreur, à de la colère
ou à de la rancune : car nous sommes appelés à « ne
point nous laisser surmonter par le mal, mais à surmonter le mal par
le bien (Romains 12 : 21) ». Pour demeurer dans cet amour
humble et doux, il est très nécessaire de tout faire avec
recueillement, d'éviter une hâte excessive et la dissipation
d'esprit, tout aussi soigneusement que l'orgueil, l'emportement ou la
mauvaise humeur. Mais pour conserver ces dispositions, il n'y a qu'un
moyen c'est d'être « persévérant dans la prière (Romains 12 :
12) », soit avant d'agir, soit après avoir agi, mais aussi
pendant qu'on est à l'œuvre ; c'est de tout faire dans
l'esprit du sacrifice, de tout offrir à Dieu en son Fils bien-aimé.
Quant
aux procédés à employer, prenez pour règle générale qu'ils
doivent correspondre aux dispositions dont nous venons de parler.
Mais entrons dans quelques détails. Ayons bien soin de « ne
pas faire du
mal afin qu'il en arrive du bien (Romains 3 : 8) ». « C'est
pourquoi, renonçant au mensonge, que chacun de vous parle en vérité
à son prochain. (Éphésiens 4 : 25) » N'employez ni détour ni
ruse pour surprendre ou pour faire châtier des coupables ;
mais, par la sincérité (2 Corinthiens 1 : 12) », rendez-vous
« recommandable à la conscience de tous les hommes devant Dieu
(2 Corinthiens 4 : 2) ». Il se peut qu'en vous conformant à cette
règle, vous n'atteigniez pas un aussi grand nombre de délinquants ;
mais, d'un autre côté, la bénédiction du Seigneur reposera
d'autant plus sur votre entreprise.
Tout
en étant innocents, soyez prudents, mais de la vraie prudence. Je ne
vous recommande pas ce produit de l'enfer que le monde appelle
prudence et qui n'est que de la ruse, de la fraude, de la
dissimulation. Ayez cette « sagesse qui vient d'en haut (Jacques
3 : 15) », et que Jésus recommande tout particulièrement
à ceux qui veulent établir son royaume sur la terre : « Soyez
prudents comme des serpents, et simples comme des colombes (Matthieu 10 :
16) ». Cette sagesse vous enseignera à adapter vos paroles et
l'ensemble de votre conduite au caractère des gens avec qui vous
avez affaire, comme aussi au temps, au lieu et aux autres
circonstances dans lesquelles vous êtes appelés à agir. Cette
sagesse vous apprendra à ne pas donner de prétexte de se plaindre à
ceux qui ne cherchent que des prétextes, et à accomplir les devoirs
les moins agréables de la façon la moins désagréable qui soit
possible.
Votre
manière de parler, surtout quand vous vous adressez à des
coupables, doit toujours être profondément sérieuse, autrement ils
pourraient croire que vous les insultez ou que vous jouissez de leur
embarras. Il est même convenable que le ton de vos paroles soit
triste, pour qu'ils sentent que vous les plaignez d'avoir commis ces
fautes et que vous avez pitié d'eux lorsqu'il en souffrent. Il faut
que, sur votre visage, comme dans le ton de votre voix et dans les
paroles que vous dites, on sente que vous n'êtes pas emportés, mais
calmes et modérés, Rien n'empêche même que, dans tous les cas où
cela peut se faire sans dissimulation, vous ne vous montriez animés
d'un esprit bienveillant et amical. Dans certains cas où l'on ne
risque guère d'en abuser, vous pouvez exprimer vos sentiments de
bienveillance ; mais, afin que les gens ne s'imaginent pas que
vous le faites parce que vous avez peur, ou par quelque autre motif
suspect, faites bien entendre que vous n'êtes point effrayés, que
vous êtes déterminés à opposer au vice une résistance inflexible
et à en poursuivre la répression jusqu'au bout.
V
Il
ne nous reste plus qu'à faire l'application des choses que nous
venons de dire, d'abord à vous qui êtes engagés dans cette œuvre,
ensuite à tous ceux qui craignent Dieu, et tout spécialement à
ceux qui aiment Dieu en même temps qu'ils le craignent.
Quant
à vous qui déjà prenez part à cette œuvre, le premier conseil,
que je désire vous donner, c'est de réfléchir avec soin et
sérieusement à la nature de l'entreprise qui est devant vous.
Rendez-vous compte de ce que vous voulez faire ; étudiez bien
la question qu'il s'agit de résoudre ; examinez les objections
qu'on dirige contre l'ensemble de vos opérations, et, avant d'aller
plus loin, assurez-vous que ces critiques ne reposent sur aucun
fondement. Cela fait, que chacun agisse selon qu'il est pleinement
persuadé dans son esprit.
Je
vous donnerai un second conseil : c'est de ne pas vous presser
d'augmenter le nombre des membres de votre Société. Et quand vous
en recevrez de nouveaux, ne tenez compte ni de la fortune, ni du
rang, ni d'aucune autre circonstance purement extérieure :
attachez-vous à rencontrer les qualités énumérées tout à
l'heure. Informez-vous soigneusement si la personne proposés a une
conduite irréprochable ; si c'est un homme de foi, courageux,
patient, constant ; et s'il aime Dieu et le prochain. Si le
membre proposé répond à ce signalement, son admission ajoutera à
votre force aussi bien qu'à votre nombre, Mais s'il n'en est pas
ainsi, son entrée parmi vous serait une perte plutôt qu'un gain :
car vous n'auriez pas l'approbation de Dieu. Ne craignez pas non plus
de rejeter du sein de votre association tout membre qui ne
posséderait pas toutes les qualités requises. Diminuer votre nombre
de cette manière, ce sera augmenter votre force ; car vous
serez « des vaisseaux propres au service du Seigneur (2 Timothée 2 :
21) ».
Je
vous conseille, en troisième lieu, de vous observer vous-mêmes
sérieusement pour savoir quel est, dans chaque cas, le motif qui
vous fait parler ou agir. Veillez à ce que vos intentions ne soient
jamais entachées par une préoccupation d'intérêt matériel ou de
gloire humaine. Tout ce que vous faites, faites-le pour le Seigneur,
et comme serviteurs de Christ. Ne cherchez en rien votre propre
satisfaction, mais de celui à qui vous êtes et que vous servez.
Regardez à Dieu et à lui seul, du commencement à la fin, dans tout
ce que vous direz, dans tout ce que vous ferez.
Un
autre conseil que je vous présente, c'est de tout faire dans un
esprit convenable, avec humilité, avec douceur, avec patience et
avec bonté, comme le demande l’Évangile de Jésus-Christ.
Accomplissez chaque détail de votre œuvre avec confiance en Dieu et
dans les sentiments les plus bienveillants, les plus charitables.
Tenez-vous en garde contre toute précipitation et contre les
distractions ; priez sans cesse, avec ferveur, avec
persévérance, afin que votre foi ne défaille point. Et que rien ne
vienne détruire en vous cet esprit de sacrifice qui vous portera à
vous offrir tout entiers, et avec tout ce que vous possédez, avec
tout ce que vous pouvez faire ou même souffrir, en offrande
d'agréable odeur, à Dieu par Jésus-Christ.
Relativement
à la façon dont vous devez agir et parler, je vous rappelle qu'il
faut le faire en toute simplicité, sans détours, mais aussi avec
prudence et sérieux. Montrez-vous également aussi calmes, aussi
modérés que possible ; et même usez d'autant de bienveillance
que les circonstances le permettront. Vous ne devez pas agir en
bouchers ou en bourreaux, mais plutôt en médecins qui n'infligent à
leurs malades que tout juste les souffrances inévitables dans le
traitement du mal. Il faut, pour cela, que chacun de vous ait la main
d'une femme avec le cœur d'un lion. Alors beaucoup, même de ceux
contre lesquels vous aurez eu à sévir, « glorifieront Dieu au
jour où il les visitera (1 Pierre 2 : 12) ».
Quant
à vous tous qui craignez Dieu, je vous conjure, au nom même de
l'espérance que vous avez de trouver grâce devant lui, au nom de la
crainte que vous devez avoir « qu'il ne se trouve que vous ayez
fait la guerre à Dieu (Actes 5 : 39) » même à votre insu,
je vous exhorte à n'empêcher ni n'entraver pour aucun motif ou sous
aucun prétexte, ni directement, ni indirectement, cette entreprise
si humaine et si propre à glorifier Dieu. Mais ce n'est pas tout. Si
vous aimez vos semblables, si vous avez à cœur de diminuer la somme
de leurs péchés et de leurs misères, pourriez-vous vous contenter
(et pourriez-vous vous justifier devant Dieu de vous en tenir là ?)
de ne point mettre obstacle à cette bonne œuvre ? Ne vous
sentez-vous pas tenus par les obligations les plus solennelles de
« faire du bien à tous, pendant que nous en avons l'occasion
(Galates 6 : 10) ? » Et n'avez-vous pas ici une occasion de
faire du bien à beaucoup, voire même un bien du genre le plus
relevé ? Je vous exhorte donc, au nom du Seigneur, à profiter
de cette occasion. Si vous ne pouvez faire davantage, aidez au moins
par de ferventes prières ceux qui sont personnellement engagés dans
ce saint : labeur. Aidez-les aussi, selon vos forces, à
supporter les frais qu'entraîne nécessairement cette œuvre, frais
qui les écraseraient si les âmes charitables ne leur prêtaient
leur concours. Aidez-les, si vous le pouvez, par des dons
trimestriels ou annuels. En tout cas, venez à leur aide maintenant ;
faites votre devoir aujourd'hui ; faites ce que Dieu vous mettra
au cœur de faire. Qu'il ne soit pas dit que vous avez vu vos frères
travailler pour le Seigneur et que vous n'avez pas voulu les aider,
même du bout du doigt ! De ces deux manières, donc ;
venez « au secours de l’Éternel, au secours de l’Éternel contre
les puissants (Juges 5 : 23) ! » (d'après la, version
anglaise. Ostervald dit : « avec les hommes puissants ».
Mais,
j'exigerai davantage de vous qui ne craignez pas seulement Dieu, qui
l'aimez aussi. Celui que vous craignez et aimez vous a doués
spécialement pour que vous preniez part à son œuvre d'une façon
plus complète. Aimant Dieu, vous aimez aussi vos frères ; vous
n'aimez pas seulement vos amis, mais vos ennemis, pas seulement les
amis de Dieu, mais ses ennemis. « Comme élus de Dieu »,
vous vous êtes « revêtus... d'humilité, de douceur, de
patience (Colossiens 3 : 12) » Vous avez foi en Dieu et en
Jésus-Christ qu'il a envoyé, cette foi par laquelle le monde est
vaincu. Par cette foi vous pouvez aussi vaincre le mal et la fausse
honte, cette « crainte de l'homme qui fait tomber dans le
piège ». Vous pouvez donc relever le front devant ceux qui
vous méprisent, vous et vos efforts. Préparés comme vous l'êtes,
armés pour le combat, feriez-vous comme « les enfants
d'Éphraïm, équipés et tirant de l'arc, qui ont tourné le dos au
jour de la bataille (Psaume 78 : 9) ? » Voudriez-vous laisser
quelques-uns de vos frères seuls à soutenir le choc de toute
l'armée ennemie ? Oh ! ne dites pas : « Cette
croix est trop lourde ; je n'ai ni le courage lit la force de la
porter ! » Cela peut être vrai ; vous ne pouvez pas
par vous-mêmes. Mais si vous croyez, vous pouvez dire : « Je
puis tout par Christ qui me fortifie (Philippiens 6 : 13) ». « Si
tu peux croire, toutes choses sont possibles pour celui qui croit
(Marc 9 : 2) ». Pour celui-là, aucune croix n'est trop
lourde ; car il sait que « si nous souffrons, avec lui
nous régnerons lui (2 Timothée 2 : 12) ». Ne dites pas non plus
« Mais je ne voudrais pas passer pour singulier ! »
Dans ce cas, vous ne sauriez entrer dans le royaume des cieux. Car,
pour y entrer, il faut nécessairement marcher dans le chemin
étroit ; et tous ceux qui y marchent passent pour singuliers.
Ne dites pas davantage : « Je ne puis pas supporter
l'opprobre qui s'attache à la qualification odieuse de
dénonciateur ! » Mais jamais homme a-t-il sauvé son âme
sans devenir un objet de moquerie et de mépris pour le monde ?
Tu ne saurais non plus sauver la tienne, si tu n'acceptes pas que les
hommes disent contre toi faussement toute sorte de mal. Ne dis pas :
« Mais si je m'occupe personnellement de cette œuvre, je
perdrai, avec ma réputation, mes amis, ma clientèle, mon
gagne-pain, tout moyen d'existence ; je serai réduit à
l'indigence ». Non ! tu ne le seras pas, tu ne saurais
l'être ; c'est absolument impossible, à moins que Dieu ne le
veuille ainsi ; car « son règne a la domination sur tout
(Psaume 103 : 19) », et « les cheveux même de votre
tête sont tous comptés (Matthieu 10 : 30) ». Mais si Dieu
qui est sage et bon t'appelle à passer par là, te plaindras-tu et
murmureras-tu contre lui ? Ne diras-tu pas plutôt : « Ne
boirai-je pas la coupe que le Père m'a donnée à boire (Jean 18 :
11) ? » Si vous souffrez pour Jésus-Christ, « vous êtes
bien heureux ; car l'Esprit de gloire, qui est l'Esprit de Dieu,
repose sur vous (1 Pierre 4 : 14) ».
Ne
dis pas : « Je consentirais bien à tout endurer ;
mais ma femme ne veut pas ; et, vous le savez, l'homme doit
quitter père, mère et toutes choses pour s'attacher à sa femme ! »
Tout, si vous le voulez ; mais tout excepté Dieu, tout excepté
Jésus-Christ. L'homme ne doit pas renoncer à Dieu pour l'amour de
sa femme. La parenté la plus étroite, la plus chère ne doit pas
nous faire négliger un seul devoir. C'est précisément dans ce sens
que Jésus a dit : « Celui qui aime son père ou sa mère »
, ou bien « femme et enfants » , « plus que moi,
n'est pas digne de moi (Matthieu 10 : 37, Luc 14 : 26) ».
Ne dites pas : « Je quitterais bien tout pour Christ ;
mais un devoir n'en anéantit pas un autre, et ce genre de devoir
m'empêcherait souvent d'assister au culte public ». Il est
possible que cela arrivât de temps à autre. Mais « allez et
apprenez ce que signifie cette parole : Je veux la miséricorde
et non pas le sacrifice (Matthieu 9 : 13) » Tout ce que tu
perdras en pratiquant ainsi la miséricorde, Dieu te le rendra dans
ton sein et sept fois autant. Ne dis pas : « Je ferais du
mal à ma propre âme. Je suis un jeune homme, et si je m'occupais
des femmes de mauvaise vie, je m'exposerais à des tentations ».
Oui, sans doute, si vous le faisiez avec vos propres forces ou pour
votre plaisir. Mais tel n'est point le cas. Vous vous confiez en
Dieu, et tout votre but est de lui plaire. Et même s'il vous
appelait à entrer dans une fournaise ardente, n'a t-il pas dit :
« Quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras point brûlé, et
la flamme ne t'embrasera point ? (Esaïe 43 : 2) » Vous
direz peut-être : « Cela serait vrai s'il m'avait appelé
lui-même à y entrer ; mais je ne crois pas qu'il l'ait fait ».
Peut-être est-ce que tu ne veux pas le voir. Et d'ailleurs, si le
Seigneur ne t'a pas déjà appelé, moi je t'appelle en son nom
aujourd'hui. Prends ta crois et suis Jésus-Christ ! Ne consulte
plus la chair et le sang, mais décide-toi à être désormais compté
parmi les plus méprisés, les plus honnis de ses disciples, à être
regardé « comme les balayures du monde et le rebut de toute la
terre (1 Corinthiens 4 : 13) ! » Je t'adresse un appel encore plus
spécial, à toi qui jadis soutenais les bras de ces ouvriers du
Seigneur et qui maintenant t'es retiré. Prends courage et
fortifie-toi ! Viens rendre leur joie parfaite en leur apportant
de nouveau une coopération cordiale ! Qu'ils sentent que, « si
tu as été séparé d'eux pour quelque temps, c'était afin qu'ils
te recouvrassent pour toujours,. (Philémon 15) ! » Oh !
ne « résiste point à la vision céleste (Actes 26 : 19 »
Et pour vous qui comprenez. à quoi vous avez été appelés,
considérez tout le reste comme une perte, si vous pouvez sauver une
âme pour laquelle Jésus-Christ est mort ! « Ne soyez
point en souci pour le lendemain (Mat 6 : 34) », tandis
que vous vaquez à celte œuvre ; mais « déchargez-vous
sur lui de tous vos soucis, parce qu'il a soin de vous (1 Pierre 5 :
7) ! » , « Recommandez lui, comme au Créateur fidèle »
et miséricordieux, « vos âmes (1 Pierre 4 : 19) », vos
corps, vos biens, enfin tout !