Nouvelle Edition
Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG
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22. Semblable à lui dans sa
mort.
23. Dans sa résurrection.
24. Conforme à lui dans sa
mort.
25. Donnant sa vie pour les
hommes.
26. Dans sa douceur.
27. Demeurant dans l'amour
de Dieu.
28. Conduit par l'Esprit.
29. Vivant par le Père.
30. En glorifiant le Père.
31. Dans sa gloire.
32. De la nécessité de
prêcher Christ comme notre modèle
Notes
VINGT-DEUXIÈME JOUR
COMME CHRIST Semblable à lui dans sa mort
« Car si nous avons été
faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons
aussi par la conformité à sa résurrection... Car s'il est mort, il est mort une
seule fois pour le péché... Vous aussi, mettez-vous bien dans l'esprit que vous
êtes morts au péché, et que vous vivez à Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur.
» Romains 6: 5, 10,11.
C'est à la mort de Christ que nous devons notre salut. Plus
nous comprendrons tout ce que signifie cette mort, plus aussi nous en
éprouverons toute la vertu. Notre texte nous apprend ce que c'est que d'être
un avec Christ dans sa mort. Que ceux donc qui veulent réellement être
comme Christ dans leur vie, cherchent à bien comprendre ce qu'est la conformité
à sa mort. Christ avait une double oeuvre à accomplir dans sa mort : opérer
notre justification, et nous obtenir la vie.
Quand
l'Ecriture parle de la première partie de cette oeuvre, elle se sert de ces
mots: « Christ est mort pour nos péchés » (1 Corinthiens 15 : 3).
Il a pris sur lui nos péchés, il en a subi le châtiment. Par là il les a expiés
et nous a acquis une justice qui nous permet de nous présenter devant Dieu.
Quand l'Ecriture parle de la seconde partie de cette oeuvre, elle dit : « Il
est mort au péché » (Romains 6 : 10) ([3]). Mourir
pour les péchés se rapporte à son caractère de substitut. Dieu a fait
venir sur lui nos péchés (Esa. 53 : 6), et sa mort en a fait l'expiation. Mourir
au péché désigne la rupture de tout rapport avec le péché. Par sa mort
Christ a rompu tout rapport entre lui et le péché.
Pendant sa vie le péché avait le pouvoir de lui susciter des
luttes et des souffrances. Sa mort y mit fin. Le péché n'eut plus le pouvoir
alors ni de le tenter, ni de le faire souffrir. Il était hors de son atteinte.
La mort avait fait séparation complète entre lui et le péché. Christ mourut au
péché. Comme Christ, le pécheur est mort au péché puisqu'il est un avec Christ «
par la conformité à sa mort ». Ainsi que, pour notre justification, il est
indispensable de savoir que Christ est mort pour nos péchés ; de même, pour
notre sanctification, il est indispensable de savoir que Christ et nous-mêmes
avec lui, nous sommes morts au péché. Cherchons à le bien comprendre.
C'est comme étant le second Adam que Christ
est mort. Issus du premier Adam, nous
avons été faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort. Adam est
mort et nous sommes condamnés à mourir comme lui; la puissance de sa mort agit
en nous ; nous sommes donc réellement morts en lui, aussi bien qu'il est mort
lui-même. Nous comprenons ceci. Il en est précisément de même de notre mort en
Christ : Nous avons été faits « une même plante avec lui, par la conformité
à sa mort ». Christ est mort au péché, et nous avec lui, et maintenant
l'efficacité de sa mort opère en nous. Nous sommes donc morts au péché, aussi
certainement qu'il l'est lui-même.
Par notre première naissance, nous avons
part à la mort d'Adam; par notre seconde naissance, nous avons part à la mort
du second Adam. Tout croyant qui
accepte Christ participe à la puissance de sa mort et par là il est mort au
péché. Mais le croyant peut posséder beaucoup sans le savoir. La plupart des
croyants sont, à leur conversion, si occupés de la mort de Christ pour le
péché, de leur justification par Christ, qu'ils ne cherchent pas à saisir
le sens de ces mots : qu'en lui ils sont morts au péché. Ce n'est
que lorsqu'ils sentent le besoin de son secours pour leur sanctification que
s'éveille en eux le désir de comprendre cette conformité à sa mort, et qu'ils
trouvent là le secret de la sainteté, reconnaissant, que comme Christ, ils
sont, eux aussi, morts au péché.
Le chrétien qui ne comprend pas encore
ceci se figure toujours que le péché est trop fort pour lui, que le péché a
encore domination sur lui, et que parfois il doit lui obéir. C'est parce qu'il ne sait pas encore que, comme
Christ, il est mort au péché. S'il le croyait, s'il comprenait le sens de ces
mots, il dirait : « Christ est mort au péché. Le péché ne lui peut plus rien.
Pendant sa vie et sa mort le péché a exercé son pouvoir sur lui; c'est le péché
qui a causé ses souffrances sur la croix et qui l'a fait passer par
l'humiliation du sépulcre ; mais à présent il est mort au péché. Le péché a
perdu ses droits sur lui. Il est à jamais délivré de sa puissance. Pour moi
aussi, comme croyant, il en est de même. La Vie nouvelle qui est en moi est la
vie de Christ ressuscité des morts ; c'est une vie renouvelée par la mort, une
vie qui est entièrement morte au péché ». Le croyant, devenu une
nouvelle créature en Jésus-Christ, peut donc s'écrier : Comme Christ, je suis
mort au péché. Le péché n'a plus ni droits, ni domination sur moi; j'en
suis affranchi, et par là même je ne suis plus obligé de pécher.
Si le croyant pèche encore, c'est parce
qu'il n'use pas du privilège de vivre comme quelqu'un qui est mort au péché. Par ignorance, par manque de vigilance ou par
incrédulité, il perd de vue le sens et la force de ces mots : « par la
conformité à sa mort », et alors il pèche. Mais s'il retient ferme ce que
signifie le fait qu'il a partagé la mort de Christ, il peut surmonter le péché.
Il remarque bien qu'il n'est pas dit : Le péché est mort. Non, le péché
n'est pas mort, le péché vit et agit dans la chair. Mais lui-même est mort au
péché et vit à Dieu, par conséquent le péché ne peut avoir aucune domination
sur lui sans son consentement. S'il pèche encore, c'est parce qu'il permet au
péché de régner sur lui et qu'il consent à lui obéir.
Bien-aimé chrétien, qui cherchez à ressembler à Christ, que
votre conformité à sa mort vous soit la plus précieuse partie de la vie que
vous souhaitez atteindre. Appropriez-vous-la par la foi. Tenez pour certain que
vous êtes vraiment mort au péché. Que ce soit pour vous une affaire réglée ;
Dieu le dit à chacun de ses enfants, même au plus faible; dites-le aussi :
Comme Christ je suis mort au péché. Ne craignez pas de le dire ; c'est la
vérité. Demandez que le Saint-Esprit vous éclaire quant à cette partie de votre
union avec Christ, en sorte qu'elle ne vous soit pas seulement une doctrine,
mais qu'elle soit en vous réalité et force.
Cherchez à mieux saisir ce qu'il nous est dit de la vie du
croyant mort au péché, à saisir que par sa participation à la mort de Christ,
il a été affranchi de la puissance du péché, et qu'ainsi commence pour lui une
vie de victoire par Jésus-Christ. Quand vous aurez bien compris que vous avez
eu part à la mort de Christ, saisissant cette vérité par la foi, vous
deviendrez conforme aussi à ce qu'il est devenu lui-même par sa mort;
graduellement, progressivement vous vous approprierez les conséquences de cette
mort, à mesure que Christ en fera passer en vous toute la puissance victorieuse
([4]).
Pour recueillir tout le bienfait de la mort de Christ,
remarquez encore ceci : D'abord l'obligation qu'elle vous impose: «Nous qui sommes morts au péché, comment
y vivrions-nous encore ? » (Romains 6:2). Cherchez à mieux pénétrer le
sens de cette mort de Christ en laquelle vous avez été baptisé. Voici ce
que signifie sa mort : Plutôt mourir que pécher, consentir à mourir, afin de
vaincre le péché, être mort, et par là affranchi du pouvoir du péché.
Saisissez-vous de ces mots : « Ne
savez-vous pas que nous
tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ nous avons été baptisés eh sa mort?
» Que le Saint-Esprit vous baptise
plus complètement « en sa mort », jusqu'à ce que la force de ces mots «mort
au péché », jusqu'à ce que votre conformité à la mort de Christ se voient
dans toute votre conduite et votre vie.
Voici en outre ce qu'est pour vous la
conformité à la mort de Christ. Non seulement c'est une nécessité, c'est aussi
une force. Vous, chrétien, qui
désirez ressembler à Christ, s'il est une chose dont vous ayez surtout besoin,
c'est de connaître l'immense puissance de la force de Dieu qui agit en vous.
C'est par cette puissance éternelle que Christ a lutté dans sa mort contre les
puissances de l'enfer et qu'il en a triomphé. En Christ vous avez part à sa
mort? et par là vous avez part à toute la puissance qui le rendit vainqueur. Consentez
donc joyeusement avec un cœur plein de confiance à réaliser mieux votre
conformité à la mort de Christ, et nécessairement alors vous lui deviendrez
semblable.
O mon Dieu, que j'ai peu compris ta grâce! Souvent j'ai lu ces
mots : « Par la conformité à sa mort, nous avons été faits une même plante
avec lui » ; souvent j'ai lu que toi, Seigneur, tu es mort au péché et
qu'il est dit aux croyants : « De même vous aussi » ; mais je n'en ai pas saisi
la force. Il en est résulté que ne me sachant pas conforme à toi en ta mort, je
ne me savais pas non plus affranchi de la puissance du péché et vainqueur du
péché. Seigneur, tu m'ouvres là une glorieuse perspective.
Pour l'homme qui accepte avec foi la conformité à ta mort et
qui selon ta Parole, se tient pour être mort au péché, le péché n'aura plus de
domination sur lui. Il acquiert ainsi la force de vivre pour Dieu.
Seigneur! Que ton Saint-Esprit me révèle plus parfaitement ces
choses. Je veux recevoir avec foi ta Parole et prendre la place que tu
m'assignes, me tenant pour mort au péché. Seigneur, en toi je suis mort
au péché, apprends-moi à le saisir par la foi, ou plutôt à te recevoir toi-même
jusqu'à ce que toute ma vie prouve que je suis bien mort au péché. O Seigneur,
maintiens-moi en communion avec toi, afin que demeurant eh toi, je puisse
réaliser en toi la mort au péché et vivre pour Dieu. Amen
(Voir la note 7e).
[3]
La version anglaise dit ; « Il est mort
au péché. »
[4]
Dans Romains VI, la conformité à la mort
de Christ précède la conformité à sa résurrection. Nul ne peut être vivant en
Christ sans avoir d'abord consenti à mourir avec lui. Si dans Philippiens 3/10,
la conformité à la mort de Christ suit l'expérience de sa puissance de
résurrection, c'est parce que plus cette vie de résurrection se développe en
nous, plus elle nous confirme dans cette mort. Il y a continuellement là action
et réaction.
VINGT-TROISIÈME JOUR
COMME CHRIST Dans sa résurrection.
« Car si nous avons été
faits une même plante avec-lui par la conformité à sa mort, nous le serons
aussi par la conformité à sa résurrection, afin que, comme Christ est
ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi marchions dans une vie
nouvelle. »
Romains 6 : 5, 4.
Après avoir été conformes à Christ en sa mort, nous devons
nécessairement l'être aussi dans sa résurrection. Ne parler que de notre
participation à sa mort, que de porter la croix, que de renoncer à nous-mêmes,
c'est ne présenter qu'un seul côté de notre union avec Christ. Sa puissance
de résurrection nous fait passer de notre conformité à sa mort à une vie
nouvelle. Notre mort avec Christ met fin à notre ancienne vie de péché et
d'assujettissement au monde que nous abandonnons; notre résurrection avec
Christ commence en nous une vie nouvelle par laquelle le Saint-Esprit expulse
l'ancienne. Le chrétien qui désire sérieusement marcher comme Christ, doit
bien savoir qu'il est semblable à Christ dans sa résurrection.
Voyons si ce n'est pas là ce qui va répondre a cette question :
Où trouver la force de vivre dans le monde comme Christ y a vécu? Nous avons
déjà vu que la vie de notre Seigneur, avant sa mort, était une vie de
faiblesse. Comme notre représentant, le péché avait une grande puissance sur
lui ([5]). Il en avait aussi sur ses disciples, en sorte que
leur Maître ne pouvait pas leur donner le Saint-Esprit, ni faire pour eux tout
ce qu'il désirait. Mais à sa résurrection, tout change. Ressuscité par la
toute-puissance de Dieu, il possède par sa vie de résurrection la puissance
divine; et s'il a vaincu la mort et le péché, c'est non seulement pour
lui-même, mais aussi pour ses disciples, auxquels il peut aussitôt faire part
de son Esprit, de sa joie et de sa puissance.
Lorsqu'à présent le Seigneur Jésus nous
fait part de sa vie, ce n'est pas de la vie qu'il avait avant sa mort, mais
c'est de la vie de résurrection qu'il s'est acquise par sa mort. C'est une vie qui n'a plus affaire avec le péché,
.mais qui l'a déjà banni, une vie qui a déjà vaincu l'enfer et le diable, le
monde et la chair, une vie de puissance divine dans la nature humaine. Voici la
vie qui résulte pour nous de notre conformité à sa résurrection : « En
vivant, il vit pour Dieu. Vous aussi, considérez-vous comme vivants pour Dieu
en Jésus-Christ notre Seigneur ». (Romains 6 : 11). Oh! Que Dieu veuille nous révéler par son
Saint-Esprit toute la puissance de vie qui résulte de notre conformité à la
résurrection de Christ! C'est cette vie-là qui rend capable de marcher comme
Christ.
Ceci reste un mystère pour la plupart des
chrétiens et c'est pour cela que leur vie est une vie de faiblesse, de défaites et de péché. Ils croient à la résurrection
de Christ comme preuve de leur justification. Ils pensent qu'il devait
ressusciter pour continuer au ciel son oeuvre de Médiateur, mais quant à savoir
qu'il est ressuscité afin que la vie glorieuse de sa résurrection devînt dès à
présent la force même de leur vie de chaque jour, ils n'en ont aucune
idée. De là leur découragement quand il leur est dit qu'ils doivent suivre
Jésus en étant parfaitement « conformes à son image » (Romains 8 : 29). Ils
ne peuvent pas comprendre qu'il soit demandé d'un pécheur qu'en toutes choses
il agisse comme Christ l'eût fait. Ils ne connaissent pas Christ dans la
puissance de sa résurrection, ils ne savent pas avec quelle force, quelle
puissance sa vie agit en ceux qui veulent « regarder toutes choses comme une
perte à cause de Christ ». (Philippiens, 3: 8; Ephésiens 1 : 19, 20). Venez
vous tous qui êtes lassés d'une vie différente de celle de Jésus, et qui
désirez marcher sur ses traces, vous qui commencez à voir dans l'Ecriture qu'il
y a pour vous une vie meilleure que vous ne l'aviez su jusqu'à présent ; venez,
laissez-moi essayer de vous montrer quels trésors sont à vous par votre
«conformité à sa résurrection ». Laissez-moi vous adresser trois questions.
D'abord : Etes-vous prêts à soumettre votre vie à la règle
de Jésus et de sa vie de résurrection? Je ne doute pas que l'exemple de
Jésus ne vous ait convaincus de péché sur plus d'un point. Chaque fois que vous
avez cherché votre propre volonté et votre propre gloire au lieu de celles de
Dieu, cédant à l'ambition, à l'orgueil, à l'égoïsme, et manquant d'amour pour
votre prochain, vous avez pu voir combien vous êtes loin de l'obéissance, de
l'humilité et de l'amour de Jésus, et maintenant il s'agit de savoir si, en
face de toutes ces choses que vous reconnaissez être des péchés, vous voulez
dire : Puisque Jésus veut prendre possession de ma vie, je renonce à tout
droit, à tout désir de jamais faire en rien ma propre volonté ; je lui
abandonne ma vie, avec tout ce que j'ai, et je suis entièrement à lui pour
faire toujours ce qu'il me commandera par sa Parole et par son Esprit. Sil veut
vivre en moi et régner en moi? je lui promets obéissance sincère et
illimitée.
Pour faire acte
d'abnégation si complète, il faut de la foi ; c'est pourquoi je vous adresse
cette seconde question : Etes-vous prêts à croire que Jésus veut prendre
possession de vous, veut prendre soin de la vie que vous lui confiez? Quand
le croyant confie entièrement à Christ sa vie spirituelle et temporelle, il
apprend à bien comprendre ces mots de Paul : « Je suis mort; je ne vis plus;
Christ vit en moi ». (Gal 2 : 19, 20). C'est quand je suis mort avec Christ
et ressuscité avec lui, que le Christ vivant prend possession de ma nouvelle
vie et la gouverne par sa vie de résurrection.
Cette vie de résurrection ne m'est pas
offerte et donnée à condition que je me charge de la continuer moi-même. Non,
c'est justement là ce que je ne puis pas faire, mais Dieu soit béni ! Jésus-Christ lui-même, est la
résurrection et la vie, il est la vie de résurrection. Lui-même
pourvoira de jour en jour et d’heure en heure à ce que je vive comme étant
ressuscité avec lui. Il le fera au moyen du Saint-Esprit qui est l'esprit
même de sa vie de ressuscité. Le Saint-Esprit nous sera envoyé et, si nous nous
confions en Jésus, cet Esprit divin maintiendra en nous, d'instant en instant,
la présence et la puissance du Seigneur ressuscité. Ne craignons donc pas qu'il
nous soit impossible de vivre de la vie sainte qui convient à des croyants
appelés « les temples du Dieu vivant » (2 Corinthiens 6 : 16). Nous en
sommes à la vérité incapables par nous-mêmes ; aussi n'est-ce pas de nous et de
nos propres forces que Dieu l'attend, mais le Christ vivant qui est « la
résurrection et la vie » a triomphé de tous nos ennemis; lui-même réalisera
cette vie nouvelle en nous et nous enverra le Saint-Esprit pour être notre
force. Avec sa divine fidélité, il accomplira son oeuvre en nous, pourvu que
nous ayons confiance en lui. Christ lui-même est notre vie.
Et voici ma troisième question : Etes-vous prêts à user de
cette vie de résurrection comme Jésus, pour devenir par elle un moyen de
bénédiction envers ceux qui se perdent? Tous nos désirs pour obtenir cette
vie de résurrection échoueront, si nous cherchons seulement par là notre propre
perfection et notre propre bonheur. Dieu a ressuscité Jésus pour donner par lui
la repentance et la rémission des péchés ; il vit pour intercéder pour les pécheurs.
C'est pour faire de même que vous devez chercher à recevoir la vie de
résurrection. Consacrez-vous à travailler et à prier pour ceux qui périssent;
alors vous serez un vaisseau propre à la recevoir, un instrument dont elle
pourra se servir pour accomplir son oeuvre sainte.
Mon frère ! tu es appelé à vivre comme Christ : Pour cela tu
as déjà été fait un avec lui par la conformité à sa résurrection. A
présent, il s'agit de savoir si tu veux, toi, faire l'expérience de cette
vie de résurrection, si tu veux abandonner à Jésus toute ta vie pour qu'il
manifeste lui-même en toi sa puissance de résurrection. Oh! n'hésite pas à
le faire! Donne-toi à lui sans réserve : donne-toi avec toute ta faiblesse,
toute ton infidélité. Crois seulement que, comme la résurrection de Jésus fut
un miracle au delà de toute attente et de toute prévision, lui, le Ressuscité,
fera, en toi aussi, infiniment au delà de tout ce que tu peux penser ou
désirer.
Quelle différence dans la vie des
disciples depuis la résurrection de Jésus ! Avant sa mort, tout en eux n'était que faiblesse, crainte, égoïsme et
péché. Après sa résurrection, tout devient puissance, joie, vie, amour et
gloire. C'est le même renouvellement qui transforme le croyant quand, après
n'avoir vu d'abord dans la résurrection de Jésus que la source de sa
justification, il découvre que le Ressuscité veut être lui-même sa vie, prendre
la responsabilité de toute sa vie.
O mon frère, toi qui n'en as pas encore fait l'expérience, toi
qui es troublé et fatigué parce que tu te sais appelé à marcher comme Christ,
et que tu ne le peux pas, viens et goûte le bonheur de remettre toute ta vie à
ton Sauveur glorifié, avec l'assurance qu'il s'en chargera à ta place.
O Seigneur! Mon âme t'adore, toi, le Prince de la vie ! Sur la
croix tu as vaincu chacun de mes ennemis, le diable, la chair, le monde et le
péché. En vainqueur, tu es ressuscité pour manifester et pour maintenir la
puissance de ta vie de résurrection chez tes disciples. Tu les as faits « une
même plante avec toi par la conformité à ta résurrection », et à présent tu
veux vivre en eux et manifester dans leur vie terrestre la puissance de ta vie
divine.
Gloire à ton nom pour cette grâce infinie! Seigneur, je viens,
à ton appel, te donner, t'abandonner ma vie avec tout ce qui en dépend. Trop
longtemps, je me suis efforcé de vivre comme toi sans y réussir. Plus je
cherchais à marcher comme toi, plus ma déception était grande. A présent, j'ai
appris de tes disciples tout le bonheur qu'on éprouve à rejeter sur toi le soin
et la responsabilité de sa vie. Seigneur, je suis ressuscité avec toi, un avec
toi, semblable à toi dans ta résurrection. Seigneur, viens, charge-toi
entièrement de moi et sois ma vie.
Surtout, je te prie, ô mon Sauveur ressuscité de te révéler à
moi dans la puissance de ta résurrection, comme tu l'as fait pour tes premiers
disciples. Ce n'était pas assez d'apparaître à tes disciples après ta
résurrection. Ils ne te reconnurent que lorsque tu te fis connaître à eux. Seigneur
Jésus, je crois en toi. Daigne te faire connaître à moi comme ma Vie. Toi
seul, tu peux le faire. J'ai la confiance que tu le feras, et alors ma vie de
résurrection sera comme la tienne, une source intarissable de lumière et de
bénédiction pour tous ceux qui ont besoin de toi. Amen.
[5]
Note du traducteur en réponse à quelques
lecteurs qui ont réclamé contre cette assertion de l'auteur
Jésus sur la terre a été réellement homme. « fils de l'homme »,
mais homme sans péché. Comme homme il a participé à la faiblesse humaine et
souffert des conséquences du péché. Il a eu faim, il a eu soif, il a été en
butte au mépris, à la haine des hommes; leur incrédulité l'a empêché de faire
des miracles « en sa patrie » (Marc 6 : 5) et de rester en Judée (Jean 7 : 1).
Il a été tenté par le diable, « tenté de même que nous en toutes choses »
(Hébreux 4 : 15)- Il a souffert l'angoisse de Gethsémané ; Je supplice de la
croix, « crucifié selon la faiblesse de La chair » (2 Corinthiens 13 : 4); puis
il a fini par subir la mort, le roi des épouvantements, sous la condamnation,
sous la réprobation,
sous le poids des péchés de
l'humanité. (Galates 3 : 13).
Tout ceci ne prouve-t-il pas que Jésus avait bien réellement
revêtu la faiblesse de la nature humaine? Et s'il n'a pas péché, n'est-ce pas
précisément parce que reconnaissent sa faiblesse humaine, il demandait et
recevait l'Esprit saint sans mesure, « la plénitude de la divinité » dans la
faiblesse de son humanité? (Colossiens 2 : 9)
VINGT-QUATRIÈME JOUR
COMME CHRIST Conforme à lui dans sa mort.
« Afin que je connaisse
Christ et l'efficace de sa résurrection et la communion de ses souffrances, me
rendant conforme à lui dans sa mort. » Philippiens
3 :10.
Nous savons que la mort de Christ fut la mort de la croix. Nous
savons aussi que cette mort de la croix est sa principale gloire. Sans cette
mort il ne serait pas le Christ. Ce qui fait de lui un être à part, soit dans
le ciel, soit ici-bas et dans tout l'univers, c'est qu'il est le Fils de Dieu
crucifié. Aussi de tous les points de notre conformité avec lui, le principal
et le plus glorieux sera nécessairement notre «conformité à sa mort ».
C'est là ce qui avait tant d'attrait pour Paul. Ce qui a fait
la gloire de Christ doit faire la sienne aussi : il sait que pour ressembler
à Christ il faut lui être conforme dans sa mort. Ce que cette mort a été
pour Christ, elle le sera pour lui et d'autant plus qu'il lui deviendra plus
conforme.
Par sa mort sur la croix Christ en a fini avec le péché.
Pendant sa vie le péché avait pu le tenter, mais sur la croix il est mort au
péché; le péché ne lui peut plus rien. Notre conformité avec Christ dans sa
mort est la force qui nous défendra, nous aussi, contre le péché. Tant que
le Saint-Esprit me maintient dans ma position de crucifié avec Christ, tant que
Jésus me fait vivre de sa vie, je suis préservé du péché.
La mort de Christ sur la croix fut pour le Père « une
oblation et une victime d'agréable odeur ». (Ephésiens 5 : 2). Oh ! si je
veux jouir de la faveur et de l'amour du Père et lui être agréable, je suis
certain que rien ne me les assure mieux que ma conformité à la mort de Christ.
Rien dans l'univers n'est aux yeux du Père aussi saint, aussi beau, aussi
admirable et divin que Jésus crucifié; et plus je me rapproche de Jésus, par
ma conformité à sa mort , plus aussi je trouve accès au cœur de mon Dieu. La
mort sur la croix ouvrait à Christ la vie de la résurrection, la vie immuable
et éternelle.
Dans notre vie spirituelle, nous avons souvent à déplorer des
interruptions, des chutes, des lacunes bien propres à nous faire voir qu'il
nous manque encore quelque chose pour jouir de toute la puissance de cette vie
de résurrection. Soyons sûrs dans ce cas que notre ancienne nature a conservé
quelque débris de vie propre, qui n'a pas encore fait partie de notre
conformité à la mort de Christ, et qu'il ne nous manque plus que de partager
plus entièrement encore sa mort sur la croix, pour participer pleinement aussi
à la joie de sa résurrection.
C'est avant tout la mort de Christ sur la
croix qui a fait de lui puissance de vie pour le monde, bénédiction et salut
pour tous. (Jean. 12 : 24, 25). Notre
conformité à la mort de Christ met fin, à notre égoïsme : nous nous donnons
alors aux autres, nous sommes prêts à vivre, à mourir pour les autres, nous
avons pleine confiance aussi que le Père accepte notre renoncement et notre
dévouement à souffrir du péché des autres ; et de cette mort-là, nous
ressuscitons avec la force d'aimer et de faire du bien.
Qu'est-elle donc cette conformité à la mort
de la croix si riche de bénédictions? En
quoi consiste-t-elle ? Nous le voyons par Jésus. La croix signifie
l'abnégation complète de soi. La croix est la mort du moi, c'est
l'abandon complet de notre propre volonté et de notre vie à la volonté de Dieu,
lui laissant faire de nous ce qu'il voudra. Voilà ce que signifiait la croix
pour Jésus. Ce ne fut qu'après un terrible combat qu'il put s'y résigner.
Quand son âme était angoissée et saisie de tristesse jusqu'à la mort, c'était
parce que tout son être reculait d'effroi devant cette croix et sa malédiction.
Trois fois il dut prier son Père avant de pouvoir dire : « Non pas comme je
veux, mais comme tu yeux ». Il le dit pourtant et sa soumission à la croix
revient à ceci : Tout plutôt que de mettre obstacle à la volonté de Dieu.
J'abandonne tout, pour que la volonté de Dieu soit faite.
Voilà comment nous devenons conformes à
Christ en sa mort : c'est en nous donnant à Dieu, nous et notre vie, avec toute
notre force de volonté et d'action, c'est en apprenant à ne rien être, à ne
rien faire que ce que Dieu nous révèle être sa volonté. Cette vie-là s'appelle conformité à la mort de
Christ, non seulement parce qu'elle ressemble quelque peu à la sienne, mais
parce que c'est lui qui par son Saint-Esprit répète en nous la vie qui
l'animait lors de sa crucifixion, sinon la seule pensée de cette conformité
serait voisine du blasphème.
Mais non, il n'y a pas ici de blasphème. Le croyant éclairé par
le Saint-Esprit sait que la vie de résurrection n'a de force et de gloire que
parce qu'elle est une vie de renoncement qui commence sur la croix. Il se livre
à cette vie-là, sachant bien qu'il n'a pas lui-même la force de rien faire de
bon ni de saint. Il sait que la puissance de la chair domine et souille tout en
lui ; il voue donc à la condamnation et à la croix toutes les forces de son
être, tout ce dont il dispose en lui, et par là il met à la disposition de
Jésus toutes les forces, toutes les facultés de son corps, de son âme et de son
esprit.
Défiance du moi en toutes choses,
confiance en Jésus pour toutes choses. L'esprit
de la croix respire dans tout son être. Et ainsi pour celui qui connaît Christ
dans la puissance de sa résurrection, il n'y a pas d'effort pénible à se
maintenir dans cette conformité avec Christ sur la croix. C'est bien plutôt
pour lui repos, force et victoire, car il n'a pas affaire avec une croix morte,
ni rien qui résulte de ses propres forces, mais avec Jésus qui est vivant, pour
qui la crucifixion est un fait accompli, et qui a passé de là à la vie de la
résurrection, « Je suis crucifié avec Christ. Christ vit en moi ».
(Galates 2 : 20). Voilà ce qui donne le courage de vouloir être toujours plus
conforme à Christ en sa mort.
Comment parvenir à cette heureuse conformité? Voici ce que Paul
nous répond : « Ces choses qui m’étaient un gain je les ai
regardées comme une perte à cause de Christ. Bien plus, je regarde toutes
choses comme une perte en comparaison de l'excellence de la connaissance de
Jésus-Christ, mon Seigneur... afin que je connaisse Christ... devenant conforme
à lui dans sa mort ». (Philippiens 3 : 7- 11). Cette perte-là est de grand
prix, mais n'est-elle pas bien digne d'être achetée ? Donnons, abandonnons
tout, oui, tout, pour être admis avec Jésus sur la croix.
Et s'il nous paraît dur de tout donner pour n'avoir d'autre
récompense qu'une vie sur la croix, écoutons encore Paul nous dire pourquoi il
a si volontiers tout abandonné pour choisir la croix. C'était pour «
Jésus-Christ, mon Seigneur ». La croix était la place où il pouvait le
mieux s'unir à son Seigneur. Connaître Christ, gagner Christ, être trouvé
en lui, être fait semblable à lui, voilà le désir brûlant qui lui rendait
facile de renoncer à tout, et qui l'attirait si fortement vers la croix. A tout
prix se rapprocher de Jésus. Tout pour Jésus! Voilà sa devise. Voilà ce qui
répond à cette question: Comment devenir conforme à Christ en sa mort? C'est
d'un côté : tout abandonner; c'est de l'autre : laisser entrer Jésus, tout pour
Jésus.
Oui, ce n'est que « la connaissance de
Jésus » qui rend possible de lui devenir conforme en sa mort; mais que l'âme « gagne Christ »; qu'elle soit trouvée
en lui, qu'elle « le connaisse et reçoive l'efficace de sa résurrection », aussitôt
il y a pour elle non seulement possibilité, mais réel bonheur à le faire. C'est
pourquoi, cher disciple de Jésus, regarde à lui, à lui le Crucifié.
Contemple-le jusqu'à ce que ton âme apprenne à dire : O
Seigneur, je veux être comme toi ! Contemple-le jusqu'à ce que tu le
voies, lui, le Crucifié, s'approcher de toi, dans sa toute-puissance pour te
faire vivre de sa vie de crucifixion. C'est par la puissance de l'Esprit
éternel qu'il s'est offert à Dieu, et c'est ce même Esprit qui t'apportera, qui
te donnera pour en faire ta vie tout ce que comprend cette mort sur la croix,
tout ce qu'elle a accompli pour toi. Par cet Esprit saint, Jésus lui-même
maintient en toute âme qui se confie en lui, la puissance de la croix,
c'est-à-dire la mort au péché, le renoncement à soi-même, en même temps que la source
intarissable de la vie et de la puissance de la résurrection. C'est pourquoi
regarde à lui, le Crucifié, qui est vivant. Souviens-toi pourtant que, bien
que tu doives t'efforcer d'obtenir cette grâce, elle ne te sera pas accordée
comme fruit de tes efforts, mais comme un don gratuit qui vient d'En haut.
On ne devient conforme à Jésus dans sa mort qu'autant qu'il daigne se révéler
lui-même. Cherche donc à recevoir cette grâce de lui directement.
O Seigneur, tout ceci est trop élevé pour moi. Je ne puis
atteindre si haut. Te connaître dans la puissance de ta résurrection, être
rendu conforme à toi dans ta mort : ce sont de « ces choses que tu as
cachées aux sages et aux intelligents et que tu as révélées aux enfants »,
à ces âmes d'élite auxquelles seulement « il est donné de connaître les
mystères du royaume des cieux » (Mathieu 13 : 11). Seigneur, plus que
jamais je vois quelle folie il y aurait à croire que je puis devenir conforme à
toi par mes propres efforts. Je m'abandonne donc à ta miséricorde. Regarde-moi
selon les richesses de ton amour, et révèle-toi à moi par une grâce de ta libre
faveur. Puisque tu condescends du haut de ta demeure céleste à t'abaisser ainsi
jusqu'à moi, à me recevoir dans une pleine conformité à ta vie et à ta mort, ô Seigneur,
je vivrai et je mourrai pour toi et pour les âmes que tu es venu sauver par ta
mort.
O mon; Sauveur, je sais que tu veux me l'accorder. Ton amour
pour chacun de tes rachetés est infini. Enseigne-moi, amène-moi à tout
abandonner pour toi, et prends à jamais, possession de moi pour ton service.
Oui, je te prie, que ma vie s'emploie à sauver ceux qui périssent et qu'ainsi
je devienne en quelque mesure conforme à toi dans ta mort. Amen
VINGT-CINQUIÈME JOUR.
COMME CHRIST Donnant sa vie pour les hommes
« Quiconque voudra être
grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur, et quiconque voudra être le
premier entre vous, qu il soit votre esclave; comme le Fils de l'homme est
venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs.
» Mathieu 20 : 215-28.
« Nous avons connu la
charité en ce qu'il a donné sa Vie pour nous ; nous aussi nous devons donner
notre vie pour nos frères ». 1 Jean 3
: 16.
Quand on cherche à devenir conforme à
Christ en sa mort, à porter la croix et à être crucifié avec lui, voici le
danger qui menace tout croyant, même le plus sérieux, c'est de ne désirer ces
bénédictions que pour son propre compte, se figurant qu'il suffit pour la
gloire de Dieu de devenir plus parfait soi-même. Cette erreur serait fatale, elle empêcherait le
croyant d'obtenir cette conformité à la mort de Christ qu'il désire, car il
négligerait ainsi l'élément essentiel de cette mort en Christ et du sacrifice
qu'elle entraîne, c'est-à-dire l'absence de tout égoïsme et le dévouement aux
autres. Devenir conforme à Christ en sa mort implique la mort du moi, l'acte
de se perdre de vue soi-même pour se sacrifier aux autres et donner sa vie pour
eux. Quant à savoir jusqu'où nous devons aller dans cette voie d'amour, de
service et de désir de sauver des âmes, l'Ecriture n'hésite pas à nous donner
cette réponse qui ne laisse aucun doute : Nous devons aller aussi loin que
Jésus, même jusqu'à donner notre vie. Nous devons si bien considérer ceci comme
étant le but pour lequel nous avons été rachetés et pour lequel nous sommes
laissés dans ce monde, le seul but pour lequel nous devions vivre, que donner
notre vie doit nous paraître une condition toute naturelle et qui va de soi. La
seule chose digne de nous retenir dans ce monde doit être, comme pour Christ,
la gloire de Dieu et le salut des pécheurs. L'Ecriture n'hésite pas à nous
dire que c'est dans la voie de la souffrance que nous devons suivre Christ,
cette voie qu'il a suivie lui-même pour accomplir l'expiation et la rédemption
([6]).
C'est d'ailleurs ce qu'enseignent clairement les paroles mêmes
du Maître : « Quiconque voudra être le premier parmi vous, qu'il soit votre
esclave, comme le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour
servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs ». Le plus haut placé
dans la gloire sera celui qui se sera le plus abaissé à servir, qui aura le
plus ressemblé au Maître, donnant sa vie en rançon pour plusieurs. Quelques
jours après, le Seigneur ajoute encore en parlant de sa mort : «L'heure est
venue où le Fils de l'homme doit être glorifié. En vérité, en vérité, je vous
le dis : Si le grain de froment ne meurt après qu'on l'a jeté dans la terre, il
demeure seul, mais s'il meurt il porte beaucoup de fruit ». Et tout de
suite il applique à ses disciples ces derniers mots, en leur répétant ce qu'ils
lui avaient déjà entendu dire : « Celui qui aime sa vie la perdra, et celui
qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle ». (Jean
12 : 23- 27). Le grain de blé mourant pour sortir de terre de nouveau, perdant
sa vie pour la retrouver au centuple, nous est clairement donné ici comme
emblème, non seulement du Maître, mais aussi de chacun de ses disciples. Aimer
la vie, refuser de mourir, signifie rester dans son égoïsme, tandis que perdre
la vie pour porter beaucoup de fruit en se dévouant aux autres, est le seul
moyen de la conserver pour soi-même. Pour sauver notre vie, il n'y a pas
d'autre moyen que de faire comme Jésus, de la donner pour sauver les autres, et
alors intervient le Père, alors « le Père l'honorera ».
La mort de Christ est de donner sa vie à
Dieu pour le salut des autres. Sans
cela tout désir de devenir conforme à Christ en sa mort court le risque de
n'être qu'un raffinement d'égoïsme. Quel exemple nous donne l'apôtre Paul de
cette vie-là, et quel enseignement pour nous dans ces paroles que lui inspire
le Saint-Esprit: « Nous portons toujours en notre corps la mort du Seigneur
Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car,
nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin
que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle, de sorte
que la mort agit en nous, et la vie en vous ». Car bien qu'il ait été crucifié
dans la faiblesse, toutefois il est vivant par la puissance de Dieu;
et nous, nous sommes aussi faibles avec lui; mais nous vivrons avec
lui par la puissance de Dieu au milieu de vous » 2 Corinthiens 4 : 10-12;
13 : 40. « Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, et
j'achève de souffrir en ma chair le reste des afflictions de Christ pour son
corps qui est l'Eglise » (Colossiens 1 : 24).
Ces passages nous enseignent que les souffrances subies par
Christ en son corps, lorsqu'il nous représentait sur la croix, caractérisent en
quelque mesure les souffrances de « son corps qui est l'Eglise ». Les croyants
qui se dévouent à porter devant le Seigneur le poids des péchés des hommes, qui
endurent reproches, opprobres, fatigue et douleur pour chercher à sauver des
âmes, « achèvent de souffrir en leur chair le reste des afflictions de
Christ ». La puissance qui résulte de ses souffrances et de sa mort se
communique à eux, tandis que la puissance de la vie de Christ passe par eux en
ceux qui sont l'objet de leur travail et de leur amour. C'est là ce que
nous dit Paul dans Philippiens 3 : 10. En parlant de « cette communion des
souffrances et de cette conformité en sa mort », il avait en vue, non
seulement le sens spirituel, mais aussi la participation extérieure et
corporelle aux souffrances de Christ.
Il doit en quelque mesure en être de même pour chacun de nous.
Le sacrifice de nous-même, non seulement pour notre sanctification, mais aussi
pour le salut de nos semblables, est ce qui nous rend conforme au Christ qui
s'est donné pour nous.
L'application pratique de cette pensée est très simple.
Cherchons à comprendre ce que le Saint- Esprit nous enseigne ici. L'essentiel
pour ressembler à Christ est de lui être semblable dans sa mort, de même l'essentiel
pour lui être semblable dans sa mort est de donner notre vie pour gagner des
âmes à Dieu. C'est une mort dans laquelle toute pensée de se sauver; soi-même
se perd dans le désir de sauver les autres. Demandons que la lumière du
Saint-Esprit nous le fasse bien saisir, nous amenant à sentir que nous sommes
dans ce monde, comme Christ y était, pour renoncer à tout égoïsme, pour aimer,
pour servir, pour vivre et mourir « comme le Fils de l'homme, qui est venu,
non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs
». Oh ! veuille notre Dieu faire comprendre à ses enfants qu'ils ne
s'appartiennent pas à eux-mêmes, mais qu'ils se doivent à Dieu et à leurs
Semblables, et que, comme Christ, ils ne doivent vivre ici-bas que pour être en
bénédiction au monde.
Puis, croyons à la grâce qui est prête à réaliser en
nous cette vérité. Croyons que Dieu accepte le sacrifice de toute notre vie
pour nous faire vivre à sa gloire et nous employer à sauver les autres.
Croyons que le Saint-Esprit accomplira en nous, cette conformité
à la mort de Christ sur ce point-là qui en est le principe vital. Croyons avant
tout en Jésus : c'est lui, oui, lui-même, qui viendra initier à la pleine
communion de sa mort toute âme qui s'abandonne entièrement à lui, et qui lui
fera porter beaucoup de fruit. Cherchons donc par la foi à devenir semblables à
Jésus, attendant cette grâce de son action directe en nous.
Puis, sans retard, mettons-nous à l’œuvre avec foi, nous tenant
pour consacrés, comme Christ, à vivre et à mourir pour Dieu et pour nos
semblables. Avec un nouveau zèle, exerçons le ministère d'amour qui cherche à
gagner des âmes. Attendons-nous à Christ pour réaliser en nous sa ressemblance,
confions-nous au Saint-Esprit pour nous approprier toujours plus l'Esprit de
Christ et commençons tout de suite avec foi à vivre comme les disciples de
celui dont la vie et la mort ont été en bénédiction aux autres. Que notre amour
ouvre la voie dans l’œuvre à faire, nous remplissant de bonté, de douceur,
d'obligeance pour tous ceux que nous rencontrons dans la vie de chaque jour.
Intercédons auprès de Dieu pour nos semblables, lui demandant aussi de se
servir de nous pour répondre à nos prières d'intercession. Parlons et
travaillons pour Jésus comme ayant reçu d'En haut une mission et une force qui
nous donnent la certitude d'être bénis dans notre travail. Que notre but soit
de gagner des âmes. Joignons-nous aux bandes de moissonneurs que le Seigneur
envoie dans sa moisson; et nous éprouverons plus tôt que nous ne le pensons que
donner sa vie pour en amener d'autres à Dieu, est le meilleur moyen de
mourir à soi-même et de devenir ce qu'était le Fils de l'homme, le
serviteur et le Sauveur de ceux qui étaient perdus.
Oh! que de merveilles, que de bénédictions résultent pour nous
du devoir et de la possibilité d'être semblables à Christ ! « Il s'est donné
lui-même pour nous » (Tit. 2 : 14) ; il n'a pu atteindre les pécheurs qu'en
s'offrant en sacrifice à Dieu pour eux. Le grain de froment a dû mourir
pour que la vie en sortît : alors la bénédiction divine s'est répandue avec
force et puissance. Et moi, je puis bien aussi chercher à aimer et à servir mes
semblables, mais je n'aurai d'influence bénie sur eux qu'en me livrant
entièrement à Dieu, qu'en remettant ma vie entre ses mains pour eux.
C'est en m'offrant en oblation sur l'autel, que je serai en bénédiction aux
autres par l'esprit et la puissance de Jésus. C'est quand j'aurai remis mon
esprit entre ses mains, qu'il pourra m'employer et me bénir. Seigneur, mon Dieu
! me demandes-tu vraiment de me donner à toi, de te donner ma vie tout entière
et jusqu'à la mort pour mes semblables? Si j'ai bien compris les paroles du
Maître, tu ne demandes en effet pas moins de moi.
O mon Dieu ! Veux-tu réellement me prendre à ton service?
Veux-tu me permettre, en Christ, comme lui, comme membre de son corps, de vivre
et de mourir pour ceux qui m'entourent, de me placer, je le dis avec le plus
profond respect, à côté de Christ, sur l'autel de sa mort, crucifié avec lui,
en vivant sacrifice à toi pour les hommes : Seigneur, je te bénis de cette
grâce divine. Me voici, Seigneur, mon Dieu. Je m'offre à toi. Que ton
Saint-Esprit rende cet acte sûr et définitif ! Seigneur! me voici, consacré à
toi, ne voulant plus vivre que pour ceux que tu cherches à sauver. Seigneur
Jésus, viens toi-même m'apporter le souffle de ton esprit et de ton amour.
Prends possession de moi, de mes pensées, de mon cœur, de mes facultés, de ma
vie tout entière. Grave ceci dans mon cœur : Je suis consacré à Dieu qui m'a
accepté. Garde-moi chaque jour, Seigneur, dans l'attente et l'assurance que
Dieu m'emploiera. Quand tu t'es livré toi-même, tu as aussitôt reçu puissance
de vie, avec effusion nouvelle de bénédiction céleste. Il en sera de même pour
les tiens.
Gloire soit à ton nom.
Amen.
[6]
Comparez Mathieu 20 : 28 avec Ephésiens 5 : 2,
20, 26; Philippiens 2 : 5-8 ; 1 Pierre 2 : 21-23, et voyez que c'est tout
particulièrement ici par rapport à son oeuvre de rédemption que Christ nous est
donné en exemple. Donner sa vie pour les autres, est le but de sa vie terrestre.
VINGT-SIXIÈME JOUR COMME
CHRIST Dans
sa douceur.
« Voici ton roi qui
vient à toi débonnaire. » Mathieu 21:
5.
« Apprenez de moi, parce
que je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes.» Mathieu 11 : 29.
C'est sur le chemin de la croix que nous entendons la première
de ces deux paroles. C'est dans les souffrances de notre Seigneur Jésus que
se montre toute sa douceur. Disciple de Jésus, toi si prêt à t'abriter sous
la croix, contemplant l'Agneau mis à mort pour tes péchés, ne t'est-il pas
précieux de penser que tu peux aussi refléter l'image de l'Agneau de Dieu en
étant, comme lui, doux et débonnaire chaque jour ?
La douceur est l'opposé de tout ce qui est
rude, amer ou tranchant. Elle doit se
faire sentir dans nos rapports avec nos inférieurs. C'est « avec douceur » que
les pasteurs doivent instruire ceux qui s'opposent à eux, qu'ils doivent
enseigner et ramener ceux qui s'égarent (Galates 6 : 1 ; 2 Timothée 2 : 25). Elle
doit se montrer aussi dans nos rapports avec nos supérieurs. Nous devons «
recevoir la parole avec douceur » (Jacques 1 : 21). Si la femme doit être
soumise à son mari, ce doit être « dans un esprit doux et paisible qui est
d'un grand prix devant Dieu ». (1 Pierre 3:4). La douceur, étant un des
fruits de l'Esprit, devrait caractériser tous nos rapports avec d'autres
chrétiens, puis s'étendre encore au-delà, à tous ceux avec qui nous avons
affaire (Ephésiens 4 : 2; Galates 5 : 22; Colossiens 3 : 12 ; Tite 3:2). Elle se
trouve dans l'Ecriture à côté de l'humilité, parce que celle-ci est la
disposition intérieure d'où naît la douceur à l'égard du prochain.
Il n'est peut-être aucune des vertus, dont s'entoure l'image du
Fils de Dieu, qui soit plus rare à rencontrer chez les personnes appelées à
donner l'exemple. On voit un grand nombre de serviteurs de Jésus qui montrent
beaucoup d'amour pour les âmes, beaucoup d'empressement à sauver les pécheurs
et beaucoup de zèle pour la volonté de Dieu, et qui pourtant ne sont pas en
ceci ce qu'ils devraient être. S'ils se trouvent en butte à quelque offense?
soit dans leur famille, soit au dehors, ils s'irritent aussitôt, ils
s'emportent avec colère, et par là ils perdent toute paix de l'âme, toute paix
de Dieu. Avec instance ils ont demandé cette vertu chrétienne ; ils donneraient
tout au monde pour pouvoir conserver habituellement la douceur de caractère et
la parfaite égalité d'humeur de Christ, soit dans leurs rapports de société et
d'affaires, soit aussi dans leur famille et avec leurs domestiques. Que de luttes, que de découragements,
chez ceux qui ont déjà appris à vouloir et à rechercher la douceur et la
patience, et qui pourtant ne savent pas encore comment les obtenir!
Il leur semble si impossible d'avoir de l'empire sur eux-mêmes
que pour s'en consoler, ils attribuent cette vertu à un certain tempérament
naturel, se disant qu'elle est trop opposée à leur caractère pour que jamais
ils puissent la posséder. Pour se justifier, ils recourent à toutes sortes
d'excuses : leur intention n'est pas si mauvaise ; quoique leur humeur soit
orageuse et leur langue acérée, ils ne manquent pourtant pas d'amour au fond du
cœur ; il ne serait d'ailleurs pas toujours bon de se montrer trop facile, ce
serait encourager le mal, etc. Ils éludent ainsi le devoir de se conformer à la
sainte douceur de l'Agneau de Dieu, et ils confirment les gens du monde dans la
pensée que, après tout, les chrétiens ne diffèrent guère des autres, car ils ne
voient pas en eux ce qu'ils leur entendent prêcher, que Christ transforme à son
image le cœur et la vie de ses disciples.
Quel tort ils se font à eux-mêmes, aussi bien qu'à l'Eglise de
Christ, en négligeant d'être « l'image et la ressemblance de Dieu » selon que
la rédemption les y appelle et leur en offre le moyen. La douceur est de grand
prix aux yeux de Dieu. L'Ancien Testament contient de belles promesses pour
ceux qui sont doux et débonnaires, et Jésus les réunit dans celle-ci : «
Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre. » (Psaume 25 : 9;
Proverbe 3 : 34; Esaïe 29 : 19; Mathieu 5:5). Dans le Nouveau Testament, quel
éloge de la douceur nous donne l'exemple incomparable de notre Seigneur pendant
sa vie. Un esprit doux est de grand prix aux yeux de Dieu, puisque c'est
celui de son Fils bien-aimé. Le Père ne pouvait présenter à ses enfants de
motif plus élevé pour les engager à rechercher la douceur par-dessus toutes
choses. Pour qui veut la posséder, la Parole de Dieu abonde en paroles
d'encouragement. Ne dit-elle pas : « Apprenez de moi, parce que je suis doux
et humble de cœur ». Et à quoi nous sert-il de savoir que Jésus était doux
et humble ? L'exemple de sa douceur ne nous fera-t-il pas sentir d'autant plus
tout ce qui nous manque là? Ce que nous te demandons, Seigneur, c'est de nous
enseigner comment nous pourrons acquérir cette douceur. Et de nouveau voici
cette même réponse : « Apprenez de moi, parce que je suis doux et
humble de cœur ».
Quand nous cherchons à obtenir la douceur, ainsi que toute
autre grâce du Seigneur Jésus, nous risquons de nous tromper sur la manière
dont il les donne. Nous voudrions être certains de les posséder avant de les
mettre en pratique. Ce n'est pas là la voie de la foi. Moïse ne savait pas
que « son visage fût
rayonnant », il savait seulement qu'il avait vu la gloire de Dieu. L'âme qui veut obtenir la douceur doit apprendre de
Christ qu'il est doux et humble. Il faut prendre le temps de contempler la
douceur de Jésus jusqu'à ce que le cœur en reçoive le reflet. Lui seul est d'un
esprit doux ; en lui seul se trouve la véritable douceur. Quand nous commençons
à le comprendre, il faut que notre cœur s'arrête à cette vérité : Celui qui
est doux et humble, c'est Jésus, mon Sauveur.
Tout ce qu'il est, tout ce qu'il a, appartient à ses rachetés. Sa
douceur doit donc nous être communiquée; mais il ne le fait pas en nous la
donnant comme quelque chose qui se détacherait de lui pour s'attacher à nous.
Non ! Nous devons apprendre que lui seul est doux et humble, et que c'est
seulement quand il entre dans un cœur et dans une vie pour en prendre possession,
qu'il y apporte avec lui sa douceur. C'est la douceur de Jésus qui nous rendra
doux et débonnaires.
Nous savons combien il a peu réussi sur la
terre à rendre ses disciples doux et humbles. C'est qu'alors il n'avait pas
encore obtenu sa vie nouvelle et ne pouvait pas, comme après sa mort et par sa
résurrection, leur donner le Saint-Esprit. Mais à présent il le peut. Il a reçu la puissance divine pour régner
du haut des cieux dans notre cœur, pour vaincre tout ennemi et pour continuer
en nous sa vie de sainteté. Jésus a été notre modèle sur la terre, afin de nous
faire voir ce qu'était ce la vie cachée, qu'il devait ensuite nous communiquer
en venant demeurer en nous (Colossiens 3:3).
« Apprenez de moi, parce
que je suis doux et humble de cœur ».
Cette parole résonne sans cesse à nos oreilles comme une réponse du Seigneur à
toutes les lamentations de ses rachetés qui se plaignent de ne pouvoir dominer
leur humeur. O mon frère, pourquoi Jésus est-il votre Sauveur, votre vie et
votre force, pourquoi est-il doux et humble de cœur, sinon pour vous donner sa
douceur?
Croyez seulement ! Croyez que Jésus a la
puissance de remplir votre cœur de son esprit de douceur. Croyez que Jésus lui-même accomplira en vous par son
Esprit l’œuvre que vous avez en vain cherché à accomplir vous-même, « Voici
ton roi qui vient à toi débonnaire ». Accueillez-le. Qu'il soit le bienvenu
dans votre cœur. Comptez sur lui pour se révéler lui-même à vous. Tout
dépend de là. « Apprenez de lui, parce qu'il est doux et humble de cœur, et
vous trouverez le repos de votre âme. »
O mon Sauveur, accorde-moi de pouvoir, sous l'influence de ton
Saint-Esprit, me rapprocher de toi et m'approprier ta céleste douceur.
Seigneur, tu ne m'as pas donné l'exemple de ta douceur comme un Moïse qui
impose des commandements sans donner la force de les accomplir. Tu es Jésus, tu
sauves de tout péché et tu remplaces le péché par ta sainteté divine. Seigneur,
je réclame ta douceur comme faisant partie du salut que tu m'as accordé. Je ne
puis m'en passer. Comment puis-je te glorifier, si je ne la possède pas?
Seigneur, je veux apprendre de toi, parce que tu es doux et humble. Seigneur,
enseigne-moi que tu es toujours avec moi, toujours en moi, que tu es ma vie.
Dès que je demeure en toi, et que toi, tu demeures en moi, je
te possède avec ta douceur, et tu me rends semblable à toi.
O, sainte douceur! Tu n'es pas descendue du ciel sur la terre
pour une courte visite seulement, puis pour disparaître de nouveau dans les
cieux. Tu es venue chercher une demeure ici-bas. Je t'offre mon cœur; viens y
faire ta demeure.
O toi, Agneau de Dieu, mon Sauveur, mon Secours ! c'est sur toi
que je compte ; c'est en habitant toi-même en moi que tu me communiqueras ta
douceur et que tu me rendras conforme à ton image. Viens donc, O Seigneur !
Daigne à présent même te révéler à moi comme mon Roi débonnaire, prêt à prendre
possession de moi, à me communiquer dans le secret de mon coeur tout ce que tu
es pour moi. Amen
VINGT-SEPTIEME JOUR.
COMME CHRIST Demeurant dans l'amour de Dieu.
« Comme mon père m'a
aimé, je vous ai aussi aimés... demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes
commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme j'ai gardé les
commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. » Jean 15 : 9, 10.
Notre Seigneur ne s'est pas borné à nous dire : « Demeurez
en moi », il nous dit encore : «Demeurez dans mon amour ». Pour
demeurer en lui, il faut d'abord entrer, se plonger, s'immerger dans cet amour
admirable dont il nous a aimés jusqu'à se donner pour nous. «L'amour ne
cherche point son intérêt » (1 Corinthiens 13 : 5). Il sort de lui-même
pour se donner à ceux qu'il veut aimer.
Demeurer en Christ, c'est nous perdre dans l'Amour Infini,
c'est éprouver qu'il nous aime, c'est ne pouvoir être heureux que dans son
amour.
Pour nous révéler toute la divine excellence de son amour pour
nous, Jésus, en nous invitant à demeurer dans son amour, nous dit qu'il est
le même que l'amour du Père pour lui. Rien pourrait-il nous faire désirer
davantage de demeurer dans son amour? « Comme mon Père m'a aimé, je
vous ai aussi aimés; demeurez dans mon amour ». Notre vie peut donc être,
comme celle de Christ, indiciblement heureuse de la certitude que l'Amour
Infini nous enveloppe et se complaît à nous aimer.
Nous savons que ce fut là le secret de la vie admirable de
Christ, le secret aussi de sa force à l'approche de la mort. A son baptême
s'était fait entendre ce divin message apporté par le Saint- Esprit, et confirmé
plus tard par le même Esprit : « C'est ici mon Fils bien-aimé en qui j'ai
pris plaisir » (Mathieu 3 : 16). Plus d'une fois nous lisons : «Le Père
aime le Fils » (Jean 3: 35 ; 5 : 20) ; et Christ en parle comme de son plus
grand bonheur : «Que le monde connaisse que tu les aimes comme tu m'as
aimé. Tu m'as aimé avant la fondation du monde. Que l’amour dont tu m'as
aimé soit en eux » (Jean 17 : 19-26). Ainsi que nous marchons ici-bas à la
lumière du soleil qui nous entoure, Jésus marchait continuellement à la lumière
de l'amour du Père. C'est comme le Bien-aimé du Père qu'il put faire la
volonté de Dieu et accomplir son oeuvre. Il demeurait dans l'amour du Père.
Nous sommes de même les bien-aimés de Jésus. Comme le
Père l'a aimé, il nous aime aussi. Pour le savoir nous n'avons qu'à prendre le
temps de fermer les yeux à tout ce qui nous entoure, et d'adorer, et d'attendre
jusqu'à ce que l'amour infini de Dieu, dans toute sa puissance et sa gloire, se
répande sur nous en passant par le cœur de Jésus, qu'il se fasse connaître à
nous, et qu'il prenne entièrement possession de nous. Oh, si le chrétien
voulait bien prendre le temps de se pénétrer de cette pensée : « Je suis le
Bien-aimé du Seigneur, Jésus m'aime d'instant en instant précisément comme
le Père l'aimait », avec quelle foi croissante il pourrait se dire qu'étant
aimé comme Christ l'était, il doit aussi marcher comme Christ a marché !
Voici encore ce que cette comparaison offre à notre examen. Ce
n'est pas seulement l'amour dans lequel nous devons demeurer qui est semblable
à celui dans lequel Jésus demeurait, c'est encore le moyen d'y parvenir qui est
pour nous le même que pour lui. Comme Fils, Christ possédait déjà l'amour
du Père quand il vint dans le monde, mais ce n'est que par son obéissance qu'il
pouvait s'assurer la continuation de cet amour, qu'il pouvait y demeurer. Et il
ne s'agissait pas d'une obéissance qui ne lui coûtât rien, loin de là; c'était
en renonçant à sa propre volonté, en apprenant à obéir dans tout ce qu'il avait
à souffrir, en se rendant obéissant jusqu'à la mort de la croix, qu'il gardait
les commandements du Père et demeurait dans son amour. « Voici
pourquoi mon Père m'aime, c'est parce que je donne ma vie... J'ai reçu
cet ordre de mon Père ». « Le Père ne m'a point laissé seul parce que je
fais toujours ce qui lui est agréable » (Jean. 10 : 17, 18 ; 8 : 20).
Après nous avoir donné cet exemple et nous avoir montré par là
que la voie de l'obéissance nous assure l'amour de Dieu, il nous invite à le
suivre, « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour,
comme j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour ».
Obéir comme Christ, amène à jouir comme lui de l'amour divin.
Oh! quelle assurance nous en recevons pour compter sur la présence de Dieu. «
Aimons en effet et en vérité, car c'est en cela que nous assurerons nos cœurs
devant lui... Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne point, nous avons de
l'assurance devant Dieu. Et quoi que nous demandions, nous le recevons de lui,
parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est
agréable » (1 Jean 3 : 18-23).
Quelle hardiesse nous puisons là pour affronter l'opinion des
hommes, quelle indépendance de leur approbation ou de leur désapprobation, car
nous n'agissons plus alors que selon l'ordre de Dieu, Nous n'avons plus qu'à
obéir à ses ordres. Et quelle hardiesse aussi en face des difficultés et des
dangers ! Puisque nous faisons la volonté de Dieu, nous osons lui laisser toute
responsabilité de réussite ou de non-réussite. Le cœur, préoccupé d'obéir à
Dieu seul, s'élève alors au-dessus du monde pour ne vouloir que ce que Dieu
veut, et il sent que l'amour de Dieu repose sur lui. Comme Christ, il demeure
alors dans l'amour de Dieu.
Cherchons à apprendre de Christ ce que
c'est qu'une vie réglée par cet esprit d'obéissance. C'est d'abord un esprit de dépendance, c'est
reconnaître que nous n'avons plus aucun droit à faire en rien notre propre
volonté et que nous y renonçons. C'est encore un esprit docile. Convaincu de
l'influence trompeuse de la tradition, des préjugés et des habitudes, il ne
tire plus ses préceptes des hommes, mais il les reçoit de Dieu lui-même.
Convaincu aussi de l'insuffisance de l'intelligence humaine pour comprendre la
Parole de Dieu, pour en recevoir force et vie spirituelle, il sent le besoin de
recourir au Saint-Esprit pour l'étudier à sa lumière. Il sait que ses propres
vues sur la vérité et sur le devoir sont très partielles et défectueuses, et il
compte sur Dieu lui-même pour lui donner des vues plus claires, pour ouvrir des
horizons plus élevés.
Il a remarqué cette parole de Dieu : « Si tu écoutes
attentivement la voix de l'Eternel ton Dieu, si tu fais ce qui est droit à ses
yeux » (Exo. 15 : 26), il a compris que l'obéissance n'est acceptable et
possible que lorsque le commandement ne lui vient pas seulement de la
conscience, de la mémoire ou de la Bible, mais qu'il sort de la bouche de Dieu,
qu'il est la voix de Dieu lui parlant par l'Esprit. Il sait que l'obéissance
n'a toute sa valeur et qu'elle n'est pleinement bénie que si elle exécute les
ordres du Père, directement pour lui-même. Il a grand soin de rester sur
l'autel où il s'est consacré à Dieu, d'avoir l’œil et l'oreille au guet pour
saisir chaque indication de la volonté de Dieu. Il ne se contente pas de faire
le bien pour sa propre satisfaction, mais il met toutes choses sous le contrôle
de son Dieu, faisant toutes choses « comme pour le Seigneur » (Colossiens
3 : 23). Il veut que chaque heure de la journée et chaque pas dans la vie le
mette en relation avec Dieu. Il s'applique donc à obéir consciencieusement au Père dans les petites
choses de chaque jour, voyant là la seule manière de se préparer à un travail
plus étendu. Tout son désir est de glorifier Dieu en accomplissant sa sainte
volonté, et pour réaliser ce désir, il travaille de tout son cœur et de toutes
ses forces à exécuter cette volonté divine à chaque instant du jour. Pour tout
cela, sa seule récompense, mais récompense amplement suffisante, est de savoir
qu'en faisant la volonté de Dieu, il suit la voie ouverte par Christ lui-même,
la voie qui fait entrer plus avant dans l'amour de Dieu. « Si vous gardez
mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ».
Oh! quelle bénédiction que cette obéissance-là qui nous amène à
demeurer comme Christ dans l'amour divin ! Pour l'obtenir, il faut étudier
encore mieux ce qu'était Christ. Il avait renoncé à lui-même, il s'était «
abaissé lui-même, se rendant obéissant» (Philippiens 2:8). Qu'il veuille
nous donner à nous aussi ce renoncement et cette humilité ! A l'école de Dieu, «
Il a appris l'obéissance, et, ayant été rendu parfait, il est devenu
l'auteur d'un salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent » (Hébreux
5: 8, 9). Il faut que nous apprenions aussi de lui l'obéissance, que
nous l'écoutions nous dire qu'il ne faisait rien de lui-même, qu'il ne faisait
que ce qu'il voyait faire au Père, que ce qu'il apprenait de lui. Nous avons
besoin de savoir que son entière dépendance du Père, que son recours continuel
au Père était la source de son obéissance habituelle, comme aussi le moyen de
pénétrer toujours mieux les secrets du Père. (Jean 5 : 19, 20). (Voyez :
Quinzième jour). L'amour de Dieu et l'obéissance de l'homme vont ensemble
comme une serrure et une clef faites l'une pour l'autre.
C'est la grâce de Dieu qui met la clef dans la serrure, et
c'est l'homme qui se sert de la clef pour ouvrir les trésors de l'amour divin.
A la lumière de l'exemple et des paroles de Christ, quel sens
nouveau revêtent ces promesses de Dieu à son peuple : « Je te bénirai
certainement et je multiplierai ta postérité parce que tu as obéi à ma voix ».
(Genèse 26 : 4). « Si Vous obéissez à ma voix, vous serez aussi mon
plus précieux joyau ». (Exode 19 : 5). « L'Eternel ton Dieu te bénira
certainement... pourvu seulement que tu obéisses à la voix de l'Eternel ton
Dieu » (Deutéronome 15 : 4, 5). C'est par l'amour et l'obéissance que
s'établissent nos rapports avec Dieu; d'un côté l'amour de Dieu se donnant
lui-même à l'homme avec tout ce qu'il a, de l'autre l'obéissance du croyant, se
donnant à Dieu avec tout ce qu'il a.
On a beaucoup parlé, ces dernières années, de renoncement à
soi-même et d'entière consécration à Dieu, et des milliers d'âmes louent le
Seigneur de tout le bien qu'elles ont reçu de lui par le moyen de ces deux mots
: mais prenons garde de ne chercher là qu'une jouissance spirituelle, qu'un
état d'âme à conserver, négligeant d'en faire l'application directe et simple,
c'est-à-dire d'obéir à la volonté de Dieu. Souvenons-nous dans le courant de
notre vie, de ce mot obéissance, que Dieu emploie souvent, « Obéir
vaut mieux que sacrifice » (1 Samuel 15 : 22). Le sacrifice de soi à
Dieu n'est rien sans obéissance, car ce mot même implique l'obéissance. C'est
l'obéissance douce et humble de Christ, comme fils et serviteur, qui rendait
son sacrifice «d'agréable odeur »; c'est l'obéissance de l’enfant prompt
à écouter la voix du Père, puis à faire ce qui est bien à ses yeux, qui
témoignera en nous que nous lui sommes agréables.
Cher lecteur, cette vie-là ne sera-t-elle pas la vôtre aussi?
Obéir à Jésus et demeurer dans son amour, n'est-ce pas simple autant que
sublime !
O mon Dieu, que dire de cet échange de la vie de la terre,
contre la vie du ciel que tu viens de placer devant moi ? Ton Fils, notre
Seigneur, nous a montré qu'il est possible à l'homme sur la terre de vivre tout
enveloppé de l'amour de Dieu, pourvu qu'il veuille se soumettre à ta volonté,
obéir à ta voix. Il nous a montrés aussi quel bonheur il y a à le faire.
Puisque Christ est à nous, puisqu'il est notre Tête et notre Vie, nous savons
que nous aussi, nous pouvons, en quelque mesure, vivre et marcher comme lui, et
nous réjouir en ton amour, certains que tu acceptes à cause de lui notre faible
obéissance à tes commandements. O mon Dieu, quelle grâce insigne que celle
d'être appelés à demeurer comme Christ dans ton amour par l'obéissance que ton
Esprit opère en nous. Seigneur Jésus, comment te rendre grâce d'avoir réalisé
sur la terre cette vie-là pour m'y faire participer moi-même? O Seigneur, je n'ai
qu'à m'abandonner de nouveau à toi pour que tu me fasses garder tes
commandements comme tu as gardé ceux du Père. Seigneur, révèle-moi le secret de
ta propre obéissance, de ta promptitude à écouter, de ta vigilance, de ta
douceur, de ton humilité et de ta confiance filiale au Père bien-aimé dont tu
savais être le Fils bien-aimé. Mon Sauveur, remplis mon cœur de ton amour; et
alors avec foi en ton amour, je pourrai, moi aussi, t'obéir. Oui, Seigneur, que
toute ma vie s'emploie à garder tes commandements et à demeurer dans ton
amour. Amen.
VINGT-HUITIÈME JOUR
COMME CHRIST Conduit par l'Esprit.
« Jésus rempli du
Saint-Esprit, revint du Jourdain, et fut conduit par l'Esprit dans le désert. »
Luc. 4 :1.
« Soyez remplis de
l'Esprit. » Ephésiens 5 : 18.
« Car tous ceux qui sont
conduits par l'Esprit de Dieu, sont enfants de Dieu. »
Romains 8 : 14.
Dès sa naissance, le Seigneur Jésus avait
l'Esprit de Dieu demeurant en lui, et pourtant, il avait besoin parfois que le
Père le lui communiquât plus particulièrement encore. Il en fut ainsi à son baptême, quand il reçut le
baptême du Saint-Esprit après avoir reçu le baptême d'eau ; il fut alors rempli
du Saint-Esprit. Il remonta du Jourdain, éprouvant plus manifestement que
jamais la direction de l'Esprit. Dans le désert, il lutta et vainquit, non par
sa propre puissance divine, mais comme un homme fortifié et conduit par le
Saint-Esprit. En ceci aussi, il était « semblable en toutes choses à ses
frères ». (Hébreux 2 : 17).
Réciproquement, il est tout aussi vrai que ses frères sont en
toutes choses rendus semblables à lui. Ils sont appelés à vivre comme lui,
et ceci ne leur serait pas demandé s'ils ne disposaient pas de la même force
que lui. Cette force est le Saint-Esprit que nous recevons de Dieu. Comme
Jésus fut rempli de l'Esprit, puis conduit par l'Esprit, nous aussi, nous
devons être remplis de l'Esprit et conduits par l'Esprit.
Quand nous méditons sur les divers traits du caractère de
Christ, ne nous semble-t-il pas souvent impossible de lui ressembler, nous qui
avons si peu vécu pour lui et qui nous sentons si peu capables de vivre comme
lui? Reprenons courage en nous souvenant que Jésus lui-même ne pouvait vivre
ainsi que par l'Esprit. C'est après avoir été « rempli du Saint-Esprit »,
qu'il « fut conduit par l'Esprit, » au champ de la lutte et de la
victoire. La même bénédiction est à nous, aussi bien qu'à lui : nous aussi,
nous pouvons être remplis de l'Esprit et conduits par l'Esprit. Jésus, qui
a été baptisé par l'Esprit, afin de nous donner l'exemple d'une vie sainte, est
monté au ciel pour nous baptiser, nous aussi, et nous rendre par là semblables
à lui. Celui qui veut vivre comme Jésus, doit donc commencer par être baptisé
de l'Esprit. Tout ce que Dieu demande de ses enfants, il commence par le leur
donner. Il nous demande de ressembler à Christ, parce qu'il veut nous donner,
comme à lui, la plénitude de l'Esprit. Il faut que nous soyons remplis de
l'Esprit.
Nous voyons ici pourquoi on prêche si peu dans l'Eglise de
Christ la nécessité de l'imiter et de lui ressembler. On croyait généralement
pouvoir y parvenir par ses propres forces, à l'aide de quelque influence du
Saint-Esprit; on ne comprenait pas qu'il ne faut rien de moins que d'être
rempli du Saint-Esprit. Comment s'étonner qu'on regardât comme impossible
d'être semblable à Christ, puisqu'on avait perdu de vue la nécessité d'être rempli
du Saint-Esprit. On voyait là le privilège d'un petit nombre seulement,
et non le devoir auquel est appelé tout enfant de Dieu. On ne réalisait
pas assez que : « soyez remplis de l'Esprit » est un commandement qui
s'adresse à tout chrétien. Quand l'Eglise fera la place voulue au baptême
de l'Esprit et à Jésus, le Sauveur qui baptise du Saint-Esprit chacun de
ceux qui croient en lui, qu'on cherchera à être semblable à Christ et qu'on y
parviendra, on reconnaîtra alors que, pour être semblable à Christ, il faut
être conduit par le même Esprit que lui, et que, pour être conduit par le même
Esprit, il faut être rempli de l'Esprit. La plénitude de l'Esprit est
absolument nécessaire pour vivre en vrai chrétien, d'une vie conforme à celle
de Christ.
Le moyen d'obtenir cette grâce est simple : C'est Jésus qui
baptise de l'Esprit; celui qui vient à lui, désirant recevoir ce baptême,
l'obtiendra. Pour cela, ce que le Seigneur demande de nous, c'est notre entière
reddition, c'est que nous renoncions complètement à nous-même pour nous
abandonner à lui avec pleine confiance. Voilà ce qui nous permet de recevoir ce
qu'il donne.
Oui, renoncer à soi-même par la foi. Jésus vous demande si vous
voulez réellement suivre ses traces et, pour cela, si vous voulez être baptisé
du Saint-Esprit. N'hésitez pas à le vouloir. Jetez les yeux sur toutes les
promesses qu'il nous fait de nous communiquer son amour et son Esprit, considérez
quel privilège en est la conséquence : comme moi, vous aussi. Souvenez-vous
que c'est à propos de cette ressemblance avec lui, qu'il disait à son Père : «
Je leur ai fait part de la gloire que tu m'as donnée ». (Jean 17 : 22).
Songez combien l'amour de Christ et le désir de lui plaire, combien la gloire
de Dieu et les besoins du monde plaident auprès de vous pour vous engager à ne
pas négliger ce céleste droit d'aînesse, le droit d'être semblable à Christ.
Reconnaissez les droits sacrés de Christ sur vous qui êtes racheté par son
sang, et que rien ne vous empêche de répondre :
Oui, Seigneur, autant qu'il est permis à une créature tirée de
la poudre de la terre, je veux être comme toi; je suis tout à toi. Je dois et
je veux être « en toutes choses » ton image, et c'est pour cela que je te
demande de me remplir de l'Esprit.
Renoncer à soi-même par la foi, voilà ce
que veut le Seigneur, et pas moins que cela. Donnons-lui ce qu'il nous demande. Et si nous renonçons à nous-mêmes
pour devenir semblables à lui en toutes choses, faisons-le avec la confiance et
la sécurité qu'il nous accepte, et qu'aussitôt il fait agir en nous l'Esprit
avec plus de puissance. Croyons-le, lors même que nous n'en ferions pas tout de
suite l'expérience. Pour être remplis du Saint-Esprit, nous devons nous
attendre à Jésus avec foi, bien certain que son amour veut nous donner plus
encore que nous ne le prévoyons.
Avec cette assurance-là, abandonnons-nous entièrement à lui.
Que notre renoncement et notre foi soient sans réserve. Pour suivre Christ,
il faut obéir à cette loi fondamentale : « Celui qui aura perdu sa vie à
cause de moi, la retrouvera ». (Mathieu 10 : 39). Le Saint-Esprit vient
alors nous dépouiller de notre ancienne vie et nous donner la vie de Christ.
Renoncez donc à cette ancienne vie, où vous avez voulu agir par vos propres
forces et veiller par vos propres efforts, et croyez que le Saint-Esprit
renouvellera incessamment en vous votre vie spirituelle, tout aussi
naturellement que l'air que vous respirez entretient la vie de votre corps.
Dans l’œuvre du Saint-Esprit en vous, il n'y aura ni rupture, ni interruption.
Vous serez enveloppé du Saint-Esprit comme de votre élément vital ; il vous
sera comme l'air que vous respirez. Par l'Esprit, « Dieu produira en vous le
vouloir et le faire selon son bon plaisir » (Philippiens 2 : 13).
O chrétien, ayez un profond respect pour
l’œuvre de « l'Esprit qui habite en vous ». (Romains 8 : 11). Croyez que la volonté de Dieu est de
faire agir en vous son Esprit avec puissance, de vous rendre ainsi d'instant en
instant conforme à l'image de Christ. Occupez-vous de Jésus et de sa vie sur la
terre, cette vie qui est à la fois votre modèle et votre force, et soyez
certain que le Saint-Esprit saura faire son oeuvre dans le secret de votre
cœur, en vous communiquant quelque chose de Jésus.
Souvenez-vous que la plénitude de l'Esprit est à vous en Jésus,
que c'est là un don que vous acceptez et que vous gardez par la foi, quoique
vous ne le sentiez pas comme vous le voudriez. Comptez donc sur lui pour faire
en vous tout le nécessaire. Vous pourrez bien ne sentir que faiblesse, que
crainte et tremblement, et pourtant vos paroles, vos actes et tout l'ensemble
de votre vie manifesteront la présence de l'Esprit et sa puissance. Vivez avec
la confiance que la plénitude de l'Esprit est à vous, et que vous ne serez pas
déçu dans votre attente, si, regardant à Jésus, vous vous réjouissez chaque
jour de savoir votre vie spirituelle aux soins du Saint-Esprit, le Consolateur.
C'est ainsi que la présence de Jésus en vous, vous fera vivre à sa
ressemblance, car, du moment où l'Esprit de vie de Jésus-Christ résidera en
vous, il faudra nécessairement que votre vie en devienne conforme à la sienne
aux yeux de tous.
Souvenez-vous aussi que l'Esprit ne
déploie toute sa puissance que dans les rapports mutuels des membres du corps
de Christ, lorsqu'ils se consacrent entièrement à servir le Seigneur dans le
monde. C'est quand Jésus eut consacré
sa vie à se mêler à tous ceux qui l'entouraient, c'est après avoir reçu comme
eux le baptême d'eau, qu'il fut baptisé du Saint-Esprit.
Et c'est quand il s'est donné lui-même en sacrifice dans le
second baptême de sa passion, qu'il a reçu le pouvoir de nous donner le
Saint-Esprit. Mettez-vous en relation avec les enfants de Dieu qui voudront
demander et attendre avec vous le baptême de l'Esprit. Les disciples n'ont pas
reçu l'Esprit séparément, mais pendant qu'ils étaient « tous d'un accord
dans un même lieu ». (Actes 2:1).
Réunissez-vous aux autres enfants de Dieu autour de vous pour
travailler ensemble à sauver des âmes, et l'esprit vous donnera d'en haut tout
ce qu'il vous faudra pour ce travail. Le Seigneur accomplira sa promesse à
l'égard du serviteur plein de foi et de bonne volonté qui désire recevoir
l'Esprit, non pour sa propre jouissance seulement, mais pour travailler au
service de son Maître. C'est pour pouvoir travailler, vivre et mourir pour
nous que Christ a été rempli de l'Esprit.
Consacrez-vous donc à vivre et à mourir pour vos semblables, et
soyez sûr qu'alors vous pourrez compter sur une plénitude de l'Esprit semblable
à celle que Christ avait reçue.
Seigneur, tu veux nous rendre toujours plus semblables à toi en
nous donnant ton Saint-Esprit! Tu nous as dit que son oeuvre est de nous faire
mieux connaître ce que tu es, de manifester ta présence en nous. C'est lui qui
nous apporte et qui nous assimile tout ce que tu as acquis pour nous, toute la
vie, toute la sainteté, toute la puissance que nous voyons en toi. Il prend de ce
qui est à toi pour nous le communiquer. Seigneur Jésus ! nous te rendons grâce
du don que tu nous as fait du Saint-Esprit.
Et maintenant, nous t'en supplions, remplis-nous, oh !
remplis-nous de ton Saint-Esprit ! Seigneur, moins que cela ne saurait nous
suffire. Nous ne pouvons pas être conduits comme toi, nous ne pouvons pas
lutter et vaincre comme toi, nous ne pouvons pas marcher et travailler comme
toi, à moins d'être, comme toi, remplis du Saint-Esprit. Loué, béni soit ton
nom ! Tu as commandé, tu as promis; nous devons donc recevoir ton Esprit, et
nous le recevrons.
Divin Sauveur, daigne engager tous tes disciples à se réunir
pour demander, attendre et recevoir ensemble un baptême de l'Esprit. Ouvre
leurs yeux, fais-leur voir toutes les promesses qui leur annoncent l'envoi de
ton Esprit. Dispose leur sœur à se consacrer, comme toi, à vivre et à mourir
pour leurs semblables. Nous savons avec quel bonheur tu agiras alors en eux,
comme celui « qui baptise du Saint-Esprit et de feu ». Gloire à ton nom ! Amen.
VINGT-NEUVIÈME JOUR
COMME CHRIST Vivant par le Père.
« Comme je vis par le
Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. » Jean 6 : 57.
Chaque fois qu'il est question de marcher sur les traces de
Christ et de lui être semblable, on sent mieux le besoin de fixer ses regards
sur l'intime et vivante union qui relie le Précurseur à ses successeurs. Plus
nous méditons ces mots: Comme Christ, plus ils nous paraissent
impossibles à réaliser sans ceux-ci : En Christ. La ressemblance
extérieure n'est que la manifestation de l'union intérieure. Pour faire les
mêmes oeuvres que Christ, il faut que je possède la même vie que lui.
A mesure que je le prends davantage pour mon Modèle, je suis
obligé de le regarder comme ma Tête. Ce n'est que sa vie en nous qui peut nous
faire marcher comme lui.
Quelle promesse bénie nous offre ici notre texte, nous assurant
que la vie de Christ sur la terre et notre vie, à nous, sont réellement
semblables : « Comme je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par
moi ». Si vous voulez savoir ce qu'est la vie en Christ, savoir ce qu'il
sera pour vous, et tout ce qu'il fera en vous? vous n'avez qu'à contempler ce
qu'était le Père pour lui, et tout ce qu'il faisait en lui. La vie de
Christ en son Père et par le Père vous offre le modèle et vous donne la mesure
de ce que peut être votre vie en Christ et par Christ. Cherchons à le
comprendre.
Comme la vie de Christ était une vie cachée
en Dieu dans le ciel, la nôtre doit l'être aussi. Quand il se dépouilla de sa gloire divine, il
renonça à faire usage de ses attributs divins. Comme homme, il devait vivre par
la foi. II devait recourir au Père pour obtenir de lui la sagesse et la
puissance qu'il plaisait au Père de lui communiquer. Il dépendait entièrement
du Père. Sa vie était cachée en Dieu. Ce n'était pas en vertu de son
indépendance et de sa divinité qu'il parlait et qu'il agissait, selon que le
Père lui enjoignait de le faire, c'était en vertu de l'action de l'Esprit saint
en lui.
Pour vous, croyant, c'est exactement de la même manière que «
votre vie doit être cachée avec Christ en Dieu ». (Colossiens 3:3). Que ceci vous
fortifie dans la voie à suivre. Christ vous appelle à une vie de foi et de
dépendance, parce que cette vie-là a été la sienne. Il en a éprouvé lui-même la
bénédiction et à présent il veut faire passer sa vie en vous, vous apprenant à
ne plus vivre autrement. Il savait que le Père était sa vie, qu'il vivait
par le Père, et que le Père pourvoyait d'instant en instant à tout ce dont il
avait besoin. Et maintenant, il vous assure que, comme il vivait par son
Père, vous aussi, vous vivrez par lui. Recevez avec foi cette assurance. Que
votre cœur se réjouisse de la plénitude de vie qui vous est préparée en Christ,
sachant que cette vie-là peut suffire à tout ce dont vous avez besoin. Ne
vous figurez donc plus que ce soit à vous d'entretenir votre vie spirituelle
avec effort et peine; réjouissez-vous bien plutôt de n'avoir pas à vivre par
vos propres forces, mais de pouvoir vivre de la vie divine de notre Seigneur
Jésus, ainsi que lui-même vivait de la vie du Père.
La vie de Christ était une vie de
puissance divine, quoiqu'elle fût une vie de dépendance ; la nôtre le sera aussi. Jamais il ne s'est repenti
d'avoir dépouillé sa gloire, pour vivre devant Dieu comme un homme sur la
terre. Jamais le Père n'a trompé sa confiance. Il lui donnait toujours tout ce
qu'il lui fallait pour accomplir son oeuvre, et Christ faisait l'expérience
que, malgré tout le bonheur dont il avait joui en étant semblable à Dieu, dans
le ciel, il n'y avait pas moins de bonheur à vivre sur la terre dans une
entière dépendance du Père, recevant tout de sa main, jour après jour.
Croyant, si vous le voulez, vous pouvez réaliser la même vie.
La puissance divine du Seigneur Jésus agira en vous et par vous. Ne pensez
pas que vos circonstances terrestres vous rendent impossible d'avoir une vie
sainte à la gloire de Dieu. C'est précisément pour réaliser la vie divine
ici-bas, au milieu de circonstances terrestres encore plus difficiles, que
Christ est venu et a vécu sur la terre. Vous pouvez, vous aussi, avoir par
lui une vie céleste aussi bénie que le fut celle qu'il obtenait du Père. Attendez
beaucoup du Seigneur et de ce qu'il fera par vous. Que tout votre désir soit de
parvenir à une union plus complète avec lui. Il est impossible de dire tout
ce que le Seigneur Jésus ferait pour une âme qui voudrait sincèrement vivre par
lui, comme lui vivait par le Père. C'est précisément parce qu'il recevait tout du Père,
que le Père rendait sa vie et ses oeuvres si admirables ; vous aussi, vous
éprouverez pour votre travail que Jésus se charge entièrement de faire tout en
vous.
La vie de Christ a été la preuve évidente
de son union avec le Père; la nôtre le sera aussi. Jésus dit : « Comme le Père m'a envoyé et que: je
vis par le Père,.. » Quand le Père voulut se révéler à l'homme dans son
amour, il ne put confier cette oeuvre à nul autre qu'à son Fils bien-aimé qui
était un avec lui. C'est parce qu'il était son Fils que le Père l'a envoyé, et
l’ayant envoyé, il ne pouvait faire autrement que de pourvoir à tout ce que
réclamait sa vie. L'union sur laquelle reposait cette mission donnait à Jésus
la certitude qu'il vivrait ici-bas en recevant tout du Père, qu'il vivrait de
la vie même du Père.
« Ainsi, celui qui me mange vivra par moi
». Jésus avait déjà dit auparavant : «
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi et moi en lui ». (Jean
5 : 56). Par sa mort, il avait donné sa chair et son sang pour la vie du monde.
Par la foi, notre âme participe à la puissance de sa mort et de sa
résurrection, et acquiert ainsi un droit à sa vie, comme il avait droit
lui-même à la vie du Père. Les mots : « celui qui me mange, » expriment
l'union intime, la communion non interrompue qui s'établit entre le croyant et
le Seigneur Jésus, et qui devient la puissance de sa vie.
Aussi, toute âme qui veut vivre
entièrement et uniquement par Christ devra se nourrir de lui chaque jour et
s'approprier ainsi sa vie.
Pour y parvenir, cherchez d'un cœur plein de foi à réaliser
sans cesse que toute la plénitude de la vie de Christ est réellement à vous.
Contemplez avec bonheur, en Jésus le Représentant de l'humanité dans le ciel,
pensez à tout ce que Dieu vous a préparé en lui, votre Tête, à tout ce que le
Saint-Esprit est chargé de faire passer de cette Tête en vous, continuellement
et sans obstacle.
Remerciez Dieu de ce qu'il vous a racheté par Christ, vous
donnant ainsi le moyen : d'obtenir la vie divine et de jouir dès à présent de
la vie en Christ. Offrez-vous sans cesse à lui, avec ouverture de cœur,
consacrant votre vie tout entière à son service. Persévérez dans cette
communion de foi, d'amour et de consécration; que ses paroles demeurent en vous
et qu'il soit ainsi votre nourriture quotidienne : « Celui qui me mange
vivra par moi, comme je vis par le Père ».
Cher frère chrétien ! A la lumière de cette promesse, ne
commencez-vous pas à croire qu'il est possible de ressembler à Christ, que
celui qui vit par Christ peut aussi vivre comme lui?
Contemplons donc avec adoration la vie admirable de Christ sur
la terre, sa vie par le Père, jusqu'à ce que de tout notre cœur
nous comprenions et acceptions cette parole : «Ainsi, celui qui me mange
vivra par moi ». Alors, nous n'aurons plus ni inquiétude, ni crainte, parce
que le même Christ qui nous a donné son exemple à suivre, nous enverra du ciel
la vie divine qui peut seule nous faire suivre son exemple. Notre vie alors
deviendra une vie de louange continuelle au Seigneur : A lui, qui vit en nous,
pour nous faire vivre comme lui, soit tout notre cœur !
O mon Dieu ! Comment te remercier de cette grâce immense ! Ton
Fils s'est fait homme pour nous faire connaître le bonheur de vivre dans la
dépendance du Père. Lui-même a vécu par le Père ; nous avons vu en lui ce que
la vie divine peut accomplir ici-bas ; et à présent qu'il est monté au ciel et
qu'il a le pouvoir de nous communiquer sa vie, nous sommes appelés à vivre
comme il a vécu lui-même sur la terre, nous vivons par lui. O Dieu, loué soit
ton nom pour cette grâce indicible!
Seigneur, mon Dieu, écoute la prière que je te présente
aujourd'hui : S'il se peut, fais-moi mieux saisir, beaucoup mieux encore, cette
vie de Christ par le Père. J'ai besoin de la comprendre mieux, ô mon Dieu, pour
vivre comme lui. Daigne me donner l'esprit de sagesse pour que j'apprenne à
mieux connaître Christ. Alors, je saurai ce que je puis attendre de lui, ce que
je puis faire par lui.
Alors, il n'y aura plus pour moi de lutte, ni d'effort à vivre
selon ta volonté et à suivre son exemple, car je saurai que ma vie
peut devenir semblable à ce que fut la sienne sur la terre, selon cette
promesse : « Comme je vis par mon Père, ainsi celui qui me mangera, vivra
par moi ». Alors, je me nourrirai vraiment de Christ, faisant avec joie
l'expérience que je vis par lui. O mon Père, accorde-le-moi pleinement pour
l'amour de son nom Amen.
TRENTIÈME JOUR COMME
CHRIST En
glorifiant le Père.
« Père, l'heure est
venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie. Je t'ai glorifié sur la
terre » Jean 17 : 1, 4.
« Mon Père sera glorifié si vous portez
beaucoup de fruit, et vous serez mes disciples. »
Jean
15: 8 .
La gloire d'un objet résulte d'une excellence intrinsèque si
parfaite, qu'il puisse répondre de tout point à sa destination, mais cette
excellence et cette perfection peuvent rester si cachées, si inconnues, qu'il
paraisse n'avoir aucune gloire. Pour le glorifier, pour révéler sa
gloire, il importe donc d'enlever tout ce qui empêcherait sa valeur et sa perfection
de se révéler pleinement.
La plus grande perfection de Dieu, le plus
grand mystère de la divinité, c'est la sainteté. En elle se réunissent la justice et l'amour. Il est
appelé « le Saint » ; comme tel il ne peut souffrir le péché et il le condamne
; comme tel il délivre aussi le pécheur de la puissance du péché, et le met en
communion avec lui-même. Son nom est « le Saint d'Israël, ton Rédempteur » (Esaïe
41 : 14).
L'hymne de la rédemption le célèbre par ces mots : « Le
Saint d'Israël est grand au milieu de toi » (Esaïe 12 : 6). Dans le
Nouveau Testament le terme de saint est donné à l'Esprit qui relie Dieu
à l'homme, plus encore qu'il n'est donné au Père et au Fils. C'est cette
sainteté par laquelle Dieu juge le péché et sauve le pécheur qui constitue sa
gloire, et c'est pour cette raison que ces deux mots se trouvent souvent
ensemble, comme dans le cantique des Séraphins : « Saint, saint, saint est
l'Eternel des armées! Toute la terre est pleine de sa gloire! » (Esa. : 3)
et aussi dans le cantique de l'Agneau : « Qui ne glorifiera ton nom? Car tu
es le seul saint ». (Apocalypse 15 : 4). On a dit avec raison que la gloire de
Dieu est sa sainteté manifestée et que la sainteté de Dieu est sa gloire
cachée.
Quand Jésus vint sur la terre, ce fut pour glorifier le Père,
pour montrer dans toute sa beauté et tout son éclat cette gloire que le péché
avait entièrement voilée à l'homme. L'homme lui-même avait été créé à l'image
de Dieu, afin que Dieu pût lui communiquer quelque chose de sa gloire, la rendre
visible en lui, et en être glorifié. Le Saint-Esprit dit : « L'homme est
l'image et la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 11 : 7). C'est pour rendre
à l'homme sa première destination que Jésus est venu. Il a laissé la gloire
qu'il avait auprès du Père, il a participé à notre faiblesse et à notre
humiliation pour nous apprendre à glorifier le Père sur la terre. La gloire
de Dieu est parfaite, infinie; l'homme ne saurait contribuer à ajouter quoi que
ce soit à la gloire que Dieu possède déjà; aussi ne peut-il être qu'un miroir
servant à refléter la gloire de Dieu, et comme c'est la sainteté de Dieu qui
fait sa gloire, Dieu sera glorifié par l'homme dans la mesure où l'homme
reflétera cette divine sainteté.
Jésus a glorifié Dieu en lui obéissant. Tous les commandements
de Dieu à Israël revenaient à celui-ci : « Soyez saints, car je suis saint »
(Lévitique 16 : 2). En gardant ces commandements, Israël se serait fait une
vie en parfait accord avec Dieu, une vie de communion avec « le Saint ». Christ
nous a montré par ses luttes contre le péché et Satan, par le sacrifice de sa
propre volonté, par sa soumission aux directions du Père, par son obéissance
absolue aux Ecritures, que le but de sa vie était de faire comprendre aux
hommes le bonheur qu'on éprouve à laisser le Dieu saint être réellement
Dieu, à accepter sa volonté seule et à lui obéir. C'est parce que Dieu
seul est saint que sa volonté seule doit être faite, et que par là sa gloire se
verra en nous.
Jésus a glorifié Dieu en le confessant devant les hommes.
Non seulement il leur transmettait le message qu'il avait reçu de Dieu, en
s'attachant à leur faire mieux connaître le Père, mais ce qui est plus frappant
encore, il parlait sans cesse de ses rapports personnels avec le Père. Sans se
borner à compter sur l'influence silencieuse de la sainteté de sa vie, il
cherchait à faire comprendre quelle était la source de cette vie et quel était
son but. Jour après jour il leur disait qu'il était un serviteur envoyé par le
Père, qu'il dépendait de lui, qu'il lui devait, toutes choses, qu'il ne
cherchait que la gloire du Père, que tout son bonheur était de plaire au Père
et de s'assurer son amour et sa faveur. Jésus a glorifié Dieu en se donnant
lui-même pour accomplir l’œuvre d'amour de la rédemption.
La gloire de Dieu est dans sa sainteté et la sainteté de Dieu
est dans son amour qui rachète le pécheur, cet amour qui triomphe du péché en
sauvant le pécheur. Jésus ne s'est pas borné à nous parler de la justice de
Dieu qui condamne le péché, et de l'amour de Dieu toujours prêt à sauver ceux
qui se détournent du péché, mais par sa vie même, il nous a fait connaître cet
amour, mais par sa mort il s'est offert en sacrifice pour satisfaire à cette
justice. Ce n'était pas seulement par son obéissance ou par sa profession de
foi qu'il glorifiait Dieu, c'était en se donnant lui-même, afin d'exalter la
sainteté de Dieu et de satisfaire à la fois à sa loi et à son amour par
l'expiation. Il s'est donné, lui, tout son être et toute sa vie, pour nous
révéler en sa personne la vie sainte du Père et sa volonté de nous bénir. Son
but était de nous faire savoir que si le Père devait condamner le péché, il
voulait sauver le pécheur. Pour atteindre ce but, aucun sacrifice ne lui parut
trop grand : sa vie et sa mort n'eurent d'autre objet que celui de faire
resplendir dans le cœur de l'homme la gloire du Père, la gloire de sa sainteté
et de son amour au travers des ténèbres du péché et de la chair. Il nous le dit
lui-même à la fin de sa vie et du milieu de son angoisse : « Maintenant mon
âme est troublée, et que dirai-je... Père, délivre-moi de cette heure? Mais
c'est pour cela que je suis venu à cette heure. Père : glorifie ton nom ». Et
la certitude que son sacrifice était accepté lui fut donné par cette réponse : «
Je l'ai glorifié et je le glorifierai encore » (Jean, 12 : 27, 29).
Voilà comment Jésus, homme, fut préparé à participer à la
gloire de Dieu. C'est dans son humiliation sur la terre qu'il la chercha, c'est
sur le trône dans le ciel qu'il la trouva. Et par là il est devenu notre
précurseur, il a conduit un grand nombre de rachetés à la gloire. Par son
exemple, nous savons que le moyen le plus sûr de parvenir à la gloire divine
dans le ciel est de vivre ici-bas uniquement en vue de la gloire de Dieu. Oui,
la gloire de notre vie terrestre est de glorifier Dieu ici-bas et c'est là ce
qui nous prépare à être glorifié avec lui à jamais.
Bien-aimé frère chrétien, notre vocation n'est-elle pas belle
et heureuse au delà de toute, imagination puisqu'elle nous appelle à vivre comme
Christ dans le but unique de glorifier Dieu, de révéler la gloire de Dieu dans
chaque détail de notre vie? Prenons le temps de nous pénétrer de cette
précieuse vérité : Notre vie de chaque jour peut refléter la gloire de Dieu
jusque dans ses moindres actes. Jésus glorifia le Père. Voilà ce qui doit nous
faire désirer de lui ressembler.
Écoutons-le nous signaler la gloire du
Père comme le but à atteindre : « afin
qu'ils glorifient votre Père qui est dans les Cieux ». (Mathieu 5 : 16).
Ecoutons-le nous indiquer le moyen : « Mon Père sera glorifie si vous portez
beaucoup de fruits ». Souvenons-nous que c'est pour cela qu'il a promis
d'exaucer nos prières depuis le ciel. Que nos prières tendent donc à ce que « le
Père soit glorifié par le fils! » (Jean 14 : 13). Que toute notre vie
cherche comme celle de Christ, à glorifier Dieu.
Avec l'élan de la foi prenons pour mot d'ordre : tout, tout
à la gloire de Dieu, comptant sur la plénitude de l'Esprit pour le réaliser
dans notre vie. « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du
Saint-Esprit qui est en vous?... Glorifiez donc Dieu en votre corps et en votre
esprit » (1 Corinthiens 6 : 19, 20).
Pour savoir comment il est possible de parvenir à cette vie-là,
étudions de nouveau la vie de Jésus. Il obéissait au Père. Qu'une obéissance
droite et franche remplisse aussi notre vie. Avec l'humilité et la confiance de
l'enfant, avec la soumission du soldat qui attend ses ordres, avec la
dépendance qu'observait Christ, vis-à-vis de son Père, attendons chaque jour
que Dieu nous montre le chemin à suivre. Faisons toutes choses pour le Seigneur
selon sa volonté et à sa gloire, rapportant tout à lui. Que la gloire de
Dieu devienne visible en nous par la sainteté de notre vie.
Jésus confessait le Père. Il n'hésitait pas à parler souvent de
ses rapports avec le Père, il parlait de lui comme un petit enfant parlerait de
son père terrestre. Ce n'est pas assez d'avoir une vie sainte devant les hommes
; il faut encore qu'ils entendent, non seulement par des prédications du haut
de la chaire, mais par des témoignages individuels, que c'est notre amour
pour le Père qui nous fait agir et vivre pour lui. Le témoignage des
paroles doit marcher de front avec celui de la vie de chaque jour.
Jésus se consacrait à l’œuvre de son Père et le glorifiait
ainsi, montrant aux pécheurs que Dieu a le droit de les posséder entièrement,
que la gloire de Dieu est le seul but pour lequel il vaille la peine de vivre
et de mourir. Dès que nous tendons à ce but-là, Dieu se sert de nous pour
amener d'autres pécheurs à vivre aussi à sa gloire. C'était pour amener les
hommes à glorifier leur Père céleste, pour leur faire trouver leur bonheur à
servir ce Dieu de gloire, que Jésus a vécu sur la terre, et c'est là ce que
nous devons faire aussi. Oh! donnons-nous à Dieu pour sauver les pécheurs,
intercédons pour eux, travaillons, vivons et mourons pour faire connaître à nos
semblables la sainteté de Dieu, afin que toute la terre soit remplie de sa
gloire. Croyant, l'Esprit de Dieu, l'Esprit de gloire et de sainteté repose sur
vous. Jésus veut accomplir en vous son oeuvre de prédilection, il veut
glorifier le Père en vous. Ne craignez donc pas de dire : O mon Père, en ton
Fils, comme ton Fils, je veux ne vivre que pour te glorifier.
O mon Dieu! Je te prie, fais-moi voir ta gloire ! Je sais qu'il
m'est absolument impossible par mes résolutions et mes propres efforts de vivre
uniquement pour ta gloire. Mais si tu veux faire passer toute ta bonté devant
moi, si tu veux me révéler ta gloire, ta gloire sans pareille, si tu veux, ô
mon Père, faire briller ta gloire dans mon cœur et prendre possession de tout
mon être, je ne cesserai de te glorifier et de dire à tous que tu es le Dieu de
sainteté et de gloire.
Seigneur Jésus, toi qui es venu sur la terre pour glorifier le
Père à nos yeux, et qui es ensuite remonté au ciel, nous laissant le soin de le
glorifier en ton nom et à ta place, oh! fais-nous comprendre par ton
Saint-Esprit comment tu pouvais le faire. Révèle-nous quel était le mobile de ton
obéissance au Père ; enseigne-nous à reconnaître comme toi, qu'à tout prix sa
volonté doit être faite. Qu'en considérant ta fidélité à confesser le Père, à
rendre témoignage de ce qu'il était pour toi, et de ce que tu ressentais pour
lui, nous apprenions à rendre témoignage, nous aussi, de ce que nous avons déjà
éprouvé de l'amour du Père, afin que d'autres encore soient amenés à le
glorifier.
Enseigne-nous à trouver notre plus grande joie dans l'amour qui
cherche à sauver le pécheur et à glorifier Dieu par la sainteté victorieuse du
péché. Oui, Seigneur, prends possession de tout notre cœur, afin que nous
puissions concourir à ce que « toute langue confesse que Jésus-Christ est le
Seigneur à la gloire de Dieu le père » (Philippiens 2 : 11).
O mon Père ! Que toute la
terre, que mon cœur aussi, soient remplis de ta gloire. Amen.
(Voir la note 9e).
TRENTE-UNIÈME JOUR COMME
CHRIST Dans
sa gloire.
« Nous savons que
lorsqu'il sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le
verrons tel qu'il est. Et quiconque a cette espérance en lui, se purifie
lui-même comme lui-même est pur. » 1Jean 3 : 2,3
« Je dispose du royaume
en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur. » Luc 22 : 29.
La gloire de Dieu se manifeste par sa
sainteté. Glorifier Dieu, c'est nous
livrer à lui pour qu'il fasse paraître sa gloire en nous. Ce n'est qu'en le
laissant nous sanctifier, remplir notre vie de sa sainteté, que nous
parviendrons à manifester sa gloire. L’œuvre de Christ était de glorifier le
Père, de révéler sa gloire et sa sainteté. Notre oeuvre à nous est, comme
celle de Christ, de faire connaître, par notre obéissance, par notre témoignage
et notre vie tout entière, que notre Dieu est le Dieu de gloire et de sainteté,
et de contribuer ainsi à ce qu'il soit glorifié dans les cieux et sur la terre.
Quand notre Seigneur Jésus eut glorifié
son Père sur la terre, le Père le glorifia auprès de lui dans le ciel. C'était là non seulement sa juste récompense, mais la
conséquence nécessaire de toute sa vie, car pour une vie consacrée à la gloire
de Dieu comme le fut celle de Christ, il n'est plus d'autre milieu possible que
cette gloire divine. Et c'est ce qui a lieu pour nous aussi. Le cœur qui est
altéré de la gloire de Dieu, qui est prêt à vivre et à mourir pour glorifier
Dieu, est par là même préparé à vivre dans cette gloire divine. Vivre
sur la terre à la gloire de Dieu, conduit à vivre ensuite au ciel dans
la gloire de Dieu. Si avec Christ nous glorifions le Père
ici-bas, le Père et le Fils nous glorifieront aussi, et alors nous serons «
semblables à lui », dans sa gloire.
Nous serons « semblables à lui » dans sa gloire spirituelle,
la gloire de sa sainteté. Ces deux mots se réunissent pour former le nom du
Saint-Esprit, et nous montrer par là l'étroite union qui existe entre ce qui
est saint et ce qui est spirituel. Quand Jésus eut glorifié
Dieu comme homme par la sainteté de sa vie terrestre, ce fut aussi comme homme
qu'il entra dans la gloire divine. Il en est de même pour nous. Si nous
nous abandonnons à Dieu pour que sa gloire prenne possession de nous, pour que
sa sainteté et son Esprit manifestent leur présence en nous, notre nature
humaine avec toutes ses facultés en sera transformée à l'image de Dieu au delà
de toute prévision recevant la pureté, la sainteté, la vie et l'éclat même de
la gloire de Dieu.
Nous serons « semblables à lui » dans son corps glorifié. On
a dit avec raison que l'incarnation est le plus haut degré de l’œuvre de Dieu.
La création de l'homme devait être le chef-d’œuvre de Dieu. Jusque-là il y
avait eu des esprits sans corps, et des corps animés sans esprit, mais l'homme
devait réunir ensemble esprit et corps, l'esprit élevant et spiritualisant le
corps, lui donnant sa pureté, sa perfection céleste. L'homme dans son ensemble
est l'image de Dieu, son corps aussi bien que son esprit. En la personne de
Jésus, ô mystère des mystères, un corps d'homme s'est assis sur le trône de
Dieu, partageant et possédant la gloire divine. Nos corps aussi doivent
être l'objet d'une transformation qui sera le miracle le plus surprenant de la
puissance divine : « Il transformera notre corps vil pour le rendre conforme
à son corps glorieux, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses » (Philippiens
3 : 21). La gloire de Dieu se voyant dans notre corps, ce corps rendu semblable
au corps glorieux de Christ, ne sera-ce pas plus merveilleux encore que la
manifestation de sa gloire dans notre esprit? Nous attendons « l'adoption,
savoir la rédemption de notre corps » (Romains 8 : 23).
Nous « serons semblables à lui » aussi quant là la place
d'honneur qu'il occupe. Chaque objet doit être placé de manière à être vu à
son avantage. La place de Christ est au centre de l'univers, c'est le trône de
Dieu. Il a dit à ses disciples : « Où je serai, celui qui me sert y sera
aussi, et si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera » (Jean 12 : 26). «
Je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé pour moi,
afin que vous mangiez et que vous buviez à ma table dans mon royaume et que
vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël » (Luc
22: 29, 30). Il dit à l'église de Thyatire : « A celui qui aura vaincu et
qui aura gardé mes oeuvres jusqu'à la fin, je lui donnerai puissance sur les
nations... ainsi que j'en ai moi-même reçu le pouvoir de mon Père ». Et à
l'église de Laodicée : « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur; mon trône, comme moi-même j'ai vaincu et suis
assis avec mon Père sur son trône » (Apocalypse
2 : 26 : 3 : 21). Enfin rien de plus élevé et de plus précis que ces mots : «
Comme nous portons l'image du terrestre, nous porterons aussi l'image du
céleste » (1 Corinthiens 15 : 49). La ressemblance sera complète et
parfaite.
De pareils aperçus du monde à venir, donnés par Dieu lui-même,
nous révèlent mieux que nulle imagination de notre part, quelle force de
vérité, quelle divine portée renferme cette parole du Créateur : « Faisons
l'homme à notre image, selon notre ressemblance » (Genèse 1 : 26). L'homme
est destiné à manifester l'image du Dieu invisible, à participer de la nature
divine, à partager avec Dieu le règne de l'univers. Quelle gloire indicible
dans la position que Dieu nous fait là. Placés entre deux éternités, entre le
dessein éternel qui nous a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils
et la réalisation éternelle de ce dessein qui nous rendra semblables à lui dans
sa gloire, nous entendons de part et d'autre une voix qui nous crie : O vous
qui avez été créés pour être l'image de Dieu, vous qui vous acheminez à
partager la gloire de Dieu et de Christ, vivez d'une vie divine, d'une vie
semblable à celle de Christ !
« Je serai rassasié de ta ressemblance
quand je serai réveillé » (Psaume 17
: 15) s'écriait le psalmiste. Rien ne saurait satisfaire notre âme sinon
l'image de Dieu, puisque c'est pour cela même qu'elle fut créée. Nous ne
saurions donc nous contenter de contempler cette image ; il faut que nous la
possédions. Ce n'est qu'en participant nous-mêmes à cette ressemblance de
Dieu que nous pourrons être satisfaits. Heureux ceux qui la désirent, qui
languissent de la posséder, car ils l'obtiendront. C'est cette ressemblance
même de Dieu qui sera leur gloire, une gloire qui, rayonnant de Dieu lui-même,
se communiquera à eux pour rayonner dans tout leur être, et de là dans tout
l'univers, « Quand Christ, qui est votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez
aussi avec lui dans la gloire » (Colossiens 8:4).
Bien-aimés frères chrétiens, il faut que
ce qui sera manifesté au jour de Christ commence déjà dans votre vie terrestre.
Si la gloire de Dieu n'est pas dès
ici-bas notre vie, elle ne pourra pas l'être non plus alors; impossible. Dieu
ne glorifiera plus tard que celui qui le glorifie ici-bas. « L'homme est l'image et la gloire de
Dieu » (1 Cor. 11 : 7). Ce n'est qu'autant que vous porterez ici-bas
l'image de Dieu en vivant d'une vie conforme à celle de Jésus qui est « la
splendeur de sa gloire et l'image empreinte de sa personne » (Héb. 1:8),
que vous serez aussi comblés de gloire dans la vie à venir. Pour être
transformés à l'image du Christ céleste dans la gloire, il faut que nous
portions d'abord l'image du Christ terrestre dans l'humiliation.
Enfant de Dieu, Christ est l'image incréée de Dieu, tandis
que l'homme est son image créée. Sur le trône dans la gloire, l'un et l'autre
se réuniront pour l'éternité. Nous savons ce qu’a fait Christ ; il a tout
sacrifié pour nous rendre la possession de cette image. Oh ! ne nous
livrerons-nous pas enfin à cet amour admirable, à cette gloire inimaginable, ne
consacrerons-nous pas notre vie tout entière à manifester la ressemblance et la
gloire de Christ? Comme lui, ne ferons-nous pas de la gloire du Père notre but
et notre espérance, vivant à sa gloire ici-bas, afin de vivre dans sa gloire
ensuite?
Bien-aimés frères, vous qui m'avez accompagné jusqu'ici dans
ces méditations sur l'image de notre Seigneur et sur la conformité à sa vie qui
est notre privilège, le moment est venu de nous quitter. Faisons-le en nous
disant : « Nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu'il
est. Quiconque a cette espérance en lui, se purifie lui-même, comme lui est pur
» (1 Jean 3 : 2, 3). Comme Christ, prions les uns pour les autres,
prions pour tous les enfants de Dieu, demandant et pour eux et pour nous que ce
soit là le seul but de notre foi, le seul désir de notre coeur, la seule joie
de notre vie. Oh ! que sera-ce quand nous nous rencontrerons dans la gloire,
quand nous le verrons tel qu'il est, et que nous nous verrons tous semblables à
lui !
O notre Dieu, toi, le Dieu de gloire, quelles actions de grâce
te rendrons-nous pour nous avoir donné Christ qui est l'image de Dieu, pour
nous avoir admis à l'éclat de ta gloire qui rayonne de lui à nous ! Quelles
actions de grâce te rendrons-nous pour nous avoir fait voir en Jésus, non
seulement ce qu'il est, mais encore l'image de notre gloire à nous, le gage de
ce que nous devons être en lui dans l'éternité.
O Dieu, pardonne, pardonne-nous pour l'amour de Jésus et de son
sang, d'avoir si peu cru ces choses, d'avoir si peu vécu de sa vie. Nous te
supplions aussi de vouloir bien révéler à tous ceux qui ont pris part à ces
méditations: ce qu'est la gloire dans laquelle ils peuvent vivre dès à
présent en te glorifiant sur la terre.
O Père, réveille-nous, nous et tous tes enfants. Fais-nous voir
et comprendre que tu nous appelles à passer l'éternité dans ta gloire, que tu
veux nous envelopper et nous remplir de ta gloire, que nous devons être «
semblables à ton. Fils dans sa gloire ». Père, nous te prions de secourir
ton Eglise. Que ton Esprit saint, l'Esprit de gloire, vienne agir avec
puissance en elle, et qu'elle se signale par son désir de voir la gloire de
Dieu reposer sur elle. Notre Père, accorde-le-nous pour l'amour de Jésus. Amen.
DE LA NÉCESSITÉ DE PRÊCHER CHRIST COMME NOTRE
MODÈLE.
« Faisons l'homme à
notre image, selon notre ressemblance ». C'est par ces mots du Créateur que débute l'histoire de l'homme dans la
Bible. Nous avons là toute une révélation du dessein éternel de Dieu, et quant
à la création de l'homme, et quant à l'avenir éternel et glorieux auquel il est
destiné, Dieu se propose de faire une créature semblable à lui, un être qui
sera son image même et sa ressemblance, la manifestation visible de la gloire
du Dieu invisible.
L'existence d'un être créé et pourtant semblable à Dieu :
c'était bien là un dessein digne de la Sagesse infinie. Par sa nature même,
Dieu est absolument indépendant de tout, puisqu'il possède la vie en lui-même
et qu'il ne doit l'existence à nul autre qu'à lui-même. Si l'homme doit réellement
être semblable à Dieu, il faut qu'en ceci aussi il soit son image et sa
ressemblance, il faut que, de son libre choix, il devienne ce qu'il est appelé
à être, et qu'ainsi il se fasse lui-même.
Et pourtant, par sa nature même, la créature est dépendante,
elle doit tout à son Créateur. Comment concilier cette contradiction : un être
dépendant qui pourtant décide lui-même, un être créé et pourtant semblable à
Dieu. C'est l'homme qui devait offrir la solution du problème. Comme
créature, il reçoit de Dieu la vie, mais en la lui donnant, Dieu le rend doué de
libre volonté. Ce n'est donc que par le moyen de sa liberté individuelle qu'il
peut s'approprier et posséder l'image et la ressemblance de Dieu.
Quand le péché entra dans le monde et fit déchoir l'homme de sa
haute destinée, Dieu n'abandonna pas son dessein. Ses révélations à Israël
aboutissaient toutes à ce point central : «Soyez saint, car je suis saint » (Lévitique
19 : 2), et Israël devait aspirer à ressembler à Dieu dans sa sainteté qui est
sa plus haute perfection. Plus tard, la rédemption ne se proposa pas d'autre
idéal.
Elle ne pouvait que reprendre et accomplir le dessein éternel
révélé à la création. C'est pour cela que le Père envoya sur la terre son Fils
qui était « l'image empreinte de sa personne » (Hébreux 1:3). En lui s'est
manifestée sous forme humaine cette ressemblance de Dieu pour laquelle nous
avions été créés et que chacun de nous individuellement devait s'approprier. Jésus
est venu nous montrer à la fois l'image de Dieu et notre propre image. Sa
vue devait éveiller en nous le désir de retrouver cette ressemblance divine
perdue depuis si longtemps, elle devait faire naître en nous cette espérance et
cette foi qui donnent le courage de renoncer à soi-même pour être renouvelé à l'image
de Dieu. Pour nous amener là, Jésus avait une double oeuvre à accomplir. Il
devait d'abord nous révéler par sa vie l'image de Dieu, afin de nous
faire comprendre ce que c'est que de vivre à la ressemblance de Dieu, et ce que
nous pouvions attendre et recevoir de lui, notre Rédempteur. Après avoir fait
cela, après nous avoir montré la vie de Dieu dans sa vie humaine, il est
mort pour pouvoir nous communiquer sa propre vie, la vie à l'image de Dieu, et
nous mettre ainsi en état de vivre conformément à ce que nous avions vu en lui.
Puis quand il est monté au ciel, il nous a envoyé par le Saint-Esprit la
puissance de vie que nous avions en vue en lui contemplée en sa personne et
qu'il nous avait acquise par sa mort.
Il est facile de voir combien ces deux parties de l’œuvre de
Christ sont étroitement liées l'une à l'autre. Ce qu'il nous offre dans sa vie
comme notre Modèle, il nous l'acquiert par sa mort comme notre Rédempteur. En
d'autres termes, sa vie terrestre nous a indiqué la voie à suivre, sa vie
céleste nous envoie la force d'y marcher. Nul n'a le droit de séparer ce
que Dieu a uni. Celui qui n'a pas une pleine foi en la rédemption, n'a pas
la force de suivre l'exemple de Christ. Et celui qui ne cherche pas à être
conforme à l'image de Dieu, voyant là le grand but de la rédemption, ne peut
pas non plus jouir de toute sa plénitude. Christ a vécu sur la terre pour
manifester l'image de Dieu dans sa vie; il vit à présent au ciel pour
que nous puissions manifester à notre tour l'image de Dieu dans notre vie.
L'église de Christ n'a pas toujours maintenu l'équilibre entre
ces deux vérités. L'église catholique romaine insiste avant tout sur la
nécessité de suivre l'exemple de Christ. Il en résulte qu'elle peut citer un
grand nombre de saints qui, malgré beaucoup d'erreurs, ont cherché par une
dévotion admirable à refléter à la lettre et de tous points l'image du Maître.
Mais, au grand dommage des âmes sérieuses, l'autre partie de la vérité reste
dans l'ombre. Cette église n'enseigne pas que pour être capable de vivre comme
Christ, il faut d'abord recevoir en soi la vie qu'il nous a acquise par sa
mort.
Les églises protestantes doivent leur origine au réveil de
cette dernière vérité. Le pardon et la grâce de Dieu reprirent alors leur
place, à la grande joie et consolation de milliers d'âmes angoissées, mais on
n'évita pas toujours l'écueil opposé, celui de ne plus voir que ce seul côté de
la vérité. On n'enseigna pas assez clairement que Christ avait vécu sur la
terre, non seulement pour racheter le pécheur par sa mort, mais encore pour lui
montrer comment il devait vivre ici-bas.
Toute Eglise orthodoxe voit bien en Christ le modèle à suivre,
mais elle n'insiste pas sur la nécessité absolue de suivre ce modèle,
autant que sur la nécessité de croire à l'expiation de Christ. On prend
beaucoup de peine, et on fait bien, pour amener les pécheurs à recevoir le
salut que leur acquiert la mort de Christ, mais on n'en prend pas autant, et
c'est bien à tort, pour les amener à conformer leur vie à, celle de Christ, ce
qui est pourtant le signe distinctif et la preuve certaine de tout vrai
christianisme.
Est-il nécessaire de signaler ici l'influence qu'a sur la vie
de l'église la manière de présenter cette vérité? Si l'expiation et le pardon
sont tout, et si l'imitation de Jésus n'est qu'un point secondaire et qui va de
soi, l'attention se porte principalement sur l'expiation. On cherchera surtout
à obtenir le pardon et la paix, et quand on les aura obtenus, on sera tenté de
s'en contenter et d'en rester là. Si, au contraire, on remonte au but que Dieu
s'est proposé à la création, et que l'on prêche la nécessité de devenir
conforme à l'image de Christ, présentant l'expiation comme le moyen d'y
parvenir, toute prédication sur la repentance et le pardon mettra en relief le
devoir de la sainteté. La foi en Jésus sera alors inséparable de la conformité
à sa vie et cette Eglise-là produira de véritables disciples du Seigneur.
En ceci, les Eglises protestantes ont des progrès à faire.
L'Eglise ne pourra revêtir tous ses atours et refléter la gloire de Dieu, que
lorsqu'elle recevra ces deux vérités inséparables, telles que nous les présente
la vie de Christ. Dans tout ce qu'il fit et souffrit pour nous, il nous a
laissé un exemple à suivre, aussi tout, vrai christianisme ne se borne pas à
porter haut, la bannière de la croix; il donne tout autant, d'importance à la
nécessité de souffrir la croix avec Christ qu'à l’expiation sur la
croix.
C'est là ce qu'enseigne clairement notre divin Maître. Quand il
parle de la croix, il insiste moins sur l'expiation que sur la nécessité de lui
ressembler. Que de fois il dit à ses disciples qu'ils doivent souffrir la croix
avec lui et comme lui, qu'à ce prix-là seulement ils pourront être ses
disciples et avoir part aux bénédictions qu'allait leur acquérir sa mort sur la
croix. Quand Pierre « se mit à le reprendre » au sujet de sa mort (Mathieu 16,
21), Jésus ne chercha pas à lui prouver la nécessité de sa croix pour le salut
des hommes, il insista seulement sur ce que la mort du moi était pour lui-même,
comme pour nous, le seul moyen d'obtenir la vie de Dieu. Il faut que le
disciple soit semblable au Maître. Jésus nous parle de la croix pour nous
rappeler l'obligation de renoncer à nous-mêmes, de nous livrer à la mort, si
nous voulons recevoir la vie divine qu'il est venu nous apporter. Ce n'est pas
moi seul, disait-il, qui dois mourir, c'est vous aussi; la croix, l'esprit de
sacrifice, seront la preuve de votre fidélité. La première Épître de Pierre nous montre que l'apôtre
avait bien compris ces mots.
Dans les deux importants passages où il nous dit que «
Christ a souffert pour nous, qu'il a porté nos péchés en son corps sur le bois,
qu'il a souffert pour les péchés, lui juste pour les injustes », il ne
parle guère qu'incidemment des souffrances du Seigneur, son but est de
démontrer que nous devons aussi souffrir comme lui (1 Pierre 2 : 21, 24 ; 3 :
18), que nous devons voir dans la croix de Christ non seulement le moyen qui
l'introduisit dans la gloire, mais aussi la voie où chacun de nous doit le
suivre.
Paul reprend et expose avec force la même pensée. A ne prendre
qu'une seule de ses Epître, celle aux Galates, nous trouvons quatre passages
qui proclament la puissance de la croix. L'un d'eux exprime d'une manière
saisissante la substitution et l'expiation : « Christ nous a rachetés de la
malédiction de la loi, ayant été fait malédiction pour nous, car il est écrit :
Maudit quiconque est pendu au bois ». (Galates 3 : 13). C'est en effet là
l'une des bases sur lesquelles reposent l'Eglise et la foi des chrétiens, mais
pour tout édifice il faut plus encore que des bases, aussi cette même Epître
nous répète jusqu'à trois fois que c'est dans notre conformité avec Christ sur
la croix qu'est le secret de toute notre vie chrétienne. « J'ai été
crucifié avec Christ ». « Ceux qui sont à Christ ont crucifié la chair
avec ses passions et ses convoitises ». « Dieu me garde de me glorifier
en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ par laquelle le
monde est crucifié pour moi, et moi au monde ». (Galates 2 : 20. — 4 : 24.
— 6 : 14).
La mort de Christ sur la croix pour notre
salut n'est que le commencement de son oeuvre en nous ; elle nous fait prévoir tout ce que la croix peut
être pour nous quand nous la partageons dans notre vie de chaque jour avec lui,
le Crucifié, faisant l'expérience de ce que c'est que d'être crucifié au monde.
Et pourtant que de prédications, aussi profondes de pensée qu'éloquentes de
parole, exaltent la croix de Christ, la mort de Christ pour sauver le pécheur,
mais passent sous silence notre mort avec Christ, cette mort dont Paul se
faisait gloire !
L'Eglise a besoin d'entendre retentir cette vérité-là aussi
bien que l'autre. Il faut que les chrétiens comprennent que subir la croix, ce
n'est pas supporter les diverses afflictions qu'on appelle des croix, mais
qu'avant tout il s'agit là d'abandonner sa vie, de mourir au moi et d'être
scellé ainsi du même sceau que Jésus, ce qui nous est tout autant et plus
nécessaire encore dans la prospérité que dans l'adversité, et que sans cela nul
ne peut avoir part à la plénitude des bénédictions que nous révèle la croix.
C'est la croix comprise ainsi, non seulement la croix dressée au Calvaire, mais
la croix de notre propre crucifiement s'étendant à toute notre vie active, qui
sera pour nous et pour toute l'Eglise, comme elle le fut pour Christ, la voie
qui conduit à la victoire et à la gloire, la puissance de Dieu pour le salut
des hommes.
La rédemption nous offre donc ces deux
faces: Christ subissant la croix pour
expier nos péchés et nous ouvrir le chemin de la vie ; nous-mêmes subissant la
croix avec Christ, pour pouvoir marcher en conformité de vie avec lui et à son
image. Il faut que Christ notre Garant, et Christ notre Modèle, soient également
prêches.
Mais il ne suffit pas de prêcher ces deux doctrines séparément,
elles ne peuvent exercer toute leur influence qu'en se réunissant dans cette
autre et profonde vérité qui nous présente Christ comme notre Tête. Quand
nous saisirons bien que c'est notre union avec Jésus qui nous fait participer
soit à l'expiation du Garant, soit à la Sainteté du Modèle, nous comprendrons
l'admirable accord qui existe entre ces deux doctrines et combien elles sont
toutes deux indispensables à la prospérité de l'Eglise. Nous verrons
clairement alors que le même Jésus qui nous a ouvert la porte du ciel, aussi
bien par la sainteté de sa vie, que par l’expiation de nos pêches, nous
obtient également, soit le pardon par son sang, soit la conformité à sa vie par
son Esprit. Nous verrons aussi que nous ne pouvons saisir l'une et l'autre de
ces grâces que par la foi.
Notre protestantisme évangélique ne pourra
remplir sa mission que lorsque cette vérité capitale du salut par la foi
seule sera appliquée, non seulement à la justification, mais aussi à la
sanctification, c'est-à-dire à notre conformité à l'image de Christ.
Ceci ouvre un vaste champ au prédicateur qui voudra conduire
ses auditeurs dans la voie d'une entière conformité à l'image de Christ. La vie
chrétienne vraiment semblable à celle de Christ peut se comparer à un arbre
dont la racine et les fruits sont réunis par le tronc. Dans la prédication
comme dans la vie privée, ce sont les fruits d'abord qui attirent
l'attention. Les paroles de Christ : « Faites comme je vous ai fait », et,
dans les Epîtres, les fréquentes exhortations à aimer, à pardonner, à supporter
comme Christ l'a fait, nous amènent aussitôt à comparer la vie des chrétiens de
nos jours avec la vie de Christ et à présenter comme règle de conduite
l'exemple que nous fournit la vie du Sauveur. Ceci fera sentir le besoin de
prendre le temps d'étudier chaque trait de cet admirable Modèle pour savoir
plus exactement ce que Dieu veut de nous actuellement. Il faut que les croyants
en viennent à bien saisir que la vie de Christ est réellement la règle de leur
vie à eux, et que Dieu attend d'eux qu'ils s'y conforment entièrement. Sans
doute, il y a différence d'éclat entre la lumière du soleil qui brille au ciel
et la lumière d'une lampe qui éclaire une de nos demeures terrestres,
néanmoins, la lumière est toujours la lumière, et, dans sa petite sphère, la
lampe peut faire son oeuvre tout aussi bien que le soleil dans la sienne. Il
faut que la conscience de l'Eglise apprenne à comprendre que l'humilité et le
renoncement de Jésus, que son entière consécration à faire la volonté et
l’œuvre de son Père, que sa prompte obéissance, son dévouement, son amour et sa
bonté représentent sans exagération ce que chaque croyant doit être à son tour,
et que c'est là son simple devoir aussi bien que son privilège. Il n'y a
pas, comme on le pense trop souvent, deux degrés de sainteté, l'un à l'usage de
Christ et l'autre à l'usage de ses disciples.
Non; comme sarments du cep, comme membres du même corps, comme
ayant droit au même Esprit, nous pouvons, et par conséquent nous devons, être
l'image de notre Frère Aîné. Si cette conformité à la vie de Christ se voit
rarement, si elle est trop peu recherchée par la grande majorité des chrétiens,
c'est parce qu'on se fait une idée fausse, soit de l'incapacité de l'homme,
soit de ce qu'il peut attendre de la grâce divine, quand elle opère en lui. On
a généralement tant de foi en la puissance du péché, et si peu de foi en la
puissance de la grâce, qu'on ne se croit pas même appelé à avoir le même amour
que Jésus, le même esprit de pardon, la même consécration à la gloire du Père,
et qu'on ne voit plus là qu'un idéal admirable sans doute, mais impossible à
atteindre. On se dit que Dieu ne peut pas attendre de nous que nous soyons, que
nous fassions, ce qui est si fort au delà de notre portée, et, comme preuve de
l'impossibilité d'y parvenir, on allègue ses vains efforts pour dominer son
humeur, ou pour vivre entièrement au service de Dieu.
Ce n'est qu'en persévérant à présenter Christ
comme notre Modèle et à prêcher cette vérité divine dans toute son intégrité et
tout son éclat, qu'on pourra surmonter une pareille
incrédulité.
Il faut enseigner aux croyants que Dieu ne moissonne pas là où
il n'a pas semé, mais que le fruit demandé et la racine qui le produit sont
intimement reliés l'un à l'autre. Dieu veut que nous pensions, que nous
parlions et que nous agissions exactement comme Christ, puisque la vie qui nous
anime est exactement la même que celle qui l'animait. Si nous possédons une vie
semblable à la sienne, quoi de plus naturel que d'attendre de nous des fruits
semblables aux siens. Si Christ vit en nous, Christ agira et parlera par
nous, et révélera ainsi sa présence aux yeux du monde.
Il faut prêcher que c'est par la foi seule qu'on peut
recevoir Christ comme le Modèle à imiter. C'est par là qu'on amènera les
enfants de Dieu à être tels que Dieu les veut. La plupart des chrétiens
pensent que nous devons croire en Jésus comme en notre Sauveur, et qu'ensuite
nous serons poussés par un sentiment de reconnaissance à suivre l'exemple qu'il
nous a donné, mais ce mobile de gratitude ne saurait suppléer au manque de
force dont nous souffrons. Notre incapacité reste la même ; c'est nous
replacer sous la loi : Je dois faire, mais je ne puis pas. Il faut enseigner à
ces chrétiens-là ce que c'est que de croire en Christ comme leur Modèle, ce que
c'est que de saisir par la foi sa vie sainte qui fait partie du salut qu'il
leur a préparé. Il faut leur enseigner que ce Modèle n'est pas quelque chose ou
quelqu'un en dehors d'eux, mais que le Dieu vivant est lui-même leur vie, et
qu'il veut réaliser en eux l'exemple que leur offre sa vie terrestre. Il faut
qu'ils sachent que dès qu'ils se soumettront à lui, il manifestera sa présence
en eux et dans leur vie de chaque jour au delà de toute prévision; il faut
qu'ils voient dans la conformité à la vie de Christ l'action directe de
la Vie éternelle descendue du ciel, et qui est donnée à tous ceux qui
croient.
C'est parce que nous sommes un avec Christ et que nous
demeurons en lui, c'est parce qu'ainsi nous possédons la même vie divine que
lui, que nous sommes appelés à marcher comme lui. Il n'est pas toujours facile
de se faire une idée claire de cette vérité, et d'en venir ensuite à l'accepter.
Les chrétiens se sont si bien accoutumés à une vie d'infidélité et de chutes
continuelles, que la pensée ne leur vient pas même de pouvoir réaliser assez
cette ressemblance avec Christ pour qu'elle se voie en eux. On ne pourra
vaincre leur incrédulité à cet égard qu'en leur prêchant cette vérité avec
toute l'animation d'une foi joyeuse et triomphante, car ce n'est qu'à la foi et
à une foi plus ample et plus profonde qu'on ne la croit ordinairement
nécessaire pour saisir le salut, qu'est accordée cette puissance de vie de
Christ qui devient la vie du croyant. Quand Christ sera prêché dans son entier,
et comme règle, et comme vie, le croyant obtiendra cette foi plus efficace qui
résulte de son unité avec Christ, et recevra ainsi la force de vivre de cette
vie-là.
Le développement de cette foi varie selon
les cas. Les uns l'obtiennent à la
longue en persévérant à s'attendre à Dieu. D'autres en ont une révélation
soudaine ; après des temps de luttes et de chutes, ils arrivent à voir
clairement que si Jésus donne l'exemple à suivre, il donne aussi la force de le
suivre. Les uns y arrivent dans la solitude, loin de tout secours humain, seuls
avec le Dieu vivant, tandis que d'autres, et c'est souvent le cas, la reçoivent
pendant qu'ils sont réunis avec les fidèles et qu'alors le Saint-Esprit touche
les cœurs, presse les âmes de se décider, et les amène à saisir ce que Jésus
leur offre, ce qu'il donne lui-même pour rendre semblable à lui. Quelle que
soit la marche que suive ce progrès spirituel, toujours il a lieu quand, par la
puissance de l'Esprit, on présente Christ comme le Modèle de ce que Dieu attend
de ses enfants. Alors, les croyants, amenés à reconnaître leur état de péché,
et leur incapacité à en sortir, se remettent, comme jamais ils ne
l'avaient encore fait, entre les mains de leur tout-puissant Sauveur, et en
viennent à réaliser la vérité de ces deux textes, en apparence contradictoires
: « Le bien n'habite point en moi, c'est-à-dire dans ma chair ». « Je
puis tout par Christ qui me fortifie ». (Romains 7 : 18 ; Philippiens 4 :
13).
Quoi qu'il en soit, la racine et les
fruits sont toujours reliés entre eux par le tronc de l'arbre. Nous le voyons par la vie de Christ : ses
rapports individuels et continuels avec le Père établissaient une correspondance
soutenue entre sa vie cachée en Dieu et les fruits de sa vie extérieure. Par
son regard habituel vers le Père, par sa promptitude à l'écouter, par son
obéissance aux directions de l'Esprit, par sa soumission aux paroles de
l'Ecriture qu'il venait accomplir, par sa vigilance dans la prière, et par
toute sa vie de dépendance et de foi, il nous donne l'exemple de ce que nous
devons être, nous aussi. Il nous avait été fait si réellement « semblable en
toutes choses » (Hébreux 2 : 17), il était si bien devenu un avec nous dans
la faiblesse de la chair, que ce n'était qu'à ce prix-là que la vie du Père
avait libre cours en lui, produisant les oeuvres qu'il faisait. Il en sera
précisément de même pour nous. Notre union avec Jésus, et la présence de sa vie
en nous, nous assureront une vie semblable à la sienne. Ce ne sera pourtant pas
le résultat direct d'une force aveugle mise en mouvement et accomplissant
machinalement Son oeuvre, mais il y aura là de notre part coopération
d'intelligence, de volonté et d'amour pour demander, pour recevoir et nous
abandonner à Dieu avec confiance, aussi bien que pour employer à son service
tout ce qu'il donne, et travailler avec la certitude qu'il travaille en nous.
Cette foi en Christ, notre Vie, ne nous sera pas un oreiller de paresse ; au
contraire, elle stimulera toute notre énergie au plus haut degré, et comme elle
rend toutes choses possibles, elle nous portera par là même à rechercher
toujours plus tout ce qui constitue la vraie communion avec Dieu, nous faisant
tout attendre de lui.
Voici, quant à notre conformité avec
Christ, les trois points qu'il importe de bien connaître : Notre vie est, comme celle de Christ, cachée en
Dieu, elle se maintient, comme la sienne, par la communion avec
Dieu, et son activité extérieure en fait, comme de la sienne, une vie pour
Dieu.
Quand les croyants en viendront à saisir cette vérité, à
pouvoir se dire : Nous sommes réellement semblables à Christ par la vie que,
grâce à lui, nous avons en Dieu ; nous pouvons être semblables à Christ en
maintenant et fortifiant cette vie par notre communion avec Dieu ; nous serons
encore semblables à Christ par les fruits que doit porter cette vie-là ; alors
le nom de disciple de Christ et la conformité à Christ ne seront plus seulement
une profession de foi, mais bien une réalité, et le monde saura que le Père
nous a réellement aimés comme il a aimé le Fils.
Qu'il me soit permis de demander ici à tout pasteur et à tout
chrétien qui liront ces lignes, si, dans les enseignements de l'Eglise, nous
avons assez présenté Christ comme le Modèle dont l'imitation nous ramènera
seule à l'image de Dieu. Plus les prédicateurs de l'Eglise remonteront
eux-mêmes à la source divine de toutes les vérités qui concourent ensemble à
donner la pleine jouissance du salut, plus aussi ils deviendront aptes à faire
entrer les fidèles dans cette voie de privilèges et de sainteté pratique. Ils
seront ainsi un moyen de bénédictions nouvelles pour le monde, selon que Dieu
l'attend d'eux. C'est là, en effet, ce dont le monde à besoin de nos jours; il
lui faut des hommes et des femmes vivant de la vie de Christ et prouvant par
leur conduite que, comme Christ, ils n'ont ici-bas d'autre but que la gloire du
Père et le salut des hommes.
Encore un mot. Soit que nous prêchions la
conformité avec Christ, soit que nous cherchions à la mettre en pratique,
gardons-nous de ce perfide et mortel égoïsme qui ne chercherait à l'obtenir que
dans le seul but de nous placer nous-mêmes aussi haut que possible dans la
grâce et les faveurs de Dieu. Dieu
est amour ; l'image de Dieu doit donc refléter un amour semblable à celui de
Dieu. Quand Jésus disait à ses disciples : « Soyez parfaits comme votre Père
qui est dans les cieux est parfait » (Mathieu 5 : 48), c'était leur dire
que la perfection consistait à aimer et à bénir ceux qui en étaient indignes.
Les noms mêmes de notre Seigneur nous montrent que tous les autres traits
caractéristiques de notre ressemblance avec Christ sont subordonnés à celui-ci
: Chercher la volonté et la gloire de Dieu en aimant et en sauvant les hommes.
Il est le Christ, l'Oint de Dieu. Pour qui? Pour les cœurs brisés, pour les
captifs, pour ceux qui sont dans les liens et dans le deuil. Il est Jésus, le
Sauveur, qui a vécu et qui est mort pour sauver ceux qui étaient perdus.
Il peut se faire beaucoup d’œuvres
chrétiennes sans une grande mesure de sainteté ou d'esprit de Christ, mais il
est impossible de posséder en grande mesure la véritable sainteté, semblable à
celle de Christ, sans se consacrer particulièrement à faire du salut des
pécheurs le but de sa vie, et cela pour glorifier Dieu. Jésus s'est donné lui-même pour nous, afin de
pouvoir nous réclamer nous-mêmes pour lui, et de se former ainsi « un
peuple particulier, zélé pour les bonnes oeuvres ». (Tite 2 : 14). Il y a
là réciprocité et parfait accord, identité complète d'intérêt et de but. Lui-même
pour nous, comme notre Sauveur, et nous-mêmes pour lui, aussi comme
sauveurs, en continuant sur la terre, comme lui et pour lui, l’œuvre qu'il y a
commencée. Mettons toujours en relief cette vérité quand nous prêchons la
nécessité d'avoir une vie conforme à celle de Christ, soit que nous remontions
à sa source, notre union avec Christ en Dieu, soit que nous indiquions le moyen
de la maintenir et de la développer par la foi, la prière et la communion avec
Dieu, soit aussi que nous insistions sur les fruits d'humilité, de sainteté et
d'amour qu'elle doit produire. Oui, c'est pour faire connaître la volonté et
la gloire du Dieu d'amour dans le salut des pécheurs que Christ a vécu,
qu'il est mort et qu'il vit actuellement. Etre semblable à Christ signifie donc
ceci : Rechercher la grâce, la vie et l'Esprit de Dieu pour se consacrer
entièrement à faire connaître la volonté et la gloire du Dieu d'amour, dans
le salut des pêcheurs.
FIN
NOTE 1
Thomas à Kempis a dit : « Tous les hommes désirent être à
Christ et faire partie de son peuple, mais peu d'entre eux veulent réellement
mener la vie du Christ! » Plusieurs se figurent que, pour imiter Jésus-Christ,
il faut un certain degré d'avancement, auquel un petit nombre seulement peut
atteindre. Ils pensent que, pour être
un vrai chrétien, il suffit de confesser sa faiblesse et ses péchés et de
rester attaché à la Bible et aux sacrements, sans viser à aucune réelle
conformité à la vie de Christ. Ils taxent même d'orgueil et de fanatisme
quiconque ose soutenir qu'une vie conforme à celle de Christ est la conséquence
indispensable de tout vrai christianisme. Et pourtant notre Seigneur dit à tous
sans exception : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n'est
pas digne de moi » (Mathieu 10 : 38). Jésus parle ici de ce qu'il y avait
de plus pénible dans sa vie, de sa croix, qui résume tout le reste. C'est à
toute l'Eglise, et non à quelques-uns seulement, que Pierre adresse ces mots : «
Christ nous a laissé un exemple, afin que nous suivions ses traces ». (1
Pierre 2 : 21). La négligence à l'égard de ces commandements irréfutables est
un mauvais symptôme de notre christianisme moderne.
NOTE 2
Ne cesseras-tu pas de te plaindre en considérant mes
souffrances et celles de mes saints?... Ne dis jamais : Il m'est impossible de
souffrir cela d'un tel homme. S'il m'avait attaqué d'une autre manière, je
l'aurais enduré, mais de m'avoir fait ce tort, c'est ce que je ne puis supporter.
Voyez quel dommage il m'a fait, quelle injure, quel déshonneur ! Il me noircit
en m'imputant des choses dont je n'ai jamais eu la moindre pensée. Encore
pourrais-je bien souffrir de quelque autre certaines choses que l'on peut
raisonnablement souffrir.
Ces pensées, mon fils, sont insensées : elles, marquent qu'on
ne regarde que l'offense et la personne qui l'a commise, et que l'on ne
considère pas en quoi consiste la vraie patience, ni qui doit la couronner. Ce
n'est pas la posséder que de prétendre ne souffrir qu'autant qu'on veut, et de
qui l'on veut. Un homme vraiment patient ne jette point les yeux sur celui qui
le fait souffrir ; il ne regarde point si c'est un supérieur, ou un égal, ou un
inférieur; si c'est un homme qui soit en réputation de probité et de sainteté,
ou un infâme et un méchant. Mais toutes les fois qu'il lui arrive quoi que ce
soit de fâcheux, il le reçoit également de toutes les créatures, comme si ce
fût Dieu lui-même qui le lui présentât de sa main paternelle, et il croit y
trouver un grand avantage, puisqu'on ne saurait souffrir la moindre chose du
monde pour l'amour de Dieu, que Dieu n'en tienne compte.
Seigneur, mon Dieu! Toutes ces choses paraissent impossibles à
la faiblesse de ma nature ; fais, s'il te plaît, que ta grâce me les rende
possibles. Que ta grâce me dispose tellement à souffrir injustement que ce soit
là l'objet de mes vœux et de ma joie, convaincu qu'il m'est très salutaire de
souffrir pour l'amour de toi et de ta divine bonté.
Thomas à Kempis : Imitation
de Jésus-Christ III, 19.
NOTE 3
Aujourd'hui il est encore assez de personnes qui soupirent
après la gloire du royaume de Jésus-Christ; mais il en est bien peu qui
désirent porter sa croix. Jésus trouve beaucoup de gens qui aiment ses joies, mais
peu qui veulent ses afflictions. Que de compagnons pour l'abondance de sa
table, mais que de déserteurs dans les temps d'abstinence ! Chacun veut se
réjouir avec lui, personne ou très peu veulent souffrir quelque chose avec lui,
ou pour l'amour de lui. Il s'en trouve assez avec Jésus-Christ lorsqu'il rompt
le pain, mais peu lorsqu'il s'agit de boire la coupe de sa passion...
Cette parole semble bien rude à beaucoup de gens et choque
leurs oreilles : renoncez à vous-mêmes, chargez votre croix et suivez Jésus
(Mathieu 16 : 24) ; mais en voici une autre beaucoup plus terrible : Allez,
maudits, au feu éternel (Mathieu 25 : 41). Ceux qui aiment maintenant entendre
parler de la croix, et qui l'embrassent de tout leur cœur, ne craindront point
alors de s'entendre condamner au feu éternel. Lorsque le Seigneur viendra juger
les hommes, la croix sera le signe auguste qui les discernera. Alors ceux qui
se seront soumis à elle, qui se seront conformés pendant leur vie au Dieu
crucifié, s'approcheront avec une grande confiance de ce souverain Juge du
monde.
Pourquoi donc crains-tu de porter ta croix, vu que c'est par
elle qu'on va au royaume céleste? Le salut est dans la croix; la vie est dans
la croix; on ne peut se défendre contre les ennemis que par la croix. Dieu joint
à la croix et à la souffrance ses divines douceurs, la force de l'âme et la
joie de l'esprit. L'abrégé de toutes les vertus et la perfection de la sainteté
se trouvent dans la croix et dans les afflictions. Hors de cette croix il n'y a
ni salut ni espérance de vie éternelle. Prends donc ta croix et suis Jésus et
tu parviendras à la vie éternelle.
Si tu portes la croix de bon cœur elle te portera aussi et te
portera au port désiré, lorsque le terme de tes souffrances sera venu, quoi
qu'il ne doive pas venir pendant que nous vivons sur cette terre. Mais si tu la
portes malgré toi, tu la rends plus pesante et plus insupportable et toutefois
il faudra que tu la portes. Si tu rejettes une croix, tu en trouveras
infailliblement une autre, peut-être plus pesante que la première. Crois-tu
donc pouvoir éviter ce que nul homme n'a pu éviter? Qui d'entre les saints a
été sans croix et sans adversité dans ce monde? Notre Seigneur Jésus-Christ
même n'a pas été une heure sans elles pendant qu'il a vécu sur la terre.
Comment donc cherches-tu une autre voie que cette voie royale, cette
voie de la croix?
Plus la chair est abattue par l'affliction, plus l'esprit est
fortifié par une grâce ultérieure qui l'affermit... Il ne faut pas attribuer
ces effets à la vertu de l'homme; ce n'est que la grâce de Jésus- Christ qui
peut et qui fait tout cela dans la faiblesse de la nature; c'est elle qui fait
qu'on embrasse avec ardeur la croix et qu'on l'aime. Si tu ne jettes les yeux
que sur toi, tu te verras dans l'impuissance à rien faire de tout cela, mais si
tu t'appuies sur le Seigneur, il t'enverra du ciel une force si puissante
qu'elle assujettira à l'esprit le monde et la chair... Consacre-toi donc comme
un bon et fidèle serviteur à porter courageusement la croix de ton maître qui a
bien voulu être crucifié pour l'amour de toi...
Tiens pour certain que tu dois mener une vie mourante, et que
plus on meurt à soi, plus on vit à Dieu. S'il y avait eu quelque chose de
meilleur et de plus utile pour le salut des hommes que la souffrance, sans
doute Jésus l'aurait enseigné par ses paroles et par son exemple. Cependant il
se borne à exhorter hautement ses disciples et tous ceux qui veulent le suivre,
à porter la croix.
Thomas à Kempis : Imitation
de Jésus-Christ II, 12.
NOTE 4
Voici ce qu'écrit un des
ouvriers les plus sérieux et les plus bénis dans l’œuvre de sauver ceux qui se
perdent : Si je n'avais pas été amené à une expérience plus claire et plus
complète de ce qu'est le salut, je n'aurais jamais pu accomplir le travail des
dernières années. Voici aussi ce qui m'est devenu toujours plus clair, c'est
que nous ne pouvons pas parler de communion non interrompue avec notre Dieu, à
moins de nous consacrer sans réserve à sauver par la puissance du Seigneur ceux
qu'il nous donne de sauver. Une consécration au Seigneur qui n'est pas
accompagnée de dévouement au prochain, devient une illusion, ou conduit au
fanatisme. C'est le dévouement entier à être la lumière et le sel du monde, à
aimer le monde, même quand il nous hait, qui est pour toute âme réellement
consacrée le véritable combat de la vie. Trouver notre repos à travailler, et
notre plus grande joie à combattre le péché autour de nous par la puissance de
Jésus, nous réjouir du bonheur des autres plus que du nôtre, ne rien rechercher
pour nous-mêmes, mais tout pour les autres, voilà quelle est notre sainte
vocation.
Que Dieu nous préserve de nous borner à admirer de telles
pensées, mais qu'il nous porte à nous joindre aussitôt aux petits groupes de
ceux de ses enfants qui réellement abandonnent tout pour employer leur vie à
gagner des âmes à Jésus.
NOTE 5
Le mal ne peut être surmonté que par un dévouement tout
individuel et effectif; jamais il ne le sera par une charité qui se tient à
distance. « Vous êtes le sel de la terre », a dit Jésus : Vous aussi,
vous l'êtes, vous-même, tel que vous êtes, et dans le milieu où vous vous
trouvez. En tout lieu, à chaque instant, il faut que de vous et de votre
présence émane une influence sanctifiante. C'est Christ lui-même qui est
la vie et la lumière. Dans tout ce qu'il fait, tout ce qu'il dit, tout ce qu'il
souffre, c'est lui-même que nous trouvons. Impossible de rien séparer de sa
personne, sans la voir s'évanouir et disparaître. Et pourtant l'erreur
fondamentale de notre christianisme moderne est de vouloir séparer les paroles
de Christ et les oeuvres de Christ de sa personne même. Il en résulte pour un
grand nombre de croyants que, malgré tout ce qu'ils font comme chrétiens, ils
n'ont jamais encore trouvé Christ lui-même. Plusieurs de ceux qui ont foi en
ses souffrances et en ses mérites, ne peuvent ni demeurer en communion avec
lui, ni suivre fidèlement ses traces. Christ fit sa demeure non seulement de
Cana en Galilée, mais encore de Gethsémané, et plus tard du Calvaire.
Hélas! que de personnes qui font parade de la croix et qui
pourtant ont plus peur de la véritable croix que du diable lui-même ! Elles ont
si sagement arrangé leur profession de la croix de Christ qu'il ne peut en
résulter aucune atteinte ni à leur réputation, ni à leur fortune, ni à leur
indépendance.
Il faut qu'à présent, comme jadis, l'imitation fidèle de Christ
redevienne le drapeau de la chrétienté. Alors seulement la foi triomphera de
l'incrédulité et de la superstition. On travaille beaucoup actuellement à
prouver aux Incrédules l'inspiration des Saintes Ecritures, la vérité des
paroles et de la vie du Seigneur Jésus, mais c'est travailler en vain que de
vouloir prouver par des arguments ce qui ne se démontre que par la force de
l'évidence. Montrez par vos actes que l'Esprit des miracles habite en vous,
prouvez surtout par votre vie que Jésus vit en vous de sa vie éternelle et
divine, et alors vos paroles amèneront beaucoup d'âmes à la foi. Si au
contraire vous manquez dans la vie pratique de l'Esprit saint et de sa
puissance, ne soyez pas surpris que le monde prête peu d'attention à
l'éloquence de vos discours. L'heure est venue où toute la chrétienté doit se
lever comme un seul homme, et avec la force de Christ, faire tout de nouveau
ce que, Christ lui-même a fait pour le monde qui se perd. Voilà ce dont
nous avons besoin pour pouvoir ressembler à Jésus- Christ, voilà la seule
preuve concluante de la vérité du christianisme.
Tiré de : « Een nieuw boek van de navolging van Jésus Christus »,
par M. Diemer.
NOTE 6
« Ainsi nous tous qui contemplons comme
dans un miroir la gloire du Seigneur, à visage découvert, nous sommes
transformés à la même image, de gloire en gloire, comme par l’Esprit du
Seigneur ». (2 Corinthiens 3 : 18).
Contempler avec amour, avec admiration, avec adoration la
gloire de Dieu en son Fils bien-aimé : voilà ce qui nous transforme à son
image. Les procédés employés par la photographie nous aideront à mieux
comprendre cette photographie divine dont parle notre texte. Pour photographier,
il faut deux choses : Il faut d'abord avoir foi en la force de la lumière et en
ses effets, puis il faut se conformer exactement à ses lois. Il faut préparer
avec soin la plaque qui doit recevoir l'empreinte, puis l'ajuster avec
précision à la place voulue, vis-à-vis de l'objet à reproduire, puis la laisser
tranquille en face de cet objet sans que rien vienne la déranger. Quand le
photographe a fait tout cela, il laisse la lumière faire son oeuvre, son
travail à lui est celui de la foi.
Tirons de là une leçon à notre usage. Ayons confiance, nous
aussi, en la lumière de Dieu pour reproduire l'image de Christ dans nôtres
cœur. « Nous sommes transformés en la même image, comme par l'Esprit du
Seigneur ». Ne cherchons pas à faire nous-mêmes l’œuvre que l'Esprit doit
faire. Croyons simplement qu'il la fera. Notre devoir à nous est de chercher à
avoir un cœur préparé, c'est-à-dire un cœur qui demande, qui désire et qui
attende l'image à recevoir. Il faut nous placer en face de Jésus, le
contempler, l'aimer, l'étudier, l'adorer et croire que ce que nous voyons en
lui, le Crucifié, nous est la promesse certaine de ce que nous pouvons être
nous-mêmes. Puis, mettant de côté tout ce qui pourrait nous distraire,
attendons avec tranquillité d'âme, et en silence devant Dieu, afin de permettre
à son Esprit, à la lumière de Dieu de faire son oeuvre en nous. Alors notre âme
recevra l'empreinte de cette admirable image tout aussi certainement, tout
aussi merveilleusement que la lumière terrestre produit la photographie.
Je me sens pressé d'ajouter ici un mot à l'adresse des pasteurs
appelés à concourir à cette divine photographie, « car Dieu qui a dit que la
lumière sortit des ténèbres, a répandu la lumière dans nos cœurs, afin que nous
éclairions les hommes par la connaissance de Dieu et la présence de
Jésus-Christ » (2 Corinthiens 4 : 6). Quelle sérieuse vocation que celle
qui nous appelle à stimuler l'avancement des croyants! Faisons-le en leur
montrant en Jésus, et dans chacun des traits de sa vie, ce qu'ils doivent
devenir eux-mêmes, leur faisant désirer ardemment, d'être changés à cette
ressemblance, d'obtenir cette conformité avec Jésus. Puis apprenons-leur à se
placer en face du Seigneur, soit dans le culte public, soit dans leurs prières
particulières, et à ouvrir leur cœur jusque dans ses replis intimes pour
l'exposer aux rayons de son amour et de sa gloire, jusqu'à ce qu'il entre en
eux, qu'il prenne possession d'eux et les transforme par son Esprit à son
image. «: Qui est suffisant pour ces choses ! » « Notre capacité vient de
Dieu qui nous a rendus
capables d'être
ministres de l'Esprit ». (2
Corinthiens 2 : 16; 3 : 5, 6).
NOTE 7
Dans une réunion de pasteurs qui étudiaient ce texte : «
Vous aussi mettez-vous bien dans l'esprit que vous êtes morts au péché, et que
vous vivez pour Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur » (Romains 6 : 11),
voici la question qui fut adressée à tous : Des cinq pensées que renferme ce
texte, quelle est la plus importante ?
1° « Vous aussi » : mots
impliquant une parfaite ressemblance avec Jésus dont il est dit : « En
mourant il est mort une seule fois pour le péché, mais en vivant il vit pour
Dieu ». (Romains 6 : 10).
2° « Mettez-vous bien dans
l'esprit » : commandement qui réclame de nous une foi aussi simple que ferme.
3° « Morts au péché » :
vérité qui résume le but des trois premiers points.
4° « Vivants pour Dieu » :
conséquence de la mort au péché.
5° « En Jésus-Christ, notre
Seigneur » : Lui la base et le centre de tout enseignement de l'Ecriture.
Lequel de ces points faut-il regarder comme le plus essentiel à l'intelligence
du texte entier? La première réponse donnée fut : «Morts au péché ». C'est
sans doute, observa le président, ce qui donne à ce texte son intérêt
principale et ce qui excite tant de sérieux efforts pour le réaliser; et
pourtant ce n'est pas là ce qui me paraît le plus important.
« Vivant pour Dieu » fut la seconde réponse : Car c'est la vie
de Jésus, reçue à la conversion, qui nous fait participer à sa mort et à sa
victoire sur le péché. Les mots : « morts au péché » expriment la même pensée
que ceux de « vivants pour Dieu ». Si nous étions plus « vivants pour Dieu »,
nous saurions mieux ce que c'est que d'être « morts au péché ».
« Mettez-vous bien dans l'esprit », dit un troisième. Ce
commandement ne nous dit-il pas d'agir avec foi en ce qui nous a été préparé de
Dieu? c'est là la principale idée du texte. C'est sur cette foi que doit se
porter toute notre attention.
« Par Jésus-Christ notre Seigneur », dit un autre frère. Le
président ajouta aussitôt : Je crois avoir compris dernièrement que c'est bien
de là que dépend toute la force de ce texte.
Que de croyants ont cherché à saisir qu'ils étaient morts au
péché et vivants à Dieu, sans l'avoir pu! Que de fois on entend prier ainsi :
Seigneur, nous ne sommes pas tout à fait morts, mais nous voudrions l'être !
Combien d'autres qui ont saisi que tout dépend du : « mettez-vous bien dans
l'esprit que vous êtes morts », de la foi qui reçoit ce que Dieu nous dit
des choses déjà accomplies et certaines, et qui doivent pourtant reconnaître
que leur foi n'a pas été suivie des grâces qu'ils attendaient.
Voici leur erreur : ils ont été plus préoccupés des grâces qui
résultent d'être morts au péché et vivants pour Dieu, plus préoccupés de
réaliser par leurs propres efforts une foi capable de les saisir que de Jésus
lui-même en qui seul pourtant, se trouvent ces grâces aussi bien que la foi
qui nous les obtient. C'est en lui que la mort au péché et la vie pour
Dieu sont des réalités vivantes, actuelles, puissantes. C'est quand nous nous
savons en lui, sortant de nous-mêmes pour demeurer en lui uniquement et
continuellement, que nous possédons aussi les grâces divines, notre foi
recevant la force de les saisir et de s'en réjouir. Du commencement à la fin,
c'est Jésus-christ qui est tout. Ceci nous est clairement dit au 3e verset de ce chapitre : « Ne savez-vous pas que
nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa
mort? » Les disciples avaient compris et admis le baptême en Jésus-Christ,
mais quant au baptême en sa mort qui devait résulter du premier, ils avaient
encore à apprendre ce qu'il signifiait. Notre Seigneur Jésus avait reçu le
baptême d'eau et du Saint-Esprit, et pourtant il pariait d'un autre baptême
encore qui devait avoir lieu. Son premier baptême devait être confirmé par la
mort de la croix. Il en est de même de nous aussi. Quand « nous avons été
baptisés en Christ, nous avons revêtu Christ » (Galates 3: 27). Nous avons
été faits participants de lui, de tout ce qu'il est, et de tout ce qu'il fut,
par conséquent de sa mort aussi. Mais ce n'est qu'avec le temps que nous
arrivons à le comprendre, à réclamer pour nous la puissance de sa mort au péché
et de sa vie pour Dieu. Nous ne pouvons le faire que lorsque nous tenons ferme
le baptême en Christ, première grâce qui comprend toutes les autres.
C'est quand notre foi sort de nous-mêmes pour aller fixer sa demeure en Jésus
d'une manière décidée et permanente, que nous acquérons la force de dire : en
Jésus-Christ nous sommes morts au péché et vivants pour Dieu; oui, c'est «
en Jésus-Christ » que nous pouvons hardiment « nous considérer comme morts
au péché et vivants pour Dieu ».
« Baptisés en sa mort ». Quelle parole! La mort de notre
Seigneur Jésus est le point capital de son histoire; c'est sa mort qui fait sa
gloire, sa victoire et sa puissance ; aussi est-ce dans cette parfaite
conformité à sa mort que réside le plus grand privilège du chrétien. Etre
plongé, immergé dans la mort de Christ, avoir tout son être pénétré de l'esprit
de cette mort, de son obéissance, de son sacrifice, de son abandon de toute la
nature terrestre, de tout ce qui a été en contact avec le péché, pour passer de
là dans la nouvelle vie que Dieu donne : voilà ce que le chrétien doit désirer
avant tout. Il a déjà été baptisé « en cette mort ». il ne lui reste donc qu'à
s'abandonner à l'action du Saint-Esprit pour qu'il lui dévoile et lui assimile
tout ce qu'elle renferme. Et c'est par la loi qu'il le fait : il sait qu'en
Jésus-Christ il est « mort au péché et vivant pour Dieu ». La vie pour
Dieu est un tout complet et parfait, «et pourtant elle est soumise à une loi de
progression et de croissance. Plus le croyant avance dans la vie pour Dieu,
plus il meurt au péché. En Christ il est mort au péché complètement et
entièrement, mais il n'acquiert la pleine jouissance de tout ce que cette mort
signifie et opère en lui que par des progrès successifs, soit quant à la
connaissance intellectuelle, soit quant à l'expérience pratique.
Gardons-nous de nous fatiguer comme on le
fait souvent, à comprendre exactement ce qu'est cette mort au péché, à sentir
ce que c'est que de se tenir pour mort ;
souvenons-nous plutôt que tout cela ne nous est donné que quand nous demeurons en
Jésus-Christ, en qui seul ces grâces nous appartiennent. Il se pourrait
que, préoccupé de la manière de me les assurer, je perdisse de vue celui en qui
je dois demeurer si je veux les posséder. Que mon premier soin soit donc de
demeurer avec obéissance et foi en Jésus, en qui sont et la mort au péché, et
la vie pour Dieu. C'est en lui que se trouve tout ce dont parle notre texte,
car lui-même, il vit de cette vie-là.
Aussitôt que je me perds en lui, je puis être sûr que la
grâce attendue me viendra, ou plutôt je sais que déjà je possède en lui cette
vie divine, sortie de sa mort, et qu'elle opère en moi, lors même que je ne
pourrais pas la décrire par des paroles. Alors je comprends aussi que toute la
puissance et toutes les grâces présentées dans ce commandement se résument dans
son dernier mot. « Vous aussi mettez-vous bien dans l'esprit que vous êtes
morts au péché, mais vivants pour Dieu, en Jésus-Christ, notre Seigneur ».
C'est en Christ qu'est la source de : comme Christ.
(Voir la note 10e.)
NOTE 8
« Celui qui me mange vivra
par moi » (Jean 6 : 57). Quoique ces
mots n'aient pas directement été dits de la sainte Cène, ils s'y rattachent
pourtant puisqu'ils parlent des bénédictions spirituelles dont la Cène est
l'emblème. Quand nous mangeons le pain, quand nous buvons le vin de la sainte
Cène, notre vie spirituelle en est fortifiée, non seulement parce que la Cène
nous rappelle le pardon de nos péchés, mais parce que le Saint-Esprit nous fait
participer au corps et au sang du Seigneur Jésus tels qu'ils existent
spirituellement. C'est aussi ce que dit le catéchisme d'une de nos Eglises
réformées, celle de Heidelberg : « Qu'est-ce que manger le corps rompu de
Christ et boire son sang versé? C'est non seulement croire aux souffrances et à
la mort de Christ pour obtenir ainsi le pardon des péchés et la vie éternelle,
mais c'est croire en outre que nous sommes unis à son corps céleste par le
Saint-Esprit qui demeure en lui et en nous, en sorte que, quoique Christ soit
au ciel et nous sur la terre, nous, sommes néanmoins chair de sa chair et os de
ses os . (Ephésiens 5 : 30.)
Nos églises protestantes offrent, comme on
le sait, trois manières de comprendre la sainte Cène.
-- D'un côté les luthériens
croient à la transsubstantiation, disant que le corps du Seigneur est si bien
présent dans le pain que même un incrédule peut manger ainsi le corps du
Seigneur.
-- D'un autre côté les
zwingliens pensent que le but du sacrement est de nous rappeler par une figure
frappante que la mort de Christ fait vivre notre âme comme le pain et le vin font
vivre notre corps, et que participer à la Cène c'est exprimer notre foi en
cette vérité, aussi bien que notre désir de recevoir la bénédiction qui en
résulte. Ils pensent que comme le Saint-Esprit parle à notre oreille par la
Parole de Dieu, le sacrement parle à nos yeux par sa forme visible.
-- Entre ces deux manières
de voir se place celle de Calvin appuyant fortement sur ce qu'il y a dans la
sainte Cène une bénédiction mystérieuse qui ne peut guère s'exprimer par des
paroles. Il dit que ce n'est pas assez de parler de la vie que le Saint-Esprit
communique à notre esprit par la foi, mais que le Saint-Esprit nous assimile
réellement le corps et le sang de Christ, tels qu'ils sont à présent dans le
ciel, que c'est pour cela que nous sommes appelés membres de son corps, et
qu'ainsi son corps est en nous le germe du corps spirituel que développera la
résurrection. En évitant d'une part la doctrine de la transsubstantiation, il
cherche d'autre part à établir la participation substantielle et spirituelle au
corps et au sang mêmes de notre Seigneur Jésus.
Ce n'est pas le moment d'approfondir davantage cette question,
mais je suis convaincu que, lorsqu'on aura des connaissances scripturaires plus
claires quant à la relation qui existe entre le corps et l'esprit, on ne
trouvera plus étrange de croire que, sans admettre rien qui ressemble à la
présence réelle dans le pain, nous soyons en vérité nourris du corps et du sang
de notre Seigneur Jésus. Le corps de notre Seigneur est maintenant un corps
spirituel, transfiguré et glorifié, participant de la vie spirituelle du monde
céleste. Son corps et son Esprit sont en parfait accord, en sorte qu'à présent
le Saint-Esprit peut librement nous les communiquer quand il le veut. Notre
corps est le temple du Saint-Esprit qui demeure en nous; nos corps sont les
membres de Christ ; nos corps mortels doivent être dès à présent vivifiés et
préparés pour la résurrection par l'Esprit qui habite en eux. « Si donc
l'Esprit de celui qui a ressuscité Christ d'entre les morts habite en vous,
celui qui a ressuscité Christ d'entre les morts rendra aussi la vie à vos corps
mortels par son Esprit qui habite en vous ». (Romains 8 : 11)
Pourquoi donc trouver étrange que, par le moyen du
Saint-Esprit, la communion au corps de Christ si clairement promise soit, non
seulement un symbole de l'Ancien Testament, mais une divine réalité.
Voici ce que dit Calvin :
« Ceux-là aussi ne
satisfont point, lesquels après avoir confessé que nous avons aucune
communication au corps de Christ, quand ils la veulent démontrer, nous font
seulement participants de son Esprit, laissans derrière toute la mémoire de la
chair et du sang... La plénitude de vie habite mesme en son humanité; tellement
que quiconque communiquera à sa chair et à son sang obtiendra la jouissance
d'icelle; ce que nous pouvons mieux expliquer par un exemple familier... La
chair de Christ est semblable à une fontaine en tant qu'elle reçoit la vie
descoulante de la Divinité pour la faire descouler en nous. Maintenant qui
est-ce qui ne voit que la communication au corps et au sang de Christ est
nécessaire à tous ceux qui aspirent à la vie céleste? Et à cela tendent toutes
ces sentences de l'apostre. Que l'église est le corps de Christ et son
accomplissement : Que luy il est le ^Chef, dont tout le corps estant conjoint
croist selon ses liaisons et joinctures... que nous sommes les membres de son
corps, partie de ses os et de sa chair... Que la foy reçoyve ce que notre
entendement ne peut concevoir, c'est que "l'Esprit unit vrayement les choses
qui sont séparées de lieu. Or Jésus-Christ nous testifie -et scelle en la Cène
ceste participation de sa chair et de son sang par laquelle il fait descouler
sa vie en nous tout ainsi que s'il entroit en nos os et eh nos moelles. Et ne
nous y présente pas un signe vuide et frustatoire, mais en y desployant la
vertu de son Esprit pour accomplir ce qu'il promet... Je reçoy volontiers tout
ce qui pourra servir à bien exprimer la vraye communication que Jésus-Christ
nous donne par la Cène en son corps et en son sang, de l'exprimer, dis-je, en
sorte qu'on cognaisse que ce n'est point par imagination ou pensée que nous les
recevons, mais que la substance nous est vrayement donnée... Nous disons que
Jésus-Christ descend à nous tant par le signe extérieur que par son Esprit pour
vivifier vrayement nos âmes de la substance de sa chair et de son sang ».
(Institution de la
religion chrétienne , par Jehan
Calvin, IV, 17 § 7, 9, 10, 19, 24.!)
Pour l'âme qui cherche à vivre entièrement par Christ comme il
vivait lui-même par « le Père », la sainte Cène offre réellement une grâce
spirituelle, quelque chose de plus que ce que comporte la foi en la Parole. Que
toujours quand nous communions au corps et au sang de Christ notre plus grand
désir tende à chercher et à réaliser par nos prières, par notre foi et notre
vie la grâce de vivre précisément comme Christ vivait par le Père. Remportons
de la célébration de la Cène la confiance que ce qui nous a été donné et
confirmé à ce moment-là, nous sera continué dans notre vie de chaque jour, que
Jésus lui-même nous communiquera sa force par les canaux plus habituels de sa
grâce qui sont la Parole et la prière.
NOTE 9
Considérons ce qui faisait la beauté harmonique du caractère de
notre Sauveur. C'était son amour pour son père qui était le mobile de sa vie,
et cet amour s'exprimait directement ou indirectement par ses paroles et ses
actes comme une chose toute simple et naturelle.
Il est bon de nous rappeler l'exemple que Jésus nous donne là,
parce que souvent on craint par fausse honte de faire connaître ses convictions
religieuses, soit à ceux qui ne comprendraient pas, de peur d'en être blâmé,
soit même à ceux qui les partagent, de peur de blesser les convenances.
Le moi redoute la moindre désapprobation. Tant que notre amour
pour Dieu est faible, notre moi a grand soin de le dissimuler sous prétexte
qu'il ne faut pas manquer de tact. Notre Maître nous donne dans sa vie de
nombreux exemples de tact et de prudence, mais nulle part il ne nous donne
celui de cette fausse prudence qui cherche à détourner l'attention, non de
nous-même, mais des mobiles de notre conduite. Dans sa nature terrestre, Christ
a aimé le Seigneur son Dieu de tout son cœur et de toute sa force, et il ne
pouvait faire autrement que de le laisser voir en toute occasion. Son but avoué
était que le monde sût qu'il aimait le Père. Souvent il faisait allusion
à ses rapports avec le Père comme à la force de sa vie, la force qui lui
faisait tout supporter.
Jésus-Christ nous a été envoyé pour nous faire connaître
l'amour du Père et le bonheur de lui appartenir entièrement. Comme lui,
nous sommes envoyés dans le monde, chacun de nous, pour faire connaître le
Sauveur autour de nous. C'est par notre relation intime avec lui que nous
ferons connaître le Fils comme lui-même faisait connaître le Père, et c'est en
agissant comme lui que nous le pourrons, montrant par là que notre union
avec lui suffit à tout.
(Extrait de : Steps on the upward path; or, holiness unto the Lord. By
A. M. James. Religious Tract Society.)
NOTE 10
J'ajoute ici un extrait du livre de Marshall sur la
sanctification, où se trouve clairement exposée notre participation à la nature
de Jésus dans sa vie, sa mort et sa résurrection.
Le but de l'incarnation de Christ, de sa mort et de sa
résurrection, était de nous préparer en lui une nature sainte à notre usage,
qui pût nous être communiquée par notre union avec lui, et non de nous
amener à produire en nous une nature sainte par nos propres efforts.
1°) Par l'incarnation de
Christ, Dieu a créé un homme d'une nature nouvelle et sainte, après la chute du
premier Adam qui avait souillé et perdu par le péché la sainteté de sa nature.
Cette nature nouvelle est plus excellente que celle du premier Adam, puisque,
en la personne de Christ, l'homme se trouve uni à Dieu par le lien indissoluble
qui relie la nature divine à la nature humaine.
En Christ ces deux natures étaient si bien d'accord dans leurs
actes, que, dans sa nature humaine, Christ pouvait agir selon la puissance de
la nature divine. Par là il était un avec Dieu le Père. Pourquoi Christ a-t-il,
en sa personne, replacé la nature déchue de l’homme dans de telles
conditions de sainteté qu’elle puisse vivre et agir par la vie de Dieu en elle?
Son but était de communiquer cette nature excellente à sa postérité, à
tous ceux qui naîtraient de lui par son Esprit, et qui recevraient en lui,
second Adam, l'Esprit vivifiant, afin que, « comme nous avons porté l'image
de celui qui est terrestre, nous portions aussi l'image du céleste » en sainteté
dès ici-bas et plus tard en gloire. (1Corinthiens 15 : 45, 49). Il est donc né
Emmanuel, Dieu avec nous, avec la plénitude de la divinité qui habitait
corporellement en lui, et avec une parfaite sainteté dans sa nature
humaine, afin qu'en lui nous fussions, nous aussi, remplis de cette même
plénitude. (Mathieu 1 : 13; Colossiens 2: 9, 30). Il est « descendu du ciel »
comme le pain de la vie, afin que, comme « il vit par le Père » ceux qui le
mangent puissent « vivre par
lui » de la même vie de Dieu en eux dont il vivait, lui-même. (Jean
6 : 51, 57).
2°) Par sa mort, Christ
s'est affranchi de nos péchés qui lui avaient été imputés, et de la faiblesse
de la nature humaine qu'il avait subie sans péché pour l'amour de nous. Il s'en
est affranchi lui-même, et nous a affranchis nous aussi, de toute notre
nature terrestre qui est faiblesse comme l'était la sienne, et qui est en
outre souillée par nos péchés et notre corruption. Par là, notre ancienne
nature, que l’Ecriture appelle « le vieil homme », a été crucifiée avec Christ,
« afin que le corps du péché fut détruit ». (Romains 6 : 6). Il est donc détruit
en nous, non par nos efforts pour le détruire nous-mêmes, mais par notre
participation à la mort de Christ déjà accomplie pour nous, et à
l'affranchissement qui en résulte. C'est ce que représente le baptême, dans
lequel nous sommes ensevelis avec Christ, nous unissant à lui dans sa mort sur
la croix. (Romains 6 : 2, 3, 4, 10, 11)
« Dieu, en envoyant son propre Fils dans
une chair semblable à celle des hommes pécheurs et pour le péché, a condamné le
péché dans la chair, afin que la justice de la loi fût accomplie en nous qui
marchons non selon la chair, mais selon l'Esprit ». (Romains 8 : 3, 4.) Observons ici que Christ est
mort non seulement pour que nous fussions justifiés par la justice de Dieu et
par la foi, au lieu de recourir à notre propre justice (Romains 10 : 4-6 :
Philippiens 3 : 9), mais aussi pour que la justice de la loi s'accomplisse en
nous, nous faisant marcher selon l'Esprit comme tous ceux qui demeurent en
Christ. (Romains 8 : 4). L'Ecriture compare Christ en sa mort au grain de
froment qui meurt dans la terre afin de propager sa propre nature et de porter
beaucoup de fruit. (Jean 12 : 24). Elle le compare aussi à l'agneau de Pâques
qu'on tue pour en faire une fête, puis au pain rompu qui sert de nourriture à
ceux qui le mangent (1 Corinthiens 5 : 78, et 11 : 24), puis encore au rocher
frappé, d'où jaillit l'eau qui donne à boire. (1 Corinthiens 10 : 4).
Christ est mort pour faire du Juif et du Gentil un nouvel homme
en lui (Ephésiens 2 : 15), et « se voir ainsi de la postérité», tous ceux qui tirent
de lui leur nature sainte. (Esaïe 53 : 10). Remarquons bien ces paroles de
l'Ecriture ; elles nous montrent clairement que Christ est mort, non pas pour
nous rendre capables de nous former une nature sainte en nous-mêmes, mais pour
que nous recevions par notre union avec lui celle qui a été préparée en lui
pour nous.
3°) Par sa résurrection.
Christ a pris possession de sa vie spirituelle pour nous la communiquer;
cette vie est pleinement à notre disposition, elle est devenue notre droit et
notre propriété par le mérite de sa mort ; c'est pour cela qu'il est dit que «
nous sommes vivifiés ensemble avec Christ ». (Ephésiens 2 : 5). Sa résurrection
est notre propre résurrection à une vie de sainteté, et cela tout aussi
réellement que la chute d'Adam nous a fait tomber dans la mort spirituelle.
Nous ne sommes donc pas l'auteur de notre nature nouvelle, pas plus que nous ne
le sommes de notre corruption originelle, quoi que l'une et l'autre s'offrent à
notre participation. Par notre union avec Christ nous participons à cette vie
divine dont il a pris possession pour nous à sa résurrection, et par elle il
nous devient possible de porter les fruits qu'elle produit, ainsi que nous le
présente l'Ecriture sous la figure du mariage, « Vous êtes morts à l'égard
de la loi... pour être à un autre, savoir à celui qui est ressuscité des morts,
afin que nous portions des fruits pour Dieu ».
(Romains 7 : 3, 4).
FIN