samedi 4 mai 2013

COMME CHRIST Andrew Murray (troisième partie)

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG
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22. Semblable à lui dans sa mort.
23. Dans sa résurrection.
24. Conforme à lui dans sa mort.
25. Donnant sa vie pour les hommes.
26. Dans sa douceur.
27. Demeurant dans l'amour de Dieu.
28. Conduit par l'Esprit.
29. Vivant par le Père.
30. En glorifiant le Père.
31. Dans sa gloire.
32. De la nécessité de prêcher Christ comme notre modèle
Notes


VINGT-DEUXIÈME JOUR COMME CHRIST Semblable à lui dans sa mort

« Car si nous avons été faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection... Car s'il est mort, il est mort une seule fois pour le péché... Vous aussi, mettez-vous bien dans l'esprit que vous êtes morts au péché, et que vous vivez à Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur. » Romains 6: 5, 10,11.

    C'est à la mort de Christ que nous devons notre salut. Plus nous comprendrons tout ce que signifie cette mort, plus aussi nous en éprouverons toute la vertu. Notre texte nous apprend ce que c'est que d'être un avec Christ dans sa mort. Que ceux donc qui veulent réellement être comme Christ dans leur vie, cherchent à bien comprendre ce qu'est la conformité à sa mort. Christ avait une double oeuvre à accomplir dans sa mort : opérer notre justification, et nous obtenir la vie.  
    Quand l'Ecriture parle de la première partie de cette oeuvre, elle se sert de ces mots: « Christ est mort pour nos péchés » (1 Corinthiens 15 : 3). Il a pris sur lui nos péchés, il en a subi le châtiment. Par là il les a expiés et nous a acquis une justice qui nous permet de nous présenter devant Dieu. Quand l'Ecriture parle de la seconde partie de cette oeuvre, elle dit : « Il est mort au péché » (Romains 6 : 10) ([3]). Mourir pour les péchés se rapporte à son caractère de substitut. Dieu a fait venir sur lui nos péchés (Esa. 53 : 6), et sa mort en a fait l'expiation. Mourir au péché désigne la rupture de tout rapport avec le péché. Par sa mort Christ a rompu tout rapport entre lui et le péché.  
    Pendant sa vie le péché avait le pouvoir de lui susciter des luttes et des souffrances. Sa mort y mit fin. Le péché n'eut plus le pouvoir alors ni de le tenter, ni de le faire souffrir. Il était hors de son atteinte. La mort avait fait séparation complète entre lui et le péché. Christ mourut au péché. Comme Christ, le pécheur est mort au péché puisqu'il est un avec Christ « par la conformité à sa mort ». Ainsi que, pour notre justification, il est indispensable de savoir que Christ est mort pour nos péchés ; de même, pour notre sanctification, il est indispensable de savoir que Christ et nous-mêmes avec lui, nous sommes morts au péché. Cherchons à le bien comprendre.
    C'est comme étant le second Adam que Christ est mort. Issus du premier Adam, nous avons été faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort. Adam est mort et nous sommes condamnés à mourir comme lui; la puissance de sa mort agit en nous ; nous sommes donc réellement morts en lui, aussi bien qu'il est mort lui-même. Nous comprenons ceci. Il en est précisément de même de notre mort en Christ : Nous avons été faits « une même plante avec lui, par la conformité à sa mort ». Christ est mort au péché, et nous avec lui, et maintenant l'efficacité de sa mort opère en nous. Nous sommes donc morts au péché, aussi certainement qu'il l'est lui-même.
    Par notre première naissance, nous avons part à la mort d'Adam; par notre seconde naissance, nous avons part à la mort du second Adam. Tout croyant qui accepte Christ participe à la puissance de sa mort et par là il est mort au péché. Mais le croyant peut posséder beaucoup sans le savoir. La plupart des croyants sont, à leur conversion, si occupés de la mort de Christ pour le péché, de leur justification par Christ, qu'ils ne cherchent pas à saisir le sens de ces mots : qu'en lui ils sont morts au péché. Ce n'est que lorsqu'ils sentent le besoin de son secours pour leur sanctification que s'éveille en eux le désir de comprendre cette conformité à sa mort, et qu'ils trouvent là le secret de la sainteté, reconnaissant, que comme Christ, ils sont, eux aussi, morts au péché.
    Le chrétien qui ne comprend pas encore ceci se figure toujours que le péché est trop fort pour lui, que le péché a encore domination sur lui, et que parfois il doit lui obéir. C'est parce qu'il ne sait pas encore que, comme Christ, il est mort au péché. S'il le croyait, s'il comprenait le sens de ces mots, il dirait : « Christ est mort au péché. Le péché ne lui peut plus rien. Pendant sa vie et sa mort le péché a exercé son pouvoir sur lui; c'est le péché qui a causé ses souffrances sur la croix et qui l'a fait passer par l'humiliation du sépulcre ; mais à présent il est mort au péché. Le péché a perdu ses droits sur lui. Il est à jamais délivré de sa puissance. Pour moi aussi, comme croyant, il en est de même. La Vie nouvelle qui est en moi est la vie de Christ ressuscité des morts ; c'est une vie renouvelée par la mort, une vie qui est entièrement morte au péché ». Le croyant, devenu une nouvelle créature en Jésus-Christ, peut donc s'écrier : Comme Christ, je suis mort au péché. Le péché n'a plus ni droits, ni domination sur moi; j'en suis affranchi, et par là même je ne suis plus obligé de pécher.
    Si le croyant pèche encore, c'est parce qu'il n'use pas du privilège de vivre comme quelqu'un qui est mort au péché. Par ignorance, par manque de vigilance ou par incrédulité, il perd de vue le sens et la force de ces mots : « par la conformité à sa mort », et alors il pèche. Mais s'il retient ferme ce que signifie le fait qu'il a partagé la mort de Christ, il peut surmonter le péché. Il remarque bien qu'il n'est pas dit : Le péché est mort. Non, le péché n'est pas mort, le péché vit et agit dans la chair. Mais lui-même est mort au péché et vit à Dieu, par conséquent le péché ne peut avoir aucune domination sur lui sans son consentement. S'il pèche encore, c'est parce qu'il permet au péché de régner sur lui et qu'il consent à lui obéir.
    Bien-aimé chrétien, qui cherchez à ressembler à Christ, que votre conformité à sa mort vous soit la plus précieuse partie de la vie que vous souhaitez atteindre. Appropriez-vous-la par la foi. Tenez pour certain que vous êtes vraiment mort au péché. Que ce soit pour vous une affaire réglée ; Dieu le dit à chacun de ses enfants, même au plus faible; dites-le aussi : Comme Christ je suis mort au péché. Ne craignez pas de le dire ; c'est la vérité. Demandez que le Saint-Esprit vous éclaire quant à cette partie de votre union avec Christ, en sorte qu'elle ne vous soit pas seulement une doctrine, mais qu'elle soit en vous réalité et force.
    Cherchez à mieux saisir ce qu'il nous est dit de la vie du croyant mort au péché, à saisir que par sa participation à la mort de Christ, il a été affranchi de la puissance du péché, et qu'ainsi commence pour lui une vie de victoire par Jésus-Christ. Quand vous aurez bien compris que vous avez eu part à la mort de Christ, saisissant cette vérité par la foi, vous deviendrez conforme aussi à ce qu'il est devenu lui-même par sa mort; graduellement, progressivement vous vous approprierez les conséquences de cette mort, à mesure que Christ en fera passer en vous toute la puissance victorieuse ([4]).
    Pour recueillir tout le bienfait de la mort de Christ, remarquez encore ceci : D'abord l'obligation qu'elle vous impose:  «Nous qui sommes morts au péché, comment y vivrions-nous encore ? » (Romains 6:2). Cherchez à mieux pénétrer le sens de cette mort de Christ en laquelle vous avez été baptisé. Voici ce que signifie sa mort : Plutôt mourir que pécher, consentir à mourir, afin de vaincre le péché, être mort, et par là affranchi du pouvoir du péché. Saisissez-vous de ces mots : « Ne
savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ nous avons été baptisés eh sa mort? » Que le Saint-Esprit vous baptise plus complètement « en sa mort », jusqu'à ce que la force de ces mots «mort au péché », jusqu'à ce que votre conformité à la mort de Christ se voient dans toute votre conduite et votre vie.
    Voici en outre ce qu'est pour vous la conformité à la mort de Christ. Non seulement c'est une nécessité, c'est aussi une force. Vous, chrétien, qui désirez ressembler à Christ, s'il est une chose dont vous ayez surtout besoin, c'est de connaître l'immense puissance de la force de Dieu qui agit en vous. C'est par cette puissance éternelle que Christ a lutté dans sa mort contre les puissances de l'enfer et qu'il en a triomphé. En Christ vous avez part à sa mort? et par là vous avez part à toute la puissance qui le rendit vainqueur. Consentez donc joyeusement avec un cœur plein de confiance à réaliser mieux votre conformité à la mort de Christ, et nécessairement alors vous lui deviendrez semblable.
    O mon Dieu, que j'ai peu compris ta grâce! Souvent j'ai lu ces mots : « Par la conformité à sa mort, nous avons été faits une même plante avec lui » ; souvent j'ai lu que toi, Seigneur, tu es mort au péché et qu'il est dit aux croyants : « De même vous aussi » ; mais je n'en ai pas saisi la force. Il en est résulté que ne me sachant pas conforme à toi en ta mort, je ne me savais pas non plus affranchi de la puissance du péché et vainqueur du péché. Seigneur, tu m'ouvres là une glorieuse perspective.
    Pour l'homme qui accepte avec foi la conformité à ta mort et qui selon ta Parole, se tient pour être mort au péché, le péché n'aura plus de domination sur lui. Il acquiert ainsi la force de vivre pour Dieu.
    Seigneur! Que ton Saint-Esprit me révèle plus parfaitement ces choses. Je veux recevoir avec foi ta Parole et prendre la place que tu m'assignes, me tenant pour mort au péché. Seigneur, en toi je suis mort au péché, apprends-moi à le saisir par la foi, ou plutôt à te recevoir toi-même jusqu'à ce que toute ma vie prouve que je suis bien mort au péché. O Seigneur, maintiens-moi en communion avec toi, afin que demeurant eh toi, je puisse réaliser en toi la mort au péché et vivre pour Dieu. Amen
(Voir la note 7e).

[3] La version anglaise dit ; « Il est mort au péché. »

[4] Dans Romains VI, la conformité à la mort de Christ précède la conformité à sa résurrection. Nul ne peut être vivant en Christ sans avoir d'abord consenti à mourir avec lui. Si dans Philippiens 3/10, la conformité à la mort de Christ suit l'expérience de sa puissance de résurrection, c'est parce que plus cette vie de résurrection se développe en nous, plus elle nous confirme dans cette mort. Il y a continuellement là action et réaction.

VINGT-TROISIÈME JOUR COMME CHRIST Dans sa résurrection.

« Car si nous avons été faits une même plante avec-lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi marchions dans une vie nouvelle. »
Romains 6 : 5, 4.

    Après avoir été conformes à Christ en sa mort, nous devons nécessairement l'être aussi dans sa résurrection. Ne parler que de notre participation à sa mort, que de porter la croix, que de renoncer à nous-mêmes, c'est ne présenter qu'un seul côté de notre union avec Christ. Sa puissance de résurrection nous fait passer de notre conformité à sa mort à une vie nouvelle. Notre mort avec Christ met fin à notre ancienne vie de péché et d'assujettissement au monde que nous abandonnons; notre résurrection avec Christ commence en nous une vie nouvelle par laquelle le Saint-Esprit expulse l'ancienne. Le chrétien qui désire sérieusement marcher comme Christ, doit bien savoir qu'il est semblable à Christ dans sa résurrection.
    Voyons si ce n'est pas là ce qui va répondre a cette question : Où trouver la force de vivre dans le monde comme Christ y a vécu? Nous avons déjà vu que la vie de notre Seigneur, avant sa mort, était une vie de faiblesse. Comme notre représentant, le péché avait une grande puissance sur lui ([5]). Il en avait aussi sur ses disciples, en sorte que leur Maître ne pouvait pas leur donner le Saint-Esprit, ni faire pour eux tout ce qu'il désirait. Mais à sa résurrection, tout change. Ressuscité par la toute-puissance de Dieu, il possède par sa vie de résurrection la puissance divine; et s'il a vaincu la mort et le péché, c'est non seulement pour lui-même, mais aussi pour ses disciples, auxquels il peut aussitôt faire part de son Esprit, de sa joie et de sa puissance.
    Lorsqu'à présent le Seigneur Jésus nous fait part de sa vie, ce n'est pas de la vie qu'il avait avant sa mort, mais c'est de la vie de résurrection qu'il s'est acquise par sa mort. C'est une vie qui n'a plus affaire avec le péché, .mais qui l'a déjà banni, une vie qui a déjà vaincu l'enfer et le diable, le monde et la chair, une vie de puissance divine dans la nature humaine. Voici la vie qui résulte pour nous de notre conformité à sa résurrection : « En vivant, il vit pour Dieu. Vous aussi, considérez-vous comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur ». (Romains 6 : 11). Oh! Que  Dieu veuille nous révéler par son Saint-Esprit toute la puissance de vie qui résulte de notre conformité à la résurrection de Christ! C'est cette vie-là qui rend capable de marcher comme Christ.
    Ceci reste un mystère pour la plupart des chrétiens et c'est pour cela que leur vie est une vie de faiblesse, de défaites et de péché. Ils croient à la résurrection de Christ comme preuve de leur justification. Ils pensent qu'il devait ressusciter pour continuer au ciel son oeuvre de Médiateur, mais quant à savoir qu'il est ressuscité afin que la vie glorieuse de sa résurrection devînt dès à présent la force même de leur vie de chaque jour, ils n'en ont aucune idée. De là leur découragement quand il leur est dit qu'ils doivent suivre Jésus en étant parfaitement « conformes à son image » (Romains 8 : 29). Ils ne peuvent pas comprendre qu'il soit demandé d'un pécheur qu'en toutes choses il agisse comme Christ l'eût fait. Ils ne connaissent pas Christ dans la puissance de sa résurrection, ils ne savent pas avec quelle force, quelle puissance sa vie agit en ceux qui veulent « regarder toutes choses comme une perte à cause de Christ ». (Philippiens, 3: 8; Ephésiens 1 : 19, 20). Venez vous tous qui êtes lassés d'une vie différente de celle de Jésus, et qui désirez marcher sur ses traces, vous qui commencez à voir dans l'Ecriture qu'il y a pour vous une vie meilleure que vous ne l'aviez su jusqu'à présent ; venez, laissez-moi essayer de vous montrer quels trésors sont à vous par votre «conformité à sa résurrection ». Laissez-moi vous adresser trois questions.
    D'abord : Etes-vous prêts à soumettre votre vie à la règle de Jésus et de sa vie de résurrection? Je ne doute pas que l'exemple de Jésus ne vous ait convaincus de péché sur plus d'un point. Chaque fois que vous avez cherché votre propre volonté et votre propre gloire au lieu de celles de Dieu, cédant à l'ambition, à l'orgueil, à l'égoïsme, et manquant d'amour pour votre prochain, vous avez pu voir combien vous êtes loin de l'obéissance, de l'humilité et de l'amour de Jésus, et maintenant il s'agit de savoir si, en face de toutes ces choses que vous reconnaissez être des péchés, vous voulez dire : Puisque Jésus veut prendre possession de ma vie, je renonce à tout droit, à tout désir de jamais faire en rien ma propre volonté ; je lui abandonne ma vie, avec tout ce que j'ai, et je suis entièrement à lui pour faire toujours ce qu'il me commandera par sa Parole et par son Esprit. Sil veut vivre en moi et régner en moi? je lui promets obéissance sincère et illimitée.
    Pour faire acte d'abnégation si complète, il faut de la foi ; c'est pourquoi je vous adresse cette seconde question : Etes-vous prêts à croire que Jésus veut prendre possession de vous, veut prendre soin de la vie que vous lui confiez? Quand le croyant confie entièrement à Christ sa vie spirituelle et temporelle, il apprend à bien comprendre ces mots de Paul : « Je suis mort; je ne vis plus; Christ vit en moi ». (Gal 2 : 19, 20). C'est quand je suis mort avec Christ et ressuscité avec lui, que le Christ vivant prend possession de ma nouvelle vie et la gouverne par sa vie de résurrection.
    Cette vie de résurrection ne m'est pas offerte et donnée à condition que je me charge de la continuer moi-même. Non, c'est justement là ce que je ne puis pas faire, mais Dieu soit béni ! Jésus-Christ lui-même, est la résurrection et la vie, il est la vie de résurrection. Lui-même pourvoira de jour en jour et d’heure en heure à ce que je vive comme étant ressuscité avec lui. Il le fera au moyen du Saint-Esprit qui est l'esprit même de sa vie de ressuscité. Le Saint-Esprit nous sera envoyé et, si nous nous confions en Jésus, cet Esprit divin maintiendra en nous, d'instant en instant, la présence et la puissance du Seigneur ressuscité. Ne craignons donc pas qu'il nous soit impossible de vivre de la vie sainte qui convient à des croyants appelés « les temples du Dieu vivant » (2 Corinthiens 6 : 16). Nous en sommes à la vérité incapables par nous-mêmes ; aussi n'est-ce pas de nous et de nos propres forces que Dieu l'attend, mais le Christ vivant qui est « la résurrection et la vie » a triomphé de tous nos ennemis; lui-même réalisera cette vie nouvelle en nous et nous enverra le Saint-Esprit pour être notre force. Avec sa divine fidélité, il accomplira son oeuvre en nous, pourvu que nous ayons confiance en lui. Christ lui-même est notre vie.
    Et voici ma troisième question : Etes-vous prêts à user de cette vie de résurrection comme Jésus, pour devenir par elle un moyen de bénédiction envers ceux qui se perdent? Tous nos désirs pour obtenir cette vie de résurrection échoueront, si nous cherchons seulement par là notre propre perfection et notre propre bonheur. Dieu a ressuscité Jésus pour donner par lui la repentance et la rémission des péchés ; il vit pour intercéder pour les pécheurs. C'est pour faire de même que vous devez chercher à recevoir la vie de résurrection. Consacrez-vous à travailler et à prier pour ceux qui périssent; alors vous serez un vaisseau propre à la recevoir, un instrument dont elle pourra se servir pour accomplir son oeuvre sainte.
    Mon frère ! tu es appelé à vivre comme Christ : Pour cela tu as déjà été fait un avec lui par la conformité à sa résurrection. A présent, il s'agit de savoir si tu veux, toi, faire l'expérience de cette vie de résurrection, si tu veux abandonner à Jésus toute ta vie pour qu'il manifeste lui-même en toi sa puissance de résurrection. Oh! n'hésite pas à le faire! Donne-toi à lui sans réserve : donne-toi avec toute ta faiblesse, toute ton infidélité. Crois seulement que, comme la résurrection de Jésus fut un miracle au delà de toute attente et de toute prévision, lui, le Ressuscité, fera, en toi aussi, infiniment au delà de tout ce que tu peux penser ou désirer.
    Quelle différence dans la vie des disciples depuis la résurrection de Jésus ! Avant sa mort, tout en eux n'était que faiblesse, crainte, égoïsme et péché. Après sa résurrection, tout devient puissance, joie, vie, amour et gloire. C'est le même renouvellement qui transforme le croyant quand, après n'avoir vu d'abord dans la résurrection de Jésus que la source de sa justification, il découvre que le Ressuscité veut être lui-même sa vie, prendre la responsabilité de toute sa vie.
    O mon frère, toi qui n'en as pas encore fait l'expérience, toi qui es troublé et fatigué parce que tu te sais appelé à marcher comme Christ, et que tu ne le peux pas, viens et goûte le bonheur de remettre toute ta vie à ton Sauveur glorifié, avec l'assurance qu'il s'en chargera à ta place.
    O Seigneur! Mon âme t'adore, toi, le Prince de la vie ! Sur la croix tu as vaincu chacun de mes ennemis, le diable, la chair, le monde et le péché. En vainqueur, tu es ressuscité pour manifester et pour maintenir la puissance de ta vie de résurrection chez tes disciples. Tu les as faits « une même plante avec toi par la conformité à ta résurrection », et à présent tu veux vivre en eux et manifester dans leur vie terrestre la puissance de ta vie divine.
    Gloire à ton nom pour cette grâce infinie! Seigneur, je viens, à ton appel, te donner, t'abandonner ma vie avec tout ce qui en dépend. Trop longtemps, je me suis efforcé de vivre comme toi sans y réussir. Plus je cherchais à marcher comme toi, plus ma déception était grande. A présent, j'ai appris de tes disciples tout le bonheur qu'on éprouve à rejeter sur toi le soin et la responsabilité de sa vie. Seigneur, je suis ressuscité avec toi, un avec toi, semblable à toi dans ta résurrection. Seigneur, viens, charge-toi entièrement de moi et sois ma vie.
    Surtout, je te prie, ô mon Sauveur ressuscité de te révéler à moi dans la puissance de ta résurrection, comme tu l'as fait pour tes premiers disciples. Ce n'était pas assez d'apparaître à tes disciples après ta résurrection. Ils ne te reconnurent que lorsque tu te fis connaître à eux. Seigneur Jésus, je crois en toi. Daigne te faire connaître à moi comme ma Vie. Toi seul, tu peux le faire. J'ai la confiance que tu le feras, et alors ma vie de résurrection sera comme la tienne, une source intarissable de lumière et de bénédiction pour tous ceux qui ont besoin de toi. Amen.

[5] Note du traducteur en réponse à quelques lecteurs qui ont réclamé contre cette assertion de l'auteur
    Jésus sur la terre a été réellement homme. « fils de l'homme », mais homme sans péché. Comme homme il a participé à la faiblesse humaine et souffert des conséquences du péché. Il a eu faim, il a eu soif, il a été en butte au mépris, à la haine des hommes; leur incrédulité l'a empêché de faire des miracles « en sa patrie » (Marc 6 : 5) et de rester en Judée (Jean 7 : 1). Il a été tenté par le diable, « tenté de même que nous en toutes choses » (Hébreux 4 : 15)- Il a souffert l'angoisse de Gethsémané ; Je supplice de la croix, « crucifié selon la faiblesse de La chair » (2 Corinthiens 13 : 4); puis il a fini par subir la mort, le roi des épouvantements, sous la condamnation, sous la réprobation,
sous le poids des péchés de l'humanité. (Galates 3 : 13).
    Tout ceci ne prouve-t-il pas que Jésus avait bien réellement revêtu la faiblesse de la nature humaine? Et s'il n'a pas péché, n'est-ce pas précisément parce que reconnaissent sa faiblesse humaine, il demandait et recevait l'Esprit saint sans mesure, « la plénitude de la divinité » dans la faiblesse de son humanité? (Colossiens 2 : 9)

VINGT-QUATRIÈME JOUR COMME CHRIST Conforme à lui dans sa mort.

« Afin que je connaisse Christ et l'efficace de sa résurrection et la communion de ses souffrances, me rendant conforme à lui dans sa mort. » Philippiens 3 :10.

    Nous savons que la mort de Christ fut la mort de la croix. Nous savons aussi que cette mort de la croix est sa principale gloire. Sans cette mort il ne serait pas le Christ. Ce qui fait de lui un être à part, soit dans le ciel, soit ici-bas et dans tout l'univers, c'est qu'il est le Fils de Dieu crucifié. Aussi de tous les points de notre conformité avec lui, le principal et le plus glorieux sera nécessairement notre «conformité à sa mort ».
    C'est là ce qui avait tant d'attrait pour Paul. Ce qui a fait la gloire de Christ doit faire la sienne aussi : il sait que pour ressembler à Christ il faut lui être conforme dans sa mort. Ce que cette mort a été pour Christ, elle le sera pour lui et d'autant plus qu'il lui deviendra plus conforme.
    Par sa mort sur la croix Christ en a fini avec le péché. Pendant sa vie le péché avait pu le tenter, mais sur la croix il est mort au péché; le péché ne lui peut plus rien. Notre conformité avec Christ dans sa mort est la force qui nous défendra, nous aussi, contre le péché. Tant que le Saint-Esprit me maintient dans ma position de crucifié avec Christ, tant que Jésus me fait vivre de sa vie, je suis préservé du péché.
    La mort de Christ sur la croix fut pour le Père « une oblation et une victime d'agréable odeur ». (Ephésiens 5 : 2). Oh ! si je veux jouir de la faveur et de l'amour du Père et lui être agréable, je suis certain que rien ne me les assure mieux que ma conformité à la mort de Christ. Rien dans l'univers n'est aux yeux du Père aussi saint, aussi beau, aussi admirable et divin que Jésus crucifié; et plus je me rapproche de Jésus, par ma conformité à sa mort , plus aussi je trouve accès au cœur de mon Dieu. La mort sur la croix ouvrait à Christ la vie de la résurrection, la vie immuable et éternelle.
    Dans notre vie spirituelle, nous avons souvent à déplorer des interruptions, des chutes, des lacunes bien propres à nous faire voir qu'il nous manque encore quelque chose pour jouir de toute la puissance de cette vie de résurrection. Soyons sûrs dans ce cas que notre ancienne nature a conservé quelque débris de vie propre, qui n'a pas encore fait partie de notre conformité à la mort de Christ, et qu'il ne nous manque plus que de partager plus entièrement encore sa mort sur la croix, pour participer pleinement aussi à la joie de sa résurrection.
    C'est avant tout la mort de Christ sur la croix qui a fait de lui puissance de vie pour le monde, bénédiction et salut pour tous. (Jean. 12 : 24, 25). Notre conformité à la mort de Christ met fin, à notre égoïsme : nous nous donnons alors aux autres, nous sommes prêts à vivre, à mourir pour les autres, nous avons pleine confiance aussi que le Père accepte notre renoncement et notre dévouement à souffrir du péché des autres ; et de cette mort-là, nous ressuscitons avec la force d'aimer et de faire du bien.
    Qu'est-elle donc cette conformité à la mort de la croix si riche de bénédictions? En quoi consiste-t-elle ? Nous le voyons par Jésus. La croix signifie l'abnégation complète de soi. La croix est la mort du moi, c'est l'abandon complet de notre propre volonté et de notre vie à la volonté de Dieu, lui laissant faire de nous ce qu'il voudra. Voilà ce que signifiait la croix pour Jésus. Ce ne fut qu'après un terrible combat qu'il put s'y résigner. Quand son âme était angoissée et saisie de tristesse jusqu'à la mort, c'était parce que tout son être reculait d'effroi devant cette croix et sa malédiction. Trois fois il dut prier son Père avant de pouvoir dire : « Non pas comme je veux, mais comme tu yeux ». Il le dit pourtant et sa soumission à la croix revient à ceci : Tout plutôt que de mettre obstacle à la volonté de Dieu. J'abandonne tout, pour que la volonté de Dieu soit faite.
    Voilà comment nous devenons conformes à Christ en sa mort : c'est en nous donnant à Dieu, nous et notre vie, avec toute notre force de volonté et d'action, c'est en apprenant à ne rien être, à ne rien faire que ce que Dieu nous révèle être sa volonté. Cette vie-là s'appelle conformité à la mort de Christ, non seulement parce qu'elle ressemble quelque peu à la sienne, mais parce que c'est lui qui par son Saint-Esprit répète en nous la vie qui l'animait lors de sa crucifixion, sinon la seule pensée de cette conformité serait voisine du blasphème.
    Mais non, il n'y a pas ici de blasphème. Le croyant éclairé par le Saint-Esprit sait que la vie de résurrection n'a de force et de gloire que parce qu'elle est une vie de renoncement qui commence sur la croix. Il se livre à cette vie-là, sachant bien qu'il n'a pas lui-même la force de rien faire de bon ni de saint. Il sait que la puissance de la chair domine et souille tout en lui ; il voue donc à la condamnation et à la croix toutes les forces de son être, tout ce dont il dispose en lui, et par là il met à la disposition de Jésus toutes les forces, toutes les facultés de son corps, de son âme et de son esprit.
    Défiance du moi en toutes choses, confiance en Jésus pour toutes choses. L'esprit de la croix respire dans tout son être. Et ainsi pour celui qui connaît Christ dans la puissance de sa résurrection, il n'y a pas d'effort pénible à se maintenir dans cette conformité avec Christ sur la croix. C'est bien plutôt pour lui repos, force et victoire, car il n'a pas affaire avec une croix morte, ni rien qui résulte de ses propres forces, mais avec Jésus qui est vivant, pour qui la crucifixion est un fait accompli, et qui a passé de là à la vie de la résurrection, « Je suis crucifié avec Christ. Christ vit en moi ». (Galates 2 : 20). Voilà ce qui donne le courage de vouloir être toujours plus conforme à Christ en sa mort.
    Comment parvenir à cette heureuse conformité? Voici ce que Paul nous répond : « Ces choses qui m’étaient un gain je les ai regardées comme une perte à cause de Christ. Bien plus, je regarde toutes choses comme une perte en comparaison de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ, mon Seigneur... afin que je connaisse Christ... devenant conforme à lui dans sa mort ». (Philippiens 3 : 7- 11). Cette perte-là est de grand prix, mais n'est-elle pas bien digne d'être achetée ? Donnons, abandonnons tout, oui, tout, pour être admis avec Jésus sur la croix.
    Et s'il nous paraît dur de tout donner pour n'avoir d'autre récompense qu'une vie sur la croix, écoutons encore Paul nous dire pourquoi il a si volontiers tout abandonné pour choisir la croix. C'était pour « Jésus-Christ, mon Seigneur ». La croix était la place où il pouvait le mieux s'unir à son Seigneur. Connaître Christ, gagner Christ, être trouvé en lui, être fait semblable à lui, voilà le désir brûlant qui lui rendait facile de renoncer à tout, et qui l'attirait si fortement vers la croix. A tout prix se rapprocher de Jésus. Tout pour Jésus! Voilà sa devise. Voilà ce qui répond à cette question: Comment devenir conforme à Christ en sa mort? C'est d'un côté : tout abandonner; c'est de l'autre : laisser entrer Jésus, tout pour Jésus.
    Oui, ce n'est que « la connaissance de Jésus » qui rend possible de lui devenir conforme en sa mort; mais que l'âme « gagne Christ »; qu'elle soit trouvée en lui, qu'elle « le connaisse et reçoive l'efficace de sa résurrection », aussitôt il y a pour elle non seulement possibilité, mais réel bonheur à le faire. C'est pourquoi, cher disciple de Jésus, regarde à lui, à lui le Crucifié.
    Contemple-le jusqu'à ce que ton âme apprenne à dire : O Seigneur, je veux être comme toi ! Contemple-le jusqu'à ce que tu le voies, lui, le Crucifié, s'approcher de toi, dans sa toute-puissance pour te faire vivre de sa vie de crucifixion. C'est par la puissance de l'Esprit éternel qu'il s'est offert à Dieu, et c'est ce même Esprit qui t'apportera, qui te donnera pour en faire ta vie tout ce que comprend cette mort sur la croix, tout ce qu'elle a accompli pour toi. Par cet Esprit saint, Jésus lui-même maintient en toute âme qui se confie en lui, la puissance de la croix, c'est-à-dire la mort au péché, le renoncement à soi-même, en même temps que la source intarissable de la vie et de la puissance de la résurrection. C'est pourquoi regarde à lui, le Crucifié, qui est vivant. Souviens-toi pourtant que, bien que tu doives t'efforcer d'obtenir cette grâce, elle ne te sera pas accordée comme fruit de tes efforts, mais comme un don gratuit qui vient d'En haut. On ne devient conforme à Jésus dans sa mort qu'autant qu'il daigne se révéler lui-même. Cherche donc à recevoir cette grâce de lui directement.
    O Seigneur, tout ceci est trop élevé pour moi. Je ne puis atteindre si haut. Te connaître dans la puissance de ta résurrection, être rendu conforme à toi dans ta mort : ce sont de « ces choses que tu as cachées aux sages et aux intelligents et que tu as révélées aux enfants », à ces âmes d'élite auxquelles seulement « il est donné de connaître les mystères du royaume des cieux » (Mathieu 13 : 11). Seigneur, plus que jamais je vois quelle folie il y aurait à croire que je puis devenir conforme à toi par mes propres efforts. Je m'abandonne donc à ta miséricorde. Regarde-moi selon les richesses de ton amour, et révèle-toi à moi par une grâce de ta libre faveur. Puisque tu condescends du haut de ta demeure céleste à t'abaisser ainsi jusqu'à moi, à me recevoir dans une pleine conformité à ta vie et à ta mort, ô Seigneur, je vivrai et je mourrai pour toi et pour les âmes que tu es venu sauver par ta mort.
    O mon; Sauveur, je sais que tu veux me l'accorder. Ton amour pour chacun de tes rachetés est infini. Enseigne-moi, amène-moi à tout abandonner pour toi, et prends à jamais, possession de moi pour ton service. Oui, je te prie, que ma vie s'emploie à sauver ceux qui périssent et qu'ainsi je devienne en quelque mesure conforme à toi dans ta mort. Amen

VINGT-CINQUIÈME JOUR. COMME CHRIST Donnant sa vie pour les hommes

« Quiconque voudra être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur, et quiconque voudra être le premier entre vous, qu il soit votre esclave; comme le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs. » Mathieu 20 : 215-28.

« Nous avons connu la charité en ce qu'il a donné sa Vie pour nous ; nous aussi nous devons donner notre vie pour nos frères ». 1 Jean 3 : 16.

    Quand on cherche à devenir conforme à Christ en sa mort, à porter la croix et à être crucifié avec lui, voici le danger qui menace tout croyant, même le plus sérieux, c'est de ne désirer ces bénédictions que pour son propre compte, se figurant qu'il suffit pour la gloire de Dieu de devenir plus parfait soi-même. Cette erreur serait fatale, elle empêcherait le croyant d'obtenir cette conformité à la mort de Christ qu'il désire, car il négligerait ainsi l'élément essentiel de cette mort en Christ et du sacrifice qu'elle entraîne, c'est-à-dire l'absence de tout égoïsme et le dévouement aux autres. Devenir conforme à Christ en sa mort implique la mort du moi, l'acte de se perdre de vue soi-même pour se sacrifier aux autres et donner sa vie pour eux. Quant à savoir jusqu'où nous devons aller dans cette voie d'amour, de service et de désir de sauver des âmes, l'Ecriture n'hésite pas à nous donner cette réponse qui ne laisse aucun doute : Nous devons aller aussi loin que Jésus, même jusqu'à donner notre vie. Nous devons si bien considérer ceci comme étant le but pour lequel nous avons été rachetés et pour lequel nous sommes laissés dans ce monde, le seul but pour lequel nous devions vivre, que donner notre vie doit nous paraître une condition toute naturelle et qui va de soi. La seule chose digne de nous retenir dans ce monde doit être, comme pour Christ, la gloire de Dieu et le salut des pécheurs. L'Ecriture n'hésite pas à nous dire que c'est dans la voie de la souffrance que nous devons suivre Christ, cette voie qu'il a suivie lui-même pour accomplir l'expiation et la rédemption ([6]).
    C'est d'ailleurs ce qu'enseignent clairement les paroles mêmes du Maître : « Quiconque voudra être le premier parmi vous, qu'il soit votre esclave, comme le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs ». Le plus haut placé dans la gloire sera celui qui se sera le plus abaissé à servir, qui aura le plus ressemblé au Maître, donnant sa vie en rançon pour plusieurs. Quelques jours après, le Seigneur ajoute encore en parlant de sa mort : «L'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié. En vérité, en vérité, je vous le dis : Si le grain de froment ne meurt après qu'on l'a jeté dans la terre, il demeure seul, mais s'il meurt il porte beaucoup de fruit ». Et tout de suite il applique à ses disciples ces derniers mots, en leur répétant ce qu'ils lui avaient déjà entendu dire : « Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle ». (Jean 12 : 23- 27). Le grain de blé mourant pour sortir de terre de nouveau, perdant sa vie pour la retrouver au centuple, nous est clairement donné ici comme emblème, non seulement du Maître, mais aussi de chacun de ses disciples. Aimer la vie, refuser de mourir, signifie rester dans son égoïsme, tandis que perdre la vie pour porter beaucoup de fruit en se dévouant aux autres, est le seul moyen de la conserver pour soi-même. Pour sauver notre vie, il n'y a pas d'autre moyen que de faire comme Jésus, de la donner pour sauver les autres, et alors intervient le Père, alors « le Père l'honorera ».
     La mort de Christ est de donner sa vie à Dieu pour le salut des autres. Sans cela tout désir de devenir conforme à Christ en sa mort court le risque de n'être qu'un raffinement d'égoïsme. Quel exemple nous donne l'apôtre Paul de cette vie-là, et quel enseignement pour nous dans ces paroles que lui inspire le Saint-Esprit: « Nous portons toujours en notre corps la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car, nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle, de sorte que la mort agit en nous, et la vie en vous ». Car bien qu'il ait été crucifié dans la faiblesse, toutefois il est vivant par la puissance de Dieu; et nous, nous sommes aussi faibles avec lui; mais nous vivrons avec lui par la puissance de Dieu au milieu de vous » 2 Corinthiens 4 : 10-12; 13 : 40. « Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, et j'achève de souffrir en ma chair le reste des afflictions de Christ pour son corps qui est l'Eglise » (Colossiens 1 : 24).
    Ces passages nous enseignent que les souffrances subies par Christ en son corps, lorsqu'il nous représentait sur la croix, caractérisent en quelque mesure les souffrances de « son corps qui est l'Eglise ». Les croyants qui se dévouent à porter devant le Seigneur le poids des péchés des hommes, qui endurent reproches, opprobres, fatigue et douleur pour chercher à sauver des âmes, « achèvent de souffrir en leur chair le reste des afflictions de Christ ». La puissance qui résulte de ses souffrances et de sa mort se communique à eux, tandis que la puissance de la vie de Christ passe par eux en ceux qui sont l'objet de leur travail et de leur amour. C'est là ce que nous dit Paul dans Philippiens 3 : 10. En parlant de « cette communion des souffrances et de cette conformité en sa mort », il avait en vue, non seulement le sens spirituel, mais aussi la participation extérieure et corporelle aux souffrances de Christ.
    Il doit en quelque mesure en être de même pour chacun de nous. Le sacrifice de nous-même, non seulement pour notre sanctification, mais aussi pour le salut de nos semblables, est ce qui nous rend conforme au Christ qui s'est donné pour nous.
    L'application pratique de cette pensée est très simple. Cherchons à comprendre ce que le Saint- Esprit nous enseigne ici. L'essentiel pour ressembler à Christ est de lui être semblable dans sa mort, de même l'essentiel pour lui être semblable dans sa mort est de donner notre vie pour gagner des âmes à Dieu. C'est une mort dans laquelle toute pensée de se sauver; soi-même se perd dans le désir de sauver les autres. Demandons que la lumière du Saint-Esprit nous le fasse bien saisir, nous amenant à sentir que nous sommes dans ce monde, comme Christ y était, pour renoncer à tout égoïsme, pour aimer, pour servir, pour vivre et mourir « comme le Fils de l'homme, qui est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs ». Oh ! veuille notre Dieu faire comprendre à ses enfants qu'ils ne s'appartiennent pas à eux-mêmes, mais qu'ils se doivent à Dieu et à leurs Semblables, et que, comme Christ, ils ne doivent vivre ici-bas que pour être en bénédiction au monde.
    Puis, croyons à la grâce qui est prête à réaliser en nous cette vérité. Croyons que Dieu accepte le sacrifice de toute notre vie pour nous faire vivre à sa gloire et nous employer à sauver les autres.
    Croyons que le Saint-Esprit accomplira en nous, cette conformité à la mort de Christ sur ce point-là qui en est le principe vital. Croyons avant tout en Jésus : c'est lui, oui, lui-même, qui viendra initier à la pleine communion de sa mort toute âme qui s'abandonne entièrement à lui, et qui lui fera porter beaucoup de fruit. Cherchons donc par la foi à devenir semblables à Jésus, attendant cette grâce de son action directe en nous.
    Puis, sans retard, mettons-nous à l’œuvre avec foi, nous tenant pour consacrés, comme Christ, à vivre et à mourir pour Dieu et pour nos semblables. Avec un nouveau zèle, exerçons le ministère d'amour qui cherche à gagner des âmes. Attendons-nous à Christ pour réaliser en nous sa ressemblance, confions-nous au Saint-Esprit pour nous approprier toujours plus l'Esprit de Christ et commençons tout de suite avec foi à vivre comme les disciples de celui dont la vie et la mort ont été en bénédiction aux autres. Que notre amour ouvre la voie dans l’œuvre à faire, nous remplissant de bonté, de douceur, d'obligeance pour tous ceux que nous rencontrons dans la vie de chaque jour. Intercédons auprès de Dieu pour nos semblables, lui demandant aussi de se servir de nous pour répondre à nos prières d'intercession. Parlons et travaillons pour Jésus comme ayant reçu d'En haut une mission et une force qui nous donnent la certitude d'être bénis dans notre travail. Que notre but soit de gagner des âmes. Joignons-nous aux bandes de moissonneurs que le Seigneur envoie dans sa moisson; et nous éprouverons plus tôt que nous ne le pensons que donner sa vie pour en amener d'autres à Dieu, est le meilleur moyen de mourir à soi-même et de devenir ce qu'était le Fils de l'homme, le serviteur et le Sauveur de ceux qui étaient perdus.
    Oh! que de merveilles, que de bénédictions résultent pour nous du devoir et de la possibilité d'être semblables à Christ ! « Il s'est donné lui-même pour nous » (Tit. 2 : 14) ; il n'a pu atteindre les pécheurs qu'en s'offrant en sacrifice à Dieu pour eux. Le grain de froment a dû mourir pour que la vie en sortît : alors la bénédiction divine s'est répandue avec force et puissance. Et moi, je puis bien aussi chercher à aimer et à servir mes semblables, mais je n'aurai d'influence bénie sur eux qu'en me livrant entièrement à Dieu, qu'en remettant ma vie entre ses mains pour eux. C'est en m'offrant en oblation sur l'autel, que je serai en bénédiction aux autres par l'esprit et la puissance de Jésus. C'est quand j'aurai remis mon esprit entre ses mains, qu'il pourra m'employer et me bénir. Seigneur, mon Dieu ! me demandes-tu vraiment de me donner à toi, de te donner ma vie tout entière et jusqu'à la mort pour mes semblables? Si j'ai bien compris les paroles du Maître, tu ne demandes en effet pas moins de moi.
    O mon Dieu ! Veux-tu réellement me prendre à ton service? Veux-tu me permettre, en Christ, comme lui, comme membre de son corps, de vivre et de mourir pour ceux qui m'entourent, de me placer, je le dis avec le plus profond respect, à côté de Christ, sur l'autel de sa mort, crucifié avec lui, en vivant sacrifice à toi pour les hommes : Seigneur, je te bénis de cette grâce divine. Me voici, Seigneur, mon Dieu. Je m'offre à toi. Que ton Saint-Esprit rende cet acte sûr et définitif ! Seigneur! me voici, consacré à toi, ne voulant plus vivre que pour ceux que tu cherches à sauver. Seigneur Jésus, viens toi-même m'apporter le souffle de ton esprit et de ton amour. Prends possession de moi, de mes pensées, de mon cœur, de mes facultés, de ma vie tout entière. Grave ceci dans mon cœur : Je suis consacré à Dieu qui m'a accepté. Garde-moi chaque jour, Seigneur, dans l'attente et l'assurance que Dieu m'emploiera. Quand tu t'es livré toi-même, tu as aussitôt reçu puissance de vie, avec effusion nouvelle de bénédiction céleste. Il en sera de même pour les tiens.
Gloire soit à ton nom. Amen.

[6] Comparez Mathieu 20 : 28 avec Ephésiens 5 : 2, 20, 26; Philippiens 2 : 5-8 ; 1 Pierre 2 : 21-23, et voyez que c'est tout particulièrement ici par rapport à son oeuvre de rédemption que Christ nous est donné en exemple. Donner sa vie pour les autres, est le but de sa vie terrestre.

VINGT-SIXIÈME JOUR COMME CHRIST Dans sa douceur.

« Voici ton roi qui vient à toi débonnaire. » Mathieu 21: 5.

« Apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes.» Mathieu 11 : 29.

    C'est sur le chemin de la croix que nous entendons la première de ces deux paroles. C'est dans les souffrances de notre Seigneur Jésus que se montre toute sa douceur. Disciple de Jésus, toi si prêt à t'abriter sous la croix, contemplant l'Agneau mis à mort pour tes péchés, ne t'est-il pas précieux de penser que tu peux aussi refléter l'image de l'Agneau de Dieu en étant, comme lui, doux et débonnaire chaque jour ?
    La douceur est l'opposé de tout ce qui est rude, amer ou tranchant. Elle doit se faire sentir dans nos rapports avec nos inférieurs. C'est « avec douceur » que les pasteurs doivent instruire ceux qui s'opposent à eux, qu'ils doivent enseigner et ramener ceux qui s'égarent (Galates 6 : 1 ; 2 Timothée 2 : 25). Elle doit se montrer aussi dans nos rapports avec nos supérieurs. Nous devons « recevoir la parole avec douceur » (Jacques 1 : 21). Si la femme doit être soumise à son mari, ce doit être « dans un esprit doux et paisible qui est d'un grand prix devant Dieu ». (1 Pierre 3:4). La douceur, étant un des fruits de l'Esprit, devrait caractériser tous nos rapports avec d'autres chrétiens, puis s'étendre encore au-delà, à tous ceux avec qui nous avons affaire (Ephésiens 4 : 2; Galates 5 : 22; Colossiens 3 : 12 ; Tite 3:2). Elle se trouve dans l'Ecriture à côté de l'humilité, parce que celle-ci est la disposition intérieure d'où naît la douceur à l'égard du prochain.
    Il n'est peut-être aucune des vertus, dont s'entoure l'image du Fils de Dieu, qui soit plus rare à rencontrer chez les personnes appelées à donner l'exemple. On voit un grand nombre de serviteurs de Jésus qui montrent beaucoup d'amour pour les âmes, beaucoup d'empressement à sauver les pécheurs et beaucoup de zèle pour la volonté de Dieu, et qui pourtant ne sont pas en ceci ce qu'ils devraient être. S'ils se trouvent en butte à quelque offense? soit dans leur famille, soit au dehors, ils s'irritent aussitôt, ils s'emportent avec colère, et par là ils perdent toute paix de l'âme, toute paix de Dieu. Avec instance ils ont demandé cette vertu chrétienne ; ils donneraient tout au monde pour pouvoir conserver habituellement la douceur de caractère et la parfaite égalité d'humeur de Christ, soit dans leurs rapports de société et d'affaires, soit aussi dans leur famille et avec leurs domestiques.      Que de luttes, que de découragements, chez ceux qui ont déjà appris à vouloir et à rechercher la douceur et la patience, et qui pourtant ne savent pas encore comment les obtenir!
    Il leur semble si impossible d'avoir de l'empire sur eux-mêmes que pour s'en consoler, ils attribuent cette vertu à un certain tempérament naturel, se disant qu'elle est trop opposée à leur caractère pour que jamais ils puissent la posséder. Pour se justifier, ils recourent à toutes sortes d'excuses : leur intention n'est pas si mauvaise ; quoique leur humeur soit orageuse et leur langue acérée, ils ne manquent pourtant pas d'amour au fond du cœur ; il ne serait d'ailleurs pas toujours bon de se montrer trop facile, ce serait encourager le mal, etc. Ils éludent ainsi le devoir de se conformer à la sainte douceur de l'Agneau de Dieu, et ils confirment les gens du monde dans la pensée que, après tout, les chrétiens ne diffèrent guère des autres, car ils ne voient pas en eux ce qu'ils leur entendent prêcher, que Christ transforme à son image le cœur et la vie de ses disciples.
    Quel tort ils se font à eux-mêmes, aussi bien qu'à l'Eglise de Christ, en négligeant d'être « l'image et la ressemblance de Dieu » selon que la rédemption les y appelle et leur en offre le moyen. La douceur est de grand prix aux yeux de Dieu. L'Ancien Testament contient de belles promesses pour ceux qui sont doux et débonnaires, et Jésus les réunit dans celle-ci : « Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre. » (Psaume 25 : 9; Proverbe 3 : 34; Esaïe 29 : 19; Mathieu 5:5). Dans le Nouveau Testament, quel éloge de la douceur nous donne l'exemple incomparable de notre Seigneur pendant sa vie. Un esprit doux est de grand prix aux yeux de Dieu, puisque c'est celui de son Fils bien-aimé. Le Père ne pouvait présenter à ses enfants de motif plus élevé pour les engager à rechercher la douceur par-dessus toutes choses. Pour qui veut la posséder, la Parole de Dieu abonde en paroles d'encouragement. Ne dit-elle pas : « Apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de cœur ». Et à quoi nous sert-il de savoir que Jésus était doux et humble ? L'exemple de sa douceur ne nous fera-t-il pas sentir d'autant plus tout ce qui nous manque là? Ce que nous te demandons, Seigneur, c'est de nous enseigner comment nous pourrons acquérir cette douceur. Et de nouveau voici cette même réponse : « Apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de cœur ».
    Quand nous cherchons à obtenir la douceur, ainsi que toute autre grâce du Seigneur Jésus, nous risquons de nous tromper sur la manière dont il les donne. Nous voudrions être certains de les posséder avant de les mettre en pratique. Ce n'est pas là la voie de la foi. Moïse ne savait pas que « son visage fût rayonnant », il savait seulement qu'il avait vu la gloire de Dieu. L'âme qui veut obtenir la douceur doit apprendre de Christ qu'il est doux et humble. Il faut prendre le temps de contempler la douceur de Jésus jusqu'à ce que le cœur en reçoive le reflet. Lui seul est d'un esprit doux ; en lui seul se trouve la véritable douceur. Quand nous commençons à le comprendre, il faut que notre cœur s'arrête à cette vérité : Celui qui est doux et humble, c'est Jésus, mon Sauveur.
    Tout ce qu'il est, tout ce qu'il a, appartient à ses rachetés. Sa douceur doit donc nous être communiquée; mais il ne le fait pas en nous la donnant comme quelque chose qui se détacherait de lui pour s'attacher à nous. Non ! Nous devons apprendre que lui seul est doux et humble, et que c'est seulement quand il entre dans un cœur et dans une vie pour en prendre possession, qu'il y apporte avec lui sa douceur. C'est la douceur de Jésus qui nous rendra doux et débonnaires.
    Nous savons combien il a peu réussi sur la terre à rendre ses disciples doux et humbles. C'est qu'alors il n'avait pas encore obtenu sa vie nouvelle et ne pouvait pas, comme après sa mort et par sa résurrection, leur donner le Saint-Esprit. Mais à présent il le peut. Il a reçu la puissance divine pour régner du haut des cieux dans notre cœur, pour vaincre tout ennemi et pour continuer en nous sa vie de sainteté. Jésus a été notre modèle sur la terre, afin de nous faire voir ce qu'était ce la vie cachée, qu'il devait ensuite nous communiquer en venant demeurer en nous (Colossiens 3:3).
« Apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de cœur ». Cette parole résonne sans cesse à nos oreilles comme une réponse du Seigneur à toutes les lamentations de ses rachetés qui se plaignent de ne pouvoir dominer leur humeur. O mon frère, pourquoi Jésus est-il votre Sauveur, votre vie et votre force, pourquoi est-il doux et humble de cœur, sinon pour vous donner sa douceur?
    Croyez seulement ! Croyez que Jésus a la puissance de remplir votre cœur de son esprit de douceur. Croyez que Jésus lui-même accomplira en vous par son Esprit l’œuvre que vous avez en vain cherché à accomplir vous-même, « Voici ton roi qui vient à toi débonnaire ». Accueillez-le. Qu'il soit le bienvenu dans votre cœur. Comptez sur lui pour se révéler lui-même à vous. Tout dépend de là. « Apprenez de lui, parce qu'il est doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de votre âme. »
    O mon Sauveur, accorde-moi de pouvoir, sous l'influence de ton Saint-Esprit, me rapprocher de toi et m'approprier ta céleste douceur. Seigneur, tu ne m'as pas donné l'exemple de ta douceur comme un Moïse qui impose des commandements sans donner la force de les accomplir. Tu es Jésus, tu sauves de tout péché et tu remplaces le péché par ta sainteté divine. Seigneur, je réclame ta douceur comme faisant partie du salut que tu m'as accordé. Je ne puis m'en passer. Comment puis-je te glorifier, si je ne la possède pas? Seigneur, je veux apprendre de toi, parce que tu es doux et humble. Seigneur, enseigne-moi que tu es toujours avec moi, toujours en moi, que tu es ma vie.
    Dès que je demeure en toi, et que toi, tu demeures en moi, je te possède avec ta douceur, et tu me rends semblable à toi.
    O, sainte douceur! Tu n'es pas descendue du ciel sur la terre pour une courte visite seulement, puis pour disparaître de nouveau dans les cieux. Tu es venue chercher une demeure ici-bas. Je t'offre mon cœur; viens y faire ta demeure.
    O toi, Agneau de Dieu, mon Sauveur, mon Secours ! c'est sur toi que je compte ; c'est en habitant toi-même en moi que tu me communiqueras ta douceur et que tu me rendras conforme à ton image. Viens donc, O Seigneur ! Daigne à présent même te révéler à moi comme mon Roi débonnaire, prêt à prendre possession de moi, à me communiquer dans le secret de mon coeur tout ce que tu es pour moi. Amen

VINGT-SEPTIEME JOUR. COMME CHRIST Demeurant dans l'amour de Dieu.

« Comme mon père m'a aimé, je vous ai aussi aimés... demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme j'ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. » Jean 15 : 9, 10.

    Notre Seigneur ne s'est pas borné à nous dire : « Demeurez en moi », il nous dit encore : «Demeurez dans mon amour ». Pour demeurer en lui, il faut d'abord entrer, se plonger, s'immerger dans cet amour admirable dont il nous a aimés jusqu'à se donner pour nous. «L'amour ne cherche point son intérêt » (1 Corinthiens 13 : 5). Il sort de lui-même pour se donner à ceux qu'il veut aimer.
    Demeurer en Christ, c'est nous perdre dans l'Amour Infini, c'est éprouver qu'il nous aime, c'est ne pouvoir être heureux que dans son amour.
    Pour nous révéler toute la divine excellence de son amour pour nous, Jésus, en nous invitant à demeurer dans son amour, nous dit qu'il est le même que l'amour du Père pour lui. Rien pourrait-il nous faire désirer davantage de demeurer dans son amour? « Comme mon Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés; demeurez dans mon amour ». Notre vie peut donc être, comme celle de Christ, indiciblement heureuse de la certitude que l'Amour Infini nous enveloppe et se complaît à nous aimer.
    Nous savons que ce fut là le secret de la vie admirable de Christ, le secret aussi de sa force à l'approche de la mort. A son baptême s'était fait entendre ce divin message apporté par le Saint- Esprit, et confirmé plus tard par le même Esprit : « C'est ici mon Fils bien-aimé en qui j'ai pris plaisir » (Mathieu 3 : 16). Plus d'une fois nous lisons : «Le Père aime le Fils » (Jean 3: 35 ; 5 : 20) ; et Christ en parle comme de son plus grand bonheur : «Que le monde connaisse que tu les aimes comme tu m'as aimé. Tu m'as aimé avant la fondation du monde. Que l’amour dont tu m'as aimé soit en eux » (Jean 17 : 19-26). Ainsi que nous marchons ici-bas à la lumière du soleil qui nous entoure, Jésus marchait continuellement à la lumière de l'amour du Père. C'est comme le Bien-aimé du Père qu'il put faire la volonté de Dieu et accomplir son oeuvre. Il demeurait dans l'amour du Père.
    Nous sommes de même les bien-aimés de Jésus. Comme le Père l'a aimé, il nous aime aussi. Pour le savoir nous n'avons qu'à prendre le temps de fermer les yeux à tout ce qui nous entoure, et d'adorer, et d'attendre jusqu'à ce que l'amour infini de Dieu, dans toute sa puissance et sa gloire, se répande sur nous en passant par le cœur de Jésus, qu'il se fasse connaître à nous, et qu'il prenne entièrement possession de nous. Oh, si le chrétien voulait bien prendre le temps de se pénétrer de cette pensée : « Je suis le Bien-aimé du Seigneur, Jésus m'aime d'instant en instant précisément comme le Père l'aimait », avec quelle foi croissante il pourrait se dire qu'étant aimé comme Christ l'était, il doit aussi marcher comme Christ a marché !
    Voici encore ce que cette comparaison offre à notre examen. Ce n'est pas seulement l'amour dans lequel nous devons demeurer qui est semblable à celui dans lequel Jésus demeurait, c'est encore le moyen d'y parvenir qui est pour nous le même que pour lui. Comme Fils, Christ possédait déjà l'amour du Père quand il vint dans le monde, mais ce n'est que par son obéissance qu'il pouvait s'assurer la continuation de cet amour, qu'il pouvait y demeurer. Et il ne s'agissait pas d'une obéissance qui ne lui coûtât rien, loin de là; c'était en renonçant à sa propre volonté, en apprenant à obéir dans tout ce qu'il avait à souffrir, en se rendant obéissant jusqu'à la mort de la croix, qu'il gardait les commandements du Père et demeurait dans son amour. « Voici pourquoi mon Père m'aime, c'est parce que je donne ma vie... J'ai reçu cet ordre de mon Père ». « Le Père ne m'a point laissé seul parce que je fais toujours ce qui lui est agréable » (Jean. 10 : 17, 18 ; 8 : 20).
    Après nous avoir donné cet exemple et nous avoir montré par là que la voie de l'obéissance nous assure l'amour de Dieu, il nous invite à le suivre, « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour ».
    Obéir comme Christ, amène à jouir comme lui de l'amour divin. Oh! quelle assurance nous en recevons pour compter sur la présence de Dieu. « Aimons en effet et en vérité, car c'est en cela que nous assurerons nos cœurs devant lui... Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne point, nous avons de l'assurance devant Dieu. Et quoi que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable » (1 Jean 3 : 18-23).
    Quelle hardiesse nous puisons là pour affronter l'opinion des hommes, quelle indépendance de leur approbation ou de leur désapprobation, car nous n'agissons plus alors que selon l'ordre de Dieu, Nous n'avons plus qu'à obéir à ses ordres. Et quelle hardiesse aussi en face des difficultés et des dangers ! Puisque nous faisons la volonté de Dieu, nous osons lui laisser toute responsabilité de réussite ou de non-réussite. Le cœur, préoccupé d'obéir à Dieu seul, s'élève alors au-dessus du monde pour ne vouloir que ce que Dieu veut, et il sent que l'amour de Dieu repose sur lui. Comme Christ, il demeure alors dans l'amour de Dieu.
    Cherchons à apprendre de Christ ce que c'est qu'une vie réglée par cet esprit d'obéissance. C'est d'abord un esprit de dépendance, c'est reconnaître que nous n'avons plus aucun droit à faire en rien notre propre volonté et que nous y renonçons. C'est encore un esprit docile. Convaincu de l'influence trompeuse de la tradition, des préjugés et des habitudes, il ne tire plus ses préceptes des hommes, mais il les reçoit de Dieu lui-même. Convaincu aussi de l'insuffisance de l'intelligence humaine pour comprendre la Parole de Dieu, pour en recevoir force et vie spirituelle, il sent le besoin de recourir au Saint-Esprit pour l'étudier à sa lumière. Il sait que ses propres vues sur la vérité et sur le devoir sont très partielles et défectueuses, et il compte sur Dieu lui-même pour lui donner des vues plus claires, pour ouvrir des horizons plus élevés.
    Il a remarqué cette parole de Dieu : « Si tu écoutes attentivement la voix de l'Eternel ton Dieu, si tu fais ce qui est droit à ses yeux » (Exo. 15 : 26), il a compris que l'obéissance n'est acceptable et possible que lorsque le commandement ne lui vient pas seulement de la conscience, de la mémoire ou de la Bible, mais qu'il sort de la bouche de Dieu, qu'il est la voix de Dieu lui parlant par l'Esprit. Il sait que l'obéissance n'a toute sa valeur et qu'elle n'est pleinement bénie que si elle exécute les ordres du Père, directement pour lui-même. Il a grand soin de rester sur l'autel où il s'est consacré à Dieu, d'avoir l’œil et l'oreille au guet pour saisir chaque indication de la volonté de Dieu. Il ne se contente pas de faire le bien pour sa propre satisfaction, mais il met toutes choses sous le contrôle de son Dieu, faisant toutes choses « comme pour le Seigneur » (Colossiens 3 : 23). Il veut que chaque heure de la journée et chaque pas dans la vie le mette en relation avec Dieu. Il s'applique donc à obéir  consciencieusement au Père dans les petites choses de chaque jour, voyant là la seule manière de se préparer à un travail plus étendu. Tout son désir est de glorifier Dieu en accomplissant sa sainte volonté, et pour réaliser ce désir, il travaille de tout son cœur et de toutes ses forces à exécuter cette volonté divine à chaque instant du jour. Pour tout cela, sa seule récompense, mais récompense amplement suffisante, est de savoir qu'en faisant la volonté de Dieu, il suit la voie ouverte par Christ lui-même, la voie qui fait entrer plus avant dans l'amour de Dieu. « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ».
    Oh! quelle bénédiction que cette obéissance-là qui nous amène à demeurer comme Christ dans l'amour divin ! Pour l'obtenir, il faut étudier encore mieux ce qu'était Christ. Il avait renoncé à lui-même, il s'était « abaissé lui-même, se rendant obéissant» (Philippiens 2:8). Qu'il veuille nous donner à nous aussi ce renoncement et cette humilité ! A l'école de Dieu, « Il a appris l'obéissance, et, ayant été rendu parfait, il est devenu l'auteur d'un salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent » (Hébreux 5: 8, 9). Il faut que nous apprenions aussi de lui l'obéissance, que nous l'écoutions nous dire qu'il ne faisait rien de lui-même, qu'il ne faisait que ce qu'il voyait faire au Père, que ce qu'il apprenait de lui. Nous avons besoin de savoir que son entière dépendance du Père, que son recours continuel au Père était la source de son obéissance habituelle, comme aussi le moyen de pénétrer toujours mieux les secrets du Père. (Jean 5 : 19, 20). (Voyez : Quinzième jour). L'amour de Dieu et l'obéissance de l'homme vont ensemble comme une serrure et une clef faites l'une pour l'autre.
    C'est la grâce de Dieu qui met la clef dans la serrure, et c'est l'homme qui se sert de la clef pour ouvrir les trésors de l'amour divin.
    A la lumière de l'exemple et des paroles de Christ, quel sens nouveau revêtent ces promesses de Dieu à son peuple : « Je te bénirai certainement et je multiplierai ta postérité parce que tu as obéi à ma voix ». (Genèse 26 : 4). « Si Vous obéissez à ma voix, vous serez aussi mon plus précieux joyau ». (Exode 19 : 5). « L'Eternel ton Dieu te bénira certainement... pourvu seulement que tu obéisses à la voix de l'Eternel ton Dieu » (Deutéronome 15 : 4, 5). C'est par l'amour et l'obéissance que s'établissent nos rapports avec Dieu; d'un côté l'amour de Dieu se donnant lui-même à l'homme avec tout ce qu'il a, de l'autre l'obéissance du croyant, se donnant à Dieu avec tout ce qu'il a.
    On a beaucoup parlé, ces dernières années, de renoncement à soi-même et d'entière consécration à Dieu, et des milliers d'âmes louent le Seigneur de tout le bien qu'elles ont reçu de lui par le moyen de ces deux mots : mais prenons garde de ne chercher là qu'une jouissance spirituelle, qu'un état d'âme à conserver, négligeant d'en faire l'application directe et simple, c'est-à-dire d'obéir à la volonté de Dieu. Souvenons-nous dans le courant de notre vie, de ce mot obéissance, que Dieu emploie souvent, « Obéir vaut mieux que sacrifice » (1 Samuel 15 : 22). Le sacrifice de soi à Dieu n'est rien sans obéissance, car ce mot même implique l'obéissance. C'est l'obéissance douce et humble de Christ, comme fils et serviteur, qui rendait son sacrifice «d'agréable odeur »; c'est l'obéissance de l’enfant prompt à écouter la voix du Père, puis à faire ce qui est bien à ses yeux, qui témoignera en nous que nous lui sommes agréables.
    Cher lecteur, cette vie-là ne sera-t-elle pas la vôtre aussi? Obéir à Jésus et demeurer dans son amour, n'est-ce pas simple autant que sublime !
    O mon Dieu, que dire de cet échange de la vie de la terre, contre la vie du ciel que tu viens de placer devant moi ? Ton Fils, notre Seigneur, nous a montré qu'il est possible à l'homme sur la terre de vivre tout enveloppé de l'amour de Dieu, pourvu qu'il veuille se soumettre à ta volonté, obéir à ta voix. Il nous a montrés aussi quel bonheur il y a à le faire. Puisque Christ est à nous, puisqu'il est notre Tête et notre Vie, nous savons que nous aussi, nous pouvons, en quelque mesure, vivre et marcher comme lui, et nous réjouir en ton amour, certains que tu acceptes à cause de lui notre faible obéissance à tes commandements. O mon Dieu, quelle grâce insigne que celle d'être appelés à demeurer comme Christ dans ton amour par l'obéissance que ton Esprit opère en nous. Seigneur Jésus, comment te rendre grâce d'avoir réalisé sur la terre cette vie-là pour m'y faire participer moi-même? O Seigneur, je n'ai qu'à m'abandonner de nouveau à toi pour que tu me fasses garder tes commandements comme tu as gardé ceux du Père. Seigneur, révèle-moi le secret de ta propre obéissance, de ta promptitude à écouter, de ta vigilance, de ta douceur, de ton humilité et de ta confiance filiale au Père bien-aimé dont tu savais être le Fils bien-aimé. Mon Sauveur, remplis mon cœur de ton amour; et alors avec foi en ton amour, je pourrai, moi aussi, t'obéir. Oui, Seigneur, que toute ma vie s'emploie à garder tes commandements et à demeurer dans ton amour.  Amen.

VINGT-HUITIÈME JOUR COMME CHRIST Conduit par l'Esprit.

« Jésus rempli du Saint-Esprit, revint du Jourdain, et fut conduit par l'Esprit dans le désert. » Luc. 4 :1.
« Soyez remplis de l'Esprit. » Ephésiens 5 : 18.
« Car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu, sont enfants de Dieu. »
Romains 8 : 14.

    Dès sa naissance, le Seigneur Jésus avait l'Esprit de Dieu demeurant en lui, et pourtant, il avait besoin parfois que le Père le lui communiquât plus particulièrement encore. Il en fut ainsi à son baptême, quand il reçut le baptême du Saint-Esprit après avoir reçu le baptême d'eau ; il fut alors rempli du Saint-Esprit. Il remonta du Jourdain, éprouvant plus manifestement que jamais la direction de l'Esprit. Dans le désert, il lutta et vainquit, non par sa propre puissance divine, mais comme un homme fortifié et conduit par le Saint-Esprit. En ceci aussi, il était « semblable en toutes choses à ses frères ». (Hébreux 2 : 17).
    Réciproquement, il est tout aussi vrai que ses frères sont en toutes choses rendus semblables à lui. Ils sont appelés à vivre comme lui, et ceci ne leur serait pas demandé s'ils ne disposaient pas de la même force que lui. Cette force est le Saint-Esprit que nous recevons de Dieu. Comme Jésus fut rempli de l'Esprit, puis conduit par l'Esprit, nous aussi, nous devons être remplis de l'Esprit et conduits par l'Esprit.
    Quand nous méditons sur les divers traits du caractère de Christ, ne nous semble-t-il pas souvent impossible de lui ressembler, nous qui avons si peu vécu pour lui et qui nous sentons si peu capables de vivre comme lui? Reprenons courage en nous souvenant que Jésus lui-même ne pouvait vivre ainsi que par l'Esprit. C'est après avoir été « rempli du Saint-Esprit », qu'il « fut conduit par l'Esprit, » au champ de la lutte et de la victoire. La même bénédiction est à nous, aussi bien qu'à lui : nous aussi, nous pouvons être remplis de l'Esprit et conduits par l'Esprit. Jésus, qui a été baptisé par l'Esprit, afin de nous donner l'exemple d'une vie sainte, est monté au ciel pour nous baptiser, nous aussi, et nous rendre par là semblables à lui. Celui qui veut vivre comme Jésus, doit donc commencer par être baptisé de l'Esprit. Tout ce que Dieu demande de ses enfants, il commence par le leur donner. Il nous demande de ressembler à Christ, parce qu'il veut nous donner, comme à lui, la plénitude de l'Esprit. Il faut que nous soyons remplis de l'Esprit.
    Nous voyons ici pourquoi on prêche si peu dans l'Eglise de Christ la nécessité de l'imiter et de lui ressembler. On croyait généralement pouvoir y parvenir par ses propres forces, à l'aide de quelque influence du Saint-Esprit; on ne comprenait pas qu'il ne faut rien de moins que d'être rempli du Saint-Esprit. Comment s'étonner qu'on regardât comme impossible d'être semblable à Christ, puisqu'on avait perdu de vue la nécessité d'être rempli du Saint-Esprit. On voyait là le privilège d'un petit nombre seulement, et non le devoir auquel est appelé tout enfant de Dieu. On ne réalisait pas assez que : « soyez remplis de l'Esprit » est un commandement qui s'adresse à tout chrétien. Quand l'Eglise fera la place voulue au baptême de l'Esprit et à Jésus, le Sauveur qui baptise du Saint-Esprit chacun de ceux qui croient en lui, qu'on cherchera à être semblable à Christ et qu'on y parviendra, on reconnaîtra alors que, pour être semblable à Christ, il faut être conduit par le même Esprit que lui, et que, pour être conduit par le même Esprit, il faut être rempli de l'Esprit. La plénitude de l'Esprit est absolument nécessaire pour vivre en vrai chrétien, d'une vie conforme à celle de Christ.
    Le moyen d'obtenir cette grâce est simple : C'est Jésus qui baptise de l'Esprit; celui qui vient à lui, désirant recevoir ce baptême, l'obtiendra. Pour cela, ce que le Seigneur demande de nous, c'est notre entière reddition, c'est que nous renoncions complètement à nous-même pour nous abandonner à lui avec pleine confiance. Voilà ce qui nous permet de recevoir ce qu'il donne.
    Oui, renoncer à soi-même par la foi. Jésus vous demande si vous voulez réellement suivre ses traces et, pour cela, si vous voulez être baptisé du Saint-Esprit. N'hésitez pas à le vouloir. Jetez les yeux sur toutes les promesses qu'il nous fait de nous communiquer son amour et son Esprit, considérez quel privilège en est la conséquence : comme moi, vous aussi. Souvenez-vous que c'est à propos de cette ressemblance avec lui, qu'il disait à son Père : « Je leur ai fait part de la gloire que tu m'as donnée ». (Jean 17 : 22). Songez combien l'amour de Christ et le désir de lui plaire, combien la gloire de Dieu et les besoins du monde plaident auprès de vous pour vous engager à ne pas négliger ce céleste droit d'aînesse, le droit d'être semblable à Christ. Reconnaissez les droits sacrés de Christ sur vous qui êtes racheté par son sang, et que rien ne vous empêche de répondre :
    Oui, Seigneur, autant qu'il est permis à une créature tirée de la poudre de la terre, je veux être comme toi; je suis tout à toi. Je dois et je veux être « en toutes choses » ton image, et c'est pour cela que je te demande de me remplir de l'Esprit.
    Renoncer à soi-même par la foi, voilà ce que veut le Seigneur, et pas moins que cela. Donnons-lui ce qu'il nous demande. Et si nous renonçons à nous-mêmes pour devenir semblables à lui en toutes choses, faisons-le avec la confiance et la sécurité qu'il nous accepte, et qu'aussitôt il fait agir en nous l'Esprit avec plus de puissance. Croyons-le, lors même que nous n'en ferions pas tout de suite l'expérience. Pour être remplis du Saint-Esprit, nous devons nous attendre à Jésus avec foi, bien certain que son amour veut nous donner plus encore que nous ne le prévoyons.
    Avec cette assurance-là, abandonnons-nous entièrement à lui. Que notre renoncement et notre foi soient sans réserve. Pour suivre Christ, il faut obéir à cette loi fondamentale : « Celui qui aura perdu sa vie à cause de moi, la retrouvera ». (Mathieu 10 : 39). Le Saint-Esprit vient alors nous dépouiller de notre ancienne vie et nous donner la vie de Christ. Renoncez donc à cette ancienne vie, où vous avez voulu agir par vos propres forces et veiller par vos propres efforts, et croyez que le Saint-Esprit renouvellera incessamment en vous votre vie spirituelle, tout aussi naturellement que l'air que vous respirez entretient la vie de votre corps. Dans l’œuvre du Saint-Esprit en vous, il n'y aura ni rupture, ni interruption. Vous serez enveloppé du Saint-Esprit comme de votre élément vital ; il vous sera comme l'air que vous respirez. Par l'Esprit, « Dieu produira en vous le vouloir et le faire selon son bon plaisir » (Philippiens 2 : 13).
    O chrétien, ayez un profond respect pour l’œuvre de « l'Esprit qui habite en vous ». (Romains 8 : 11). Croyez que la volonté de Dieu est de faire agir en vous son Esprit avec puissance, de vous rendre ainsi d'instant en instant conforme à l'image de Christ. Occupez-vous de Jésus et de sa vie sur la terre, cette vie qui est à la fois votre modèle et votre force, et soyez certain que le Saint-Esprit saura faire son oeuvre dans le secret de votre cœur, en vous communiquant quelque chose de Jésus. 
    Souvenez-vous que la plénitude de l'Esprit est à vous en Jésus, que c'est là un don que vous acceptez et que vous gardez par la foi, quoique vous ne le sentiez pas comme vous le voudriez. Comptez donc sur lui pour faire en vous tout le nécessaire. Vous pourrez bien ne sentir que faiblesse, que crainte et tremblement, et pourtant vos paroles, vos actes et tout l'ensemble de votre vie manifesteront la présence de l'Esprit et sa puissance. Vivez avec la confiance que la plénitude de l'Esprit est à vous, et que vous ne serez pas déçu dans votre attente, si, regardant à Jésus, vous vous réjouissez chaque jour de savoir votre vie spirituelle aux soins du Saint-Esprit, le Consolateur. C'est ainsi que la présence de Jésus en vous, vous fera vivre à sa ressemblance, car, du moment où l'Esprit de vie de Jésus-Christ résidera en vous, il faudra nécessairement que votre vie en devienne conforme à la sienne aux yeux de tous.
    Souvenez-vous aussi que l'Esprit ne déploie toute sa puissance que dans les rapports mutuels des membres du corps de Christ, lorsqu'ils se consacrent entièrement à servir le Seigneur dans le monde. C'est quand Jésus eut consacré sa vie à se mêler à tous ceux qui l'entouraient, c'est après avoir reçu comme eux le baptême d'eau, qu'il fut baptisé du Saint-Esprit.
    Et c'est quand il s'est donné lui-même en sacrifice dans le second baptême de sa passion, qu'il a reçu le pouvoir de nous donner le Saint-Esprit. Mettez-vous en relation avec les enfants de Dieu qui voudront demander et attendre avec vous le baptême de l'Esprit. Les disciples n'ont pas reçu l'Esprit séparément, mais pendant qu'ils étaient « tous d'un accord dans un même lieu ». (Actes 2:1).
    Réunissez-vous aux autres enfants de Dieu autour de vous pour travailler ensemble à sauver des âmes, et l'esprit vous donnera d'en haut tout ce qu'il vous faudra pour ce travail. Le Seigneur accomplira sa promesse à l'égard du serviteur plein de foi et de bonne volonté qui désire recevoir l'Esprit, non pour sa propre jouissance seulement, mais pour travailler au service de son Maître. C'est pour pouvoir travailler, vivre et mourir pour nous que Christ a été rempli de l'Esprit.
    Consacrez-vous donc à vivre et à mourir pour vos semblables, et soyez sûr qu'alors vous pourrez compter sur une plénitude de l'Esprit semblable à celle que Christ avait reçue.
    Seigneur, tu veux nous rendre toujours plus semblables à toi en nous donnant ton Saint-Esprit! Tu nous as dit que son oeuvre est de nous faire mieux connaître ce que tu es, de manifester ta présence en nous. C'est lui qui nous apporte et qui nous assimile tout ce que tu as acquis pour nous, toute la vie, toute la sainteté, toute la puissance que nous voyons en toi. Il prend de ce qui est à toi pour nous le communiquer. Seigneur Jésus ! nous te rendons grâce du don que tu nous as fait du Saint-Esprit.
    Et maintenant, nous t'en supplions, remplis-nous, oh ! remplis-nous de ton Saint-Esprit ! Seigneur, moins que cela ne saurait nous suffire. Nous ne pouvons pas être conduits comme toi, nous ne pouvons pas lutter et vaincre comme toi, nous ne pouvons pas marcher et travailler comme toi, à moins d'être, comme toi, remplis du Saint-Esprit. Loué, béni soit ton nom ! Tu as commandé, tu as promis; nous devons donc recevoir ton Esprit, et nous le recevrons.
    Divin Sauveur, daigne engager tous tes disciples à se réunir pour demander, attendre et recevoir ensemble un baptême de l'Esprit. Ouvre leurs yeux, fais-leur voir toutes les promesses qui leur annoncent l'envoi de ton Esprit. Dispose leur sœur à se consacrer, comme toi, à vivre et à mourir pour leurs semblables. Nous savons avec quel bonheur tu agiras alors en eux, comme celui « qui baptise du Saint-Esprit et de feu ». Gloire à ton nom ! Amen.

VINGT-NEUVIÈME JOUR COMME CHRIST Vivant par le Père.

« Comme je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. » Jean 6 : 57.

    Chaque fois qu'il est question de marcher sur les traces de Christ et de lui être semblable, on sent mieux le besoin de fixer ses regards sur l'intime et vivante union qui relie le Précurseur à ses successeurs. Plus nous méditons ces mots: Comme Christ, plus ils nous paraissent impossibles à réaliser sans ceux-ci : En Christ. La ressemblance extérieure n'est que la manifestation de l'union intérieure. Pour faire les mêmes oeuvres que Christ, il faut que je possède la même vie que lui.
    A mesure que je le prends davantage pour mon Modèle, je suis obligé de le regarder comme ma Tête. Ce n'est que sa vie en nous qui peut nous faire marcher comme lui.
    Quelle promesse bénie nous offre ici notre texte, nous assurant que la vie de Christ sur la terre et notre vie, à nous, sont réellement semblables : « Comme je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi ». Si vous voulez savoir ce qu'est la vie en Christ, savoir ce qu'il sera pour vous, et tout ce qu'il fera en vous? vous n'avez qu'à contempler ce qu'était le Père pour lui, et tout ce qu'il faisait en lui. La vie de Christ en son Père et par le Père vous offre le modèle et vous donne la mesure de ce que peut être votre vie en Christ et par Christ. Cherchons à le comprendre.
    Comme la vie de Christ était une vie cachée en Dieu dans le ciel, la nôtre doit l'être aussi. Quand il se dépouilla de sa gloire divine, il renonça à faire usage de ses attributs divins. Comme homme, il devait vivre par la foi. II devait recourir au Père pour obtenir de lui la sagesse et la puissance qu'il plaisait au Père de lui communiquer. Il dépendait entièrement du Père. Sa vie était cachée en Dieu. Ce n'était pas en vertu de son indépendance et de sa divinité qu'il parlait et qu'il agissait, selon que le Père lui enjoignait de le faire, c'était en vertu de l'action de l'Esprit saint en lui.
    Pour vous, croyant, c'est exactement de la même manière que « votre vie doit être cachée avec Christ en Dieu ». (Colossiens 3:3). Que ceci vous fortifie dans la voie à suivre. Christ vous appelle à une vie de foi et de dépendance, parce que cette vie-là a été la sienne. Il en a éprouvé lui-même la bénédiction et à présent il veut faire passer sa vie en vous, vous apprenant à ne plus vivre autrement. Il savait que le Père était sa vie, qu'il vivait par le Père, et que le Père pourvoyait d'instant en instant à tout ce dont il avait besoin. Et maintenant, il vous assure que, comme il vivait par son Père, vous aussi, vous vivrez par lui. Recevez avec foi cette assurance. Que votre cœur se réjouisse de la plénitude de vie qui vous est préparée en Christ, sachant que cette vie-là peut suffire à tout ce dont vous avez besoin. Ne vous figurez donc plus que ce soit à vous d'entretenir votre vie spirituelle avec effort et peine; réjouissez-vous bien plutôt de n'avoir pas à vivre par vos propres forces, mais de pouvoir vivre de la vie divine de notre Seigneur Jésus, ainsi que lui-même vivait de la vie du Père.
    La vie de Christ était une vie de puissance divine, quoiqu'elle fût une vie de dépendance ; la nôtre le sera aussi. Jamais il ne s'est repenti d'avoir dépouillé sa gloire, pour vivre devant Dieu comme un homme sur la terre. Jamais le Père n'a trompé sa confiance. Il lui donnait toujours tout ce qu'il lui fallait pour accomplir son oeuvre, et Christ faisait l'expérience que, malgré tout le bonheur dont il avait joui en étant semblable à Dieu, dans le ciel, il n'y avait pas moins de bonheur à vivre sur la terre dans une entière dépendance du Père, recevant tout de sa main, jour après jour.
    Croyant, si vous le voulez, vous pouvez réaliser la même vie. La puissance divine du Seigneur Jésus agira en vous et par vous. Ne pensez pas que vos circonstances terrestres vous rendent impossible d'avoir une vie sainte à la gloire de Dieu. C'est précisément pour réaliser la vie divine ici-bas, au milieu de circonstances terrestres encore plus difficiles, que Christ est venu et a vécu sur la terre. Vous pouvez, vous aussi, avoir par lui une vie céleste aussi bénie que le fut celle qu'il obtenait du Père. Attendez beaucoup du Seigneur et de ce qu'il fera par vous. Que tout votre désir soit de parvenir à une union plus complète avec lui. Il est impossible de dire tout ce que le Seigneur Jésus ferait pour une âme qui voudrait sincèrement vivre par lui, comme lui vivait par le Père.     C'est précisément parce qu'il recevait tout du Père, que le Père rendait sa vie et ses oeuvres si admirables ; vous aussi, vous éprouverez pour votre travail que Jésus se charge entièrement de faire tout en vous.
    La vie de Christ a été la preuve évidente de son union avec le Père; la nôtre le sera aussi. Jésus dit : « Comme le Père m'a envoyé et que: je vis par le Père,.. » Quand le Père voulut se révéler à l'homme dans son amour, il ne put confier cette oeuvre à nul autre qu'à son Fils bien-aimé qui était un avec lui. C'est parce qu'il était son Fils que le Père l'a envoyé, et l’ayant envoyé, il ne pouvait faire autrement que de pourvoir à tout ce que réclamait sa vie. L'union sur laquelle reposait cette mission donnait à Jésus la certitude qu'il vivrait ici-bas en recevant tout du Père, qu'il vivrait de la vie même du Père.
    « Ainsi, celui qui me mange vivra par moi ». Jésus avait déjà dit auparavant : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi et moi en lui ». (Jean 5 : 56). Par sa mort, il avait donné sa chair et son sang pour la vie du monde. Par la foi, notre âme participe à la puissance de sa mort et de sa résurrection, et acquiert ainsi un droit à sa vie, comme il avait droit lui-même à la vie du Père. Les mots : « celui qui me mange, » expriment l'union intime, la communion non interrompue qui s'établit entre le croyant et le Seigneur Jésus, et qui devient la puissance de sa vie.
    Aussi, toute âme qui veut vivre entièrement et uniquement par Christ devra se nourrir de lui chaque jour et s'approprier ainsi sa vie.
    Pour y parvenir, cherchez d'un cœur plein de foi à réaliser sans cesse que toute la plénitude de la vie de Christ est réellement à vous. Contemplez avec bonheur, en Jésus le Représentant de l'humanité dans le ciel, pensez à tout ce que Dieu vous a préparé en lui, votre Tête, à tout ce que le Saint-Esprit est chargé de faire passer de cette Tête en vous, continuellement et sans obstacle.
    Remerciez Dieu de ce qu'il vous a racheté par Christ, vous donnant ainsi le moyen : d'obtenir la vie divine et de jouir dès à présent de la vie en Christ. Offrez-vous sans cesse à lui, avec ouverture de cœur, consacrant votre vie tout entière à son service. Persévérez dans cette communion de foi, d'amour et de consécration; que ses paroles demeurent en vous et qu'il soit ainsi votre nourriture quotidienne : « Celui qui me mange vivra par moi, comme je vis par le Père ».
    Cher frère chrétien ! A la lumière de cette promesse, ne commencez-vous pas à croire qu'il est possible de ressembler à Christ, que celui qui vit par Christ peut aussi vivre comme lui?
    Contemplons donc avec adoration la vie admirable de Christ sur la terre, sa vie par le Père, jusqu'à ce que de tout notre cœur nous comprenions et acceptions cette parole : «Ainsi, celui qui me mange vivra par moi ». Alors, nous n'aurons plus ni inquiétude, ni crainte, parce que le même Christ qui nous a donné son exemple à suivre, nous enverra du ciel la vie divine qui peut seule nous faire suivre son exemple. Notre vie alors deviendra une vie de louange continuelle au Seigneur : A lui, qui vit en nous, pour nous faire vivre comme lui, soit tout notre cœur !
    O mon Dieu ! Comment te remercier de cette grâce immense ! Ton Fils s'est fait homme pour nous faire connaître le bonheur de vivre dans la dépendance du Père. Lui-même a vécu par le Père ; nous avons vu en lui ce que la vie divine peut accomplir ici-bas ; et à présent qu'il est monté au ciel et qu'il a le pouvoir de nous communiquer sa vie, nous sommes appelés à vivre comme il a vécu lui-même sur la terre, nous vivons par lui. O Dieu, loué soit ton nom pour cette grâce indicible!
    Seigneur, mon Dieu, écoute la prière que je te présente aujourd'hui : S'il se peut, fais-moi mieux saisir, beaucoup mieux encore, cette vie de Christ par le Père. J'ai besoin de la comprendre mieux, ô mon Dieu, pour vivre comme lui. Daigne me donner l'esprit de sagesse pour que j'apprenne à mieux connaître Christ. Alors, je saurai ce que je puis attendre de lui, ce que je puis faire par lui.
    Alors, il n'y aura plus pour moi de lutte, ni d'effort à vivre selon ta volonté et à suivre son exemple, car je saurai que ma vie peut devenir semblable à ce que fut la sienne sur la terre, selon cette promesse : « Comme je vis par mon Père, ainsi celui qui me mangera, vivra par moi ». Alors, je me nourrirai vraiment de Christ, faisant avec joie l'expérience que je vis par lui. O mon Père, accorde-le-moi pleinement pour l'amour de son nom Amen.

TRENTIÈME JOUR COMME CHRIST En glorifiant le Père.

« Père, l'heure est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie. Je t'ai glorifié sur la terre »   Jean 17 : 1, 4.
 « Mon Père sera glorifié si vous portez beaucoup de fruit, et vous serez mes disciples. »
 Jean 15: 8 .

    La gloire d'un objet résulte d'une excellence intrinsèque si parfaite, qu'il puisse répondre de tout point à sa destination, mais cette excellence et cette perfection peuvent rester si cachées, si inconnues, qu'il paraisse n'avoir aucune gloire. Pour le glorifier, pour révéler sa gloire, il importe donc d'enlever tout ce qui empêcherait sa valeur et sa perfection de se révéler pleinement.
    La plus grande perfection de Dieu, le plus grand mystère de la divinité, c'est la sainteté. En elle se réunissent la justice et l'amour. Il est appelé « le Saint » ; comme tel il ne peut souffrir le péché et il le condamne ; comme tel il délivre aussi le pécheur de la puissance du péché, et le met en communion avec lui-même. Son nom est « le Saint d'Israël, ton Rédempteur » (Esaïe 41 : 14).
    L'hymne de la rédemption le célèbre par ces mots : « Le Saint d'Israël est grand au milieu de toi » (Esaïe 12 : 6). Dans le Nouveau Testament le terme de saint est donné à l'Esprit qui relie Dieu à l'homme, plus encore qu'il n'est donné au Père et au Fils. C'est cette sainteté par laquelle Dieu juge le péché et sauve le pécheur qui constitue sa gloire, et c'est pour cette raison que ces deux mots se trouvent souvent ensemble, comme dans le cantique des Séraphins : « Saint, saint, saint est l'Eternel des armées! Toute la terre est pleine de sa gloire! » (Esa. : 3) et aussi dans le cantique de l'Agneau : « Qui ne glorifiera ton nom? Car tu es le seul saint ». (Apocalypse 15 : 4). On a dit avec raison que la gloire de Dieu est sa sainteté manifestée et que la sainteté de Dieu est sa gloire cachée.
    Quand Jésus vint sur la terre, ce fut pour glorifier le Père, pour montrer dans toute sa beauté et tout son éclat cette gloire que le péché avait entièrement voilée à l'homme. L'homme lui-même avait été créé à l'image de Dieu, afin que Dieu pût lui communiquer quelque chose de sa gloire, la rendre visible en lui, et en être glorifié. Le Saint-Esprit dit : « L'homme est l'image et la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 11 : 7). C'est pour rendre à l'homme sa première destination que Jésus est venu. Il a laissé la gloire qu'il avait auprès du Père, il a participé à notre faiblesse et à notre humiliation pour nous apprendre à glorifier le Père sur la terre. La gloire de Dieu est parfaite, infinie; l'homme ne saurait contribuer à ajouter quoi que ce soit à la gloire que Dieu possède déjà; aussi ne peut-il être qu'un miroir servant à refléter la gloire de Dieu, et comme c'est la sainteté de Dieu qui fait sa gloire, Dieu sera glorifié par l'homme dans la mesure où l'homme reflétera cette divine sainteté.
    Jésus a glorifié Dieu en lui obéissant. Tous les commandements de Dieu à Israël revenaient à celui-ci : « Soyez saints, car je suis saint » (Lévitique 16 : 2). En gardant ces commandements, Israël se serait fait une vie en parfait accord avec Dieu, une vie de communion avec « le Saint ». Christ nous a montré par ses luttes contre le péché et Satan, par le sacrifice de sa propre volonté, par sa soumission aux directions du Père, par son obéissance absolue aux Ecritures, que le but de sa vie était de faire comprendre aux hommes le bonheur qu'on éprouve à laisser le Dieu saint être réellement Dieu, à accepter sa volonté seule et à lui obéir. C'est parce que Dieu seul est saint que sa volonté seule doit être faite, et que par là sa gloire se verra en nous.
    Jésus a glorifié Dieu en le confessant devant les hommes. Non seulement il leur transmettait le message qu'il avait reçu de Dieu, en s'attachant à leur faire mieux connaître le Père, mais ce qui est plus frappant encore, il parlait sans cesse de ses rapports personnels avec le Père. Sans se borner à compter sur l'influence silencieuse de la sainteté de sa vie, il cherchait à faire comprendre quelle était la source de cette vie et quel était son but. Jour après jour il leur disait qu'il était un serviteur envoyé par le Père, qu'il dépendait de lui, qu'il lui devait, toutes choses, qu'il ne cherchait que la gloire du Père, que tout son bonheur était de plaire au Père et de s'assurer son amour et sa faveur. Jésus a glorifié Dieu en se donnant lui-même pour accomplir l’œuvre d'amour de la rédemption.
    La gloire de Dieu est dans sa sainteté et la sainteté de Dieu est dans son amour qui rachète le pécheur, cet amour qui triomphe du péché en sauvant le pécheur. Jésus ne s'est pas borné à nous parler de la justice de Dieu qui condamne le péché, et de l'amour de Dieu toujours prêt à sauver ceux qui se détournent du péché, mais par sa vie même, il nous a fait connaître cet amour, mais par sa mort il s'est offert en sacrifice pour satisfaire à cette justice. Ce n'était pas seulement par son obéissance ou par sa profession de foi qu'il glorifiait Dieu, c'était en se donnant lui-même, afin d'exalter la sainteté de Dieu et de satisfaire à la fois à sa loi et à son amour par l'expiation. Il s'est donné, lui, tout son être et toute sa vie, pour nous révéler en sa personne la vie sainte du Père et sa volonté de nous bénir. Son but était de nous faire savoir que si le Père devait condamner le péché, il voulait sauver le pécheur. Pour atteindre ce but, aucun sacrifice ne lui parut trop grand : sa vie et sa mort n'eurent d'autre objet que celui de faire resplendir dans le cœur de l'homme la gloire du Père, la gloire de sa sainteté et de son amour au travers des ténèbres du péché et de la chair. Il nous le dit lui-même à la fin de sa vie et du milieu de son angoisse : « Maintenant mon âme est troublée, et que dirai-je... Père, délivre-moi de cette heure? Mais c'est pour cela que je suis venu à cette heure. Père : glorifie ton nom ». Et la certitude que son sacrifice était accepté lui fut donné par cette réponse : « Je l'ai glorifié et je le glorifierai encore » (Jean, 12 : 27, 29).
    Voilà comment Jésus, homme, fut préparé à participer à la gloire de Dieu. C'est dans son humiliation sur la terre qu'il la chercha, c'est sur le trône dans le ciel qu'il la trouva. Et par là il est devenu notre précurseur, il a conduit un grand nombre de rachetés à la gloire. Par son exemple, nous savons que le moyen le plus sûr de parvenir à la gloire divine dans le ciel est de vivre ici-bas uniquement en vue de la gloire de Dieu. Oui, la gloire de notre vie terrestre est de glorifier Dieu ici-bas et c'est là ce qui nous prépare à être glorifié avec lui à jamais.
    Bien-aimé frère chrétien, notre vocation n'est-elle pas belle et heureuse au delà de toute, imagination puisqu'elle nous appelle à vivre comme Christ dans le but unique de glorifier Dieu, de révéler la gloire de Dieu dans chaque détail de notre vie? Prenons le temps de nous pénétrer de cette précieuse vérité : Notre vie de chaque jour peut refléter la gloire de Dieu jusque dans ses moindres actes. Jésus glorifia le Père. Voilà ce qui doit nous faire désirer de lui ressembler.
    Écoutons-le nous signaler la gloire du Père comme le but à atteindre : « afin qu'ils glorifient votre Père qui est dans les Cieux ». (Mathieu 5 : 16). Ecoutons-le nous indiquer le moyen : « Mon Père sera glorifie si vous portez beaucoup de fruits ». Souvenons-nous que c'est pour cela qu'il a promis d'exaucer nos prières depuis le ciel. Que nos prières tendent donc à ce que « le Père soit glorifié par le fils! » (Jean 14 : 13). Que toute notre vie cherche comme celle de Christ, à glorifier Dieu.
    Avec l'élan de la foi prenons pour mot d'ordre : tout, tout à la gloire de Dieu, comptant sur la plénitude de l'Esprit pour le réaliser dans notre vie. « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous?... Glorifiez donc Dieu en votre corps et en votre esprit » (1 Corinthiens 6 : 19, 20).
    Pour savoir comment il est possible de parvenir à cette vie-là, étudions de nouveau la vie de Jésus. Il obéissait au Père. Qu'une obéissance droite et franche remplisse aussi notre vie. Avec l'humilité et la confiance de l'enfant, avec la soumission du soldat qui attend ses ordres, avec la dépendance qu'observait Christ, vis-à-vis de son Père, attendons chaque jour que Dieu nous montre le chemin à suivre. Faisons toutes choses pour le Seigneur selon sa volonté et à sa gloire, rapportant tout à lui. Que la gloire de Dieu devienne visible en nous par la sainteté de notre vie.
    Jésus confessait le Père. Il n'hésitait pas à parler souvent de ses rapports avec le Père, il parlait de lui comme un petit enfant parlerait de son père terrestre. Ce n'est pas assez d'avoir une vie sainte devant les hommes ; il faut encore qu'ils entendent, non seulement par des prédications du haut de la chaire, mais par des témoignages individuels, que c'est notre amour pour le Père qui nous fait agir et vivre pour lui. Le témoignage des paroles doit marcher de front avec celui de la vie de chaque jour.
    Jésus se consacrait à l’œuvre de son Père et le glorifiait ainsi, montrant aux pécheurs que Dieu a le droit de les posséder entièrement, que la gloire de Dieu est le seul but pour lequel il vaille la peine de vivre et de mourir. Dès que nous tendons à ce but-là, Dieu se sert de nous pour amener d'autres pécheurs à vivre aussi à sa gloire. C'était pour amener les hommes à glorifier leur Père céleste, pour leur faire trouver leur bonheur à servir ce Dieu de gloire, que Jésus a vécu sur la terre, et c'est là ce que nous devons faire aussi. Oh! donnons-nous à Dieu pour sauver les pécheurs, intercédons pour eux, travaillons, vivons et mourons pour faire connaître à nos semblables la sainteté de Dieu, afin que toute la terre soit remplie de sa gloire. Croyant, l'Esprit de Dieu, l'Esprit de gloire et de sainteté repose sur vous. Jésus veut accomplir en vous son oeuvre de prédilection, il veut glorifier le Père en vous. Ne craignez donc pas de dire : O mon Père, en ton Fils, comme ton Fils, je veux ne vivre que pour te glorifier.
    O mon Dieu! Je te prie, fais-moi voir ta gloire ! Je sais qu'il m'est absolument impossible par mes résolutions et mes propres efforts de vivre uniquement pour ta gloire. Mais si tu veux faire passer toute ta bonté devant moi, si tu veux me révéler ta gloire, ta gloire sans pareille, si tu veux, ô mon Père, faire briller ta gloire dans mon cœur et prendre possession de tout mon être, je ne cesserai de te glorifier et de dire à tous que tu es le Dieu de sainteté et de gloire.
    Seigneur Jésus, toi qui es venu sur la terre pour glorifier le Père à nos yeux, et qui es ensuite remonté au ciel, nous laissant le soin de le glorifier en ton nom et à ta place, oh! fais-nous comprendre par ton Saint-Esprit comment tu pouvais le faire. Révèle-nous quel était le mobile de ton obéissance au Père ; enseigne-nous à reconnaître comme toi, qu'à tout prix sa volonté doit être faite. Qu'en considérant ta fidélité à confesser le Père, à rendre témoignage de ce qu'il était pour toi, et de ce que tu ressentais pour lui, nous apprenions à rendre témoignage, nous aussi, de ce que nous avons déjà éprouvé de l'amour du Père, afin que d'autres encore soient amenés à le glorifier.
    Enseigne-nous à trouver notre plus grande joie dans l'amour qui cherche à sauver le pécheur et à glorifier Dieu par la sainteté victorieuse du péché. Oui, Seigneur, prends possession de tout notre cœur, afin que nous puissions concourir à ce que « toute langue confesse que Jésus-Christ est le Seigneur à la gloire de Dieu le père » (Philippiens 2 : 11).
O mon Père ! Que toute la terre, que mon cœur aussi, soient remplis de ta gloire. Amen.
(Voir la note 9e).

TRENTE-UNIÈME JOUR COMME CHRIST Dans sa gloire.

« Nous savons que lorsqu'il sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est. Et quiconque a cette espérance en lui, se purifie lui-même comme lui-même est pur. »  1Jean 3 : 2,3

« Je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur. » Luc 22 : 29.

    La gloire de Dieu se manifeste par sa sainteté. Glorifier Dieu, c'est nous livrer à lui pour qu'il fasse paraître sa gloire en nous. Ce n'est qu'en le laissant nous sanctifier, remplir notre vie de sa sainteté, que nous parviendrons à manifester sa gloire. L’œuvre de Christ était de glorifier le Père, de révéler sa gloire et sa sainteté. Notre oeuvre à nous est, comme celle de Christ, de faire connaître, par notre obéissance, par notre témoignage et notre vie tout entière, que notre Dieu est le Dieu de gloire et de sainteté, et de contribuer ainsi à ce qu'il soit glorifié dans les cieux et sur la terre.
    Quand notre Seigneur Jésus eut glorifié son Père sur la terre, le Père le glorifia auprès de lui dans le ciel. C'était là non seulement sa juste récompense, mais la conséquence nécessaire de toute sa vie, car pour une vie consacrée à la gloire de Dieu comme le fut celle de Christ, il n'est plus d'autre milieu possible que cette gloire divine. Et c'est ce qui a lieu pour nous aussi. Le cœur qui est altéré de la gloire de Dieu, qui est prêt à vivre et à mourir pour glorifier Dieu, est par là même préparé à vivre dans cette gloire divine. Vivre sur la terre à la gloire de Dieu, conduit à vivre ensuite au ciel dans la gloire de Dieu. Si avec Christ nous glorifions le Père ici-bas, le Père et le Fils nous glorifieront aussi, et alors nous serons « semblables à lui », dans sa gloire.
    Nous serons « semblables à lui » dans sa gloire spirituelle, la gloire de sa sainteté. Ces deux mots se réunissent pour former le nom du Saint-Esprit, et nous montrer par là l'étroite union qui existe entre ce qui est saint et ce qui est spirituel. Quand Jésus eut glorifié Dieu comme homme par la sainteté de sa vie terrestre, ce fut aussi comme homme qu'il entra dans la gloire divine. Il en est de même pour nous. Si nous nous abandonnons à Dieu pour que sa gloire prenne possession de nous, pour que sa sainteté et son Esprit manifestent leur présence en nous, notre nature humaine avec toutes ses facultés en sera transformée à l'image de Dieu au delà de toute prévision recevant la pureté, la sainteté, la vie et l'éclat même de la gloire de Dieu.
    Nous serons « semblables à lui » dans son corps glorifié. On a dit avec raison que l'incarnation est le plus haut degré de l’œuvre de Dieu. La création de l'homme devait être le chef-d’œuvre de Dieu. Jusque-là il y avait eu des esprits sans corps, et des corps animés sans esprit, mais l'homme devait réunir ensemble esprit et corps, l'esprit élevant et spiritualisant le corps, lui donnant sa pureté, sa perfection céleste. L'homme dans son ensemble est l'image de Dieu, son corps aussi bien que son esprit. En la personne de Jésus, ô mystère des mystères, un corps d'homme s'est assis sur le trône de Dieu, partageant et possédant la gloire divine. Nos corps aussi doivent être l'objet d'une transformation qui sera le miracle le plus surprenant de la puissance divine : « Il transformera notre corps vil pour le rendre conforme à son corps glorieux, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses » (Philippiens 3 : 21). La gloire de Dieu se voyant dans notre corps, ce corps rendu semblable au corps glorieux de Christ, ne sera-ce pas plus merveilleux encore que la manifestation de sa gloire dans notre esprit? Nous attendons « l'adoption, savoir la rédemption de notre corps » (Romains 8 : 23).
    Nous « serons semblables à lui » aussi quant là la place d'honneur qu'il occupe. Chaque objet doit être placé de manière à être vu à son avantage. La place de Christ est au centre de l'univers, c'est le trône de Dieu. Il a dit à ses disciples : « Où je serai, celui qui me sert y sera aussi, et si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera » (Jean 12 : 26). « Je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé pour moi, afin que vous mangiez et que vous buviez à ma table dans mon royaume et que vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël » (Luc 22: 29, 30). Il dit à l'église de Thyatire : « A celui qui aura vaincu et qui aura gardé mes oeuvres jusqu'à la fin, je lui donnerai puissance sur les nations... ainsi que j'en ai moi-même reçu le pouvoir de mon Père ». Et à l'église de Laodicée : « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur; mon trône, comme moi-même j'ai vaincu et suis assis avec mon Père sur son trône » (Apocalypse 2 : 26 : 3 : 21). Enfin rien de plus élevé et de plus précis que ces mots : « Comme nous portons l'image du terrestre, nous porterons aussi l'image du céleste » (1 Corinthiens 15 : 49). La ressemblance sera complète et parfaite.
    De pareils aperçus du monde à venir, donnés par Dieu lui-même, nous révèlent mieux que nulle imagination de notre part, quelle force de vérité, quelle divine portée renferme cette parole du Créateur : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance » (Genèse 1 : 26). L'homme est destiné à manifester l'image du Dieu invisible, à participer de la nature divine, à partager avec Dieu le règne de l'univers. Quelle gloire indicible dans la position que Dieu nous fait là. Placés entre deux éternités, entre le dessein éternel qui nous a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils et la réalisation éternelle de ce dessein qui nous rendra semblables à lui dans sa gloire, nous entendons de part et d'autre une voix qui nous crie : O vous qui avez été créés pour être l'image de Dieu, vous qui vous acheminez à partager la gloire de Dieu et de Christ, vivez d'une vie divine, d'une vie semblable à celle de Christ !
    « Je serai rassasié de ta ressemblance quand je serai réveillé » (Psaume 17 : 15) s'écriait le psalmiste. Rien ne saurait satisfaire notre âme sinon l'image de Dieu, puisque c'est pour cela même qu'elle fut créée. Nous ne saurions donc nous contenter de contempler cette image ; il faut que nous la possédions. Ce n'est qu'en participant nous-mêmes à cette ressemblance de Dieu que nous pourrons être satisfaits. Heureux ceux qui la désirent, qui languissent de la posséder, car ils l'obtiendront. C'est cette ressemblance même de Dieu qui sera leur gloire, une gloire qui, rayonnant de Dieu lui-même, se communiquera à eux pour rayonner dans tout leur être, et de là dans tout l'univers, « Quand Christ, qui est votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire » (Colossiens 8:4).
    Bien-aimés frères chrétiens, il faut que ce qui sera manifesté au jour de Christ commence déjà dans votre vie terrestre. Si la gloire de Dieu n'est pas dès ici-bas notre vie, elle ne pourra pas l'être non plus alors; impossible. Dieu ne glorifiera plus tard que celui qui le glorifie ici-bas.  « L'homme est l'image et la gloire de Dieu » (1 Cor. 11 : 7). Ce n'est qu'autant que vous porterez ici-bas l'image de Dieu en vivant d'une vie conforme à celle de Jésus qui est « la splendeur de sa gloire et l'image empreinte de sa personne » (Héb. 1:8), que vous serez aussi comblés de gloire dans la vie à venir. Pour être transformés à l'image du Christ céleste dans la gloire, il faut que nous portions d'abord l'image du Christ terrestre dans l'humiliation.
    Enfant de Dieu, Christ est l'image incréée de Dieu, tandis que l'homme est son image créée. Sur le trône dans la gloire, l'un et l'autre se réuniront pour l'éternité. Nous savons ce qu’a fait Christ ; il a tout sacrifié pour nous rendre la possession de cette image. Oh ! ne nous livrerons-nous pas enfin à cet amour admirable, à cette gloire inimaginable, ne consacrerons-nous pas notre vie tout entière à manifester la ressemblance et la gloire de Christ? Comme lui, ne ferons-nous pas de la gloire du Père notre but et notre espérance, vivant à sa gloire ici-bas, afin de vivre dans sa gloire ensuite?
    Bien-aimés frères, vous qui m'avez accompagné jusqu'ici dans ces méditations sur l'image de notre Seigneur et sur la conformité à sa vie qui est notre privilège, le moment est venu de nous quitter. Faisons-le en nous disant : « Nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque a cette espérance en lui, se purifie lui-même, comme lui est pur » (1 Jean 3 : 2, 3). Comme Christ, prions les uns pour les autres, prions pour tous les enfants de Dieu, demandant et pour eux et pour nous que ce soit là le seul but de notre foi, le seul désir de notre coeur, la seule joie de notre vie. Oh ! que sera-ce quand nous nous rencontrerons dans la gloire, quand nous le verrons tel qu'il est, et que nous nous verrons tous semblables à lui !
    O notre Dieu, toi, le Dieu de gloire, quelles actions de grâce te rendrons-nous pour nous avoir donné Christ qui est l'image de Dieu, pour nous avoir admis à l'éclat de ta gloire qui rayonne de lui à nous ! Quelles actions de grâce te rendrons-nous pour nous avoir fait voir en Jésus, non seulement ce qu'il est, mais encore l'image de notre gloire à nous, le gage de ce que nous devons être en lui dans l'éternité.
    O Dieu, pardonne, pardonne-nous pour l'amour de Jésus et de son sang, d'avoir si peu cru ces choses, d'avoir si peu vécu de sa vie. Nous te supplions aussi de vouloir bien révéler à tous ceux qui ont pris part à ces méditations: ce qu'est la gloire dans laquelle ils peuvent vivre dès à présent en te glorifiant sur la terre.
    O Père, réveille-nous, nous et tous tes enfants. Fais-nous voir et comprendre que tu nous appelles à passer l'éternité dans ta gloire, que tu veux nous envelopper et nous remplir de ta gloire, que nous devons être « semblables à ton. Fils dans sa gloire ». Père, nous te prions de secourir ton Eglise. Que ton Esprit saint, l'Esprit de gloire, vienne agir avec puissance en elle, et qu'elle se signale par son désir de voir la gloire de Dieu reposer sur elle. Notre Père, accorde-le-nous pour l'amour de Jésus. Amen.

DE LA NÉCESSITÉ DE PRÊCHER CHRIST COMME NOTRE MODÈLE.

« Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance ». C'est par ces mots du Créateur que débute l'histoire de l'homme dans la Bible. Nous avons là toute une révélation du dessein éternel de Dieu, et quant à la création de l'homme, et quant à l'avenir éternel et glorieux auquel il est destiné, Dieu se propose de faire une créature semblable à lui, un être qui sera son image même et sa ressemblance, la manifestation visible de la gloire du Dieu invisible.
    L'existence d'un être créé et pourtant semblable à Dieu : c'était bien là un dessein digne de la Sagesse infinie. Par sa nature même, Dieu est absolument indépendant de tout, puisqu'il possède la vie en lui-même et qu'il ne doit l'existence à nul autre qu'à lui-même. Si l'homme doit réellement être semblable à Dieu, il faut qu'en ceci aussi il soit son image et sa ressemblance, il faut que, de son libre choix, il devienne ce qu'il est appelé à être, et qu'ainsi il se fasse lui-même.
    Et pourtant, par sa nature même, la créature est dépendante, elle doit tout à son Créateur. Comment concilier cette contradiction : un être dépendant qui pourtant décide lui-même, un être créé et pourtant semblable à Dieu. C'est l'homme qui devait offrir la solution du problème. Comme créature, il reçoit de Dieu la vie, mais en la lui donnant, Dieu le rend doué de libre volonté. Ce n'est donc que par le moyen de sa liberté individuelle qu'il peut s'approprier et posséder l'image et la ressemblance de Dieu.
    Quand le péché entra dans le monde et fit déchoir l'homme de sa haute destinée, Dieu n'abandonna pas son dessein. Ses révélations à Israël aboutissaient toutes à ce point central : «Soyez saint, car je suis saint » (Lévitique 19 : 2), et Israël devait aspirer à ressembler à Dieu dans sa sainteté qui est sa plus haute perfection. Plus tard, la rédemption ne se proposa pas d'autre idéal.
    Elle ne pouvait que reprendre et accomplir le dessein éternel révélé à la création. C'est pour cela que le Père envoya sur la terre son Fils qui était « l'image empreinte de sa personne » (Hébreux 1:3). En lui s'est manifestée sous forme humaine cette ressemblance de Dieu pour laquelle nous avions été créés et que chacun de nous individuellement devait s'approprier. Jésus est venu nous montrer à la fois l'image de Dieu et notre propre image. Sa vue devait éveiller en nous le désir de retrouver cette ressemblance divine perdue depuis si longtemps, elle devait faire naître en nous cette espérance et cette foi qui donnent le courage de renoncer à soi-même pour être renouvelé à l'image de Dieu. Pour nous amener là, Jésus avait une double oeuvre à accomplir. Il devait d'abord nous révéler par sa vie l'image de Dieu, afin de nous faire comprendre ce que c'est que de vivre à la ressemblance de Dieu, et ce que nous pouvions attendre et recevoir de lui, notre Rédempteur. Après avoir fait cela, après nous avoir montré la vie de Dieu dans sa vie humaine, il est mort pour pouvoir nous communiquer sa propre vie, la vie à l'image de Dieu, et nous mettre ainsi en état de vivre conformément à ce que nous avions vu en lui. Puis quand il est monté au ciel, il nous a envoyé par le Saint-Esprit la puissance de vie que nous avions en vue en lui contemplée en sa personne et qu'il nous avait acquise par sa mort.
    Il est facile de voir combien ces deux parties de l’œuvre de Christ sont étroitement liées l'une à l'autre. Ce qu'il nous offre dans sa vie comme notre Modèle, il nous l'acquiert par sa mort comme notre Rédempteur. En d'autres termes, sa vie terrestre nous a indiqué la voie à suivre, sa vie céleste nous envoie la force d'y marcher. Nul n'a le droit de séparer ce que Dieu a uni. Celui qui n'a pas une pleine foi en la rédemption, n'a pas la force de suivre l'exemple de Christ. Et celui qui ne cherche pas à être conforme à l'image de Dieu, voyant là le grand but de la rédemption, ne peut pas non plus jouir de toute sa plénitude. Christ a vécu sur la terre pour manifester l'image de Dieu dans sa vie; il vit à présent au ciel pour que nous puissions manifester à notre tour l'image de Dieu dans notre vie.
    L'église de Christ n'a pas toujours maintenu l'équilibre entre ces deux vérités. L'église catholique romaine insiste avant tout sur la nécessité de suivre l'exemple de Christ. Il en résulte qu'elle peut citer un grand nombre de saints qui, malgré beaucoup d'erreurs, ont cherché par une dévotion admirable à refléter à la lettre et de tous points l'image du Maître. Mais, au grand dommage des âmes sérieuses, l'autre partie de la vérité reste dans l'ombre. Cette église n'enseigne pas que pour être capable de vivre comme Christ, il faut d'abord recevoir en soi la vie qu'il nous a acquise par sa mort.
    Les églises protestantes doivent leur origine au réveil de cette dernière vérité. Le pardon et la grâce de Dieu reprirent alors leur place, à la grande joie et consolation de milliers d'âmes angoissées, mais on n'évita pas toujours l'écueil opposé, celui de ne plus voir que ce seul côté de la vérité. On n'enseigna pas assez clairement que Christ avait vécu sur la terre, non seulement pour racheter le pécheur par sa mort, mais encore pour lui montrer comment il devait vivre ici-bas.
    Toute Eglise orthodoxe voit bien en Christ le modèle à suivre, mais elle n'insiste pas sur la nécessité absolue de suivre ce modèle, autant que sur la nécessité de croire à l'expiation de Christ. On prend beaucoup de peine, et on fait bien, pour amener les pécheurs à recevoir le salut que leur acquiert la mort de Christ, mais on n'en prend pas autant, et c'est bien à tort, pour les amener à conformer leur vie à, celle de Christ, ce qui est pourtant le signe distinctif et la preuve certaine de tout vrai christianisme.
    Est-il nécessaire de signaler ici l'influence qu'a sur la vie de l'église la manière de présenter cette vérité? Si l'expiation et le pardon sont tout, et si l'imitation de Jésus n'est qu'un point secondaire et qui va de soi, l'attention se porte principalement sur l'expiation. On cherchera surtout à obtenir le pardon et la paix, et quand on les aura obtenus, on sera tenté de s'en contenter et d'en rester là. Si, au contraire, on remonte au but que Dieu s'est proposé à la création, et que l'on prêche la nécessité de devenir conforme à l'image de Christ, présentant l'expiation comme le moyen d'y parvenir, toute prédication sur la repentance et le pardon mettra en relief le devoir de la sainteté. La foi en Jésus sera alors inséparable de la conformité à sa vie et cette Eglise-là produira de véritables disciples du Seigneur.
    En ceci, les Eglises protestantes ont des progrès à faire. L'Eglise ne pourra revêtir tous ses atours et refléter la gloire de Dieu, que lorsqu'elle recevra ces deux vérités inséparables, telles que nous les présente la vie de Christ. Dans tout ce qu'il fit et souffrit pour nous, il nous a laissé un exemple à suivre, aussi tout, vrai christianisme ne se borne pas à porter haut, la bannière de la croix; il donne tout autant, d'importance à la nécessité de souffrir la croix avec Christ qu'à l’expiation sur la croix.
    C'est là ce qu'enseigne clairement notre divin Maître. Quand il parle de la croix, il insiste moins sur l'expiation que sur la nécessité de lui ressembler. Que de fois il dit à ses disciples qu'ils doivent souffrir la croix avec lui et comme lui, qu'à ce prix-là seulement ils pourront être ses disciples et avoir part aux bénédictions qu'allait leur acquérir sa mort sur la croix. Quand Pierre « se mit à le reprendre » au sujet de sa mort (Mathieu 16, 21), Jésus ne chercha pas à lui prouver la nécessité de sa croix pour le salut des hommes, il insista seulement sur ce que la mort du moi était pour lui-même, comme pour nous, le seul moyen d'obtenir la vie de Dieu. Il faut que le disciple soit semblable au Maître. Jésus nous parle de la croix pour nous rappeler l'obligation de renoncer à nous-mêmes, de nous livrer à la mort, si nous voulons recevoir la vie divine qu'il est venu nous apporter. Ce n'est pas moi seul, disait-il, qui dois mourir, c'est vous aussi; la croix, l'esprit de sacrifice, seront la preuve de votre fidélité. La première Épître de Pierre nous montre que l'apôtre avait bien compris ces mots.
    Dans les deux importants passages où il nous dit que « Christ a souffert pour nous, qu'il a porté nos péchés en son corps sur le bois, qu'il a souffert pour les péchés, lui juste pour les injustes », il ne parle guère qu'incidemment des souffrances du Seigneur, son but est de démontrer que nous devons aussi souffrir comme lui (1 Pierre 2 : 21, 24 ; 3 : 18), que nous devons voir dans la croix de Christ non seulement le moyen qui l'introduisit dans la gloire, mais aussi la voie où chacun de nous doit le suivre.
    Paul reprend et expose avec force la même pensée. A ne prendre qu'une seule de ses Epître, celle aux Galates, nous trouvons quatre passages qui proclament la puissance de la croix. L'un d'eux exprime d'une manière saisissante la substitution et l'expiation : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, ayant été fait malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit quiconque est pendu au bois ». (Galates 3 : 13). C'est en effet là l'une des bases sur lesquelles reposent l'Eglise et la foi des chrétiens, mais pour tout édifice il faut plus encore que des bases, aussi cette même Epître nous répète jusqu'à trois fois que c'est dans notre conformité avec Christ sur la croix qu'est le secret de toute notre vie chrétienne. « J'ai été crucifié avec Christ ». « Ceux qui sont à Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises ». « Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ par laquelle le monde est crucifié pour moi, et moi au monde ». (Galates 2 : 20. — 4 : 24. — 6 : 14).
    La mort de Christ sur la croix pour notre salut n'est que le commencement de son oeuvre en nous ; elle nous fait prévoir tout ce que la croix peut être pour nous quand nous la partageons dans notre vie de chaque jour avec lui, le Crucifié, faisant l'expérience de ce que c'est que d'être crucifié au monde. Et pourtant que de prédications, aussi profondes de pensée qu'éloquentes de parole, exaltent la croix de Christ, la mort de Christ pour sauver le pécheur, mais passent sous silence notre mort avec Christ, cette mort dont Paul se faisait gloire !
    L'Eglise a besoin d'entendre retentir cette vérité-là aussi bien que l'autre. Il faut que les chrétiens comprennent que subir la croix, ce n'est pas supporter les diverses afflictions qu'on appelle des croix, mais qu'avant tout il s'agit là d'abandonner sa vie, de mourir au moi et d'être scellé ainsi du même sceau que Jésus, ce qui nous est tout autant et plus nécessaire encore dans la prospérité que dans l'adversité, et que sans cela nul ne peut avoir part à la plénitude des bénédictions que nous révèle la croix. C'est la croix comprise ainsi, non seulement la croix dressée au Calvaire, mais la croix de notre propre crucifiement s'étendant à toute notre vie active, qui sera pour nous et pour toute l'Eglise, comme elle le fut pour Christ, la voie qui conduit à la victoire et à la gloire, la puissance de Dieu pour le salut des hommes.
    La rédemption nous offre donc ces deux faces: Christ subissant la croix pour expier nos péchés et nous ouvrir le chemin de la vie ; nous-mêmes subissant la croix avec Christ, pour pouvoir marcher en conformité de vie avec lui et à son image. Il faut que Christ notre Garant, et Christ notre Modèle, soient également prêches.
    Mais il ne suffit pas de prêcher ces deux doctrines séparément, elles ne peuvent exercer toute leur influence qu'en se réunissant dans cette autre et profonde vérité qui nous présente Christ comme notre Tête. Quand nous saisirons bien que c'est notre union avec Jésus qui nous fait participer soit à l'expiation du Garant, soit à la Sainteté du Modèle, nous comprendrons l'admirable accord qui existe entre ces deux doctrines et combien elles sont toutes deux indispensables à la prospérité de l'Eglise. Nous verrons clairement alors que le même Jésus qui nous a ouvert la porte du ciel, aussi bien par la sainteté de sa vie, que par l’expiation de nos pêches, nous obtient également, soit le pardon par son sang, soit la conformité à sa vie par son Esprit. Nous verrons aussi que nous ne pouvons saisir l'une et l'autre de ces grâces que par la foi.
    Notre protestantisme évangélique ne pourra remplir sa mission que lorsque cette vérité capitale du salut par la foi seule sera appliquée, non seulement à la justification, mais aussi à la sanctification, c'est-à-dire à notre conformité à l'image de Christ.
    Ceci ouvre un vaste champ au prédicateur qui voudra conduire ses auditeurs dans la voie d'une entière conformité à l'image de Christ. La vie chrétienne vraiment semblable à celle de Christ peut se comparer à un arbre dont la racine et les fruits sont réunis par le tronc. Dans la prédication comme dans la vie privée, ce sont les fruits d'abord qui attirent l'attention. Les paroles de Christ : « Faites comme je vous ai fait », et, dans les Epîtres, les fréquentes exhortations à aimer, à pardonner, à supporter comme Christ l'a fait, nous amènent aussitôt à comparer la vie des chrétiens de nos jours avec la vie de Christ et à présenter comme règle de conduite l'exemple que nous fournit la vie du Sauveur. Ceci fera sentir le besoin de prendre le temps d'étudier chaque trait de cet admirable Modèle pour savoir plus exactement ce que Dieu veut de nous actuellement. Il faut que les croyants en viennent à bien saisir que la vie de Christ est réellement la règle de leur vie à eux, et que Dieu attend d'eux qu'ils s'y conforment entièrement. Sans doute, il y a différence d'éclat entre la lumière du soleil qui brille au ciel et la lumière d'une lampe qui éclaire une de nos demeures terrestres, néanmoins, la lumière est toujours la lumière, et, dans sa petite sphère, la lampe peut faire son oeuvre tout aussi bien que le soleil dans la sienne. Il faut que la conscience de l'Eglise apprenne à comprendre que l'humilité et le renoncement de Jésus, que son entière consécration à faire la volonté et l’œuvre de son Père, que sa prompte obéissance, son dévouement, son amour et sa bonté représentent sans exagération ce que chaque croyant doit être à son tour, et que c'est là son simple devoir aussi bien que son privilège. Il n'y a pas, comme on le pense trop souvent, deux degrés de sainteté, l'un à l'usage de Christ et l'autre à l'usage de ses disciples.
    Non; comme sarments du cep, comme membres du même corps, comme ayant droit au même Esprit, nous pouvons, et par conséquent nous devons, être l'image de notre Frère Aîné. Si cette conformité à la vie de Christ se voit rarement, si elle est trop peu recherchée par la grande majorité des chrétiens, c'est parce qu'on se fait une idée fausse, soit de l'incapacité de l'homme, soit de ce qu'il peut attendre de la grâce divine, quand elle opère en lui. On a généralement tant de foi en la puissance du péché, et si peu de foi en la puissance de la grâce, qu'on ne se croit pas même appelé à avoir le même amour que Jésus, le même esprit de pardon, la même consécration à la gloire du Père, et qu'on ne voit plus là qu'un idéal admirable sans doute, mais impossible à atteindre. On se dit que Dieu ne peut pas attendre de nous que nous soyons, que nous fassions, ce qui est si fort au delà de notre portée, et, comme preuve de l'impossibilité d'y parvenir, on allègue ses vains efforts pour dominer son humeur, ou pour vivre entièrement au service de Dieu.
    Ce n'est qu'en persévérant à présenter Christ comme notre Modèle et à prêcher cette vérité divine dans toute son intégrité et tout son éclat, qu'on pourra surmonter une pareille
incrédulité.
    Il faut enseigner aux croyants que Dieu ne moissonne pas là où il n'a pas semé, mais que le fruit demandé et la racine qui le produit sont intimement reliés l'un à l'autre. Dieu veut que nous pensions, que nous parlions et que nous agissions exactement comme Christ, puisque la vie qui nous anime est exactement la même que celle qui l'animait. Si nous possédons une vie semblable à la sienne, quoi de plus naturel que d'attendre de nous des fruits semblables aux siens. Si Christ vit en nous, Christ agira et parlera par nous, et révélera ainsi sa présence aux yeux du monde.
    Il faut prêcher que c'est par la foi seule qu'on peut recevoir Christ comme le Modèle à imiter. C'est par là qu'on amènera les enfants de Dieu à être tels que Dieu les veut. La plupart des chrétiens pensent que nous devons croire en Jésus comme en notre Sauveur, et qu'ensuite nous serons poussés par un sentiment de reconnaissance à suivre l'exemple qu'il nous a donné, mais ce mobile de gratitude ne saurait suppléer au manque de force dont nous souffrons. Notre incapacité reste la même ; c'est nous replacer sous la loi : Je dois faire, mais je ne puis pas. Il faut enseigner à ces chrétiens-là ce que c'est que de croire en Christ comme leur Modèle, ce que c'est que de saisir par la foi sa vie sainte qui fait partie du salut qu'il leur a préparé. Il faut leur enseigner que ce Modèle n'est pas quelque chose ou quelqu'un en dehors d'eux, mais que le Dieu vivant est lui-même leur vie, et qu'il veut réaliser en eux l'exemple que leur offre sa vie terrestre. Il faut qu'ils sachent que dès qu'ils se soumettront à lui, il manifestera sa présence en eux et dans leur vie de chaque jour au delà de toute prévision; il faut qu'ils voient dans la conformité à la vie de Christ l'action directe de la Vie éternelle descendue du ciel, et qui est donnée à tous ceux qui croient.
    C'est parce que nous sommes un avec Christ et que nous demeurons en lui, c'est parce qu'ainsi nous possédons la même vie divine que lui, que nous sommes appelés à marcher comme lui. Il n'est pas toujours facile de se faire une idée claire de cette vérité, et d'en venir ensuite à l'accepter. Les chrétiens se sont si bien accoutumés à une vie d'infidélité et de chutes continuelles, que la pensée ne leur vient pas même de pouvoir réaliser assez cette ressemblance avec Christ pour qu'elle se voie en eux. On ne pourra vaincre leur incrédulité à cet égard qu'en leur prêchant cette vérité avec toute l'animation d'une foi joyeuse et triomphante, car ce n'est qu'à la foi et à une foi plus ample et plus profonde qu'on ne la croit ordinairement nécessaire pour saisir le salut, qu'est accordée cette puissance de vie de Christ qui devient la vie du croyant. Quand Christ sera prêché dans son entier, et comme règle, et comme vie, le croyant obtiendra cette foi plus efficace qui résulte de son unité avec Christ, et recevra ainsi la force de vivre de cette vie-là.
    Le développement de cette foi varie selon les cas. Les uns l'obtiennent à la longue en persévérant à s'attendre à Dieu. D'autres en ont une révélation soudaine ; après des temps de luttes et de chutes, ils arrivent à voir clairement que si Jésus donne l'exemple à suivre, il donne aussi la force de le suivre. Les uns y arrivent dans la solitude, loin de tout secours humain, seuls avec le Dieu vivant, tandis que d'autres, et c'est souvent le cas, la reçoivent pendant qu'ils sont réunis avec les fidèles et qu'alors le Saint-Esprit touche les cœurs, presse les âmes de se décider, et les amène à saisir ce que Jésus leur offre, ce qu'il donne lui-même pour rendre semblable à lui. Quelle que soit la marche que suive ce progrès spirituel, toujours il a lieu quand, par la puissance de l'Esprit, on présente Christ comme le Modèle de ce que Dieu attend de ses enfants. Alors, les croyants, amenés à reconnaître leur état de péché, et leur incapacité à en sortir, se remettent, comme jamais ils ne l'avaient encore fait, entre les mains de leur tout-puissant Sauveur, et en viennent à réaliser la vérité de ces deux textes, en apparence contradictoires : « Le bien n'habite point en moi, c'est-à-dire dans ma chair ». « Je puis tout par Christ qui me fortifie ». (Romains 7 : 18 ; Philippiens 4 : 13).
    Quoi qu'il en soit, la racine et les fruits sont toujours reliés entre eux par le tronc de l'arbre. Nous le voyons par la vie de Christ : ses rapports individuels et continuels avec le Père établissaient une correspondance soutenue entre sa vie cachée en Dieu et les fruits de sa vie extérieure. Par son regard habituel vers le Père, par sa promptitude à l'écouter, par son obéissance aux directions de l'Esprit, par sa soumission aux paroles de l'Ecriture qu'il venait accomplir, par sa vigilance dans la prière, et par toute sa vie de dépendance et de foi, il nous donne l'exemple de ce que nous devons être, nous aussi. Il nous avait été fait si réellement « semblable en toutes choses » (Hébreux 2 : 17), il était si bien devenu un avec nous dans la faiblesse de la chair, que ce n'était qu'à ce prix-là que la vie du Père avait libre cours en lui, produisant les oeuvres qu'il faisait. Il en sera précisément de même pour nous. Notre union avec Jésus, et la présence de sa vie en nous, nous assureront une vie semblable à la sienne. Ce ne sera pourtant pas le résultat direct d'une force aveugle mise en mouvement et accomplissant machinalement Son oeuvre, mais il y aura là de notre part coopération d'intelligence, de volonté et d'amour pour demander, pour recevoir et nous abandonner à Dieu avec confiance, aussi bien que pour employer à son service tout ce qu'il donne, et travailler avec la certitude qu'il travaille en nous. Cette foi en Christ, notre Vie, ne nous sera pas un oreiller de paresse ; au contraire, elle stimulera toute notre énergie au plus haut degré, et comme elle rend toutes choses possibles, elle nous portera par là même à rechercher toujours plus tout ce qui constitue la vraie communion avec Dieu, nous faisant tout attendre de lui.
    Voici, quant à notre conformité avec Christ, les trois points qu'il importe de bien connaître : Notre vie est, comme celle de Christ, cachée en Dieu, elle se maintient, comme la sienne, par la communion avec Dieu, et son activité extérieure en fait, comme de la sienne, une vie pour Dieu.
    Quand les croyants en viendront à saisir cette vérité, à pouvoir se dire : Nous sommes réellement semblables à Christ par la vie que, grâce à lui, nous avons en Dieu ; nous pouvons être semblables à Christ en maintenant et fortifiant cette vie par notre communion avec Dieu ; nous serons encore semblables à Christ par les fruits que doit porter cette vie-là ; alors le nom de disciple de Christ et la conformité à Christ ne seront plus seulement une profession de foi, mais bien une réalité, et le monde saura que le Père nous a réellement aimés comme il a aimé le Fils.
    Qu'il me soit permis de demander ici à tout pasteur et à tout chrétien qui liront ces lignes, si, dans les enseignements de l'Eglise, nous avons assez présenté Christ comme le Modèle dont l'imitation nous ramènera seule à l'image de Dieu. Plus les prédicateurs de l'Eglise remonteront eux-mêmes à la source divine de toutes les vérités qui concourent ensemble à donner la pleine jouissance du salut, plus aussi ils deviendront aptes à faire entrer les fidèles dans cette voie de privilèges et de sainteté pratique. Ils seront ainsi un moyen de bénédictions nouvelles pour le monde, selon que Dieu l'attend d'eux. C'est là, en effet, ce dont le monde à besoin de nos jours; il lui faut des hommes et des femmes vivant de la vie de Christ et prouvant par leur conduite que, comme Christ, ils n'ont ici-bas d'autre but que la gloire du Père et le salut des hommes.
    Encore un mot. Soit que nous prêchions la conformité avec Christ, soit que nous cherchions à la mettre en pratique, gardons-nous de ce perfide et mortel égoïsme qui ne chercherait à l'obtenir que dans le seul but de nous placer nous-mêmes aussi haut que possible dans la grâce et les faveurs de Dieu. Dieu est amour ; l'image de Dieu doit donc refléter un amour semblable à celui de Dieu. Quand Jésus disait à ses disciples : « Soyez parfaits comme votre Père qui est dans les cieux est parfait » (Mathieu 5 : 48), c'était leur dire que la perfection consistait à aimer et à bénir ceux qui en étaient indignes. Les noms mêmes de notre Seigneur nous montrent que tous les autres traits caractéristiques de notre ressemblance avec Christ sont subordonnés à celui-ci : Chercher la volonté et la gloire de Dieu en aimant et en sauvant les hommes. Il est le Christ, l'Oint de Dieu. Pour qui? Pour les cœurs brisés, pour les captifs, pour ceux qui sont dans les liens et dans le deuil. Il est Jésus, le Sauveur, qui a vécu et qui est mort pour sauver ceux qui étaient perdus.
    Il peut se faire beaucoup d’œuvres chrétiennes sans une grande mesure de sainteté ou d'esprit de Christ, mais il est impossible de posséder en grande mesure la véritable sainteté, semblable à celle de Christ, sans se consacrer particulièrement à faire du salut des pécheurs le but de sa vie, et cela pour glorifier Dieu. Jésus s'est donné lui-même pour nous, afin de pouvoir nous réclamer nous-mêmes pour lui, et de se former ainsi « un peuple particulier, zélé pour les bonnes oeuvres ». (Tite 2 : 14). Il y a là réciprocité et parfait accord, identité complète d'intérêt et de but. Lui-même pour nous, comme notre Sauveur, et nous-mêmes pour lui, aussi comme sauveurs, en continuant sur la terre, comme lui et pour lui, l’œuvre qu'il y a commencée. Mettons toujours en relief cette vérité quand nous prêchons la nécessité d'avoir une vie conforme à celle de Christ, soit que nous remontions à sa source, notre union avec Christ en Dieu, soit que nous indiquions le moyen de la maintenir et de la développer par la foi, la prière et la communion avec Dieu, soit aussi que nous insistions sur les fruits d'humilité, de sainteté et d'amour qu'elle doit produire. Oui, c'est pour faire connaître la volonté et la gloire du Dieu d'amour dans le salut des pécheurs que Christ a vécu, qu'il est mort et qu'il vit actuellement. Etre semblable à Christ signifie donc ceci : Rechercher la grâce, la vie et l'Esprit de Dieu pour se consacrer entièrement à faire connaître la volonté et la gloire du Dieu d'amour, dans le salut des pêcheurs.
FIN

NOTE 1
    Thomas à Kempis a dit : « Tous les hommes désirent être à Christ et faire partie de son peuple, mais peu d'entre eux veulent réellement mener la vie du Christ! » Plusieurs se figurent que, pour imiter Jésus-Christ, il faut un certain degré d'avancement, auquel un petit nombre seulement peut atteindre. Ils pensent que, pour être un vrai chrétien, il suffit de confesser sa faiblesse et ses péchés et de rester attaché à la Bible et aux sacrements, sans viser à aucune réelle conformité à la vie de Christ. Ils taxent même d'orgueil et de fanatisme quiconque ose soutenir qu'une vie conforme à celle de Christ est la conséquence indispensable de tout vrai christianisme. Et pourtant notre Seigneur dit à tous sans exception : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n'est pas digne de moi » (Mathieu 10 : 38). Jésus parle ici de ce qu'il y avait de plus pénible dans sa vie, de sa croix, qui résume tout le reste. C'est à toute l'Eglise, et non à quelques-uns seulement, que Pierre adresse ces mots : « Christ nous a laissé un exemple, afin que nous suivions ses traces ». (1 Pierre 2 : 21). La négligence à l'égard de ces commandements irréfutables est un mauvais symptôme de notre christianisme moderne.

NOTE 2
    Ne cesseras-tu pas de te plaindre en considérant mes souffrances et celles de mes saints?... Ne dis jamais : Il m'est impossible de souffrir cela d'un tel homme. S'il m'avait attaqué d'une autre manière, je l'aurais enduré, mais de m'avoir fait ce tort, c'est ce que je ne puis supporter. Voyez quel dommage il m'a fait, quelle injure, quel déshonneur ! Il me noircit en m'imputant des choses dont je n'ai jamais eu la moindre pensée. Encore pourrais-je bien souffrir de quelque autre certaines choses que l'on peut raisonnablement souffrir.
    Ces pensées, mon fils, sont insensées : elles, marquent qu'on ne regarde que l'offense et la personne qui l'a commise, et que l'on ne considère pas en quoi consiste la vraie patience, ni qui doit la couronner. Ce n'est pas la posséder que de prétendre ne souffrir qu'autant qu'on veut, et de qui l'on veut. Un homme vraiment patient ne jette point les yeux sur celui qui le fait souffrir ; il ne regarde point si c'est un supérieur, ou un égal, ou un inférieur; si c'est un homme qui soit en réputation de probité et de sainteté, ou un infâme et un méchant. Mais toutes les fois qu'il lui arrive quoi que ce soit de fâcheux, il le reçoit également de toutes les créatures, comme si ce fût Dieu lui-même qui le lui présentât de sa main paternelle, et il croit y trouver un grand avantage, puisqu'on ne saurait souffrir la moindre chose du monde pour l'amour de Dieu, que Dieu n'en tienne compte.
    Seigneur, mon Dieu! Toutes ces choses paraissent impossibles à la faiblesse de ma nature ; fais, s'il te plaît, que ta grâce me les rende possibles. Que ta grâce me dispose tellement à souffrir injustement que ce soit là l'objet de mes vœux et de ma joie, convaincu qu'il m'est très salutaire de souffrir pour l'amour de toi et de ta divine bonté.
Thomas à Kempis : Imitation de Jésus-Christ III, 19.

NOTE 3
    Aujourd'hui il est encore assez de personnes qui soupirent après la gloire du royaume de Jésus-Christ; mais il en est bien peu qui désirent porter sa croix. Jésus trouve beaucoup de gens qui aiment ses joies, mais peu qui veulent ses afflictions. Que de compagnons pour l'abondance de sa table, mais que de déserteurs dans les temps d'abstinence ! Chacun veut se réjouir avec lui, personne ou très peu veulent souffrir quelque chose avec lui, ou pour l'amour de lui. Il s'en trouve assez avec Jésus-Christ lorsqu'il rompt le pain, mais peu lorsqu'il s'agit de boire la coupe de sa passion...
    Cette parole semble bien rude à beaucoup de gens et choque leurs oreilles : renoncez à vous-mêmes, chargez votre croix et suivez Jésus (Mathieu 16 : 24) ; mais en voici une autre beaucoup plus terrible : Allez, maudits, au feu éternel (Mathieu 25 : 41). Ceux qui aiment maintenant entendre parler de la croix, et qui l'embrassent de tout leur cœur, ne craindront point alors de s'entendre condamner au feu éternel. Lorsque le Seigneur viendra juger les hommes, la croix sera le signe auguste qui les discernera. Alors ceux qui se seront soumis à elle, qui se seront conformés pendant leur vie au Dieu crucifié, s'approcheront avec une grande confiance de ce souverain Juge du monde.
    Pourquoi donc crains-tu de porter ta croix, vu que c'est par elle qu'on va au royaume céleste? Le salut est dans la croix; la vie est dans la croix; on ne peut se défendre contre les ennemis que par la croix. Dieu joint à la croix et à la souffrance ses divines douceurs, la force de l'âme et la joie de l'esprit. L'abrégé de toutes les vertus et la perfection de la sainteté se trouvent dans la croix et dans les afflictions. Hors de cette croix il n'y a ni salut ni espérance de vie éternelle. Prends donc ta croix et suis Jésus et tu parviendras à la vie éternelle.
    Si tu portes la croix de bon cœur elle te portera aussi et te portera au port désiré, lorsque le terme de tes souffrances sera venu, quoi qu'il ne doive pas venir pendant que nous vivons sur cette terre. Mais si tu la portes malgré toi, tu la rends plus pesante et plus insupportable et toutefois il faudra que tu la portes. Si tu rejettes une croix, tu en trouveras infailliblement une autre, peut-être plus pesante que la première. Crois-tu donc pouvoir éviter ce que nul homme n'a pu éviter? Qui d'entre les saints a été sans croix et sans adversité dans ce monde? Notre Seigneur Jésus-Christ même n'a pas été une heure sans elles pendant qu'il a vécu sur la terre. Comment donc cherches-tu une autre voie que cette voie royale, cette voie de la croix?
    Plus la chair est abattue par l'affliction, plus l'esprit est fortifié par une grâce ultérieure qui l'affermit... Il ne faut pas attribuer ces effets à la vertu de l'homme; ce n'est que la grâce de Jésus- Christ qui peut et qui fait tout cela dans la faiblesse de la nature; c'est elle qui fait qu'on embrasse avec ardeur la croix et qu'on l'aime. Si tu ne jettes les yeux que sur toi, tu te verras dans l'impuissance à rien faire de tout cela, mais si tu t'appuies sur le Seigneur, il t'enverra du ciel une force si puissante qu'elle assujettira à l'esprit le monde et la chair... Consacre-toi donc comme un bon et fidèle serviteur à porter courageusement la croix de ton maître qui a bien voulu être crucifié pour l'amour de toi...
    Tiens pour certain que tu dois mener une vie mourante, et que plus on meurt à soi, plus on vit à Dieu. S'il y avait eu quelque chose de meilleur et de plus utile pour le salut des hommes que la souffrance, sans doute Jésus l'aurait enseigné par ses paroles et par son exemple. Cependant il se borne à exhorter hautement ses disciples et tous ceux qui veulent le suivre, à porter la croix.
Thomas à Kempis : Imitation de Jésus-Christ II, 12.

NOTE 4
    Voici ce qu'écrit un des ouvriers les plus sérieux et les plus bénis dans l’œuvre de sauver ceux qui se perdent : Si je n'avais pas été amené à une expérience plus claire et plus complète de ce qu'est le salut, je n'aurais jamais pu accomplir le travail des dernières années. Voici aussi ce qui m'est devenu toujours plus clair, c'est que nous ne pouvons pas parler de communion non interrompue avec notre Dieu, à moins de nous consacrer sans réserve à sauver par la puissance du Seigneur ceux qu'il nous donne de sauver. Une consécration au Seigneur qui n'est pas accompagnée de dévouement au prochain, devient une illusion, ou conduit au fanatisme. C'est le dévouement entier à être la lumière et le sel du monde, à aimer le monde, même quand il nous hait, qui est pour toute âme réellement consacrée le véritable combat de la vie. Trouver notre repos à travailler, et notre plus grande joie à combattre le péché autour de nous par la puissance de Jésus, nous réjouir du bonheur des autres plus que du nôtre, ne rien rechercher pour nous-mêmes, mais tout pour les autres, voilà quelle est notre sainte vocation.
    Que Dieu nous préserve de nous borner à admirer de telles pensées, mais qu'il nous porte à nous joindre aussitôt aux petits groupes de ceux de ses enfants qui réellement abandonnent tout pour employer leur vie à gagner des âmes à Jésus.

NOTE 5
    Le mal ne peut être surmonté que par un dévouement tout individuel et effectif; jamais il ne le sera par une charité qui se tient à distance. « Vous êtes le sel de la terre », a dit Jésus : Vous aussi, vous l'êtes, vous-même, tel que vous êtes, et dans le milieu où vous vous trouvez. En tout lieu, à chaque instant, il faut que de vous et de votre présence émane une influence sanctifiante. C'est Christ lui-même qui est la vie et la lumière. Dans tout ce qu'il fait, tout ce qu'il dit, tout ce qu'il souffre, c'est lui-même que nous trouvons. Impossible de rien séparer de sa personne, sans la voir s'évanouir et disparaître. Et pourtant l'erreur fondamentale de notre christianisme moderne est de vouloir séparer les paroles de Christ et les oeuvres de Christ de sa personne même. Il en résulte pour un grand nombre de croyants que, malgré tout ce qu'ils font comme chrétiens, ils n'ont jamais encore trouvé Christ lui-même. Plusieurs de ceux qui ont foi en ses souffrances et en ses mérites, ne peuvent ni demeurer en communion avec lui, ni suivre fidèlement ses traces. Christ fit sa demeure non seulement de Cana en Galilée, mais encore de Gethsémané, et plus tard du Calvaire.
    Hélas! que de personnes qui font parade de la croix et qui pourtant ont plus peur de la véritable croix que du diable lui-même ! Elles ont si sagement arrangé leur profession de la croix de Christ qu'il ne peut en résulter aucune atteinte ni à leur réputation, ni à leur fortune, ni à leur indépendance.
    Il faut qu'à présent, comme jadis, l'imitation fidèle de Christ redevienne le drapeau de la chrétienté. Alors seulement la foi triomphera de l'incrédulité et de la superstition. On travaille beaucoup actuellement à prouver aux Incrédules l'inspiration des Saintes Ecritures, la vérité des paroles et de la vie du Seigneur Jésus, mais c'est travailler en vain que de vouloir prouver par des arguments ce qui ne se démontre que par la force de l'évidence. Montrez par vos actes que l'Esprit des miracles habite en vous, prouvez surtout par votre vie que Jésus vit en vous de sa vie éternelle et divine, et alors vos paroles amèneront beaucoup d'âmes à la foi. Si au contraire vous manquez dans la vie pratique de l'Esprit saint et de sa puissance, ne soyez pas surpris que le monde prête peu d'attention à l'éloquence de vos discours. L'heure est venue où toute la chrétienté doit se lever comme un seul homme, et avec la force de Christ, faire tout de nouveau ce que, Christ lui-même a fait pour le monde qui se perd. Voilà ce dont nous avons besoin pour pouvoir ressembler à Jésus- Christ, voilà la seule preuve concluante de la vérité du christianisme.
Tiré de : « Een nieuw boek van de navolging van Jésus Christus », par M. Diemer.

NOTE 6
    « Ainsi nous tous qui contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, à visage découvert, nous sommes transformés à la même image, de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur ». (2 Corinthiens 3 : 18).
    Contempler avec amour, avec admiration, avec adoration la gloire de Dieu en son Fils bien-aimé : voilà ce qui nous transforme à son image. Les procédés employés par la photographie nous aideront à mieux comprendre cette photographie divine dont parle notre texte. Pour photographier, il faut deux choses : Il faut d'abord avoir foi en la force de la lumière et en ses effets, puis il faut se conformer exactement à ses lois. Il faut préparer avec soin la plaque qui doit recevoir l'empreinte, puis l'ajuster avec précision à la place voulue, vis-à-vis de l'objet à reproduire, puis la laisser tranquille en face de cet objet sans que rien vienne la déranger. Quand le photographe a fait tout cela, il laisse la lumière faire son oeuvre, son travail à lui est celui de la foi.
    Tirons de là une leçon à notre usage. Ayons confiance, nous aussi, en la lumière de Dieu pour reproduire l'image de Christ dans nôtres cœur. « Nous sommes transformés en la même image, comme par l'Esprit du Seigneur ». Ne cherchons pas à faire nous-mêmes l’œuvre que l'Esprit doit faire. Croyons simplement qu'il la fera. Notre devoir à nous est de chercher à avoir un cœur préparé, c'est-à-dire un cœur qui demande, qui désire et qui attende l'image à recevoir. Il faut nous placer en face de Jésus, le contempler, l'aimer, l'étudier, l'adorer et croire que ce que nous voyons en lui, le Crucifié, nous est la promesse certaine de ce que nous pouvons être nous-mêmes. Puis, mettant de côté tout ce qui pourrait nous distraire, attendons avec tranquillité d'âme, et en silence devant Dieu, afin de permettre à son Esprit, à la lumière de Dieu de faire son oeuvre en nous. Alors notre âme recevra l'empreinte de cette admirable image tout aussi certainement, tout aussi merveilleusement que la lumière terrestre produit la photographie.
    Je me sens pressé d'ajouter ici un mot à l'adresse des pasteurs appelés à concourir à cette divine photographie, « car Dieu qui a dit que la lumière sortit des ténèbres, a répandu la lumière dans nos cœurs, afin que nous éclairions les hommes par la connaissance de Dieu et la présence de Jésus-Christ » (2 Corinthiens 4 : 6). Quelle sérieuse vocation que celle qui nous appelle à stimuler l'avancement des croyants! Faisons-le en leur montrant en Jésus, et dans chacun des traits de sa vie, ce qu'ils doivent devenir eux-mêmes, leur faisant désirer ardemment, d'être changés à cette ressemblance, d'obtenir cette conformité avec Jésus. Puis apprenons-leur à se placer en face du Seigneur, soit dans le culte public, soit dans leurs prières particulières, et à ouvrir leur cœur jusque dans ses replis intimes pour l'exposer aux rayons de son amour et de sa gloire, jusqu'à ce qu'il entre en eux, qu'il prenne possession d'eux et les transforme par son Esprit à son image. «: Qui est suffisant pour ces choses ! » « Notre capacité vient de Dieu qui nous a rendus
capables d'être ministres de l'Esprit ». (2 Corinthiens 2 : 16; 3 : 5, 6).

NOTE 7
    Dans une réunion de pasteurs qui étudiaient ce texte : « Vous aussi mettez-vous bien dans l'esprit que vous êtes morts au péché, et que vous vivez pour Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur » (Romains 6 : 11), voici la question qui fut adressée à tous : Des cinq pensées que renferme ce texte, quelle est la plus importante ?
1° « Vous aussi » : mots impliquant une parfaite ressemblance avec Jésus dont il est dit : « En mourant il est mort une seule fois pour le péché, mais en vivant il vit pour Dieu ». (Romains 6 : 10).
2° « Mettez-vous bien dans l'esprit » : commandement qui réclame de nous une foi aussi simple que ferme.
3° « Morts au péché » : vérité qui résume le but des trois premiers points.
4° « Vivants pour Dieu » : conséquence de la mort au péché.
5° « En Jésus-Christ, notre Seigneur » : Lui la base et le centre de tout enseignement de l'Ecriture. Lequel de ces points faut-il regarder comme le plus essentiel à l'intelligence du texte entier? La première réponse donnée fut : «Morts au péché ». C'est sans doute, observa le président, ce qui donne à ce texte son intérêt principale et ce qui excite tant de sérieux efforts pour le réaliser; et pourtant ce n'est pas là ce qui me paraît le plus important.
    « Vivant pour Dieu » fut la seconde réponse : Car c'est la vie de Jésus, reçue à la conversion, qui nous fait participer à sa mort et à sa victoire sur le péché. Les mots : « morts au péché » expriment la même pensée que ceux de « vivants pour Dieu ». Si nous étions plus « vivants pour Dieu », nous saurions mieux ce que c'est que d'être « morts au péché ».
    « Mettez-vous bien dans l'esprit », dit un troisième. Ce commandement ne nous dit-il pas d'agir avec foi en ce qui nous a été préparé de Dieu? c'est là la principale idée du texte. C'est sur cette foi que doit se porter toute notre attention.
    « Par Jésus-Christ notre Seigneur », dit un autre frère. Le président ajouta aussitôt : Je crois avoir compris dernièrement que c'est bien de là que dépend toute la force de ce texte.
    Que de croyants ont cherché à saisir qu'ils étaient morts au péché et vivants à Dieu, sans l'avoir pu! Que de fois on entend prier ainsi : Seigneur, nous ne sommes pas tout à fait morts, mais nous voudrions l'être ! Combien d'autres qui ont saisi que tout dépend du : « mettez-vous bien dans l'esprit que vous êtes morts », de la foi qui reçoit ce que Dieu nous dit des choses déjà accomplies et certaines, et qui doivent pourtant reconnaître que leur foi n'a pas été suivie des grâces qu'ils attendaient.
    Voici leur erreur : ils ont été plus préoccupés des grâces qui résultent d'être morts au péché et vivants pour Dieu, plus préoccupés de réaliser par leurs propres efforts une foi capable de les saisir que de Jésus lui-même en qui seul pourtant, se trouvent ces grâces aussi bien que la foi qui nous les obtient. C'est en lui que la mort au péché et la vie pour Dieu sont des réalités vivantes, actuelles, puissantes. C'est quand nous nous savons en lui, sortant de nous-mêmes pour demeurer en lui uniquement et continuellement, que nous possédons aussi les grâces divines, notre foi recevant la force de les saisir et de s'en réjouir. Du commencement à la fin, c'est Jésus-christ qui est tout. Ceci nous est clairement dit au 3e verset de ce chapitre : « Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort? » Les disciples avaient compris et admis le baptême en Jésus-Christ, mais quant au baptême en sa mort qui devait résulter du premier, ils avaient encore à apprendre ce qu'il signifiait. Notre Seigneur Jésus avait reçu le baptême d'eau et du Saint-Esprit, et pourtant il pariait d'un autre baptême encore qui devait avoir lieu. Son premier baptême devait être confirmé par la mort de la croix. Il en est de même de nous aussi. Quand « nous avons été baptisés en Christ, nous avons revêtu Christ » (Galates 3: 27). Nous avons été faits participants de lui, de tout ce qu'il est, et de tout ce qu'il fut, par conséquent de sa mort aussi. Mais ce n'est qu'avec le temps que nous arrivons à le comprendre, à réclamer pour nous la puissance de sa mort au péché et de sa vie pour Dieu. Nous ne pouvons le faire que lorsque nous tenons ferme le baptême en Christ, première grâce qui comprend toutes les autres. C'est quand notre foi sort de nous-mêmes pour aller fixer sa demeure en Jésus d'une manière décidée et permanente, que nous acquérons la force de dire : en Jésus-Christ nous sommes morts au péché et vivants pour Dieu; oui, c'est « en Jésus-Christ » que nous pouvons hardiment « nous considérer comme morts au péché et vivants pour Dieu ».
    « Baptisés en sa mort ». Quelle parole! La mort de notre Seigneur Jésus est le point capital de son histoire; c'est sa mort qui fait sa gloire, sa victoire et sa puissance ; aussi est-ce dans cette parfaite conformité à sa mort que réside le plus grand privilège du chrétien. Etre plongé, immergé dans la mort de Christ, avoir tout son être pénétré de l'esprit de cette mort, de son obéissance, de son sacrifice, de son abandon de toute la nature terrestre, de tout ce qui a été en contact avec le péché, pour passer de là dans la nouvelle vie que Dieu donne : voilà ce que le chrétien doit désirer avant tout. Il a déjà été baptisé « en cette mort ». il ne lui reste donc qu'à s'abandonner à l'action du Saint-Esprit pour qu'il lui dévoile et lui assimile tout ce qu'elle renferme. Et c'est par la loi qu'il le fait : il sait qu'en Jésus-Christ il est « mort au péché et vivant pour Dieu ». La vie pour Dieu est un tout complet et parfait, «et pourtant elle est soumise à une loi de progression et de croissance. Plus le croyant avance dans la vie pour Dieu, plus il meurt au péché. En Christ il est mort au péché complètement et entièrement, mais il n'acquiert la pleine jouissance de tout ce que cette mort signifie et opère en lui que par des progrès successifs, soit quant à la connaissance intellectuelle, soit quant à l'expérience pratique.
    Gardons-nous de nous fatiguer comme on le fait souvent, à comprendre exactement ce qu'est cette mort au péché, à sentir ce que c'est que de se tenir pour mort ; souvenons-nous plutôt que tout cela ne nous est donné que quand nous demeurons en Jésus-Christ, en qui seul ces grâces nous appartiennent. Il se pourrait que, préoccupé de la manière de me les assurer, je perdisse de vue celui en qui je dois demeurer si je veux les posséder. Que mon premier soin soit donc de demeurer avec obéissance et foi en Jésus, en qui sont et la mort au péché, et la vie pour Dieu. C'est en lui que se trouve tout ce dont parle notre texte, car lui-même, il vit de cette vie-là.
    Aussitôt que je me perds en lui, je puis être sûr que la grâce attendue me viendra, ou plutôt je sais que déjà je possède en lui cette vie divine, sortie de sa mort, et qu'elle opère en moi, lors même que je ne pourrais pas la décrire par des paroles. Alors je comprends aussi que toute la puissance et toutes les grâces présentées dans ce commandement se résument dans son dernier mot. « Vous aussi mettez-vous bien dans l'esprit que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu, en Jésus-Christ, notre Seigneur ». C'est en Christ qu'est la source de : comme Christ.
(Voir la note 10e.)

NOTE 8
« Celui qui me mange vivra par moi » (Jean 6 : 57). Quoique ces mots n'aient pas directement été dits de la sainte Cène, ils s'y rattachent pourtant puisqu'ils parlent des bénédictions spirituelles dont la Cène est l'emblème. Quand nous mangeons le pain, quand nous buvons le vin de la sainte Cène, notre vie spirituelle en est fortifiée, non seulement parce que la Cène nous rappelle le pardon de nos péchés, mais parce que le Saint-Esprit nous fait participer au corps et au sang du Seigneur Jésus tels qu'ils existent spirituellement. C'est aussi ce que dit le catéchisme d'une de nos Eglises réformées, celle de Heidelberg : « Qu'est-ce que manger le corps rompu de Christ et boire son sang versé? C'est non seulement croire aux souffrances et à la mort de Christ pour obtenir ainsi le pardon des péchés et la vie éternelle, mais c'est croire en outre que nous sommes unis à son corps céleste par le Saint-Esprit qui demeure en lui et en nous, en sorte que, quoique Christ soit au ciel et nous sur la terre, nous, sommes néanmoins chair de sa chair et os de ses os . (Ephésiens 5 : 30.)
    Nos églises protestantes offrent, comme on le sait, trois manières de comprendre la sainte Cène.
-- D'un côté les luthériens croient à la transsubstantiation, disant que le corps du Seigneur est si bien présent dans le pain que même un incrédule peut manger ainsi le corps du Seigneur.
-- D'un autre côté les zwingliens pensent que le but du sacrement est de nous rappeler par une figure frappante que la mort de Christ fait vivre notre âme comme le pain et le vin font vivre notre corps, et que participer à la Cène c'est exprimer notre foi en cette vérité, aussi bien que notre désir de recevoir la bénédiction qui en résulte. Ils pensent que comme le Saint-Esprit parle à notre oreille par la Parole de Dieu, le sacrement parle à nos yeux par sa forme visible.
-- Entre ces deux manières de voir se place celle de Calvin appuyant fortement sur ce qu'il y a dans la sainte Cène une bénédiction mystérieuse qui ne peut guère s'exprimer par des paroles. Il dit que ce n'est pas assez de parler de la vie que le Saint-Esprit communique à notre esprit par la foi, mais que le Saint-Esprit nous assimile réellement le corps et le sang de Christ, tels qu'ils sont à présent dans le ciel, que c'est pour cela que nous sommes appelés membres de son corps, et qu'ainsi son corps est en nous le germe du corps spirituel que développera la résurrection. En évitant d'une part la doctrine de la transsubstantiation, il cherche d'autre part à établir la participation substantielle et spirituelle au corps et au sang mêmes de notre Seigneur Jésus.
    Ce n'est pas le moment d'approfondir davantage cette question, mais je suis convaincu que, lorsqu'on aura des connaissances scripturaires plus claires quant à la relation qui existe entre le corps et l'esprit, on ne trouvera plus étrange de croire que, sans admettre rien qui ressemble à la présence réelle dans le pain, nous soyons en vérité nourris du corps et du sang de notre Seigneur Jésus. Le corps de notre Seigneur est maintenant un corps spirituel, transfiguré et glorifié, participant de la vie spirituelle du monde céleste. Son corps et son Esprit sont en parfait accord, en sorte qu'à présent le Saint-Esprit peut librement nous les communiquer quand il le veut. Notre corps est le temple du Saint-Esprit qui demeure en nous; nos corps sont les membres de Christ ; nos corps mortels doivent être dès à présent vivifiés et préparés pour la résurrection par l'Esprit qui habite en eux. « Si donc l'Esprit de celui qui a ressuscité Christ d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Christ d'entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ». (Romains 8 : 11)
    Pourquoi donc trouver étrange que, par le moyen du Saint-Esprit, la communion au corps de Christ si clairement promise soit, non seulement un symbole de l'Ancien Testament, mais une divine réalité.
    Voici ce que dit Calvin :
« Ceux-là aussi ne satisfont point, lesquels après avoir confessé que nous avons aucune communication au corps de Christ, quand ils la veulent démontrer, nous font seulement participants de son Esprit, laissans derrière toute la mémoire de la chair et du sang... La plénitude de vie habite mesme en son humanité; tellement que quiconque communiquera à sa chair et à son sang obtiendra la jouissance d'icelle; ce que nous pouvons mieux expliquer par un exemple familier... La chair de Christ est semblable à une fontaine en tant qu'elle reçoit la vie descoulante de la Divinité pour la faire descouler en nous. Maintenant qui est-ce qui ne voit que la communication au corps et au sang de Christ est nécessaire à tous ceux qui aspirent à la vie céleste? Et à cela tendent toutes ces sentences de l'apostre. Que l'église est le corps de Christ et son accomplissement : Que luy il est le ^Chef, dont tout le corps estant conjoint croist selon ses liaisons et joinctures... que nous sommes les membres de son corps, partie de ses os et de sa chair... Que la foy reçoyve ce que notre entendement ne peut concevoir, c'est que "l'Esprit unit vrayement les choses qui sont séparées de lieu. Or Jésus-Christ nous testifie -et scelle en la Cène ceste participation de sa chair et de son sang par laquelle il fait descouler sa vie en nous tout ainsi que s'il entroit en nos os et eh nos moelles. Et ne nous y présente pas un signe vuide et frustatoire, mais en y desployant la vertu de son Esprit pour accomplir ce qu'il promet... Je reçoy volontiers tout ce qui pourra servir à bien exprimer la vraye communication que Jésus-Christ nous donne par la Cène en son corps et en son sang, de l'exprimer, dis-je, en sorte qu'on cognaisse que ce n'est point par imagination ou pensée que nous les recevons, mais que la substance nous est vrayement donnée... Nous disons que Jésus-Christ descend à nous tant par le signe extérieur que par son Esprit pour vivifier vrayement nos âmes de la substance de sa chair et de son sang ».
(Institution de la religion chrétienne , par Jehan Calvin, IV, 17 § 7, 9, 10, 19, 24.!)
    Pour l'âme qui cherche à vivre entièrement par Christ comme il vivait lui-même par « le Père », la sainte Cène offre réellement une grâce spirituelle, quelque chose de plus que ce que comporte la foi en la Parole. Que toujours quand nous communions au corps et au sang de Christ notre plus grand désir tende à chercher et à réaliser par nos prières, par notre foi et notre vie la grâce de vivre précisément comme Christ vivait par le Père. Remportons de la célébration de la Cène la confiance que ce qui nous a été donné et confirmé à ce moment-là, nous sera continué dans notre vie de chaque jour, que Jésus lui-même nous communiquera sa force par les canaux plus habituels de sa grâce qui sont la Parole et la prière.

NOTE 9
    Considérons ce qui faisait la beauté harmonique du caractère de notre Sauveur. C'était son amour pour son père qui était le mobile de sa vie, et cet amour s'exprimait directement ou indirectement par ses paroles et ses actes comme une chose toute simple et naturelle.
    Il est bon de nous rappeler l'exemple que Jésus nous donne là, parce que souvent on craint par fausse honte de faire connaître ses convictions religieuses, soit à ceux qui ne comprendraient pas, de peur d'en être blâmé, soit même à ceux qui les partagent, de peur de blesser les convenances.
    Le moi redoute la moindre désapprobation. Tant que notre amour pour Dieu est faible, notre moi a grand soin de le dissimuler sous prétexte qu'il ne faut pas manquer de tact. Notre Maître nous donne dans sa vie de nombreux exemples de tact et de prudence, mais nulle part il ne nous donne celui de cette fausse prudence qui cherche à détourner l'attention, non de nous-même, mais des mobiles de notre conduite. Dans sa nature terrestre, Christ a aimé le Seigneur son Dieu de tout son cœur et de toute sa force, et il ne pouvait faire autrement que de le laisser voir en toute occasion. Son but avoué était que le monde sût qu'il aimait le Père. Souvent il faisait allusion à ses rapports avec le Père comme à la force de sa vie, la force qui lui faisait tout supporter.
    Jésus-Christ nous a été envoyé pour nous faire connaître l'amour du Père et le bonheur de lui appartenir entièrement. Comme lui, nous sommes envoyés dans le monde, chacun de nous, pour faire connaître le Sauveur autour de nous. C'est par notre relation intime avec lui que nous ferons connaître le Fils comme lui-même faisait connaître le Père, et c'est en agissant comme lui que nous le pourrons, montrant par là que notre union avec lui suffit à tout.
(Extrait de : Steps on the upward path; or, holiness unto the Lord. By A. M. James. Religious Tract Society.)

NOTE 10
    J'ajoute ici un extrait du livre de Marshall sur la sanctification, où se trouve clairement exposée notre participation à la nature de Jésus dans sa vie, sa mort et sa résurrection.
    Le but de l'incarnation de Christ, de sa mort et de sa résurrection, était de nous préparer en lui une nature sainte à notre usage, qui pût nous être communiquée par notre union avec lui, et non de nous amener à produire en nous une nature sainte par nos propres efforts.

1°) Par l'incarnation de Christ, Dieu a créé un homme d'une nature nouvelle et sainte, après la chute du premier Adam qui avait souillé et perdu par le péché la sainteté de sa nature. Cette nature nouvelle est plus excellente que celle du premier Adam, puisque, en la personne de Christ, l'homme se trouve uni à Dieu par le lien indissoluble qui relie la nature divine à la nature humaine.
    En Christ ces deux natures étaient si bien d'accord dans leurs actes, que, dans sa nature humaine, Christ pouvait agir selon la puissance de la nature divine. Par là il était un avec Dieu le Père. Pourquoi Christ a-t-il, en sa personne, replacé la nature déchue de l’homme dans de telles conditions de sainteté qu’elle puisse vivre et agir par la vie de Dieu en elle? Son but était de communiquer cette nature excellente à sa postérité, à tous ceux qui naîtraient de lui par son Esprit, et qui recevraient en lui, second Adam, l'Esprit vivifiant, afin que, « comme nous avons porté l'image de celui qui est terrestre, nous portions aussi l'image du céleste » en sainteté dès ici-bas et plus tard en gloire. (1Corinthiens 15 : 45, 49). Il est donc né Emmanuel, Dieu avec nous, avec la plénitude de la divinité qui habitait corporellement en lui, et avec une parfaite sainteté dans sa nature humaine, afin qu'en lui nous fussions, nous aussi, remplis de cette même plénitude. (Mathieu 1 : 13; Colossiens 2: 9, 30). Il est « descendu du ciel » comme le pain de la vie, afin que, comme « il vit par le Père » ceux qui le mangent puissent  « vivre par lui » de la même vie de Dieu en eux dont il vivait, lui-même. (Jean 6 : 51, 57).

2°) Par sa mort, Christ s'est affranchi de nos péchés qui lui avaient été imputés, et de la faiblesse de la nature humaine qu'il avait subie sans péché pour l'amour de nous. Il s'en est affranchi lui-même, et nous a affranchis nous aussi, de toute notre nature terrestre qui est faiblesse comme l'était la sienne, et qui est en outre souillée par nos péchés et notre corruption. Par là, notre ancienne nature, que l’Ecriture appelle « le vieil homme », a été crucifiée avec Christ, « afin que le corps du péché fut détruit ». (Romains 6 : 6). Il est donc détruit en nous, non par nos efforts pour le détruire nous-mêmes, mais par notre participation à la mort de Christ déjà accomplie pour nous, et à l'affranchissement qui en résulte. C'est ce que représente le baptême, dans lequel nous sommes ensevelis avec Christ, nous unissant à lui dans sa mort sur la croix. (Romains 6 : 2, 3, 4, 10, 11)
    « Dieu, en envoyant son propre Fils dans une chair semblable à celle des hommes pécheurs et pour le péché, a condamné le péché dans la chair, afin que la justice de la loi fût accomplie en nous qui marchons non selon la chair, mais selon l'Esprit ». (Romains 8 : 3, 4.) Observons ici que Christ est mort non seulement pour que nous fussions justifiés par la justice de Dieu et par la foi, au lieu de recourir à notre propre justice (Romains 10 : 4-6 : Philippiens 3 : 9), mais aussi pour que la justice de la loi s'accomplisse en nous, nous faisant marcher selon l'Esprit comme tous ceux qui demeurent en Christ. (Romains 8 : 4). L'Ecriture compare Christ en sa mort au grain de froment qui meurt dans la terre afin de propager sa propre nature et de porter beaucoup de fruit. (Jean 12 : 24). Elle le compare aussi à l'agneau de Pâques qu'on tue pour en faire une fête, puis au pain rompu qui sert de nourriture à ceux qui le mangent (1 Corinthiens 5 : 78, et 11 : 24), puis encore au rocher frappé, d'où jaillit l'eau qui donne à boire. (1 Corinthiens 10 : 4).
    Christ est mort pour faire du Juif et du Gentil un nouvel homme en lui (Ephésiens 2 : 15), et « se voir ainsi de la postérité», tous ceux qui tirent de lui leur nature sainte. (Esaïe 53 : 10). Remarquons bien ces paroles de l'Ecriture ; elles nous montrent clairement que Christ est mort, non pas pour nous rendre capables de nous former une nature sainte en nous-mêmes, mais pour que nous recevions par notre union avec lui celle qui a été préparée en lui pour nous.

3°) Par sa résurrection. Christ a pris possession de sa vie spirituelle pour nous la communiquer; cette vie est pleinement à notre disposition, elle est devenue notre droit et notre propriété par le mérite de sa mort ; c'est pour cela qu'il est dit que « nous sommes vivifiés ensemble avec Christ ». (Ephésiens 2 : 5). Sa résurrection est notre propre résurrection à une vie de sainteté, et cela tout aussi réellement que la chute d'Adam nous a fait tomber dans la mort spirituelle. Nous ne sommes donc pas l'auteur de notre nature nouvelle, pas plus que nous ne le sommes de notre corruption originelle, quoi que l'une et l'autre s'offrent à notre participation. Par notre union avec Christ nous participons à cette vie divine dont il a pris possession pour nous à sa résurrection, et par elle il nous devient possible de porter les fruits qu'elle produit, ainsi que nous le présente l'Ecriture sous la figure du mariage, « Vous êtes morts à l'égard de la loi... pour être à un autre, savoir à celui qui est ressuscité des morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu ».
(Romains 7 : 3, 4).
FIN

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