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Yves PETRAKIAN
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(tiré
du livre LES SERMONS DE WESLEY -1- )
Jean
3,8 (1748)
II
en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit (Jean 3 : 8).
Quel
est l'état de tout homme qui est « né de l'Esprit » , — né de
nouveau, né de Dieu ? Que signifient
ces expressions : être fils ou enfants de Dieu ; avoir l'esprit
d'adoption ; et que supposent-elles ? En quoi consistent ces
privilèges ? Qu'est-ce que la nouvelle naissance ?
Peut-être
n'est-il pas nécessaire d'en donner une définition, puisque
l'Ecriture n'en donne point. Mais puisque
la question est, pour tout fils d'homme, du plus grand intérêt (car
il est écrit : Si quelqu'un n'est né de nouveau, né de
l'Esprit, il ne peut voir le royaume de Dieu), je me propose d'en
indiquer simplement les marques, telles que je les trouve dans
l'Écriture.
I
La
première de toutes et le fondement des autres, c'est la foi. « Vous
êtes tous» , dit saint Paul, «
les enfants de Dieu par la foi en Jésus-Christ ». (Gal 3 : 26) « A
tous ceux qui L'ont reçu », dit saint Jean, « Il leur a donné
le pouvoir (grec : exousian droit, privilège) de devenir enfants de
Dieu », savoir : à ceux qui croient en son nom, lesquels
(lorsqu'ils ont cru) ne sont point nés du sang, ni de la
volonté de la chair (par une naissance naturelle), ni de la volonté
de l'homme (comme ces enfants que les hommes adoptent et qui
n'éprouvent aucun changement intérieur par suite de leur adoption),
mais qui sont « nés de Dieu ». (Jean 1 : 12-13) Saint Jean ajoute
encore, dans sa première épître : « Quiconque croit que
Jésus est le Christ est né de Dieu ». (1Jean 5 : 1)
Mais
quelle est la foi dont parlent ici les apôtres ? Ce n'est pas
simplement une foi doctrinale ou spéculative.
Ce n'est pas simplement un assentiment au dogme que « Jésus est le
Christ », ni même à tous les dogmes contenus dans notre
Credo, ou dans l'Ancien et le Nouveau Testament comme étant
dignes d'être crus. Car alors (chose horrible à dire) les démons
seraient enfants de Dieu, puisqu'ils ont cette foi et ils
croient (et ils en tremblent) que Jésus est le Christ, et que
toute l'Écriture, étant inspirée de Dieu, est véritable
comme Dieu.
Ce
n'est point un simple assentiment à la vérité divine, fondé sur
le témoignage de Dieu ou sur les miracles
; car, eux aussi, ils entendirent le Fils de Dieu, ils le reconnurent
pour témoin fidèle et véritable. Ils ne purent se dispenser
d'admettre son témoignage, soit quant à Lui-même, soit quant au
Père qui L'avait envoyé. Ils virent aussi les oeuvres de Sa
puissance, et crurent qu'il était « issu de Dieu ». Mais en
dépit de cette foi, ils sont encore « dans les abîmes de ténèbres,
réservés pour le jugement dernier » (2Pierre 2 : 4)
Car
tout cela n'est rien de plus qu'une foi morte. La vraie, la vivante
foi chrétienne, dont on peut dire
que celui qui la possède est enfant de Dieu, n'est pas seulement un
acte de l'intelligence, mais c'est une disposition que Dieu
Lui-même opère en son coeur ; c'est la ferme confiance en Dieu,
par laquelle il s'assure, qu'à cause des mérites de Christ,
ses péchés lui sont pardonnés et qu'il a retrouvé la faveur
de Dieu. C'est-à-dire qu'il a commencé par se renoncer à lui-même
; que pour être « trouvé en Christ » , et rendu agréable
par Lui, il rejette toute « confiance en la chair » ; que «
n'ayant pas de quoi payer», ne se fiant à aucune oeuvre de justice
qu'il ait faite, il vient à Dieu comme un pécheur, perdu,
misérable, condamné, sans ressources ; comme un homme qui a
la bouche fermée, et qui est reconnu « coupable devant Dieu. «
Ce sentiment du péché (que ceux qui médisent de ce qu'ils
ignorent appellent, en général, désespoir) joint à une pleine et
ineffable conviction que notre salut ne vient que de Christ, et
à un vif désir de ce salut, doit précéder la foi vivante, la
confiance en Celui qui a accompli la loi par Sa vie et payé notre
rançon par Sa mort.
Cette
foi, par laquelle nous sommes enfants de Dieu, ne se borne donc pas à
une simple croyance de
tous les articles que nous professons, c'est de plus une confiance
véritable en la miséricorde de Dieu, par Jésus-Christ Notre
Seigneur.
Un
fruit immédiat et constant de cette foi par laquelle nous sommes
enfants de Dieu, un fruit qui ne peut
en être séparé, non, pas même pour une heure, c'est la puissance
sur le péché ; — sur le péché extérieur, quelle qu'en
soit la nature ; sur toute parole ou action mauvaise ; car, partout
où le sang de Christ est ainsi appliqué, il « purifie la
conscience des oeuvres mortes », — et sur le péché intérieur
; car le sang de Christ purifie le coeur de tout mauvais désir et de
tout mauvais penchant.
Ce
fruit de la foi est décrit abondamment par saint Paul, dans le
sixième chapitre de son Épître aux Romains
: « Nous qui sommes (par la foi) morts au péché, dit-il, comment y
vivrions-nous encore ?... Notre
vieil homme a été crucifié avec Christ, afin que le corps du péché
soit détruit, et que nous ne servions plus le péché...
Reconnaissez que vous êtes morts au péché, et vivants pour Dieu en
Jésus-Christ, Notre Seigneur. Que le péché ne règne donc plus en
vos corps mortels,... mais donnez-vous vous-mêmes à Dieu,
comme étant vivants de morts que vous étiez... Car le péché
n'aura plus de domination sur vous... Rendez grâces à Dieu de
ce qu'après avoir été esclaves du péché,... vous en avez
été affranchis et êtes devenus les esclaves de la justice ».
Ce
privilège inestimable des enfants de Dieu n'est pas moins fortement
affirmé par Saint Jean, surtout
en ce qui regarde l'empire sur le péché extérieur. Après s'être
écrié, comme tout émerveillé de la profondeur et de la
richesse de la grâce de Dieu : « Voyez quel amour le Père nous
a témoigné, que nous soyons appelés enfants de Dieu ! Mes
bien-aimés, nous sommes dès à présent enfants de Dieu, et ce
que nous serons n'a pas encore été manifesté ; mais nous savons
que quand il paraîtra, nous lui serons semblables, parce que
nous le verrons tel qu'il est (1Jean 1 : 3) ; »
— iI
ajoute peu après : « Quiconque est né de Dieu ne fait point
le péché ; parce que la semence de Dieu demeure en lui ; et il
ne peut pécher parce qu'il est né de Dieu. (1Jean 3 : 9) » « Oui
» , sans doute, dira quelqu'un, « celui qui est né de Dieu ne
fait point habituellement le péché ».
—Habituellement
! Où prenez-vous ce mot ? Je ne le vois point ; il n'est point écrit
dans le Livre. Dieu dit simplement : « Il ne fait point le
péché ». Et toi, tu ajoutes, habituellement !
Qui es-tu
pour corriger les oracles de Dieu, pour « ajouter aux paroles
de ce livre? » Prends garde, je te prie, que « Dieu ne
t'ajoute toutes les plaies qui y sont écrites !» surtout si le
commentaire que tu ajoutes est tel qu'il absorbe entièrement le
texte, en sorte que par cette tromperie des hommes et cette adresse
qu'ils ont de séduire artificieusement, la précieuse promesse
disparaisse et la Parole de Dieu soit anéantie. Oh ! prends
garde, toi qui retranches quoi que ce soit de ce livre, de manière
à en affaiblir le sens et à n'y laisser qu'une lettre morte,
prends garde que Dieu ne retranche ta portion du livre de vie !
Cherchons
dans le contexte l'interprétation que l'apôtre donne lui-même de
ses paroles. Il avait dit au
verset cinq : « Vous savez que Jésus-Christ a paru pour ôter nos
péchés, et il n'y a point de péché en lui ». Quelle est sa
conclusion ? « Quiconque demeure en lui ne pèche point ; quiconque
pèche ne l'a point vu ni ne l'a point connu. (1Jean 3 : 6) »
Puis, avant de réitérer avec force cette importante doctrine,
il donne cet avertissement bien nécessaire : « Mes petits enfants,
que personne ne vous séduise (1Jean 3 : 7) » ; car plusieurs
chercheront à le faire, plusieurs voudront vous persuader que vous
pouvez être injustes et commettre le péché, tout en étant enfants
de Dieu ! « Celui qui fait ce qui est juste, est juste comme
Lui aussi est juste. Celui qui pèche est du diable ; car le diable
pèche dès le commencement ».
Puis
vient le passage cité : « Quiconque est né de Dieu ne pèche
point, parce que la semence de Dieu
demeure en lui ; et il ne peut pécher, parce qu'il est né de Dieu
». « C'est à ceci », ajoute l'apôtre, « que l'on reconnaît
les enfants de Dieu et les enfants du diable ». Pécher ou ne
pas pécher, telle est la marque facile à identifier. Et
l'apôtre nous dit encore, dans le même sens, au cinquième
chapitre : « Nous savons que qui conque est né de Dieu ne pèche
point ; mais celui qui est né de Dieu se conserve lui-même et
le malin ne le touche point. (1Jean 5 : 18) » La paix est un autre
fruit de cette foi vivante. Car « étant justifiés par la foi
(ayant tous nos péchés effacés), nous avons la paix avec
Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ (Romains 5 : 1) ».
En
effet, c'est un legs que le Seigneur lui-même, la veille de sa
mort, fit solennellement à tous ses disciples. « Je vous laisse
la paix
» , leur dit-il (à vous qui « croyez en Dieu et qui croyez aussi
en moi » ), « je vous laisse ma paix,
je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre coeur ne
se trouble point et ne s'alarme point ». (Jean 14 : 27) Et au
chapitre 16 : « Je vous ai dit ces choses afin que vous ayez la paix
en moi ». (Jean 16 : 22) C'est la paix de Dieu qui « surpasse toute
intelligence » , cette sérénité de l'âme qu'il n'est pas
donné à l'homme naturel de concevoir, et que l'homme spirituel
lui-même ne peut trouver de termes pour exprimer. Et c'est une
paix que toutes les puissances de la terre et de l'enfer réunies
ne sauraient lui enlever. Les flots et les orages se déchaînent
contre elle, mais ne peuvent
l'ébranler ; car elle est fondée sur le roc. En tous lieux, en tous
temps, elle garde les cœurs et
les esprits des enfants de Dieu. Qu'ils souffrent ou qu'ils soient à
l'aise, qu'ils soient malades ou bien portants, dans la pauvreté
ou dans l'abondance, ils sont heureux en Dieu. Il ont appris à
être toujours contents, en quelque position qu'ils se trouvent,
et même à rendre toujours grâces à Dieu par Jésus-Christ ;
étant assurés que ce qui est, l'est pour le mieux, puisque c'est, à
leur égard, la volonté de Dieu ; en sorte que, quelles que
soient les vicissitudes de la vie, « leur coeur demeure ferme,
se confiant en l’Éternel ».
Il
La
seconde marque, selon la Bible, qui distingue ceux qui sont nés de
Dieu, c'est l'espérance, comme
nous le montrent ces paroles de Pierre, écrivant à tous les enfants
de Dieu alors dispersés : « Béni soit le Dieu et Père de
notre Seigneur Jésus-Christ qui, par sa grande miséricorde, nous a
fait renaître, en nous donnant une espérance vive (1Pierre 1 :
3) ou vivante » L'apôtre la désigne ainsi parce qu'il y a une
espérance morte, aussi bien qu'une foi morte ; une espérance qui ne
vient point de Dieu, mais de l'ennemi de Dieu et des hommes ; et
c'est ce que prouvent ses fruits ; car, étant le produit de
l'orgueil, elle engendre à son tour toute sorte de mal en paroles et
en oeuvres ; tandis que quiconque a en Christ cette espérance
vivante, est « saint comme Celui qui l'appelle est saint » ;
quiconque peut dire en vérité à ses frères en Christ : «
Bien-aimés, nous sommes dès à présent enfants de Dieu, et
nous le verrons tel qu'il est », « se purifie lui-même comme Lui
aussi est pur ».
Cette
espérance suppose d'abord le témoignage de notre propre esprit ou
de notre conscience, nous assurant
que « nous marchons en simplicité et en sincérité selon Dieu » ,
puis le témoignage de l'Esprit de Dieu, « rendant témoignage
avec notre esprit ou à notre esprit, que nous sommes enfants de
Dieu », et que, « si nous sommes enfants, nous sommes aussi
héritiers, héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ ».
Remarquons
bien ce que Dieu Lui-même nous enseigne, ici, touchant ce glorieux
privilège de ses enfants.
Qui nous représente-t-Il comme rendant témoignage ? Ce n'est pas
seulement notre propre esprit, c'en est un autre, savoir
l'Esprit de Dieu : C'est Lui qui «rend témoignage à notre esprit
». Et que témoigne-t-Il ? « Que nous sommes enfants de Dieu »
et, par conséquent, « héritiers de Dieu et cohéritiers de
Christ, si toutefois nous souffrons avec Lui (Romains 8 : 16-17) »,
si nous renonçons à nous-mêmes, si nous nous chargeons chaque
jour de notre croix, si nous endurons volontiers pour Lui
les persécutions et les opprobres « pour être aussi glorifiés
avec Lui ». Et en qui l'Esprit de Dieu rend-il ce témoignage ?
En tous ceux qui sont enfants de Dieu. Car c'est par cela même que
l'apôtre, aux versets précédents, prouve qu'ils le sont : «
Tous ceux », dit-il, « qui sont conduits par l'Esprit de Dieu,
sont enfants de Dieu. Ainsi vous n'avez pas reçu un esprit de
servitude pour être encore dans la crainte ; mais vous avez
reçu l'Esprit d'adoption, par lequel nous crions : Abba, Père ! »
Puis
il ajoute : « C'est ce même Esprit qui rend témoignage à notre
esprit que nous sommes enfants de
Dieu ».
Le
changement du pronom au 15° verset, mérite notre attention : «
Vous avez reçu l'Esprit d'adoption,
par lequel nous crions : Abba, Père ! » Vous tous qui êtes enfants
de Dieu, vous avez, comme fils, reçu ce même Esprit
d'adoption, par lequel nous crions Abba, Père : nous
apôtres, prophètes, enseignants (car cette interprétation est
bien permise), nous par qui vous avez cru, nous, « les
ministres de Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu ».
Comme nous n'avons, vous et nous, qu'un seul Seigneur, ainsi
nous n'avons qu'un seul Esprit ; comme nous n'avons qu'une foi,
nous n'avons qu'une espérance. Vous et nous, nous sommes scellés du
même « Esprit de promesse » qui est les arrhes de votre
héritage comme du nôtre, et cet Esprit témoigne également à vos
esprits comme aux nôtres, que nous sommes enfants de Dieu.
Et
c'est ainsi que s'accomplit cette parole : « Heureux ceux qui
pleurent, car ils seront consolés ».
(Jean
16 : 22) Car il est clair que si la tristesse peut, avant ce
témoignage, remplir notre coeur (ou plutôt
doit, en quelque mesure, le remplir lorsque nous gémissons sous la
crainte et sous le sentiment de la colère divine), dès
l'instant qu'un homme sent ce témoignage en lui-même, «
sa tristesse est changée en joie ». Quelle qu'ait été
auparavant sa douleur, dès que cette heure est venue, il ne se
souvient plus de son angoisse, tant est grande la joie qu'il a d'être
né de Dieu. Vous êtes encore « privés du droit de cité en
lsraël », parce que vous sentez que vous n'avez pas cet Esprit
; que vous êtes « sans espérance et sans Dieu dans le monde ».
Mais quand le Consolateur sera venu, « alors vous vous
réjouirez », et même « votre joie sera parfaite », et « nul ne
vous ravira votre joie (Jean 16 : 22) ». « Nous nous
réjouissons en Dieu », direz-vous alors, « par notre Seigneur
Jésus-Christ, par qui nous avons obtenu la réconciliation », «
par qui nous avons accès à cette grâce, dans laquelle nous
nous tenons fermes et nous nous réjouissons dans l'espérance de
la gloire de Dieu. (Romains 5 : 2) »
Vous
que Dieu a « régénérés en vous donnant une espérance vivante »,
dit saint Pierre « vous êtes gardés par la puissance de Dieu,
par la foi, pour obtenir le salut ; en quoi vous
vous réjouissez, quoique
maintenant vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses
épreuves, afin que l'épreuve de votre foi vous tourne à
louange, à honneur et à gloire lorsque Jésus-Christ paraîtra »
; Lui que vous n'avez pas vu, mais en qui « vous vous
réjouissez d'une joie ineffable et glorieuse. (1Pierre 1 : 5) »
Oui vraiment, ineffable ! Il n'appartient pas à une langue humaine
de décrire cette joie qui est par le Saint-Esprit. C'est «
cette manne cachée que nul ne connait que celui qui la reçoit ».
Mais
ce que nous savons, c'est que non seulement elle demeure, mais
déborde dans les profondeurs de
l'affliction. « Les consolations du Dieu fort sont-elles trop
petites » pour ses enfants, quand tout bien terrestre leur fait
défaut ? Au contraire : là où les souffrances abondent, les
consolations de son Esprit surabondent ; tellement que les fils
de Dieu « se moquent de la désolation », du mal, de la
disette, de l'enfer et du sépulcre ; car ils connaissent Celui «
qui tient les clés de la mort et du séjour des morts » et qui
bientôt jettera toute souffrance dans l'abîme où elle sera pour
toujours engloutie ; ils entendent déjà cette grande voix du
ciel, disant : « Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes et
il habitera avec eux ; ils seront son peuple et Dieu sera lui-même
avec eux. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux et la mort
ne sera plus ; et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni
douleur
; car les premières choses ont disparu. (Apocalypse 21 : 3-4) »
III
La
troisième marque distinctive de ceux qui sont nés de Dieu, et la
plus grande de toutes, c'est l'amour, « l'amour de Dieu répandu
dans leurs cœurs par le Saint-Esprit qui leur a été
donné ». (Romains 5
: 5) « Parce qu'ils sont fils, Dieu a envoyé dans leur coeur
l'Esprit de son Fils, criant Abba ! Père. (Galates 4 : 6) »
Par cet Esprit, regardant toujours à Dieu comme à leur Père
réconcilié et qui les aime, ils crient à Lui pour leur pain
quotidien et pour tout ce qui leur est nécessaire, soit pour le
corps, soit pour l'âme. Ils répandent sans cesse leur coeur en
sa présence, « sachant qu'ils obtiennent les choses qu'ils Lui
demandent. (1Jean 5 : 15) » Tout leur plaisir est en Lui. Il est la
joie de leur coeur, leur «bouclier et leur très grande
récompense ». Il est l'objet de leurs désirs ; « leur
nourriture, leur breuvage est de faire sa volonté » ; « leur
âme est rassasiée comme de moelle et de graisse, et leur
bouche le loue avec un chant de réjouissance ». (Psaume 63 : 5)
Et
ici s'applique aussi ce que dit l'apôtre : « Quiconque aime celui
qui l'a engendré, aime aussi celui qui
est né de lui. (1Jean 5 : 1) » Son esprit se réjouit en Dieu son
Sauveur. Il aime « le Seigneur Jésus en toute sincérité ».
Il est « uni au Seigneur dans un même esprit », son âme se repose
sur Lui. Il est pour elle tout aimable et « le porte-étendard
entre dix mille ». Il peut dire de coeur et avec intelligence :
« Mon Bien-aimé est à moi et je suis à Lui. (Cantique 2 : 16) »
« Tu es plus beau qu'aucun des fils des hommes ; la grâce est
répandue sur tes lèvres ; c'est pourquoi Dieu t'a béni
éternellement ». (Psaume 45 : 3)
Le
fruit nécessaire de cet amour pour Dieu est l'amour pour notre
prochain, pour toute âme que Dieu
a faite, sans excepter nos ennemis, ceux-là mêmes qui maintenant «
nous méprisent et nous persécutent », l'amour par lequel nous
aimons tout homme comme nous-mêmes, comme nous aimons nos
propre âmes. L'expression dont se sert le Seigneur est encore plus
forte quand Il nous dit « de nous aimer les uns les autres
comme II nous a aimés ». Le commandement qu'il écrit dans le coeur
de quiconque aime Dieu n'est donc rien de moins que ceci : « Comme
je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ». Mais nous
avons connu ce qu'est l'amour, en ce que Jésus-Christ a donné
sa vie pour nous ; nous devons donc, nous aussi, donner notre
vie pour nos frères. (1Jean 3 : 16)
Si nous nous
sentons prêts à cela, alors nous aimons véritablement notre
prochain. « Alors nous connaissons que nous sommes passés de
la mort à la vie, parce que nous aimons les frères. (1Jean 3 : 14)
» « A ceci nous connaissons que nous sommes nés de Dieu, que
nous demeurons en Lui et Lui en nous, parce qu'il nous a donné
de son Esprit (1Jean 4 : 13) » d'amour. « Car l'amour est de Dieu,
et quiconque aime (ainsi) est né de Dieu et il connaît Dieu.
(1Jean 4 : 7) »
Mais,
objectera-t-on, l'apôtre dit encore : « C'est en ceci que consiste
l'amour de Dieu, que nous gardions
ses commandements. (1Jean 5 : 3) » Oui, et cela n'est pas moins vrai
de l'amour du prochain.
Mais
qu'en voulez-vous conclure ? Que l'observation du commandement
extérieur est tout ce que renferme
ce précepte d'aimer Dieu de tout notre coeur, de toute notre âme,
de toute notre pensée, de toute notre force et notre prochain
comme nous-mêmes ?
Que
l'amour de Dieu n'est pas une affection de l'âme, mais seulement un
service extérieur ; que l'amour
du prochain n'est pas une disposition du coeur, mais seulement une
série d’œuvres extérieures
? Le simple énoncé d'une interprétation aussi extravagante suffit
pour la réfuter. La pensée de l'apôtre est incontestablement
que le signe ou la preuve que nous gardons le premier
des commandements de Dieu, qui est de l'aimer, c'est si nous
gardons le reste de ses commandements.
Car
le vrai amour, s'il est une fois répandu dans nos cœurs, nous
pousse à le faire ; si nous aimons Dieu
de tout notre coeur, nous ne pouvons que le servir de toutes nos
forces.
Voici
donc le deuxième fruit de l'amour de Dieu (pour autant toutefois
qu'on peut l'en distinguer) : l'obéissance
universelle à Celui que nous aimons : la conformité à sa volonté
: l'obéissance à tous les commandements de Dieu, intérieurs
et extérieurs : l'obéissance du coeur et de la vie, dans toutes nos
dispositions et dans toute notre conduite. Et parmi nos dispositions,
une des plus saillantes, c'est d'être « zélé pour les bonnes
oeuvres » ; c'est d'avoir faim et soif de faire à tous les
hommes toute sorte de bien ; c'est de se réjouir « de dépenser
et d'être dépensé pour eux », pour tout fils d'homme ;
n'attendant point de récompense en ce monde, mais seulement dans la
résurrection des justes.
IV
Telles
sont, d'après les Écritures, les marques évidentes de la nouvelle
naissance. Telle est la réponse
que Dieu lui-même faite à cette grave question : Qu'est-ce qu'être
né de Dieu ? et, si nous consultons les oracles de Dieu, « tel
est l'homme qui est né de l'Esprit ».
Etre
fils ou enfant de Dieu, c'est, au jugement de l'Esprit Saint, croire
en Dieu, par Christ, de telle manière
qu'on ne « commet point le péché », et qu'on jouit, en tous temps
et en tous lieux, de cette « paix de Dieu qui surpasse toute
intelligence ». C'est espérer en Dieu, par le Fils de son amour,
de telle manière que vous n'ayez pas seulement une bonne conscience,
mais encore l'Esprit de Dieu, « témoignant à votre esprit que
vous êtes enfants de Dieu », d'où résulte nécessairement que
vous vous réjouissez en Celui « par qui vous avez obtenu la
réconciliation ». C'est d'aimer, plus que vous n'aimâtes
jamais aucune créature, le Dieu qui vous a tant aimés, en sorte que
vous ne pouvez qu'avoir pour tous les hommes le même amour que
pour vous-mêmes ; un amour qui, non seulement
brûle toujours dans vos cœurs, mais dont les flammes
réchauffent toutes vos actions, toute
votre conduite, et font de toute votre vie « une oeuvre d'amour »,
une obéissance permanente aux commandements qui nous disent : «
Soyez miséricordieux comme Dieu est miséricordieux » ;
«
Soyez saints car je suis saint » ; « Soyez parfaits comme votre
Père céleste est parfait ». Or,
quiconque est ainsi né de Dieu « connaît les choses qui lui sont
données de Dieu », il sait qu'il est enfant de Dieu, et il «
peut assurer son coeur devant lui». Chacun d'entre vous qui a
fait attention à mes paroles ne peut donc pas ne point
reconnaître et sentir si, à cette heure, il est ou n'est pas
enfant de Dieu. Répondez à Dieu et non à un homme ! Point de
subterfuge ! Il ne s'agit pas de votre baptême, mais de ce que
vous êtes maintenant. L'esprit d'adoption est-Il maintenant
dans votre coeur ? Interrogez votre coeur. Je ne demande pas si
vous fûtes « nés d'eau et d'esprit », mais êtes-vous
maintenant les temples du Saint-Esprit qui habite en vous ? J'admets
que « vous avez été circoncis de la circoncision de Christ
(selon l'image par laquelle saint Paul désigne le baptême) », mais
l'Esprit de gloire, l'Esprit de Christ repose-t-Il maintenant sur
vous ? sans quoi, « avec votre circoncision vous devenez
incirconcis ».
Ne
dites donc pas en vous-mêmes : « J'ai été baptisé une fois, je
suis donc maintenant enfant de Dieu
». Conséquence hélas ! tout à fait insoutenable. — Ils ont été
baptisés tous ces gourmands, ces ivrognes, ces menteurs et ces
jureurs, ces moqueurs et ces médisants, ces impurs, ces voleurs,
ces extorqueurs ! Qu'en dites-vous ? Sont-ils maintenant enfants
de Dieu ? En vérité, je vous dis, à vous, qui que vous soyez,
à qui s'applique l'une de ces désignations précédentes : « Votre
père c'est le diable, et vous faites les oeuvres de votre père
». Au nom de Celui que vous crucifiez de nouveau, et dans les
termes qu'Il employait pour vos prédécesseurs circoncis, je vous
crie : « Serpents, race de vipères, comment éviterez-vous le
jugement de la géhenne ? »
Comment,
à moins que vous ne naissiez de nouveau ! Car maintenant vous êtes
morts dans vos fautes
et dans vos péchés. Dire qu'il n'y a de nouvelle naissance que dans
le baptême, c'est donc vous sceller pour la damnation, vous
condamner à l'enfer sans secours, sans espérance. Et n'est-ce pas
ce que quelques-uns trouveraient bon et juste ? Dans leur zèle pour
l'Éternel des armées, ils disent peut-être : « Oui,
retranche ces pécheurs, ces Amalécites ! Que ces Gabaonites
soient exterminés ! Ils ne méritent rien de moins ! » —
sans doute, ni moi, ni vous non plus.
Ce
que je mérite, ce que vous méritez aussi bien qu'eux, c'est
l'enfer ; et c'est par pure miséricorde que, contre nos
mérites, nous n'avons pas été jetés nous-mêmes dans le feu qui
ne n'éteint point. « Mais nous avons été lavés »,
direz-vous ; « nous sommes nés de nouveau d'eau et d'esprit ». Eux
aussi ; cela n'empêche donc point que vous soyez aussi peu
avancés qu'eux.
Ne
savez-vous pas que « ce qui est élevé devant les hommes est
en abomination devant Dieu ? (Luc 16 : 15) » Venez, saints du monde,
venez, gens honorés des hommes, qui d'entre vous jettera le premier
la pierre contre eux, contre ces misérables indignes de vivre,
contre ces prostituées publiques, ces adultères, ces meurtriers
?
Mais
apprenez d'abord ce que signifient ces paroles : «Celui qui hait son
frère est un meurtrier. (Jean 3 : 15) » « Celui qui regard
une femme pour la convoiter a déjà commis adultère avec elle
dans son coeur. (Matthieu 5 : 28) » « Hommes et femmes adultères,
ne savez-vous pas que l'amour du monde est inimitié contre Dieu
? (Jacques 4 : 4) » « En vérité, en vérité, je vous le dis
», vous aussi, « il faut que vous naissiez de nouveau ». «
A moins que vous ne naissiez », vous aussi, « de nouveau, vous
ne pouvez voir le royaume de Dieu ».
Ne
vous appuyez plus sur ce bâton brisé, en disant que vous êtes né
de nouveau au moment de votre baptême.
Qui est celui qui nie que vous étiez alors faits enfants de Dieu et
héritiers du royaume des cieux ? Mais, en dépit de tout cela,
vous êtes maintenant enfants du diable, de sorte que vous
devez naître de nouveau. Et que Satan ne vous persuade pas de
disputer sur les mots dans un sujet si clair.
Vous
avez vu quelles sont les marques des enfants de Dieu : baptisés ou
non baptisés, si vous ne les avez
pas, il vous faut les recevoir, ou bien vous ne manquerez pas de
périr éternellement. Et si vous êtes baptisés, votre seul
espoir c'est qu'après avoir été enfants du diable, malgré votre
baptême, vous pouvez encore recevoir « le droit d'être faits
enfants de Dieu », vous pouvez « recevoir l'Esprit d'adoption,
qui crie dans vos cœurs :
Abba, Père ! (Romains 8 : 15) »
Amen,
Seigneur Jésus ! Que celui qui préparera son coeur pour rechercher
de nouveau ta face, reçoive
cet Esprit d'adoption et puisse s'écrier : Abba, Père ! , qu'il
puisse encore croire en ton nom pour être fait enfant de Dieu,
pour savoir, pour sentir qu'il a par ton sang la rédemption,
la rémission des péchés, et qu'il ne peut pécher parce qu'il
est né de Dieu ! Qu'il puisse « renaître » encore pour avoir
une espérance vive, pour « se purifier lui-même comme tu es pur !
» Etant fils, qu'il soit, par l'Esprit d'amour et de gloire
reposant sur lui, « nettoyé de toute souillure de la chair et
de l'esprit », et rendu capable « d'achever sa sanctification dans
la crainte de Dieu ! (2Corinthiens 7 : 8) »
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