Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, qu'il s'est proposé en lui-même pour l'administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre en lui, en qui nous avons aussi été fait héritiers, ayant été prédestinés selon le propos de celui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté.
(Ephésiens 1: 9-11)
Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'assemblée
(Ephésiens 1: 22) version Darby
Il y a dans la déclaration de ce passage trois parties principales :
1) La volonté et le dessein éternel de Dieu
2) Christ, le centre de ce dessein
3) L'Église qui est Son Corps, l'instrument de la pleine expression de ce dessein -c'est-à-dire Christ
Il nous est dit que Dieu prit une décision dans les conseils éternels. En esquissant et en arrêtant Ses intentions de créer et de constituer "toutes choses" dans les cieux et sur la terre" (Ephésiens 1:10). Il était poussé et gouverné par un dessein spécifique et défini. "Ce dessein" est mentionné plusieurs fois dans le Nouveau Testament, et il nous est montré que différentes choses y sont reliées. Il est des plus important que nous reconnaissions le fait que le dessein de Dieu est un, bien qu'il y est plusieurs phases dans l'activité divine. Rien n'est une fin en soi. La première loi de la plénitude spirituelle (et remarquons que la plénitude est précisément ce qui est en vue), c'est de saisir le fait et la nature de ce dessein de Dieu qui gouverne tout. Il est impressionnant et douloureux de reconnaître que, dans les choses qui sont associées ici-bas au Seigneur, il y en a si peu, si peu qui soient réellement marquées par la plénitude spirituelle. Médiocrité, faiblesse, limitation, pauvreté, défaite, ignorance, immaturité et désappointement caractérisent un si grand nombre d'enfants de Dieu et une si grande part de l'oeuvre de Dieu. C'est une des choses qui cause tant de détresse, tant de recherche et d'efforts dans certains milieux.
N'en trouvera-t-on pas l'explication dans le fait que rien de ce qui n'est qu'une part d'un tout ne peut atteindre, ni réaliser le dessein tout entier ? Pour être dans la voie de la plénitude, il est essentiel, en premier lieu, de reconnaître et de réaliser le fait que Dieu n'est pas simplement engagé dans un grand nombre d'activités bonnes et bienfaisantes, mais qu'Il est toujours et uniquement occupé par un dessein qui embrasse tout, et auquel tout est lié ! "Dieu opère TOUTES CHOSES selon le conseil de sa volonté" Ephésiens 1 : 11. La mesure de la valeur suprême de notre travail correspondra à la compréhension initiale que nous aurons eue d'un dessein seul et unique. Lorsque cela sera rétabli, nous arriverons bientôt à voir ce qu'est le dessein, et comment et par quels moyens il sera réalisé. Lorsqu'un maître a un seul et unique plan, auquel il se consacre, il demandera à tous ceux qui travaillent pour lui, qu'ils ne se contentent pas de faire différentes choses, si bonnes soient-elles et constituant même une part de son oeuvre entière, mais qu'ils voient au-delà de leur petite part et de leur propre tâche, le but et l'objet tout entier, afin d'agir positivement en le gardant en vue. Il sera favorable à ceux qui viendront travailler pour lui et aux moyens qu'ils emploieront, dans la mesure où ils auront à coeur le but tout entier. La mesure de ses ressources et de sa plénitude leur sera accordée sur cette seule base. Il en est de même pour Dieu Mais comprenons bien que c'est la plénitude spirituelle qui est en vue, et non la gratification personnelle.
Ensuite le dessein est de rassembler toutes choses en Christ. C'est une personne pleine et entière, agrandie et embrassant tout. La grandeur, la magnificence, la plénitude universelle de Christ, voilà le but de Dieu. Il n'est pas suffisant pour nous de voir le dessein, si fondamental cela soit-il, il faut que nous voyons, de manière toujours grandissante, la plénitude de Christ. Il doit y avoir une vision initiale de cette grandeur, de cette majesté, de cette gloire, de cette universalité. C'est à une elle vision que sont dues la puissance, l'efficacité et la gloire de l'Église des premiers jours. Telle fut la signification de la "Pentecôte". C'est une vision comme celle-là qui fit des apôtres les hommes qu'ils furent. Paul devait tout à la révélation que Dieu lui donna de Son Fils en lui. Mais cette vision doit se continuer. Elle doit devenir de plus en plus importante. Nous devons pas simplement nous fixer à quelque expérience passée la vision que nous avons aujourd'hui de Christ. La volonté du Seigneur, c'est que nous vivions et marchions par l'Esprit à un point tel, que nous puissions dire que la vision que nous avons ce Christ aujourd'hui est infiniment plus grande et plus merveilleuse qu'elle n'a jamais été. Cela est en accord avec le dessein de Dieu, et il en est ainsi pour tous ceux qui sont réellement entré dans une compréhension spirituelle de ce dessein.
Nous arrivons, en troisième Lieu, à considérer les moyens et la méthode dont Dieu se sert pour l'accomplissement de Son dessein éternel. C'est "l'église qui est son corps " (le corps de Christ". La Parole de Dieu nous déclare définitivement que l'Église est "la plénitude de Celui qui remplit tout en tous" . Cette plénitude universelle de Christ doit être révélée et exprimée dans et par un instrument appelé l'Église. Qu'est-ce que cette Église ?
Il nous est dit premièrement qu'elle est une compagnie d'élus. Laissant de côté toutes les théories sur l'élection, contentons-nous pour le moment de voir que Dieu a voulu, de toute éternité, avoir une telle compagnie, et que l'élection a rapport au dessein, et non pas principalement au salut. Dieu connaît, il ne peut pas en être autrement, les réactions suprêmes des hommes à l'égard de l'offre qu'Il leur fait, et c'est selon Sa pré-connaissance qu'Il a prédestiné à Son dessein. à Son dessein. Mais Dieu n'a jamais dit à une personne non sauvée qu'elle est prédestinée à l'être. Dieu appelle simplement. L'Église est la compagnie des appelés qui ont obéi !
Deuxièmement, l'Église est quelque chose de plus grand que les églises. Selon ce que nous entendons par celles-ci, l'Église peut se trouver en elles toutes, ou bien elle ne peut pas être du tout dans beaucoup d'entre elles. L'Église est essentiellement une chose spirituelle; elle n'est ni sectaire, ni dénominationnelle, ni "ecclésiastique", ni traditionnelle. Elle est l'union spirituelle des membres d'un organisme vivant, un corps possédant une vie, elle est une entité, elle est "tous un en Christ". La mesure de la lumière que nous avons ne nous rend pas plus ou moins membre de ce Corps, bien qu'elle puisse en affecter le fonctionnement. Ce n'est pas notre compréhension de la "vérité quant à l'Église" qui nous constitue membres de l'Église, bien qu'elle affecte grandement la plénitude. Ce qui est la base de l'actualité du Corps, c'est une relation vitale avec Christ.
Mais cela dit, il nous faut montrer combien il est essentiel de reconnaître ce qu'est l'Église. Accompagnant une révélation personnelle de Christ dans Sa grandeur, la révélation de l'Église est liée à notre avance pratique vers la plénitude. Paul a, dans ses écrits, une plénitude bien plus grande que n'importe quel autre apôtre, et cela est dû principalement à la révélation spéciale de l'Église qui lui avait été donnée. Ce qui ressort de cette révélation c'est que Christ et l'Église sont UN, comme la tête et les membres d'un même corps.
Il y a deux ou trois choses dans cette question qu'il nous est nécessaire de saisir. Il y a premièrement le fait, établi si pleinement et si clairement dans les Écritures, que Dieu a tout aussi définitivement choisi et désigné l'Église pour la réalisation de Son dessein éternel, qu'Il avait choisi et désigné Son Fils. Dieu s'est lié Lui-même et Sa plénitude autant à Son Fils qu'à l'Église. Tandis que l'Église est soumise au Fils, qu'elle est l'organe et l'instrument, comme la femme l'est à l'égard de son mari (Ephésiens 5 : 22-24), ils sont un, en ce qui concerne le dessein. Ce fait entraîne en soi la jalousie de Dieu pour Son Église, et signifie que, pour parvenir à la plénitude, l'on ne peut ni l'ignorer, ni l'amoindrir, ni l'outrager.
De plus, en ce qui concerne la plénitude spirituelle, Dieu continuera à agir strictement par le moyen du Corps, c'est-à-dire qu'il n'est pas possible pour des individus séparés, de connaître la plénitude. La plénitude est une question relationnelle. "L'Église est la plénitude de Christ". Aucun individu ne peut l'être. C'est pourquoi, l'union spirituelle, la relation des membres, la communion, la mutualité et la dépendance des uns à l'égard des autres, sont fondamentales et indispensables pour parvenir à la maturité spirituelle. "Jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ"; Ephésiens (4 :13)
Dans l'Ancien Testament, lorsque les choses eurent été constituées selon le modèle divin, c'est de la Tente d'Assignation que Dieu parlait au peuple. Il en est ainsi dans le Nouveau Testament. Avant d'obtenir la réponse à la demande qu'il fit sur la route de Damas, Paul dut entrer dans la ville, et ce fut par le moyen de l'Église qu'il la reçut. Avant d'entreprendre la grande oeuvre de sa vie, l'apôtre dut demeurer dans l'Église d'Antioche pour y recevoir la confirmation de sa mission (Actes 13).
Tout cela ne signifie pas que Dieu n'ait jamais agi souverainement et dans Sa grâce à l'égard de ceux qui avaient à coeur Ses intérêts sans reconnaître cependant cette loi. Mais nous parlons de plénitude spirituelle et c'est à cela que nous appelle notre ministère. Ce n'est pas "un comité général", "exécutif" ou "conseiller", mais le Corps dans sa représentation et son fonctionnement spirituels, qui est la voie voulue de Dieu.
Il nous faudrait plus de place que nous n'en avons notre disposition pour montrer toutes les valeurs et les implications renfermées dans une compréhension adéquate de la place et du dessein que Dieu a pour Son Église en toutes choses. C'est précisément l'une des questions qui a une place considérable dans notre ministère parlé ou écrit durant ces dernières années.
Ceci nous amène aux Église, c'est-à-dire aux assemblées locales du peuple de Dieu. Les temps et les conditions ont grandement changé depuis les jour du Nouveau Testament, tout au moins en ce qui concerne le monde occidental. Il était simple et naturel, en ces temps-là, de rassembler ceux qui croyaient en Christ. Il n'y avait alors que des croyants et des non croyants. Aujourd'hui s'élèvent une quantité d'autres questions, celles des "affiliations", "organisations", "pratiques", croyances" etc...... Mais il y a une ou deux choses qui doivent toujours gouverner cette question, ce sont :
1- L'église ou l'assemblée locale doit localement tout ce que l'Église est universellement dans son ensemble. Elle ne doit pas être plus petite, ni dans sa vision, ni dans sa vocation, ni dans sa relation. Bien que située localement, elle est universelle quant à sa nature, à son influence, à sa vocation et à sa fonction. Si elle vit pour elle-même, elle mourra. La plénitude dépend de sa longueur et de sa largeur, de sa hauteur et de sa profondeur spirituelles.
2- L'église locale est l'environnement d'éducation spirituelle, en vue de l'utilité pour le Seigneur. C'est que sont apprises toutes les leçons essentielles, non seulement par l'enseignement, mais aussi par la discipline spirituelle. La leçon fondamentale de la soumission au Seigneur -- qui a une si grande importance dans a question de la croissance spirituelle-- est apprise de manière très pratique dans une assemblée fidèle et dans la vie de communion. Toute vie personnelle, indépendante et non relationnelle, est impossible lorsque le Corps est véritablement reconnu. La protection, le support, l'appui et le soutien spirituels du peuple de Dieu, au-delà d'une manière simplement générale ont une valeur et une importance très importantes. L'élise locale, loin de n'être qu'une "congrégation", doit être une expression locale de la famille de Dieu, remplir toutes les fonctions, et pourvoir à toutes les valeurs de la vraie vie et des vraies relations de famille.
3- La question qui a une importance prééminente, dans l'église locale comme dans l'Église universelle, c'est celle de la souveraineté absolue de Christ, la Tête. Tout ce qui usurpe Sa place, ou qui est en conflit de quelque façon que se soit, aboutira très certainement à une limitation spirituelle et à un retard proportionné de la croissance. N'est-ce pas pour cette raison que, dans les églises du Nouveau Testament , aucun homme n'exerçait l'autorité. Mais que des anciens, et non pas un ancien, étaient désignés. Le principe du Corps est sauvegardé dans ce qui est corporatif, et l'autorité individuelle évitée. A Antioche, le Saint-Esprit parla à une compagnie de représentants, qui avaient ensemble une responsabilité spirituelle. Les anciens sont représentatifs, il s'agit d'une mesure spirituelle et non ecclésiastique. La pluralité des anciens, dans le Nouveau Testament, signifie que l'église est amenée, en et par ses représentants, sous la complète souveraineté de Christ, par le moyen du Saint-Esprit.
4- Il nous faut remarquer ensuite que les apôtres ne partirent jamais en ayant le projet de fonder des églises. C'était le résultat spontané et inévitable de l'oeuvre du Saint-Esprit dans chaque lieu. Christ était prêché et accepté, et la relation des croyants suivait spontanément (voyez Actes 2 : 42). Ce qui détermine les églises, c'est Christ. Ceci est la solution à beaucoup de problèmes et la réponse à bien des questions qui se posent, tout spécialement dans notre monde occidental, en ces temps particulièrement compliqués. Quel doit être le principe directeur et décisif qui nous pousse à nous rassembler ? Ce doit être Christ ! C'est sur cette base seule que nous nous réunissons là où le but de Dieu est le plus pleinement en vue, et là ou se trouve ce qui contribue le plus à atteindre ce but -- la plénitude de Christ -- c'est cela qui décidera de la place où nous devons être, et personne de devrait discuter cela. C'est à cause de notre dévotion et de notre jalousie pour une "chose", une "Dénomination", une "Mission", une ""Tradition" , une "Communauté", un "Mouvement" etc, que jaillissent les rivalités et les mauvais sentiments. Tout ce que l'on entend dire au sujet de "brebis volées" et d'enfants de Dieu divisés, vient en grande partie d'un soucis pour -- non pas la croissance spirituelle -- mais pour quelque chose ici-bas, sur cette terre. Combien ces choses deviendraient impossibles si chacun prenait cette attitude à l'égard des choses : peu importe ce qui survit ou ce qui cesse d'exister, pourvu qu'il y est un accroissement spirituel de Christ. Cela entraîne la nécessité, pour tout le peuple du Seigneur, et particulièrement pour ceux qui ont des positions "officielles" et des places d'influence, d'être uniquement et absolument consacré à l'accroissement de Christ, Christ n'est pas divisé ; c'est donc Christ qui est la base de l'unité, et non les choses mentionnées plus haut.
A qui sont les brebis ? Sont-elles à vous ? Une brebis de Christ ne peut-elle lui être volée par ceux qui lui sont consacrés ? Si ce sont les brebis de quelqu'un ou de quelque chose, nous sommes dans un autre domaine. Non § Toutes choses de ce genre sont des causes de faiblesse et de petitesses spirituelles, et il est nécessaire d'avoir une altitude nouvelle à l'égard de Christ Lui-même pour arriver à la plénitude.
Nous dirons encore, à cet et pour le moment, que tout ce qui est donné par le Seigneur doit contribuer à "l'édification du Corps" de façon directe et positive. C'est ce qui en marque l'objet et la direction, et c'est là, sa loi caractéristique. L'évangélisation, l'enseignement, les dons personnels et spirituels, tout doit avoir un seul but, l'édification. L'évangéliste et l'évangélisation ne sont pas une fin en soi, ni quelque chose à part. Le Nouveau Testament renverse complètement une idée ou une procédure de ce genre. Toutes ces fonctions sont des fonctions du Corps, et elles doivent être maintenues ensemble pour que le Corps soit bien équilibré ; aucune ne doit être accentuée au détriment des autres, ni laissée de côté. Un ministère d'enseignement doit marcher de pair avec un ministère d'évangélisation et vice versa. Chacun de ceux qui fonctionnent comme membre du Corps de Christ -- et tout les membres devraient fonctionner -- devrait avoir, non pas le salut des âmes, ou l'instruction des saints, mais par leur moyen et celui de tous les autres, l'accroissement de Christ. Rappelons-nous que l'Église n'est ni grande, ni petite, que le succès de notre travail n'est pas mesuré au nombres de personnes présentes, mais selon la mesure positive de Christ.
Je ne saurai terminer ce traité sans rappeler brièvement une ou deux questions qui sont fondamentales pour ce ministère.
Il y a la question de la Croix. Ce ne serait pas dire quelque chose de nouveau ou d'extraordinaire que de rappeler que la Croix de Christ est profondément liée à la question de la plénitude divine. Mais il est nécessaire d'affirmer continuellement ce fait, et d'en avoir une révélation toujours plus grandissante. Les Écritures nous montrent très clairement que, jusqu'à la fin, l'adversaire cherchera par tous les moyens et de toute sa force à soulever la question de notre acceptation et de notre position en Christ. Il est désigné à la fin des temps (Apocalypse 12) comme étant "l'accusateur de nos frères", et l'un de ses efforts les plus déterminés a pour but la destruction de notre assurance.
Tout ce qui porte en soi l'idée que nous faisons ou que nous devenons quelque chose qui mérite la grâce de Dieu et obtient Son acceptation, porte le sceau du Diable lui-même. La mort de Christ pour nous, et notre mort avec Lui, est la seule base solide de notre acceptation. Luther le dit simplement lorsqu'il s'écrit : "Ô Christ, je suis Ton péché, Ta malédiction, Ta colère de Dieu, Ton enfer et Toi, au contraire, Tu es ma justice, ma bénédiction, ma vie, ma grâce de Dieu, mon ciel !" Il ne faut pas s'étonner que le Diable ait haï Martin Luther, et qu'il l'ait assailli si cruellement.
Mais il n'y a pas seulement la valeur fondamentale, initiale et parfaite de la Croix pour notre acceptation entière et incontestable ; il y a une signification de la Croix qui est en relation avec la plénitude spirituelle et le fruit spirituel. C'est ce que Paul appelle "être rendu conforme à sa mort." (Philippiens 3 : 10)
Ceci, répétons-le, doit être gardé à part de notre justification et de notre accès auprès de Dieu. Combien de tragédies, de scandales, de défaites, de faiblesses, de morts, de limitation et d'égoïsme que nous rencontrons chez beaucoup de chrétiens et dans beaucoup d'institutions, de communautés et d'églises chrétiennes, sont dues à la "chair" non crucifiée ou la vie naturelle ! A quel point, Christ est mis hors de vue par les hommes, les choses et les méthodes qui se mettent en proéminence ! Il faut, pour qu'Il arrive à la place qui Lui est donnée dans l'intention divine, et à nous avec Lui, que l'oeuvre de la Croix se fasse continuellement et de plus en plus profondément en nous.
Il nous faut réellement être en état de dire : "je suis crucifié avec Christ.", en achevant la déclaration : "je ne vis plus moi, mais Christ qui vit en moi." Est-ce vrai ? "Je ne vis plus moi ?" Plus moi ? C'est bien ce que Paul entendait, mais qui peut connaître la profondeur de ce "moi" ! Christ sait combien entière et profonde est l'oeuvre de Sa Croix, et que nous pouvons pleinement s'abandonner à Lui, pour que le Saint-Esprit accomplisse en nous toute Sa pensée en ce qui concerne la Croix, afin que la voie soit libre pour réaliser Sa plénitude.
Ainsi le double aspect et le double message de la Croix ont une très grande par dans ce ministère. Il y a beaucoup d'enfants de Dieu qui n'aiment pas ce dernier aspect que nous venons de mentionner, et qui le refusent. Nous dirons simplement que, s'ils représentent plus qu'une moyenne en richesse spirituelle et dans leur connaissance de Christ, et que si ce à quoi ils sont liés est affranchi des résultats ordinaires de la force de la vie naturelle, il y a quelque chose dans leur antagonisme contre l'aspect subjectif de la Croix à quoi nous devons nous soumettre. Mais nous avons été là nous-mêmes, et nous connaissons maintenant la différence.
Il nous faut terminer; nous le faisons en touchant à une autre question. Il y a bien des enfants de Dieu qui pourront accepter une grande partie de ce que nous venons d'écrire, mais qui réagiront en déclarant que c'est "idéaliste", que c'est trop élevé, que ce n'est pas possible, que les choses étant ce qu'elles sont maintenant, nous ne pouvons pas espérer un tel retour à la Parole de Dieu. Il n'y a qu'une seule réponse à cette attitude. La Bible a toujours reconnu une position comme celle-là, et elle y a pourvu. Il n'y a qu'un petit nombre d'hommes, qui du sein de la nation d'Israël captive, retournèrent volontairement pour construire la ville, la muraille, la maison à Jérusalem ; et la parole qui les gouvernait, et les caractérisait était : "que celui qui a le coeur bien disposé, que son Dieu soit avec lui."
Il est clair que, dans le livre de l' Apocalypse, la majorité avait abandonné la pensée entière du Seigneur. L'appel que nous y trouvons s'adresse à ceux qui ont une oreille à entendre. Nous voyons qu'ils sont appelés les "vainqueurs"; et cela est nettement en relation avec les conditions décadentes. C'est une réaction vers la pensée entière et originelle du Seigneur. L'on peut difficilement s'attendre à ce que tous les chrétiens répondent à l'appel et à la mesure de Dieu, mais il est clair qu'ils le peuvent , que le Seigneur le veut et que ce qu'Il veut n'est pas hors d'atteinte. Ce peut être un chemin coûteux . Le prix en sera surtout amer à cause de l'attitude des autres chrétiens.
C'est pourquoi nous réalisons que ce ministère passera au crible le peuple de Dieu, et que ceux-là seuls qui veulent réellement marcher avec le Seigneur, et qui "tendent à ce qui est parfait", lui feront place. Notre message doit donc toucher les vainqueurs bien que nous ne les regardions pas comme des élus d'entre les élus, comme une aristocratie spirituelle choisie. Ils auront une place d'honneur spéciale, parce que le Seigneur aura en eux ce à quoi Il a mis Son coeur dès e commencement. La différence à la fin sera celle que nous voyons entre Joseph et ses frères.
Un ministère comme celui dont nous venons de parler sera le résultat de Son action profonde et sévère à notre égard. Ce n'est pas quelque chose que l'on puisse étudier et obtenir mentalement. Nous ne sortirons jamais du tour du potier comme un vase terminé ; mais d'une manière ou d'une autre, le Seigneur associera le façonnage et l'usage. Sans aucun doute, c'est ce qui devrait être fait.
"Le messager du Seigneur dans le message du Seigneur.; nous avons ici ce principe fondamental que l'instrument n'est jamais en avance sur son histoire spirituelle. Les prophètes eux-mêmes, qui parlaient des choses à venir et de beaucoup de choses don le sens ne leur était pas entièrement clair, étaient amenés à avoir leur ministère incrusté en eux par l'expérience pratique. Mais l'action sévère de Dieu a toujours en vue l'accroissement et le progrès. Untel ministère ne peut être ni "entrepris", ni adopté. Nous ne pouvons pas y entre comme nous entrons dans un travail quelconque, par un entraînement technique ou une de par une préparation intellectuelle.
C'est en vérité quelque chose en présence de quoi nous reculons naturellement, comme Moïse Jérémie ou bien d'autres. Il est utile et intéressant, ou bien cela peut nous éclairer, de remarquer que, lorsque par le moyen de Jérémie, le Seigneur parle à Israël du potier et de la maison du potier, Il prend Lui-même la place du potier. Le moulage, la forme, le redressement, l'ajustement, la purification du vase en vue de Son utilité, se font au moyen des assauts et des châtiments dus à l'activité de l'ennemi. Il y avait un rapport entre les mains du Potier et l'opposition d'un souverain étranger faisant le siège de la ville. Ainsi, pour que nous soyons d'une plus grande utilité, le Seigneur se sert de l'ennemi et de son oeuvre. Nous ne serons que très rarement libérés de sa pression.Telles sont les choses essentielles auxquelles nous avons été amenés à nous consacrer.
"Nous ne pouvons faire autrement. Que Dieu nous aide !"
Que le Seigneur nous donne à tous un coeur prêt à "suivre l'Agneau partout où qu'il aille", afin de parvenir à Sa plénitude.
Tiré du magazine "A Witness & Testimony" Janvier 1944
T. AUSTIN-SPARKS
N'en trouvera-t-on pas l'explication dans le fait que rien de ce qui n'est qu'une part d'un tout ne peut atteindre, ni réaliser le dessein tout entier ? Pour être dans la voie de la plénitude, il est essentiel, en premier lieu, de reconnaître et de réaliser le fait que Dieu n'est pas simplement engagé dans un grand nombre d'activités bonnes et bienfaisantes, mais qu'Il est toujours et uniquement occupé par un dessein qui embrasse tout, et auquel tout est lié ! "Dieu opère TOUTES CHOSES selon le conseil de sa volonté" Ephésiens 1 : 11. La mesure de la valeur suprême de notre travail correspondra à la compréhension initiale que nous aurons eue d'un dessein seul et unique. Lorsque cela sera rétabli, nous arriverons bientôt à voir ce qu'est le dessein, et comment et par quels moyens il sera réalisé. Lorsqu'un maître a un seul et unique plan, auquel il se consacre, il demandera à tous ceux qui travaillent pour lui, qu'ils ne se contentent pas de faire différentes choses, si bonnes soient-elles et constituant même une part de son oeuvre entière, mais qu'ils voient au-delà de leur petite part et de leur propre tâche, le but et l'objet tout entier, afin d'agir positivement en le gardant en vue. Il sera favorable à ceux qui viendront travailler pour lui et aux moyens qu'ils emploieront, dans la mesure où ils auront à coeur le but tout entier. La mesure de ses ressources et de sa plénitude leur sera accordée sur cette seule base. Il en est de même pour Dieu Mais comprenons bien que c'est la plénitude spirituelle qui est en vue, et non la gratification personnelle.
Ensuite le dessein est de rassembler toutes choses en Christ. C'est une personne pleine et entière, agrandie et embrassant tout. La grandeur, la magnificence, la plénitude universelle de Christ, voilà le but de Dieu. Il n'est pas suffisant pour nous de voir le dessein, si fondamental cela soit-il, il faut que nous voyons, de manière toujours grandissante, la plénitude de Christ. Il doit y avoir une vision initiale de cette grandeur, de cette majesté, de cette gloire, de cette universalité. C'est à une elle vision que sont dues la puissance, l'efficacité et la gloire de l'Église des premiers jours. Telle fut la signification de la "Pentecôte". C'est une vision comme celle-là qui fit des apôtres les hommes qu'ils furent. Paul devait tout à la révélation que Dieu lui donna de Son Fils en lui. Mais cette vision doit se continuer. Elle doit devenir de plus en plus importante. Nous devons pas simplement nous fixer à quelque expérience passée la vision que nous avons aujourd'hui de Christ. La volonté du Seigneur, c'est que nous vivions et marchions par l'Esprit à un point tel, que nous puissions dire que la vision que nous avons ce Christ aujourd'hui est infiniment plus grande et plus merveilleuse qu'elle n'a jamais été. Cela est en accord avec le dessein de Dieu, et il en est ainsi pour tous ceux qui sont réellement entré dans une compréhension spirituelle de ce dessein.
Nous arrivons, en troisième Lieu, à considérer les moyens et la méthode dont Dieu se sert pour l'accomplissement de Son dessein éternel. C'est "l'église qui est son corps " (le corps de Christ". La Parole de Dieu nous déclare définitivement que l'Église est "la plénitude de Celui qui remplit tout en tous" . Cette plénitude universelle de Christ doit être révélée et exprimée dans et par un instrument appelé l'Église. Qu'est-ce que cette Église ?
Il nous est dit premièrement qu'elle est une compagnie d'élus. Laissant de côté toutes les théories sur l'élection, contentons-nous pour le moment de voir que Dieu a voulu, de toute éternité, avoir une telle compagnie, et que l'élection a rapport au dessein, et non pas principalement au salut. Dieu connaît, il ne peut pas en être autrement, les réactions suprêmes des hommes à l'égard de l'offre qu'Il leur fait, et c'est selon Sa pré-connaissance qu'Il a prédestiné à Son dessein. à Son dessein. Mais Dieu n'a jamais dit à une personne non sauvée qu'elle est prédestinée à l'être. Dieu appelle simplement. L'Église est la compagnie des appelés qui ont obéi !
Deuxièmement, l'Église est quelque chose de plus grand que les églises. Selon ce que nous entendons par celles-ci, l'Église peut se trouver en elles toutes, ou bien elle ne peut pas être du tout dans beaucoup d'entre elles. L'Église est essentiellement une chose spirituelle; elle n'est ni sectaire, ni dénominationnelle, ni "ecclésiastique", ni traditionnelle. Elle est l'union spirituelle des membres d'un organisme vivant, un corps possédant une vie, elle est une entité, elle est "tous un en Christ". La mesure de la lumière que nous avons ne nous rend pas plus ou moins membre de ce Corps, bien qu'elle puisse en affecter le fonctionnement. Ce n'est pas notre compréhension de la "vérité quant à l'Église" qui nous constitue membres de l'Église, bien qu'elle affecte grandement la plénitude. Ce qui est la base de l'actualité du Corps, c'est une relation vitale avec Christ.
Mais cela dit, il nous faut montrer combien il est essentiel de reconnaître ce qu'est l'Église. Accompagnant une révélation personnelle de Christ dans Sa grandeur, la révélation de l'Église est liée à notre avance pratique vers la plénitude. Paul a, dans ses écrits, une plénitude bien plus grande que n'importe quel autre apôtre, et cela est dû principalement à la révélation spéciale de l'Église qui lui avait été donnée. Ce qui ressort de cette révélation c'est que Christ et l'Église sont UN, comme la tête et les membres d'un même corps.
Il y a deux ou trois choses dans cette question qu'il nous est nécessaire de saisir. Il y a premièrement le fait, établi si pleinement et si clairement dans les Écritures, que Dieu a tout aussi définitivement choisi et désigné l'Église pour la réalisation de Son dessein éternel, qu'Il avait choisi et désigné Son Fils. Dieu s'est lié Lui-même et Sa plénitude autant à Son Fils qu'à l'Église. Tandis que l'Église est soumise au Fils, qu'elle est l'organe et l'instrument, comme la femme l'est à l'égard de son mari (Ephésiens 5 : 22-24), ils sont un, en ce qui concerne le dessein. Ce fait entraîne en soi la jalousie de Dieu pour Son Église, et signifie que, pour parvenir à la plénitude, l'on ne peut ni l'ignorer, ni l'amoindrir, ni l'outrager.
De plus, en ce qui concerne la plénitude spirituelle, Dieu continuera à agir strictement par le moyen du Corps, c'est-à-dire qu'il n'est pas possible pour des individus séparés, de connaître la plénitude. La plénitude est une question relationnelle. "L'Église est la plénitude de Christ". Aucun individu ne peut l'être. C'est pourquoi, l'union spirituelle, la relation des membres, la communion, la mutualité et la dépendance des uns à l'égard des autres, sont fondamentales et indispensables pour parvenir à la maturité spirituelle. "Jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ"; Ephésiens (4 :13)
Dans l'Ancien Testament, lorsque les choses eurent été constituées selon le modèle divin, c'est de la Tente d'Assignation que Dieu parlait au peuple. Il en est ainsi dans le Nouveau Testament. Avant d'obtenir la réponse à la demande qu'il fit sur la route de Damas, Paul dut entrer dans la ville, et ce fut par le moyen de l'Église qu'il la reçut. Avant d'entreprendre la grande oeuvre de sa vie, l'apôtre dut demeurer dans l'Église d'Antioche pour y recevoir la confirmation de sa mission (Actes 13).
Tout cela ne signifie pas que Dieu n'ait jamais agi souverainement et dans Sa grâce à l'égard de ceux qui avaient à coeur Ses intérêts sans reconnaître cependant cette loi. Mais nous parlons de plénitude spirituelle et c'est à cela que nous appelle notre ministère. Ce n'est pas "un comité général", "exécutif" ou "conseiller", mais le Corps dans sa représentation et son fonctionnement spirituels, qui est la voie voulue de Dieu.
Il nous faudrait plus de place que nous n'en avons notre disposition pour montrer toutes les valeurs et les implications renfermées dans une compréhension adéquate de la place et du dessein que Dieu a pour Son Église en toutes choses. C'est précisément l'une des questions qui a une place considérable dans notre ministère parlé ou écrit durant ces dernières années.
Ceci nous amène aux Église, c'est-à-dire aux assemblées locales du peuple de Dieu. Les temps et les conditions ont grandement changé depuis les jour du Nouveau Testament, tout au moins en ce qui concerne le monde occidental. Il était simple et naturel, en ces temps-là, de rassembler ceux qui croyaient en Christ. Il n'y avait alors que des croyants et des non croyants. Aujourd'hui s'élèvent une quantité d'autres questions, celles des "affiliations", "organisations", "pratiques", croyances" etc...... Mais il y a une ou deux choses qui doivent toujours gouverner cette question, ce sont :
1- L'église ou l'assemblée locale doit localement tout ce que l'Église est universellement dans son ensemble. Elle ne doit pas être plus petite, ni dans sa vision, ni dans sa vocation, ni dans sa relation. Bien que située localement, elle est universelle quant à sa nature, à son influence, à sa vocation et à sa fonction. Si elle vit pour elle-même, elle mourra. La plénitude dépend de sa longueur et de sa largeur, de sa hauteur et de sa profondeur spirituelles.
2- L'église locale est l'environnement d'éducation spirituelle, en vue de l'utilité pour le Seigneur. C'est que sont apprises toutes les leçons essentielles, non seulement par l'enseignement, mais aussi par la discipline spirituelle. La leçon fondamentale de la soumission au Seigneur -- qui a une si grande importance dans a question de la croissance spirituelle-- est apprise de manière très pratique dans une assemblée fidèle et dans la vie de communion. Toute vie personnelle, indépendante et non relationnelle, est impossible lorsque le Corps est véritablement reconnu. La protection, le support, l'appui et le soutien spirituels du peuple de Dieu, au-delà d'une manière simplement générale ont une valeur et une importance très importantes. L'élise locale, loin de n'être qu'une "congrégation", doit être une expression locale de la famille de Dieu, remplir toutes les fonctions, et pourvoir à toutes les valeurs de la vraie vie et des vraies relations de famille.
3- La question qui a une importance prééminente, dans l'église locale comme dans l'Église universelle, c'est celle de la souveraineté absolue de Christ, la Tête. Tout ce qui usurpe Sa place, ou qui est en conflit de quelque façon que se soit, aboutira très certainement à une limitation spirituelle et à un retard proportionné de la croissance. N'est-ce pas pour cette raison que, dans les églises du Nouveau Testament , aucun homme n'exerçait l'autorité. Mais que des anciens, et non pas un ancien, étaient désignés. Le principe du Corps est sauvegardé dans ce qui est corporatif, et l'autorité individuelle évitée. A Antioche, le Saint-Esprit parla à une compagnie de représentants, qui avaient ensemble une responsabilité spirituelle. Les anciens sont représentatifs, il s'agit d'une mesure spirituelle et non ecclésiastique. La pluralité des anciens, dans le Nouveau Testament, signifie que l'église est amenée, en et par ses représentants, sous la complète souveraineté de Christ, par le moyen du Saint-Esprit.
4- Il nous faut remarquer ensuite que les apôtres ne partirent jamais en ayant le projet de fonder des églises. C'était le résultat spontané et inévitable de l'oeuvre du Saint-Esprit dans chaque lieu. Christ était prêché et accepté, et la relation des croyants suivait spontanément (voyez Actes 2 : 42). Ce qui détermine les églises, c'est Christ. Ceci est la solution à beaucoup de problèmes et la réponse à bien des questions qui se posent, tout spécialement dans notre monde occidental, en ces temps particulièrement compliqués. Quel doit être le principe directeur et décisif qui nous pousse à nous rassembler ? Ce doit être Christ ! C'est sur cette base seule que nous nous réunissons là où le but de Dieu est le plus pleinement en vue, et là ou se trouve ce qui contribue le plus à atteindre ce but -- la plénitude de Christ -- c'est cela qui décidera de la place où nous devons être, et personne de devrait discuter cela. C'est à cause de notre dévotion et de notre jalousie pour une "chose", une "Dénomination", une "Mission", une ""Tradition" , une "Communauté", un "Mouvement" etc, que jaillissent les rivalités et les mauvais sentiments. Tout ce que l'on entend dire au sujet de "brebis volées" et d'enfants de Dieu divisés, vient en grande partie d'un soucis pour -- non pas la croissance spirituelle -- mais pour quelque chose ici-bas, sur cette terre. Combien ces choses deviendraient impossibles si chacun prenait cette attitude à l'égard des choses : peu importe ce qui survit ou ce qui cesse d'exister, pourvu qu'il y est un accroissement spirituel de Christ. Cela entraîne la nécessité, pour tout le peuple du Seigneur, et particulièrement pour ceux qui ont des positions "officielles" et des places d'influence, d'être uniquement et absolument consacré à l'accroissement de Christ, Christ n'est pas divisé ; c'est donc Christ qui est la base de l'unité, et non les choses mentionnées plus haut.
A qui sont les brebis ? Sont-elles à vous ? Une brebis de Christ ne peut-elle lui être volée par ceux qui lui sont consacrés ? Si ce sont les brebis de quelqu'un ou de quelque chose, nous sommes dans un autre domaine. Non § Toutes choses de ce genre sont des causes de faiblesse et de petitesses spirituelles, et il est nécessaire d'avoir une altitude nouvelle à l'égard de Christ Lui-même pour arriver à la plénitude.
Nous dirons encore, à cet et pour le moment, que tout ce qui est donné par le Seigneur doit contribuer à "l'édification du Corps" de façon directe et positive. C'est ce qui en marque l'objet et la direction, et c'est là, sa loi caractéristique. L'évangélisation, l'enseignement, les dons personnels et spirituels, tout doit avoir un seul but, l'édification. L'évangéliste et l'évangélisation ne sont pas une fin en soi, ni quelque chose à part. Le Nouveau Testament renverse complètement une idée ou une procédure de ce genre. Toutes ces fonctions sont des fonctions du Corps, et elles doivent être maintenues ensemble pour que le Corps soit bien équilibré ; aucune ne doit être accentuée au détriment des autres, ni laissée de côté. Un ministère d'enseignement doit marcher de pair avec un ministère d'évangélisation et vice versa. Chacun de ceux qui fonctionnent comme membre du Corps de Christ -- et tout les membres devraient fonctionner -- devrait avoir, non pas le salut des âmes, ou l'instruction des saints, mais par leur moyen et celui de tous les autres, l'accroissement de Christ. Rappelons-nous que l'Église n'est ni grande, ni petite, que le succès de notre travail n'est pas mesuré au nombres de personnes présentes, mais selon la mesure positive de Christ.
Je ne saurai terminer ce traité sans rappeler brièvement une ou deux questions qui sont fondamentales pour ce ministère.
Il y a la question de la Croix. Ce ne serait pas dire quelque chose de nouveau ou d'extraordinaire que de rappeler que la Croix de Christ est profondément liée à la question de la plénitude divine. Mais il est nécessaire d'affirmer continuellement ce fait, et d'en avoir une révélation toujours plus grandissante. Les Écritures nous montrent très clairement que, jusqu'à la fin, l'adversaire cherchera par tous les moyens et de toute sa force à soulever la question de notre acceptation et de notre position en Christ. Il est désigné à la fin des temps (Apocalypse 12) comme étant "l'accusateur de nos frères", et l'un de ses efforts les plus déterminés a pour but la destruction de notre assurance.
Tout ce qui porte en soi l'idée que nous faisons ou que nous devenons quelque chose qui mérite la grâce de Dieu et obtient Son acceptation, porte le sceau du Diable lui-même. La mort de Christ pour nous, et notre mort avec Lui, est la seule base solide de notre acceptation. Luther le dit simplement lorsqu'il s'écrit : "Ô Christ, je suis Ton péché, Ta malédiction, Ta colère de Dieu, Ton enfer et Toi, au contraire, Tu es ma justice, ma bénédiction, ma vie, ma grâce de Dieu, mon ciel !" Il ne faut pas s'étonner que le Diable ait haï Martin Luther, et qu'il l'ait assailli si cruellement.
Mais il n'y a pas seulement la valeur fondamentale, initiale et parfaite de la Croix pour notre acceptation entière et incontestable ; il y a une signification de la Croix qui est en relation avec la plénitude spirituelle et le fruit spirituel. C'est ce que Paul appelle "être rendu conforme à sa mort." (Philippiens 3 : 10)
Ceci, répétons-le, doit être gardé à part de notre justification et de notre accès auprès de Dieu. Combien de tragédies, de scandales, de défaites, de faiblesses, de morts, de limitation et d'égoïsme que nous rencontrons chez beaucoup de chrétiens et dans beaucoup d'institutions, de communautés et d'églises chrétiennes, sont dues à la "chair" non crucifiée ou la vie naturelle ! A quel point, Christ est mis hors de vue par les hommes, les choses et les méthodes qui se mettent en proéminence ! Il faut, pour qu'Il arrive à la place qui Lui est donnée dans l'intention divine, et à nous avec Lui, que l'oeuvre de la Croix se fasse continuellement et de plus en plus profondément en nous.
Il nous faut réellement être en état de dire : "je suis crucifié avec Christ.", en achevant la déclaration : "je ne vis plus moi, mais Christ qui vit en moi." Est-ce vrai ? "Je ne vis plus moi ?" Plus moi ? C'est bien ce que Paul entendait, mais qui peut connaître la profondeur de ce "moi" ! Christ sait combien entière et profonde est l'oeuvre de Sa Croix, et que nous pouvons pleinement s'abandonner à Lui, pour que le Saint-Esprit accomplisse en nous toute Sa pensée en ce qui concerne la Croix, afin que la voie soit libre pour réaliser Sa plénitude.
Ainsi le double aspect et le double message de la Croix ont une très grande par dans ce ministère. Il y a beaucoup d'enfants de Dieu qui n'aiment pas ce dernier aspect que nous venons de mentionner, et qui le refusent. Nous dirons simplement que, s'ils représentent plus qu'une moyenne en richesse spirituelle et dans leur connaissance de Christ, et que si ce à quoi ils sont liés est affranchi des résultats ordinaires de la force de la vie naturelle, il y a quelque chose dans leur antagonisme contre l'aspect subjectif de la Croix à quoi nous devons nous soumettre. Mais nous avons été là nous-mêmes, et nous connaissons maintenant la différence.
Il nous faut terminer; nous le faisons en touchant à une autre question. Il y a bien des enfants de Dieu qui pourront accepter une grande partie de ce que nous venons d'écrire, mais qui réagiront en déclarant que c'est "idéaliste", que c'est trop élevé, que ce n'est pas possible, que les choses étant ce qu'elles sont maintenant, nous ne pouvons pas espérer un tel retour à la Parole de Dieu. Il n'y a qu'une seule réponse à cette attitude. La Bible a toujours reconnu une position comme celle-là, et elle y a pourvu. Il n'y a qu'un petit nombre d'hommes, qui du sein de la nation d'Israël captive, retournèrent volontairement pour construire la ville, la muraille, la maison à Jérusalem ; et la parole qui les gouvernait, et les caractérisait était : "que celui qui a le coeur bien disposé, que son Dieu soit avec lui."
Il est clair que, dans le livre de l' Apocalypse, la majorité avait abandonné la pensée entière du Seigneur. L'appel que nous y trouvons s'adresse à ceux qui ont une oreille à entendre. Nous voyons qu'ils sont appelés les "vainqueurs"; et cela est nettement en relation avec les conditions décadentes. C'est une réaction vers la pensée entière et originelle du Seigneur. L'on peut difficilement s'attendre à ce que tous les chrétiens répondent à l'appel et à la mesure de Dieu, mais il est clair qu'ils le peuvent , que le Seigneur le veut et que ce qu'Il veut n'est pas hors d'atteinte. Ce peut être un chemin coûteux . Le prix en sera surtout amer à cause de l'attitude des autres chrétiens.
C'est pourquoi nous réalisons que ce ministère passera au crible le peuple de Dieu, et que ceux-là seuls qui veulent réellement marcher avec le Seigneur, et qui "tendent à ce qui est parfait", lui feront place. Notre message doit donc toucher les vainqueurs bien que nous ne les regardions pas comme des élus d'entre les élus, comme une aristocratie spirituelle choisie. Ils auront une place d'honneur spéciale, parce que le Seigneur aura en eux ce à quoi Il a mis Son coeur dès e commencement. La différence à la fin sera celle que nous voyons entre Joseph et ses frères.
Un ministère comme celui dont nous venons de parler sera le résultat de Son action profonde et sévère à notre égard. Ce n'est pas quelque chose que l'on puisse étudier et obtenir mentalement. Nous ne sortirons jamais du tour du potier comme un vase terminé ; mais d'une manière ou d'une autre, le Seigneur associera le façonnage et l'usage. Sans aucun doute, c'est ce qui devrait être fait.
"Le messager du Seigneur dans le message du Seigneur.; nous avons ici ce principe fondamental que l'instrument n'est jamais en avance sur son histoire spirituelle. Les prophètes eux-mêmes, qui parlaient des choses à venir et de beaucoup de choses don le sens ne leur était pas entièrement clair, étaient amenés à avoir leur ministère incrusté en eux par l'expérience pratique. Mais l'action sévère de Dieu a toujours en vue l'accroissement et le progrès. Untel ministère ne peut être ni "entrepris", ni adopté. Nous ne pouvons pas y entre comme nous entrons dans un travail quelconque, par un entraînement technique ou une de par une préparation intellectuelle.
C'est en vérité quelque chose en présence de quoi nous reculons naturellement, comme Moïse Jérémie ou bien d'autres. Il est utile et intéressant, ou bien cela peut nous éclairer, de remarquer que, lorsque par le moyen de Jérémie, le Seigneur parle à Israël du potier et de la maison du potier, Il prend Lui-même la place du potier. Le moulage, la forme, le redressement, l'ajustement, la purification du vase en vue de Son utilité, se font au moyen des assauts et des châtiments dus à l'activité de l'ennemi. Il y avait un rapport entre les mains du Potier et l'opposition d'un souverain étranger faisant le siège de la ville. Ainsi, pour que nous soyons d'une plus grande utilité, le Seigneur se sert de l'ennemi et de son oeuvre. Nous ne serons que très rarement libérés de sa pression.Telles sont les choses essentielles auxquelles nous avons été amenés à nous consacrer.
"Nous ne pouvons faire autrement. Que Dieu nous aide !"
Que le Seigneur nous donne à tous un coeur prêt à "suivre l'Agneau partout où qu'il aille", afin de parvenir à Sa plénitude.
Tiré du magazine "A Witness & Testimony" Janvier 1944
T. AUSTIN-SPARKS
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