«
Je te confie cette ordonnance, mon enfant Timothée, selon les
prophéties qui ont été précédemment faites à ton sujet, afin
que par elles tu combattes le bon combat », 1 Timothée 1 :18.
«
Combats le bon combat de la foi; saisis la vie éternelle, pour
laquelle tu as été appelé et tu as fait la belle confession devant
beaucoup de témoins », 1 Timothée 6 :12.
«
Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus
Christ », 2 Timothée 2 : 3.
Si
nous devions retenir un seul fragment représentatif de ces deux
lettres, je pense que ce serait le dix-huitième verset du premier
chapitre de la première lettre de Paul à Timothée : « Je te
confie cette ordonnance, mon enfant Timothée … que tu combattes le
bon combat. » Méditons un instant sur ces deux lettres.
Tout
d’abord, rappelons que Timothée était un jeune homme. Comparé à
des hommes considérés comme forts, il était apparemment de frêle
constitution. Paul met ceci en évidence en l’exhortant à être
fort de corps et d’esprit. Dans ce contexte, nous devons nous
souvenir de toutes ces choses pour lesquelles l’apôtre Paul
mandate et responsabilise ce jeune homme. Ces deux épîtres
contiennent certaines des plus grandes choses jamais confiées à un
homme, qu’il soit jeune ou âgé. Aussi, Paul ne tient pas
entièrement compte de la jeunesse de Timothée. Au contraire, il
élève ce jeune frère à un très haut niveau, cherchant à lui
faire comprendre que la grâce et la puissance de Christ peuvent
faire de lui un homme d’une grande envergure spirituelle.
L’idée
répandue parmi les hommes, est de tout ramener aux capacités
naturelles. Or, la Parole de Dieu démontre que le Seigneur cherche
toujours à élever les hommes, au-delà de leurs aptitudes
naturelles, vers quelque chose de bien plus haut. Ainsi, Timothée
n’est pas considéré comme quelqu’un de faible, qui importe peu
dans les choses de Dieu. Au contraire, Paul s’adresse à lui de
façon à nous faire réaliser combien l’appel de tout serviteur de
Dieu est transcendant ! Combien une telle vocation est suréminente !
Ceci
s’applique non seulement à ceux qui sont jeunes dans la foi, mais
également à tous ceux qui appartiennent au Seigneur. Ces épîtres
sont un grand appel à la maturité, à s’élever au-dessus de
tout, car c’est le Seigneur qui nous y convie. Ayant présenté les
choses telles quelles sont, examinons cet appel de plus près. Nous
allons maintenant considérer la signification dominante de ces
lettres et non pas nous arrêter à tous les détails qui s’y
trouvent. Il ne s’agit pas d’étudier ces épîtres
méthodiquement, verset par verset, ni même d’en considérer les
principaux passages. Nous chercherons plutôt à voir ce qu’elles
signifient pour nous dans leur ensemble. A cette fin, nous devons
commencer par contempler l’auteur lui-même, l’apôtre Paul.
Nous
savons que Paul écrivit ces lettres en prison. C’était ici son
ultime emprisonnement après plusieurs autres. Pour ainsi dire, la
seconde épître nous amène au point où le bourreau tient le glaive
en main. Paul écrit : « Je sers déjà de libation, et le temps
de mon départ est arrivé », (2 Timothée 4 :6). Lorsqu’il
écrit sa seconde lettre à Timothée, sa vie est arrivée à son
terme. Il est généralement admis qu’un certain laps de temps
s’est écoulé entre ces deux lettres. Après avoir écrit la
première, alors qu’il était en prison à Rome, Paul fut relâché
pour un temps. Puis, il fut arrêté de nouveau et condamné à mort.
Quoi qu’il en soit, Paul, au moment de cette deuxième épître,
est arrivé à la fin de son séjour ici-bas. Il est emprisonné et,
comme l’indique cette lettre, il demeure presque seul.
Ces
lettres sont caractérisées de façon frappante par le fait que
l’apôtre Paul reste constamment dans l’ardeur et l’effervescence
du combat de la foi. Quelles que soient la situation et les
circonstances, la ferveur habite toujours dans son cœur. C’est la
flamme du combattant. Remarquons les termes militaires employés par
l’apôtre, tels que « soldat » et « combat » par exemple. Ces
deux lettres sont pleines de l’esprit battant et combatif de cet
apôtre héroïque. Nullement refroidi, il cherche à stimuler et à
dynamiser le feu intérieur dans le cœur de ce jeune homme.
Quelle
dette de l’Église, à travers les siècles, envers cet esprit
vaillant et intrépide de l’apôtre ! Il ne capitula jamais ni ne
déposa jamais les armes. Il fut parfois blessé, éraflé et abattu,
portant sur lui les marques d’un très long combat. Jusqu’à la
fin, il ne désarme pas, ni ne se laisse dominer. Je répète que
l’Église a contracté une immense dette envers cet apôtre. Ce
genre d’esprit combatif jusqu’à la fin placera toujours les
autres dans une position de responsabilité et d’exigence – sous
une grande obligation.
Si
vous et moi, nous sommes tentés de battre en retraite, de fléchir
ou d’abdiquer, si nous avons l’impression que ce combat est perdu
d’avance, nous perdons beaucoup nous-mêmes. En outre, nous privons
nombre de frères et de sœurs d’obtenir ce à quoi ils auraient pu
prétendre si seulement nous avions combattu jusqu’à notre dernier
souffle.
Le
Facteur Temps
Le
temps et le facteur temps sont déterminants dans ces épîtres. Nous
savons que Paul avait laissé Timothée à Éphèse, et qu’il y
exerçait des responsabilités au sein de l’assemblée. En quelque
sorte, Éphèse était la porte de toutes les assemblées d’Asie
Mineure. Depuis Éphèse, la Parole de Dieu se répandit dans toute
cette région. Dans le livre de l’Apocalypse, la toute première
assemblée nommée parmi les sept églises est Éphèse. Il est
important de nous rappeler ces faits lorsque nous considérons ces
deux épîtres à Timothée, car ils en éclairent le contenu. Ce
temps d’alors était d’une extrême importance.
Paul
fut exécuté en l’an 68. Jean écrivit l’Apocalypse - donc ces
lettres aux sept assemblées d’Asie - en l’an 96. Ainsi,
vingt-huit ans séparent les conditions spirituelles évoquées dans
les épîtres à Timothée puis dans le livre de l’Apocalypse –
et quelles conditions ! Pensons à tout ce que le Seigneur accorda à
ces assemblées d’Asie au travers de Paul. Combien cet homme s’est
investi et sacrifié pour ces assemblées. Nous pensons à ces
merveilleuses lettres aux Éphésiens et aux Colossiens, et aux
autres qui circulaient alors parmi ces assemblées. Considérons une
seule de ces lettres, celle aux Éphésiens par exemple. La
profondeur des choses qui y sont écrites est telle que jamais nous
ne pourrons l’épuiser même avec la plus longue des vies. Tant de
sagesse, tant de révélation et de connaissance, tout ceci se trouve
pratiquement éteint en l’espace de vingt-huit ans. Nous lisons ces
lettres de Paul aux assemblées d’Asie, puis celles du livre de
l’Apocalypse. Vingt-huit ans les séparent ! Quelle tragédie ! Un
homme avait pu autant se donner, ces assemblées avaient tellement
reçu et pourtant moins de trois décennies plus tard, le Seigneur
avait dû dire : « Je connais tes œuvres : J’ai contre toi, j’ai
quelque chose contre toi, repens-toi. » Dans ces deux chapitres de
l’Apocalypse, nous découvrons une situation spirituelle
déplorable. Comment ceci fut-il rendu possible ? Voyez-vous,
j’appelle cela le facteur « temps » et il est très significatif.
Le
commencement, ou les commencements de cette triste situation évoquée
dans le livre de l’Apocalypse, vingt-huit ans après, figurent déjà
dans les lettres à Timothée. Nous y trouvons l’amorce du déclin,
ainsi que l’attitude des assemblées envers Paul à la fin de sa
vie. Quelle était donc la position de ces assemblées envers
l’apôtre et son ministère ? (Bien entendu, l’homme et le
ministère ne font qu’un). Paul écrit : « – tous ceux qui
sont en Asie … se sont détournés de moi. », (2 Timothée 1
:15).
Ceci
est très révélateur et démontre à quel point l’attitude de
beaucoup changea par rapport à l’homme et à son ministère.
Ensuite, Paul nomme en particulier cinq hommes qui s’opposèrent à
lui et à sa doctrine. Il y avait Alexandre, l’ouvrier du cuivre, à
propos duquel Paul déclare : « [il] a montré beaucoup de
méchanceté envers moi », (2 Timothée 4 :14). Il y avait aussi
Hyménée et Philète (2 Timothée 2 :17) puis Phygelle et Hermogène
(2 Timothée 1 :15). Paul les désigne comme faisant partie de ceux
qui s’opposèrent à lui et à son enseignement. Ces cinq hommes
lui montrèrent « beaucoup de méchanceté ». Telle fut leur
attitude, et, apparemment, ces hommes jouissaient d’une certaine
influence dans l’assemblée. Lorsque pour une dernière
fois, Paul appela les anciens de l’assemblée qui était à Éphèse,
il leur dit : « Il se lèvera d'entre vous-mêmes des hommes qui
annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples après
eux . » (Actes 20 : 30). Certains étaient opposés à la saine
doctrine au sein même de l’assemblée.
Paul
dit ensuite, comme avec un soupir de tristesse : « Démas m'a
abandonné, ayant aimé le présent siècle ; et il s'en est allé à
Thessalonique . » (2 Timothée 4 :10). Démas s’en alla à
Thessalonique, ce fut sa tragédie. En prenant en compte ce que Paul
écrit aux Thessaloniciens, nous comprenons que Démas n’a
certainement pas été le bienvenu parmi eux. Les assemblées de
cette région étaient d’une grande loyauté envers Paul. Lorsque
Démas parvint à Thessalonique, je ne pense pas qu’il y soit resté
longtemps. Paul rappelle : « Démas m’a abandonné », « Tous
ceux qui sont en Asie se sont détournés de moi », « Luc seul est
avec moi ». Nous percevons un changement radical d’attitude de la
plupart envers l’apôtre et son ministère, celui à qui ils
devaient tant.
A
l’évidence, Timothée a besoin d’être encouragé et fortifié :
« Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans
le Christ Jésus … Prends ta part des souffrances comme un bon
soldat de Jésus Christ . » Ces deux lettres abondent de ce
genre de recommandations. Timothée faisait face à de grandes
difficultés, peut être en raison de ce changement d’attitude
envers Paul, et peut être aussi en raison de son association avec
lui. Le verset suivant semble l’indiquer : « N'aie donc pas
honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier.
» (2 Timothée 1 :8). Vous connaissez le principe : si quelqu’un
est objet de la défiance et se trouve placé sous un nuage de
suspicion, les plus faibles éviteront de révéler leur association
avec un tel individu. Pour essayer de garder la face, ils chercheront
à cacher une telle relation et ils tairont leur association avec
celui qui est placé sous la suspicion. Il semble clair que Timothée
devait faire face à une semblable situation « … ni de moi son
prisonnier », écrit l’apôtre.
Tant
d’éléments font ici référence au combat, à la bataille.
Timothée devait être fortifié, exhorté et encouragé à tenir
ferme. Il était sous la menace d’être découragé, d’être pris
au dépourvu. Il devait affronter l’influence de ces hommes
puissants tel Alexandre, l’ouvrier du cuivre, et de tous les autres
aussi. C’est pourquoi Paul l’exhorte ainsi : « Que personne
ne méprise ta jeunesse. » (1 Timothée 4 :12). Voyons-nous la
situation critique à laquelle Timothée devait faire face ? Il avait
bien besoin de lire ces paroles de l’apôtre Paul.
Le
Comportement dans la Maison de Dieu
Nous
voyons, surtout dans la seconde lettre à Timothée, que Paul met
l’accent sur une deuxième chose à savoir le comportement dans la
maison de Dieu : « Afin que tu saches comment il faut se conduire
dans la maison de Dieu. » (1 Timothée 3 :15). Plusieurs autres
sujets viennent en complément : les anciens et les serviteurs, les
questions concernant la conduite, les positions, les services et les
comportements dans la maison de Dieu. Pourquoi autant de sujets, de
conseils, d’informations ? Parce que les choses commençaient déjà
à se dégrader. De toute évidence, l’ensemble de ce qui
concernait l’assemblée et son fonctionnement devait être le sujet
de corrections, de remises en question, de renforcement spirituel,
d’exhortations diverses. Ces lettres de Paul signifient que les
conditions spirituelles évoquées dans le livre de l’Apocalypse
avaient déjà commencé à arriver dès la fin de la vie de
l’apôtre. Le déclin durera les vingt-huit années qui séparent
les lettres à Timothée et le livre de l’Apocalypse. Paul savait
ce qui était en jeu et comment les choses évolueraient si rien
n’était fait.
A
cause du déclin se développant et des ennemis internes et externes
aux assemblées, nous trouvons ces appels répétés au combat : « –
que tu combattes le bon combat … combats le bon combat de la foi
… comme un bon soldat de Jésus Christ ». Il ne doit exister
aucun sentimentalisme dans la foi chrétienne, aucune complaisance.
L’Église n’est pas un lieu de divertissement, c’est un camp
d’entraînement pour les soldats de la foi. C’est un lieu de
préparation pour le combat et s’il y a des blessés, c’est aussi
un lieu où ceux-ci sont guéris afin de les relancer dans la
bataille. C’est ce que ces épîtres enseignent au sujet de
l’Église. Les assemblées n’existent pas pour que nous y
trouvions toutes sortes de divertissements. Nous devons prendre
conscience que nous sommes engagés dans un des plus âpres combats.
Tout ce que Paul et Jean ont écrit à propos des assemblées d’alors
est toujours valable aujourd’hui. Ne nous voilons pas la face quant
à ces choses qui demeurent d’une extrême importance.
Quelles
étaient donc les circonstances et les forces en jeu, pour que Paul
lance un tel défi à Timothée ?
Le
Combat Céleste
Nous
devons préciser ici, comme le dit Paul dans son épître aux
Ephésiens, que cette lutte n’est pas « contre le sang et la
chair » ; c'est-à-dire ni contre l’homme, ni contre des
choses. Avez-vous remarqué que Paul dit au sujet d’Alexandre : «
Alexandre, l'ouvrier en cuivre, a montré envers moi beaucoup de
méchanceté ; le Seigneur lui rendra selon ses œuvres ». Il
est possible que Paul se soit montré vindicatif et amer envers cet
homme. Peut-être a-t-il sorti son épée contre lui ? Car Paul était
fort capable d’utiliser des paroles puissantes lorsqu’il le
désirait. C’est ainsi qu’il s’oppose contre les imposteurs en
Galatie : qu’ils soient « anathème », autrement dit, que
la malédiction divine soient sur eux (Galates 1 : 8, 9). Mais bien
qu’Alexandre ait usé de beaucoup de méchanceté envers Paul,
celui-ci écrit : « le Seigneur lui rendra selon ses œuvres
». Je le laisse aux mains du Seigneur. Il ajoute même : « que
cela ne leur soit pas imputé » (2 Timothée 4 :16). Paul ne
combat pas contre les hommes, contre le sang et la chair. Il s’agit
d’un combat spirituel. C’est ce que nous devons retenir tandis
que nous examinons quelques aspects de ce conflit.
1.
Contre l’Affaiblissement du Niveau Spirituel
De
toute évidence, l’apôtre Paul lance un appel déterminé contre
le déclin et la régression spirituels, contre l’amoindrissement
de la vie spirituelle. La vie spirituelle de l’Église est toujours
en danger d’affaiblissement, de régression, d’obscurcissement
spirituels. Parfois ces choses sont exprimées de façon convaincante
: « Retournons au simple Evangile ! » C’est une autre façon
d’exprimer : « Ne nous élevons pas trop haut dans les choses
spirituelles. Contentons-nous de ce qui est facile et plaisant ! »
Dans
ce contexte, l’apôtre enseigne : « Car il y aura un temps où
ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des
oreilles qui leur démangent, ils s'amasseront des docteurs selon
leurs propres convoitises. » (2 Timothée 4 :3). Autrement dit :
« S’il vous plaît dites-nous des choses agréables, des choses
divertissantes, apaisez-nous avec votre langage et enlevez-nous ce
désagrément de cet incessant appel à quelque chose de plus haut et
de plus grand. Changez les choses pour nous, ramenez-les à notre
niveau. » Cette attitude, précisément, fit faire naufrage aux
assemblées de l’Apocalypse et leur valurent d’être blâmées
par le Seigneur vingt-huit ans plus tard. Paul désire mettre ceci en
avant : « Timothée n’aies rien à voir avec ces choses.
Ressaisis-toi ! La lutte n’est pas avec la chair et le sang. Elle
se situe en fait contre cette tendance persistante à affaiblir la
vie spirituelle, à sans cesse régresser. Ne considère même pas
cette perspective – à aucun prix ! Maintiens le niveau spirituel
auquel tu as été appelé. »
2.
Contre la Perte de la Mesure Spirituelle
«
Timothée, sois en garde contre toute perte éventuelle de la
plénitude qui t’a été révélée et à laquelle tu as été
appelé. » Sans aucun doute, l’apôtre Paul a toujours présenté
la plénitude de l’appel céleste en Christ à tous ses
auditeurs, aux assemblées et à ses collaborateurs, vocation qui
demeure très riche et élevée.
Dans
ces épîtres de Paul, nous constatons la tendance - déjà
généralisée - à la dégradation et à la dévalorisation de cette
vocation ; d’où son encouragement : « Combats le bon combat de
la foi. » Ce que Paul entendait par « la foi » est expliqué
dans toutes ses lettres : la foi représentait quelque chose
d’immense et rempli de signification. Le danger toujours présent,
à cette époque comme aujourd’hui, est d’abandonner quelque
aspect de la foi, d’en sacrifier une partie, de concéder certains
aspects de la grande plénitude de Christ à laquelle nous sommes
tous appelés.
3.
Contre Toutes les Formalités
Timothée
doit aussi affronter toute possibilité de rituels et de cérémonials
qui auraient pour effet l’extinction de la spiritualité et de la
vie.
Il
apparaît clairement que Paul a beaucoup à dire au sujet des anciens
: sur leur comportement, leurs aptitudes et capacités, leurs
critères de vies, leurs dons. De même à propos des serviteurs :
ceux qui servent l’assemblée, qui s’adonnent à toute sorte de
service. Alors qu’il met en avant tant de choses en rapport avec le
peuple de Dieu et la vie d’assemblée, il tend à corriger
certaines conditions qui commençaient à prévaloir. Quelles étaient
ces conditions ? Tout ce qui se résumait à des coutumes, des
usages, des traditions. Par exemple, que la vocation d’ancien ne
soit réduite à une simple fonction, idem pour les serviteurs ou, à
l’inverse, que ces hommes élèvent la position et le prestige
au-dessus du service sacrificiel. L’apôtre cherche à arrêter une
tendance qui sacrifie la vie et la spiritualité au profit de la
médiocrité des usages et des traditions. Si nous le comprenons
bien, Paul s’exprime de la façon suivante : « Un ancien n’est
pas un officiel. Il n’est pas élevé à cette position en vertu
d’un certain savoir ou de certaines ressources, d’une place
sociale ou d’une relative popularité. Le danger serait d’accorder
certaines responsabilités à des hommes tout en s’appuyant sur ce
genre de critère. Appartenant à une certaine classe sociale, ils
sont aisés, ils disposent de reconnaissance parmi les hommes et
ainsi une position leur est octroyée. » Paul dit « Non ! »
à ce genre de raisonnement. Un ancien est un homme spirituel ou
alors il n’est rien. Ces fonctions doivent être préservées par
des moyens spirituels, il n’est pas concevable de les laisser se
métamorphoser en autre chose. Ces principes s’appliquent à tous
ceux qui exercent des responsabilités dans l’assemblée.
L’assemblée n’est pas une quelconque entité organisée et tenue
par des rituels, des usages ou traditions. L’assemblée est un
corps vivant – une expression vivante du Seigneur Jésus – sinon,
elle n’est rien.
J’aimerais
ajouter plusieurs choses à propos de l’Eglise du Nouveau
Testament. Comme vous le savez, beaucoup a été dit et écrit au
sujet des assemblées du Nouveau Testament. Je me demande quelles
sont ces idées et ces vues. Personnellement, j’ai étudié ce
sujet pendant plusieurs décennies, et aujourd’hui je suis obligé
de dire : « Je me demande à quoi ressemble une assemblée du
Nouveau Testament ! » En fait, nous ignorons ce qui se passait
vraiment dans ces assemblées. Nous disposons de certains éléments,
de certains principes spirituels et de certaines lignes de conduite,
des choses qui doivent être maintenues. Mais je désire faire
remarquer que la caractéristique principale des assemblées du
Nouveau Testament était la spiritualité. Au commencement, il
n’y avait rien de cérémonieux, rien de traditionnel : seule la
vie prévalait.
Dans
ses lettres adressées à Timothée, l’apôtre laisse entendre que
tout ce qui touche les assemblées a commencé de dégénérer par le
formalisme, le légalisme, l’autocratisme. Le cri de Paul était :
« Timothée, tiens ferme contre ces choses ! Fais barrage contre
elles ! Combats pour la spiritualité, pour la vie » ; « saisis
la vie éternelle, pour laquelle tu as été appelé ».
4.
Contre la Perte de la Ferveur Spirituelle
Timothée
se devait de combattre la perte de cette ferveur, de cette vigueur,
de cet enthousiasme spirituels qui étaient le vrai caractère du
Seigneur et de Ses serviteurs. Ici Paul encourage : « je te
rappelle de ranimer le don de grâce de Dieu qui est en toi ».
Il exhortait Timothée à attiser le feu de la foi, à le raviver car
les éléments spirituels périclitaient rapidement, ils
s’étiolaient. La flamme de la vie se trouvait menacée. Vous
savez, lorsque les choses deviennent formelles, la ferveur
spirituelle disparaît. Un tel état des choses prouve que ce qui
était grand, louable et digne n’est plus. Combien Paul exhorte
Timothée à maintenir un haut niveau de spiritualité ! Il souhaite
que cette attitude de Timothée soit communicative et transmissible :
« Ranime Timothée, ranime la ferveur spirituelle ; combats contre
la perte de la vigueur de la foi ! » Dans une autre lettre, Paul
exprime cette pensée : « Quant à l'activité, pas paresseux ;
fervents en esprit ; servant le Seigneur » (Romains 12 :11). Le
sens de cette phrase est en fait : « Maintenir la ferveur
spirituelle ». Paul insiste auprès de Timothée précisément sur
ce point : « Ranime le feu ! Ne perds aucune ferveur, maintiens la
vigueur spirituelle et résiste à tout ce qui la menace ! »
5.
Contre la Perte des Responsabilités
Enfin,
Timothée se doit de combattre contre toute tendance qui provoquerait
la diminution de la responsabilité et de la vocation spirituelles.
C’est ce qui est indiqué par Paul lorsqu’il écrit : « O
Timothée, garde ce qui t'a été confié ». Le sens du propos
de Paul est : « Timothée préserve à tout prix la charge,
l’obligation qui t’ont été confiées. Conserve cette
administration qui t’a été conférée et défends-la contre toute
tendance à la régression. Maintiens et protège ta vocation. »
Tout
ce que Paul dit alors à Timothée, il l’adresse aussi à nous
aujourd’hui encore. Du plus jeune au plus âgé parmi nous, nous
devrions tous avoir un sens de vocation élevé et fort. Ceci n’est
pas du tout optionnel : que nous le désirions ou pas, que cette
position nous convienne ou pas, ceci ne change en rien la réalité
des choses auxquelles nous avons été appelés. Nous ne pouvons pas
choisir lorsque le Seigneur nous appelle. Nous sommes contraints
d’aller de l’avant ; c’est notre responsabilité. C’est une
charge qui nous a été confiée.
En
nous souvenant d’Esdras, nous nous rappelons que lorsqu’ils se
mirent en route pour reconstruire la ville, ils emmenèrent avec eux
des biens précieux pris à Babylone, de l’or et de l’argent. Ils
durent apporter l’ensemble à Jérusalem, sans aucune perte, dans
sa totalité et ils réussirent à le faire. Ils invoquèrent
l’Eternel afin qu’Il les protège en route et qu’ils puissent
ramener ce trésor à destination. Il est écrit qu’ils
rapportèrent tout ce qui leur avait été confié et ils le
déposèrent dans la maison de Dieu. Rien ne fut ni perdu ni égaré.
C’était une charge, un dépôt, une administration qu’ils
gardèrent jusqu’au bout.
Chers
amis, le témoignage de Jésus nous a été confié dans sa plénitude
à vous et moi. Il nous a été confié une grande révélation de
Christ. Nous constatons que, pour une majorité, la chrétienté se
limite au domaine des sens : les gens y recherchent ce qu’ils
désirent obtenir pour eux-mêmes. Nous sommes donc confrontés à un
défi : maintenir coûte que coûte la vérité de la foi et de la
vie spirituelle, même au prix de notre vie. Nous devons nous assurer
que rien de tout ce qui nous a été confié ne soit perdu. La
question n’est pas de savoir si cela nous convient ou non, d’y
trouver quelque satisfaction personnelle, d’obtenir un certain
loisir. Non ! Nous sommes engagés dans un combat ! La question
demeure la suivante : sommes-nous prêts et déterminés à rapporter
au but ce trésor, ces richesses qui nous ont été confiés,
c'est-à-dire aux pieds du Seigneur et ce, en dépit de toutes les
adversités ? Serons-nous capables de dire en ce jour-là : « Voici
Seigneur, je te rends ce que tu m’avais confié, rien n’a été
perdu. Tu m’as donné abondamment, je te restitue tout. » En
référence à la parabole des talents, ce qui est rendu l’est avec
intérêts, avec une multiplication.
En
considérant ces lettres à Timothée, nous voyons clairement l’appel
et le défi qui lui sont adressés en tant que membre représentatif
de l’assemblée : il ne doit rien perdre de sa vocation céleste.
L’exhortation s’adresse à la responsabilité envers Christ et
envers Son Assemblée qui est Son Corps. Nous ne sommes pas ni des
observateurs passifs, ni des passagers oisifs qui attendent d’être
choyés, portés et nourris. Nous devons faire partie de ceux qui
endossent des responsabilités dans une perspective de vocation. A
chacun d’entre nous, le Seigneur Jésus Christ a confié un dépôt,
une charge. Au dernier jour, Il contemplera ce que nous en avons
fait.
Voyez-vous,
c’est ici la signification de ces lettres adressées à Timothée.
Aujourd’hui, nous sommes malheureusement devenus familiers avec la
médiocrité au niveau spirituel. Nous sommes habitués à cette
tendance constante à la détérioration, à l’avilissement, à la
corruption du domaine spirituel. C’est un combat incessant que
d’essayer de garder les critères du Seigneur, de maintenir les
choses spirituelles à leur niveau, de préserver la plénitude
spirituelle. Nous devons faire face à toutes sortes d’adversités
: les pressions diverses, les influences néfastes, les
découragements multiples, les déceptions amères, les frères
déloyaux et perfides – il y a des Alexandre, ouvriers du cuivre.
C’est
pourquoi le conflit et le combat ne cesseront jamais. Nous y serons
engagés jusqu’à la fin. Depuis sa conversion jusqu’à son
exécution, la vie de Paul fut marquée par les conflits et il n’y
eût point de relâche jusqu’au terme de son existence. Si, de
fait, le témoignage de Jésus est inextricablement lié à un
instrument, qu’il soit individuel ou collectif, il est alors
inéluctable que Satan et ses forces maléfiques s’acharnent dans
une grande opposition. Car un tel instrument est suscité, en partie,
pour tenir ferme contre ces puissances spirituelles de méchanceté
qui sont dans les lieux célestes. Que ce soit individuellement ou
collectivement, si nous sommes appelés en réalité selon l’appel
céleste du Christ Jésus, alors nous n’échapperons pas à cette
antipathie et à cette opposition des forces mauvaises. Ainsi, le
combat durera jusqu’à ce que nous ayons résisté : « et,
après avoir tout surmonté, tenir ferme. » Que le Seigneur nous
fortifie et nous affermisse jusqu’à la victoire finale !