lundi 16 septembre 2013

MÉDIOCRITÉ OU SAINTETÉ (Gaston Racine)

MÉDIOCRITÉ OU SAINTETÉ   (Gaston Racine)

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  • Itinéraire spirituel
  • Au lecteur
  • Préface
  • Introduction
  • Chapitre I
  • Chapitre II
  • Chapitre III
  • Chapitre IV
  • Chapitre V
  • Chapitre VI
  • Conclusion

Itinéraire spirituel

Gaston Racine, prédicateur évangélique, conférencier et écrivain.

Né en Suisse dans le canton de Neuchâtel en 1917. De famille huguenote, il fut élevé dans un milieu très pieux, appartenant à une communauté issue du Réveil spirituel qui secoua une partie du protestantisme au dix-neuvième siècle. Converti au Christ en 1931, hors de son contexte familial.
Arrêté en pleine jeunesse par la maladie, il dut apprendre durant de longues années, à L’école de la souffrance, à renoncer à ses plans et à ses projets les plus chers, pour se soumettre simplement à la volonté divine. 
Appelé au service de Dieu en 1936, lors de sa convalescence en Italie. Chapitre de sa vocation personnelle: Jérémie, chapitre 1, versets 4-10.
Exerce depuis 35 ans un ministère évangélique dans dès communautés diverses, dans des camps de jeunesse et dans des salles populaires en différents continents. A une prédilection pour le pays dIsraël et ses voisins arabes.

Dès 1947, ne dépend d’aucune église particulière.

Habite Montréal depuis 1962. Tout en restant foncièrement attaché à la Bible et sans sombrer dans un syncrétisme religieux, G. R. reste disponible pour témoigner de sa foi aux croyants et aux non-croyants de tous les milieux, catholiques, orthodoxes, protestants, juifs, musulmans, bouddhistes, hindouistes, rationalistes et marxistes.
 C’est dans ce but qu’il a commencé, avec sa femme, le Dr Eva C. Racine-Arendt, M. D., les camps Mahanaïm destinés aux jeunes gens et jeunes filles de 18 à 30 ans.


 AU LECTEUR

"Médiocrité ou Sainteté" est un thème qui a réveillé la conscience et parlé au cœur de plusieurs jeunes gens et jeunes filles réunis dans des Camps bibliques, à la Chartreuse de Valbonne dans le Gard, au "Genêt D’or" en Haute-Loire, puis à "Poggio Ubertini" près de Florence, entre les années 1950 et 1960. Ce sujet fut traité une fois encore en 1968, dans une Retraite spirituelle de fin de semaine près de la ville de Québec.

Sur la demande maintes fois renouvelée d’anciens campeurs et campeuses actuellement adultes, pères et mères de famille, j’ai repris mes notes et ai publié au cours de l’année 1970, l’essentiel de mes exposés d’il y a plus de quinze ans, dans le périodique français "Servir en L’attendant".
Augmenté d’une préface qu’a bien voulu écrire mon propre fils, j’ai revu et quelque peu développé mon travail original, pour demeurer dans le feu de l’actualité.
Certains lecteurs trouveront pourtant que je n’apporte rien de nouveau à ceux qui cherchent un sens à leur vie et aux choses qui les entourent.
Dans des terres et des êtres labourés par les charrues de la technique moderne et à l’heure où la science croit pouvoir très bientôt tout comprendre et tout expliquer, sauf l’essentiel, n’avons-nous rien d’autre à semer que "l’éternel grain de blé?".

Existerait-il une autre semence de vie?

Sommes-nous si assurés que les problèmes des temps modernes sont si différents dans leur essence, de ceux qu’ont eu à résoudre nos ancêtres?
À Ses disciples et à quelques Grecs qui voulaient Le voir, Jésus de Nazareth disait un jour:
L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.  (Évangile de Jean 12:23-24.)

Dieu veuille trouver en nous un terrain favorable pour y jeter Sa semence, afin qu’aujourd’hui encore nous puissions recevoir Sa Parole, l’entendre, la comprendre et porter du fruit dans ce monde qu’il a tant aimé.         
G.R. Montréal, Février 1971

Préface

Malgré les habitudes et la mode, chacun sait que les préfaces, (de "proefari," dire d’avance) sont le plus souvent parfaitement inutiles. Que dire alors d’un préfacier qui loin d’être un écrivain présentant l’œuvre d’un jeune auteur est plutôt un jeune lecteur présentant l’œuvre d’un écrivain. Il s’agira donc moins ici de préface que de "témoignage".

Fils de l’auteur, j’ai trente ans au moment où j’écris ces lignes. Je viens de lire et relire le texte qui sera bientôt offert à l’attention des lecteurs qui auront le privilège d’avoir ce livre entre les mains. Mais il y a quinze ans déjà, qu’un soir du Jeudi Saint, dans le midi de la France, alors que je participais à un camp biblique de vacances, j’entendais ce même message, celui du même évangéliste, celui de L’évangile en fait, la bonne nouvelle de la Grâce de Dieu en Jésus-Christ. Ce message devait me conduire, dans les heures qui suivirent, à ce choix qui donne son titre à cet ouvrage, et dont allait dépendre l’orientation future de ma vie personnelle: MÉDIOCRITÉ OU SAINTETÉ!

Témoigner de l’importance de ce livre, c’est pour moi dire à son futur lecteur qu’ayant découvert devant Dieu mon état de "médiocrité" et sa signification profonde, le "péché," c’est-à-dire ce qui m’empêchait de bénéficier de la communion avec mon Créateur, qu’ayant cru ce que Dieu disait de moi et de son Fils par Sa Parole, j’ai découvert "d’un même mouvement l’amour de son Cœur, l’efficacité et la totalité de son pardon". Témoigner de l’efficacité de la PAROLE prêchée et rappelée dans ce livre, c’est pour moi dire à celui qui en prendra connaissance, qu’elle a changé ma vie.

Les "saints"? Comme le souligne l’auteur en accord avec toute la révélation biblique, ils ne sont rien d’autre que ces pécheurs qui ont accepté la grâce de Dieu. Ils sont saints, oui, mais "par Celui qui habite en eux, par la Vie du Cep qui coule dans les sarments". Et ce Jésus qui disait à ses disciples, "Moi je suis le vrai cep et vous êtes les sarments," veut habiter chez tous les hommes, toutes les femmes, tous les enfants de cette terre. Encore faut-il qu’ayant rencontré Jésus-Christ, ils lui aient ouvert la porte de leur cœur, afin Qu’il fasse Sa demeure en eux. C’est ce que j’ai fait ce soir d’avril 1954, alors que le monde christianisé se préparait à se souvenir du Crucifié de Golgotha par qui tout fut, non seulement possible, mais déjà "accompli". C’était pour moi l’heure de Dieu. Si cet ouvrage, comme on dit d’ordinaire, "vient à son heure," eh bien, que ce soit pour vous lecteur, l’heure de Dieu, qui enfin sonne ou "re-sonne" dans votre vie.
* * *
Après avoir souligné l’importance de la notion de choix, d’un choix initial, mais aussi d’un choix qui se renouvelle quotidiennement, en l’illustrant par les choix de ces hommes de la Bible, qui se révèlent être à l’image de chacun de nos propres choix, l’auteur parle au cœur, sans artifice, se contentant de faire défiler devant nos yeux ces personnages qui meublent tant de souvenirs religieux et stérilement dévots, et qui, tout pleins de poussière, semblaient avoir perdu toute signification existentielle. Sous la plume combien inspirée et incisive de l’auteur, ils reprennent pourtant un relief saisissant et une actualité que j’oserais qualifier pour utiliser le jargon de mon métier, "d’opérationnelle" dans la "planification" de nos vies personnelles. Au-delà des patriarches et des prophètes archétypes provisoires de Celui qui devait venir, culmine la divine personne du Christ.

Quel renouveau de ma conviction, à la lecture de ce livre, de la validité de ce jugement de l’auteur, quant à la vanité des procédés artificiels "d’actualisation" de la Parole de Dieu! Actualisons-nous le verre poli de nos miroirs? Quelle que soit la forme ou la couleur de son cadre, la surface qui réfléchit la lumière reste la même, au fil de nos jours, au fil de nos heures. Ce miroir qu’est la Bible est toujours capable de nous convaincre, à tout âge, de la nécessité du salut de Dieu et de nous assurer que ce salut a été accompli en Jésus-Christ.

La lumière soudain a jailli dans les ténèbres. L’homme voit sa misère et, de la repentance à la foi en la justification acquise pour nous par le sacrifice du Christ, il est conduit sur le chemin de la sanctification, qui n’est autre que "la vie en Christ," vécue quotidiennement grâce à l’opération de L’esprit de Dieu. Elle débouche, bien au-delà de l’esclavage, la stagnation, le mélange, la tristesse d’une "médiocrité" dominée par la dictature de notre MOI, sur la joie, l’unité, le progrès et la liberté d’une vie "sanctifiée" par la présence en elle du CHRIST-JÉSUS, Jésus de Nazareth. C’est Lui qui montrait il y a bientôt deux mille ans le chemin du salut, la CROIX, mais qui, l’ayant suivi à notre place, pouvait déjà, ressuscité d’entre les morts, donner à ceux qui avaient cru à la vertu salvatrice de son sacrifice, ce bien ineffable après lequel nous courons tous, la PAIX, non pas celle que le monde croit parfois pouvoir donner, promettre ou prédire, mais la Sienne, la Paix de Dieu, "qui surpasse toute intelligence," scellée une fois pour toutes pour tous les rachetés dans le sang de L’agneau de Dieu, "qui ôte le péché du monde".

Toutes ces promesses qui parcourent ce livre rempli de la Parole de Dieu—et auxquelles renvoient d’opportunes références bibliques en notes infra-marginales—sont pour nous. "À nous de nous en emparer par la foi," nous dit l’auteur. En effet, le même Jésus qui disait dans son sermon sur la montagne: "Bienheureux les doux, car ils recevront la terre en héritage," devait dire un peu plus tard que ce sont les "violents" qui s’emparent du Royaume des Cieux. Peut-être faut-il se faire violence en effet pour ouvrir la porte de son cœur à Celui qui vous dit:
"Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. A celui qui vaincra je lui donnerai de prendre place auprès de moi sur mon trône, comme moi-même, après ma victoire, j’ai pris place auprès de mon Père sur son trône. Celui qui a des oreilles, qu’il écoute ce que L’esprit dit aux Églises." (Apocalypse 3: 20-22)
Jésus ne force pas l’accès. Il frappe. Mais cette demande d’un accueil libre et personnel, Il me l’adressait le soir où j’entendais cette prédication intitulée "Médiocrité ou Sainteté," à moi fils de pasteur, ayant toujours cru être chrétien, mais qui n’en avais que l’inévitable habit tissé par le conditionnement familial et ecclésiastique, tout plein de déchirures et d’éclaboussures d’ailleurs.

Et, ce même message, le Christ glorifié le dit encore aujourd’hui à L’église, quelle que soit son appellation—puisqu’à l’origine cette parole interpellait L’église primitive de Laodicée, bien avant qu’interviennent les grands schismes et leurs prolongements actuels. Ottawa, janvier 1971

Dr J.-B. Racine, Professeur à L’université D’ottawa, Département de Géographie.

 Introduction

La Bible, Parole de Dieu, est le livre des positions nettes et tranchées.

Celui qui lit les Écritures et laisse ses pensées se former par elles, sait que le Livre saint est ennemi des compromis, des attitudes équivoques, des cœurs hésitants et partagés.

Tout lecteur se laissant critiquer par le Texte entend sans cesse résonner aux oreilles de son cœur ses expressions catégoriques: "Vie ou mort"... "Bonheur ou malheur"... "Bénédiction ou malédiction"... "Vérité ou mensonge"... "Lumière ou ténèbres"... "Justice ou iniquité"... "Sainteté ou souillure"... "Bouillant ou froid"... "Amour ou haine"... "Dieu ou Mammon"... "Christ ou Bélial"... "Esprit ou chair"...

L’esprit du "monde," au contraire, la sagesse des hommes ne cessent de proclamer qu’il existe un juste milieu, un moyen terme, une possibilité d’unir ces contraires, qu’il est impossible de suivre à la lettre les exhortations de la Parole, sans tomber dans le fanatisme religieux...

Ce monde est pour le mélange, pour l’union, et le résultat de ce soi-disant équilibre, c’est la confusion.

Au sein de ce chaos d’idées, de ces opinions embrouillées, Dieu pourtant parle toujours, et notre âme s’humiliant sous Sa main puissante Le supplie d’atteindre par ce message les cœurs et les consciences de ceux qui ont encore  "des oreilles pour entendre". Dieu seul peut éclairer Ses créatures et leur donner ce que la parole humaine est impuissante à produire: "La joie très pure de la vérité divine entrevue," comme disait saint Augustin.

Et parce que nous devrons dans les derniers chapitres exposer des doctrines très profondes et une réflexion devenue de plus en plus étrangère à nos contemporains, nous éprouvons le besoin de faire nôtre l’essentiel de la prière de l’auteur de "L’imitation de Jésus-Christ". Après avoir rappelé la demande des enfants D’Israël à Moïse: "Parle-nous et nous t’écouterons, mais que le Seigneur ne nous parle point, de peur que nous ne mourrions," il s’écrie:

"Ce n’est pas là Seigneur, ce n’est pas là ma prière; mais au contraire je vous implore, comme le prophète Samuel, avec un humble désir, disant: Parlez, Seigneur mon Dieu, vous la lumière de tous les prophètes, et L’esprit qui les inspirait.., sans vous, ils ne pourraient rien".

Ils peuvent prononcer des paroles, mais non les rendre efficaces. Leur langage est sublime; mais si vous vous taisez, il n’échauffe point le cœur. Ils exposent la lettre, mais vous en découvrez le sens. Ils proposent les mystères; mais vous rompez le sceau qui en dérobait l’intelligence. Ils publient vos commandements, mais vous aidez à les accomplir. Ils montrent la voie, mais vous nous donnez des forces pour y marcher. Ils n’agissent qu’au dehors, mais vous éclairez et Instruisez les cœurs. Ils arrosent extérieurement, mais vous donnez la fécondité. Leurs paroles frappent l’oreille; mais vous ouvrez l’intelligence... Seigneur, mon Dieu, éternelle vérité! Parlez-moi, de peur que je ne meure et que je n’écoute sans fruit, si averti seulement au dehors, je ne suis point intérieurement embrasé; de peur que je ne trouve ma condamnation dans votre Parole, entendue sans être accomplie, connue sans être aimée, crue sans être observée. Parlez-moi donc, Seigneur, parce que votre serviteur écoute: Vous avez les paroles de la vie éternelle!
 * * *
Dieu a parlé. Dieu parle encore. Nous le savons. Nous le croyons de tout notre cœur car, dans un temps comme le nôtre, seule cette Parole nous fait vivre.

Pourtant, étrange paradoxe, plus que jamais nous sentons notre incapacité à parler de  Dieu. Comme plusieurs auteurs l’ont souvent souligné, "dès que l’homme parle de Dieu, il lui arrive de découvrir avec effroi qu’il parle d’autre chose que de Dieu".

Si la Parole de Dieu était vraiment sur nos lèvres, notre interlocuteur aurait la vraie réponse, celle qui correspond à sa question ou au seul problème réel qui tourmente l’homme moderne et qu’il n’a pas osé ou voulu nous poser ouvertement.

Cependant, nous avons un témoignage oral ou écrit à rendre à la vérité centrale de la Parole de Dieu.
"Prêcher, disait en substance Karl Barth, c’est être le messager chargé de faire entendre la Bonne Nouvelle, c’est être la voix qui transmet la parole libératrice, la Parole que Dieu seul peut prononcer, Parole qui n’est autre que Dieu lui-même devenu homme en Jésus-Christ. Les idées et les particularités du prédicateur n’ont aucun intérêt. Si Dieu n’utilise sa parole comme véhicule de la Sienne, tout est vain et stérile. La prédication est donc l’attente et le risque sans cesse repris de ce miracle par lequel aujourd’hui Dieu parle aux hommes de notre temps, de tous les temps, depuis le jour où Il appela Abraham à partir pour la terre promise". (Portrait de K. Barth, P.77-78)
* * *
Aujourd’hui comme hier, un authentique homme de Dieu ne peut prêcher que sous la croix. Il ne se croit pas déjà au but et ne prétend pas avoir atteint la perfection.
C’est dans une grande détresse intérieure qu’il s’adresse au cœur et à la conscience de ses frères. Il se sent lui-même interpellé par Dieu et se voit aux côtés de tous ceux qui s’interrogent au sein d’une salutaire angoisse.
Il ne pense être dans la vérité parce qu’il est "intégriste" ou "progressiste" ou encore parce qu’il ferait partie d’une communauté évangélique dans laquelle il a été baptisé et où il communie une ou plusieurs fois par mois.
Il ne se réjouit pas du trouble qui agite les grandes dénominations religieuses et ne se permet pas de triompher au nom de la Bible en constatant le désarroi qui s’empare de beaucoup d’âmes. Il demande à Dieu d’éclairer tous les hommes et n’aspire plus qu’à servir ses frères.
S’il doit dénoncer le péché et les infidélités de tout ce qui porte le nom de chrétien, il le fait en se frappant lui-même la poitrine, prêt à reconnaître sa propre responsabilité dans la situation lamentable de la chrétienté.
Parce qu’il connaît la plaie secrète de son cœur et les misères de sa communauté, il est assez honnête pour ne pas affirmer que tout va bien pour lui ou qu’aucun problème ne se pose dans son milieu spirituel. L’église primitive avait déjà ses luttes et les apôtres leurs perplexités.

Toute attitude humble et ouverte permet à Dieu d’intervenir. Alors un véritable miracle se produit. L’infinie bonté de Dieu nous est, à nouveau, révélée. La certitude de sa justice s’empare de notre cœur. La rémission des péchés, la résurrection d’entre les morts, la vie éternelle, en un mot toutes les vérités essentielles du christianisme acquièrent une nouvelle fraîcheur. Ce ne sont plus de simples articles de foi d’un Credo orthodoxe, des doctrines figées par les siècles, ni des mots abstraits et incompréhensibles pour l’homme moderne. Dieu a une réponse pour quiconque s’interroge. Et cette réponse est dans Son Fils unique, dans le pardon Qu’il nous accorde en Lui, dans cette grâce et cette vérité qui vinrent par Jésus- Christ.
*  * *

Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment, des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, des choses qui ne sont pas montées au cœur de l’homme 1Corinthiens 2:9. Ces trésors cachés, ces richesses enfouies, cette sagesse et cette science ineffables ne sont dévoilés qu’à ceux qui acceptent de descendre de leur piédestal religieux ou mondain, pour suivre L’Esprit-Saint dans la nuit, le silence et la solitude des profondeurs de Dieu.

Graduellement, les yeux trop longtemps éblouis par les clartés artificielles d’un monde sans vraie lumière s’habituent à l’obscurité divine. Ils découvrent soudainement des valeurs éternelles et inconnues de ceux qui courent après les vanités mensongères d’un jour.
Loin des bruits assourdissants de la terre, l’oreille perçoit à son tour un son doux et subtil. Ce n’est encore qu’un murmure, mais bientôt des mots deviennent audibles et la Parole de Dieu, vivante et permanente, s’entend clairement. Pas besoin de l’actualiser puisqu’elle est la Parole éternelle de Celui qui est "le même, hier, aujourd’hui et demain". Divine lumière, lampe prophétique, c’est elle qui éclaire l’actualité.

Au fond de notre cœur le Saint-Esprit nous rappelle, des promesses admirables. Elles suffisent à nous faire vivre et travailler dans la certitude, que Celui qui a promis est puissant pour accomplir. Oui, ces promesses sont pour nous et nos frères. A nous de nous en emparer par la foi. Leur accomplissement n’est pas notre affaire, mais celle de Dieu. D’avance nous acceptons que Son heure soit notre heure. Nouvellement éclairée, notre conscience sait aussi que le jugement de Dieu sera inexorable. Là encore, c’est Lui et Lui seul qui rendra à chacun selon ses œuvres. Et cela est vrai pour tous les hommes, quelles que soient leurs croyances ou leur incrédulité, car devant Dieu il n’y a pas "d’acception de personnes".

Dans les profondeurs de Dieu où nous conduit le Saint-Esprit, la solitude du cœur prend fin. Une compagnie immense de rachetés nous entoure sans nous presser. Ce sont tous ceux qui, autrefois loin de Dieu, sont rentrés en eux-mêmes, ont retrouvé leur Père et vivent de son divin pardon. C’est avec eux que nous connaissons la véritable communion des saints, loin des amitiés chamelles et des fraternités artificielles.

C’est là que coule la source pure du véritable esprit œcuménique qui n’est ni romain, ni orthodoxe, ni protestante mais unique, eschatologique et messianique.

Puissions-nous vivre toujours davantage l’expérience œcuménique dans L’unité du Corps du Christ ! Et si dans cette longue marche, nous devions rencontrer encore beaucoup d’obstacles et traverser des vallées bien sombres, que tous nous fassions nôtre la parole du Psalmiste: "Si je dis: Au moins les ténèbres m’envelopperont, alors la nuit est lumière autour de moi. Les ténèbres ne sont pas obscures pour me cacher à toi et la nuit resplendit comme le jour, l’obscurité est comme la lumière. Psaume 139:11-12


Chapitre I  SAVOIR CHOISIR

Une vérité oubliée

Adam n’avait pas à choisir, mais à obéir. Une mission lui avait été confiée. Genèse 1:28. Un commandement lui avait été donné. Genèse 2:16-17. La vie, le bonheur, l’accomplissement de la véritable destinée de la race humaine, tout dépendait de la soumission par amour du premier homme à son Créateur.
Certes, dans tous les temps, diverses Écoles théologiques ont dépouillé l’histoire biblique de toute réalité. Pour plusieurs, Adam n’était pas vraiment le premier homme, ni Éden un vrai Paradis, ni le serpent un animal des champs. S’il en est ainsi et s’il ne s’est rien passé réellement à l’aurore de l’humanité, comment la mort est-elle entrée dans le monde et quel sens a notre salut?

L’apôtre Paul qui savait discerner le langage allégorique de l’Ancien Testament, Galates 4:24, croyait pourtant en la réalité des événements décrits dans la Genèse. Ainsi, dans l’épître aux Romains, il se réfère à la désobéissance d’Adam, Romains 5:12-14, et dans la deuxième épître aux Corinthiens, à la séduction d’Ève par le serpent, 2Corinthiens 11:3. Ailleurs il reconnaît que le premier homme, Adam, a été tiré de terre, poussière, 1Corinthiens 15:45-47. Enfin, à l’instar de Jésus Lui-même, il cita à plusieurs reprises le texte se rapportant à la création et à l’unité du premier couple, 1Corinthiens 6:16.

Une fois ces choses admises, une étude attentive des premiers chapitres de la Bible nous dévoile qu’Adam ne fut pas victime d’une épreuve dont Dieu serait l’auteur. Jacques nous confirme dans ce sentiment quand il écrit dans son épître: "Que personne lorsqu’il est tenté, ne dise: C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et Il ne tente personne. Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché; et le péché, étant consommé, produit la mort." Jacques 1:13-15.

Le livre de la Sagesse déclare: "Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de la perte des vivants," (Sagesse 1:13). Selon l’épître aux Romains, "le salaire du péché, c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur," Romains 6:23. Enfin, dans son Apocalypse, l’apôtre Jean annonce la disparition de la mort, lorsqu’au Jugement dernier, tous les suppôts du péché auront été voués à la seconde mort, Apocalypse 20:14,21:5.

Placé en Éden dans l’univers harmonieux créé par Dieu, l’homme n’était pas habilité à choisir entre le bien et le mal. Il devait simplement observer le commandement du Seigneur en accomplissant toutes ses tâches dans la communion de son Dieu, Genèse 2:15,19-20. C’est donc bien par un acte de révolte, par une désobéissance, par une transgression volontaire que "le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, qui a passé à tous les hommes, du fait que tous ont péché," Romains 5:12.

Avant de savoir rejeter le mal et choisir le bien, Esaïe 7:16, Adam rompit l’alliance divine, Osée 6:7, et fut chassé de son lieu, Genèse 3:23-24. Par son attitude et son désir d’indépendance, Adam donna libre cours à sa convoitise. Il compromit l’harmonie du monde et y introduisit le suprême désordre, plaçant toute sa descendance sous l’empire du péché, la puissance de la mort et l’esclavage de Satan.

Le choix, conséquence de la grâce.

Concernant le salut, personne ici-bas n’a le choix. Tout homme est perdu sans l’avoir voulu, comme Adam était innocent par état, sans avoir à choisir. Cependant la réponse de Dieu à la faute d’Adam n’a pas été uniquement la condamnation. Dans sa souveraineté, Dieu fit grâce au pécheur, grâce reposant sur la justice d’un seul, Jésus-Christ, le dernier Adam, Romains 5:17-21.

Seul le refus de cette grâce offerte à tous les hommes, confirme le pécheur dans sa perdition, alors que l’acceptation de la vérité qui est en Jésus-Christ sauve parfaitement le coupable Hébreux 7:25.

Si le salut de l’individu et de l’humanité n’est pas le fait d’un choix, mais d’une grâce, Ephésiens 2:8, l’homme sauvé, pardonné, justifié par la foi est sans cesse placé devant un choix, une décision qui engage son être tout entier, 1Thessaloniciens 5:23.

L’histoire d’Israël nous fournit trois exemples précis où tout le peuple fut solennellement sommé de choisir. Chaque fois, l’appel de Dieu s’adresse au cœur et à la conscience d’hommes qui connaissent la puissance de Dieu, mais hésitent à faire sa volonté.

Les deux voies

Par la bouche de Moïse, Dieu dira à son peuple, arrivé au terme de son pèlerinage dans le désert: "J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre: j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer l’Éternel ton Dieu, pour obéir à sa voix, et pour t’attacher à lui; car c’est là ta vie et la longueur de tes jours, afin que tu habites sur la terre que l’Éternel a juré à tes pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob, de leur donner," Deutéronome 30:19-20.

Dans ce passage célèbre dont le contexte concerne sans contredit l’observation de la Loi, nous entendons Moïse s’écrier: "Ce commandement que je te prescris aujourd’hui n’est certainement point au-dessus de tes forces et hors de ta portée... C’est une chose, au contraire, qui est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu les mettes en pratique" Deutéronome 30:11-14.

L’apôtre Paul, qui si souvent dans ses épîtres a démontré l’impossibilité pour un homme d’accomplir la Loi, Galates 3:10-11, emploie justement ce texte de Deutéronome pour affirmer que la justification de l’homme vient de sa foi en la Parole de Dieu, Romains 10:5-17. La foi qui justifie n’est donc pas une simple croyance religieuse, une adhésion intellectuelle à une vérité orthodoxe. La foi est une obéissance, un engagement, une marche dans un sentier que Dieu nous a clairement tracé.

Ainsi, l’enseignement de Moïse et celui de Paul se confondent et trouvent une merveilleuse synthèse dans les paroles de Jésus: "Entrez par la porte étroite; car large est la porte, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition et nombreux sont ceux qui entrent par elles; car étroite est la porte, et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux sont ceux qui le trouvent, " Matthieu 7:13-14.

Les deux maîtres

Accepter la grâce, faire l’expérience de la bonté de Dieu, habiter le pays et connaître le repos de l’âme n’autorisent personne au relâchement, à la paresse spirituelle ou à l’infidélité. C’est pourquoi Josué, après avoir introduit Israël en Canaan, rassemble les douze tribus à Sichem pour rappeler au peuple de Dieu les merveilleuses délivrances dont il a été l’objet.

Sentant sa mort prochaine, Josué exhorte encore une fois Israël à demeurer attaché au Seigneur. Il s’écrie avec force: "Et maintenant, craignez l’Éternel, et servez-le en intégrité et en vérité; ôtez les dieux que vos pères ont servis de l’autre côté du fleuve et en Égypte, et servez l’Éternel. Et s’il est mauvais à vos yeux de servir l’Éternel, choisissez aujourd’hui qui vous vouiez servir, soit les dieux que servaient vos pères au-delà du fleuve, soit les dieux des Amoréens dont vous habitez le pays maintenant. Pour moi et ma famille, nous voulons servir l’Éternel," Josué 24:14-15.

Devant la réponse positive des enfants d’Israël, Josué ajoute: "Vous êtes témoins contre vous-mêmes que vous avez choisi l’Éternel pour le servir," Josué 24:22. Ces paroles du successeur de Moïse s’accordent parfaitement avec celles de Jésus: "Nul ne peut servir deux maîtres. Car ou il haïra l’un et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon," Matthieu 6:24.

Servir le Seigneur est donc un privilège et non point une contrainte. C’est le fruit de la foi rendue agissante par l’amour, Galates 5:6.

Les deux positions

Au temps des Rois, le prophète Élie apostrophe tout Israël rassemblé avec les prophètes de Baal sur le Mont Carmel. S’approchant de tout le peuple, Élie s’écrie: "Jusques à quand clocherez-vous des deux côtés? Si l’Éternel est Dieu, suivez-le; si c’est Baal, allez après lui!" 1Rois 18:21. Un silence honteux accueille les paroles du prophète. "Le peuple ne lui répondit rien." Ce silence, qui n’a d’égal que le mutisme de Baal, prendra fin quand le feu du ciel tombera et consumera l’holocauste préparé par Élie. Quand tout le peuple vit cela, ils tombèrent sur leur visage et dirent: C’est l’Éternel qui est Dieu! 1Rois 18:38-39. La prière du prophète était exaucée. N’avait-il pas dit au moment de la présentation de l’offrande: "Éternel, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, que je sache aujourd’hui que tu es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur, et que j’ai fait toutes ces choses par ta parole! Réponds-moi, Éternel, réponds-moi, afin que ce peuple reconnaisse que c’est toi, Éternel, qui es Dieu, et que c’est toi qui ramènes leur cœur!" 1Rois 18:36-37.

L’importance du choix quotidien

Les trois exemples cités plus haut suffiraient à nous montrer que nous avons à vivre le moment présent dans l’aujourd’hui de Dieu, Hébreux 3:7. Trop de chrétiens s’enferment dans leur passé tandis que d’autres s’évadent dans l’avenir. Les expériences d’hier et les délivrances de demain ne doivent pas nous faire oublier la minute présente, les tâches et les ressources que Dieu nous donne maintenant pour nous permettre de vivre pleinement cette parcelle de temps que nous pouvons vraiment posséder.

Sauvé par grâce, l’homme n’est pas appelé immédiatement à entrer dans la gloire. Il doit marcher dans un monde qui ne manquera pas de solliciter son amitié afin de le pousser à conformer sa vie au présent siècle, Romains 12:2. C’est alors qu’il faut savoir joindre à notre foi, la vertu, 2Pierre 1:5, afin de ne pas tomber dans l’adultère spirituel, oubliant que l’amitié du monde est inimitié contre Dieu, Jacques 4:4.

L’histoire d’Abraham et de Lot, illustre magistralement ce que procure l’amitié de Dieu dans une vie solitaire "sur la montagne" et ce qu’apportent les avantages du monde dans les plaines populeuses et opulentes de Sodome.

Le choix de Lot

Quand l’oncle et le neveu décidèrent de se séparer pour éviter toute querelle, l’Écriture nous dit: "Lot leva les yeux, et vit toute la plaine du Jourdain, qui était entièrement arrosée. Avant que l’Éternel eût détruit Sodome et Gomorrhe c’était, jusqu’à Tsoar, comme un jardin de l’Éternel, comme le pays d’Égypte. Lot choisit pour lui toute la plaine du Jourdain, et il s’avança vers l’Orient." Genèse 13:10-11. Élevé dans la foi d’Abraham, Lot n’avait cependant pas compris qu’il n’était plus à lui-même mais appartenait au Dieu qu’il connaissait. Cet homme fixe ses yeux sur des objets qui correspondent aux penchants de son cœur. Son choix se révéla désastreux. Sa vie est une démonstration de la parole de Jésus: "Celui qui voudra sauver sa vie la perdra," Jean 12-25. Lot connut la guerre, la captivité, la tristesse et le tourment d’une âme qui n’est pas à sa place. II perdit finalement ses biens, ses gendres, sa femme et son honneur, Genèse 14:19,2Pi 2:7-8.

Le choix d’Abraham

En revanche, Abraham, l’appelé de Dieu qui à son tour a choisi Dieu, s’en remettait au Dieu Très-Haut pour toutes choses, Genèse 14:22-23. Ne voulant rien pour lui, il voit la bénédiction de l’Éternel reposer sur lui. Dieu lui apparaît, l’encourage par ses promesses et lui dit: "Abraham, ne crains point; moi je suis ton bouclier et ta très grande récompense," Genèse 15:1. Abraham saisit ces paroles par la foi et fit confiance à Dieu. Nous savons comment Dieu tint ses promesses et fit de ce patriarche le "père de tous les croyants." Puissions-nous aujourd’hui encore marcher dans les traces de la foi qu’a eue notre père Abraham, Romains 4:11.

Ce choix entre Dieu et le monde se renouvelle chaque jour pour le chrétien, et plusieurs fois par jour. A tout instant le monde nous presse. C’est pourquoi il importe beaucoup de savoir de quel côté nous sommes. Comme Abraham, celui qui a l’amour du Père en lui, est appelé à refuser sans cesse les offres du monde, Jean 14:27. Sachant que l’Écriture ne connaît pas de principe intermédiaire, de position neutre, la règle du croyant est simple. Au lieu d’être perplexe et de rechercher où commence le "monde" et où il finit, ou en quoi consiste la mondanité, il se demande simplement: "Ceci est-il du Père?" Dans des centaines de cas, en regardant la chose elle-même, il serait impossible de dire où la mondanité commence et où elle finit. Mais nous pouvons rapidement reconnaître si la chose est du Père! Et quand nous voyons qu’elle n’est pas du Père, nous savons qu’elle est du monde, 1Jean 2:15-17.

Le choix de Joseph

Mais nous ne sommes pas seulement dans un monde qui nous tente par ses attraits, ses possibilités et ses commodités. Nous vivons dans une sphère où règne le péché qui sollicite constamment notre chair. Et de nouveau le choix est là. Nous connaissons tous cette alternative: Succomber, satisfaire notre passion ou fuir, au risque même d être dépouillé et mal jugé. C’est le choix de Joseph, Genèse 39:1-20. L’emprisonnement, la souffrance, l’injustice furent les résultats immédiats de la décision qu’il avait prise de ne pas pécher contre Dieu. Cependant l’Éternel ne tarda point à récompenser son serviteur pour la crainte qu’il avait eue de Son Nom. Nous lisons: "L’Éternel fut avec Joseph, et il étendit sa bonté sur lui," Genèse 39:21-23. L’option difficile de Joseph devait finalement conduire ce dernier à la joie, la louange et la gloire.

Ce choix entre l’Esprit et la chair se renouvelle à toute heure et pour s’orienter, il faut appliquer la même règle que pour discerner ce qui vient du monde. Tout ce qui n’est pas de l’Esprit est de la chair, Jn 3:6. Aujourd’hui, nous avons à fuir la convoitise si nous voulons honorer notre Dieu, 1Pierre 2:11-12. C’est donc chaque jour qu’il faut fuir le mal et poursuivre la foi, l’amour, la justice, et la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur, 2Timothée 2:22.

Le choix de Moïse

Enfin, en plus de Satan, du monde et du péché, nous avons à affronter les satisfactions légitimes que réclame notre moi, qui voudrait profiter des avantages naturels que la chair nous procure.

Ici, nous arrivons au choix de Moïse. Cet homme refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon, "aimant mieux être maltraité avec le peuple de Dieu que d’avoir pour un temps la jouissance du péché, regardant l’opprobre de Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l’Égypte, car il avait les yeux fixés sur la rémunération. C’est par la foi qu’il quitta l’Égypte, sans être effrayé de la colère du roi; car il se montra ferme, comme voyant celui qui est invisible." Hébreux 11:24-27. Là était toute la force du grand législateur.

Nous trouvons un choix semblable chez l’apôtre Paul qui put renoncer à tout, à cause de l’excellence de la connaissance du Christ son Seigneur, Philippiens 3:7-11.

Le renoncement du vrai disciple est donc quotidien. Tout l’enseignement de Jésus précise ces vérités. Chaque jour pour suivre le Maître, il faut prendre sa croix, Luc 9:23. Sans cet exercice, il n’y a pas de vie victorieuse, 1Jean 5:5.

CES DIFFERENTS CHOIX CONDUISENT A LA MÉDIOCRITÉ OU A LA SAINTETÉ.

Être comme tout le monde

Étant des hommes de chair, il est très difficile, même si nous sommes "nés de nouveau" Jean 3:3, de ne pas nous laisser influencer par le monde. Laissé à lui-même, l’homme reste charnel. Ses oeuvres sont celles de la chair qu’il imite, non pas toujours dans ses actions les plus grossières, mais également dans ses agissements les plus raisonnables.

L’histoire du peuple d’Israël nous fournit encore un exemple frappant de ce que nous venons de souligner. Dieu était Roi d’Israël. Il avait avec Son peuple une relation directe. Un jour pourtant, ce peuple s’approcha de Samuel en disant: "Établis sur nous un roi pour nous juger, comme il y en a dans toutes les nations," 1Samuel 8:4-6. Pourquoi cette démarche?

Les Israélites avaient cessé de fixer leurs yeux sur leur grand Dieu Sauveur. Ils regardaient vers la terre, vers les hommes, vers les nations et ce qu’ils voyaient les amenait à croire qu’il manquait quelque chose à leur peuple. Israël n’avait pas de roi visible.

Israël voulut être semblable à tous les autres peuples de la terre, imitant leurs mœurs et leurs coutumes. Cessant d’être un exemple et un modèle pour les nations, le peuple de Dieu s’identifia au monde et tomba dans l’idolâtrie. Ce fut un recul au lieu d’un progrès, un appauvrissement et non un enrichissement.

Alors qu’Israël avait tout reçu de Dieu, le roi auquel ii serait asservi allait tout lui prendre: Ses fils, ses filles, ses champs, la dîme de ses récoltes, ses serviteurs, sa liberté, 1Samuel 8:10-18. En réclamant et en choisissant un roi, Israël supprimait sa raison d’être.

Dieu l’avait mis à part pour la liberté et l’unité. Grâce à la relation directe qui existait entre Dieu et Israël, ce peuple ne connaissait pas les obligations et les charges qui incombaient aux nations soumises à un joug charnel.

Il en est de même pour l’Église de Dieu, peuple racheté, mis à part, indépendant du monde. Le jour où l’Église veut être reconnue du monde, elle perd peu à peu la glorieuse liberté qu’elle possède en Christ et s’asservit au monde.

Divisée, déchirée, écartelée, l’Église ne connaît plus d’unité.

Infidèle à son Maître, elle finit par l’abandonner. La pauvreté et l’impuissance spirituelles dont souffre actuellement l’Église viennent essentiellement de son "flirt" et de son amalgamation avec le monde.

Dieu ne suffit plus. Nous avons soif du monde et de ses convoitises. Nous voulons vivre comme tout le monde. Ayant commencé avec Dieu, on ne veut plus aller jusqu’au bout avec Lui. On s’arrête à mi-chemin pour s’installer dans la médiocrité.

Dès cet instant, nous sommes non seulement incapables de répondre aux réels besoins du monde, mais nous devenons inutiles et même nuisibles aux âmes qui nous entourent.


CHAPITRE Il    "QU’EST-CE QUE LA MÉDIOCRITÉ?"

Définition et citations

Le mot "médiocre"—en latin "mediocris"—vient de "médius," qui est au milieu. Ainsi étymologiquement, la médiocrité est la nature, le caractère de ce qui est entre le grand et le petit, le bon et le mauvais. C’est ce qui est peu considérable, peu bon, peu distingué. C’est une insuffisance, une position entre l’opulence et la misère, entre l’élévation et la bassesse.
Pour Voltaire, le choix est clair: "Il ne faut se moquer ni de ceux qui font du bon, ni de ceux qui font du très mauvais, mais de ceux qui, étant médiocres, se croient des génies et font les importants".
Il convient de citer ici les fameux vers de l’Art poétique de Boileau: "... dans l’art dangereux de rimer et d’écrire, il n’est point de degrés du médiocre au pire".
D’aucuns voient cependant dans la médiocrité, l’image de la modération et du juste milieu.
Pascal semble faire écho à ce sentiment quand il dit: "L’extrême esprit est accusé de folie, comme l’extrême défaut; rien que la médiocrité n’est bon".
Dans ses lettres persanes, Montesquieu déclare: "L’approbation universelle est plus ordinairement pour l’homme médiocre." Pourtant pour Henri de Montherlant: "Souffrir de la médiocrité des gens, c’est souvent signe qu’on est un demi-médiocre soi-même".
De son côté, Ernest Renan écrivait: "En toutes choses, ce qui réussit de nos jours, c’est le médiocre".
Et pour clore ces quelques citations nous pouvons ajouter avec le moraliste français J. Joubert: "Le médiocre est l’excellent pour les médiocres".

En fait, la médiocrité est "un manque de grandeur, d’élévation d’esprit, d’excellence, de mérite, c’est l’insuffisance en quantité ou en qualité." (Dictionnaire Robert).

Le témoignage des Écritures

Le mot "médiocrité" n’est pas employé dans la Bible. Toutefois, ce que cet état représente se trouve dépeint en de nombreuses pages de l’Écriture Sainte. La Bible nous donne des exemples d’hommes médiocres, vivant médiocrement dans la médiocrité. Un simple coup d’oeil dans l’Ancien Testament nous fournira quelques portraits d’hommes médiocres.

Lot

Nous avons déjà parlé de cet homme dans notre précédent chapitre.

Lot n’est pas démuni de tout. Il possède des biens spirituels et matériels, Genèse 14:13-19. Avec son oncle, il a quitté le paganisme et suit Abraham dans ses marches. Il descend avec lui en Égypte et remonte à ses côtés au pays de Canaan. Il s’enrichit avec Abraham et l’accompagne dans tous ses déplacements.
A première vue Lot a toutes les apparences de la supériorité. Il connaît l’appel de l’Éternel, il obéit à l’ordre divin, il s’attache au conducteur spirituel que Dieu lui a donné; il participe à la marche de la foi et aux bénédictions qui en découlent.
Pourtant une circonstance fortuite va manifester l’état réel de son cœur. Une querelle, oeuvre de la chair, s’élève entre les bergers d’Abraham et ceux de Lot. Abraham voulant éviter à tout prix de nouvelles occasions de disputes propose à son neveu une séparation dans la paix. Généreusement, le plus âgé laisse le plus jeune choisir la partie du pays qui lui plaît. A cette heure, Lot dévoile soudain combien son cœur est attaché aux biens "d’en bas." Ses yeux se posent sur la riche plaine du Jourdain et il choisit pour lui Sodome et ses environs. Aucun mobile spirituel ne détermine son choix. Ses pensées sont aux choses terrestres, Philippiens 3:19.
Dans ce lieu, Lot vivra médiocrement. Il est à Sodome, mais n’est pas de Sodome. Il veut les avantages et les honneurs de cette ville sans accepter les mœurs relâchées des gens de cette contrée. La conduite et les oeuvres criminelles de ces hommes seront un continuel tourment pour son âme, 2Pierre 2:7-8. Dans ces conditions, même le témoignage d’un homme juste est médiocre, sans puissance. Compromis avec le monde, Lot ne gagne aucune âme, pas même celle de ses gendres. En revanche, il perdra sa maison, ses biens, sa femme et, victime de ses deux filles, il finira dans le déshonneur de l’inceste.
Tous les médiocres sont destinés à vivre médiocrement et à finir dans l’opprobre et la médiocrité. C’est Une faillite. L’homme n’est peut-être pas perdu, mais tout est perdu pour lui, pour les autres, et pour Dieu, 1Corinthiens 3:15.

Balaam

Balaam, le devin ou magicien qui vivait sur les bords de l’Euphrate, nous donne un second portrait de l’homme médiocre. On a appelé ce personnage "la figure la plus énigmatique de toute l’histoire biblique." Depuis longtemps cet homme connaît l’Eternel, car dès que Balak, roi de Moab, l’envoie chercher pour maudire Israël, Nombres 22:24-35, Balaam consulte immédiatement l’Éternel. Hélas, son cœur hésite entre la gloire de Dieu et l’amour de l’argent. Après une lutte intérieure, il finit par céder à l’appât du gain, et commet l’erreur terrible qui le destine à l’obscurité des ténèbres éternelles, 2Pierre 2:15-17. Balaam a la connaissance des pensées de Dieu, mais sa volonté n’est pas unie à celle du Seigneur. Il croit pouvoir servir deux Maîtres, mais en réalité il n’en sert qu’un. Sa bouche est contrainte de proclamer les oracles de Dieu alors que son cœur recherche son intérêt personnel. La position de Balaam est des plus inconfortables. Dieu, en fait momentanément son prophète, mais Balaam est déjà jugé et condamné. Son péché le trouvera. Il finira sous le tranchant de l’épée et mourra enveloppé dans la défaite des ennemis d’Israël, Nombres 31:18.
Dans les églises on retrouve parfois des Balaam qui prétendent être au service de Dieu, mais acceptent le compromis avec le monde par intérêt ou commodité. On a la bouche pleine des paroles de Dieu, mais le cœur ne cesse de poursuivre les honneurs et les biens du monde.

Éli

Après Lot et Balaam, Éli offre un troisième portrait,1Samuel 1:1-4:22. Ce sacrificateur a toutes les apparences de la sainteté. Il porte les saints vêtements; il a reçu l’onction de l’Éternel: Il officie dans le lieu saint à Silo. Cependant il honore ses fils plus que Dieu. Aussi, c’est un enfant, Samuel, qui reçoit à sa place les communications de Dieu. Le peu de vertu d’Éli, sa faiblesse morale aboutissent à la perte de ses fils, de son service et de sa vie. Il mourra foudroyé à la nouvelle des désastres dont il est en partie le premier responsable.
Aujourd’hui encore, Dieu ne communique pas avec les médiocres, quels que soient leurs titres, leur importance ou leur ordination. Il se révèle aux "saints," à ceux qui obéissent à Sa Parole, qui ont le cœur entièrement tourné vers Lui pour écouter Sa voix. Dieu veut la première place dans nos vies, avant père, mère, femme, enfant, ami et église, Luc 14:26. Cette position l’honore et c’est cela notre service pour lui.

Saül

Le roi Saül est pour nous un quatrième exemple d’homme médiocre, 1Samuel 9:1-2. Il fut le premier roi qui régna sur Israël. "Plus beau qu’aucun des enfants d’Israël, il les dépassait tous de la tête." Mais Saül, qui a tout pour plaire à la chair, ne suit pas entièrement l’Éternel et n’observe pas totalement Ses ordres. Il écoute la voix de Dieu, il suit le plan indiqué par l’Éternel pour combattre Amalek, mais n’accomplit pas jusqu’au bout l’ordre divin. Influencé par le peuple, il croit pouvoir substituer ses pensées à celles de Dieu, et Lui plaire tout en désobéissant à Sa voix, 1Samuel 15. Saül s’arrête à mi-chemin dans l’obéissance, dans l’humiliation, dans son repentir et ses bonnes intentions. Sa fin est semblable à sa vie. Blessé par ses ennemis, il n’a pas le courage d’affronter le sort qui l’attend et se donne la mort sur la montagne de Guilboa, 1Samuel 31.

Servir Dieu de tout son cœur consiste avant tout à observer scrupuleusement Sa Parole, la volonté humaine étant complètement soumise à celle de Dieu. "L’obéissance veut mieux que le sacrifice et l’observation de la Parole vaut mieux que la graisse des béliers".

Guéhazi

Enfin, Guéhazi, serviteur d’Élisée, est le dernier type de médiocre que nous empruntons à l’Ancien Testament, 2Rois 4:1-5:27. Cet homme est au service du prophète qui lui remet un jour son bâton pour faire revenir à la vie l’enfant de la Sunamite. Hélas! Guéhazi a le bâton, mais ne possède pas la puissance de l’homme de Dieu; et si cette puissance lui manque, c’est que son cœur est attaché à l’argent.
L’histoire de Naaman nous révèle l’état intérieur de Guéhazi. Il ne suit pas l’exemple de son maître qui, pour un motif spirituel, refuse les présents du général Syrien; mais il court après ce dernier pour obtenir au moyen d’un mensonge, les choses que son cœur a convoitées. Dieu le punit de son infidélité en le frappant de lèpre.
L’homme au service de Dieu ne doit pas se laisser guider par ses besoins ou par les circonstances. Les pensées de son cœur doivent être captives du Christ, et sa manière d’agir, le reflet d’une obéissance sans réserve qui a pour but la gloire de Dieu. Chaque jour il faut apprendre de Dieu quels sont les dons qu’on peut accepter, et ceux qu’on doit refuser.
Pour être vraiment disciple du Christ, il faut aller jusqu’au bout dans le renoncement. Souvenons-nous toujours que notre position et nos privilèges ne nous assurent pas une fin heureuse et bénie si nous nous arrêtons en chemin et ne nous jugeons pas de nos tendances naturelles. Un patriarche termine sa vie dans l’inceste, un prophète périt sous le glaive, un sacrificateur meurt subitement en se rompant la nuque, un roi se suicide, et un serviteur considéré finit ses jours lépreux.

* * *

Si nous ouvrons le Nouveau Testament, nous trouvons également des exemples vivants de médiocrité parmi les pharisiens. En Matthieu, chapitres quinze et vingt-trois, Jésus montre dans des tableaux saisissants l’erreur fondamentale de ces hommes qui croient honorer Dieu par des formes, alors que leur cœur est sans vie et sans amour pour Lui. "Sépulcres blanchis," voilà l’énergique expression dont se sert Jésus pour stigmatiser ceux qui ont une piété apparente, mais dont le cœur est encore plein de choses souillées du monde.
 Jésus nous montre que la médiocrité c’est paraître et ne pas être. C’est attacher une importance capitale au fait de se laver les mains avant le repas, alors que le cœur ne s’inquiète pas d’être rempli de mauvaises pensées, de meurtres, d’adultères, d’impudicité, de vols, de faux témoignages, de calomnies. C’est nettoyer le dehors de la coupe et du plat alors que le dedans est plein de rapine et d’intempérance.
Les disciples eux-mêmes, avant qu’ils reçoivent le Saint-Esprit, sont souvent caractérisés par la médiocrité. Plus d’une fois, Jésus soupire en constatant leur peu d’intelligence, de persévérance et de foi. Thomas et Philippe, depuis si longtemps avec Jésus, ne connaissent pas encore le chemin de la vie, et ne discernent pas en Lui le Père, Jean 14:5-11. Et que dire de Pierre, si bouillant en paroles...! A "l’Heure décisive" il dort. Au moment de prendre position pour le Christ, il le renie, prouvant que lui aussi ne suit le Maître que de loin. De même Jacques et Jean—qui réclament le feu du ciel pour punir une offense faite à leur Maître—ne sont pas capables à Gethsémané d’assister Jésus dans la prière, et s’endorment de tristesse.
La puissance de Dieu n’entraîne pas encore les apôtres avec force dans le chemin du Maître, et, malgré leur bonne volonté, leurs chutes sont fréquentes. Aussi quel changement quand Jésus, du haut du ciel, leur envoie l’Esprit saint ! Rendus bouillants et sages, ils peuvent alors accomplir les oeuvres de Dieu et marcher triomphalement sur les traces du Christ.
Ces faits prouvent que nous avons tous à veiller sur nos sentiments pour être sans cesse, à l’écoute de la volonté de Dieu. Nous sommes les disciples du Christ, et c’est à nous que s’adressent toutes les exhortations de l’Écriture. C’est pourquoi il nous faut connaître les embûches de la médiocrité afin de pouvoir, par la foi et la puissance du Seigneur, les éviter et rejoindre ceux qui, dans le passé, ont servi Dieu d’un cœur pur, avec un zèle inaltérable et par un don total d’eux-mêmes.

Des analogies significatives

Ces embûches nous sont dépeintes par la Parole. Elle nous présente la médiocrité sous les images suivantes: Le sel sans saveur, Matthieu 5:13, la lampe sous le boisseau, Matthieu 5:15, la lampe sans huile, Matthieu 25:3, le morceau neuf au vieil habit, Matthieu 9:16, le vin nouveau dans de vieilles outres, Mt 9:17, l’airain qui résonne, 1Corinthiens 13:1, la cymbale qui retentit, 1Corinthiens 13:1, la fontaine sans eau, 2Pierre 2:17, la nuée sans pluie, poussée par les vents, Jude 12, la rosée qui s’en va de bonne heure, Osée 6:4, les arbres d’automne, sans fruit, Jude 12, l’étoile errante, Jude 12. C’est également le souci que l’homme se donne pour le vêtement et la nourriture, croyant pouvoir servir deux Maîtres, Matthieu 6:24. C’est mettre la main à la charrue et regarder en arrière; vouloir "d’abord ensevelir son père" ou prendre "d’abord congé de ceux de sa maison" quand le Seigneur nous appelle à Le suivre, Luc 9:59-62. C’est la tiédeur de Laodicée, la prétention d’être riche et de n’avoir besoin de rien alors qu’on est "pauvre, aveugle et nu," Apocalypse 3:17. C’est l’irrésolution, l’inconstance dont parle Jacques, Jacques 1:6-8; c’est l’adultère spirituel que dénonce le même auteur, Jacques 4:4. Ce sont "les petits enfants," ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine, Ephésiens 4:14. C’est le caractère "charnel" du chrétien décrit dans les Epitres  1Corinthiens 3:1; c’est le zèle pour Dieu, mais sans intelligence, Romains 10:2.

Dernière analyse

Ainsi définie, cette médiocrité se manifeste dans notre existence par le peu de capacité à donner le goût des choses de Dieu aux âmes, le manque de puissance pour marcher nous-mêmes dans la lumière et éclairer les autres.
Elle devient visible dans nos insuccès, nos déficits, nos fatigues, notre faible amour, notre absence d’espérance, notre vie déçue, stérile et soucieuse, nos craintes de la souffrance, notre inertie spirituelle.
Elle se dévoile enfin dans toutes les oeuvres de la chair que l’apôtre Paul oppose au fruit de l’Esprit, Galates 5:19-20. Ne s’identifie-t-elle pas alors, pour le Chrétien, au manque de plénitude dans le bonheur?
Le Chrétien médiocre est celui qui n’aime pas entièrement, qui n’obéit pas entièrement, et qui ne renonce pas entièrement. Le médiocre, c’est celui qui ne veut pas aller jusqu’au bout. Mais aller jusqu’au bout, pour le chrétien, c’est aller à la croix. Qui est celui qui ne veut pas aller à la croix?

C’EST MOI, MON MOI, MA PERSONNALITÉ. LA MÉDIOCRITÉ, CE N’EST PLUS QUELQUE CHOSE, C’EST QUELQU’UN, C’EST MOI

En opposition à cette médiocrité, il y a LA SAINTETÉ.

Cette sainteté n’est pas quelque chose, un certain degré de pureté, de justice, de vérité.
La sainteté opposée à la médiocrité, ce n’est pas une chose opposée à une autre, C’EST QUELQU’UN OPPOSÉ A QUELQU’UN: C’EST DIEU OPPOSÉ AU MOI!
La sainteté, c’est Dieu Lui-même dans Son essence. C’est la dernière fin de l’homme.


CHAPITRE III    QU’EST-CE QUE LA SAINTETÉ

Définition et manifestation

Des premières pages de la Bible aux dernières exhortations de l’Apocalypse, Dieu se révèle aux hommes comme l’Etre-Saint par excellence.

Le mot "saint" désigne ce qui est souverainement élevé et parfait, essentiellement pur et conforme à la loi divine. Par son étymologie, sainteté dit séparation, mise à part et aussi consécration.

L’image par laquelle l’Écriture nous la dépeint est celle de la lumière, c’est-à-dire de la pureté même, Esaïe 10:17, Jacques 1:17, 1Jean 1:5. La sainteté est donc l’essence même de Dieu, Exode 15:11. Appliqué aux choses, ce terme est opposé à "profane," "commun," "vulgaire" et parfois même à "souillé" et "impur".

Si l’on pouvait, à la rigueur, enlever à Dieu par la pensée tel ou tel de ses attributs, sans qu’il cessât d’être, le dépouiller de sa sainteté serait l’anéantir. Appliquant ce principe à l’amour, quelqu’un a pu dire qu’à supposer que nous fussions réduits à l’épouvantable alternative de renoncer à l’amour de Dieu ou de renoncer à sa sainteté, c’est celle-ci qu’il faudrait sauver, puisqu’en supprimant en Dieu l’amour, l’homme ne ferait que rendre impossible son propre bonheur, tandis qu’en supprimant en Lui la sainteté, c’est l’Univers moral qu’il ébranlerait jusque dans ses fondements. Le dernier fond des choses divines et le dernier but des créatures morales n’existeraient plus (Voir J. Monod: Enc. Sciences relig. Tom. XI, p. 407).

Selon Frédéric Godet, le surnaturel sous sa forme la plus élevée, ce n’est pas le miracle, mais la sainteté. "La sainteté, écrit-il, c’est le bien moral dans son apparition la plus sublime," (Frédéric Godet: "Conf. Apol").

Mais qu’est-ce que le bien?

Pour Ernest Naville, "le bien n’est pas un être ou une chose. C’est un ordre déterminant les rapports des êtres, rapports qui doivent être réalisés par des volontés," ("Prob. du mal," p. 17).
En Dieu, la sainteté est donc la pleine possession de Lui-même, ou l’union indissoluble et harmonieuse de toutes ses perfections. C’est Sa volonté inébranlable de maintenir l’ordre qui doit régner entre les êtres et les amener tous à une relation qui doit les unir.
En l’homme, la sainteté consiste dans la réalisation complète de sa vocation véritable qui n’est autre que l’accord parfait de sa volonté avec celle de Dieu. La sainteté chez la créature, c’est son acquiescement volontaire à la position suprême de Dieu.
Ainsi, dans le domaine de l’absolu, comme dans celui du relatif, la sainteté est en réalité toujours identique à elle-même.

Le triomphe de la Sainteté

En disant que Dieu est saint, la Bible n’affirme pas seulement que Sa volonté est conforme au bien, mais qu’elle est la nature du bien, la loi morale elle-même. C’est pourquoi cette sainteté s’appelle aussi "la gloire de Dieu" qui doit resplendir de tout son éclat après avoir triomphé de toutes les contradictions, Esa 60.

Souverainement élevé au-dessus de toutes choses, Esaïe 57:15, de tous les peuples et de tous les dieux, Psaume 99:2-3, le Saint béni ne peut être atteint par le mal, et aucune imperfection ne saurait être trouvée en Lui, Jacques 1:13. Toute initiative sainte vient de Lui, car Ses perfections ne sont nullement figées en Lui. Sa sainteté, loin d’être inerte et oisive est comme une flamme qui consume le péché et, parfois le pécheur. Si Dieu se possède pleinement, si Sa patience est longue à l’égard du coupable, il n’en est pas moins vrai que le jour vient où Dieu sort de son silence apparent et s’affirme Lui-même avec une jalousie invincible —qui n’est en réalité que l’activité de Sa sainteté, Habacuc 1:12-13. Le mal moral attire Son courroux. Sa colère ardente anéantira finalement tous les obstacles et Sa volonté sainte aura le dernier mot, Hébreux 10:26-31.

Éprouvé, tenté de toutes manières, le croyant sait que Dieu est Dieu. Il a l’assurance que le mal ne triomphera pas. Dans la foi, il garde l’espérance et se réfugie dans l’amour du Père dont le témoignage irrécusable lui a été donné à la Croix, dans le sacrifice de Son Fils unique, Jésus-Christ. Là, dans la chair du Christ, Dieu a condamné le péché des hommes tout en offrant à ces derniers un merveilleux Sauveur. La sainteté de Dieu reste donc inséparable de Son amour, Dieu ne voulant pas que le méchant meure, mais qu’il se convertisse et qu’il vive, Ezéchiel 18:23.

Un suprême appel

Que nous lisions l’Ancien Testament, ou le Nouveau, partout retentit ce suprême appel de Dieu à Ses créatures: "Soyez saints, car Moi, je suis saint," Lévitique 11:44-45.

Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de la Loi, des Psaumes et des Prophètes, est le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ et de ses apôtres. Créateur et Rédempteur, l’Être même "qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant," Apocalypse 1:8, est proclamé trois fois saint par les séraphins que contemple Ésaïe, et par les quatre êtres vivants décrits par Jean, le voyant de Patmos, Esaïe 6:2-3, Apocalypse 4:8. Le nom de Dieu, symbole de Sa personne est Saint et redoutable, et doit être reconnu comme tel, Ps 111:9. Pour toute créature, Il est le Saint incomparable, Esa 40:25. En relation avec les descendants d’Abraham, il est le Saint d’Israël, Esaïe 47:4. Jésus Lui-même l’appelle "Père saint," Jean 17:11, et apprend à Ses disciples à sanctifier Son Nom, Matthieu 6:9. Il leur demande même d’être "parfaits comme leur Père céleste est parfait," Matthieu 5:48. Cette sainteté consiste à être séparé du monde profane, c’est-à-dire pécheur, 2Corinthiens 6:16-18, et consacré à Dieu dans notre esprit, notre âme et notre corps, 1Thessaloniciens 5:23.

Le défi du profane

Comme ce fut déjà le cas au cours de l’histoire du monde, nous vivons à nouveau dans une époque où le sacré et le profane tendent de plus en plus à se confondre. Les mots "sécularisation," "désacralisation," "démythification," sont à l’ordre du jour dans les discours et les écrits des philosophes, des sociologues et des théologiens.
Si certains hommes se réclament encore d’un Dieu d’amour, la majorité du monde, issu de "feu la chrétienté," ne se soucie plus d’un Dieu saint. Quand la notion de la sainteté diminue, celle du péché se perd et, par conséquent l’idée d’un châtiment temporel ou éternel ne se conçoit même plus.
Nous serions les premiers à nous réjouir de la conjonction du sacré et du profane, si nous pouvions croire que tous les hommes et toutes les choses de l’existence sont actuellement pénétrés par Dieu et réunis dans l’harmonie des perfections divines.

Un rappel nécessaire

La distinction entre le sacré et le profane vient du péché. Lorsque ce dernier ne sera plus, nous savons par les Écritures que l’Univers entier participera à la sainteté de Dieu, Actes 3:19-21.
Mais l’homme qui prétend aujourd’hui être arrivé à l’âge adulte, a-t-il vraiment atteint la stature de la plénitude du Christ, Ephésiens 4:13? A-t-il renoncé à ce mal qu’il commet contre lui-même, contre son frère et contre Dieu? S’est-il débarrassé du péché et de ses funestes conséquences? Les progrès de la science et de la technique nous font-ils avancer vers la plénitude des temps et la réunion de toutes choses dans le Christ, Ephésiens 1:10?

Un simple coup d’œil sur l’humanité en "mutation" nous enlève toute illusion.

Aux jours où l’homme marche sur la lune et, de cet astre, fait entendre sa voix et manifeste son image dans les foyers les plus isolés de la terre, sous le même toit, des gens mariés n’ont plus rien à se dire, et le dialogue entre parents et enfants devient souvent impossible.
D’autre part, dans l’ère spatiale où tout est fait pour faciliter les communications, les rencontres et les ententes, paradoxalement, les conflits politiques, sociaux et religieux se multiplient et s’exacerbent.
Et tandis que l’homme justifie les dépenses qu’il consacre â la domination du Cosmos, en répertoriant déjà "les fruits de l’espace," ces sensationnelles "retombées," tous les bienfaits dont l’humanité bénéficiera bientôt grâce aux innombrables recherches et aux découvertes révolutionnaires dues à la* recherche spatiale, les tremblements de terre multiplient leurs victimes, les guerres atroces se perpétuent, les hommes, les femmes, les enfants des pays sous-développés meurent de faim. Chez les peuples grisés par l’indépendance, les idéaux racistes et nationalistes divisent les états et rallument des incendies sanguinaires que les intérêts des grandes puissances ne font qu’attiser par leur aide ou leur opposition hypocrites. La torture, la violence, l’injustice, le meurtre, prolifèrent sur notre planète. Éros et la Drogue sont divinisés, et tous ces Molochs, nouveaux et anciens, dévorent les enfants des hommes.
Non! Jusque dans les pays les plus christianisés, ce n’est pas l’Évangile qui pénètre les divers éléments du monde pour les sanctifier. Au contraire, partout ce sont les éléments du monde qui submergent les Églises demeurées trop longtemps infidèles. Ce qui restait de saint se transforme en choses profanes par une transvaluation des valeurs. C’est la sainteté à notre mode, une sainteté selon nos vues, selon nos désirs, une sainteté qui ne coûte rien et que dénonçait déjà Bourdaloue au 17e siècle.

Que dit l’Écriture?

Bien avant le prédicateur de l’Ordre des Jésuites, Dieu, par la bouche de son prophète Ézéchiel, reprochait aux sacrificateurs de Jérusalem de violer Sa Loi et de profaner Ses sanctuaires.
Nous lisons: "Ils ne distinguent pas ce qui est saint de ce qui est profane, ils ne font pas connaître la différence entre ce qui est impur et ce qui est pur, ils détournent les yeux de mes sabbats et je suis profané au milieu d’eux," Ezéchiel 22:26.
Dans le Lévitique, nous apprenons que Dieu avait pris certaines mesures afin que les prêtres puissent distinguer ce qui est saint de ce qui est profane, ce qui est impur de ce qui est pur, et enseigner aux enfants d’Israël toutes les lois que l’Éternel leur avait données par Moïse, Lévitique 10:8-11.
Au dernier chapitre de l’Apocalypse retentit également un avertissement significatif pour nous tous "Le temps est proche. Que celui qui est injuste soit encore injuste, que celui qui est souillé se souille encore; et que le juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint se sanctifie encore. Voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon ce qu’est son oeuvre," Apocalypse 22:10-12.

A chacun son espérance

Mais faut-il rappeler des textes bibliques à une génération qui, depuis juillet 1969, pense vivre déjà au-delà de Babel?
 Après avoir vu l’empreinte du premier pas de l’homme sur la lune, d’aucuns prétendent que l’humanité n’a plus rien à attendre d’autre avant la fin du siècle que "le fatal second acte: La naissance du premier enfant d’homme sur un autre monde, début de la véritable colonisation de l’espace. Quand il y aura des hommes pour ne plus tenir notre planète pour leur terre natale, les Terriens se rapprocheront bien davantage les uns des autres" (Voir "Le Courrier de l’UNESCO," mars 1970).
Grâces soient rendues à Dieu! Nous n’attendons rien de fatal, mais avec l’apôtre Paul nous aimons à redire en toute humilité: "Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons ardemment, comme Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire, avec cette force qu’il a de pouvoir se soumettre l’Univers, "Philippiens 3:20-21.

A chacun son Espérance et sa responsabilité.

Un retour à la Bible

Si nous voulons saisir ce qu’est la sainteté, il nous faut revenir à la lecture et à l’étude de la Parole de Dieu.
 Dans les Écritures, nous apprenons qu’invariablement Dieu veut le salut de ses créatures, Ezéchiel 18:32,1Timothée 2:3-4. Pour atteindre ce but et faire rayonner Sa sainteté parmi les hommes, Dieu a suivi une méthode d’éducation progressive et historique.
 Après l’appel d’Abraham et l’accomplissement de Ses promesses en Isaac et Jacob, Dieu forma dans la fournaise égyptienne un peuple à part. Au temps convenable, Dieu se révéla aux esclaves hébreux comme le Dieu Saint, "le Saint d’Israël." Ayant fait des douze tribus Son peuple, Dieu le délivre, le protège et le guide avec un soin jaloux. La vocation unique qu’Il lui propose est de refléter Sa sainteté: "... vous serez pour moi une nation sainte! Les nations sauront que je suis l’Éternel qui sanctifie Israël," Exode 19:6.

La proclamation de la sainteté de Dieu était le fond même des institutions de ce peuple:

Les ordonnances multipliées et minutieuses qui constituaient son culte, purification, distinction entre aliments, sacrifices divers, ustensiles sacrés, n’étaient que l’expression infiniment détaillée et sans cesse remise sous les yeux d’Israël de cette double vérité: l’Eternel est saint, son peuple est appelé à être saint. "Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car moi je suis saint," Lévitique 11:44.

Les prêtres chargés de la célébration du culte étaient à leur tour séparés du reste du peuple, en qualité de représentants du Dieu Saint, comme le peuple lui-même l’était du reste de l’humanité Exode 28:1,29:1. Aaron, le premier grand prêtre, est appelé "le saint de l’Eternel," Psaume 106:16. Il devait ainsi que ses successeurs, porter au front ces mots gravés sur une plaque d’or: "Sainteté à l’Éternel," Exode 28:36-38.
Comme il y avait en Israël des personnes saintes et des cérémonies saintes, il y avait aussi pour le service de Dieu des instruments sacrés et des lieux saints, séparés de tous les autres, un temple rempli de la sainteté de l’Eternel, 1Rois 8:10-11. Cet édifice était l’image terrestre du temple céleste où l’Eternel a Son trône, Ps 11:4. Dans ce temple même, il existait une séparation entre "le lieu saint" et "le lieu très saint," Exode 26:33.
 Enfin, il y avait tout au long de l’année, des époques saintes, des sabbats, des fêtes solennelles où se concentrait la vie religieuse du peuple de Dieu, Lévitique 23.
 Le terme ultime de ce vaste symbolisme sera un état de choses où toute la vie, et tous les objets de l’existence, seront consacrés à l’Éternel, jusqu’aux clochettes des chevaux et aux chaudières Zacharie 14:20-21. La séparation partout accentuée dans l’Écriture entre le sacré et le profane—séparation rendue nécessaire à cause du péché—sera finalement abolie. Alors sera réalisée la pensée première de Dieu pour la création, savoir le bonheur suprême de ses créatures, par une entière communion de volonté avec Lui.

La Sainteté en nous

En l’homme, la sainteté est l’affirmation invariable, humble, joyeuse et filiale de Dieu, par toutes les puissances de son être et jusqu’au complet sacrifice de lui-même, 1Jean 3:16.
La sainteté en nous n’est donc pas un dépassement dû au travail laborieux de notre nature. C’est Dieu manifesté dans notre chair mortelle par le Saint-Esprit, 2Corinthiens 4:11. Cette sainteté devient visible en nous dans la mesure où nous diminuons nous-mêmes et où Dieu devient tout, 1Corinthiens 3:21-23. Par la foi nous plongeons dans l’océan de Sa sainteté. Sa vie, Son royaume, Sa gloire, tout appartient aux disciples qui entendent leur Seigneur s’écrier: "Soyez saints, car moi je suis saint," Lévitique 19:2.

La sublime rencontre

Un Dieu qui parle ainsi ne peut pas rester un inconnu pour ceux qu’Il appelle et qui Lui obéissent, Jean 14:21. C’est pourquoi nous pouvons affirmer que l’appel de Dieu ne va pas sans une révélation de Sa Personne glorieuse à nos âmes, Jean 17:3.
C’est cette rencontre personnelle de l’âme avec Dieu qui fait de la sainteté une réalité simple et lumineuse, alors qu’elle reste une notion insondable pour la pure intelligence. Si nous n’avons au sujet de la sainteté que des définitions abstraites, nous n’aurons aucun goût pour elle, et nous serons sans force pour marcher dans le chemin qui y conduit.
Le secret de tous les saints, qu’ils appartiennent à l’Ancienne ou à la Nouvelle Alliance, réside dans la révélation personnelle que Dieu leur accorda en les appelant. Cette révélation nécessaire n’est pas donnée en vertu des mérites, des oeuvres, des expériences, de la position sociale ou de l’âge de ceux qui en bénéficient. Elle vient uniquement de la pure grâce de Dieu qui apporte le salut à tous les hommes. Là où la grâce est reçue dans la vie, le Saint-Esprit détermine un changement radical, 2Corinthiens 5:17. Sans cette opération divine, la vie de Dieu reste un désir, une espérance,  mais n’est pas une possession, une certitude, 1Jean 3:1-3.

Dans tous les temps, une telle révélation a toujours eu pour effet de jeter l’homme aux pieds de Dieu,  dans le sentiment de son infinie misère.

Le meilleur parmi les hommes se voit comme une ronce, et le plus droit comme un buisson d’épines, Michée 7:4.
Le plus fort se sent devenir comme de l’étoupe devant un feu consumant, Esaïe 1:31.
Le plus sage reconnaît sa folie, 1Corinthiens 1:20.
Le plus parfait s’écrie: "Je suis une créature de rien" Job 40:4.
Dans le faisceau lumineux des perfections divines, le plus fidèle découvre son impureté, et toutes ses justices lui apparaissent comme un vêtement souillé, Esaïe 6:5.
Le visage du plus intègre change de couleur et se décompose, Daniel 10:8.

Devant Dieu, la lune même ne brille pas et les étoiles ne sont pas pures à Ses yeux: combien moins l’homme, un ver, et le fils de l’homme, un vermisseau, Job 25:5-6.

Si l’homme pourtant se relève après une telle révélation, ce n’est que par une intervention providentielle de Dieu. Une grâce lui est faite. S’il se met à marcher, c’est soutenu uniquement par une promesse divine que son être entier croit et s’approprie. Désormais, il n’est plus le même. Sa vie se détache du monde et se fixe en Dieu. Une création nouvelle paraît. Les tendances naturelles ne sont plus maîtresses, mais dominées. L’entendement est renouvelé. Une vision nouvelle est donnée. Un feu s’allume en lui. Une passion l’anime. Une force surnaturelle le soutient et l’entraîne, et la course s’achève dans une pleine victoire, 2Timothée 4:7-8.

Une sérieuse mise en garde

Dans l’histoire des premiers siècles de l’Église, il n’est fait aucune mention d’honneurs religieux rendus à ce qu’on appelle aujourd’hui des "saints." Ce mot n’avait nullement alors le sens qu’on lui a donné depuis. Il n’était point exclusivement réservé aux fidèles morts dans la pratique des vertus chrétiennes, et que la vénération des vivants plaçait au Paradis. Il s’appliquait indistinctement à tous les membres "vivants" des nouvelles communautés ecclésiales. Le livre des Actes des Apôtres et les Épîtres du Nouveau Testament en font foi.

Les saints selon Dieu ne sont donc pas des hommes qui ont cru une théorie, ou qui ont adhéré intellectuellement, ou même du cœur, à une doctrine particulière. Ce ne sont pas non plus des individus qui, à force de discipline et d’efforts sont parvenus à un dépassement d’eux-mêmes, ils n’ont pas nécessairement accompli des miracles ou des actions extraordinaires. Ce sont des êtres qui ont cru Dieu, Jean 6:29, —Personne vivante qui leur a révélé leur état et l’amour de Son cœur. Désormais, ils connaissent Sa voix, ils savent en qui ils croient, et qui ils adorent. S’ils ont encore des manquements et souffrent de mille imperfections, ils savent pourtant qu’ils n’ont plus à croupir dans leur misère, ni à se décourager et à s’arrêter en chemin. Ils connaissent Dieu et n’acceptent plus la défaite, puisqu’ils se savent aimés de Lui, et prédestinés à être conformes à l’image de son Fils Jésus-Christ, Rois 8:29. Dieu n’a pu leur mentir. Aussi, cessant de regarder à eux-mêmes, à ce qu’ils sont par nature, ils fixent sans cesse leurs regards sur Celui qui a promis et qui est fidèle et puissant pour tout accomplir en eux et par eux. Rachetés par le Christ, ils appartiennent à Dieu qui a fait Sa demeure en eux par Son Esprit. Ils sont saints par Celui qui habite en eux, par la vie du Cep qui coule dans les sarments, Jean 15:1-3.

Avec l’Évangile, nous voyons combien nous sommes loin des indigestes inepties, des bigotes niaiseries, des légendes bouffonnes et des balivernes que l’on trouve dans les "Vies des Saints" écrites par des auteurs religieux du Moyen Age. Avec beaucoup d’autres, nous sommes convaincus que des ouvrages de ce genre ont jeté sur la religion un ridicule plus ineffaçable que les amers sarcasmes de Voltaire.

La Vie des hommes de la Bible

Si nous avons vu dans un précédent chapitre qu’en dernière analyse "la médiocrité" n’était rien d’autre que notre "moi," nous pouvons souligner maintenant que la "sainteté" c’est Dieu Lui-même contemplé et possédé dans le sanctuaire de Sa gloire, Psaume 63:2-3.

Les vérités que nous venons de rappeler au sujet de cette révélation que Dieu donne de Sa Personne, se voient comme à l’œil nu, dans la vie des hommes de la Bible.

C’est cette révélation qui fit du païen Abraham, l’homme qui obéit, quittant tout pour vivre de la volonté de Dieu dans une terre étrangère, Genèse 12:4. Devenu "le père de tous les croyants," Abraham nous laisse les traces de sa foi pour que nous y marchions, Romains 4:12.
C’est une rencontre avec Dieu qui fit de l’escroc Jacob un homme au nom nouveau: Israël. C’est dans ce contact qu’il fut béni. Après une nuit de lutte épuisante, son âme tourmentée fut enfin délivrée, Genèse 32:24-31.
Moïse, un meurtrier en fuite, vit son exil prendre fin après la vision du buisson ardent. Il devint le sauveur de son peuple et le plus doux des hommes de la terre, Exode 3.

Le craintif Josué, écrasé par de lourdes responsabilités verra venir à Lui le Chef de l’Armée de l’Éternel. Il trouvera dans cette conversation sainte la force et les directions nécessaires pour accomplir jusqu’au bout sa mission, et conquérir le pays de Canaan, Josué 5:13-15.
Le pauvre et chétif Gédéon deviendra, après son tête-à-tête avec l’Éternel, le vaillant héros vainqueur des Madianites, Juges 6:11;
Manoah et sa femme, couple âgé et stérile, mettront au monde le puissant Samson après avoir vu et entendu Celui dont le Nom est merveilleux, Juges 13.
Un enfant, Samuel, deviendra, par cette révélation, le dépositaire des pensées de Dieu à la place du vieux sacrificateur Éli, 1Samuel 3.
Ésaïe, dans la vision de l’Ineffable, découvrira son impureté, mais, après s’être vu perdu, il connaîtra le bonheur que procure l’assurance de l’expiation de nos péchés, et la joie d’un service pour Dieu parmi les pécheurs, Esaïe 6.
Jérémie perdra ses complexes d’infériorité et deviendra le prophète à la parole de feu, "une ville forte," "une colonne de fer," "un mur d’airain," quand Dieu aura parlé avec lui, Jérémie 1.
Ézéchiel après avoir vu l’image saisissante de la gloire de l’Éternel, sera dans la main de Dieu, l’homme au front de diamant plus dur que le roc, pour s’opposer aux Israélites infidèles, Ezéchiel 1-3.
Daniel, décomposé et sans vigueur devant la vision divine, sera fortifié et assuré de l’amour de son Dieu, qui le rendra capable de comprendre et de connaître ce qui arrivera à la fin des temps, Daniel 10:8-21.

Jésus, le Saint et le Véritable

L’enseignement de l’Ancien Testament n’est pas sans importance pour nous, car toutes ces choses sont les ombres de la sainteté véritable qui doit se manifester dans nos vies par une consécration totale de tout notre être au Seigneur, et par une séparation de tout ce qui peut Lui déplaire, Hébreux 10:1.

Mais tandis que le Mosaïsme, qui répond à la période, de l’enfance du peuple d’Israël, place surtout la sainteté dans les formes extérieures, Exode 19:10-15. Les Prophètes, en prêchant, la mettent principalement dans le cœur, Esaïe 1:16-17. Pour trouver la sainteté réalisée, c’est pourtant à la Personne et à la vie de Jésus-Christ qu’il faut regarder, Jean 8:48.
Lui seul a accepté, toute entière, la volonté de Dieu, et l’a parfaitement accomplie, Jean 6:38. En lui, la sainteté est descendue du domaine abstrait des préceptes, ou des promesses, dans la réalité historique. Depuis Sa venue dans le monde, non seulement nous savons, mais nous avons contemplé ce qu’est la sainteté véritable dans les conditions de la vie humaine, 1Jean 1:1-3.
Par la foi, ayant reçu Jésus dans nos cœurs pour Sauveur et Seigneur, fixons nos yeux sur ce Modèle parfait. Nourrissons nos pensées de Sa Personne, et nous serons sûrs d’achever notre course et de n’être confus en rien, Philippiens 1:20.
Quand le Christ vint sur la terre, ceux qui s’approchèrent de Lui avec foi connurent la profondeur de leur misère, mais virent aussi leur vie physique, psychique et spirituelle complètement transformée; (Voir les évangiles).
Après Son Ascension à la droite du Père, c’est encore par la révélation de Sa gloire et de Sa sainteté, que le Christ saisit Saul de Tarse pour en faire l’apôtre Paul, Actes 9, Galates 1:13-16.
C’est aussi par la manifestation de la sainteté glorieuse du Christ que Jean, à Patmos, fut préparé à recevoir les révélations de l’Apocalypse, Apocalypse 1:9-20.

En route vers la sainteté

Pour que toute gloire revienne à Dieu seul, c’est toujours par un appel et une révélation que nous sommes rendus participants de Sa sainteté, 2Pierre 1:3-4.

Comme pour le peuple élu, pour chacun de nous la sainteté consiste, répétons-le, à être séparé du monde profane, c’est-à-dire pécheur, et à être consacré à Dieu, 2Corinthiens 5:17-18.

Le devoir absolu de tendre à la sainteté se fonde, pour nous, enfants de Dieu, sur la sainteté de notre Père céleste à laquelle nous avons cru, et vers laquelle nous allons. Nous n’avons pas avec notre Père céleste une relation sentimentale, mais une relation de nature, 1Jn 3:1. Nous sommes nés de nouveau et avons été engendrés par un Père dont le caractère essentiel est la sainteté.

Ayant reçu le Christ par la foi, à mesure que nous croissons dans la vie spirituelle, Sa personnalité doit se préciser en nous, se former, se développer, se dégager, et cela par le Saint-Esprit, dans une justice et une sainteté que produit la vérité, Colossiens 1:26-29.
Dieu nous a choisis pour le glorifier par notre sainteté. Que ferons-nous maintenant? Écouterons-nous l’appel de Dieu? Aspirerons-nous de tout notre cœur à une révélation plus parfaite de Sa personne, ou resterons-nous dans la médiocrité?
Dieu attend la décision de notre cœur. Son désir est de nous voir nous engager dans la voie qui conduit à la sainteté, état idéal et définitif.
Ce chemin, c’est la sanctification, travail spirituel et continu qu’opère le Saint-Esprit dans nos âmes, si nous Le laissons agir durant notre course terrestre. Suivre ce chemin suppose cependant une première rencontre avec le Fils de Dieu, Jésus-Christ.

CHAPITRE IV     LA SAINTETÉ OU LA VIE EN CHRIST

Se revêtir du Seigneur Jésus-Christ

Dieu nous appelle à Son Royaume et à Sa gloire, 1Thessaloniciens 2:12; Son but pour nous, c’est la sainteté, 1Pierre 1:15-16. A cette fin, Il nous convie à revêtir pour traverser ce monde la vie du Christ, Romains 13:14. Lui seul, en effet, nous permet de répondre ici-bas à notre vocation sainte et de marcher d’une manière digne de notre glorieux appel, Colossiens 2:6-7. Si nous n’avons rien en nous, nous savons qu’en Lui habite toute la Plénitude de la Divinité, et nous nous trouvons en Lui associés à Sa plénitude, Colossiens 2:9. Autrement dit, c’est en Christ seul que l’homme est accompli et Dieu attend que Ses enfants d’adoption manifestent dans ce monde la vie même de Son Fils, Ephésiens 1:4-6. Afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu, c’est par Lui que nous sommes dans le Christ Jésus qui, de par Dieu, est devenu poux nous sagesse, justice, sanctification et rédemption, 1Corinthiens 1:29-31.

Apprendre le Christ

Ayant reçu le Christ dans une prédication et un enseignement conformes à la vérité qui est en Jésus, nous apprenons la vie qu’Il a eue sur la terre, Ephésiens 4:20-24. De la crèche à la Croix, au sein de la pauvreté et dans un climat hostile, Jésus fit resplendir la connaissance de la gloire de Dieu, 2Corinthiens 4:6, dans une vie d’amour, d’obéissance, de renoncement, de dépendance, d’humilité, de douceur, de confiance, de foi, de lumière, de vérité, de justice, de sainteté, de joie, de paix et de puissance. Le Christ a vraiment souffert pour nous, nous laissant un modèle afin que nous suivions Ses traces, 1Pierre 2:19-21.
L’approbation de Dieu reposa totalement sur cette vie. A plusieurs reprises le ciel entier vibra et la voix du Père manifesta sa satisfaction infinie, désignant publiquement Jésus comme Son Fils bien-aimé, l’objet de toute Sa faveur, Son élu, le seul Maître que nous ayons à écouter, Matthieu 3:17.

Se nourrir de Christ

A ceux qui l’écouteraient et croiraient en Lui, Jésus promettait la vie éternelle, Jn 3:16. Et cette vie était celle du Père, la vie même de Dieu incarnée en Son Fils unique, Jean 1:4,14, 1Jean 1:2. Pour que cette vie devienne la nôtre, Jésus devait nous la donner, Jean 10:11,17-18. Il fallait donc sa mort sans laquelle Sa chair et Son sang ne pouvaient être un aliment et un breuvage pour nos âmes, Jean 6:50. Croire, c’est s’approprier cette vie donnée, c’est se nourrir de Christ et laisser Dieu manifester le fruit de cette vie en nous.

Relisons les Évangiles et écoutons Celui qui a les paroles de la vie éternelle décrire en diverses images ce que connaîtra celui qui croira en Lui.

Des tableaux incomparables

C’est en nous le rafraîchissement d’une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle. Celui qui boit de cette eau n’aura jamais soif, Jean 4:14.
C’est le rassasiement ineffable de l’âme par un aliment céleste, le pain vivant. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement, Jean 6:35.

Ce sont des fleuves d’eau vive coulant de notre sein sur nos frères et sur le monde, notre corps étant devenu le temple du Saint-Esprit, Jean 7:37-39.
C’est la lumière de la vie dissipant les ténèbres de notre route, la possibilité de marcher ici-bas dans la pleine clarté de la face de Dieu, Jean 8:12.
C’est la protection et la direction d’un Bon Berger, une liberté glorieuse de mouvement, une nourriture assurée, une vie abondante à laquelle la mort ne saurait mettre fin, Jean 10:1-10, Jean 11:25-26.
C’est une connaissance intime du Père, la présence même de la Trinité en nous, une véritable puissance, la capacité de faire des oeuvres plus grandes que le Christ et de porter beaucoup de fruit, et du fruit qui demeure, Jean 14-15.
 C’est être consolés en toutes circonstances et conduits par le Saint-Esprit dans toute la vérité, Jean 16.

Une réalité pour notre temps

Des hommes semblables à nous ont connu cette vie en Christ. Comme l’annonçait l’antique prophétie, "le parfait Serviteur de l’Éternel" après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, a véritablement prolongé ses jours sur la terre, Esaïe 53:8-11, en animant de sa vie des êtres aux mêmes passions que nous.
Jésus ne change pas et veut aujourd’hui encore manifester les signes de Sa présence en ceux qui portent Son nom, Hébreux 13:5,8. Tous, nous pouvons expérimenter dans notre existence, la réalité de toutes les promesses du Fils de Dieu, devenir Sa postérité, une plantation du Seigneur pour servir à Sa gloire, Esaïe 61:3.

Le témoignage de Paul

L’apôtre Paul proclame qu’en toutes choses, nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés, Romains 8:37. Dieu nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ, 1Corinthiens 15:57. Il nous fait toujours triompher en Christ et, par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance. Car nous sommes bien, pour Dieu, la bonne odeur du Christ parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui se perdent, pour les uns, une odeur qui de la mort conduit à la mort; pour les autres, une odeur qui de la vie conduit à la vie, 2Corinthiens 2:14-16. Être vainqueurs en toutes circonstances, triompher de tout et toujours, voilà bien le vrai moyen de faire connaître le Christ dans le monde d’une manière capable de susciter de l’intérêt pour Lui parmi les hommes.
 Paul nous dévoile le secret d’une telle vie en ces termes: "J’ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi," Galates 2:20. Ailleurs, le même apôtre dira encore: "Pour moi, certes, la vie c’est le Christ," Philippiens 1:21. Il ajoutera plus loin: "Je puis tout par Celui qui me fortifie," Philippiens 4:13.
Depuis sa rencontre avec le Ressuscité, Paul ne s’arrêta jamais. Les yeux fixés sur le Christ devenu le centre et le but de sa vie, il ne dit pas: "Je marche," mais "Je cours," 1Corinthiens 9:26. Aussi termine-t-il sa carrière en s’écriant: "J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi," 2Timothée 4:7.
Que nul parmi nous ne détourne l’épée de son propre cœur en affirmant que la vie de Paul fut exceptionnelle, Dieu ayant choisi cet homme pour être le messager de l’Évangile parmi les païens. Alors qu’il était en prison, il écrivait: "Devenez à l’envi mes imitateurs, frères, et fixez vos regards sur ceux qui se conduisent comme vous en avez en nous un exemple," Philippiens 3:17. Puis il s’écrie: "Ce que vous avez appris, reçu, entendu de moi et constaté en moi, voilà ce que vous devez pratiquer. Alors le Dieu de paix sera avec vous," Philippiens 4:9.

Certes, le Seigneur a véritablement empoigné Saul de Tarse. Mais ce dernier ne résista pas. Non seulement il se laissa saisir, mais encore il courut de toutes ses forces après le Christ, cherchant lui-même à le saisir, Philippiens 3:12.

Aujourd’hui, courons-nous, marchons-nous, ou traînons-nous dans les traces du Christ?

Le témoignage de Jacques

Jacques nous invite à tenir pour une joie suprême d’être en butte à toutes sortes d’épreuves. L’épreuve à laquelle est soumise notre foi, produit la patience. Mais il faut que notre constance s’accompagne d’une oeuvre parfaite, afin que nous soyons parfaits, irréprochables, ne laissant rien à désirer.
Le même auteur nous assure que toute grâce excellente et tout don parfait viennent d’en haut et descendent du Père des lumières, en qui il n’y a aucune variation, ni aucune ombre de changement, Jacques 1:17. De lui, nous pouvons tout obtenir, si nous ne doutons pas, car Dieu donne à tous libéralement, sans rien reprocher.
Avons-nous, dans la prière, la sainte hardiesse et la puissance que donne une vie vécue dans la présence de Dieu et en Dieu?

Le témoignage de Pierre

La même note victorieuse se retrouve dans les Épîtres de Pierre. Après la Pentecôte, cet homme est transformé. Rempli de la puissance du Saint-Esprit, il voit sa prédication couronnée de succès. A la fin de sa course il déclare, pour l’avoir expérimenté, "que Dieu a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété." Et ce "tout," nous le saisissons par "la connaissance de Celui qui nous a appelés par Sa propre gloire et par Sa vertu, lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles nous devenions participants de la nature divine...," 2Pierre 1:3-4.
Dieu a tout fait pour que le caractère et les grâces de Son Fils se trouvent en nous et y abondent, pour que nous ne restions pas oisifs ni stériles dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Ayons donc d’autant plus de zèle pour affermir notre vocation et notre élection. Ce faisant, pas de danger que nous ne tombions jamais. Car c’est ainsi que nous sera largement accordée par surcroît l’entrée dans le Royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, 2Pierre 1:5-11.
Comme nous avons trouvé un chemin nouveau et vivant pour aller à Dieu, à travers la propre chair de Jésus, Hébreux 10:19-20, de même notre chair mortelle livrée à Dieu devient une voie par laquelle les hommes peuvent parvenir au Christ. Nous avons été rachetés à un grand prix et Dieu attend de nous l’offrande vivante, sainte et agréable de nos corps, Romains 12:1-2.

Savons-nous dans le temps présent glorifier Dieu dans nos corps?

Le témoignage de Jean

Pour l’apôtre Jean, la vie en Christ procure une joie parfaite dans une communion totale avec le Père et Son Fils Jésus-Christ. La marche du disciple devient semblable à celle du Maître. C’est une vie dans la lumière, l’amour et la vérité. Étant né de Dieu, Ses commandements ne lui sont pas pénibles. Il a de l’assurance devant Dieu. L’intimité avec Jésus le fait triompher de Satan, du péché et du monde. L’espérance de Son retour le purifie comme Jésus est pur. La vie en Christ le rend vainqueur du monde, et la victoire qui triomphe du monde, c’est sa foi. Dans cette confiance qu’il a en Lui, le racheté recherche la volonté de Dieu et possède la glorieuse assurance d’être exaucé dans toutes ses prières. Dans un monde qui gît entièrement dans le mal, l’Engendré de Dieu le garde, et le Mauvais n’a pas de prise sur lui,1Jean 1:1-5.

Ayant reçu l’intelligence pour connaître le Véritable, avons-nous une excuse pour ne pas être quotidiennement dans le Véritable?

Le témoignage de Jude

Jude, le frère de Jacques, confirme à son tour que la vie en Christ nous instruit à l’égard de toutes choses. Il affirme que la foi, c’est-à-dire l’ensemble des vérités du christianisme, a été transmise aux saints une fois pour toutes, Jude 3. Nous n’avons donc pas à modifier l’enseignement reçu du Christ et de ses apôtres. Rien à ajouter, rien à retrancher. C’est en demeurant fidèle à notre seul Maître et Seigneur Jésus-Christ, en nous édifiant sur notre très sainte foi, priant par le Saint-Esprit que nous nous maintiendrons dans l’amour de Dieu, prêts à recevoir la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ pour la vie éternelle. En Christ, nous sommes assurés que Dieu peut nous préserver de toute chute et nous présenter devant sa gloire, sans reproche avec abondance de joie.

Ayant un tel avenir, pourrions-nous murmurer, nous plaindre de notre sort et marcher dans nos convoitises?

Le témoignage de Luc

La lecture du livre des Actes des Apôtres devrait convaincre ceux qui doutent encore de la plénitude du don de Dieu. Nous voyons dans ces pages écrites par "le médecin bien-aimé," la vie même de Jésus se manifester avec puissance dans la chair mortelle des disciples. Personne ne peut contester que la Pentecôte fut l’heure décisive des Apôtres. Avant l’événement de ce jour, leur témoignage était celui de "la médiocrité dorée." Ils avaient certes répondu à l’appel du Christ. Sans retard, ils avaient tout quitté pour le suivre: Famille, biens matériels, gagne-pain. Toutefois, ils ne s’étaient pas quittés eux-mêmes. Ils se préoccupaient encore de leur position future. Quelles seraient pour eux les conséquences de leurs sacrifices? Leur vie n’était pas entièrement absorbée dans celle de leur Maître, Matthieu 19:27.

Ce miracle s’accomplit à la Pentecôte, Actes 2:1-4. Le Saint-Esprit s’empara d’eux et les transforma. Le Christ n’était plus extérieurement avec eux. Mieux, il était venu habiter en eux, Jean 14:23. Ce qui eut lieu le jour de la Pentecôte doit être une réalité pour chaque croyant, Actes 2:39.

Connaissons-nous individuellement la plénitude et le renouvellement du Saint-Esprit?

Une comparaison nécessaire

Nous enseignons facilement que nos privilèges dans l’ère chrétienne sont infiniment supérieurs à ceux dont jouissaient les croyants de l’Ancienne Alliance. Le Saint-Esprit revêtait momentanément ces hommes de Sa puissance. Par Lui, ils accomplissaient des actes de valeur. Toutefois, le Saint-Esprit n’habitait pas en eux d’une manière permanente, Jean 7:39. Dans l’économie nouvelle, souligne-t-on, et depuis l’élévation du Christ auprès du Père, l’Esprit promis, le Consolateur, a été envoyé sur la terre et habite dans l’Église et dans chaque croyant, 1Corinthiens 12:13. Si cela est vrai, quelle vie devrions-nous avoir!

Toute âme régénérée qui contemple la vie des hommes de Dieu de l’Ancien Testament ne peut que s’écrier:— Comme ma compréhension des pensées de Dieu devrait être plus excellente que celle d’Abel, dont les oeuvres étaient justes! Il avait saisi le conseil de Dieu au sujet du péché et du sacrifice. Son offrande sanglante fut agréée par la divinité.— Comme ma marche dans ce monde devrait être plus sainte et plus fidèle que celle d’Hénoch! Ce patriarche chemina trois cents ans avec Dieu, au milieu d’une génération corrompue et perverse. En ce temps-là, il sut plaire à Dieu à un tel point que Dieu l’enleva, en sorte qu’il ne vît pas la mort.— Comme mon oeuvre devrait être plus utile que celle de Noé! Divinement averti des choses qu’on ne voyait pas encore, il fut saisi d’une crainte respectueuse et construisit une arche pour sauver sa famille.— Comme mon obéissance devrait dépasser celle d’Abraham! Sur l’ordre de Dieu, cet Hébreu païen quitta son pays et sa parenté, et partit ne sachant où il allait.— Comme enfin ma foi devrait être plus vivante que celle de tous ces héros cités dans l’Épître aux Hébreux! Plusieurs vainquirent des Royaumes, exercèrent la justice, obtinrent des promesses, fermèrent la gueule des lions, étreignirent la puissance du feu, échappèrent au tranchant de l’épée, guérirent de leurs maladies, furent livrés aux tourments et n’acceptèrent pas la délivrance. D’autres subirent des moqueries et le fouet, les chaînes et la prison. D’autres encore furent lapidés, sciés, torturés. Ils moururent tués par le glaive, ils allèrent çà et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, opprimés, maltraités, errants dans les déserts, les montagnes, les cavernes et les antres de la terre, eux dont le monde était indigne, Hébreux 11.

Malgré nos avantages spirituels, vivons-nous mieux que les témoins de Dieu qui précédèrent l’ère chrétienne?

Une confession honnête

Si nous sommes droits devant Dieu, nous voyons d’abord notre misère et la grande faiblesse du témoignage chrétien.
Nous sommes devenus lents de cœur à comprendre et à croire les pensées profondes de Dieu, même au sujet du péché et de son expiation par le sang du Christ. Abel avait saisi ce que beaucoup de nos contemporains ne peuvent encore concevoir.
Nos difficultés à marcher avec Dieu sont de plus en plus visibles. Son approbation ne nous suffit plus. Sa sainte compagnie ne fait guère les délices de notre cœur. Nous ne supportons pas un tête à tête avec Dieu. Nous nous conformons au monde et faisons amitié avec Lui. Hénoch, lui, marchait avec Dieu.

La crainte salutaire du jugement de Dieu tend à se perdre. En face des choses terribles qui vont venir sur la terre, nous sommes frappés d’inconscience. Où est notre zèle pour avertir les âmes et annoncer l’Évangile à ceux qui vont périr? Il nous répugne de prendre position et de travailler à une oeuvre qui condamne le monde. Il nous est dur d’aller contre le courant de la pensée et de la sagesse humaines. Religieux ou athée, l’homme veut améliorer le monde, alors que le dessein de Dieu est de tirer du monde qu’Il va juger, un peuple qui porte Son nom. Noé croyait, craignait, prêchait et travaillait à son propre salut.
Nous ne savons guère obéir aux ordres de Dieu dès que Sa voix déroute nos pensées, nos projets et nos plans. En plein paganisme, Dieu trouva un homme dont Il put disposer: Abraham était disponible pour Dieu.
Reconnaissons combien nous hésitons à renoncer à tout pour Dieu. Nos avantages, nos aises, notre réputation, notre prestige, nos droits, comptent encore tellement pour nous! Moïse savait refuser une position en vue et faire la perte de tout pour son peuple et son Dieu.
Notre incrédulité nous paralyse. Nous ne croyons pas vraiment que Dieu peut tout par nous, si nous nous abandonnons à Lui. Nous avons oublié que Sa puissance s’accomplit dans notre faiblesse,  2Corinthiens 12:9. Même à l’époque critique des Juges, Gédéon et d’autres avec lui, et après lui, crurent. Ils connurent des victoires éclatantes.

Enfin notre peur de la souffrance, notre attachement à nos biens, notre recherche des honneurs, toute notre attitude crie au monde que nous tenons encore à notre vie, à ce moi haïssable auquel nous n’avons renoncé qu’en théorie. Nous n’avons pas vécu, ni appliqué les idéaux que nous professons. Les héros de l’Ancienne Alliance, malgré leurs fautes, avaient fait la perte de tout, méprisant le monde et leur propre vie par amour pour leur Dieu.

Un diagnostic sévère

Inutile de dogmatiser. Si nous voulons la guérison, il est temps d’admettre notre médiocrité. Elle se traduit dans l’Église et dans notre témoignage par tous les maux dont nous souffrons collectivement et individuellement. Médiocre intelligence spirituelle des vérités fondamentales du Christianisme, marche boiteuse, oeuvres mortes, désobéissance flagrante aux ordres de Dieu. Les uns vont dans une direction opposée à la volonté de Dieu. D’autres restent où ils se trouvent bien. On tolère l’idolâtrie, les fausses doctrines, voulant à tout prix demeurer dans "le pays de sa naissance et de sa parenté." On ne sait plus renoncer. En revanche, on insiste sur ses droits, on s’accroche à ce que l’on possède, on s’incruste. Sans toujours s’en rendre compte, certains s’opposent de toute leur force au Saint-Esprit qui voudrait les emporter plus loin. De ces attitudes naissent les fatigues, les disputes, les querelles, les jalousies, les divisions qui attristent et éteignent l’Esprit.

Dans cet état, les églises et les assemblées ne connaissent plus la prière victorieuse. Les exaucements sont rares. Le doute ronge les cœurs. Tout en exposant nos requêtes à Dieu, nous éprouvons le besoin de nous appuyer à droite et à gauche, nous fermant ainsi l’accès du ciel par notre manque de foi. Tout en prétendant servir le Seigneur, nous n’avons plus de temps pour Dieu et nous nous employons à organiser notre vie et nos communautés de telle manière que Dieu n’ait plus à intervenir. Sans nous en apercevoir, nous construisons des abris contre les dispensations de la Providence, nous assurant dans ce monde contre tous les risques possibles.

Et cette vie conforme au monde est devenue tellement normale dans les églises, que l’on trouve étrange tout ce qui ne ressemble pas à la médiocrité. C’est ici qu’on peut rappeler une fois encore le propos de J. Joubert: "La médiocrité est l’excellent pour les médiocres".

Une guérison possible

Dieu veut pour les siens une vie de plénitude, Ephésiens 5:18.

Réveillons-nous et considérons sérieusement notre appel et notre élection. Nous ne sommes pas allés jusqu’au bout dans l’expérience chrétienne. Nous connaissons Noël, Vendredi-Saint et Pâques, mais nous paraissons ignorer la puissance de la Pentecôte. Ou, si nous l’avons connue, nous avons perdu notre premier amour et contristé le Saint-Esprit de Dieu qui est en nous, Apocalypse 3.

Ne nous bornons pas à écouter ou à défendre la Parole. Pratiquons-la. Les promesses de Dieu sont certaines et véritables, les conditions d’exaucement à notre portée.
Ayant reconnu et confessé notre péché, marchons dans une obéissance nouvelle aux ordres du Seigneur. Il veut notre bonheur.
Ne craignons pas de renoncer à nous-mêmes. Sinon, nous restons à mi-chemin, et être à mi-chemin, c’est avoir choisi la médiocrité comme but de notre vie. C’est se servir et non servir le Christ.
Le service auquel Dieu nous appelle doit être accompli avec joie, Psaume 100:2. Pour servir avec joie, il faut L’aimer. Cet amour nous conduit à Lui obéir. Et cette obéissance nous amène à renoncer à tout pour Lui. Par ce renoncement, nous vivons au milieu du monde, dans une entière dépendance de Lui, manifestée par la confiance, la foi, l’humilité et la douceur du Christ, 2Corinthiens 10:1.
Nous devons avoir une intelligence claire de ce que Dieu attend de nous. Nous sommes appelés:—à faire aimer Dieu; —à amener les âmes à se soumettre à Dieu; —à les conduire à renoncer à tout pour Dieu.
Dieu n’attend rien d’autre de nous. Il n’a que faire de nos initiatives et de notre imagination. Nous n’avons pas à nous préoccuper de ce que nous sommes ou serons un jour aux yeux du monde, mais à savoir si par notre amour, notre obéissance et notre renoncement total, Dieu peut et pourra faire quelque chose avec nous auprès des âmes. Ne perdons jamais cela de vue, car bien vite nous serons dans l’impasse de la médiocrité.

"Savez-vous ce qui est important, disait, il y a quatre siècles une chrétienne remarquable, c’est d’avoir sa vie en horreur et de ne faire aucun cas des honneurs. Quand les apôtres proclamaient la vérité et la défendaient pour la gloire de Dieu, il leur importait peu de tout perdre ou de tout gagner. Car celui-là est indifférent à l’un et à l’autre, qui en réalité, sacrifie tout pour Dieu... Oh! De quelle grande liberté on jouit, quand on considère comme un esclavage de vivre et de se diriger d’après les lois du monde..."

Comme cette liberté s’obtient de Dieu, il n’est pas d’esclave ici-bas qui ne doive être disposé à tout risquer pour Christ. Il est le vrai chemin. Marchons en Lui sans nous arrêter, car nous ne pourrons arriver à la pleine possession d’un si riche trésor qu’à la fin de notre course.

Que le Seigneur nous donne la grâce d’y parvenir.

"Alors ta lumière se lèvera comme l’aurore et ta guérison avancera promptement; ta justice marchera devant toi, et la gloire de l’Éternel sera ton arrière-garde. Alors tu appelleras, et l’Éternel répondra; tu crieras, et il dira: Me voici!," Esaïe 58:8-9.


 CHAPITRE V  LA SANCTIFICATION, OU LE CHEMIN QUI MÈNE A LA SAINTETÉ

La sagesse infiniment variée de Dieu

Dieu n’a pas encore fini d’étonner les disciples de Son Fils, par la conversion des personnes les plus éloignées ou les plus proches de Lui.
Il veut nous faire comprendre aussi que "toutes les routes qui mènent au bien," Proverbes 2:9, ne suivent pas nécessairement l’itinéraire qu’Il a tracé pour nous, ou que nous sommes toujours prêts à imposer aux autres.

Qui aurait pu prévoir la conversion de la femme samaritaine, à l’issue de sa rencontre avec Jésus au puits de Jacob? Qui aurait pensé que cette femme amènerait à la foi au Sauveur du monde, une multitude de ses concitoyens? Jean 4:4-42.
Qui espérait encore une délivrance pour le dangereux forcené, vivant dans les sépulcres du pays des Gadaréniens? Qui pouvait se douter de tout le travail que ce démoniaque guéri accomplirait pour Jésus dans la Décapole? Marc 5:1-20.
Qui pensait qu’à Jéricho Jésus, malgré les murmures de la foule, irait loger chez le publicain Zachée, faisant entrer le salut dans la maison d’un tel pécheur et y produisant des fruits immédiats? Luc 19:1-10.
Qui s’attendait à la conversion du brigand sur la croix et qui aurait cru que le Paradis était pour lui, alors que peu de temps avant sa mort il avait insulté avec son camarade le Seigneur crucifié ? Matthieu 27:44.
Qui aurait cru qu’après sa grave défaillance et son triple reniement, Pierre restauré amènerait dans sa première prédication de Pentecôte, trois mille âmes au Seigneur? Marc 14:37.
Qui songeait qu’au moment même où Saul de Tarse marchait vers Damas, respirant encore la menace et le meurtre, Dieu allait le terrasser en chemin et faire de cet homme l’apôtre des païens? Actes 9:1-16
Qui supposait qu’en la ville de Philippes, une femme, nommée Lydie, serait amenée à croire ce que Paul disait dans une réunion de plein air au bord d’une rivière? Qui pouvait deviner que cette marchande de pourpre mettrait immédiatement sa maison à la disposition de l’apôtre et de ses compagnons? Actes 16:12-15.
Dans cette même ville de Macédoine, qui aurait cru que le geôlier de la prison, au cours d’une nuit dramatique, entendrait la parole du Seigneur et serait sauvé et aussitôt baptisé, lui et tous les siens? Actes 16:23-24.

Et nous pourrions citer d’autres exemples de conversions, tant dans l’Ancien Testament que dans les Évangiles, les Actes et les Épîtres. Toutes corroborent la parole de Jésus au pharisien Nicodème: "Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit," Jean 3:8.

Les immenses richesses de sa grâce

Quand Dieu, dans Sa souveraineté absolue, offre sa grâce à une âme, il n’est limité ni par les hommes, ni par les lieux, ni par les circonstances. Glorieusement libre, Son heure n’est pas toujours notre heure et bien souvent la manière dont le Seigneur se révèle à Sa créature et les moyens qu’Il emploie ne correspondent nullement à nos petits schémas évangéliques et à notre compréhension théologique des choses spirituelles, Romains 11:33-36.
Même les "inconvertis" ont aussi leurs idées sur la façon dont Dieu devrait opérer à leur égard pour les rendre purs. Naaman, le Syrien en est un exemple, 2Rois 5:1-19. Sans les exhortations pressantes de ses serviteurs, ce général passait à côté de la bénédiction et retournait, furieux, mais toujours lépreux dans son pays. Pour être guéri, il dut abandonner son orgueilleuse révolte, et les propos de son propre cœur pour faire plier sa volonté à la Parole de Dieu prononcée pour lui par le prophète Élisée, voir Job 23:12.

Pas plus que nos bonnes oeuvres et nos formes de piété, ce ne sont pas nos conceptions personnelles de la vérité, ni les lumières reçues qui font notre salut. Seule la foi nous sauve lorsqu’elle saisit la grâce de Dieu au temps où Sa longue patience nous l’accorde.

Un si grand salut

Une chose pourtant ne varie pas. Dans tous les temps le salut offert à l’homme par un Dieu saint ne peut être que la sainteté même.
L’œuvre rédemptrice de notre Créateur ne s’arrête pas à la justification des pécheurs. Elle comprend toujours leur sanctification et leur glorification. Voilà pourquoi la Parole de Dieu est totalement étrangère à ce "petit salut" qui donnerait gratuitement à l’homme perdu, l’assurance du pardon de ses péchés et une garantie contre l’Enfer et les tourments éternels, tout en laissant cette créature vivre sous la domination du péché, Romains 6:14.

Si nous avons déjà démontré comment la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes se manifeste de plusieurs manières, en revanche, il est bon de souligner encore que l’enseignement de la grâce est le même dans tous les temps et pour tous les hommes. Cette grâce apprend à ceux qui sont sauvés à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété, en attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire du grand Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ, Tite 2:11-14.
La révélation du si grand salut de Dieu aux hommes est l’œuvre du Saint-Esprit, 1Corinthiens 2:9-10. Du début et jusqu’à la fin de la course chrétienne l’Esprit poursuit Son action en nous, désirant atteindre tous les domaines de notre existence.
Chez les uns, Il opère par une illumination subite qui leur fait tenir pour vrais, non seulement l’existence de Dieu, mais aussi le témoignage que les Écritures rendent de l’homme et ce qu’elles attestent de la personne et de l’œuvre de Jésus-Christ.

La découverte de la lumière

Le plus souvent, disons-le, c’est à l’ouïe de la prédication fidèle de l’Évangile ou par la simple lecture de la Bible que les "ignorants" viennent en contact avec le Seigneur. Ils apprennent pour eux-mêmes qu’il n’y a de salut en aucun autre qu’en Jésus; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés, Actes 4:12.
 Loin de produire chez l’auditeur ou le lecteur de la Bible, une joie exaltante, la Parole de Dieu provoque premièrement dans le cœur de celui qui la reçoit, une crainte salutaire et une humiliation profonde, Habacuc 3:2.
 Si parfois dans l’œuvre de la grâce, la foi précède la repentance comme la connaissance de l’amour de Dieu peut venir avant la révélation de Sa justice et de Sa sainteté, nous pouvons être assurés que tôt ou tard l’Esprit de Dieu nous amènera à nous connaître nous-mêmes et nous révélera les turpitudes de notre cœur charnel. Ce n’est pas en nous sondant nous-mêmes que nous apprenons à découvrir le péché en nous et notre faiblesse naturelle. La lumière qui éclaire tout notre être émane de la vie même du Christ et l’excellence de cette vie nous fait découvrir notre propre déchéance. Saisis d’horreur en face de ce que nous sommes devant Dieu, nous comprenons qu’avec ou sans nos oeuvres nous ne méritons que la condamnation et la mort.

La repentance envers Dieu

Cette vive douleur, cette tristesse selon Dieu, n’est autre que la repentance qui est le commencement ou l’approfondissement de l’œuvre de la grâce en l’homme, 2Corinthiens 7:9-11. Qu’elle vienne avant ou après la foi, il n’y a pas de vie profonde avec Dieu sans que l’âme humaine sache par expérience ce qu’est la repentance. Les plus droits et les plus purs des hommes ont connu ce labourage de l’âme qui conduit à la vie abondante et permet de porter davantage de fruit pour Dieu.

Notre Père des cieux ne laisse pas vivre ses enfants dans des illusions ni même dans l’éblouissement de l’aurore. Par des voies bien à Lui et correspondant à l’état de chacun de nous, Dieu fait notre éducation. Son Esprit nous présente les déclarations formelles de l’Écriture sainte. La conscience du pécheur étant enfin réveillée, réclame impérieusement l’expiation de ses fautes. Mais quelle expiation saurait donner la paix à une conscience travaillée et le repos à un cœur troublé? Une expiation qui nous laisserait la vie et qui s’accomplirait par des oeuvres, des pénitences, des mortifications, et un ascétisme très strict, ne serait pas à la mesure de nos péchés. Une conviction née de l’action du Saint-Esprit et de la Parole de Dieu nous fait admettre que "le salaire du péché, c’est la mort," Romains 6:23, et que "sans effusion de sang il n’y a pas de rémission ou de pardon, " Hébreux 9:22. Dans l’aube grise d’un jour nouveau le croyant s’écrie: "Malheur à moi! je suis perdu, " Esaïe 6:5. Ou encore: "Misérable que je suis! Qui me délivrera du corps de cette mort ?…’’ Romains 7:24.

La foi en notre Seigneur Jésus-Christ

La conviction de péché, l’aveu de notre impuissance à nous sauver nous-mêmes sont généralement parmi les premiers signes de la grâce de Dieu opérant dans un cœur.
Le Saint-Esprit dirige alors nos yeux sur le Christ, dont la mission terrestre n’a pas seulement consisté à faire connaître aux hommes ce qu’ils sont devant Dieu, mais à leur manifester Son amour et à les convaincre de Sa parfaite justice, Jean 16:8-11. Par le don de Son Fils unique, Dieu veut sauver quiconque croit en Lui de la perdition éternelle.
En nous révélant les perfections infinies de Son Fils unique, Dieu nous affirme que cette vie a répondu à toutes les exigences de Sa sainteté. Cette vie a été donnée pour nous. Par la Parole de Dieu, le Saint-Esprit applique à notre conscience le sang versé du Christ et nous rappelle que Jésus a expié nos iniquités à la croix du Calvaire afin que Sa vie de résurrection devienne notre vie.
Devant les déclarations de Dieu qui ne peut mentir et qui nous a témoigné Son amour dans le fait de Golgotha, la foi jaillit du cœur et s’approprie ce divin Sauveur. En confessant de notre bouche le Seigneur Jésus, et en croyant dans notre cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, nous sommes sauvés, Romains 10:9-10.

Justification et sanctification

Dès l’instant où une âme vient au Christ, par la foi en Sa Parole, la justification du pécheur est totale devant Dieu, Romains 3:21-26. Il a cru ce que Dieu lui disait de l’homme et ce qu’Il lui révélait de Son Fils. Il sait désormais que ses péchés sont expiés et que Dieu ne s’en souvient plus, Hébreux 10:17. Les certitudes de la Parole de Dieu remplissent son cœur de joie et le Saint-Esprit vient lui-même rendre témoignage à son esprit qu’il est un enfant de Dieu, qu’il possède la vie éternelle.
Alors commence chez le racheté du Seigneur l’œuvre de la sanctification qui est le travail spirituel continu du Saint-Esprit voulant reproduire la vie de Jésus dans notre chair mortelle. Fixant nos yeux sur Jésus, il nous transforme en la même image, de gloire en gloire, 2Corinthiens 3:18, jusqu’à ce que le Seigneur Jésus, à Sa venue, Philippiens 3:20-21, nous rende semblables à Lui quand nous le verrons tel qu’il est, 1Jean 3:3.
C’est à cette oeuvre de sanctification qui suit la justification et précède la glorification, que nous sommes appelés à travailler avec crainte et tremblements, Philippiens 2:12-13, en renonçant totalement à nous-mêmes et à ce que nous sommes par nature, pour suivre le Christ, devenu notre vie, notre modèle, notre but.

"En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera," Jean 12:24-26.

Un rappel nécessaire

Dans le langage scripturaire, sanctifier veut dire mettre à part pour le service de Dieu.
Si la sainteté est le terme à atteindre, la sanctification est le chemin qui conduit à ce but glorieux.
Dieu veut former sur la terre, en le séparant du mal, un peuple de franche volonté qui l’honore et le serve, en attendant des cieux Son Fils, qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient, 1Thessaloniciens 1:10.
Le Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, 1Timothée 2:3-4, nous appelle dès maintenant à participer à sa sainteté qui est plus que Son caractère  mais Sa nature propre, Hébreux 12:10.
Selon les Écritures, la sanctification n’est pas seulement une condition du salut, mais elle en fait partie intégrante. Elle y entre comme un élément nécessaire. De même que "sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon," Hébreux 9:22 "sans la sanctification nul ne verra le Seigneur," Hébreux 12:14.

Dispenser droitement la parole de la vérité

Quand nous prêchons l’Évangile, il s’agit donc pour nous d’apporter aux âmes tout le conseil de Dieu, Actes 20:27, afin de ne pas laisser les hommes vivre dans la plus tragique des illusions. Celui qui dispense droitement la Parole de la vérité, 2Timothée 2:15, ne pourra jamais assez souligner le prix de la grâce de Dieu, 1Corinthiens 6:20. Si le péché a régné par la mort, la grâce règne par la justice pour la vie éternelle, Romains 5:21. Aussi, la foi qui sauve ne consiste pas simplement à croire au sacrifice rédempteur du Christ. Toute foi réelle dépose en nos cœurs le germe d’une vie nouvelle et nous entraîne dès notre conversion, dans la voie du salut. Sur ce chemin, nous apprenons que notre personne et notre vie, notre être tout entier, l’esprit, l’âme et le corps, appartiennent au Seigneur qui veut les consacrer par Son Esprit au service de Dieu,1Thessaloniciens 5:23.

Quand la conversion est l’œuvre du Saint-Esprit—et non le produit d’un conditionnement religieux artificiel, tendant à arracher une décision à un cœur charnel, trompeur et désespérément malin,—la foi qui saisit la grâce de Dieu opère un renouvellement intérieur total, Romains 6:19. C’est la vie entière qui se trouve transformée,2Corinthiens 5:17. Désormais nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes, 1Corinthiens 6:19, mais nous sommes devenus esclaves de Dieu, Romains 6:22. Nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour les bonnes oeuvres que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions, Ephésiens 2:10.

Des vérités inséparables

Comme nous l’avons déjà souligné, la sanctification est inséparable de la justification par la foi sans laquelle elle n’est pas possible. Cependant il serait faux de les confondre. Les Écritures distinguent mais aussi associent toujours ces deux éléments de notre salut concentrés l’un et l’autre en Jésus-Christ. L’apôtre Paul écrit aux Corinthiens: "C’est par Lui que vous êtes en Jésus-Christ, lequel, de par Dieu, a été fait pour nous sagesse, justice et sanctification et rédemption," 1Corinthiens 1:30.

La justification est dès le premier instant complète pour quiconque désespérant de soi-même a répondu à cet appel du Sauveur: "Venez à moi!," Matthieu 11:28-30. L’homme pécheur trouve alors en Jésus, le pardon et la paix. Il boit gratuitement à la source de l’eau de la vie, Apocalypse 22:17.
La sanctification au contraire n’est jamais achevée. Elle est l’assimilation progressive par l’âme de la vie du Christ, et la réponse du croyant à cet autre appel de Jésus: "Demeurez en moi,  je demeurerai en vous," Jean 15:4.
Une sanctification qui n’aurait pas pour base la justification par la foi n’a aucune valeur devant Dieu. De même, une justification qui ne serait pas suivie de sanctification n’existe pas.

Le fruit naturel de la foi

Le si grand salut que nous présente la Parole n’est autre que la possession de Dieu dans la béatitude éternelle.
À la conversion, Dieu nous fait prendre conscience de Son immense amour pour nous. Nous comprenons non seulement qu’Il nous aime, Apocalypse 1:5, mais qu’Il nous a toujours aimés, Jérémie 31:3, et que rien ne pourra jamais nous séparer de Son amour, Romains 8:38-39. Cependant, Il ne nous rend pas instantanément conformes à l’image de Son Fils et ne nous introduit pas immédiatement dans la gloire. C’est pourquoi l’Écriture déclare que "nous sommes sauvés en espérance," Romains 8:24. Dieu nous promet le salut rendu possible par l’œuvre parfaite du Christ. La foi s’empare de cette promesse et le Saint-Esprit dépose dans notre cœur le germe d’une vie nouvelle. Ce germe se développe et sa croissance est la sanctification ou si l’on veut, le détail de la régénération.

La sanctification n’est donc pas un effort de la vieille nature qui chercherait un redressement ou une nouvelle orientation. Elle est le fruit naturel de la foi en Jésus-Christ, une vie par l’Esprit qui nous conduit également à marcher aussi par l’Esprit, Galates 5:25.

Cette marche par la foi consiste à ne plus suivre nos propres voies et les regards de nos yeux, à ne plus obéir aux penchants de nos cœurs, Ecclésiaste 12:1. Dès le jour où nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, dès l’instant où nous y avons cru, 1Jean 4:16, l’Esprit-Saint est venu habiter en nous, Romains 8:9. Lui seul peut réduire la chair au silence, la maintenant dans la mort avec ses passions et ses désirs, Galates 5:24. Remplissant notre âme de la connaissance de la volonté de Dieu, en toute sagesse et intelligence spirituelle, le Saint-Esprit nous fait marcher d’une manière digne du Seigneur, afin de lui être entièrement agréables, portant des fruits en toutes sortes de bonnes oeuvres et croissant par la connaissance de Dieu. Fortifiés ainsi à tous égards par Sa puissance glorieuse; Il peut nous rendre toujours et avec joie, persévérants et patients, Colossiens 1:9-11.

Comme Christ

Le type de la sanctification, c’est le Christ. Serviteur de Dieu par excellence, Il se sanctifie Lui-même pour les Siens, Jean 17:19. Il se consacre toujours à Dieu et à Son œuvre de salut. Jésus est le chemin. Il est la vérité, Jésus-Christ est la vie! Jean 14:6. Les disciples ont marché sur Ses Traces, et en vertu de notre foi, nous sommes engagés dans les voies de la sanctification, 1Corinthiens 1:2.

Hélas, au cours de l’Histoire, beaucoup d’églises méconnaissant la spiritualité du Christianisme ont ramené la sanctification à un judaïsme dépassé. L’œuvre de l’Esprit en nous ne nous conduit pas à un ascétisme extérieur: Célibat, abstinences, mortifications... Beaucoup d’âmes ignorant le simple enseignement de l’Évangile ont donné par leurs pratiques et leur manière de vivre, une image caricaturale et repoussante de la sanctification. La vie chrétienne authentique ne se passe pas dans la privation des êtres et des choses, mais dans le don total de soi au Seigneur et à ce prochain pour lequel Jésus-Christ est mort. Il n’est pas question donc pour nous d’obéir à des règles, et des ordonnances humaines—ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas! Colossiens 2:20-21. Tout ce qui est vraiment naturel est bon, étant un don de Dieu et pouvant être sanctifié par la prière et rapporté à la gloire de Dieu, 1Timothée 4:1-5. Le devoir du chrétien n’est donc pas de s’abstenir, mais de subordonner le visible à l’invisible. C’est ainsi que le Christ a uni dans Sa vie la discipline spirituelle et la liberté pratique.

En nous affranchissant, le Christ nous a placés dans la liberté, Galates 5:1. Seulement nous n’avons pas à user de notre liberté comme d’une occasion pour satisfaire la chair. Au contraire, par amour, nous allons nous servir l’un l’autre puisque toute la loi est accomplie dans cette seule parole: "Tu aimeras ton prochain comme toi-même," Galates 5:13-14.

La nécessité de la sanctification

Étant nés de Dieu, nous avons reçu l’Esprit de Son Fils dans nos cœurs. N’étant plus sous la loi, mais sous la grâce, nous nous considérons par la foi comme morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus-Christ. Cependant le combat contre le péché et par conséquent le travail de la sanctification se renouvelle sans cesse, parce que les ennemis de notre salut, s’ils sont vaincus, ne sont pas encore anéantis.

Il nous faut compter avec Satan, le tentateur, appelé aussi: Notre adversaire, le diable. Il rôde autour de nous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer,1Pierre 5:8. Il se transforme aussi en ange de lumière attendant l’occasion favorable pour séduire les élus et les faire tomber dans ses terribles filets, 2Corinthiens 11:14. Jusqu’au bout du chemin, nous sommes appelés à être sobres, à veiller et à prier afin de résister et de vaincre le Prince de ce monde.

Le monde dans lequel nous évoluons et où Dieu nous laisse pour y rendre témoignage fera tout, lui aussi, pour nous séduire par ses attraits trompeurs. Sachant que tout ce qui s’y trouve, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie est étranger à la vie de Dieu, 1Jean 2:15-17, nous repousserons les avances de ce présent siècle, nous souvenant que Jésus, l’amour du Père, n’a pas de place dans le cœur de ceux qui aiment le monde, Jacques 4:4.

Le péché ne pouvant plus dominer sur nous cherchera cependant à trouver dans notre chair un terrain propice pour y manifester ses oeuvres. Avec les soucis quotidiens, nous savons que le péché nous enveloppe aisément, Hébreux 12:1. La seule manière biblique de le rejeter est de nous tenir pour morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus-Christ, Romains 6:11.

Nous devons savoir enfin, que notre mort avec Christ et notre nouvelle naissance, n’ont pas mis fin à la chair, mais à son règne, à ses grossières manifestations, à ce vieil homme, à cette ancienne manière de vivre qui manifestait notre être irrégénéré, 1Pierre 1:18. En effet, notre vieil homme, manifestation du péché et de la chair, a été crucifié, Ro 6:6. Nous avons donc à nous en dépouiller totalement, Colossiens 3:9, ayant revêtu le nouvel homme, Ephésiens 4:20-24, créé selon Dieu pour être nourri par la Parole et dirigé par le Saint-Esprit. Le nouvel homme n’est pas débiteur à la chair pour vivre selon la chair, Romains 8:12. Les droits qu’elle réclame, elle les a perdus. C’est pourquoi l’Écriture nous exhorte à ne pas prendre soin de la chair pour en satisfaire les convoitises, Romains 13:14.

C’est ainsi que tout ce qui précède nous fait comprendre pourquoi la vie chrétienne qui suit la conversion nous est toujours présentée dans les Évangiles et les Épîtres comme une course, une lutte, un effort, un acte continu de vigilance pour rester dans une dépendance complète du Seigneur et dans un abandon total à Sa volonté, Colossiens 4:12.


 CHAPITRE VI  LE SECRET DE LA SANCTIFICATION: UNE OPÉRATION DE L’ESPRIT DE DIEU

Être en Christ

Par amour, le Christ s’est sanctifié lui-même pour les Siens, Jean 17:19. Il est donc le chemin dans lequel tout disciple doit marcher en traversant ce monde. Il n’existe pas de vie chrétienne véritable en dehors de cette route nouvelle et vivante. A travers Sa propre chair, Jésus a inauguré pour tous Ses rachetés la seule voie qui mène au Père, Hébreux 10:19-20, Jean 14:16.
Si par la foi, nous demeurons en Christ, Lui demeure en nous, et nous n’avons rien d’autre à montrer au monde que le Christ.
Jésus étant notre sanctification, ceux qui sont en Lui se trouvent protégés par Lui de tout mal. Quiconque demeure en Christ n’a plus à se demander de quoi il doit se séparer ou de quoi il doit s’abstenir. Le Christ est entre lui et tout ce qui l’environne.
Tout ce qui pourrait détruire le caractère de Christ devant les hommes doit être considéré comme une chute, bien que ce ne soit peut-être pas un péché grossier. Trop souvent, ce sont ces choses auxquelles nous ne faisons pas attention qui contristent le Saint-Esprit et retardent nos progrès spirituels dans le chemin de la sanctification.

Dans cette marche en Christ qui doit caractériser tout racheté du Seigneur, l’âme apprend à connaître la vérité qui est en Jésus, Ephésiens 3:21. Cette vérité, c’est la pensée de Dieu à l’égard de toutes choses. Celui qui a reçu la Parole divine et qui croit au Fils de Dieu, obtient du Seigneur la force nécessaire pour poursuivre la course, Ephésiens 6:10. Par cette puissance nouvelle, il peut combattre le bon combat et achever sa carrière terrestre en gardant la foi, 2Timothée 4:7.

À tout âge, selon le dessein de Dieu, l’homme régénéré est prêt à quitter cette vie dans des circonstances douces ou violentes. Jusqu’au bout, le sentiment de la grâce de Dieu et l’assurance de la rémunération remplissent son cœur. Son passage de ce monde au Père sera l’acte final par lequel l’enfant de Dieu scellera son témoignage auprès des incrédules et des croyants.

Cette vie de dépendance totale du Seigneur ne peut se concevoir que si Dieu est devenu l’objet de nos affections les plus chères. La force pour suivre les traces du Christ a sa source dans l’amour de Dieu, révélé par le don ineffable de Son Fils. Cet amour de l’homme pour Dieu est le fruit de l’Esprit-Saint qui nous conduit dans une connaissance de plus en plus intime de Dieu et de Ses pensées de grâce pour nous. Étant devenus par la foi enfants de Dieu, nous adorons le Père en esprit et en vérité, en rapportant tout à Dieu dans la vie pratique. Que Dieu nous éprouve ou nous châtie, qu’Il nous délivre ou nous réjouisse, tout est reçu de Sa main, dans l’assurance que les motivations du Père viennent toujours de Son infinie bonté à l’égard de l’homme. Nous demeurons ainsi dans la certitude que donne la grâce en la présence de Dieu, qui est au-dessus de tout et partout et en nous tous, Ephésiens 4:6. Là est le secret d’une marche sainte et paisible dans une parfaite tranquillité d’esprit, Esaïe 26:3. L’amour du Père, la grâce du Fils et la communion du Saint-Esprit sont sans cesse en activité dans notre vie, 2Corinthiens 13:13.

Une doctrine essentielle

Toute la doctrine du salut dans le Nouveau Testament est fondée sur le principe de notre mort et de notre résurrection avec le Christ.
Non seulement Jésus est mort et ressuscité pour nous, mais nous sommes morts et ressuscités avec Lui et associés avec Lui et associés intimement à Lui dans Sa gloire.
La foi nous fait prendre au sérieux les Écritures. En accomplissant de mieux en mieux la volonté du Seigneur, nous apprenons expérimentalement que la doctrine de Jésus est divine et qu’Il n’a pas parlé de Lui-même, Jean 7:17.
Dans notre état naturel, étrangers à la vie de Dieu, nous étions considérés comme morts dans nos fautes et dans nos péchés, donc incapables de nous sauver nous-mêmes, Ephésiens 2:1, Romains 5:6.

En revêtant un corps de chair semblable à celle du péché, Jésus a rendu possible la condamnation du péché dans la chair. Par Sa mort sur la Croix, le Fils unique de Dieu a pleinement satisfait les justes exigences de la loi, Romains 8:3. Mais le Christ n’a pas seulement expié toutes nos fautes en les prenant sur Lui. Par l’offrande de Son corps faite une fois pour toutes, Jésus a voulu nous séparer du péché en nous entraînant avec Lui dans Sa mort et Sa résurrection, Hébreux 10:10-18. Ayant souffert pour nous dans la chair, Jésus en a fini avec le péché, nous donnant la possibilité de ne plus vivre selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu, pendant le temps qui nous reste à vivre dans la chair, 1Pierre 4:1-2. Nous avons donc à nous regarder comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ, Romains 6:11.

L’Esprit, l’eau et le sang

Dieu opère notre sanctification par Son Esprit qui a pour organe la Parole de Dieu et pour fondement le sang précieux de Christ.
L’Esprit de Dieu, distinct de notre esprit, agit dans l’homme tout entier. Il pénètre notre esprit, le régénère, l’illumine, le persuade et le dirige. Faisant Son habitation en nous, l’Esprit-Saint soumet graduellement les puissances de notre âme. Il éclaire notre intelligence aux rayons de la foi. Il submerge notre mémoire en la plongeant dans l’espérance vivante que nous apportent les promesses du Seigneur. Enfin, il captive notre volonté en versant l’amour de Dieu dans nos cœurs.
Le Saint-Esprit ne paralyse jamais les puissances de notre âme. Au contraire, Il les libère, les oriente et se sert de nos sens et de nos membres pour en faire des instruments de justice. Son action nous porte à nous affectionner aux choses de l’esprit. Ce point une fois obtenu, tout le reste en découle. Quand nous sommes amenés à aimer la volonté de Dieu, nous la pratiquons avec joie.

Le canal employé habituellement par le Saint-Esprit pour notre sanctification, c’est la Parole de Dieu. Semblable à l’eau qui purifie, la Parole de Dieu appliquée à nos cœurs et à nos consciences par la puissance du Saint-Esprit nous lave de toutes les souillures que nous pouvons contracter dans la marche. Là où la Parole de Dieu fait autorité, il n’y a pas d’occasion de chute, car la Parole de vérité nous sanctifie, nous corrige, nous enseigne et nous instruit pour nous rendre propre à toute bonne oeuvre, 2Timothée 3:16-17.

Mais le Seigneur Jésus n’est pas venu à nous seulement avec l’eau de la Parole, 1Jean 5:6-8. Il est venu avec Son propre sang qu’Il a versé pour nous. Gardons-nous donc de tenir pour profane ce sang de l’alliance par lequel nous avons été sanctifiés et n’outrageons pas l’Esprit de la grâce en foulant aux pieds le Fils de Dieu, Hébreux 10:29. Le sang de Christ nous entoure. Il borde le chemin de la sanctification et nous sépare du mal. Celui qui sait discerner le sang du Seigneur ne marche pas sur ce sang qui nous purifie de tout péché, 1Jean 1:7.

Les caractères d’une vie sanctifiée: Unité, progrès, liberté.

Un des premiers traits d’une vie sanctifiée, c’est son unité.
D’un bout à l’autre, la vie est homogène, étant dirigée dans tous les détails par un seul et même principe, celui que formulait Jésus à l’âge de douze ans "Être occupé des affaires de son Père," Luc 2:49. Ou comme le disait l’apôtre Paul "Offrir à Dieu ses membres, comme des instruments de justice," ou encore: "Faire tout au nom du Seigneur Jésus-Christ." La vie entière se passe "en Christ," en étroite communion avec Lui. Il n’y a pas une vie civile et une vie religieuse. C’est dans le Seigneur que nous travaillons, que nous aimons nos frères, que nous accueillons les âmes, que nous les saluons. C’est en Lui que nous parlons, que nous nous reposons, que nous nous marions et que nous mourons.
 Celui qui marche ainsi dans la sanctification, c’est-à-dire en Christ, apporte dans toute sa vie, dans l’usage des biens terrestres, dans les affections de la famille, dans les rapports professionnels, dans les joies et les douleurs, un esprit de renoncement, de fidélité et de charité, même dans les petites choses. Le but d’une telle vie est la seule gloire de Dieu.

Le second caractère d’une vie sanctifiée, c’est le progrès, 2Thessaloniciens 1:3-4.
La sanctification étant une direction nouvelle donnée à la vie, elle se développe, s’accentue, se confond toujours davantage avec la vie elle-même. Notre croissance spirituelle suit le modèle de croissance de l’homme naturel, bien que l’âge de la grâce ne corresponde pas toujours à l’âge de la nature. Nous sommes tout d’abord enfants, puis adolescents, et enfin hommes faits. Le chrétien ne cesse de courir, s’affranchissant des soucis et des entraves du péché, Philippiens 3:14. Il accroît son trésor de biens spirituels. Il laisse le Seigneur l’émonder afin qu’il porte plus de fruit et du fruit qui demeure. Ayant appris à se connaître, il a en horreur sa vie et méprise les honneurs. Il devient conscient d’être le temple où Dieu habite. Son ambition est d’atteindre une telle transparence que seul Jésus soit vu en lui.

Un troisième trait d’une vie sanctifiée, c’est la liberté, Jean 8:32-36, Galates 5:1,13.
La sanctification a pour point de départ un acte de liberté. La grâce de Dieu offerte au pécheur a été acceptée par l’homme coupable, Apocalypse 22:17. La haine de l’esclavage du péché et la consécration volontaire et filiale à Dieu par Jésus-Christ marquent désormais cette vie. L’âme est maintenant affranchie du joug de Satan, du monde, du péché et de la chair. Cette libération obtenue en Christ donne au croyant une grande ardeur pour servir le Dieu vivant. Il s’applique à pratiquer avec joie des oeuvres qui glorifient Dieu et sont utiles aux hommes, Tite 3:8. Dans sa faim et sa soif de justice, il se nourrit de la volonté de Dieu et acquiert une vitalité spirituelle merveilleuse.


CONCLUSION  SUR LE CHEMIN QUI MÈNE A LA SAINTETÉ...

Le chemin de la sanctification est la seule voie qui donne à une âme la possibilité de vivre dans une véritable indépendance vis-à-vis du monde et de ses principes, 1Corinthiens 2:15.

La loi de l’Esprit de vie qui est en Jésus-Christ trouve son expression visible en nous dans une obéissance sans contrainte, ni formalisme, à la volonté de Dieu, devenue le mobile de notre vie, Romains 8:15. Au sein d’un monde où tout passe et tout change, le croyant est transformé par un renouvellement intérieur quotidien qui produit en lui le fruit de l’Esprit. Été comme hiver, printemps comme automne, tel l’arbre de vie dans la cité de Dieu, le racheté du Seigneur rend son fruit tous les mois de l’année, Apocalypse 22:1-2.

Ce fruit de l’Esprit nous est présenté comme un tout harmonieux où les grâces infiniment variées de Dieu sont maintenues dans un équilibre parfait. L’apôtre Paul le décrit ainsi: "Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi il n’y a pas de loi qui soit contraire à cela," Galates 5:22. Dans cet épanouissement spirituel, sanctification et bonheur tendent à se confondre, Psaume 73:25-28.

Une telle vie intérieure a pour résultats les bonnes oeuvres recommandées, tant dans l’Ancien Testament, Michée 6:8, que dans les Évangiles, Matthieu 7:21, les Épîtres, Jacques 2:26, et jusqu’aux dernières pages de l’Apocalypse, Apocalypse 21:7-8. Pour Jésus comme pour Paul ou Jacques, et Pierre ou Jean, les bonnes oeuvres prouvent au monde incrédule la réalité et la vitalité de notre foi. C’est par nos oeuvres que beaucoup d’ignorants et de contredisants seront amenés à croire. Les bonnes oeuvres des fidèles sont comme les feuilles de l’arbre de vie. Elles ne servent pas à couvrir notre nudité, ni à masquer nos péchés. Elles sont là pour apporter aux nations la guérison de leurs maux, Apocalypse 22:2. Les oeuvres faites en Dieu attirent l’attention des incrédules sur la source cachée où s’abreuve l’homme pieux, afin de pouvoir, même dans l’année de la sécheresse, être plein de sève et verdoyant, Psaume 1:3, Jérémie 17:8, Psaume 92:13-15.

Soulignons-le donc encore une fois: Loin de conduire les hommes au relâchement et à la licence, Romains 6:1, la justification par la foi nous amène à la sanctification manifestée par toutes sortes de bonnes oeuvres accomplies par amour et non pour acquérir des mérites, Jean 14:15. Ces oeuvres sont celles que Dieu a préparées d’avance pour que nous les pratiquions, Ephésiens 2:10. Elles signalent la présence de l’Esprit de Dieu dans un cœur, 1Jean 3:24. Lumière dans le Seigneur, le croyant ne se glorifie pas de ses oeuvres, mais agit devant les hommes afin qu’ils les voient et glorifient notre Père des cieux, Matthieu 5:16.

La sanctification procédant d’une communion permanente de vie avec Jésus, ne pourra être entretenue et alimentée qu’en demeurant en Christ, Jean 15:4, en revêtant le Christ, Romains 13:14 et en se nourrissant de Sa Parole et de Son Esprit, comme du vrai pain de vie, Jean 6:35,51,57.
Quand le Christ est devenu notre demeure, notre vêtement, notre aliment et notre breuvage, Dieu Lui-même prend plaisir à habiter en nous. Il aime orner Ses enfants de Ses propres parures. Il rassasie et désaltère toujours à nouveau l’âme qui a faim et soif de la présence de Son Fils bien-aimé.
La vigilance, la prière, la contemplation habituelle de Jésus-Christ et la méditation silencieuse de la Parole de Dieu sont alors les éléments indispensables à notre sanctification.

La vigilance

La vigilance est opposée au sommeil et à la légèreté, Marc 13:35-36. Discipline de l’âme contrôlée par le Saint- Esprit, la vigilance consiste à discerner les dangers qui menacent, au-dehors et au-dedans, notre vie tout entière. Pour les éviter ou les surmonter, nous disposons de toutes les armes de Dieu, Ephésiens 6:13-18, cet équipement complet du bon soldat de Jésus-Christ,  2Timothée   2:2-4.
La vigilance s’exerce également en nous rendant sévères envers nous-mêmes, pour nous juger sans délai de tout ce qui peut déplaire à Dieu et contrister le Saint-Esprit en nous. Elle nous conduit à nous abstenir de toute apparence et de toute forme de mal, 1Thessaloniciens 5:22, et nous éloigne de tout ce qui n’édifie pas, 1Corinthiens 10:23.

Le croyant qui a compris cela n’éprouve plus le besoin de se justifier lui-même ou d’excuser sans cesse son comportement. Humble mais ferme, il reste inébranlable dans les situations les plus difficiles, 1Pierre 5:10. En revanche, s’il s’est laissé surprendre par quelque faute, il s’humilie et confesse son péché à Celui qui peut le purifier incessamment, 1Jean 1:8,2:1-2,3:3.

La prière permanente

L’homme qui prie sans cesse, 1Thessaloniciens 5:17, se trouve dans un état d’âme où sa vie est entièrement ouverte à Dieu, son Refuge et sa force dans tous ses besoins, Psaume 46:2. La prière exprime à Dieu notre totale dépendance de Lui, Psaume 5:1-4. Les peines et les joies, les détresses et les délivrances, la maladie et la santé, le travail et le repos, les amis et les ennemis, l’abondance et la pauvreté, le rassasiement et la faim, les jeûnes et les repas, le sommeil et la veille, le chaud et le froid, la nudité et le vêtement, la vie et la mort, tout devient, pour le croyant, occasion de prière.

Mais prier, ce n’est pas donner des conseils ou des ordres à notre Dieu. C’est être simplement conscient que Dieu est là, qu’Il ne nous lâche pas, Hébreux 13:6. C’est, par l’Esprit, laisser le Christ prier en nous et nous maintenir à la hauteur de Son cœur en tout temps, à toute heure, en tout lieu. Nous connaissons alors l’exaucement "au Nom de Jésus," Jean 16:23.

Notons ici le rapport qui existe entre la prière et les actes. La prière a pour objet de nous obtenir la force d’accomplir des actes. C’est par un acte fondamental entre tous, l’union de notre volonté à celle de Dieu, que nous sommes faits semblables à Jésus et assurés que l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ nous sera largement accordée, 2Pierre 1:8-11.

La contemplation habituelle de Jésus-Christ

Ce qui importe le plus dans la course chrétienne, c’est d’avoir toujours devant les yeux la personne de Jésus-Christ, Hébreux 12:1-2. Nous avons en Lui, vrai homme et vrai Dieu, le parfait Modèle et la toute-puissance pour vivre de Sa vie. Quand notre regard est fixé sur Lui, Hébreux 2:9, notre oeil est en bon état, et telle une lampe, il éclaire notre corps tout entier, Matthieu 6:22-23. Notre cœur, notre intelligence, notre volonté, tout s’illumine au contact du Seigneur et nous sommes remplis de Sa lumière et du fruit de la lumière qui consiste en toute bonté, justice et vérité, éprouvant ce qui est agréable au Seigneur, Ephésiens 5:8-10.

Ce Jésus que nous contemplons par la foi, n’est pas un produit de notre imagination pieuse, ni le Jésus revu et corrigé par certains théologiens des temps modernes. C’est le Christ de la Révélation, le Fils de Dieu vivant que confessait l’apôtre Pierre, Matthieu 16:16. C’est Celui dont nous connaissons la grâce, 2Corinthiens 8:9, alors qu’Il allait de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l’empire du diable; car Dieu était avec Lui, Actes 10:38. Il dissipe en nous tout mal par son regard, Proverbes 20:8, et transforme à Son image, toujours plus glorieuse ceux qui, le visage découvert, réfléchissent comme dans un miroir la gloire du Seigneur, 2Corinthiens 3:18. Citoyens des cieux, c’est de là que nous attendons ardemment, comme Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, qui transfigurera notre corps de misère et le rendra conforme à son corps de gloire, par le pouvoir qu’il a de s’assujettir toute choses, Philippiens 3   :20-21.

Pour l’instant, nous voyons encore comme dans un miroir, obscurément, mais alors nous verrons face à face, 1Corinthiens 13:12. La course sera terminée, le travail de la sanctification achevé, et notre salut consommé, 1Pierre 1:6-9.

Toutefois, ne nous y trompons pas. Jusqu’à ce que Jésus revienne, notre sanctification n’est jamais achevée. Personne n’a atteint la perfection, ni dans la foi, ni dans la connaissance, ni dans la charité, 1Corinthiens 8:2, Ephésiens 4:13, Philippiens 3:12-14. La méditation personnelle de la parole de Dieu C’est pourquoi nous n’insisterons jamais assez sur l’importance qu’a la lecture de la Parole de Dieu dans notre sanctification quotidienne, Jean 17:17. Méditons sur tout ce que Dieu a jugé utile de nous révéler dans les Écritures, Psaume 119:147-148. Croyons que tous ces textes nous concernent et doivent servir à notre instruction, Romains 15:4, 1Corinthiens 10:11. Jésus affirmait aux Juifs que toutes les Écritures rendaient témoignage de Lui, Jean 5:39. Le jour de sa résurrection, Il expliquait aux disciples allant à Emmaüs toutes les choses qui le regardaient dans la loi de Moïse, les Psaumes et les Prophètes, Luc 24:27, 44. A Timothée, ce serviteur fidèle qui, dès son enfance, connaissait les Saintes Lettres, 2Timothée 3:14-17, l’apôtre Paul demandait expressément de s’attacher à la lecture, à l’exhortation et à l’enseignement, 1Timothée 4:13. Grâce à cette connaissance toujours nouvelle des Écritures, nous serons gardés de tomber dans la présomption. Nous aurons toujours en mémoire l’enseignement de Jésus invitant Ses disciples à demander le pardon de leurs offenses, Matthieu 6:12. L’Apôtre Jean, tout en affirmant que celui qui est né de Dieu ne pèche pas, 1Jean 5:18, souligne pourtant que le croyant pèche encore et à besoin d’un Avocat auprès du Père, 1Jean 1:8. Jacques, de son côté déclare clairement que nous manquons tous d’une manière ou d’une autre, Jacques 3:2.

Et si Dieu a trouvé bon de nous faire connaître les manquements de ses serviteurs: Le mensonge d’Abraham, la gourmandise d’Isaac, les tromperies de Jacob, l’incrédulité de Moïse et d’Aaron, le crime de David, les passions de Salomon, ou le manque de discernement spirituel, le reniement et la dissimulation de Pierre; c’est pour nous montrer que les plus grandes grâces reçues et les plus belles expériences spirituelles ne sauraient nous mettre à l’abri de la chute et des tentations, 1Corinthiens 10:12. La chair ne s’améliore pas et, jusqu’au bout, nous devrons porter sur nous-mêmes le jugement du Dieu trois fois saint. Une tâche urgente

Avant de conclure, et à l’heure où la Bible entre d’une façon nouvelle dans une multitude de foyers, il n’est peut-être pas inutile de rappeler ce que Paul Claudel écrivait dans les dernières années de sa vie, au sujet de l’Ancien Testament:

"Il faut rendre l’Ancien Testament au peuple chrétien. Il n’y a pas d’œuvre plus nécessaire et plus urgente. Il faut rendre au peuple chrétien cette moitié de son héritage dont on essaie de le dépouiller, cette Terre promise toujours ruisselante du même lait et du même miel dont on essaie de l’expulser, et qui lui appartient. Il faut rendre au peuple chrétien pour son usage ce grand édifice, débarrassé de tout cet appareil pseudo-scientifique de conjecture arbitraire et d’hypothèses frivoles qui ne sert qu’à décourager, à déconcerter, à rebuter les fidèles; à les assourdir tellement qu’ils n’entendent plus au milieu du ridicule caquet des scribes incapables d’aboutir à quoi que ce soit d’articulé et de positif, le grand cri des prophètes : Sitientes, venite
ad aqua! (Vous tous qui avez soif, venez aux eaux!) Il faut leur montrer dans cette  oeuvre magnifique de l’Esprit-Saint, de la Sagesse de Dieu, non pas un amas confus de matériaux hétéroclites à demi-dévorés par le temps, mais un monument superbe sur lequel les siècles n’ont eu aucune prise et qui s’offre encore à nous, intact et vierge, dans sa composition sublime et profonde, dans sa signification originelle, dans l’invitation qu’il adresse, aussi puissante aujourd’hui qu’autrefois, à notre cœur, à notre intelligence, à notre imagination, à notre sensibilité, à tous nos besoins d’amour et de beauté..."

"... Quel bonheur d’avoir recouvré notre bien! Quel bonheur d’admirer à cœur libre, à cœur ouvert, notre Dieu, notre Créateur, qui n’est pas moins, qui est infiniment davantage, dans cette Parole vivifiante à nous distinctement adressée, qu’il ne l’est dans la radieuse confusion de la nature! Nourrissons-nous de cette histoire qui a un sens, de cette suite d’événements conduits par Dieu pour notre enseignement et pour la révélation de Ses infinies, de Ses ingénieuses miséricordes. Dieu n’est plus cette froide entité des philosophes. Il est quelqu’un. Moïse, David, nous le montrent tel qu’Il est, tel qu’Il vit sa vie, tel que nous avons bien le droit de le voir puisqu’on nous dit que nous sommes faits à Son image: Les savants nous expliqueront ça comme ils voudront."

"Mais quelle joie, quelle émotion de voir vivre là- haut notre Père, débordant de paternité à notre égard, tendresse, compassion, tous les sentiments qu’il faut, la colère même! Oui, nous aimons cette colère, cette sainte colère, nous aimons qu’on nous prenne au sérieux dans nos transgressions comme dans nos essais de bien faire. Et tous ces imbéciles qui nous parlent d’un Dieu féroce! Un Dieu jaloux, oui, tant que vous voudrez! C’est comme ça que nous l’aimons."

"Jetons-nous sans crainte, la tête la première, dans cet océan d’amour et de beauté, l’Ancien Testament, où tant de saints, tant de génies, on trouvé un aliment inépuisable. Refaisons connaissance, dans leur réalité vivante et typique, avec ces personnages vraiment surhumains, je veux dire chez qui une humanité intégrale est tout entière transfigurée par la signification authentique, Abraham, Jacob, Joseph, Moïse, Job, Samuel, David. Ce ne sont point des héros de roman et de théâtre. Nous pouvons les prendre dans nos bras. Ce sont nos frères et nos sœurs, mais des frères, des sœurs tout pleins de Dieu, tout débordants de la volonté du Très-Haut. Lisons l’Écriture Sainte, mais lisons-la comme la lisaient les Père qui nous ont montré que c’était la meilleure manière d’en profiter, lisons-la à genoux! Lisons-la non pas avec des intentions de critique, avec cette sotte curiosité qui ne va qu’à la vanité, mais avec la passion d’un cœur affamé! On nous a dit que la vie est là, que la lumière est là, pourquoi n’essaierions-nous pas un petit peu par nous- mêmes de savoir le goût que ça peut avoir?...," Paul Claudel: J’aime la Bible, Paris, Arthème Fayard, 1955, Pages 41-43.

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DEVANT LE CHOIX

Au terme de cette lecture, irons-nous jusqu’au bout?

Finissons-en de nous décourager de notre médiocrité et de nous exalter de nos petites réussites, mais posons-nous la question: Sera-ce Lui ou Moi?
L’heure est grave. Que ferons-nous de ce message? Il est temps de choisir. Dieu parle une fois, deux fois—et l’on n’y prend pas garde... Job 33:14.
Pourtant, aujourd’hui, une voix retentit encore; que celui qui est injuste soit encore injuste; que celui qui est souillé se souille encore; que celui qui est juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint se sanctifie encore! "Voici, je viens bientôt, et j’apporterai avec moi la rétribution: Je rendrai à chacun selon son oeuvre,"Apocalypse 22:11-12.

"Vous aussi, tenez-vous prêts; car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas," Luc 12:40.