mercredi 10 octobre 2018

(11) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer

Transcrit, traduit et mis en ligne par : http:www.eglisedemaison.com


Veillons à nos paroles

                   Je trouve que la plupart des chrétiens ne s'entraident pas énormément dans le domaine de la conversation, et souvent ils se font beaucoup de mal. Il y en a peu qui peuvent parler longtemps sans tomber dans des discours qui manquent non seulement d'édifier l'autre, mais qui s'avèrent en plus être véritablement nocifs. 
                     C'est là un défaut dans notre vie que nous devons analyser sérieusement. Il arrive souvent que tout le bénéfice d'un sermon soit perdu par les discours légers et frivoles qui suivent la réunion dominicale. C'est une triste erreur, car le ministère de toute église doit être ni plus ni moins l'expression publique de la pure spiritualité qui constitue le quotidien de ses membres. 
                     Le pasteur lui-même devrait simplement porter le dimanche matin le même esprit qui l'a caractérisé durant la semaine entière. Il ne devrait pas être obligé de prendre une autre voix ou un ton différent. Ses paroles doivent forcément être différentes, mais son attitude et sa disposition doivent être identiques à sa vie quotidienne. 
                    Les paroles vaines ou nocives bloquent le réveil spirituel et peinent le Saint Esprit. Cela détruit l'effet cumulé des impressions spirituelles, et cela nécessite de retrouver tous les dimanches la disposition de dévotion qui a été perdue pendant la semaine. Ainsi, nous sommes constamment obligés de refaire le travail de la semaine passée et de regagner le terrain perdu à cause des conversations inutile. 
                    Ce n'est pas la peine de s'efforcer d'entretenir une causerie religieuse à chaque fois que nous rencontrons nos amis. Il n'y a pas de meilleure preuve de notre légèreté d'esprit, que d'observer la façon négligée et désinvolte que nous avons de parler de religion. Je ne demande pas davantage de jacasserie religieuse -- la jacasserie religieuse peut s'avérer tout aussi fade et ennuyeuse que toute autre jacasserie, et, ce qui est bien pire, elle peut devenir hypocrite et creuse. L'idéal est une conversation chaste, naturelle, et remplie d'amour, que nous discutions de choses terrestres ou célestes.


Nous devons rétablir des dirigeants spirituels

                   Quelqu'un a écrit au pieux Macarius d'Optino que ses conseils spirituels lui avaient rendu service. « C'est impossible, » répondit Macarius. « Seules les erreurs sont à moi. Tout bon conseil, c'est le conseil de l'Esprit de Dieu. Il se trouve que j'ai correctement entendu ce conseil, et que je l'ai transmis sans le corrompre. »

                    Il y a là une excellente leçon que nous ne devons pas négliger. C'est la douce humilité de l'homme de Dieu. « Seules les erreurs sont à moi. » Il était fermement convaincu que ses propres efforts ne pouvaient donner lieu qu'à des erreurs, et que tout bon fruit de ses conseils ne pouvait être que l’œuvre de l'Esprit Saint qui opérait en lui. Apparemment, c'était là plus qu'une impulsion ponctuelle de dépréciation de soi -- laquelle le plus orgueilleux des hommes est à même de ressentir à l'occasion -- mais plutôt une conviction profondément ancrée en lui, une conviction qui donne une direction à sa vie toute entière. Son long et humble ministère, qui apporta de l'aide spirituelle à des multitudes, le montre assez clairement.

                    En ce jour où des « personnalités » éclatantes conduisent l’œuvre du Seigneur selon les méthodes de l'industrie du spectacle, il est rafraîchissant de s'associer ne serait-ce que pour un instant, dans les pages d'un livre, avec un homme sincère et humble qui écarte de vue sa propre personnalité et place l'emphase sur l’œuvre intérieure de Dieu. Il est notre conviction que le mouvement évangélique continuera à partir de plus en plus à la dérive, jusqu'au jour où sa direction, au lieu d'être entre les mains de la célébrité religieuse moderne, sera transmise à l'humble saint, qui ne demande pas qu'on l'acclame et ne recherche pas de position, qui n'est satisfait que quand la gloire et attribuée à Dieu, et lui-même est oublié.

                     Tant que nos églises ne seront pas dirigées par de tels hommes, nous pouvons nous attendre à une détérioration progressive de la qualité du Christianisme populaire, jusqu'à ce que nous arrivions au point où l'Esprit Saint, blessé, nous quitte comme le Shechinah avait quitté le temple, et nous soyons délaissés comme Jérusalem après la crucifixion -- désertés de Dieu, et seuls. Malgré tous les efforts pour torturer la doctrine dans le but de prouver que l'Esprit ne quitte pas les hommes religieux, l'histoire montre clairement que parfois, cela arrive. Il a déjà dans le passé délaissé bon nombre de groupes qui s'étaient égarés trop loin pour que le rétablissement soit possible.

                     La question est ouverte, si le mouvement évangélique a péché trop longtemps et s'est trop éloignée de Dieu pour pouvoir revenir à la santé spirituelle. Personnellement, je ne crois pas qu'il soit trop tard pour se repentir, si les soi-disant chrétiens de notre temps répudiaient les conducteurs iniques et cherchaient Dieu à nouveau dans la vrai pénitence et dans les larmes. Le grand problème, c'est le si -- le feront-ils? Ou sont-ils trop satisfaits des gamineries et de l'écume religieuses pour pouvoir reconnaître leur triste éloignement de la foi du Nouveau Testament ? Si tel est le cas, il ne reste que le jugement.

                     Une stratégie que le diable maîtrise c'est de mener les chrétiens sur de fausses pistes. Il sait très bien divertir l'attention du chrétien qui prie pour qu'il néglige ses attaques subtiles mais mortelles, en se concentrant à la place sur des choses plus évidentes et moins dangereuses. Ensuite, pendant que les soldats du Seigneur s'assemblent avec empressement à l'une des portes, il entre discrètement par une autre porte. Et quand les « saints » ne s’intéressent plus au sujet de divertissement, ils reviennent et trouvent le pieux ennemi nouvellement baptisé et à la direction des opérations. Ils sont tellement loin de le reconnaître qu'ils adoptent vite ses façons de faire, et ils appellent cela le progrès.

                     Dans le dernier quart de siècle, nous avons vu dans les croyances et les pratiques du segment évangélique de l'église un bouleversement majeur au point de constituer un abandon total de ses principes -- le tout sous le manteau de l'orthodoxie la plus fervente. Avec une Bible sous le bras et une pile de tracts dans la poche, les gens religieux se rassemblent maintenant pour conduire des « cultes» tellement charnels, tellement païens, qu'ils sont difficilement distinguables des anciens spectacles vaudeville des jours passés. Et si un prédicateur ou un éditeur remet en cause cette hérésie, il invite sur lui-même le ridicule et l'abus de tous coins.

                    Notre seul espoir, c'est qu'un renouveau de pression spirituelle sera engendré de plus en plus par des hommes humbles et courageux qui ne désirent rien d'autre que la gloire de Dieu et la pureté de l'église. Que Dieu nous en envoie un grand nombre. Ils se font longuement attendre.

à suivre...

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