samedi 6 octobre 2018

(8) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer

Transcrit, traduit et mis en ligne par : http:www.eglisedemaison.com


Méditation parmi des feuilles d'automne

                   Ici dans le nord les champs virent au marron et les érables avec leur rouge éclatant parsèment le paysage. L'air parfumé de l'encens de feuilles brûlées a une douceur subtile tandis que l'homme et la nature s'unissent pour célébrer le passage de l'été et l'arrivée des « jours mélancoliques. » Le ciel est d'un bleu décidé et le soleil brille courageusement, même si son éclat est terni par la fumée de mille feux alimentés par les guirlandes fanées qui hier couronnaient les fiers sommets des arbres. 

                    Oui, il faut se rendre à l'évidence -- l'été indien est parmi nous à nouveau et un de ces jours il y aura la gelée, voire même quelques flocons expérimentaux, prémices trompeurs des profondes congères qui nous attendent. 

                   Il fait encore chaud et les signes de l'été ne sont pas tous disparus, et pourtant il manque quelque chose -- le chant des oiseaux qu'on entendait encore il n'y a pas si longtemps dans les villages et à la campagne et parfois même jusque dans le cœur des villes. Les forêts sont étrangement silencieuses maintenant, alors qu'il y a seulement quelques semaines le chant mélodieux de mille oiseaux annonçait le lever et le coucher du soleil.

                   Où sont-ils ces chantres rustiques de l'arbre et de la haie, ces Asaph du champ et du buisson ? C'est dommage, mais ils sont partis quand nous en avions le plus besoin. Ils ont pris la fuite vers le midi pour s'échapper à l'haleine glaciale de l'hiver. Ils ont fait leur nid dans nos arbres, et se sont nourris dans nos champs de blé pendant que l'été était avec nous, mais tout cela ils l'ont oublié et ils ont pris la route sans même nous saluer du bout de l'aile. Et nous sommes un peu déçus car nous les aimions bien et malgré les expériences passées nous leur faisions confiance. Un être avec tant de mélodie dans la gorge ne pourrait être infidèle, pensions-nous, mais une fois de plus nous avions tort -- ils ont trahi notre confiance. Ils sont déjà loin et pendant que nous frissonnons sous nos cols retournés ils planeront au dessus de prairies vivantes de chaleur et de fleurs et d'insectes multicolores.Eh bien, nous pouvons leur pardonner car apparemment la nature leur a fait habiter le soleil ; la gelée tue leur enthousiasme et détruit leur chant. Ce sont des amis estivaux et il nous faut les accepter pour ce qu'ils sont. Mais si nous sommes assez sages pour le voir, la migration des oiseaux peut contenir une morale pour nous, et la considération des oiseaux pourrait bien rendre mal à l'aise quelques uns parmi nous. Car il y a des chrétiens qui semblent faits uniquement pour le soleil. Il leur faut une température favorable avant qu'ils ne puissent agir comme des chrétiens -- ils n'ont jamais appris à porter en eux leur propre climat. Ceux qui réussissent à générer un enthousiasme incroyable pendant que les choses vont bien disparaissent dès le premier signe d'ennuis. Ils ne peuvent pas servir Dieu dans la neige -- ce sont des oiseaux strictement estivaux. Ils nous désertent dès que l'hiver approche.

                     Il n'y a aucun doute que la croix de Christ était plus lourde à porter à cause du comportement des disciples -- « Puis tous l'ont abandonné et se sont enfui. » Paul connaissait ce sentiment terrible lorsqu'il a écrit « Dans ma première défense, personne ne m'a assisté, mais tous m'ont abandonné. Que cela ne leur soit point imputé ! » Tout véritable chrétien, aura assez vite dans sa vie spirituelle l'occasion de comprendre au travers de l'amère expérience ces paroles de l'apôtre. Trop de personnes religieuses sont des amis estivaux.

                      Alors, que faut-il faire de ces amis inconstants ? Prier pour eux et les laisser entre les mains du Sauveur qui est mort pour eux. Il les connaît mieux que nous et c'est à Lui qu'ils devront rendre compte finalement. Nous ne permettront pas que cela nous décourage. Seulement nous remarquons que cela existe et nous enfilons nos bottes pour nous préparer à servir Dieu dans le mauvais temps. Lorsque le printemps reviendra nous serons contents, mais nous refusons de fuir les tempêtes de l'hiver. Nous devons nous occuper des affaires de notre Père. Il s'occupera du temps.

Nous ne devons pas nous défendre, mais attaquer
  
                      Nous avons trop de conviction religieuses qui sont négatives. Nous n'agissons pas à cause d'une conviction positive que quelque chose est bien, mais parce que nous avons le sentiment que le contraire serait mal. Nous développons une allergie envers certaines croyances et certaines pratiques, et nous réagissons violemment contre elles. Ainsi, nos réactions deviennent des actions -- nous sommes poussés à tenir les positions que nous tenons par l'ennemi, plutôt que d'y être amenés par la vérité.

                    Cette attitude découle de la fausse supposition que si quelqu'un a tort sur un certain point, il a tort sur tous les points -- si un libéral ou un adhérent d'une secte a une certaine croyance, nous nous en détournons, non pas parce que nous savons pourquoi cette position est fausse, mais parce que nous savons qui la tient. Ainsi, nous sommes toujours sur la défensive. Nous prenons nos positions à reculons comme des chevaux obstinés, plutôt que de les prendre face-à-face comme des moutons obéissants. Pour être dans la bonne voie, raisonnons-nous, il faut observer l'ennemi, découvrir ce qu'il choisit, et choisir le contraire.

                  Il ne serait pas difficile de prouver que bon nombre des croyances que nous défendons avec tant de vigueur ne sont autre chose que des réactions. Par exemple, la doctrine de la justification par les œuvres (qui constitue une grave erreur), a conduit certains enseignants à embrasser l'erreur tout aussi nocive du salut sans œuvres. Pour beaucoup de personnes, l'idée d'avoir des "œuvres" est répugnante de par son association avec le judaïsme de l'époque du Nouveau Testament. La conclusion de cette affaire, c'est que nous avons le salut sans justice, et que nous avons la bonne doctrine sans les bonnes œuvres. On distort la grâce et on la sort de son contexte moral de sorte à en faire la cause d'une baisse des standards moraux dans l'église.

                    De même, la peur du "légalisme", a conduit une partie du peuple de Dieu à tenir des positions tellement grotesques qu'elles en sont ridicules. Il y a quelques années, dans un journal de l'église, nous avons trouvé un exemple de cette doctrine négative. Afin de distinguer clairement entre la grâce et loi, l'auteur affirmait que si un meurtrier venait à lui, et lui demandait comment être sauvé, il ne dirait pas, "Détourne-toi de ta vie passée, arrête de commettre des meurtres, et crois en Jésus Christ." Selon l'auteur, ce serait là mélanger la loi et la grâce. Tout ce qu'il pourrait dire, pour être conforme aux Écritures, ce serait, "Crois au Seigneur Jésus Christ et tu seras sauvé."Un tel enseignement contraire à la sainteté ne pourrait pas venir directement des Écritures -- ce ne peut être que le résultat de la retraite craintive de l'auteur face à l'erreur du salut par les œuvres. 

                  Nous avons remarqué la même chose dans nous attitudes standards envers la science, l'évolution et diverses philosophies contemporaines que nous croyons être contraires ou hostiles à la foi chrétienne. Notre réaction envers ces ennemis, c'est le combat aveugle. Nous utilisons beaucoup de munitions, mais nous le gaspillons sur une action défensive, qui pourra tout au plus ralentir ce qui est manifestement une retraite.

                     Il est notre ferme assurance que le christianisme peut voler de ses propres ailes. Christ n'a pas besoin de notre défense nerveuse. L'église ne doit pas se laisser manipuler pour combattre la guerre de son ennemi, et pour laisser la monde incrédule décider ce qu'elle doit croire et où et quand elle doit agir. Tant que l'église agit ainsi, elle manque aux privilèges qu'elle a en Christ Jésus.

                    "Vous recevrez une puissance," a dit le Seigneur à Ses disciples, et le mot "puissance" signifie "la capacité de faire." L'intention de Dieu, c'est de nous donner largement la puissance qu'il faut pour déclarer la guerre à l'ennemi, plutôt que d'attendre passivement que l'ennemi nous déclare la guerre. Si quelqu'un doit prendre la défensive, ce ne devrait jamais être l'église. La vérité se suffit à elle-même -- sa psychologie tout entière est orientée vers l'attaque. Sa propre attaque vigoureuse lui suffit pour défense. 

                    La cause profonde de toute cette défense craintive de la part des évangéliques d'aujourd'hui, pourrait-ce être le manque de véritable expérience personnelle chez tant de dirigeants? Il est difficile de voir comment quelqu'un qui a vu le ciel ouvert et qui a entendu la voix de Dieu parler à son propre cœur pourrait être incertain du message qu'il doit proclamer. 

à suivre...

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