lundi 11 juillet 2016

(3) LES SERMONS DE WESLEY LA LOI ÉTABLIE PAR LA FOI, SECOND DISCOURS

Numérisation Yves PETRAKIAN Copie autorisée pour diffusion gratuite uniquement Obligation d'indiquer la source http://456-bible.123-bible.com 

Sermon 36 :  (1750)   LA LOI ÉTABLIE PAR LA FOI, SECOND DISCOURS


Romains 3,31

Anéantissons-nous donc la loi par la foi? Loin de là! Au contraire, nous confirmons la loi. 

                    Dans un premier discours, nous avons montré quelles sont les manières les plus ordinaires d'anéantir la loi par la foi ; savoir :

1° de ne point du tout prêcher la loi, ce qui en effet l'anéantit d'un seul coup ; et cela, sous prétexte de prêcher Christ et de glorifier l’Évangile, quoique ce soit, en réalité, détruire l'un et l'autre ; 

2° d'enseigner (directement ou indirectement,) que la foi supprime la nécessité de la sainteté ; que la sainteté est moins nécessaire, ou qu'un moindre degré de sainteté est nécessaire maintenant qu'avant la venue de Christ ; qu'elle nous est moins nécessaire, en tant que nous croyons, qu'elle ne l'eût été sans cela, ou que la liberté chrétienne nous affranchit d'un genre ou d'un degré quelconque de sainteté (triste abus de cette grande vérité, que nous sommes maintenant, non sous l'alliance des œuvres, mais sous celle de la grâce ; que l'homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi ; qu'à celui qui n'a point travaillé, mais qui croit, sa foi lui est imputée à justice) ;

3° enfin, d'anéantir la loi en pratique, sinon en principe ; de vivre ou d'agir comme si la foi nous était donnée pour nous dispenser de la sainteté ; de nous permettre le péché parce que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce. Il nous reste à voir comment, nous pouvons suivre une meilleure règle et être rendus capables de dire avec l'apôtre :

« Anéantissons-nous donc la loi par la foi ? Dieu nous en garde ! Au contraire, nous établissons la loi ».

                    Nous n'établissons pas, il est vrai, l'ancienne loi rituelle : nous savons qu'elle est abolie pour toujours. Bien moins encore établissons-nous l'économie mosaïque en général ; sachant que le Seigneur l'a clouée à sa croix. Nous n'établissons même pas la loi morale (ce que font, nous le craignons, un trop grand nombre de personnes), comme si son accomplissement était la condition de notre justification ; s'il en était ainsi, « personne ne serait justifié devant Dieu (Romains 3 : 20)  ». Mais tous ces points concédés, toujours est-il que, dans le même sens que l'apôtre, « nous établissons la loi » , la loi morale ! 

 I

                   Nous établissons la loi, en premier lieu, par notre doctrine ; en nous efforçant de prêcher la loi dans toute son étendue, d'en exposer avec insistance toutes les parties, comme le faisait sur la terre notre divin Maître. Nous l'établissons en suivant cette direction de saint Pierre : « Si quelqu'un parle, qu'il parle selon les oracles de Dieu (1 Pierre 4 : 11) », c'est-à-dire comme ont parlé et écrit, pour notre instruction, les saints hommes de Dieu d'autrefois, poussés par le Saint-Esprit, et les apôtres de notre Seigneur, dirigés par le même Esprit. Nous l'établissons lorsque, prêchant au nom de Christ, nous ne cachons rien aux auditeurs, mais que nous leur déclarons, sans limitation ni réserve, tout le conseil de Dieu. Et pour l'établir plus complètement, nous usons, dans nos discours, d'une grande simplicité. « Nous ne falsifions pas la parole de Dieu, comme le font plusieurs ( 2 Corinthiens 2 : 17. – Le terme de l'original, s'emploie pour la fabrication des vins.) ; » nous ne la fraudons, nous ne la mêlons, nous ne l'altérons, nous ne l'adoucissons pas, pour l'accommoder au goût. des auditeurs ; mais nous parlons avec sincérité, comme de la part de Dieu, et, en la présence de Dieu en Jésus-Christ » , comme n'ayant d'autre but que de nous rendre « recommandables à la conscience de tous les hommes devant Dieu, par la manifestation de la vérité (2Cornthiens 4 : 2)  ». 

                    Ainsi nous établissons la loi par notre doctrine, quand nous la déclarons ouvertement à tous les hommes ; et cela dans la plénitude dans laquelle nous la donnent le Seigneur et ses apôtres, quand nous la publions dans sa hauteur, sa profondeur, sa longueur et sa largeur. Ainsi nous établissons la loi quand nous en déclarons chaque partie, chaque commandement, non seulement dans la plénitude du sens littéral, mais en même temps dans le sens spirituel ; non seulement quant aux actes extérieurs qu'elle commande ou défend, mais aussi quant à son principe intime, quant aux pensées, aux désirs et, aux intentions du cœur. 

                    Et quant à ceci, nous y mettons d'autant plus de soin, que c'est non seulement de la plus haute importance, — puisque, si l'arbre est mauvais, si les dispositions du cœur ne sont pas droites devant Dieu, le fruit (paroles ou œuvres) ne peut qu'être mauvais en tout temps, — mais aussi parce que ces choses, quelque importantes qu'elles soient, sont peu méditées ou peu comprises, — si peu comprises que nous pouvons appliquer à la loi, prise dans toute sa signification spirituelle, ce que saint Paul dit de l’Évangile, que c'est le mystère qui avait, été caché dans tous les temps et dans tous les siècles (Colossiens 1 : 26) » Elle fut entièrement cachée aux païens. Avec toute leur prétendue sagesse, ils n'avaient trouvé ni Dieu ni la loi de Dieu ; ils en ignoraient la lettre et bien plus encore l'esprit. « Leur cœur, destitué d'intelligence, se remplit de plus en plus de ténèbres ; se disant sages, ils étaient devenus fous (Romains 1 : 21,22)  ». Et la masse des Juifs n'était, pas moins étrangère au sens spirituel de la loi. Quelque prompts qu'ils fussent à dire d'autrui : « Cette populace, qui n'entend point la loi, est exécrable (Jean 7 : 49) », ils prononçaient en cela leur propre sentence, étant dans une ignorance non moins funeste et sous la même malédiction. Témoin les reproches continuels que le Seigneur adresse aux plus sages d'entre eux pour les erreurs grossières de leurs interprétations de la loi. Témoin le préjugé par lequel ils s'imaginaient généralement qu'ils n'avaient qu'à « nettoyer le dehors de la coupe et du plat » qu'à « payer la dîme de la menthe, de l'aneth et du cumin (Matthieu 23 : 23-25) », et que cette exactitude au dehors servirait d'expiation pour les souillures du dedans, pour l'oubli total de la justice et de la miséricorde, de la foi et de l'amour de Dieu. Que dis-je ? le sens spirituel de la loi était tellement caché aux plus sages d'entre eux que voici le commentaire d'un de leurs plus éminents rabbins sur ce verset du psalmiste : « Si j'eusse pensé quelque iniquité dans mon cœur, le Seigneur ne m'eût point écouté (Psaume 66 : 18) » , c'est-à-dire, dit-il, « que si c'est seulement dans mon cœur, et non au dehors, que je commets l'iniquité, le Seigneur n'y prendra pas garde ; il ne me punira point, à moins que je n'aille jusqu'à l'acte extérieur ! »

                    Mais, hélas ! la loi de Dieu, quant à sa signification intérieure et spirituelle, n'est point cachée seulement aux Juifs et aux païens, elle l'est encore aux chrétiens ; au moins à la grande majorité d'entre eux. Pour eux aussi, cette signification spirituelle est encore un mystère. Et cela ne se voit pas seulement dans les pays que Rome a enveloppés de ténèbres et d'ignorance, mais il n'est que trop certain que la plupart de ceux même qu'on appelle chrétiens réformés sont encore totalement étrangers à la loi de Christ, dans sa pureté et sa spiritualité. 

                   Il en résulte que, de nos jours aussi, « les scribes et les pharisiens » , c'est-à-dire ceux qui ont la forme et non la force de la religion, et qui sont en général sages à leurs propres yeux, et justes dans l'opinion qu'ils ont d'eux-mêmes, « sont scandalisés quand ils entendent ces choses » , et sont profondément blessés quand nous parlons de la religion du cœur, et surtout quand nous montrons que, sans elle, « quand même nous donnerions tous nos biens pour la nourriture des pauvres, cela ne nous servirait de rien (1Corinthiens 13 : 3)  ». Mais il faut qu'ils soient scandalisés ; car nous ne pouvons pas ne pas dire la vérité, telle qu'elle est en Jésus. « Soit qu'ils écoutent, soit qu'ils n'en fassent rien (Ézéchiel 2 : 5) », nous devons, quant à nous, « délivrer notre âme (Ézéchiel 3 : 19)  ». Et tout ce qui est écrit. dans le livre de Dieu, nous devons le déclarer, non pour plaire aux hommes, mais pour plaire au Seigneur. Nous devons déclarer, non seulement toutes les promesses, mais aussi toutes les menaces que nous y trouvons. En même temps que nous proclamons toutes les bénédictions, tous les privilèges que Dieu a préparés pour ses enfants, nous devons « leur apprendre à garder toutes les choses qu'il a commandées (Mattieu 28 : 20)  ». Et nous savons qu'elles ont toutes leur importance, soit pour réveiller ceux qui dorment, pour instruire les ignorants, pour consoler les faibles, soit pour développer et perfectionner les saints. Nous savons que « toute l’Écriture divinement inspirée est utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger et pour instruire dans la justice » , et que l'homme de Dieu a besoin de toutes les parties de l’Écriture pour que l'œuvre divine se fasse complètement dans son âme, et qu'il soit enfin « accompli et parfaitement propre pour toute bonne œuvre (2Timothée 3 : 16,17)  ». 

                   C'est ainsi que nous devons prêcher Christ, en prêchant tout ce qu'il nous a révélé. Nous pouvons assurément, en bonne conscience, et même avec une bénédiction particulière de Dieu, faire connaître l'amour de notre Seigneur Jésus-Christ ; parler d'une manière spéciale de « l’Éternel notre justice (Jérémie 23 : 6) ; » nous étendre sur la grâce par laquelle « Dieu était en Christ réconciliant le monde avec soi  » ; (2 Corinthiens 5 : 19) nous pouvons, quand l'occasion s'en présente, célébrer les louanges de Celui qui a porté « les iniquités de nous tous » , qui a été « navré pour nos forfaits, frappé pour nos iniquités » , et qui nous donne « la guérison par ses meurtrissures ». (Esaïe 53 : 5,6) Toutefois nous ne prêcherions pas Christ selon sa parole, si nous bornions à cela notre prédication ; nous devons, pour être nous-mêmes nets devant Dieu, proclamer Christ, dans toutes ses fonctions. Pour faire l'œuvre d'un ouvrier sans reproche, il nous faut prêcher Christ, non seulement comme notre grand Sacrificateur, « pris d'entre les hommes et établi pour les hommes dans les choses qui regardent Dieu (Hébreux 5 : 1) », nous réconciliant, comme tel, avec Dieu par son sang, et à toujours vivant pour intercéder pour nous (Hébreux 7 : 25) ; » — mais aussi comme le prophète du Seigneur, « qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu (1Corintiens 1 : 30) ; » qui, par sa parole et par son Esprit, est toujours avec nous, « nous conduisant dans toute la vérité (Jean 16 : 13) ; » — et comme notre Roi pour toujours, donnant des lois à tous ceux qu'il a rachetés par son sang, rétablissant à l'image de Dieu ceux qu'il a rétablis dans sa faveur, et régnant dans tous les cœurs croyants jusqu'à ce qu'il se soit « assujetti toutes choses (1Co 15 : 28) » ; jusqu'à ce qu'il ait rejeté dehors toute iniquité et « amené la justice des siècles (Daniel 9 : 24)  

.II 

                   En second lieu, nous établissons la loi, quand nous prêchons Christ de manière, non à rendre superflue la sainteté, mais à la produire, sous toutes ses formes, négatives et positives, dans le cœur et dans la vie. 

                    Dans ce but, nous ne cessons de déclarer (et c'est ce que devrait toujours considérer attentivement quiconque désire ne point « anéantir la loi par la foi », ) que la foi elle-même, la foi chrétienne, la foi des élus de Dieu, la foi que Dieu opère, n'est cependant que la servante de l'amour. Quelque glorieuse et. honorable qu'elle soit, elle n'est pas « la fin du commandement (1Timothée 1 : 5)  ». Dieu a donné cet honneur au seul amour. L'amour est la fin de tous les commandements de Dieu. L'amour est l'unique fin de toute dispensation divine, depuis le commencement du monde jusqu'à la consommation des siècles, et il subsistera quand auront passé les cieux et la terre ; car « l'amour » seul « ne périt jamais (1Corinthiens 13 : 8)  ». La foi périra tout entière ; elle se perdra dans la vue, dans l'éternelle vision de Dieu. Mais alors même l'amour

Toujours de même usage et de même nature,
Vivra dans son triomphe aux parvis éternels,
Conservant son flambeau, son feu qui toujours dure,
Répandant le bonheur parmi les immortels.

                    Des choses magnifiques sont dites de la foi ; et quiconque la possède peut bien s'écrier avec l'apôtre : « Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable ! (2 Corinthiens 9 : 15) » Mais toute son excellence disparaît comparée à celle de l'amour. Ce que dit saint Paul de la gloire de l'Évangile par-dessus celle de la loi peut aussi se dire à propos de la gloire de l'amour pardessus celle de la foi : « Et même ce qui a été si glorieux ne l'a point été en comparaison de ce qui le surpasse de beaucoup en gloire. Car si ce qui devait prendre fin a été glorieux, ce qui doit toujours subsister l'est bien davantage (2 Corinthiens 3 : 10,11)  ». Et même la gloire qui appartient présentement à la foi provient tout entière de ce qu'elle sert à l'amour ; c'est le grand moyen temporaire que Dieu a ordonné pour accomplir ce but éternel.

                     Que ceux qui exaltent démesurément la foi jusqu'à anéantir tout ce qui n'est pas elle, et qui se méprennent sur sa nature jusqu'à imaginer qu'elle remplace l'amour, considèrent de plus que, si l'amour doit survivre à la foi, il a aussi existé longtemps avant la foi. Les anges qui, dès leur création, contemplaient la face de leur Père céleste, n'avaient. nul besoin de foi, dans son sens général, c'est-à-dire comme « démonstration des choses qu'on ne voit point. (Hébreux 11 : 1)  ». Elle ne leur était pas non plus nécessaire dans son acception spéciale, c'est-à-dire comme foi au sang de Jésus, « car il n'a pas pris les anges, mais il a pris la postérité d'Abraham (Hébreux 2 : 16)  ». Il n'y avait donc, avant la création du monde, aucun lieu pour la foi, ni dans le sens particulier, ni dans le sens général. Mais il y avait lieu pour l'amour ; l'amour existait de toute éternité, en Dieu, le grand océan d'amour. L'amour fut dans tous les enfants de Dieu, dès leur création ; leur miséricordieux Créateur leur donna, en même temps, d'exister et d'aimer.

                    Il n'est pas même certain (malgré tout ce qu'on a pu dire d'ingénieux et de plausible là-dessus) que la foi, même dans le sens général ; ait eu une place dans le paradis terrestre. On peut admettre, d'après le court récit des Écritures, qu'Adam, avant sa révolte, marchait avec Dieu par la vue, et non par la foi.

Car d'un œil d'aigle alors sa raison pénétrante
Aurait pu, d'aussi près qu'un ange radieux,
Contempler fixement la face éblouissante
De son Créateur glorieux.

                    Il pouvait parler face à face à Celui dont nous ne pouvons voir la face et vivre ; il n'avait donc nul besoin de cette foi dont l'office est de suppléer à la vue qui nous manque.

                    D'autre part, il est certain que la foi, dans son sens particulier, n'avait alors aucune raison d'être. Car, dans ce sens, elle présuppose nécessairement le péché, et la colère de Dieu déclarée au pécheur. Comme donc l'expiation n'était pas nécessaire avant la chute, il n'y avait non plus lieu à croire en cette expiation, l'homme étant alors pur de toute souillure de péché et saint comme Dieu est saint. Mais, alors même, l'amour remplissait son cœur ; il y régnait sans rival ; et ce fut seulement quand le péché eut chassé l'amour, que la foi fut donnée, mais non pour elle-même, ni pour exister plus longtemps que jusqu'à ce qu'elle eût atteint le but pour lequel elle était établie, savoir de rétablir l'homme dans l'amour d'où il était, déchu. Après la chute donc, survint la foi, cette démonstration, auparavant superflue, des choses qu'on ne voit point, cette confiance en l'amour du Rédempteur, laquelle ne pouvait exister,jusqu'à ce que fût faite la promesse que « la postérité de la femme écraserait la tête du serpent (Genèse 3 : 15)  ».

                     Puis donc que la foi fut destinée dès l'origine à rétablir la loi d'amour, en parler ainsi, ce n'est pas la. rabaisser, ni lui dérober sa louange ; mais, au contraire, c'est montrer son vrai prix, c'est l'exalter dans les vraies proportions, et lui donner la place même que la sagesse de Dieu lui assigna dès le commencement. Elle est le grand moyen de rétablir ce saint amour que l'homme avait reçu du Créateur. Il s'ensuit que, bien que la loi n'ait pas de valeur en elle-même (puisqu'elle n'est qu'un moyen), cependant, comme elle conduit à ce grand but le rétablissement de l'amour dans nos cœurs, et que, dans l'état présent des choses, elle est sous les cieux l'unique moyen pour y parvenir, la foi est dés lors une bénédiction ineffable pour l'homme et une chose infiniment précieuse devant Dieu.

III

                   Ceci nous conduit naturellement au troisième et au plus important moyen d'établir la loi ; il consiste à établir la loi dans nos propres murs, dans notre propre vie. Et sans cela, je le demande, à quoi servirait tout le reste ? Nous pourrions établir la loi par notre doctrine ; la prêcher dans toute son étendue ; en exposer, en presser chaque commandement ; en découvrir le sens le plus spirituel et faire connaître les mystères du royaume ; prêcher Christ dans toutes ses fonctions, et la foi en Christ comme ouvrant tous les trésors de son amour ; nous pourrions faire tout cela, et pourtant, si nous prêchions ainsi sans que cette loi fût établie dans nos murs, nous ne serions rien de plus devant Dieu que « l'airain qui résonne ou la cymbale qui retentit  » ; bien loin de nous être de quelque avantage, toute notre prédication ne ferait qu'accroître notre condamnation.

                    Voici donc le grand point à considérer : Comment ; établir la loi dans nos propres cœurs, de manière qu'elle exerce toute son influence sur notre vie ? Or, ceci n'est possible que par la foi.

                     La foi seule répond efficacement à ce but, comme nous l'apprend, chaque jour, l'expérience. Car aussi longtemps que nous marchons par la foi, et non par la vue, nous courons dans la voie de la sainteté. Tant que nous fixons nos regards, non sur les choses visibles, mais sur les invisibles, nous sommes de plus en plus crucifiés au monde et le monde nous est crucifié. Que l'oeil de l'âme regarde constamment, non aux choses temporelles, mais à celles qui sont éternelles, et nos affections, se détachant toujours plus de la terrer, s'attacheront aux choses d'en haut. En sorte que la foi, prise dans le sens général, est le moyen le plus direct et le plus efficace de nous faire avancer dans la justice et, dans la sainteté et d'établir la loi dans le cœur des croyants. 
          
                     Mais dans sa signification spéciale, c'est-à-dire comme confiance en un Dieu qui pardonne, la foi établit la loi dans nos cœurs d'une manière encore plus efficace. Car rien n'est plus puissant, pour nous porter à aimer Dieu, que le sentiment de l'amour de Dieu en Christ. Rien n'est plus propre à nous faire donner notre cœur à Celui qui s'est donné pour nous. Et, de ce principe d'amour pour Celui qui nous pardonne, découle aussi l'amour pour nos frères. Nous ne pouvons même ne pas aimer tous les hommes, si nous croyons véritablement à l'amour dont Dieu nous a aimés. Or cet amour pour les hommes, fondé sur la foi et sur l'amour pour Dieu, « ne fait pas de mal au prochain  » ; cet amour est donc, comme le dit l'apôtre, « l'accomplissement de la loi  » ; et d'abord de la loi négative : « car ce qui est dit : tu ne commettras point d'adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; tu ne convoiteras point. ; et s'il y a quelque autre commandement, tout est compris sommairement dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Romains 13 : 9,10) ; » mais aussi de la loi positive ; car il ne suffit pas à l'amour de ne pas faire de mal au prochain. Il nous excite continuellement, suivant que nous en avons le temps et l'occasion, à lui faire du bien ; à faire à tous les hommes et en toutes choses le plus de bien possible.

                    La foi ne se contente pas non plus d'accomplir la loi négative ou positive quant, au dehors, mais elle agit au dedans par l'amour ; d'abord pour la purification du cœur, pour le nettoyer de toute impure affection. Quiconque a celle foi « se purifie soi-même comme lui aussi est pur (1Jean 3 : 3) ; » se purifie de tout désir sensuel et terrestre, de toute affection déréglée, en un mot de toute cette affection de la chair qui est inimitié contre Dieu. Puis, afin que son œuvre soit parfaite, elle le remplit aussi de toute bonté, de justice et de vérité. Elle fait descendre le ciel dans son âme, et le fais, marcher dans la lumière comme Dieu lui-même est dans la lumière.

                     Efforçons-nous d'établir ainsi la loi au dedans de nous ; ne péchant pas « parce que nous sommes sous la grâce », mais nous servant plutôt du pouvoir de la grâce, pour accomplir toute justice. Nous rappelant quelle lumière nous reçûmes de Dieu quand son Esprit. nous convainquit de péché, gardons-nous d'éteindre cette lumière ; retenons ferme ce qu'alors nous obtînmes. Que rien ne nous induise à rebâtir ce qu'alors nous démolîmes ; à reprendre aucune chose, grande ou petite, que nous vîmes clairement alors n'être pas pour la gloire de Dieu ; ni à négliger aucune chose, grande ou petite, que nous ne pouvions alors négliger sans être repris par notre conscience ; et à cette lumière, qu'alors nous reçûmes, joignons, pour l'accroître et la rendre parfaite, la lumière de la foi. Confirmons ainsi ces premiers dons de Dieu, par un sentiment plus profond des choses mêmes qu'alors il nous montra, par une plus grande délicatesse de conscience. Marchant maintenant dans la joie et non dans la crainte, dans une claire contemplation des choses éternelles, nous regarderons les plaisirs, les richesses, les louanges, toutes les choses terrestres, comme des bulles de savon sur l'eau ; rien ne nous paraissant important, ni désirable, ni digne d'occuper nos pensées, si ce n'est ce qui est « au delà du voile », là où Jésus « est assis à la droite de Dieu ».

                       Pouvez-vous dire : « Il pardonne toutes mes iniquités, il ne se souvient plus de mes péchés ? » Alors songez désormais à fuir le péché, comme on fuit un serpent. Car maintenant, combien il vous paraît odieux et « excessivement péchant ! » Et, par contre, sous quel aspect nouveau et aimable vous apparaît maintenant la sainte et parfaite volonté de Dieu ! Travaillez donc pour qu'elle soit accomplie en vous, par vous et pour vous. Travaillez maintenant et priez, afin que vous ne péchiez plus, mais que vous voyiez et évitiez jusqu'à la moindre transgression de la loi divine ! Quand le soleil pénètre dans un lieu obscur, vous voyez des atomes qui vous échappaient auparavant. Il en est de même, quant au péché, maintenant que le soleil de justice luit dans votre cour. Appliquez-vous donc de toutes vos forces à marcher maintenant, à tous égards ; selon celle lumière. Soyez maintenant zélés, pour recevoir chaque jour plus de lumière, pour croître dans la connaissance et l'amour de Dieu, pour recevoir une plus grande mesure de l'Esprit de Christ, de sa vie et de la puissance de sa résurrection ! Faites valoir maintenant tout ce que vous avez reçu de connaissance, d'amour, de vie, de force ; et vous irez ainsi de foi en foi, et vous croîtrez sans cesse dans un saint amour, jusqu'à ce que la foi se change en vue et que la loi d'amour soit établie pour l'éternité !






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