Nouvelle
Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG
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(13) Dans sa pitié.
« Alors Jésus dit : J'ai pitié de cette multitude. » Mathieu 15 : 32.
« Ne te fallait-il pas aussi avoir pitié de ton compagnon de service, comme j'avais eu pitié de toi? » Mathieu. 48 : 33.
Dans trois occasions différentes? Matthieu nous dit que notre Seigneur fut ému de pitié pour la multitude. Toute sa vie a témoigné de la compassion avec laquelle il avait dès l'éternité regardé le pécheur, aussi bien que de sa sympathie pour toutes les souffrances de l'humanité. Il était bien en ceci le reflet du Dieu des miséricordes, du Père qui, « touché de compassion pour son fils prodigue, se jette à son cou et le baise ». (Luc 15 : 20).
Cette
compassion du Seigneur Jésus nous montre bien que ce n'était pas
seulement par devoir et par contrainte qu'il faisait la volonté de
Dieu, mais que cette volonté divine était la sienne aussi, qu'elle
était ainsi le mobile et la règle de tous ses sentiments, de toutes
ses actions.
Après
avoir dit : « Je suis descendu du ciel pour
faire non ma volonté, mais
la volonté de celui qui m'a envoyé », il ajoute aussitôt: «
Or, c'est ici la volonté du Père qui m'a envoyé, que je ne perde
aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite au
dernier jour. C'est ici la volonté de celui qui m'a envoyé, que
quiconque contemple le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ».
(Jean 6 : 39). Pour le Seigneur Jésus, la volonté de Dieu ne
consistait, pas seulement en telle défense ou tel commandement. Non;
pénétrant le sens intime de la volonté de Dieu, il savait que son
but était de donner la vie éternelle aux pécheurs perdus. C'est
parce que « Dieu est amour » que sa volonté a été de donner
libre cours à son amour pour le salut des pécheurs ; et c'est pour
accomplir cette volonté-là de notre Dieu que le Seigneur Jésus est
descendu sur la terre. Il ne l'a pas fait dans un esprit servile et
pour obéir à une volonté étrangère à la sienne, mais par sa vie
individuelle, par tous les traits de son caractère, il a prouvé que
cette volonté et cet amour du Père l'animaient lui aussi. Non
seulement sa mort à Golgotha, mais sa pitié pour tous les
malheureux, mais ses rapports d'affection avec eux prouvaient que la
volonté du Père était Véritablement sa volonté à lui. De toute
façons Il montrait que la vie n'avait de valeur pour lui qu'autant
qu'elle lui donnait l'occasion d'accomplir la Volonté de Son Père.
Bien-aimés
disciples de Christ, Vous qui Vous êtes consacrés à suivre
l'exemple du Seigneur, que la volonté du Père vous soit ce qu'elle
était pour le Fils. La volonté du Père, quant à la mission de son
Fils, était de manifester et de faire triompher ses compassions
divines en sauvant les pécheurs perdus. Jésus ne pouvait accomplir
cette volonté qu'en ressentant lui-même cette compassion. A
présent, la
volonté de Dieu demande aussi de nous ce qu'elle demandait de Jésus,
de sauver ceux qui périssent» Impossible
à nous d'accomplir cette volonté, sans avoir aussi cette compassion
de notre Dieu se manifestant dans l'ensemble et les détails de notre
vie.
Ne
nous bornons pas, pour faire la volonté de Dieu, à éviter ce qu'il
défend, ou à faire ce qu'il commande, mais qu'elle consiste pour
nous à avoir pour le pécheur les mêmes sentiments que Dieu a eus
lui-même, à ne
vivre que pour cela. En nous dévouant entièrement à chacun des
pauvres pécheurs qui nous entourent, en allant à leur secours avec
amour, nous prouverons que réellement la volonté de Dieu est
devenue notre volonté à nous aussi. Puisque nous avons pour Père
le Dieu pitoyable, et pour vie le Christ plein de compassion, rien de
plus juste que l'ordre donné à tout chrétien, d'avoir une vie de
dévouement à ses semblables.
La
compassion est cet esprit de charité qu'éveille la vue de la
misère, ou du péché. Que d'occasions chaque jour: de pratiquer
cette vertu céleste et qu'il en est besoin dans un monde si rempli
de misère et de péché ! Il
faut donc que, soit par la prière, soit par la pratique, le chrétien
entretienne en lui ces sentiments de compassion qui sont un des plus
beaux traits de sa ressemblance avec son Maître. L'amour
éternel cherche à se répandre pour sauver ceux qui périssent. Il
demande des vaisseaux qu'il puisse remplir de cet amour divin et
envoyer parmi ceux qui courent à leur mort, afin qu'ils vivent à
jamais. Il
demande des cœurs qu'Il puisse remplir de tendres compassions, des
cœurs qui soient heureux de faire connaître les compassions de
Dieu, heureux de vivre uniquement pour sauver les pécheurs. O mon
frère, la compassion divine qui a eu pitié de toi, t'appelle, toi
aussi qui as trouvé grâce, à laisser remplir ton cœur de son
amour.
Elle
veut faire de toi aussi un témoin de l'amour de Dieu par les
compassions que tu auras pour tous ceux dont tu es entouré.
Que
d'occasions tout à l'entour de nous d'exercer notre compassion ! Que
de besoins matériels ! Les pauvres, les malades, les veuves, les
orphelins, les âmes angoissées et découragées que rien ne console
mieux qu'un cœur pitoyable. Tous ceux-là vivent au milieu de
chrétiens, et pourtant, à les entendre, ils trouvent souvent plus
de sympathie à leurs maux chez les enfants du monde que chez les
gens trop uniquement préoccupés de leur propre salut. O frères,
demandez à Dieu un cœur pitoyable, toujours prêt à être
l'instrument de la compassion de Dieu. C'est la tendre sympathie de
Jésus qui lui attirait les foules sur la terre, et, encore à
présent, c'est cette même tendre sympathie qui, plus que toute
autre chose, amènera des âmes à vous et à votre Maître. (Voir
la note ).
Et
que de misères spirituelles de tous côtés! Ici, c'est un riche,
pauvre des biens spirituels ; là, un jeune homme qui se perd, ou
bien quelque ivrogne, quelque malheureux au désespoir. Peut-être
aussi n'est-ce rien de tout cela ; ce sont seulement des mondains
enlacés par les folies et les vanités du monde. Que de fois on
entend parler d'eux avec une froide indifférence, ou porter sur leur
compte des jugements sévères. Il manque là un cœur pitoyable.
La
compassion sait que sa place est auprès des plus profondes misères,
et que c'est précisément là que Dieu la veut. La compassion ne se
décourage pas, ne se désespère pas, elle ne se laisse pas rebuter,
car c'est l'amour dévoué de Christ qui l'inspire.
Le
chrétien ne limite pas ses compassions à son propre petit cercle ;
son cœur est plus large, car son Maître lui a assigné pour champ
de travail tout le monde païen. Il cherche à se rendre compte des
circonstances des païens, il porte leurs difficultés dans son cœur
et contribue à les encourir; Qu’il soit près ou loin d'eux, qu'il
soit lui-même témoin de leur dégradation ou qu’il en entende
seulement parler, il se souvient qu'il vit uniquement pour accomplir
la volonté de Dieu, en ayant pitié de ceux qui périssent et en
cherchant à les sauver.
Comme
Christ dans ses compassions! Faisons
de ces mots notre devise. Après avoir raconté la parabole du
Samaritain qui, ému de pitié, secourut le pauvre blessé, le
Seigneur ajoute : «
Va, et fais de même ».
(Luc 10 : 37). «Afin
que vous fassiez comme je vous ai fait ». (Jean
13 : 15). Nous qui devons tout à ses compassions, nous qui nous
disons ses disciples, qui voulons suivre ses traces et porter son
image, montrons aussi cette même compassion pour tous. Nous le
pouvons, il vit en nous et son Esprit agit en nous. Avec prière,
avec une foi ferme, voyons dans l'exemple
qu'il nous a
donné, le gage
de ce que nous
pouvons être. Quelle joie pour Jésus quand il nous voit prêt non
seulement à recevoir pour nous-même l'effet de sa compassion, mais
aussi à la faire connaître à d'autres. Et pour nous, quelle joie
inexprimable d'avoir un cœur comme celui de Christ, plein de
compassion et de miséricorde.
Ô
mon Dieu, ma vocation devient presque trop élevée. C'est donc
jusque dans tes compassions et ton amour que je dois te suivre, que
je dois t'imiter et reproduire ce que fut ta vie. C'est par la
compassion qui me portera à soulager toute misère physique et
spirituelle, c'est par la douce et sympathique charité qui prouvera
aux pécheurs mon désir de leur être en bénédiction, que le monde
doit se former quelque idée de tes compassions à toi !
Miséricordieux Sauveur, pardonne-moi d'avoir si peu réalisé tout
cela dans ma vie. Puissant Rédempteur, que ta compassion ne se borne
pas à me sauver, mais qu'elle prenne si bien possession de moi,
habitant si continuellement en moi, qu'elle devienne le souffle même
et la joie de ma vie. Que la compassion que tu as eue de moi devienne
en moi une source jaillissante de compassion pour les autres.
Seigneur Jésus ! je sais que tu ne peux m'accorder cette grâce qu'à
la condition que je renonce à moi-même, à tout effort de ma part
pour diriger et sanctifier ma vie, et que je te laisse, toi,
Seigneur, vivre en moi et devenir ma vie. O Dieu de miséricorde ! je
m'abandonne à toi. Tu as droit à me posséder, toi seul. Rien de
plus nécessaire et de plus précieux pour moi que tes compassions !
Quoi
de plus heureux pour moi que de te ressembler ! Seigneur! Me voici.
J'ai la confiance que tu m'apprendras toi-même à obéir à cette
parole : « Ne te
fallait-il pas avoir pitié comme j'avais eu pitié de toi? » C'est
avec cette confiance que je vais sortir aujourd'hui même pour
trouver dans mes rapports avec les autres l'occasion de montrer
combien tu m'as aimé. Avec cette confiance en toi, Seigneur, le
grand but de ma vie sera de te gagner des âmes. Amen.
Le
mal ne peut être surmonté que par un dévouement tout individuel et
effectif; jamais il ne le sera par une charité qui se tient à
distance. « Vous
êtes le sel de la terre »,
a dit Jésus : Vous aussi, vous l'êtes, vous-même, tel que vous
êtes, et dans le milieu où vous vous trouvez. En tout lieu, à
chaque instant, il faut que de vous et de votre présence émane une
influence sanctifiante. C'est Christ
lui-même qui
est la vie et la lumière. Dans tout ce qu'il fait, tout ce qu'il
dit, tout ce qu'il souffre, c'est lui-même que nous trouvons.
Impossible de rien séparer de sa personne, sans la voir s'évanouir
et disparaître. Et pourtant l'erreur fondamentale de notre
christianisme moderne est de vouloir séparer les paroles de Christ
et les œuvres de Christ de sa personne même. Il en résulte pour un
grand nombre de croyants que, malgré tout ce qu'ils font comme
chrétiens, ils n'ont jamais encore trouvé Christ lui-même.
Plusieurs de ceux qui ont foi en ses souffrances et en ses mérites,
ne peuvent ni demeurer en communion avec lui, ni suivre fidèlement
ses traces. Christ fit sa demeure non seulement de Cana en Galilée,
mais encore de Gethsémané, et plus tard du Calvaire.
Hélas!
que de personnes qui font parade de la croix et qui pourtant ont plus
peur de la véritable croix que du diable lui-même ! Elles ont si
sagement arrangé leur profession de la croix de Christ qu'il ne peut
en résulter aucune atteinte ni à leur réputation, ni à leur
fortune, ni à leur indépendance.
Il
faut qu'à présent, comme jadis, l'imitation fidèle de Christ
redevienne le drapeau de la chrétienté. Alors seulement la foi
triomphera de l'incrédulité et de la superstition. On travaille
beaucoup actuellement à prouver aux Incrédules l'inspiration des
Saintes Écritures, la vérité des paroles et de la vie du Seigneur
Jésus, mais c'est travailler en vain que de vouloir prouver par des
arguments ce qui ne
se démontre que par la force de l'évidence. Montrez
par vos actes que l'Esprit des miracles habite en vous, prouvez
surtout par votre vie que Jésus vit en vous de sa vie éternelle et
divine, et alors
vos paroles amèneront beaucoup d'âmes à la foi. Si au contraire
vous manquez dans la vie pratique de l'Esprit saint et de sa
puissance, ne soyez pas surpris que le monde prête peu d'attention à
l'éloquence de vos discours. L'heure est venue où toute la
chrétienté doit se lever comme un seul homme, et avec la
force de Christ, faire tout de nouveau ce que, Christ lui-même a
fait pour le monde qui se perd. Voilà
ce dont nous avons besoin pour pouvoir ressembler à Jésus- Christ,
voilà la seule preuve concluante de la vérité du christianisme.
Tiré
de : « Een nieuw boek van de navolging van Jésus Christus »,
par M. Diemer.