lundi 14 novembre 2016

(4) SIMPLES ENTRETIENS SUR LE TENTATEUR (S. D. GORDON)

Numérisation Yves PETRAKIAN Mars 2007 Nouvelle édition numérique Yves PETRAKIAN 2011 – France Correction d'OCR Mai 2013 Copie autorisée pour diffusion gratuite uniquement Obligation d'indiquer la source http://456-bible.123-bible.com
Ce livre est aussi disponible gratuitement au format Bible Online sur: http://123-bible.com
Traduit de l'anglais par Mlle Jeanne EBERHARD
NOUVELLE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS DE TOULOUSE — DIEULEFIT Drôme



IV. TENTATIONS-TYPES

Éden

Le Tentateur et ses agissements. Trois attaques

                    Le Tentateur livra trois grands combats, à trois reprises différentes, dans l'intention arrêtée de détourner l'homme des sentiers de Dieu : en Eden, au Désert et au Calvaire. Chaque fois, le but poursuivi fut le même : éloigner l'homme des voies de Dieu et faire échouer le plan divin. C'était là son dessein dans ces trois tentations comme dans toutes les autres.

                  En Éden, l'homme se laissa prendre dans les pièges que le diable lui avait tendus. Il désobéit. Il fit la volonté d'un autre que Dieu et devint l'esclave de celui à qui il céda. Il perdit son droit à la domination de la terre.

                   Notre Seigneur est venu ensuite comme le fondateur d'une nouvelle race. Il est venu racheter ce qui avait été perdu. Son entrée dans le monde fut comme un défi personnel lancé au Prince-traître. Il releva le gant et le corps à corps eut lieu au Désert. Ce fut la deuxième grande attaque livrée à notre race, incarnée en Jésus-Christ.

                           Notre Seigneur subit d'autres tentations avant celle du Désert. La vie à Nazareth fut une continuelle tentation, nous l'avons vu, ainsi que son ministère. Mais le Désert fut une bataille rangée où les deux Ennemis mesurèrent leur force face à face.

                     Une troisième grande attaque s'ensuivit : le Calvaire. Après l'échec du Désert, Satan voulut s'essayer à nouveau dans un effort plus décisif. Et ce fut la Croix. Là, Jésus concentra toute Sa puissance. Quelle reconnaissance ne devons-nous pas à notre Sauveur pour sa fermeté dans l'obéissance qui lui valut cette nouvelle victoire ! Car tout ce qui était le plus cher à l'homme était en jeu. Il agissait à sa place. Il était là notre représentant et notre substitut.

                  Au Calvaire, Satan essaya de rendre l'obéissance aussi pénible, aussi difficile, aussi impossible même qu'il le pût. Les pires indignités, les hontes les plus dégradantes, les épines, les fouets, les coups de marteau et la croix ; les souffrances morales, physiques et spirituelles, en un mot, tout fut mis en oeuvre pour essayer d'entraver la marche en avant de Jésus et le faire rétrograder. Vraiment là, Satan fut Satan.

                  Mais — que le nom de Jésus soit à jamais béni —le Maître triompha. Il endura tout. Nul ne réalisera jamais autant que Lui tout le poids du fardeau dont on le chargea. Un abîme insondable est ouvert dans ces paroles de saint Paul : « Il s'est rendu obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix ! » (Phil. 2 : 8). Toute l'horreur de l'enfer, toute l'abomination, toute la haine du Tentateur, toute la simple et ferme obéissance de Jésus, notre Seigneur, envers son Père, tout l'amour incomparable de Dieu sont exprimés dans ce mot de quelques lettres « même ».

                  Dieu nous a décrit ces grandes tentations avec force pour nous instruire des machinations dont est capable le Tentateur et de la sagesse de notre Vainqueur. Nous examinerons donc ces deux exemples.

                 Eden nous révèle la manière d'agir du Tentateur. Nous devrions nous en imprégner pour mieux « veiller ». Le Désert et le Calvaire nous montrent comment notre Seigneur lui résista. Cela devrait nous courber plus intensément dans la prière.

La trace du serpent en Éden

Et d'abord, un simple coup d’œil sur Éden.

                 Éden, c'était ce que Dieu nous destinait. Éden, un jardin. Qu'y a-t-il de plus attrayant qu'un jardin ? Tout y était perfection. Pas de point d'interrogation, aucun doute, aucune incompréhension, aucun soupçon, mais l'entière et douce confiance de l'amour parfait entre Dieu et sa créature. L'amour était l'atmosphère qui baignait tout ce jardin. Tout y était pureté et innocence. L'amour vrai est toujours pur. Le péché n'existait pas : ni flétrissure, ni souillure, ni mal, mais partout sainteté de cœur et de vie, d'imagination, de pensée et d'acte.

                Dieu et l'homme vivaient en parfait accord. Chacun jouissait de la présence de l'autre. Cette amitié découlait de toutes les perfections du lieu et de ses habitants.

  Éden! tel était donc le don de Dieu.

                Alors, vint le Tentateur. Pourquoi vint-il ? Parce qu'il désirait la souveraineté sur la terre. Cet empire avait été donné à l'homme. Le Tentateur intervint pour le dérober. Parviendrait-il à détourner l'homme de son obéissance (ne serait-ce que de la moitié de l'épaisseur d'un cheveu) que la domination de la terre ne lui appartiendrait plus. Le Tentateur aurait le pouvoir, non seulement sur la terre, mais aussi sur l'homme dont il recherchait l'adoration.

                 Remarquez comment il vint et vous saisirez mieux comment il vient encore. Il nous faut profiter de la leçon donnée en étudiant les traces laissées en Éden.

Ses procédés

                 Il se présenta à l'homme sous trois aspects. Il vint en vêtements d'emprunt : il était déguisé. Ceci nous donne à réfléchir. Craignait-il de se montrer à découvert ? J'en ai la conviction. Avait-il peur ? Je n'en ai aucun doute. Si Satan se présentait tel qu'il est, avec ce que nous savons de lui, il serait, la plupart du temps, malmené et refoulé à coups de pied. Et c'est pour cette raison qu'il se travestit. Il vint donc sous la forme d'un animal, le serpent. Et remarquez qu'il choisit, comme toujours, celui qui lui offrait le plu de chances de réussite. Car le serpent est lui-même plein de ruse.

                        Le mot « rusé » ne doit pas être compris simplement dans le sens de « malin », ainsi qu'il l'est généralement, mais nous devons entendre par là, une finesse, une pénétration, une subtilité d'esprit prononcée, si je puis me permettre l'emploi du mot « esprit » en parlant d'un animal. Il exploita ce qui, dans le serpent, avait le plus de rapport avec ce qu'il voulait faire. Il se servit de ses allures rampantes, sournoises, tortueuses. Il est venu et il vient encore de cette manière. Celui-là est un homme intelligent et clairvoyant qui saura dévoiler tous les déguisements de Satan !

                  Puis, c'est au corps humain qu'il s'attaqua pour mener à bien son entreprise. Que ceci nous fasse à nouveau réfléchir. Eve agit sous l'instigation d'un désir charnel parfaitement légitime : celui de manger quelque chose de bon. Ce fut par cette envie qu'il entra en elle. Et si vous voulez bien y réfléchir, vous vous rendrez compte que c'est bien là une de ses manières favorites de procéder : agir sur nos besoins, sur nos fonctions naturelles.

                      Il est aisé de se rendre compte de l'étendue du mal que cela comporte. Toute fonction n'est justifiable que lorsqu'elle répond à l'intention pour laquelle elle a été créée. S'étant ainsi introduit dans le corps, il précise son attaque au point faible, là où il sait que nous sommes vulnérables. En excitant le corps, il parvient à s'en rendre maître et il s'y installe. J'ai le sentiment que c'est, de nos jours, sa tactique la plus puissante et celle qui lui réussit le mieux. Sa domination sur la chair est grande et, bien plus que nous ne le supposons, il y a, dans nos corps même, une délivrance possible des serres de Satan par Jésus-Christ, notre Vainqueur.

                  A vrai dire, il commença par l'esprit pour atteindre le corps. Car, c'est par un discours que le Malin séduisit Ève. Il ne pouvait faire autrement. Toutefois, c'est la chair qu'il visa en premier lieu. Mais pour convaincre, il troubla l'esprit. Il embrouilla les idées, il y jeta la confusion, l'erreur, les grisailles et tout ce qui fait qu'on n'y voit plus clair. Il trompa sa certitude, l'ébranla et fit captive sa volonté au point de la plier absolument à la sienne.

                  Il ne sera pas superflu de répéter une fois de plus ici que la seule chose qu'il cherche à obtenir, c'est la soumission de notre volonté à la sienne. Mais il ne peut y arriver sans notre consentement. Tout homme est le souverain de sa volonté. Tout homme se trouve comme dans une solitude impériale dans le royaume de sa volonté. Et Satan fait tous ses efforts pour l'ébranler et s'en rendre maître.

                     Il commence donc par notre esprit. Il peut obscurcir notre intelligence par des pensées malsaines, troublantes et démoralisantes. Il ne néglige rien. Ayant obtenu ce premier résultat, il lui est facile d'atteindre toute notre vie mentale avec plus de succès que nous ne nous l'imaginons.

                  Ceci est plus qu'une simple allusion à ceux qu'il a fallu enfermer dans des Asiles de fous. C'est une affirmation que j'apporte. C'est lui qui est responsable, dans une large mesure, de leur état ; il n'y a pas â en douter. Ils sont des victimes. Mais le Malin ne peut plus rien tirer de ces vaincus. Aussi préfère-t-il influencer nos facultés à nous, qui possédons un soi-disant esprit sain. Il s'acharne contre nous dans le but de semer en nous la confusion, l'erreur et de nous entraîner à sa suite.

                    En conséquence, nous obtiendrons plus de clarté, de sérénité d'esprit et de force dans notre vie en restant fidèles au Christ, plutôt qu'en écoutant notre Ennemi.

              Voici donc, en résumé, comment il s'est présenté : sous des habits d'emprunts, il a séduit le corps en embrouillant l'esprit.

La généalogie du doute 

                   J'attire votre attention sur ce qu'il fit ; n'oubliez pas que ce sont les traces du serpent d’Éden que nous suivons. Et si jamais vous découvrez, où que ce soit, des traces semblables à celles-ci, soyez persuadés que c'est la même traînée visqueuse du serpent. 

              Son premier acte fut de mettre en doute l'Amour de Dieu. « Dieu a-t-il vraiment dit que vous ne mangiez pas du fruit de tous les arbres ? Qu'Il est dur votre Dieu ! De si beaux arbres ! et un fruit si délicieux ! Mais n'est-il pas placé là pour que vous en mangiez ? Votre corps en sera restauré. Qu'Il est cruel votre Dieu ! Vous a-t-il vraiment défendu de manger ce fruit? Quel abominable Dieu que le vôtre! » Voilà des insinuations qui conduisent au doute sur l'Amour de Dieu. En suivant les récits du livre de la Genèse, j'aimerais vous exposer la généalogie de ce qui s'appelle « le doute ». Aux dix généalogies du livre de la Genèse, j'en ajouterai donc une onzième pour nous faciliter les choses. 

                 C'est Satan qui engendra le doute. Le premier de tous fut un doute sur l'Amour de Dieu. Ce doute engendra celui sur Dieu Lui-même. Le doute sur Dieu engendra tous les doutes. Ils se répandirent partout dans le monde entier. Nous vivons dans un monde où le doute règne. Nous nous méfions de tous les hommes. Nous observons les autres avec défiance, un oeil inquiet constamment tourné vers eux.

         Voici maintenant la seconde génération. Le doute engendra la mésintelligence.  C'est ici une vaste génération. La mésintelligence engendra des fils et des filles : l'esprit critique duquel naquit une très grande famille dont plusieurs membres, dont tous les membres, devrais-je dire, sont demeurés au milieu de nous jusqu'à ce jour. L'esprit critique engendra la haine et ses multiples formes. Et les fils et les filles de la haine sont la violence. Les enfants de la violence sont : le meurtre (quand il s'agit d'un seul individu) et la guerre (quand il s'agit des masses).

                     Telles sont les générations du Doute que Satan engendra en ce jour-là, au Jardin d’Éden. Et ce que ces générations ont de particulier, c'est leur vitalité. En comparaison, Mathusalem mourut tout jeune.

                En second lieu Satan mentit. Peut-être ferais-je mieux de ne pas trop m'arrêter là-dessus. On l'a fort bien appelé le Père du mensonge, du mensonge sous toutes ses formes. Et nous voilà de nouveau en présence d'une nouvelle grande famille ! Il ne m'est assurément pas nécessaire de les étiqueter tous. Il y a des mensonges blancs et des mensonges noirs ; Il y a de petits mensonges, d'après l'évaluation des hommes, et de gros mensonges. Il y a les mensonges de politesse et les mensonges mondains ; ceux des affaires, ceux que l'on dit et ceux que l'on vit. Le monde entier est envahi par des mensonges issus du premier que prononça Satan. Tous viennent de lui. Tout mensonge du regard et des lèvres, quel qu'en soit le but, social, personnel ou religieux — car, sachez-le, il y a tout une lignée de mensonges religieux — toute cette engeance remonte en droite ligne au Père du mensonge.

                    En troisième lieu, il alluma les feux d'une ambition sacrilège. Il dit à la femme : « Vous serez comme des dieux. » Oui, toute l'ambition de Satan est là : être l'égal de Dieu ! être adoré comme Dieu ! Il dit à Eve : t'est possible, par un acte très simple, de t'élever au-dessus du niveau que Dieu t'a assigné et d'atteindre le niveau même de Dieu. » Et toute notre ambition sacrilège, ai-je dit, naquit en cet instant. Je ne sais comment assez abréger et simplifier ce que j'ai à vous dire. S'élever au-dessus de l'état que Dieu nous a assigné, c'est la démangeaison universelle. On la retrouve dans la vie commerciale, dans la vie sociale, dans la vie politique, dans le monde des affaires, dans la vie religieuse, dans toutes les formes de la vie. Une main fiévreuse tourne le bouton de la porte qui s'ouvre sur des sphères supérieures et une agitation constante nous pousse à faire l'ascension des degrés qui mènent là où nous n'avons pas le droit de viser. Cette ambition sacrilège fut le troisième péché que Satan inspira à Ève.

                      En quatrième lieu, il la poussa à la rébellion. La clef de la vraie vie, c'est l'obéissance, avons-nous dit. La clef de la vie de Satan, c'est la désobéissance à Dieu. Ce jour-là, il l'incita à l'esprit de rébellion.

                         Puis il essaya d'introduire le cinquième désordre. Il se produisit après l'acte de désobéissance. Remarquez-le bien. Ce cinquième désordre ne survint qu'après le geste d’Ève : ce fut une large brèche par laquelle il réussit à pénétrer à l'intérieur de l'âme et sa première manifestation fut une suggestion d'impureté. Le serpent n'en parle pas, mais elle est là tout de même. Remarquez que ce troisième chapitre ne relate en effet aucun acte d'impureté. Il n'y a rien d'impur si ce n'est ce que l'imagination du premier couple invente. Ils reconnaissent qu'ils sont nus et se cousent des vêtements. Les vêtements n'étaient pas nécessaires au corps, mais devaient satisfaire un état d'esprit. Et c'est ici le plus répandu de tous les péchés de l'humanité : l'impureté — c'est-à-dire (et faites-y bien attention) l'exercice de fonctions saines et saintes pour des fins auxquelles elles n'étaient pas destinées. C'est tout simplement cela, mais c'est tout cela. C'est la source de l'impureté de toutes catégories, de toutes nuances et de tous degrés.

                     Et maintenant, voyez comme Satan changea ses batteries. Avant la chute, il opéra de l'extérieur à l'intérieur ; après la chute, il opéra de l'intérieur à l'extérieur. Le serpent dit : « Mangez du fruit ». « Dieu n'est pas bon ». Mais dès que le fruit est mangé, le serpent est renvoyé ; plus n'est besoin de lui. Satan désormais avait une forteresse dans la place. Par l'acte de désobéissance, une porte intérieure était ouverte et, par cette porte, le Malin avait pénétré. Avant l'absorption du fruit, il vint du dehors et après, il vint du dedans. De nos jours, il vient des deux manières. Au début, il ne pouvait venir que d'une seule manière ; maintenant, il en a deux à sa disposition et il les emploie toutes deux.

Quelques conséquences

                      Parlons maintenant des conséquences. La première fut la séparation volontaire de l'homme d'avec Dieu. Et notez-le bien : l'homme prit l'initiative de cette séparation. C'est l'homme qui commença. Dieu ne bougea pas. C'est l'homme qui se sépara de Dieu. Puis il se cacha derrière un arbre. C'est un bien mauvais usage des arbres ! Dieu n'avait jamais eu l'intention, en les créant, de les offrir à l'homme comme cachette. Et depuis lors, l'homme s'est toujours caché de devant la face de Dieu. Dieu demeure. C'est l'homme qui Le fuit.

                  Une autre conséquence : la lâcheté morale. Écoutez ce que dit le premier et l'admirable représentant de notre race : « La femme que tu m'as donnée... » Ce n'est pas moi qu'il faut blâmer, c'est elle. Pourquoi m'as-tu donné cette femme ? Faire tomber la responsabilité sur autrui. Quelle lâcheté ! Mais il ne s'arrête pas là. « La femme que tu m'as donnée... » ! Après tout, c'est Toi qui es la cause de tout le mal ;c'est par Toi que tout cela est arrivé, c'est ta faute ! Moody raconte qu'un jour, il était allé faire un service dans une prison de New-York. Il s'entretint ensuite avec chaque prisonnier en particulier. Il s'écria à la fin de sa visite: « De ma vie, je n'ai rencontré autant d'honnêtes gens qu'en ce lieu-là. Chacun d'eux s'est évertué à me persuader qu'il était innocent et que le vrai coupable n'était pas lui. Adam semble avoir engendré une innombrable race d'hommes moralement lâches. » — Je ne suis pas à condamner. C'est la faute d'un tel ou d'un tel. Surveillez-le. Jetez les regards de son côté. C'est lui qu'il faut accuser ; moi, je n'ai rien à me reprocher ! — Lâcheté morale ! Elle se rencontre partout et à chaque pas.
Un troisième résultat s'ensuivit aussi sur lequel je vous prierai de concentrer toute votre attention, c'est la crainte. Le péché engendre la crainte. J'aimerais avoir le temps de vous parler de la peur qui paralyse le cœur et l'esprit.

                       Si je pouvais, aujourd'hui même, effacer de votre esprit tout sentiment de crainte, vous continueriez votre vie avec un corps et une intelligence renouvelés.
La peur est le pire des esclavages du péché. Adam dit : « J'ai eu peur . J'ai eu peur ! Cette expression est devenue si commune que nous l'employons même lorsque nous n'avons pas peur. Ce sentiment de crainte est comme tissé dans la vie de toute créature. Et la crainte influe sur le corps avec une puissante intensité et une grande subtilité. Lorsqu'un sentiment d'amour et de confiance m'anime, mon corps est plus libre ; je suis physiquement plus fort et moralement plus lucide. Mais la peur entrave. Elle diminue les forces aussi bien que les moyens intellectuels ; elle agit sur toute la personne, le corps, l'âme et l'esprit.

L'origine de cette action remonte au premier jour, dans le Jardin d'Eden.

                        Or, c'est ici la trace d'Eden. L'avez-vous jamais rencontrée sur votre route ? Vous est-elle étrangère ? Si vous l'avez vue, en quelque proportion que ce soit, vous pouvez être persuadés qu'elle a été laissée par ce vieux serpent de Satan. Vous ne le verrez pas, lui, il est caché ; mais sa trace subsiste. On peut, sans difficulté, la suivre à travers les pages de la Bible. En parcourant le Livre de Dieu d'un bout à l'autre, cette trace ressort clairement. Le nom de Satan apparaît très peu souvent, si rarement que je pourrais facilement vous en citer les endroits de mémoire. Mais sa trace, elle, est partout.

                      Et que dirai-je de sa trace dans le livre de nos vies ? A-t-il laissé ses empreintes le long de votre sentier ? Est-il nécessaire de vous les rappeler ? Le doute vous a-t-il effleuré avec ses fruits : mésintelligence, critique et violence ; mensonge, ambition sacrilège ; désobéissance, impureté, lâcheté morale, crainte, désordres corporels, désordres intellectuels, manque de clarté, de sérénité d'esprit, de santé mentale ? Et que signifient ces traces ? Où qu'elles soient, elles révèlent à un degré quelconque la présence évidente du serpent.

                     Sur le point de terminer notre entretien, je voudrais vous faire entendre, avec douceur, que s'il existe un doute quelconque sur Dieu, un recul dans l'obéissance,, quelque lâcheté morale, un mensonge de quelque nuance, de quelque importance ou de quelque degré qu'il soit, un sentiment de crainte, — ce qui signifie un manque de foi sereine, -- l'emploi de fonctions pures et saintes pour des abus auxquels elles n'étaient pas destinées, si l'une de ces erreurs se trouve en vous, sachez que Satan est là, dissimulé, à distance,  hors de portée de la vue, peut-être, mais à son poste, dans le coin que vous lui avez consenti.

                   Je me demande combien parmi nous l'ont recueilli et lui donnent asile. Je propose que chacun de nous se retire à l'écart pour se recueillir et que là, s'inspirant de la prière du Psalmiste, nous disions à Dieu :

« Sonde-moi, ô Dieu, lis dans mon coeur et aide-moi à voir ce que tu y as découvert ; éprouve-moi et connais mes pensées, mes désirs, mes desseins, mes attachements les plus intimes et les plus secrets et aide-moi à savoir ce que tu sais. Et amène-moi à voir s'il y a en moi des voies qui t'offensent, qui donnent prise à Satan contre Toi. » Puis, vous ajouterez ce complément à votre prière, si tel est votre désir. « Détourne-moi de cette voie et conduis-moi dans tes sentiers, sur la route royale de l'éternité. »

                      Et si, par hasard, cette confession sortait de vos lèvres : « Ah ! vous ne vous imaginez pas combien ces choses sont enracinées dans ma vie ; vous ne pouvez pas vous rendre compte de l'empire que la peur, la désobéissance, la lâcheté et d'autres choses dont je tais le nom ont sur moi ! » Eh bien ! pourvu que vous disiez : « Comment puis-je m'en débarrasser ? » vous trouverez une réponse à ce désir de votre cœur dans le dernier livre de la Bible. Notre message a été tiré du début du premier Livre. La conclusion se trouvera près de la fin du dernier Livre (Apocalypse 12 : 11). « Ils l'ont vaincu par le sang de l'Agneau. »

Le Désert :

Comment fut défait le Tentateur. Devancer les desseins du Tentateur

                      Nous nous sommes brièvement entretenus de la tentation qu'Adam, le premier représentant de notre race, eut à soutenir contre Satan. Maintenant, nous nous entretiendrons de la seconde grande attaque de Satan qu'eut à soutenir le second représentant de notre race, notre Seigneur Jésus-Christ. La tentation du Désert était une nécessité. Pour Satan d'abord, dont le royaume était menacé par l'opposition du Christ ici-bas. Il fallait qu'il combattit pour raffermir ses positions. C'était une nécessité pour Jésus-Christ ensuite. Chef d'une nouvelle race, Il devait l'emporter sur le Tentateur et reconquérir la domination de la terre entière à notre humanité.

                   Rappelons-nous, en effet, pour mieux comprendre cette nécessité de la tentation du Désert, que, lors de sa création, Adam avait reçu en partage la domination de la terre. C'était lui, après Dieu, le maître de ce monde. Dieu l'avait élevé au rang de roi de la création. Le Prince des ténèbres convoita cette domination pour lui-même ; il voulut l'arracher à l'homme par le moyen de l'homme et dominer. C'est ainsi qu'il en vint à combiner son attaque en Éden. L'homme succomba et le Malin triompha.

                   Ainsi, notre Seigneur Jésus-Christ apparut sur la scène du monde pour le regagner et ramener toute la race humaine à la fidélité envers son Père. Le premier coup de massue de la Victoire du Christ fut porté au Désert. Sa victoire sur Satan en ce lieu fut les prémices de sa victoire au Calvaire. Et, remarquez-le bien, tout le royaume des esprits malins connaissait la victoire du Seigneur Jésus au Désert. En quel qu’endroit qu'Il apparût et quel qu'en fût le moment, ils s'enfuyaient toujours devant Lui, saisis de crainte.

                 J'aimerais grouper ce que j'ai à dire sous trois titres : Premièrement : Les préparatifs du Saint-Esprit en vue de la Tentation. Je vous demanderai de souligner ce fait : le Saint-Esprit fit les préparatifs du drame. Il est écrit très clairement : « Alors, Jésus fut emmené par l'Esprit dans le Désert pour être tenté par le diable.» Il déploya un grand talent de généralissime. Il n'attendit pas l'attaque de l'Ennemi, mais obligea le Tentateur à se démasquer. Il le contraignit au combat. C'était de la stratégie et une stratégie de premier ordre. Nous devrions l'imiter beaucoup plus fidèlement. Je crois pouvoir dire que la plupart d'entre nous attendent d'être tentés, et seulement alors, en grand désarroi, ils appellent au secours et implorent de l'aide. Ce n'est pas ainsi qu'il faudrait agir. Nous devrions nous préparer d'avance à la tentation par la prière, la prévoir et nous assurer du terrain avant l'arrivée de l'Ennemi. C'est ce que fit le Saint-Esprit en cette occurrence.

                  M. Moody se trouvait un jour sur un paquebot lors d'une grande tempête. Tout espoir de sauver le vaisseau était perdu. Tout le monde priait à bord. Quand la tempête fait rage, tout le monde prie ! Un des passagers, qui avait été chargé de monter sur l'un des ponts, y aperçut M. Moody debout, les regards perdus au loin, vers la mer démontée. Grand fut son étonnement de le trouver là, sa place étant tout indiquée dans la salle au-dessous où se tenait une réunion de prière.

                 « Comment, M. Moody, s'écria-t-il, vous ici, alors que tous sont rassemblés pour la prière ? » Moody lui répondit avec la plus grande sérénité : « J'ai pris les devants. J'ai une belle avance. » Quelle merveilleuse tactique de prier à l'avance ! Il ne faut pas attendre que les circonstances nous pressent pour prier, si nous voulons avoir de l'avance sur le Malin. Agissez selon les indications du Saint-Esprit ; c'est lui qui prit les devants. Voilà la première des suggestions inspirée par les préparatifs du Saint-Esprit.

La stratégie du Saint-Esprit

                  En voici une seconde. Le Saint-Esprit prit possession de notre Seigneur. Jésus agit sous l'inspiration du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit le dominait. Avant même que la tentation ne survînt, le Saint-Esprit entra en Lui. En vous rappelant cette vérité, je vous demanderai de me suivre attentivement pour que vous ne vous mépreniez pas sur le sens de mes paroles. Le fait d'être rempli du Saint-Esprit n'est pas un cas isolé, particulier au Seigneur Jésus. C'est avec le plus grand respect que j'avance ces paroles. Je m'appuie, pour les prononcer, sur le désir qu'Il manifesta à plusieurs reprises de vivre la vie d'un homme, mais d'un homme dépendant entièrement du Saint-Esprit. Voici donc ce que nous pouvons en déduire : de même que le Fils de l'Homme en tant qu'homme fut revêtu de la puissance du Saint-Esprit avant la tentation afin d'être armé pour résister victorieusement à cette tentation, de même, vous et moi, nous serons revêtus de cette puissance si nous lui permettons d'agir en nous. Ceci doit nous donner à réfléchir. Tant parmi nous font fausse route. Nous attendons que les circonstances nous acculent, et seulement alors, nous faisons tout ce que nous pouvons pour nous sortir d'embarras. Si nous voulions nous laisser saisir par le Saint-Esprit, nous serions prêts à l'avance, nous hâterions le combat et le Malin serait déconcerté, obligé de regagner son coin obscur.

                    Puis, le Saint-Esprit se chargea Lui-même de la tentation du Seigneur. Ce n'est pas un cas particulier. Il veillera ainsi Lui-même sur nos tentations. L'essentiel, c'est de nous confier en Lui. Il s'occupera du reste. Au chapitre X de la première épître aux Corinthiens vers. 13, il est écrit : « Aucune tentation ne vous est survenue qui n'ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. » Il est celui qui veille sur nos tentations. Si nous nous confions en Lui, Il cherchera à nous faire remporter la victoire. Si nous consentions à prendre en considération ces avantages, toute notre attitude envers la tentation serait transformée.

                    La plupart des gens ont peur de la tentation. Ils la craignent. C'est leur terreur. Mais au contraire, nous devrions envisager la tentation comme étant une occasion de vaincre le Malin. La tentation a deux fins : elle éprouve nos armes et met Satan en fuite.

                Puis, souvenez-vous que le Saint-Esprit demeura avec Jésus pendant tout le temps que dura la tentation. Il le soutint au cours de l'action. Ainsi, nous pouvons toujours compter sur la présence permanente du Saint-Esprit en nous. Il ne nous quitte pas. S'il y a séparation, elle ressemblera à celle du jardin d’Éden. C'est nous qui nous en irons. Lui, ne nous quittera pas. C'est Adam qui chercha à se dissimuler derrière les arbres. Le Saint-Esprit, lui, resta.

               Il y a une quatrième remarque très importante à faire à propos des préparatifs du Saint-Esprit : c'est le lieu de la tentation, le Désert. Le désert de la Judée commence pour ainsi dire aux portes de Jérusalem pour s'étendre vers l'Est jusqu'à la Mer Morte. Que signifie le Désert ? Que veut dire cette Mer Morte ? Vous le savez. C'est la plus grande cicatrice du péché qui puisse se trouver sur la surface du globe. Des cités s'élevèrent dans la plaine, aussi belles et prospères qu'Eden, le jardin du Seigneur. Elles furent englouties, complètement balayées. Le sol même porte l'empreinte du jugement de leur péché. Arrêtez donc votre attention sur cette remarque : la Mer Morte et le désert qui la bordent. Toute cette partie désertique revêt comme le sceau du jugement de Dieu. La terre en garde l'empreinte ainsi qu'une plaie. 

                  Que ceux qui ne veulent pas croire à la Bible, à l'Ancien Testament, aillent visiter ces lieux et qu'ils les étudient du simple point de vue historique. La Mer Morte est un terrible témoignage de la sûre venue du jugement de Dieu sur le péché.
Or, c'est ce lieu-là qui fut mis à part pour être le théâtre de la tentation. Qui le choisit ? Satan ? Il s'en serait bien gardé. C'eût été le dernier endroit qu'il eût choisi ! Il n'aimait pas le Désert. Le lieu lui était trop familier et le gênait trop. Les empreintes qu'il y avait laissées ressemblaient trop à une malédiction, pour qu'il voulût y retourner de son propre gré. Non ! C'est le Saint-Esprit qui désira que le début de la Tentation eut lieu à l'endroit même où la cicatrice du péché était le plus profondément incrustée au sol. C'est là un acte de la plus savante stratégie.

                     Et cinquièmement, la longueur de temps. Une période de quarante jours fut arrêtée par le Saint‑Esprit. C'est-à-dire longtemps. L'épreuve devait être complète. Elle fut rude. Vous savez qu'une longue épreuve est plus pénible qu'une autre. Nous supportons assez vaillamment une courte épreuve, mais il en est peu qui, parmi nous, savent ce que c'est que la patience dans l'affliction. « Le fruit de l'Esprit, c'est... la patience. » (Galates 5 : 22). L'épreuve d'endurance, de patience, est la plus dure de toutes pour tout le monde. Notre sérénité peut ne pas se troubler pendant un temps, mais qui la conserve jusqu'au bout ? Une durée de quarante jours avait été jugée nécessaire par le Saint-Esprit. Quarante jours ! Ainsi, Satan eut le temps de déployer toute sa puissance. Ainsi, il put combiner toutes ses manoeuvres et sa défaite fut d'autant plus écrasante.

                      Permettez-moi d'ajouter une dernière réflexion de moindre valeur sur les préparatifs : les bêtes sauvages étaient présentes (Marc 1 : 13). De quelle importance cela peut-il être ? Devaient-elles apporter un secours à Jésus ou une difficulté de plus? Qu'en pensez-vous ? Cette allusion aux animaux sauvages sert à faire comprendre l'horreur de la situation pour l'homme Jésus. J'aimerais avoir ici, en cet instant, un groupe de missionnaires — des missionnaires de terres lointaines — pour leur rappeler, à eux en particulier, en même temps qu'à nous-mêmes, combien la confiance inébranlable en notre Père céleste nous donne une puissance spéciale sur toute la création inférieure. L'homme reçut tout pouvoir sur la création inférieure, et, en nous appuyant sur la victoire du Chef de la nouvelle race, le Seigneur Jésus, nous saurons regarder en face, avec calme et sérénité, quelque situation que ce soit, même celle que crée la présence de bêtes sauvages. Un abandon complet au Père donne à l'homme sa réelle puissance de domination.

                 La réponse de Jésus à la tentation, la voici : Il était « rempli de l'Esprit ». Ce qui revient à dire qu'Il avait soumis toute sa vie à la puissance de l'Esprit.

                    Autre réponse : obéissance pure et simple au Père. Feuilletez les Évangiles de Matthieu, de Marc et de Luc et vous serez de plus en plus convaincus que la force de notre Maître au Désert comme dans toute sa vie résidait dans sa complète obéissance, simple et joyeuse à la volonté de son Père, parce que c'était la volonté de son Père. Je m'explique. Il obéit, non pas parce que tel acte d'obéissance était conforme à sa volonté, mais parce que c'était la volonté de son Père. Il va de soi que son désir concordait toujours avec l'acte d'obéissance qui lui était demandé. Mais à supposer qu'Il fût obligé d'obéir à Son Père sans comprendre le pourquoi de ce qui lui était demandé, Il aurait aveuglément obéi. Il avait pleine et entière confiance en la Sagesse et en l'Amour de Son Père.

                    Et, en troisième lieu, Il se servit de la Parole de Dieu. A tort ou à raison, on a dit que les hommes ont entouré le vieux Livre de Dieu d'une adoration superstitieuse (je veux dire le livre de papier). Eh bien ! en vous rappelant qu'il faut se garder de cette erreur, j'ajouterai : nous ne nous en servirons jamais trop. C'est la Parole même de Dieu. Il ne s'agit pas d'un assemblage de feuilles imprimées, il s'agit ici d'une Personne qui, dans ces pages, nous parle de nos besoins et veut toucher nos cœurs. En marchant contre l''Adversaire, Jésus se servit de la Parole de Dieu. Et nous allons voir quels effets elle eut sur Satan.

La tentation en elle-même

                      Voici maintenant la tentation en elle-même. Elle dura quarante jours. Ce que nous en connaissons n'en est que le point culminant, les trois plus importants assauts. Mais l'épreuve s'étendit sur quarante jours, ainsi que Marc nous le dit très clairement. Vous pouvez facilement vous représenter toutes les machinations inventées par Satan, tous ses efforts de persuasion, suaves, tortueux, sournois au début de l'attaque. Et pendant quarante jours, elle ne cessa pas jusqu'à ce qu'elle ait atteint le degré d'intensité qui nous est rapporté.

                   Or, notre Seigneur fut réellement tenté. C'est-à-dire, (suivez-moi bien afin de saisir entièrement ma pensée), c'est-à-dire que, pour qu'il y ait vraiment tentation, il fallait qu'il existât une possibilité de céder à cette tentation. Il n'y a point de tentation là où il n'y a pas possibilité de chute. Théoriquement, Jésus ne pouvait pas céder à la tentation. Mais, en pratique, il lui était parfaitement possible d'y succomber. La question de céder se posa vraiment pour Lui. Il fut donc bien réellement tenté. Mais Il affirma Sa volonté et accepta d'être dépendant du Saint-Esprit. Il opposa une résistance soutenue au Tentateur. Il ne se plaça pas, devant la tentation, en Fils de Dieu, mais en homme, ne l'oubliez pas. Quand viendra, pour vous, l'heure de la tentation, souvenez-vous que votre Maître lui résista en tant qu'homme, de la même manière que nous devons résister à la nôtre et dans une même dépendance du Saint-Esprit, si nous le désirons.

                    La première tentation fut un appel à la chair. Comme en Éden, l'Ennemi tenta par le corps. C'est sa manière préférée : il se servit d'un désir tout à fait légitime de se rassasier. Le Maître était, sur ce point, vulnérable et l'Ennemi est toujours à l'affût du point vulnérable. Et comme, chez l'homme, le point fort est sujet de devenir à son tour son point faible, veillons sur nos points forts comme sur nos points faibles, et j'ajouterai, inspiré par l'expérience, surveillons tous les points que vise l'Ennemi.

                Satan dit à Jésus : « Si tu es le Fils de Dieu, disque ces pierres deviennent des pains. »

                      Il semble que cette autre tournure eût été préférable dans la bouche de Satan : « Puisque tu es... » « Si » paraît élever un doute sur la divinité de Jésus et exiger qu'Il la prouve. Mais ce que Satan demande au Seigneur c'est de faire usage de sa divinité pour se sortir de sa triste situation. La tentation n'était donc pas de prouver qu'Il était Dieu, mais d'employer la puissance divine pour aider sa nature d'homme. Satan insinuait : « Fils de Dieu, élève-toi au rang de Dieu. » Jésus lui répondit : « L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Sa réponse fut celle d'un homme. Cela me plaît. Notre Seigneur fut un homme, tenté comme nous, en toutes choses. Il sait de quoi nous sommes faits ; Il connaît tout ce qui concerne notre vie. Il viendra à nos côtés lorsque nous traverserons le désert et nous réconfortera par ses paroles. C'est ensemble que nous cheminerons.

                  Le second sentiment qu'éveille sa réponse est celui d'une confiance pleine et entière. Il se dit : « Si je meurs de faim, mon Père s'en préoccupera. Il se peut que je meure de faim. Je n'ai rien pris depuis quarante jours. Il n'y a autour de moi que des pierres. L'homme ne peut se nourrir de pierres. La mort va certainement s'abattre sur moi. Eh ! bien, je mourrai de faim, si telle est la volonté de mon Père. Je n'ai pas à m'en inquiéter. C'est à mon Père de veiller sur moi et sur mon état. L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Ce raisonnement de Jésus doit nous faire penser à nos propres forces physiques bien plus que certains ne l'ont encore compris.

                 Il n'y avait rien de mal en soi, dans cette requête de Satan. Notre Seigneur ne distribua-t-il pas Lui-même de la nourriture en bien plus grande quantité ? Si cette inspiration était venue du Père, il n'y aurait certes eu aucun mal à changer des pierres en pain. Le mal aurait résidé dans l'accomplissement d'une action quelconque, dont Satan aurait été l'instigateur. Et j'ajouterai qu'il est mal de faire même le bien sous l'instigation de Satan. Il est fréquent d'entendre cette remarque parmi ceux qui travaillent dans l’œuvre de Dieu : « C'est une très bonne chose à faire. » Oui, c'est une bonne chose si le Maître vous a demandé de la faire. Tout bien n'est pas bon à faire. Il faut posséder la certitude d'accomplir la volonté de Dieu en le faisant.

                    Remarquez maintenant l'effet de cette réponse sur Satan. Il n'insista pas. Il céda, pour ainsi dire. Ne pouvant plus rien, il y renonça. Mais il poursuivit ses embûches et passa à une autre forme de tentation.

                     Avez-vous fait l'expérience de cette insistance ? Si vous vous êtes déjà mesuré avec lui et qu'il ait eu le dessous, vous devez savoir qu'il se retire, mais qu'à la première occasion, il surgit à nouveau du coin obscur où il s'était tapi, pour frapper un autre de ses coups. S'il part, ce n'est que pour revenir. N'oubliez pas que la parole de Dieu est la seule arme qui puisse le chasser. C'est un fait : il a peur de ce Livre. Citez lui certains passages et le voilà réduit au silence.

Ne nous induis pas en tentation

                  Satan se saisit donc de la réponse de notre Seigneur pour tendre d'autres pièges. Jésus avait dit : Non pas de pain seulement, mais de confiance en Dieu. — Ah ! se dit le Malin, nous dirigerons l'attaque sur cette prétendue confiance en son Père. Jésus es religieux. Essayons de le tenter par la religion. Changeons de décors. Et les lieux désertiques sont abandonnés. Satan s'élève jusqu'au sommet du Temple Il choisit une ambiance religieuse.

                 Il m'arrive parfois de penser que la tentation la plus dure à combattre, c'est celle qui est pétrie de religion.

                 Le Tentateur dit cette fois : « Puisque Tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas. » C'est-à-dire : Aie confiance en Ton Père. Quel merveilleux exploit ! Montre au monde à quel point Tu te confies en Lui. Jette-toi en bas aux yeux de tous, et ils t'accepteront comme leur Messie. Que le monde se rende compte de la confiance que Tu témoignes à Ton Père. — Satan prêchant l'évangile de la confiance !

                 Cette tentation vous a-t-elle jamais effleuré ? Pour ma part, je la connais. Le désir de se confier en son Père ! Quels souvenirs cela éveille en nous ! .....

                Mais la réponse ne s'est pas fait attendre : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. » — Me jeter en bas ! Mais ce serait tenter l'amour de Dieu ! Dieu m'aime. Je ne chercherai pas à mettre son amour à l'épreuve. J'en garde l'assurance. Je ne mettrai pas en doute l'amour de mon Père, mais je marcherai dans la voie qu'Il m'indiquera.

                  La troisième tentation fut la dernière tentative de Satan. Il transporta Jésus sur une montagne très élevée et lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire. Ce fut une rapide vue panoramique. Un diorama, comme on dit aujourd'hui ! Ce n'était pas chose extraordinaire dans ce pays, puisque Moïse, de l'un des sommets environnants, put voir toute la terre de Canaan. Satan put donc offrir à Jésus-Christ un rapide coup d’œil sur le monde. Il crut l'enthousiasmer, lui faire perdre pied. Là est encore l'une de ses tactiques favorites.

                  Beaucoup ont eu à supporter la première tentation et ont réussi à l'écarter. De même, pour la seconde. Mais le spectacle enchanteur de la troisième les ont immédiatement fait chanceler. Je trouve qu'il est pathétique jusqu'aux larmes de découvrir la quantité de « leaders » au service de Dieu qui l'un après l'autre, se sont laissés éblouir par les promesses du monde et ont été mis de côté ensuite. Ce fut la tentation de Église au temps de Constantin et certains d'entre nous s'accorderont à dire que Église ne s'est jamais complètement libérée de cette tentation du IV° siècle !

                    Il y a là une épreuve réelle qui trouve toujours un écho dans l'homme. Car l'homme, ne l'oublions pas, avait reçu en partage la domination du monde. Elle lui revenait en propre. Et notre Seigneur Jésus était descendu pour lui restituer cette domination. C'est là qu'est tout le piège tendu par l'Usurpateur. On se demande peut-être, si Satan croyait vraiment que Jésus se courberait devant lui et l'adorerait. Et l'on répond : « Non, certainement, Satan ne devait pas y compter. » C'est vite dit. Mais plus on réfléchit, plu on se rend compte que la proposition revient à ceci , « Combinons quelque chose ensemble. Attache-Toi à moi. Dieu régnera naturellement sur le tout et Tu auras la domination du Monde qui T'appartient. Unissons-nous. » C'est là un de ses mots favoris. « Combinons. » C'est une tactique qui a fait perdre pied à plus d'un qui a écouté la voix du Tentateur.

                   Je me demande parfois si le nombre de chrétiens en vue, des leaders, qui ont sombré, n'est pas supérieur â celui de ceux qui sont restés debout et qui ont été capables de résister à l'éblouissant attrait du monde. Et combien ont pactisé avec Satan sous prétexte de gagner le monde.

                   Jésus répondit : « Retire-toi de moi. » Cette réponse me plait. « Va-t-en. » Ne lui demandez pas poliment de s'en aller ; donnez-lui-en l'ordre. Et ce qu'il y a de plus étonnant, c'est qu'il obéit.

              J'ajouterai en terminant : quelle était la pensée de Jésus en nous enseignant à dire, dans la prière qu'Il nous dicta : « Ne nous induis pas en tentation » ? Bien des personnes ont posé cette question : Dieu induirait-Il l'homme en tentation ?

                     Il existe trois ou quatre interprétations de cette parole et chacune a sa valeur. Mais je reviens toujours à cette explication. « Il vous est impossible de supporter seuls la tentation, nous dit le Maître. Seuls, elle vous vaincra. Je le sais. Fiez-vous à mon expérience. J'ai été soumis à cette épreuve pendant quarante jours. J'ai connu, comme nul autre, toute sa violence, sa subtilité, sa persistance. » Puis, Il ajoute : « Écoutez ce qui vous reste à faire. Je vous ai acquis la victoire. Priez donc : « Ne me laisse pas tomber dans la tentation, mais aide-moi à la combattre, aide-moi à vivre à l'ombre de ta victoire. »

                   Nous ne pouvons marcher seuls contre la tentation. Nous ne sommes pas de taille à nous mesurer avec Satan. Pas un seul d'entre nous ne le pourrait. Ce n'est qu'en se tenant bien près de notre Seigneur, à l'ombre de sa Croix, que nous pourrons obtenir la victoire. Souvenons-nous de ces paroles contenues dans l'Apocalypse 12 : 11 : « Ils l'ont vaincu par le sang de l'Agneau et par la parole à laquelle ils rendaient témoignage ; ils ont été jusqu'à sacrifier leur vie.

Que notre Seigneur nous aide à vivre dans la force de Sa victoire.

à suivre

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