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Traduit de l'anglais par Mlle Jeanne EBERHARD
NOUVELLE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS DE TOULOUSE — DIEULEFIT Drôme
TABLE DES MATIERES
Les bons livres sur Satan sont rares. La littérature religieuse de toute langue en est relativement pauvre. En français, à part certains volumes d'une théologie spéciale, nous serions bien en peine de nommer des oeuvres de pensée sûre et d'expression juste. Nous connaissons les « Discours sur le Tentateur » d'Adolphe Monod, quelques études de G. Tophel, et, ci et là, dans certains ouvrages sur la Puissance de Dieu et le Problème du Mal, des pages plus ou moins complètes pour un si vaste sujet.
Nous n'avons certes pas la prétention d'offrir au public religieux un recueil d'Entretiens qui épuiseraient la question. Nous avouons volontiers que S. Gordon est loin d'avoir, en la matière, les aperçus théologiques d'un saint Thomas d'Aquin. Le Docteur Angélique, en effet, a apporté aux questions que l'on se pose et se posera toujours : D'où vient Satan ? Qui donc l'a fait tomber ? Pourquoi Satan ? des réponses admirables par leur profondeur de pensée, sur lesquelles nous ne pouvons pas revenir ici. Sur les données de ces réponses, on le sait, toute une doctrine de la destinée humaine et chrétienne a été construite.
S. Gordon, prédicateur biblique et peu théologien, sans manquer de grandeur, s'il avait lu la Somme, aurait certainement plus d'envergure.
Adolphe Monod lui-même, dans ses discours, pose des problèmes essentiels qui échappent à notre auteur. Il est vrai que ce grand prédicateur ne leur donne aucune solution. Du moins, il les résout par la foi. Gordon, qui s'en tient à l'enseignement de la Bible et l'accepte tel qu'il est, aboutit au même résultat.
Et c'est là tout le charme profond de ce livre, déjà ressenti dans les autres oeuvres de S. Gordon qui ont été traduites : « Simples Entretiens sur la Puissance Spirituelle » et « Simples Entretiens sur la Prière ». Notre auteur est foncièrement biblique. A tout ce qu'il avance, il ajoute un texte. Non un texte détaché de l'ensemble scripturaire, mais apporté avec tout le respect dû aux principes de l'analogie de la foi.
De ce fait, ces Entretiens, sur un sujet si délicat, observent une mesure, une sagesse, une pondération, un équilibre parfait. D'autres livres sur le Tentateur insistaient tant sur la puissance de notre Ennemi et sur sa force que le lecteur les refermait avec effroi. Nous connaissons même des cas de troubles mentaux causés par une telle lecture. Au contraire, ici, tout est tonique et bienfaisant. Satan, sans doute, est montré comme « celui qui est fort », mais le Fils de Dieu est démontré le « plus fort ». A insister sur la victoire de Jésus, comme notre auteur le fait ; à expliquer comment et pourquoi le Maître l'a remportée pour nous ; à prouver que cette victoire est toujours à notre disposition, Gordon détourne de Satan les regards du lecteur et les reporte sur le Vainqueur. Tel est le secret de la valeur et de la beauté de ces Entretiens. L'Ennemi perd sa place dans nos préoccupations ; il n'est plus le premier. « Celui qui résume toute chose » devient le centre même de ces études.
Et cependant, le Tentateur, son histoire, son rôle, son sens, ses méthodes, ses ruses, sa force, ses limites, sa défaite, sont admirablement décrits. Que de conseils précieux nous sont donnés avec une incomparable perspicacité
Or, à l'heure que nous vivons, nous avons particulièrement besoin de ces conseils.
Un peu partout, nous entendons parler de chutes retentissantes de chrétiens marquants. D'autant plus retentissantes que ces chrétiens étaient marquants. Église en est honteuse et perplexe. Elle se prend parfois à douter. Elle se demande si Évangile détient vraiment cette puissance qu'il prétend posséder, ou du moins, si la force reçue par les enfants de Dieu n'est pas un leurre. Elle connaît des heures de défaite.
Nous croyons, nous, qu'à cet état de chose, deux causes profondes sont à affirmer. Notre piété moderne est trop sentimentale, charnelle, et pas assez spirituelle. Et puis, elle ignore trop, précisément, le Tentateur. Elle se croit forte de l'ignorer. Elle voit là une marque de sagesse et de libération de préjugés passés. Politique d'autruche qui cache sa tête dans le sable pour ne plus voir son ennemi devant elle. Or, l'Ennemi le sait et en profite. Que de frères en la foi, s'ils avaient été mieux avertis, ne seraient pas tombés. Mieux armés, ils eussent été vainqueurs. Ignorants du vrai sens de la tentation et de ses pièges, ils ont été vaincus.
Ces « Entretiens » viennent à leur heure, croyons-nous. Ils n'ont rien d'effroyable. Toujours calmes, empreints de paix et de sérénité vraies, puisées en Jésus, le Vainqueur, ils n'inquiètent personne. Au contraire, ils peuvent être mis entre les mains de chrétiens jeunes en la foi, débutants ou hésitants sur le chemin du « bon combat ».
// nous faut remercier la traductrice de l'effort qu'elle a fait pour rendre simple son expression et claire sa traduction. Celle-ci n'a rien de théologique. Le livre anglais a été, aussi, abrégé, car certaines répétitions sont moins utiles au lecteur qu'à l'auditeur d'un message.
Nous avons nous-mêmes revu les épreuves avec soin et travaillé, dans la mesure de nos moyens, à la netteté du style et de la pensée. Nous avons retiré de ce travail le plus grand bien spirituel. C'est pourquoi nous recommandons ce livre.
Que Dieu bénisse, pour beaucoup d'âmes, cette lecture.
Henri Eberhard, Pasteur.
INTRODUCTION
Ces simples entretiens sur le Tentateur sont, au fond, des entretiens sur la vie de l'Esprit. De ce fait, la place prédominante y est réservée au Seigneur Jésus, le Vainqueur; au Calvaire, lieu de la Victoire ; à l'Obéissance, chemin de la Victoire ; à l'étude de la Bible, à la Prière, les armes de la Victoire ; et au Courage — foi dans le combat — esprit de la Victoire.
Ce sont d'humbles entretiens, d'une grande simplicité, qui vont droit au but. Les répétitions qui s'y trouvent sont voulues. Elles sont le propre de la conversation (1).
Ces discours furent prononcés devant des foules à qui le tourbillon du monde faisait perdre l'équilibre de la vie spirituelle. Pour répondre au désir de beaucoup d'auditeurs, ils ont été imprimés tels quels ou à peu près, dans le dessein d'aider et d'encourager ceux qui luttent et de les conduire plus rapidement et plus sûrement à la victoire.
(1) Nous en avons toutefois supprimé plusieurs. L'esprit français n'aime guère, en effet, les répétitions. Nous avons gardé celles qui apportaient avec elles quelques idées nouvelles. (N. du traducteur).
Ils ne sont ni pour le savant ni pour le critique, à moins que ceux-ci ne consentent à s'abaisser jusqu'à leurs frères qui, sur le chemin de la vie, cherchent humblement à être éclairés. Si, par la grâce du Maître, ces entretiens pouvaient relever ceux qui sombrent dans la lutte, et leur permettre dorénavant de combattre mieux armés, de chanter plus joyeusement, de suivre Jésus plus fidèlement ; s'ils orientaient, ne serait-ce qu'un petit nombre de vies, vers plus de pureté, plus de compréhension, plus de consécration dans le service, plus de vigilance, plus d'esprit de prière, ils auraient accompli l'oeuvre pour laquelle ils ont été écrits, à la gloire de notre souverain Maître et Sauveur, Jésus-Christ.
Elle emprunte les chemins de Dieu
Nous connaissons tous la tentation. Tout homme qui respire est tenté. Ce corps, dans lequel il habite, lui est une cause de tentation. Ce cerveau même, avec lequel il pense, peut lui dresser des embûches. C'est une tentation pour un tempérament sociable que d'accorder trop d'importance aux humains, ses frères. C'est une tentation que l'ambition, même légitime, de jouer un rôle dans la vie, de lutter avec ses propres moyens et — dans un bon sentiment — de remporter des victoires personnelles.
Car la tentation ne s'égare pas. Elle suit les voies naturelles de la vie. Satan chemine sur les sentiers de Dieu. Il n'en crée jamais de particuliers. Il se sert de ceux que Dieu a tracés. Rien n'est mauvais en soi. Mais tout peut devenir condamnable. Le péché réside dans le mauvais motif d'une action ou dans le mauvais mobile qui l'inspire. Il se trouve dans tout excès, dans toute exagération.
La parole est un don de Dieu. Mais le désir de tromper par elle et de faire usage de sa langue pour dire ce qui n'est pas vrai vient du malin. L'action d'ouvrir un tiroir, d'y plonger la main pour en sortir de l'argent peut être bonne ou mauvaise. Tout dépend de la main qui pénètre dans ce tiroir et du mobile qui la meut.
Cet acte peut devenir la manifestation de ces deux extrêmes : le bien ou le mal.
Si ce tiroir et son contenu sont à moi, et que dans un esprit de prière je me saisisse de l'argent pour le faire servir à répandre Évangile dans les pays païens, l'acte est non seulement bon, mais louable. Car les païens ont besoin de l'Évangile et l'argent donné peut ainsi, par la grâce du Saint-Esprit, être transformé en moyen d'amener une âme au salut. Si, au contraire, ni le tiroir, ni l'argent ne sont à moi, l'acte est alors condamnable et par la justice des hommes et par la justice de Dieu. C'est tout à la fois crime et péché.
Si le tiroir est à moi ainsi que l'argent qu'il contient (autant qu'il m'est possible de le déclarer) et que je m'en serve pour satisfaire mes goûts de luxe, je commets un péché et non un crime. C'est le péché d'égoïsme. Il n'en est pas de plus grave ni de plus commun. C'est un détournement, pour des jouissances personnelles, de biens que Dieu m'avait confiés pour être employés à la divulgation de son Évangile parmi ceux qui ne le connaissent pas encore. Car c'est ici la seule préoccupation qui devrait nous guider dans la gestion de nos biens. J'ai donc commis exactement un abus de confiance.
Il en va de même dans tous les actes de la vie. Le motif ou l'intention les rendent bons ou mauvais. Le même acte peut être saint ou diaboliquement égoïste.
Satan hardiment ou sournoisement s'approprie tout pour son usage et pour accomplir ses desseins. Ses longs doigts s'emparent de tout ; ils ne respectent rien. Il détourne de leur but véritable pour servir à ses fins les occupations les plus pures, les passe-temps les plus innocents. C'est parce que nous sommes sur la terre où le péché règne, où les choses sont ce qu'elles sont, que nous sommes tentés et que nous serons toujours tentés, jusqu'à notre dernier souffle. Le démon le sait. Sans se lasser, usant de ruse et de perfidie, il tend ses pièges.
Comment marcher à la rencontre de la tentation
Il est navrant de constater avec quelle facilité certains succombent à la tentation sans lui offrir la moindre résistance. Mollement couchés sur le sol, ils s'endorment et se laissent piétiner — comment dirai-je? —comme un chien ! et j'ajoute : comme un chien mort, car quel est le chien vivant qui le tolérerait ? Un homme, c'est tout différent !
D'autres jouent avec la tentation. Leur conscience, bien que rouillée par le manque d'exercice, n'est pas morte. Ils feignent un semblant de résistance et satisfaits d'avoir ainsi calmé les reproches intérieurs, ils se couchent et se laissent aussi fouler aux pieds.
D'autres encore luttent contre la tentation. Ils la pressentent et lui résistent. « Veillez et priez », c'est leur mot d'ordre. Veiller, c'est la part de l'homme; prier, c'est la part de Dieu. Le veilleur, dans sa tour, est fidèle au poste ; il a découvert que Satan et ses aides ne sommeillent jamais. Aussi raffermit-il sa volonté, assouplit-il ses genoux pour la lutte. Il se dit : même si je bronche, je tiendrai jusqu'au bout, face à l'ennemi, les armes à la main. La lame de mon épée se romprait-elle, que je frapperais du fourreau. Je ne reculerai pas d'un pouce. Tel est l'esprit qui l'anime.
Dans une importante aciérie, un Écossais d'une force herculéenne était réputé, parmi ses camarades, pour son coup de marteau. Presque tous les ouvriers de sa partie étaient de grands buveurs, et lui ne faisait pas exception à la règle. Un changement survint. Il se convertit. Désormais, lorsque ses camarades le pressaient de boire, il refusait. « Plus jamais je ne toucherai à la boisson, leur disait-il, d'un ton calme et décidé, car il est écrit qu'aucun buveur n'héritera la vie éternelle. » Ils le narguaient et lui disaient :
« Tu verras quand la grosse chaleur sera revenue ! Nous t'attendons au mois de juillet... et nous verrons, quand ton palais sera desséché comme une sablonnière, si tu résisteras longtemps. »
Les grosses chaleurs survinrent. Le lourd marteau frappait avec la même ardeur et du même mouvement lent et cadencé. La sueur inondait le corps de l'homme et pourtant la tentation ne semblait avoir aucune prise sur lui — elle avait fuit.
Le surveillant de l'usine, étonné du changement survenu chez cet ouvrier, le questionna :
« Vous buviez beaucoup autrefois. Cela ne vous manque-t-il pas ?
Oh si ! répondit l'homme.
Alors, comment pouvez-vous résister ?
Eh bien, voilà, je procède ainsi. Quelle heure est-il en ce moment ? — dix heures ?
Exactement !
Exactement !
Nous sommes le 20 du mois. De sept heures à huit heures, j'ai demandé au Seigneur de m'aider. Il a exaucé ma prière et j'ai mis un point contre le 20 du calendrier. De huit à neuf, Il m'a de nouveau gardé de la tentation et j'ai ajouté un autre point. De 9 à 10, il en a été de même. Et en faisant ce point, je Lui rends grâce. Et chaque fois, je prie. « O Seigneur, aide-moi, aide-moi à repousser la tentation pendant l'heure qui vient. »
Voilà dans quel esprit il faut combattre. Quelle que soit la tentation, ce n'est que par une lutte acharnée et incessante qu'on lui résiste avec succès.
Du point faible de la tentation
J'aimerais maintenant attirer votre attention de façon toute particulière sur ceci : la tentation n'a aucune puissance par elle-même. Il lui faut l'aide de l'homme qui est tenté. Rien n'est plus faible, plus ridiculement faible, qu'une tentation. Elle ne peut rien faire, absolument rien, sans le consentement de l'homme tenté. Elle peut séduire, elle peut chanter des airs ensorceleurs, elle peut créer une atmosphère irrespirable autour de nous, mais elle ne peut s'infiltrer dans la vie d'un homme sans qu'il y ait consenti. Tant qu'elle n'a pas pénétré à l'intérieur, son impuissance est comparable à celle d'un petit enfant.
La vie d'un homme ne s'ouvre que par un seul bouton de porte. Ce bouton se trouve à l'intérieur. Et c'est avec le plus grand respect que nous ajouterons : Dieu ne rentrera pas sans notre joyeux consentement. Dieu ne forcera jamais notre porte. Il ne rentre que sur notre libre permission. Et remarquez-le bien, Satan ne peut pas entrer non plus sans la volonté consentante de l'homme. Que celui qui est tenté souligne à gros traits cette affirmation afin qu'elle ressorte clairement et nettement. Ensuite, il pourra souligner à nouveau et de manière plus évidente encore cette autre affirmation dans le livre de son expérience : il faut être deux pour qu'une tentation ait chance de succès et il est l'un de ces deux. Sans notre autorisation, la tentation est infailliblement condamnée à l'insuccès, elle devra se retirer, totalement défaite, et démoralisée.
Un jeune homme de dix-sept ans narrait l'une de ses expériences à un ami plus âgé. C'était l'apprenti d'un menuisier. Celui-ci l'avait envoyé prendre les mesures d'un nouveau comptoir chez un cafetier. Le froid était vif et son paletot bien mince. Il arriva claquant des dents. Le cabaretier lui prépara un grog chaud qu'il lui présenta.
« Tiens, dit-il, avale-moi ça et ton tremblement ne tardera pas à cesser. Bois vite, c'est moi qui te le paie. » - « C'était vraiment un bon mouvement de sa part. Il était loin de penser à mal », ajouta le garçon, en racontant l'histoire. « Cette considération rendait mon refus moins facile et le geste de repousser la boisson plus pénible. »
« La lutte a dû être fameuse ! dit l'ami. Ce cafetier aurait pu vous induire en tentation et vous faire faire le premier pas sur le chemin de la ruine !
— Oh ! répondit franchement le jeune homme, je préférais celle-ci à une autre. Car après tout, il faut l'accord de deux volontés pour qu'une tentation l'emporte. Ni temps froid ni cafetier ne peuvent me pousser à boire. La tentation dont j'ai peur est celle qui me trouvera désarmé par le désir ardent que j'aurai de lui céder. Et si j'avais absorbé ce breuvage, je ne m'en serais certes pas pris au cafetier ! Pour qu'une tentation ait quelque chance de succès, il faut être deux parties consentantes. »
Par elle-même la tentation est donc totalement impuissante. L'homme qui cède est naturellement vaincu dès le début. Toute chance de victoire s'éloigne sans que le moindre combat digne de ce nom ait été esquissé. Si un homme s'amuse avec la tentation, ce qui est souvent le cas, s'il badine et plaisante avec elle, s'il joue avec le feu en y jetant des fétus de paille sèche, comme tant le font, lui aussi, à son tour, se brûle. Sa défaite est certaine. Il donne toutes les chances de la victoire à son assaillant sans même lui avoir opposé une lutte honorable. Que l'homme accepte le combat, qu'il ait vraiment pris la décision de lutter, et il gagnera. Car un tel homme se saisira de toutes les possibilités de secours à sa portée. Or, il en est Un qui est là tout proche, qui connaît tout ce qui concerne la tentation, les tentations de toutes sortes, qui a Lui-même été tenté et qui est toujours prêt à donner son appui.
Un homme peut se sentir faible et la tentation lui paraîtra bien subtile et bien forte. Elle peut fondre sur lui avec la violence d'une tempête balayant la vallée. Ou bien, elle peut s'avancer sournoisement avec la ruse du serpent glissant à travers les hautes herbes pour mordre au moment où l'on s'y attend le moins. Mais cet homme dit : « Je veux rester dans le bon chemin. Je veux être bon, foncièrement bon. Mon désir est d'être pur, oui, pur, envers et contre tous ». Et le voilà qui concentre toutes les facultés de sa volonté, qui s'appuie de toute la force de son âme sur l'Aide qui demeure à ses côtés, et il lutte. Celui-là, triomphe. Toute tentation ainsi traitée et combattue est déjà refoulée.
Comment remporter la victoire
Voulez-vous faire cette remarque et la faire de façon à en être profondément pénétré : il doit y avoir deux facteurs de victoire du côté du gagnant du combat. Sa volonté opiniâtre et, à ses côtés, l'Homme qui fut tenté en toutes choses, tout comme nous, mais qui n'a jamais failli et qui ne faillira jamais. Mettez bien ceci en relief : l'un ne peut se passer de l'autre.
Il faut une détermination inébranlable de ne pas céder. Avec le plus profond respect, nous disons que le Seigneur Jésus seul, sans notre volonté, ne peut suffire. Il agit par la volonté de l'homme. Il oeuvre avec nous. Ce n'est qu'avec notre collaboration qu'il peut travailler. Il fortifie la volonté. Cette volonté peut être faible. Elle peut n'être plus qu'un reste de volonté, décimée, brisée, amoindrie par notre faiblesse à l'égard du péché. Mais qu'il vous en souvienne : si petite qu'elle soit, elle n'est jamais quantité négligeable. Tant qu'il y a manifestation de vie, il y a pouvoir de choisir. Toute faible qu'elle soit, cette volonté a capacité d'option. Et notre Seigneur Jésus, le Vainqueur de la tentation, l'aidera à agir et à bien agir quelle que soit la difficulté. Et quand le choix est fait, Jésus aide.
Il accordera une nouvelle vie et de nouvelles forces au moment même où la résolution sera prise. C'est ainsi que petit à petit, lentement peut-être, mais immanquablement, ces forces nouvelles pénètreront la volonté. C'est donc avec notre choix de résister au mal et de faire le bien, que notre victorieux Ami insuffle des forces nouvelles et donne l'inestimable avantage de sa Victoire et de sa Présence. Mais notre volonté seule n'est pas suffisante. Que ceci soit absolument compris. Un homme peut avoir le front bombé, le poing redoutable, une mâchoire proéminente ; en d'autres termes posséder tous les signes extérieurs d'une volonté forte et indomptable ; malgré la sûreté avec laquelle il pourra marcher seul, il trébuchera et sera précipité à terre. Il s'y traînera lamentablement et portera visiblement les signes de sa chute jusqu'à la fin de sa vie.
Il se peut que la chute tarde à venir et que de ce fait, il se fasse des illusions qui accroîtront sa confiance en lui-même ; infailliblement, la chute sera le lot de celui qui va seul. « Aller seul » c'est fatalement tomber avant d'avoir touché le but. Et plus la chute sera retardée, plus grave et plus douloureuse elle sera quand elle surviendra. Il faut de la volonté mais il faut davantage. Il faut aussi un Sauveur, un Ami, un Appui. Non pas l'un ou l'autre, mais l'un et l'autre. Une volonté et un Sauveur. Une volonté rendue forte et soutenue par un Sauveur. Un Sauveur tenté en tous points, qui peut donc sympathiser. Vainqueur en toute chose, il peut aider avec efficacité. Et c'est Celui-là même qui agit à travers notre volonté.
Si nous refusions à ce merveilleux Vainqueur du Désert et du Calvaire l'aide qu'Il nous offre, il y aurait dans nos vies un Waterloo. Les Français ne parlent jamais de leur Waterloo. Ils feignent ne pas entendre quand la conversation tombe sur ce sujet. Waterloo a été omis sur le fameux monument de Napoléon à Paris. Il y eut certainement un « blanc » fort commode dans la mémoire du sculpteur. La bataille la plus décisive fut oubliée.
Si vous ne permettez à ce Sauveur qui fut humain et divin tout à la fois, de se tenir à vos côtés et de vous aider, il y aura un Waterloo dans votre vie.
Toute tentation peut être changée en victoire. C'est un signal pour faire flotter le drapeau de notre Vainqueur. C'est une occasion nouvelle de faire savoir au Tentateur qu'il est défait. C'est le moment d'entonner un chant de triomphe. Écoutez, écoutez bien : Une volonté est au-dedans de nous et un Ami la soutient. Une victoire est à venir dont le drapeau est déjà hissé. Que des chants d'allégresse retentissent !
« Reste ferme dans ta foi, ô mon coeur Une couronne est pour qui persévère. Quand déferlent les vagues en fureur, Reste ferme dans ta foi, lutte et espère
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Reste ferme ! Les larmes tariront.
L'espoir, vainqueur, naîtra de ta poussière ; Les sombres jours d'orage finiront.
La Croix triomphera au ciel du Père.
**
Tiens ferme, mon coeur, jusqu'à la fin, tiens bon ! » (1)
(1) Schmolke.
à suivre
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