samedi 7 mai 2016

(2) La loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ T.A. Sparks

Chapitre second

ABEL ET LA LOI DE LA VIE

Au bout de quelque temps, Caïn fit à l’Éternel une offrande des fruits de la terre; et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L’Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande; mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu. Et l’Éternel dit à Caïn: Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? ...  Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. L’Éternel dit à Caïn: Où est ton frère Abel? Il répondit: Je ne sais pas; suis-je le gardien de mon frère? Et Dieu dit: Qu’as-tu fait? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi.  (Genèse 4:3-6, 8-10)

                    "Ne soyons pas comme Caïn, qui était du Malin et qui tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il ? Parce que ses œuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes..." (1 Jean 3:12)

Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté? Ils ont tué ceux qui annonçaient d’avance la venue du Juste, que vous avez livré maintenant, et dont vous avez été les meurtriers.  (Actes 7:52)
Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. (Jean 4:23)


La loi de l'Esprit de vie  m'a affranchi, en Jésus-Christ, de la loi du péché e de la mort (Romains 8:2)
 
                     Dans notre méditation précédente, nous avons été amenés à tenir compte des sept expressions de la loi de la vie. Nous avons dit que le Seigneur Jésus est comme le prisme de la vie, dans lequel et par lequel la vie se brise en ses composés, dans lequel nous pouvons voir l'action de la vie. Et cependant, à mesure que nous la contemplons, l'image change, et c'est celle d'un chandelier ou d'un candélabre à sept branches qui entre en vue. Et nos le voyons avec une racine et un tronc central duquel sortent, des deux côtés, les six branches qui en sont une partie. Dans notre méditation précédente sur la loi de l'Esprit de vie, présentée avant tout en Adam, nous avons la racine et le tronc central, qui comprend toutes les branches, duquel toutes croissent et rayonnent, et auquel toutes reviennent. Car le commencement des choses embrasse tout. Et nous verrons à meure que nous avancerons, que chacun de ces autres aspects de la loi de la vie n'est qu'un rameau ou un résultat de ce qui se trouve contenu et embrasé en Adam.

                     Nous disons cela à cause de l'unité de tout, de l'unité des parties. Cette unité est une chose très remarquable et très merveilleuse. Combien cette question de la vie est tout d'une pièce ! L'on n'y trouve réellement jamais rien qui ne soit que fragmentaire, détaché ou sans relation. L'on ne peut jamais traiter l'un de ses aspects comme s'il était une fin en soi. Une chose conduit à une autre, et cette dernière nous ramène à la précédente, de sorte que, tout le temps, on ne s'occupe que de la même chose, qui cependant, se développe. Cela peut n'être pas très clair ni très compréhensible maintenant, mais à mesure que nous avancerons, nous comprendrons ce que nous voulons exprimer.

Ce que représentent Abel et Caïn

                   Nous arrivons à la seconde expression de la loi de la vie en Christ, que nous trouvons dans la seconde des sept personnes représentatives de l'Ancien Testament, ou du livre de la Genèse, et nous sommes à présent avec Caïn et Abel. Nous trouvons ici la loi ou le principe de la vie se manifester par un contraste et un conflit. Là où est la vie -- et on comprendra que nous ne parlons pas ici de la vie humaine, mais de la vie divine -- là où est cette vie, l'antagonisme viendra immédiatement à la lumière. Il en est toujours ainsi et l'on ne saurait éviter le conflit ou le supprimer qu'au détriment de la vie. Dès que la vie de Dieu se trouve quelque part, un antagonisme s'y manifeste. Le conflit commence.

                    Nous trouvons donc ici cette vie ; et nous parlons maintenant dans le domaine  du symbole. La vie se trouva dans la ligne que prit Abel, et la mort dans celle que prit Caïn. Il nous faut maintenant chercher la différence. Quelle est-elle ? Considérons Caïn très soigneusement.

                   Nous pouvons être superficiels au sujet de Caïn et en arriver à des conclusions qui, tout en pouvant être fondées et vraies, seraient cependant inadéquates. Soyons tout à fait justes à l'égard de Caïn. Caïn n'ignorait pas Dieu. Il n'est pas non plus quelqu'un qui soit opposé à Dieu extérieurement. Caïn reconnaît Dieu. Il Le reconnaît comme l'Objet de l'adoration et du culte. Caïn apporte à Dieu comme acte d'adoration, ce qu'il connaît de meilleur et ce qu'il a de meilleur, mais non ce qu'il aurait pu connaître comme étant le meilleur. Dans son domaine, ce que Caïn apporte est bon et précieux. A moins de reconnaître cela, et de l'exprimer ainsi, nous n'arriverons pas à comprendre la différence qui existe entre la mort et la vie. Il ne sert à rien de dépeindre tout en noir ou en couleurs sombres ce que nous appellerions le chemin de la mort, ou de penser au chemin de la mort comme étant nécessairement marqué par les outrages les plus atroces faits à Dieu. Il ne nous faut pas supposer que, pour être dans le chemin de la mort, il soit nécessaire d’être ouvertement et positivement un antagoniste de Dieu, ou d'ignorer Dieu, ou de refuser à Dieu une reconnaissance pratique. Il n'est pas nécessaire de faire ces choses pour être sur le chemin de la mort. Le chemin de la mort est quelque chose de plus profond que cela, de beaucoup plus profond que cela, et nous verrons combien c'est vrai, à mesure que nous avancerons.

                    Oui, c'est le fruit de sa vie naturelle qu'apporte Caïn, et c'est là toute la portée de son acte. Lorsque nous avons dit cela si nous le comprenons, nous nous sommes approchés du cœur de la situation.

                    En ce qui concerne Abel, son attitude nous dit qu'il nous faut mourir pour vivre. Nous n'avons, en nous-mêmes, rien à offrir à Dieu, rien qui puisse Lui être agréable. Nous n'avons qu'une vie qui doit être répudiée. Abel reconnait le péché, et il voit que l'âme pécheresse dot être livrée à la mort. Elle ne peut être offerte à Dieu, ni elle, ni ses œuvres, ni ses fruits. Nous le voyons du côté de Caïn, l'âme cherche à être acceptée, sur la base de ce qu'elle croit avoir de bon en elle-même. Du côté d'Abel, l'âme cherce à mourir à elle-même.

Jésus-Christ et les Juifs

                    Maintenant, nous reportons immédiatement cela à Jésus-Christ  et aux Juifs. Nous remarquons qu'il est parlé des Juifs, dans l’Évangile de Jean, dans des termes exactement pareils à ceux qui avaient été employés pour Caïn -- une chose terrible. Mais le point que nous devons saisir nous et tout le peuple de Dieu, c'est que ce ne sont pas nécessairement ceux que nous appelons des impies qui sont représentés par Caïn, tandis que les hommes pieux, dans le sens le plus vrai du terme seraient représentés par Abel. Nous trouvons ici une sphère beaucoup restreinte que cela.Il y a un Israël selon la chair et un Israël selon l'Esprit

                  Nous nous approchons donc de Christ et des Juifs de Son jour. Les Juifs adoraient et ils tuaient en même temps, une combinaison terrible. Leur culte qui, dans son domaine était très fervent, et précieux en un sens, n'était cependant que quelque chose d'extérieur. Il n'est pas nécessaire de rappeler à notre souvenir certaines paroles qui sortirent des lèvres du Seigneur à cet égard. -- "Vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat" ,-- "ils élargissent leurs phylactères" ; -- "vous faites de longues prières" ; --" ils prenaient plaisir "à montrer aux hommes qu'ils jeûnent " , et ainsi de suite. Tout était extérieur. Leur culte servait à leur propre gloire et à leurs propres œuvres. Lorsqu'ils adoraient, ils attiraient l'attention sur eux-mêmes, et faisaient ainsi de leur culte une occasion de glorification personnelle. Tout était question de formes, qu'ils observaient peut-être très sincèrement, mais par lesquelles néanmoins ils cherchaient à tirer profit pour eux-mêmes. Leur culte tournait tout le temps sur eux-mêmes, et n'était pas réellement rendu à Dieu. Il servait à leur propre faveur et à leur bien personnel. Il n'avait pas comme objet le cœur de Dieu. La satisfaction de Dieu n’était pas leur seule et unique considération.

                     Regardons maintenant le Seigneur Jésus, qui est toujours en opposition avec les Juifs, comme eux le sont à Son égard. L'opposition existe, non pas dans les choses extérieures, mais bien plus profondément. Il adore, mais Il adore par une vie entièrement consacrée. Plus que cela encore. Il adore par une vie gouvernée par la nature même de Dieu. Par cela, je veux dire que la nature de Dieu est ce qui caractérise Son culte. Dieu est saint, Dieu est juste, Dieu est sans aucun mélange. Il est pur. Dieu est lumière. En Lui il n'y a point de ténèbres, aucun soupçon ni aucune suggestion d'obscurité, de nuage, de manque de transparence. C'est ce qu'était Dieu, c'est ce qu'est Dieu qui gouverne le culte du Seigneur Jésus. C'est-à-dire, Il a vu qu'il n'était pas possible d'adorer Dieu en vérité, à moins de reconnaître ce qu'est Dieu, et d'abandonner pour toujours tout ce qui n'est pas semblable à Dieu. L'on ne peut s'approcher de Dieu pour L'adorer, en apportant quelque chose d'étranger à Dieu, quelque chose de contraire à Dieu. Il faut adorer Dieu en vérité.

                    Il y a tant de choses fausses, tant de mensonges, tant de contradiction, tant de choses trompeuses, et non réelles et apparentes, dans notre nature humaine. Il faut nous séparer de tout cela pour être un vrai adorateur, et reconnaître que l'on ne peut pas jouer avec Dieu, l'on ne peut pas tromper Dieu, l'on ne peut pas être en communion avec Dieu tant que tout cela est encore en nous. Il nous faut être entièrement gouverné par la conscience de ce qu'est Dieu. Agir autrement serait comme entrer en la présence d'une personne extrêmement sensible, et dire ou faire en sa présence des choses qui seraient une agonie pour sa sensibilité. Si vous êtes un musicien une personne musicienne, -- je ne veux pas dire si vous faites de la musique ! -- si vous êtes une personne musicienne, si vous avez un sens raffiné et élevé de la musique, et que quelqu'un vienne en votre présence taper et tirer des dissonances vous savez quelle agonie sera la vôtre ! Vous passeriez du chaud au froid ! Si vous connaissiez quelqu'un qui aime ardemment la vraie musique, tandis que vous-même ne seriez pas spécialement un musicien, ce serait, si vous aviez du bon sens, la dernière chose à faire que de vous mettre à jouer en sa présence. Je me souviens d'un homme qui jouait assez bien du violon, et qui alla un jour écouter un artiste, qui, lui, jouait très bien de cet instrument. Il vint à moi ensuite et me dit -- je vais mettre mon violon sous mes pieds : je ne jouerai plus jamais ! Si cet artiste m'avait entendu jouer, il serait devenu fou de douleur ! Vous voyez où je veux en venir. Le point est que le Seigneur Jésus était en harmonie avec Dieu, et ce qui Le gouvernait était la nature de Dieu. Que demande Dieu d'un adorateur ? Est-ce qu'Il désire certaines formes ? Le culte que le Seigneur Jésus apportait à Dieu était celui d'une vie livrée en témoignage contre le péché. Souvenons-nous de cela ! La mort du Seigneur Jésus a plusieurs aspects différents, mais celui-ci en est un très vital. C'est le don de Sa vie en témoignage contre le péché.

                     Il était impossible qu'il y ait une communion avec Dieu tant qu'il y avait le péché, et il y avait le péché. Qu’allons-nous faire à l’égard du péché ? Nous ne pouvons pas purifier le péché. Il doit mourir. Or, puisque le péché n'est pas une chose abstraite, mais que c'est l'homme qui est devenu péché, -- pour changer cette nature humaine dont on ne peut ni arracher, ni extirper quelque chose appelé péché, il nous faut une autre nature dans laquelle il n'y a point de péché. Qu’est-ce qu'il nous arrive alors ? Le péché ne sera pas arraché, c'est nous qui devons mourir pour que Christ prenne notre place. "J'ai été crucifié avec Christ, ce n’est plus moi qui vit... c'est Christ " . Oui, le culte du Seigneur Jésus, ce fut une vie donnée en témoignage contre le péché.

                    Nous voyons l'effet de cela en Abel. Sans doute, Abel n'a pas donné sa vie. C'est en cela que le symbole est imparfait, mais le principe est le même. La mort d'Abel a été un témoignage contre le péché --"La voix du sang de ton frère crie..."

                  Nous voyons maintenant ce conflit, et il est parfaitement clair. Il y a une ligne de mort avec Caïn, qui est pleine d'adoration, pleine de la conscience de Dieu, pleine de dons offerts à Dieu,pleine de choses splendides dans leur propre domaine, -- et il y a la ligne de vie d'Abel. Cette dernière se manifeste par une offrande, non pas de choses, mais de son moi et cela sur un autel. Il faut que la créature meure.

La sphère du conflit

a) La lutte se poursuit entre deux Royaumes.

                  Nous pouvons, à présent, arriver très vite à notre point. Ce conflit existe entre deux royaumes. Il se livre premièrement dans le royaume où se trouve ce qui est de Dieu et ce qui est de Satan. Nous connaissons tout cela. C'est le royaume le plus simple et le plus évident de l'opération de cet antagonisme. Je veux dire, c'est le royaume où tout enfant de Dieu né de nouveau se trouve, dès qu'il a reçu cette vie. Nous savons tous, lorsque nous devenons des enfants de Dieu et que nous sommes remplis de sa joie, que, en retournant à notre travail ou dans notre sphère de vie de ce monde, où nous aimerions que tous soient heureux et répondent à notre expérience nous trouverons au contraire, et avant même d'avoir dit un seul mot, des regards méfiants jetés dans notre direction et une atmosphère lourde de quelque chose. Nous n'avons pas besoin de dire un seul mot. C'est là. Le plus souvent, la présence d'un enfant de Dieu dans le monde provoque dans son atmosphère même un antagonisme, un conflit, et cela sans qu'un seul mot soit prononcé. Ce n'est pas de l'imagination, c'est réel. Et plus la vie de l'âme est forte de l'autre côté, plus sera rapide le discernement de ce qui se passe en nous, plus rapidement l'on en arrivera à comprendre qu'il y a en nous quelque chose d'autre, et plus définitif aussi sera l'antagonisme. Je veux dire que ceux qui sont simples et sans ruse, tandis qu'ils ne peuvent pas nous comprendre et ne peuvent pas s'entendre avec nous , n'éprouveront certainement pas ces sentiments d'antagonisme qui paraîtront dans ceux qui ont une forte vie dans l'âme. Nous connaissons ce royaume extérieur, où l’antagonisme devient manifeste entre ce qui est de Satan et ce qui est de Dieu. Nous n'avons pas besoin de développer car nous le connaissons si bien.

b) L'homme lui-même est le champ de bataille réel.

                    Mais il y a cet autre royaume intérieur, où le conflit s'élève entre ce qui est de Dieu et ce qui est du "moi". Le fait, c'est que le royaume, le réel royaume de la lutte, c'est l'homme lui-même. C'est là que la bataille fait rage le plus sévèrement. La plupart d'entre nous, nous en arrivons assez rapidement à reconnaître la différence, dans le domaine extérieur où le conflit s'élève entre nous et ceux qui ne sont pas à Dieu, et nous l'acceptons.  Mais lorsque ce conflit est intérieur, il est beaucoup plus difficile d'en triompher. Lorsqu'il s'élève en nous, il est très difficile de l'accepter, parce que nous ne le comprenons pas. Nous trouvons le conflit en nous, et ce conflit a été provoqué par la présence même de la vie en nous. C'est l'effet de la loi de la vie en Jésus-Christ. Cela peut nous consoler, en un sens, de savoir ce que c'est. Car si souvent, lorsque le conflit devient aigu, le tentateur donne sa propre interprétation à nos expérience, et il cherche à nous persuader que nous nous sommes trompés, et qu'il n'y a en nous rien de Dieu. Tandis que c'est précisément parce que il y a en nous ce qui est de Dieu, que le conflit a éclaté en nous, et que nous sommes devenus ainsi le champ de bataille. "La chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair, il y a entre eux une telle opposition..." (Galates 5:17)

                    Mais qu'y a-t-il en nous, quelles sont les deux choses qui sont en conflit ? Une réponse très élémentaire et superficielle serait, naturellement, que ce sont la chair et l'Esprit le vieil homme et l'homme nouveau. C'est vrai, mais ce n'est pas vraiment la réponse adéquate. Cela ne touche pas réellement au cœur de ce conflit, et j'aimerai que nous arrivions au fond de cette question. C'est très important. A cause d'un manque de discernement à ce sujet, beaucoup d'enfants de Dieu deviennent impuissants, impotents, embarrassés. Car, bien-aimés, la réelle bataille se livre entre l'âme et l'esprit.

                    Or, nous ne pouvons pas simplement affirmer que l'âme soit la chair, que l'âme soit le vieil Adam. Ce n'est pas exact dans le plein sens. Il nous faut prendre garde. En affirmant cela, on s'embarque dans une voie où il faudrait tuer l'âme, et ce n'est pas ce que nous devons faire. L'âme en elle-même, n'est pas une chose mauvaise. Il n'est pas mal d'avoir une âme. Le Seigneur affirme que notre âme doit être sauvée. "C'est par votre patience que vous sauverez vos âmes. (Luc 21:19) -- "Nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour leur perte, mais de ceux qui gardent la foi pour sauver leur âme." (Hébreux 10:39). Cependant le conflit se poursuit ici entre l'âme et l'esprit.

                    C'est en cela que nous pouvons reconnaître la nature de la chute, qui est, de la part de l'âme, une violation de l'esprit. Dans notre chapitre précédent nous avons souligné le fait de l'attaque portée sur l'âme de l'homme, c'est-à-dire sur sa raison, son désir, sa volonté. Nous avons vu comment la raison de l'homme, son désir et sa volonté ont été tirés de leur vraie place pour s'exercer et fonctionner indépendamment de Dieu. L'homme a un esprit, et par son esprit, il était en communion avec Dieu, qui est Esprit. Il connaissait Dieu, mais non pas son âme : dans son état d'innocence, il n'avait pas besoin d'arriver à des conclusions raisonnées pour comprendre la volonté de Dieu. Il n'avait pas besoin de se poser pour chercher par sa raison ce que Dieu voulait. Dans son état d'innocence, il percevait, il sentait, il connaissait de manière intuitive. Et c'est pourquoi, lors de la chute, sa conscience s'éleva et le frappa, parce que la conscience n'est pas une faculté de l'âme, mais une faculté de l'esprit.

                   Oui, l'homme dédaigna l'organe par lequel il était en communion avec Dieu, lorsqu'il dédaigna Dieu dans sa qualité de cour d'appel finale pour toutes les questions et que, agissant sur la base de sa propre âme, il viola son esprit. Ce fut à ce moment-là que s'éleva dans l'homme le conflit qui dure encore aujourd'hui. L'homme est une maison divisée contre elle-même, et qui ne peut résister, et nous trouvons en lui maintenant, comme dans le premier homme, ces deux côtés opposés, l'âme et l'esprit. Par nature, il est désormais essentiellement un homme de l'âme, qui vit dans et de son âme. Dans notre Nouveau Testament, il est malheureusement appelé "l'homme naturel", mais nous savons tous que le terme réel est l'homme "psychique". L'homme qui est gouverné et poussé par son âme, c'est-à-dire par son propre raisonnement, par son propre discernement, par sa propre volonté personnelle.

                    Voilà ce qu'est devenu l'homme. En contraste avec cela, nous trouvons dans le Nouveau Testament l'homme spirituel, "celui qui est spirituel". C'est ainsi que s'élève le conflit entre l'âme et l'esprit, entre l'esprit et l'âme; entre ce qui est de Dieu, la pensée de Dieu, opposée à notre propre pensée, le raisonnement de Dieu -- si nous pouvons employer ce mot -- ou la raison de Dieu contraire à notre raisonnement, la volonté de Dieu opposée à notre volonté; les sentiments, les affections, les désirs de Dieu, contraires à nos sentiments, à nos affections, à nos désirs. Ces deux choses sont là maintenant, non pas dans l'homme non-régénéré, mais dans l'homme régénéré. Nous ne parlons pas ici de l'homme en dehors de Christ, nous parlons de l'homme charnel. L'homme charnel est le chrétien dans lequel règne la chair, et qui est influencé par elle.                                                                             

                    Nous le voyons donc, l'âme est la place dans laquelle réside la chair, car la chair, dans son sens spirituel (et non dans son sens physique) est une chose mauvaise. Elle a sa propre volonté, elle se dirige elle-même, elle est gouvernée par Satan. C'est la chair. C'est ce qui lutte contre l'Esprit et nous savons combien le Nouveau Testament montre que la chair est une chose mauvaise. Elle réside dans l'âme naturelle. L'esprit, renouvelé par la nouvelle naissance, devient le vase dans lequel demeure ce qui est de Dieu.

                    Or, ce conflit est maintenant établi. Nous dirons -- je ne le sais que trop, bien que je ne l'aie jamais analysé et compris de cette manière; mais je le connais ! Mais la chose grave, c'est que beaucoup d'enfants de Dieu ne sont pas sortis de cet état. Ils y sont encore. Nous pouvons ne pas encore être arrivés au bout, mais je puis dire ici qu'il n'est pas dans la volonté de Dieu que ce conflit se prolonge durant toute notre vie spirituelle, que nous soyons toujours dans ce conflit. Nous reprendrons cela un peu plus loin.

La vie divine demande une marche selon l'Esprit

                   Il nous faut résumer ici en une ou deux phrases ce dont nous avons parlé. L'aspect de la question fondamentale qui nous occupe ici, c'est que la loi demande une marche dans l'esprit et non point dans la chair ou dans notre propre âme. Elle demande une union céleste avec Dieu, dans notre esprit, et non point une vie religieuse psychique, selon nos propres idées. C'est la différence qui se trouve entre Abel et Caïn. Oui, Caïn était un homme religieux. Caïn était un homme qui adorait. Caïn avait amené ce qui, dans son domaine, était bon, précieux, ce qui lui coûtait beaucoup. Caïn à sa manière, était sincère dans sa conviction que Dieu devait être adoré, mais son intelligence était obscurcie, comme l'est toujours l'intelligence de notre âme. Par nature, nous ne connaissons pas les pensées de Dieu :"l’homme animal (psychique, naturel) ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, .... et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. (qu’elles sont discernées) 1 Corinthiens 2:14

                    Or, Caïn, malgré toute sa sincérité et toute son adoration et sa religion, et sa conscience de Dieu, était encore dans les ténèbres d'une intelligence obscurcie. Son jugement le trompait entièrement. Ses idées étaient toutes fausses. Il était à côté de la vérité et rien de ce qu'il offrit ne put s'élever au-dessus de l'autel. Dieu n'eut pas égard à l'offrande de Caïn. Les Juifs étaient dans la même position et, pour le prouver, les Juifs tuèrent comme Caïn avait tué. Pour le prouver, mettons en question le culte de ceux qui adorent dans leur âme, des gens religieux qui ne sont pas spirituels, et nous rencontrons aussitôt de la colère. Ils ne pourront supporter la pensée d'être confrontés, interrogés ou touchés. Quant à un vrai adorateur, quant à celui qui adore en esprit et en vérité, on pourra lui dire ou faire ce qu'on voudra, on ne verra jamais s'éveiller en lui un esprit de meurtre ou de quelque chose de semblable. Comme Abel, il livrera sa vie aux mains même des adorateurs, des gens religieux. C'est la différence que nous trouvons ici entre l'âme et l'esprit.

                   Nous avons déjà dit que nos sommes dans un cercle beaucoup plus restreint que celui qui embrasserait les croyants pour les distinguer des incrédules. Bien-aimés, la vie, celle qui triomphe et qui avance, celle qui porte le sceau et la marque de Dieu, celle qui est de Dieu et qu'Il agrée --, cette vie est la vie vécue dans la ligne de l'esprit. La mort, bien qu'elle puisse avoir toutes les apparences extérieures, les formes, les cultes, la conscience de Dieu, la religion --, n'en est pas moins la mort. Elle ne peut triompher, elle ne peut avancer. Oh ! Me direz-vous, vous parlez sûrement dans un domaine très vaste ! Nous savons à qui vous pensez, aux gens simplement religieux, à ceux qui se contentent d'aller à l'église et de répéter des prières étudiées. Mais non ! L'on peut certainement faire une application de ces pensées à ceux-là, mais ce n'est pas à eux que je pense. Nous ne divisons pas les choses si entièrement, si absolument et pour les mettre dans des compartiments étanches. Je dis que ces choses peuvent se cacher dans la plupart des croyants, et que cela signifiera pour eux une limitation de vie. Pourquoi certains missionnaires peuvent rentrer de leur camp de travail, après un service de vingt-cinq ou trente ans, en disant : "-tout s'est effondré ; les promesse de Dieu, en ce qui me concerne, ont été réduites en cendres et en poussière !" Soyons sincères car il y a des cas ainsi et nous en connaissons personnellement. Pourquoi cela ? Il peu arriver un moment où, à cause de l'irréalité des choses ou du manque de succès, parce qu'ils ne sont pas arrivés à la victoire et n'ont pas atteint le but de Dieu, beaucoup de Ses enfants se trouvent dans une impasse et se posent des questions, et des  questions justifiables, au sujet de la réalité des choses. Pourquoi ?

                    Nous laisserons de côté certaines choses. Nous connaissons la mélancolie et tout ce qui peut venir jeter une ombre. Ce n'est pas de cela que nous parlons. Nous parlons de ce royaume où ce qui est spirituel ne s'est pas manifesté, où le sceau de Dieu n'a pas été donné. Bien que l'on se soit beaucoup dépensé, que l'on se soit beaucoup donné, que l'on ait beaucoup travaillé, l'on ne voit réellement aucune vie spirituelle comme fruit de cette peine. L'absence de vie ! Il est possible, bien-aimés, que nous soyons sous la main de Dieu qui nous châtie et nous discipline, que nous ne voyons aucun fruit, à nos labeurs, aucun résultat à notre travail, et que, en ce qui concerne nos sens, notre âme, tout soit voilé, caché, obscurci, alors que, cependant, la vie agit en puissance de résurrection en nous, en même temps qu'à travers nous, et que les autres reçoivent le bienfait, sans que nous le voyions ou le sentions. Cela est une chose, mais ce n'est pas de cela que nous parlons.

                    Nous parlons maintenant de l'absence de vie, là où les choses sont mortes spirituellement. Quelle en est la raison ? La réponse se trouve en Caïn et Abel. L’explication est ici, dans la différence qui existe entre l'âme et l'esprit. L'âme n'est pas une chose mauvaise, mais ce n'est pas l'âme qui doit gouverner. Lorsque ce qui est de l'âme prend le dessus, c'est le "moi" qui prend le dessus, et les œuvres viennent de nous-mêmes, des énergies et des activités de notre propre âme, et ce ne sont plus les énergies de Dieu qui agissent par notre esprit.

                     Lorsque nous disons de telles choses, que personne ne pense pour un instant que, si nous vivons sur le niveau de l'esprit où tout doit venir de Dieu et rien de nous-mêmes, rien ne sera jamais accompli. Beaucoup de gens pensent qu'il n'y aura alors point d’œuvres, ni aucune activité. La seule différence se trouvera dans les sortes d'activités. Nous n'agissons pas moins, nous agissons autrement. C'est différent, mais la fin verra un résultat beaucoup plus précieux que celui de toutes les activités créées pour Dieu, par notre "moi". Dans les profondeurs les plus secrètes, tout doit être tourné vers Dieu, et non vers notre "moi". Nous ne savons pas combien ce "moi" est profondément enraciné dans notre propre âme. Nous en découvrons quelque chose lorsque nous ne pouvons plus agir, lorsque Dieu pose Sa main sur nous en nous intimant de nous arrêter pour un ou deux mois, en nous mettant hors d'action. c'est alors que nous découvrons combien nous trouvions de gratification personnelle dans notre travail, car rien ne peut plus nous satisfaire depuis qu'il a cessé. Nous avons perdu tout ce qui était notre satisfaction, et nous n'avons rien pour le remplacer. Or, ce que le Seigneur cherche en nous enlevant notre satisfaction que nous trouvions dans les choses et les activités, c'est à devenir, Lui seul, notre joie et notre récompense. C'est que, dans l'activité ou hors de celle-ci, alors même que nous ne pourrions plus agir du tout, nous soyons tout simplement satisfaits de le posséder Lui, le Seigneur.

                     Je suis parfaitement certain que c'est le nœud de toute la question. Ce qui importe, c’est ce que le Seigneur est pour nous, et sûrement pas ce que le travail est pour nous, ni ce qui aurait son centre ou sa source dans notre propre âme. Nous avons le Seigneur et nous sommes satisfaits. Je me demande si quelqu'un d'entre nous en est absolument là ? Non, nous devons encore avoir de la patience pour sauver notre âme. Notre âme a encore besoin d'être amenée, dans un degré plus complet, à la place où Dieu est sa seule récompense. C'est par beaucoup, beaucoup de larmes que nous en arrivons là, mais lorsque nous y arriverons, les larmes seront essuyées. Oui, nos larmes sont associées à notre marche en avant. Elles ne seront plus jamais là lorsque nous serons arrivés. La petite fille qui a dit : "Pour que Dieu essuie toutes les larmes, il faut qu'Il ait un grand mouchoir" avait une fausse idée de la manière dont les larmes sont essuyées. Les larmes sont liées à notre avancement, et elles sont essuyées simplement en résultat de notre arrivée au but. Elles disparaissent. "C'est par votre patience que vous sauverez vos âmes." (Luc 21:19)

La lumière est nécessaire

                    Mais l'intelligence doit être éclairée -- "Qu'il illumine les yeux de votre cœur" -- il faut que l'intelligence soit éclairée pour que, au lieu du chemin de Caïn -- qui est une marche dans l'âme où, même dans sa dévotion à Dieu, dans sa conscience de Dieu l'âme attire cependant tout à elle-même, -- il y ait une vie vécue dans l'esprit. Caïn n'aurait pas reconnu cela. Aucune vie psychique n'admettra jamais le fait qu'elle attire tout à elle-même. C'est la chose la plus difficile pour tout le monde, que d'accepter cela, et cependant c'est le propre de la nature de l'âme. L'esprit est juste le contraire. L'esprit est toujours tourné vers Dieu, c'est-à-dire, l'esprit renouvelé. Le Seigneur Jésus a livré Son âme à la mort. Il a remis Son esprit à Dieu. 

                     Cela nous amène à un nouveau champ de contemplation. La vie de l'âme, comme telle, doit se soumettre. La vie de l'esprit doit s'élever. Pour autant que la vie de l'âme gouverne, c'est la mort. Il peut y avoir beaucoup d’émotion, beaucoup de sentiment, beaucoup de plaisir, beaucoup d'activité, mais la fin sera toujours la mort. Lorsque la vie spirituelle gouverne, la vie de l'esprit, il y a la vie. Et "la loi de Esprit de vie en Jésus-Christ", c'est la loi de la vie.

                    Maintenant, ne nous inquiétons pas de la technique, de la manière dont ce passage a été exprimé dans ses détails, mais demandons au Seigneur de nous rendre capable d'en saisir la conclusion. Comme l'un de ceux en qui est la vie, je dois être conscient de deux choses. L'un des résultats inévitables de la vie, sera que le conflit s'élève en nous. Je dois, de plus, connaître la nature de ce conflit et, lorsque mon intelligence est éclairée, je vois que c'est un conflit qui se livre entre moi, du côté de mon âme, et moi du côté de l'esprit. C'est un conflit entre ma propre âme et ce qui est de Dieu en moi. C'est maison divisée contre elle-même. Elle ne peut pas subsister. Elle doit s'écrouler, tôt ou tard, et nous voyons tout autour de nous l'écroulement des maisons divisées comme cela.

                    Mais ce n'est pas la pensée de Dieu. Il y a une issue. Nous verrons plus loin, si le Seigneur le permet, quelle est l'issue, mais ici nous reconnaissons le fait. Recherchons le Seigneur, afin de marcher dans l'Esprit, d'avoir notre vie en Dieu et non dans les choses, et non point en nous-mêmes. Car cette vie naturelle est une vie fausse, et elle nous séduit parce qu'elle est séduite. Mais sa vie est vraie, et Il est vrai, Celui qui est la vie. Il est aussi la lumière. Parce qu'Il est la lumière, Il est la vie.

                   Demandons au Seigneur de nous rendre bien claire la signification de tout cela.

T.A.S.


Aucun commentaire: