mercredi 17 octobre 2018

(15) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer

Transcrit, traduit et mis en ligne par : http:www.eglisedemaison.com


Des mots symptomatiques : « Juste » et « Injuste »

                    Les mots ne signifient pas autre chose que ce qu'une personne souhaite exprimer, et je ne veux pas rendre certains mots « coupables par association. » Et pourtant chaque attitude humaine possède son expression verbale caractéristique, et donc, lorsque nous entendons certains mots nous pouvons avec une certaine précision soupçonner la présence d'une certaine attitude. C'est pour cette raison que l'on peut dire que les mots sont symptomatiques. En eux-mêmes, ils ne sont ni santé ni maladie, mais ils peuvent bien indiquer la présence de l'une ou de l'autre. Ils peuvent également indiquer de quelle maladie l'utilisateur souffre, ou le degré de santé dont celui-ci jouit.

                    Cette observation résulte de conversations avec les personnes religieuses. Après avoir écouté parler certains chrétiens pendant quelque temps, on commence à avoir une idée assez précise de la santé ou de la maladie qui est présente dans leur âme. Certains mots reviennent constamment et nous en disent dix fois plus sur le locuteur qu'il n'aurait jamais imaginé que nous savions, et également bien plus qu'il n'aurait souhaité nous dire. Les mots sont symptomatiques.

                     L'un des mots que l'on rencontre parfois parmi les chrétiens est le mot « juste, » ou sa sœur jumelle désagréable « injuste. » Les gens utilisent ces mots pour décrire la façon dont les autres les traitent, et superficiellement ceux-ci peuvent paraître des mots tout à faire innocents, voire indispensables. Toutefois, ils indiquent une attitude intérieure qui n'a aucune place parmi les croyants. L'homme qui parle d'un acte qui a été commis envers lui comme étant « injuste » n'est pas un homme victorieux. Il est intérieurement vaincu, et pour se protéger il fait appel à un arbitre pour qu'il remarque la faute qui a été commise. Cela lui donne un alibi au moment où on l'emmène dans le brancard et lui sauve la face pendant qu'il bat la retraite. Il pourra toujours expliquer sa défaite en disant qu'il a été traité injustement par les autres.

                    Les chrétiens qui comprennent la vraie signification de la croix ne se permettront jamais de pleurnicher sur leur sort, et ne se plaindront jamais d'avoir été traité « injustement » par les autres. Qu'ils aient reçu un traitement « juste » ou non ne leur viendra jamais à l'esprit. Ils savent qu'ils ont été appelés à suivre Christ, et que sans aucun doute Christ n'a jamais reçu ce qui pourrait dans la moindre mesure s'approcher d'un traitement juste de la part de l'humanité.

                    C'est là que réside la gloire de la croix — qu'un Homme a souffert injustement, a été maltraité, décrié, et crucifié par des gens qui étaient indignes de respirer le même air que Lui. Et pourtant Il n'a pas ouvert Sa bouche. Bien que mal traité, Il n'a pas rendu la haine, et quand Il a souffert, Il n'a menacé personne. La pensée qu'Il aurait pu réclamer la justice à Son égard ne peut pas même être entretenue par un cœur pieux. Sa vie toute entière a été donnée pour rendre ce qu'Il n'avait pas dérobé. S'Il s'était assis et avait soigneusement compté combien il devait et n'avait pas payé un centime de plus, l'univers moral tout entier se serait effondré.

                    Le chrétien victorieux ne s'intéresse pas à ce que les choses soient justes à son égard. L'amour ne cherche pas son propre intérêt, et ce qui est bizarre c'est que le saint joyeux qui ouvre sa main pour être volé librement par les autres se trouve toujours être plus riche que ceux qui le volent.

                    Parfois, il est vrai, Dieu permet à Son peuple de subir des traitements injustes et Il attend le jour de la vérité pour rétablir la balance. Mais la plupart du temps Ses jugements ne se font pas attendre si longtemps. Et quand bien même les chrétiens devraient souffrir injustement ici-bas, s'ils acceptent le mal dans un bon esprit et sans plainte, alors ils ont vaincu leur ennemi et gagné la bataille. C'est après tout leur plus grand désir d'être intérieurement victorieux, et s'ils peuvent en plus rire et aimer et louer pendant qu'on les maltraite, alors ils ont atteint le désir de leur cœur. Qui peut en demander davantage ?

D'autres mots symptomatiques : 
« rancœur » et « ressentiment »

                  Dans le chapitre précédent nous avons fait référence à certains termes révélateurs qui portent en eux des connotations sans relation avec leur étymologie. Le mot « injuste » faisait partie de ces termes. Le mot « rancœur » dans ses différentes incarnations en est un autre.

                     Cela fait un certain temps que j'évolue dans les milieux chrétiens, et je n'ai jamais entendu le mot « rancœur » être utilisé par un chrétien victorieux. Ou en tout cas s'il utilisait ce terme, ce n'était pas pour décrire un sentiment présent dans son propre cœur. Au cours des dizaines de conférences et des centaines de conversations, j'ai souvent entendu les gens dire : « J'ai une rancune contre un tel » mais encore une fois, je n'ai jamais entendu ces mots utilisés par des chrétiens victorieux. La rancœur ne peut tout simplement jamais demeurer dans un cœur aimant. Avant que la rancœur ne puisse entrer, l'amour doit s'envoler et l'amertume doit s'installer. L'âme amère s'érigera des listes de doléances qui justifient la rancœur et les protégera jalousement comme une ourse garde ses petits. Et l'image est juste parce qu'un cœur amer est toujours méfiant et suspicieux.

                    Il y a peu de choses plus déprimantes que d'entendre un soi-disant chrétien défendre son bout de gras, et de résister amèrement à toute atteinte à ses supposés droits. Un tel chrétien n'a jamais accepté le chemin de la croix. Les douces grâces que sont la soumission et l'humilité lui sont totalement inconnues. Tous les jours il devient de plus en plus dur et acrimonieux en essayant de défendre sa réputation, ses droits, son ministère contre ses supposés ennemis.

                    Le seul remède à cette sorte de chose est de mourir à soi-même pour ressusciter avec Christ en nouveauté de vie. L'homme ou la femme qui se donne pour objectif la volonté de Dieu atteindra ce but non pas par l'autodéfense, mais par l'abnégation. Alors, quelle que soit le traitement reçu par cette personne aux mains des autres, celle-ci demeurera parfaitement en paix. La volonté de Dieu a été accomplie – peu importe si elle est accompagnée de bénédictions ou de fléaux, car le chrétien ne cherche ni l'une ni l'autre mais il souhaite à tout prix faire la volonté de Dieu. Alors, qu'il soit au sommet de la faveur publique ou qu'il sombre dans l'obscurité et le mépris, il sera satisfait. S'il y en a qui prennent plaisir à faire du mal à ce chrétien, pour autant il ne leur en voudra pas, car il ne cherche pas son propre avancement, mais la volonté de Dieu.

                    Il est triste de constater que certains philosophes païens aient dû nous apprendre, à nous chrétiens, une leçon aussi simple que celle-ci. « Je dois mourir, » dit Epictète, « et dois-je en plus le faire en grognant ? Je dois être exilé ; et qu'est-ce qui m'empêcherait d'y aller en souriant, paisible et serein ? 'Trahir un secret.' Je ne le ferai pas. 'Alors nous t'enchaînerons.' Vous enchaînerez ma jambe, mais personne ne peut s'imposer à mon libre arbitre. 'Nous décapiterons ton vil corps.' Ne vous ai-je jamais dit, » répondit Epictète, « que je suis seul à posséder une tête qui ne peut être retranchée ? »

                     « C'est là d'avoir étudié ce qui se doit d'être étudié ; d'avoir placé nos désirs et nos aversions au-delà de la tyrannie et au-delà de la bonne fortune. Je dois mourir – si instantanément, alors je mourrai instantanément ; si bientôt, alors je dînerai d'abord, puis, quand l'heure sera venue, alors je mourrai. Comment ? Comme il convient à celui qui rend quelque chose qui ne lui appartient pas. » Que personne ne rejette le raisonnement robuste de cet antique philosophe. Même sans la lumière de la grâce salvatrice, il savait comment une créature devait se comporter quand elle se tenait sous la main puissante de son Créateur, et beaucoup de chrétiens semblent ne pas en savoir autant. Mais nous avons une meilleure autorité que la sienne pour diriger notre comportement. Christ nous a laissé un exemple et devant celui-ci il ne peut y avoir d'appel. Comme Il était, ainsi sommes-nous dans ce monde, et Il n'a jamais ressenti la moindre rancune envers aucun homme. Même ceux qui l'ont crucifié ont été pardonnés alors qu'ils accomplissaient l'acte même. Il n'a pas prononcé un seul mot contre eux ni contre les menteurs et hypocrites qui les ont incités à Le détruire. Il était pourtant seul à connaître la pleine mesure de leur cœur inique, mais Il a maintenu envers eux une attitude de charitable compassion. Ils ne faisaient qu'accomplir leur devoir, et même ceux qui leur avait commandé cette tâche sinistre étaient inconscients de sa pleine signification. A Pilate Il a dit, « Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi s'il ne t'avait été donné d'en haut. » Ainsi Il référa tout à la volonté de Dieu et s'éleva au-dessus du marécage des personnalités. Il n'a porté aucune rancune envers aucun homme. Il n'avait aucun ressentiment.

                    Le pire dans cette affaire c'est que ce n'est pas le tout d'attirer l'attention dessus. Le cœur amer est souvent incapable de reconnaître sa propre condition, et s'il arrive que l'homme rancunier lise un jour ce texte, il sourira d'un air satisfait et pensera que je parle de quelqu'un d'autre. Pendant ce temps là il deviendra de plus en plus petit en essayant de grandir, et il deviendra de plus en plus obscur essayant de se faire connaître. Pendant qu'il s'empresse d'accomplir son objectif égoïste, ses prières seront des accusations contre le Très-Haut et toutes ses relations avec les autres chrétiens auront pour caractéristique la suspicion et la méfiance.

                    Comme disait Spurgeon par rapport à quelqu'un : « Que l'herbe pousse vigoureusement sur sa tombe quand il mourra, car rien n'a pu pousser autour de lui pendant qu'il était en vie. » 

à suivre...

mardi 16 octobre 2018

(14) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer

Transcrit, traduit et mis en ligne par : http:www.eglisedemaison.com
 
Chrétiens honorifiques

                    Nous entendons parfois parler d'un homme politique ou d'une autre personne célèbre qui est nommée "chef" d'une tribu d'Indiens d’Amérique. Il est salué solennellement, on l'accueille avec des chants tribaux, et il est investi d'une parure flamboyante de plumes d'aigles. On le prend en photo avec les grands hommes de la tribu et à partir de ce moment-là il est considéré comme étant "chef" parmi eux.

                 Son sourire esquissé montre clairement qu'il considère tout ça comme un grand jeu, mais les Indiens pour leur part ne sourient pas, et ils prennent apparemment cela très au sérieux. Il n'y a pas besoin de beaucoup de clairvoyance pour voir que toutes les cérémonies, les bijoux, les plumes et les chants ne peuvent faire un indien d'un occidental. Au mieux celui-ci reste un chef honorifique, mais pas un vrai.

                    Comparez cela à tant d'églises évangéliques, où l'on trouve bien trop de membres qui sont chrétiens que par initiation, et non pas par naissance spirituelle. Ils ont été enseignés par les initiés ou par les sachems locaux pour leur donner l'impression que ce sont des chrétiens mais en réalité ils n'ont de chrétien que le nom.

                     Toutes les cérémonies religieuses qui ont été inventées par les esprits prolifiques des dirigeants du monde chrétien ne peuvent faire d'un pécheur un chrétien. Aucun homme, aussi riche et mystérieuse que soit sa parure vestimentaire, ne peut transformer un autre homme en chrétien. Les appointements impressionnants de la magnifique église et les rites solennels sont l'équivalent du tipi du Grand Sachem, simplement sur une plus grand échelle. Tout ce que l'on peut attendre de meilleur c'est une religion par initiation.

                Les chercheurs ressortent uniquement comme chrétiens honorifiques. La racine de la vie n'est pas en eux -- et ils méritent notre pitié.

                     Notre Seigneur nous indique clairement que nous devons être né de nouveau avant de pouvoir entrer dans le royaume de Dieu. Ne nous contentons pas d'être membres honorifiques dans le royaume. Et ne considérons rien comme acquis. Il y a trop de choses en jeu dans ce domaine vital de notre existence.


Donnons généreusement, mais sagement

                    La somme d'argent gaspillée tous les ans dans le travail religieux ne peut jamais être calculé de manière exacte, mais elle doit certainement se compter dans les millions de dollars, ne serait-ce qu'aux États-Unis. L'une des contreparties de notre système protestant libre c'est l'absence des garde-fou nécessaires pour éviter que des personnes irresponsables se lancent dans une mission religieuse quelconque comme bon leur semble et fassent appel au public chrétien pour payer leurs factures. Le résultat de cette liberté c'est que l'escroquerie a depuis longtemps envahi la scène religieuse et que d'innombrables prophètes auto-proclamés vivent luxurieusement aux frais des saints.
                   Je ne parle pas des grandes sommes d'argent qui sont dépensées pour propager les nombreuses fausses sectes qui fleurissent comme une mauvaise herbe verdoyante sur notre riche sol américain. Je limite mes considérations au domaine des activités religieuses qui passent pour du Christianisme néo-testamentaire. Les faits indiquent que même là, tout ne va pas bien.

                    Plusieurs facteurs se sont combinés ces dernières années pour encourager la magouille dans le domaine de l’œuvre religieuse et pour rendre possible à des personnages peu recommandables de s'engraisser aux frais du généreux public chrétien.

                  Tout d'abord, il y a l'extraordinaire prospérité financière dont la nation jouit aujourd'hui. Pratiquement tout-le-monde ces jours-ci a largement de quoi donner aux œuvres religieuses ou caritatives, et il n'est pas dans la nature humaine de laisser un si riche potentiel inexploité, alors qu'il est tellement facile d'en détourner de grandes sommes en se lançant dans une entreprise religieuse quelconque et en faisant appel au bon peuple pour couvrir les frais.

                    Il est à la gloire éternelle des enfants de Dieu qu'ils peuvent être poussés à donner abondamment en entendant une histoire touchante ou en voyant la souffrance humaine. Il suffit de faire le tour du monde et de revenir avec des photos de la misère humaine, et les chères brebis de Dieu s'accroupiront promptement et se laisseront tondre jusqu'à la peau par des gens moralement indignes de nettoyer l'abri des moutons. Les saints au cœur tendre réfléchissent avec les sentiments et déversent sans discrimination les richesses consacrées sur toute personne qui dit des choses positives sur le Seigneur et qui prêche avec enthousiasme. Donner de si vastes sommes d'argent sans jamais exiger ni s'attendre à un compte-rendu, cela montre la bonté de leur cœur, mais ça n'indique pas beaucoup de discernement spirituel.

                    Sachant combien nous, les américains, tenons à notre droit de décider quand et où nous donnons et qui nous finançons, je n'imagine pas que mes lecteurs prendront cette exhortation paisiblement. Je m'attends à entendre que je me mêle de choses qui ne me concernent pas. Ma réponse, c'est que je sais personnellement qu'il y a des dizaines de pasteurs pieux qui déplorent secrètement l'exploitation du peuple de Dieu par des gens peu honorables, mais qui sont trop timides pour le dire publiquement. Les insensés s'empressent là où les anges craignent de mettre pied, et si ces anges ne veulent pas parler ouvertement pour protéger les saints alors quelqu'un de moins craintif (même s'il est moins angélique) devra le faire. 

                    De plus, nous devons tous rendre compte à Dieu de l'utilisation des richesses dont nous jouissons. Donner pour promouvoir des projets malhonnêtes, c'est gaspiller l'argent de Dieu, et nous devrons expliquer à Dieu, au grand jour, pourquoi nous l'avons fait. Nous aurions tout intérêt à prier attentivement avant de faire nos dons. Ne donnons pas moins, mais donnons plus sagement. Un jour, nous serons heureux de l'avoir fait.

à suivre...



dimanche 14 octobre 2018

(13) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer

Transcrit, traduit et mis en ligne par : http:www.eglisedemaison.com


L'obéissance : une doctrine négligée

                    Il y a, comme l'a dit William James, « une sorte d'aveuglement dans les êtres humains » qui nous empêche de voir ce que nous ne voulons pas voir. C'est peut-être cela, ainsi que l’œuvre du diable lui-même, qui fait que la doctrine de l'obéissance est tellement négligée dans les cercles religieux modernes. On reconnaît, bien-sûr, que Dieu exige que nous soyons des « enfants obéissants, » mais ce fait reçoit rarement assez d'attention pour produire un quelconque changement dans nos actes. Beaucoup de personnes semblent penser que leur devoir d'obéissance a été rempli une fois pour toutes par l'acte de croire en Jésus Christ au début de notre vie chrétienne.

                    Il faut se souvenir que « la volonté est le siège de la vraie religion dans l'âme. » Rien d'authentique n'a jamais été accompli dans la vie d'un homme avant qu'il ait cédé sa volonté dans un acte d'obéissance actif. C'est la désobéissance qui a engendré la chute de notre race. C'est « l'obéissance de la foi » qui nous ramène de nouveau dans la faveur divine.

                Essayer de croire sans obéir donne lieu à tout un monde de confusion et de déceptions. Nous nous retrouvons dans position d'un oiseau qui essayerait de voler avec une aile repliée. Nous battons de l'aile en rond, et cherchons à nous réconforter dans l'espoir que les plumes qui voltigent dans tous les sens sont la preuve qu'un réveil ne tardera pas à venir. Une bonne partie des prières qui sont faites lors de nos réunions de camp ont exactement le même effet que pleurer un bon coup: ça permet de libérer la pression émotionnelle et soulager les nerfs tendus. Le sourire qui en résulte est accepté comme preuve qu'une œuvre spirituelle profonde a été accomplie. Pour certains individus ce peut être une erreur tragique, donnant lieu à des blessures et des pertes permanentes dans la vie spirituelle.

                    Une soumission passive n'est pas nécessairement une véritable soumission. Se soumettre vraiment à la volonté de Dieu, c'est être prêt désormais à prendre des ordres de Sa part. Quand le cœur s'est engagé irrévocablement à accepter des ordres du Seigneur Lui-même et à y obéir, on peut alors dire qu'une œuvre a été faite, mais pas avant. Nous ne verrons probablement pas parmi nous des transformations remarquables d'individus ou d'églises tant que les ministres du Seigneur ne rendent pas à l'obéissance la place de proéminence qu'elle occupe dans les Écritures.

Fuyez l'idolâtrie

 

                    L'idolâtrie est de tous les péchés le plus détestable à Dieu, parce que c'est au fond une diffamation du caractère divin. L'idolâtrie tient une basse opinion de Dieu, et quand elle publie cette opinion, elle se rend coupable de diffuser de mauvais bruits sur la Majesté céleste. Ainsi, l'idolâtrie calomnie la Divinité. Ce n'est pas étonnant que Dieu l'ait en horreur. Nous devons nous garder de l’habitude confortable de supposer que l'idolâtrie ne se trouve que dans les pays païens et que les gens civilisés en sont libres. C'est là une erreur qui résulte de l'orgueil et d'une réflexion superficielle. En réalité, l'idolâtrie est présente partout où il se trouve des hommes. Quiconque tient une conception ignoble de Dieu ouvre son cœur au péché de l'idolâtrie. Il suffit que celui-ci personnalise sa basse représentation mentale de Dieu et se mette à y faire des prières, pour qu'il devienne idolâtre – et ce, qu'il soit ou non de confession chrétienne.

 

                    Il nous est vital de penser à Dieu correctement. Puisqu'Il est au fondement de toutes nos convictions religieuses, il s'en suit que si nous nous égarons dans nos pensées sur Dieu, nous nous égarerons également sur tout le reste. Les faux dieux de l'humanité ont été nombreux – presque aussi nombreux que les adorateurs eux-mêmes. Il faudrait un livre d'une bonne taille pour faire la liste complète de tous les dieux qui ont reçu un nom et qui ont été adorés à un certain temps, quelque part dans le monde. Les plus dépravés et les plus bas sont probablement les obscènes dieux phalliques des anciens. Tout près d'eux, et pas bien plus élevés sur l'échelle, se trouvent le scarabée, le serpent, le taureau, et toute une ménagerie d'oiseaux, de quadrupèdes et de créatures rampantes. Paul dit ouvertement qu'une telle adoration dégradée avait jailli des imaginations vaines et des cœurs obscurcis résultant du rejet de la connaissance de Dieu.

 

                     Plus haut sur l'échelle se trouvaient les dieux plus nobles des philosophes et des religieux de Grèce, de Perse et de l'Inde. Ceux-ci représentaient la pensée la plus fine sur Dieu, adorés par des chercheurs de vérité sérieux. Mais ils n'atteignaient pas le vrai Dieu car ils tiraient leur source des intelligences d'hommes déchus n'ayant pas la révélation de Dieu pour purifier leurs concepts. Leur adoration était de l'idolâtrie.

 

                    Ce serait réconfortant de croire que de telles erreurs sont une chose du passé et que cela appartient à l'enfance de l'humanité et à des temps et des lieux distants. Mais je me demande si une telle conclusion serait justifiée.

 

                     Où placerons-nous les nombreux dieux actuels ? Que faire du président de comité exalté dans le monde des affaires occidental ? Ou du dieu farceur et sympathique des bars et des cafés ? Ou le dieu robuste et costaud qui écoute les prières des boxeurs adonnés à la violence et à l'argent ? Puis il y a aussi le dieu rêveur du poète non-régénéré. Ce dieu est agréable et philosophe et se plaît à communier avec tous ceux qui entretiennent de hautes pensées et qui croient à l'égalité sociale.

 

                    Deux autres dieux modernes méritent d'être mentionnés, différents l'un de l'autre en caractère et pourtant similaires dans la mesure où ce sont tous deux de faux dieux. L'un est le dieu sournois et sans scrupule des superstitieux. C'est le dieu de la lettre chaîne et de tous ceux qui pratiquent la magie blanche. Quoi que ce soit un dieu bon marché, entrée de gamme, il a tout-de-même beaucoup de fidèles aux États-Unis. L'autre est le dieu intellectuel et intransigeant du théologien inconverti. Il n'est connu que de l'élite intellectuelle, il montre une partialité marquée pour les instruits et il fréquente exclusivement les gens dotés d'un grand nombre de diplômes.

 

                     Les Écritures sont la seule révélation fiable de Dieu, et c'est à nos risques et périls que nous nous en écartons. La nature nous apprend des choses sur Lui, mais pas suffisamment pour nous éviter de tirer des conclusions erronées. Ce que nous apprenons dans la nature doit être complété et corrigé par les Écritures si nous voulons échapper au risque de tomber dans des concepts de Dieu incorrects, et indignes de Lui.

 

Les cieux déclarent Ta gloire, Seigneur !

Dans chaque étoile Ta sagesse resplendit;

Mais quand nos yeux contemplent Ta Parole,

Nous y lisons Ton nom en traits plus beaux.

 

                    Bien-sûr, la révélation finale de Dieu, c'est Christ. « Celui qui m'a vu, a vu le Père. » « Il est l'image du Dieu invisible, la radiation de la gloire de Dieu et exacte représentation de son être. » Connaître et suivre Christ, c'est être sauvé de toutes les formes d'idolâtrie.

 

à suivre...



 

vendredi 12 octobre 2018

(12) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer

Transcrit, traduit et mis en ligne par : http:www.eglisedemaison.com


Le chrétien est le véritable réaliste

                    Certains penseurs superficiels rejettent les chrétiens comme étant des personnes irréalistes qui vivent dans un monde imaginaire. "La religion", disent-ils, "est une échappatoire, une négation de la réalité. Y adhérer, c'est se réfugier dans des rêves." 
                    En argumentant de cette manière, ils ont réussi au fil des années à perturber un grand nombre de personnes et à créer dans l'esprit des gens un affreux doute concernant la sagesse de la position chrétienne. Mais il n'y a pas de quoi être perturbé -- une meilleure analyse des faits permettra de dissiper tous les doutes et de convaincre les croyants que leurs attentes sont valables et que leur foi est basée sur un fondement sûr.

                    Si on comprend le réalisme comme étant la reconnaissance des choses telles qu'elles sont réellement, les chrétiens, d'entre tous les humains, doivent être les plus réalistes. Parmi tous les penseurs intelligents, ce sont eux qui s'intéressent plus à la réalité. Ils insistent que leurs croyances correspondent aux faits. Ils réduisent les choses à leur essence primitive et rejettent de leur esprit tout ce qui enfle leur raisonnement. Ils demandent à connaître l'entière vérité concernant Dieu, le péché, la vie, la mort, la responsabilité morale et le monde à venir. Ils veulent connaître tout ce qu'il y a de mal en eux-mêmes afin qu'ils puissent y remédier. Il y a quelque chose en eux qui refuse d'être dupé, même si l'aveuglement leur permettrait de maintenir leur amour-propre et leur dignité personnelle. Ils tiennent compte du fait indéniable qu'ils ont péché. Ils reconnaissent la brévité de leur vie et la certitude de la mort. Ils ne tentent pas d'éviter ces choses, ni de les modifier pour qu'elles leur conviennent mieux. Ce sont des faits, et ils les regardent en face. Ce sont des réalistes. 
                    Nous qui adhérons à la foi chrétienne n'avons pas besoin de nous justifier. La charge de la preuve se tient avec l'adversaire. L'accusation d'irréalisme peut être portée à l'incroyant avec une logique imparable.

                    Ce sont les hommes ou les femmes de ce monde qui sont les songeurs, pas les chrétiens. Un pécheur ne peut jamais vraiment être lui-même. Il doit faire semblant toute sa vie. Il doit vivre comme s'il n'allait jamais mourir, tout en sachant pertinemment qu'il doit mourir. Il doit agir comme s'il n'avait jamais péché, tout en sachant, au plus profond de cœur, à chaque fois qu'il commet un péché. Il doit faire semblant de ne pas s'intéresser à Dieu et au jugement et à la vie future, mais dans son cœur il est profondément perturbé par sa condition irrégulière. Il doit maintenir une façade de nonchalance tout en reculant devant les faits et en souffrant des accusations de sa conscience. Les nouvelles d'un ami proche qui est décédé le laissent perturbé, avec l'hypothèse que ce sera lui le suivant -- mais il n'ose pas montrer son angoisse, il doit masquer sa terreur de son mieux et continuer de jouer son rôle. Durant toute leur vie adulte, il doit esquiver, masquer et cacher. Lorsque enfin arrêtent de faire semblant soit ils perdent la tête, soit ils se tournent vers Christ, soit ils se suicident.

Prier jusqu'à prier

                    Le Dr. Moody Stuart, un grand homme de prière d'une génération passée, avait dressé une liste de règles pour le guider dans ses prières. Parmi ces règles se trouvait celle-ci : « Prie jusqu'à ce que tu pries ».

                    La différence entre prier jusqu'à s'arrêter et prier jusqu'à prier est illustrée par l'évangéliste américain John Wesley Lee. Il comparait souvent une session de prière à un culte, et il insistait que bon nombre d'entre nous arrêtons la réunion avant la fin du culte. Il a avoué qu'à une occasion, il s'était levé trop tôt d'une session de prière et il avait commencé à marcher dans la rue pour s'occuper d'une affaire pressante. Il n'avait parcourue qu'une courte distance quand une voix intérieure l'a repris. « Mon fils, » semblait dire la voix, « n'as-tu pas prononcé la bénédiction avant que la réunion soit terminée? » Il a compris, et il s'est empressé aussitôt de retourner à son lieu de prière, où il est resté jusqu'à ce que le fardeau se lève et la bénédiction tombe.

                 L'habitude de couper court nos prières avant que nous ayons réellement prié est aussi courante qu'elle est malheureuse. Bien souvent, les dix dernières minutes peuvent être plus significatives que la première demi-heure, car il nous faut assez longtemps avant de se mettre dans l'état d'esprit nécessaire pour prier efficacement. Nous devrons peut-être lutter avec nos pensées pour les empêcher de se dissiper à cause des multitudes de distractions qui résultent de notre vie dans un monde désordonné.

                    Ici, comme partout dans les choses spirituelles, nous devons nous efforcer de distinguer l'idéal du réel. Dans l'idéal, nous devrions vivre à chaque instant dans un tel état de parfaite union avec Dieu qu'aucune préparation particulière ne soit nécessaire. Mais en réalité, rares sont ceux qui peuvent honnêtement dire que telle soit leur expérience. La candeur nous oblige pour la plupart à admettre que nous devons souvent lutter avant de pouvoir échapper à l'aliénation et au sentiment d'irréalité qui reposent parfois sur nous comme une sorte d'humeur générale.

                    Quoi qu'en puisse dire un idéalisme rêveur, nous sommes obligés de traiter les choses au niveau de la réalité concrète. Si lorsque nous venons prier nos cœurs sont apathiques et sans sens spirituel, il ne sert à rien d'essayer de se convaincre que ce n'est pas le cas. Il vaut bien mieux l'admettre franchement et le surmonter par la prière. Certains chrétiens sourissent à l'idée de « surmonter par la prière, » mais on retrouve des pensées similaires dans les écrits de pratiquement tous les grands saints prieurs depuis Daniel jusqu'à nos jours. Nous ne pouvons pas nous permettre d'arrêter nos prières avant que nous ayons réellement prié.  

à suivre...

mercredi 10 octobre 2018

(11) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer

Transcrit, traduit et mis en ligne par : http:www.eglisedemaison.com


Veillons à nos paroles

                   Je trouve que la plupart des chrétiens ne s'entraident pas énormément dans le domaine de la conversation, et souvent ils se font beaucoup de mal. Il y en a peu qui peuvent parler longtemps sans tomber dans des discours qui manquent non seulement d'édifier l'autre, mais qui s'avèrent en plus être véritablement nocifs. 
                     C'est là un défaut dans notre vie que nous devons analyser sérieusement. Il arrive souvent que tout le bénéfice d'un sermon soit perdu par les discours légers et frivoles qui suivent la réunion dominicale. C'est une triste erreur, car le ministère de toute église doit être ni plus ni moins l'expression publique de la pure spiritualité qui constitue le quotidien de ses membres. 
                     Le pasteur lui-même devrait simplement porter le dimanche matin le même esprit qui l'a caractérisé durant la semaine entière. Il ne devrait pas être obligé de prendre une autre voix ou un ton différent. Ses paroles doivent forcément être différentes, mais son attitude et sa disposition doivent être identiques à sa vie quotidienne. 
                    Les paroles vaines ou nocives bloquent le réveil spirituel et peinent le Saint Esprit. Cela détruit l'effet cumulé des impressions spirituelles, et cela nécessite de retrouver tous les dimanches la disposition de dévotion qui a été perdue pendant la semaine. Ainsi, nous sommes constamment obligés de refaire le travail de la semaine passée et de regagner le terrain perdu à cause des conversations inutile. 
                    Ce n'est pas la peine de s'efforcer d'entretenir une causerie religieuse à chaque fois que nous rencontrons nos amis. Il n'y a pas de meilleure preuve de notre légèreté d'esprit, que d'observer la façon négligée et désinvolte que nous avons de parler de religion. Je ne demande pas davantage de jacasserie religieuse -- la jacasserie religieuse peut s'avérer tout aussi fade et ennuyeuse que toute autre jacasserie, et, ce qui est bien pire, elle peut devenir hypocrite et creuse. L'idéal est une conversation chaste, naturelle, et remplie d'amour, que nous discutions de choses terrestres ou célestes.


Nous devons rétablir des dirigeants spirituels

                   Quelqu'un a écrit au pieux Macarius d'Optino que ses conseils spirituels lui avaient rendu service. « C'est impossible, » répondit Macarius. « Seules les erreurs sont à moi. Tout bon conseil, c'est le conseil de l'Esprit de Dieu. Il se trouve que j'ai correctement entendu ce conseil, et que je l'ai transmis sans le corrompre. »

                    Il y a là une excellente leçon que nous ne devons pas négliger. C'est la douce humilité de l'homme de Dieu. « Seules les erreurs sont à moi. » Il était fermement convaincu que ses propres efforts ne pouvaient donner lieu qu'à des erreurs, et que tout bon fruit de ses conseils ne pouvait être que l’œuvre de l'Esprit Saint qui opérait en lui. Apparemment, c'était là plus qu'une impulsion ponctuelle de dépréciation de soi -- laquelle le plus orgueilleux des hommes est à même de ressentir à l'occasion -- mais plutôt une conviction profondément ancrée en lui, une conviction qui donne une direction à sa vie toute entière. Son long et humble ministère, qui apporta de l'aide spirituelle à des multitudes, le montre assez clairement.

                    En ce jour où des « personnalités » éclatantes conduisent l’œuvre du Seigneur selon les méthodes de l'industrie du spectacle, il est rafraîchissant de s'associer ne serait-ce que pour un instant, dans les pages d'un livre, avec un homme sincère et humble qui écarte de vue sa propre personnalité et place l'emphase sur l’œuvre intérieure de Dieu. Il est notre conviction que le mouvement évangélique continuera à partir de plus en plus à la dérive, jusqu'au jour où sa direction, au lieu d'être entre les mains de la célébrité religieuse moderne, sera transmise à l'humble saint, qui ne demande pas qu'on l'acclame et ne recherche pas de position, qui n'est satisfait que quand la gloire et attribuée à Dieu, et lui-même est oublié.

                     Tant que nos églises ne seront pas dirigées par de tels hommes, nous pouvons nous attendre à une détérioration progressive de la qualité du Christianisme populaire, jusqu'à ce que nous arrivions au point où l'Esprit Saint, blessé, nous quitte comme le Shechinah avait quitté le temple, et nous soyons délaissés comme Jérusalem après la crucifixion -- désertés de Dieu, et seuls. Malgré tous les efforts pour torturer la doctrine dans le but de prouver que l'Esprit ne quitte pas les hommes religieux, l'histoire montre clairement que parfois, cela arrive. Il a déjà dans le passé délaissé bon nombre de groupes qui s'étaient égarés trop loin pour que le rétablissement soit possible.

                     La question est ouverte, si le mouvement évangélique a péché trop longtemps et s'est trop éloignée de Dieu pour pouvoir revenir à la santé spirituelle. Personnellement, je ne crois pas qu'il soit trop tard pour se repentir, si les soi-disant chrétiens de notre temps répudiaient les conducteurs iniques et cherchaient Dieu à nouveau dans la vrai pénitence et dans les larmes. Le grand problème, c'est le si -- le feront-ils? Ou sont-ils trop satisfaits des gamineries et de l'écume religieuses pour pouvoir reconnaître leur triste éloignement de la foi du Nouveau Testament ? Si tel est le cas, il ne reste que le jugement.

                     Une stratégie que le diable maîtrise c'est de mener les chrétiens sur de fausses pistes. Il sait très bien divertir l'attention du chrétien qui prie pour qu'il néglige ses attaques subtiles mais mortelles, en se concentrant à la place sur des choses plus évidentes et moins dangereuses. Ensuite, pendant que les soldats du Seigneur s'assemblent avec empressement à l'une des portes, il entre discrètement par une autre porte. Et quand les « saints » ne s’intéressent plus au sujet de divertissement, ils reviennent et trouvent le pieux ennemi nouvellement baptisé et à la direction des opérations. Ils sont tellement loin de le reconnaître qu'ils adoptent vite ses façons de faire, et ils appellent cela le progrès.

                     Dans le dernier quart de siècle, nous avons vu dans les croyances et les pratiques du segment évangélique de l'église un bouleversement majeur au point de constituer un abandon total de ses principes -- le tout sous le manteau de l'orthodoxie la plus fervente. Avec une Bible sous le bras et une pile de tracts dans la poche, les gens religieux se rassemblent maintenant pour conduire des « cultes» tellement charnels, tellement païens, qu'ils sont difficilement distinguables des anciens spectacles vaudeville des jours passés. Et si un prédicateur ou un éditeur remet en cause cette hérésie, il invite sur lui-même le ridicule et l'abus de tous coins.

                    Notre seul espoir, c'est qu'un renouveau de pression spirituelle sera engendré de plus en plus par des hommes humbles et courageux qui ne désirent rien d'autre que la gloire de Dieu et la pureté de l'église. Que Dieu nous en envoie un grand nombre. Ils se font longuement attendre.

à suivre...

mardi 9 octobre 2018

(10) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer

Transcrit, traduit et mis en ligne par : http:www.eglisedemaison.com

L'importance de la direction

                    Dans la vie chrétienne, la chose la plus vitale n'est pas tant la vitesse ni la distance parcourue, mais plutôt la direction. C'est pour cette raison que les Écritures exhortent à courir avec patience, mais ne parlent pas de la vitesse. Le Seigneur semble être plus concerné par où nous allons que par la vitesse à laquelle nous y allons. Un pas régulier dans la bonne direction finira par conduire au but, mais si notre vie se dirige vers le mauvais but, la vitesse ne fera que nous égarer plus loin dans un temps plus court.

                  Le manque de direction est la cause d'un grand nombre de manquements tragiques dans les activités religieuses. Les églises sont envahies de gens (aussi bien hommes que femmes, quoique ce soient surtout des hommes) qui n'ont jamais connu d'appel divin à faire quelque chose de particulier. De telles gens sont souvent les victimes du sort et des circonstances, une proie facile pour des dirigeants ambitieux qui cherchent de se mettre en avant aux dépends des autres. Le chrétien sans direction c'est celui qui est à l'affût du nouveau et du spectaculaire, que ce soit ou non en accord avec les Écritures et la volonté révélée de Dieu.

                    Nous pourrions nous épargner beaucoup de temps et d'effort si nous apprenions ce que nous devons faire, puis que nous nous y tenions simplement, refusant d'être détourné de notre tâche. Paul a dit, « Mais je fais une seule chose, » et en réduisant ses activités aux minimum qui soit réellement important, il grandement multiplié son efficacité. Nous devons éviter l'erreur de penser que parce que nous sommes très occupés nous accomplissons du coup beaucoup de choses. Une grande partie de notre activité est équivalente à celle du vieil homme qui avait coincé sa jambe en bois dans un trou du trottoir et qui avait tourné en rond toute la nuit en essayant de rentrer chez lui.

                   Plus nous nous éloignons de nos débuts, plus la tentation devient forte de nous rendre face aux voies confuses du Fondamentalisme moderne et de faire la cour aux célébrités religieuses du moment. Cette tentation, nous devons y résister avec tout ce qui est en nous. Si nous adoptons les voies de l'église aveugle de 20ième siècle, nous ne pourrons manquer de gaspiller notre temps et l'argent des autres à faire ce que nous pensons à tort être la volonté de Dieu. D'une telle calamité, O Seigneur, délivre nous.

                    Si nous paraissons parfois être un peu lents, souvenons-nous que nous connaissons la direction que nous sommes appelés à tenir, et que tant que nous avons suivi cette direction initiale nous avons été bénis de succès dépassant de loin nos attentes. Il est essentiel que nous maintenions la direction que Dieu nous a donnée. Ne nous trompons pas sur ce point.


La « Bonne confession » de Faber

                   Il y a quelques années, j'ai découvert un témoignage chrétien dont la simple beauté est difficilement égalée dans toute notre littérature religieuse. Cette confession lyrique est celle de Frédéric W. Faber, l'auteur de « La foi de nos pères, » « Il y a une largesse dans la miséricorde de Dieu, » « Jésus! Jésus! Cher Seigneur » et d'un grand nombre d'autres hymnes bien aimées. C'est à peu près la combinaison la plus parfaite de dignité restreinte et de joyeux abandon qui puisse se trouver dans la littérature évangélique. Sa place serait aussi appropriée dans l'étude silencieuse du mystique que dans le tabernacle rudimentaire de la réunion de camp.

                  En lisant cette confession, on doit se garder du sentiment que l'expérience de Faber était unique. Parce que nous ne l'avons jamais entendu exprimer ainsi, on peut être tenté de supposer qu'il n'y a pas eu beaucoup de gens aussi radicalement et profondément convertis que Faber. Ce serait une erreur de jugement. Des millions ont été aussi merveilleusement convertis que convertis que Faber, mais un seul sur un million a le don d'exprimer avec une perfection aussi exquise sa propre expérience.

                    Un auteur récent a remarqué qu'après la capacité de créer de grandes œuvres d'art se trouve la capacité de les apprécier. L'esprit le plus à même d'apprécier Bach ou De Vinci ou Milton, c'est celui qui est le plus proche de la capacité du génie lui-même. Ainsi, le chrétien qui peut comprendre et apprécier un témoignage tel que celui-ci n'est peut-être pas très loin de l'attitude spirituelle de l'homme qui l'a écrit. L'âme terrestre ne se sentira pas à l'aise avec Faber.

                   Il est notre attente joyeuse que des milliers de gens qui lirons ces paroles auront rencontré Dieu de manière révolutionnaire et transformatrice tout comme l'expérience de Faber. Ce qui nous a manqué, c'est le don de l'analyse de soi et la maîtrise littéraire qui nous donnerait le moyen d'écrire avec un tel langage extatique.

Le voici : Faber l'a nommé « Une bonne confession. »

Les chaînes qui me liaient sont jetées au vent,
Par la miséricorde de Dieu le pauvre esclave est affranchi;
Et la puissante grâce du ciel souffle sur l'esprit,
Comme les grands vents de l'été qui réjouissent la mer.
Il n'y avait rien dans la création de Dieu d'aussi vil et ténébreux,
Que le péché et l'esclavage qui emprisonnaient mon âme;
Il n'y avait rien qui approchait la bassesse de la malice et la culpabilité
De mes propre passions sordides, ou du contrôle de Satan.
Pendant des années j'ai porté l'enfer en mon sein;
Quand je pensais à mon Dieu, l'horizon était sombre;
Le jour ne m'apportait pas de plaisir, ne la nuit de sommeil,
Il demeurait l'ombre morose de l'horrible perdition.
Rien ne semblait moins probable
Que de voir jaillir la lumière dans un donjon si profond;
Créer un monde nouveau eût été moins dur que de libérer
L'esclave de sa servitude, l'âme de son sommeil.
Mais la Parole avait été envoyée, et avait dit, que la lumière soit,
Et elle a traversé mon âme comme un choc perçant;
Un regard vers mon Sauveur, et toute la sombre nuit,
Comme un rêve dont à peine on se souvient, avait quitté mon cœur.
J'ai crié miséricorde, je suis tombé à genoux,
J'ai confessé, alors que mon cœur était tourmenté d'agonie;
En quelques minutes de tourment des années de maladie
Sont tombées de mon âme comme les paroles de ma langue.
Et maintenant, béni soit Dieu et le cher Seigneur qui est mort!
Aucune biche sur la montagne, aucun oiseau dans le ciel,
Aucune vague qui bondit sur la mer obscure,
N'est une créature aussi libre ou aussi joyeuse que moi.
Acclamons tous, acclamons le cher Sang Précieux,
Qui a œuvré en moi ces douces merveilles de miséricorde;
Que chaque jour des foules sans nombre se jettent dans son torrent,
Que Dieu ait Sa gloire et que les pécheurs soient libérés.

à suivre...



lundi 8 octobre 2018

(9) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer

Transcrit, traduit et mis en ligne par : http:www.eglisedemaison.com


Méditations pascales

                    Il est singulièrement approprié que nous célébrions la résurrection de Christ au printemps. Au moment même où la nature tout entière se réveille de son sommeil hivernal, les pensées des chrétiens de par le monde entier sont tournées vers la sortie miraculeuse du Sauveur de la tombe après sa victoire sur le péché et la mort. La résurrection de Christ est un fait historique accompli une fois pour toutes. Ce fait ne dépend aucunement des saisons ni des célébrations, et le miracle du printemps n'ajoute rien à  la gloire de cet acte accompli. Néanmoins, les œuvres de Dieu dans la nature jettent tout-de-même une lumière chaleureuse sur Son œuvre dans rédemption, et le miracle du printemps de la vie sur terre illustre le miracle de la vie dans la nouvelle création.

                     Nicolas Herman, à  l'âge de 18 ans, fut mené à  Christ en voyant en plein hiver un arbre sec et sans feuille, et en pensant à  la transformation qui se ferait en cet arbre au printemps. Il raisonna que si Dieu était capable de produire une telle transformation dans un arbre, Il devait être capable de transformer également le cœur d'un pécheur, et Dieu ne lui fit pas défaut. Son cœur fut changé, et à  partir de ce jour-là , sa vie fut consacrée au service de Christ. Des milliers de Chrétiens au cours des 300 dernières années ont remercié Dieu que le jeune Nicolas avait vu cet arbre sec.

                    Il faut une certaine foi pour contempler un paysage hivernal, environné du silence glacial de la neige et de la glace, et croire que dans quelques courtes semaines toute trace de gel aura disparu, que les collines enneigées seront vêtues de verdure et que les ruisseaux gelés couleront rapidement de nouveau sous le soleil de l'été. Pourtant, nos attentes se matérialisent toujours. " La terre est au Seigneur" et Il " renouvelle [toujours] la face de la terre."

                    Il est difficile d'imaginer quelque chose de plus désolant qu'un enterrement. Quand le corps de Christ fut descendu de la croix, drapé d'un lin propre et posé dans un tombeau neuf taillé dans la roche, combien de ceux qui regardaient avaient la foi de croire qu'en l'espace de trois jours cet Homme mort marcherait à  nouveau parmi les hommes, vivant à  tout jamais? Et pourtant, c'est ce qui arriva. La verge d'Aaron a fleuri. L'arbre sec sur lequel le Sauveur est mort a refleuri. Ce qui avait été mort a été vivifié au toucher de Dieu, et la potence est devenue la porte vers la vie éternelle.

                   La résurrection de Christ, je le répète, est un acte accompli de manière finale. " Car nous savons que Christ, étant ressuscité des morts, ne peut plus mourir; la mort n'a plus de pouvoir sur lui."Mais les chrétiens meurent tout-de-même. Tous les jours, les corps de croyants ou croyantes sont emmenés au cimetière pour reposer dans la tombe, avec des chants doux et des récitations des Écritures. On ne peut pas échapper au fait que les chrétiens meurent, comme leur Sauveur avant eux. Leur froide impuissance, leur subit et étrange silence que les pleurs les plus amers ne peuvent pas rompre, leur défaite apparente par les forces de la nature â toutes ces choses frappent le cœur et (à  dire vrai) soulèvent en nous des craintes inconfortables, que c'est terminé, et que nous avons vu nos amis pour la dernière fois. C'est l'hiver, lorsque nous nous séparons de nos proches. C'est ainsi qu'il en semble au cœur naturel. C'est ainsi qu'ont dû se sentir les chrétiens de Thessalonique. Autrement, pourquoi aurait-il été nécessaire à Paul de leur écrire et de les exhorter à  ne pas être peinés comme les autres qui n'ont pas d'espérance.

                    L'une des choses que la résurrection nous apprend est qu'il ne faut pas se fier aux apparences. L'arbre sec déclare par son apparence qu'il n'y aura plus de printemps. Le corps dans le nouveau tombeau de Joseph semble signifier la fin totale pour Christ et Ses disciples. La forme molle d'un croyant nouvellement mort suggère la défaite éternelle. Pourtant, toutes ces apparences sont fausses. L'arbre refleurira. Christ est ressuscité des morts le troisième jour en accord avec les Écritures, et le chrétien ressuscitera au cri du Seigneur et à  la voix de l'archange.

à suivre...